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Zatopek
La course à pied comme on n’en parle jamais
N°43 - trimestriel - août - septembre - octobre 2017 - France : 5.50 € - Canada : 8.50 $
Le 1
er
Magazine Running & Santé de votre Région
Débat
Pour ou contre le short anti-viol
Arthrose
On avait tout faux !
10 trucs idiots
et (néanmoins) efficaces pour courir plus vite
Coup de chaleur Attention aux tatouages
ENTRAINEMENT
DES EFFETS
INCROYABLES SUR LA
MEMOIRE
L 16992 - 43 - F: 5,50 € - RD
CAHIER VOLODALEN ACTUS SCIENCE & SPORT TRAVAILLEZ L’EFFICACITÉ DE VOTRE FOULÉE
ZATOPEK EST UNE PUBLICATION DES Editions Sport et Santé sprl 177 rue Vanderkindere B-1180 Bruxelles (Belgique) TVA: BE 0882 202 726 Tel: 00 32 (0)2 538 54 58 Fax: 00 32 (0)2 537 13 38 Email: info@zatopekmagazine.com Site web: www.zatopekmagazine.com SERVICE ABONNEMENTS Sur le site www.zatopekmagazine.com ou par téléphone: 00 33 (0)9 62 33 75 05 (France) et 00 32 (0)2 538 54 58 (Belgique et autres pays). EDITEUR RESPONSABLE Gilles Goetghebuer 177 rue Vanderkindere B-1180 Bruxelles DIRECTEUR DE PUBLICATION Jean-Paul Bruwier jpb@zatopekmagazine.com CONCEPTION ET GRAPHISME ILOVE MEDIA bvba REDACTEUR EN CHEF Gilles Goetghebuer gilles@zatopekmagazine.com SECRETAIRE DE REDACTION Anna Muratore anna@zatopekmagazine.com ICONOGRAPHIE Olivier Beaufays olivier@zatopekmagazine.com ONT COLLABORE A CE NUMERO: Olivier Beaufays, François Borel-Hänni, Aurore Braconnier, Florent Caelen, Louise Deldicque, Marc Francaux, Roger Igo, Hilde Meesters, Anna Muratore, Janlou Chaput, Sportifmytho CREDITS PHOTOS Slatsa20/Dreamstim:12; La Traversée de la Baie:17; A.Dreuz:17; Yannick Semat:22; George Herringshaw:22; Vincent/Marathon des Sables: 23; Marcelo Maragni/Red Bull Content Pool:24; Rob Shaer:25; Shutterstock:25; Kacam:26; Christos Georghiou:26; Musée d’archéologie du Sud Tyrol:27; Fernando Gregory/Dreamstim:29; Nike media:32,60; Chelsdo/Dreamstime:32; Einstein marathon:33; Martesia Bezuidenhout/ Dreamstim:40; Osteoarthritis Research Society International:40; Safeshort:43; Ammentorp/ Dreamstime.com:44; Femme de la rue:45; Nejron/Dreamstime.com:46; Iconsport:47; Leg8:48,49,50; Stéphane Mifsud:55; Pic.po:56; Piotr Dymus:58; Strava:61,62; Piotr Marcinski/ Dreamstime:66; Dumas/DR: 12,13,17,19,24,2 6,19,30,31,36,37,39,43,52,54,56,57,58,59, 63,64,65,66 REGIE PUBLICITE Toutes éditions, Belgique et Luxembourg: Ghislaine De Drijver et Isabelle Crutzen Podium Media Europe SA Mobile: 0032 (0)473 93 41 28 Tel: 0035 (0)226 90 86 69 Fax: 352 24611082 info@podium-media.biz Skype: jpodium Pour la France et la Suisse: Pascal Leost Email: pub@zatopekmagazine.com 7 lot. Les Cigales Chemin Georges Brassens 84210 Pernes-les-Fontaines Tél: 0033 (0)4 32 80 26 83
SOMMAIRE_
EDITORIAL «-Eh non, Madame, nous ne pouvons pas prendre votre déposition», dit l’agent de police à la victime d’une agression sexuelle venue déposer une plainte au commissariat. «- Et pourquoi?
-Mais parce que vous ne portiez pas votre safeshort, Madame. Personne n’est responsable de votre inconséquence.» Ce dialogue décrit une situation fictive, heureusement. Espérons qu’elle le reste à jamais! Mais nous l’avons tout de même imaginé en marge de l’article sur les viols dont sont parfois victimes les joggeuses, juste après la description d’une invention bizarre qui consiste à cadenasser les voies intimes par un dispositif sécuritaire (le fameux «safeshort») qui rappelle un peu le principe de la ceinture de chasteté (page 42). Dans ce dossier, l’Allemande Sandra Seilz nous explique tout le bien qu’elle pense de sa création. On lui oppose nos craintes quant aux conséquences qu’une telle mode pourrait engendrer. Car il en va du safeshort comme du reste. Un changement en entraîne toujours un autre. Il s’ensuit généralement une cascade de réactions, pas toujours prévisibles, qui redessinent le monde. Parfois en mieux. Parfois en pire. Le plus souvent de façon neutre. C’est-à-dire qu’à l’issue des bouleversements, on se retrouve avec exactement la même part de bonheur, d’angoisse et de frustration. Vous verrez: il s’agit d’une constante dans ce numéro. A chaque article, on tire des ponts entre des matières
COMMISSION PARITAIRE: 1115 U 89417
que l’on n’imaginait pas connectées à ce point. On verra par exemple comment les tatouages affectent la thermorégulation (page 24). Comment un drame atroce peut se révéler source d’épanouissement (page 18). Comment le sport transforme notre façon de penser (page 28). Et même comment on peut améliorer ses performances sportives en arrêtant de se laver les dents ou en s’ablatant une couille (page 52). A chaque fois, c’est le même principe. Une modification en entraîne une autre et ainsi de suite jusqu’à la refonte complète du système! Nos vies ressemblent à ces tableurs Excel où le changement d’une case suffit à modifier toutes les autres, et ils sont d’une naïveté terrible ceux qui ambitionnent d’agir isolément. Impossible! A chaque nouvelle initiative, on doit faire l’effort au contraire d’anticiper toutes les conséquences à l’échelle personnelle et même sociétale. Reprenons l’exemple du safeshort et imaginons à présent qu’il s’inscrive comme le nouveau standard de la tenue des coureuses à pied. Dans quelle mesure les femmes seront-elles alors libres de ne pas le porter? Dans ce contexte, il ne faudra pas grand-chose en effet pour que ce rejet du safeshort soit considéré comme une invitation au viol dans le cerveau tordu des agresseurs. «En vous baladant dans cette tenue, vous les avez tout de même un peu provoqués», reprendrait notre agent idiot dans son commissariat imaginaire. Jusqu’à quand? Gilles Goetghebuer
04_AJOUTEZ A MON PANIER
36_RENCONTRE
10_COURRIER DES LECTEURS
42_SOCIETE
14_LA MUSE DU COACH
46_HISTOIRE
Luxembourg: MPK – Elisabeth Biever 11, rue Ch. Plantin – B.P. 2022 L-1020 Luxembourg Tel: 0035 (0)2 499 888 306
16_ZOOM
52_ENTRAINEMENT
France, Suisse et Québec: MLP ZA de Chesnes -55 bd de la Noirée F-38070 Saint Quentin Fallavier Tel: 0033 (0)4 74 82 39 56
18_HISTOIRE VRAIE
60_TECHNOLOGIE
24_SANTE
63_TEMOINS
IMPRESSION Imprimé en Belgique/Printed in Belgium Imprimerie Bietlot rue du Rond-Point 185 B-6060 Gilly Belgique DISTRIBUTION Belgique: Tondeur Diffusion Patrick Malotaux 9 Avenue Van Kalken 1070 Bruxelles Tel: 0032 (0)2 555 02 11
Trimestriel Août, Septembre, Octobre 2017 N° ISSN 1783-4104 La reproduction des textes et photos publiés dans ce numéro est interdite LA LOCOMOTIVE (toutes éditions) Est un supplément gratuit au trimestriel Zatopek et ne peut être vendue séparément Rédacteurs Belgique: Olivier Beaufays. Email: olivier@ zatopekmagazine.com Eric Cornu. Email: eric@zatopekmagazine.com Rédacteurs France et Suisse: Cyrille Gindre cyrille@volodalen.com Sophie Sartet sophie@zatopekmagazine.com
Tout ce qu’il faut pour courir à la page Algues tueuses, le retour
Voyage au bout de l’enfer Jesse Owens vu par Maryse Éwanjé-Épée Trail tragique en Australie Les tatouages ne transpirent plus
Nous avons retrouvé Jean-Marc Bellocq Pour ou contre le short antiviol? Les légionnaires romains sont ultra-endurants! 10 idées absurdes pour courir plus vite Salut tout le monde, Strava? Les coureurs parlent aux coureurs
28_NEUROLOGIE
Les bons trucs pour une mémoire sans trous
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AJOUTEZ_À MON PANIER
CHAQUE SAISON VOIT FLEURIR SON LOT DE NOUVEAUTÉS. VÊTEMENTS, CHAUSSURES ET AUTRES GADGETS POUR RENDRE LA COURSE À PIED PLUS MODERNE. TOUJOURS PLUS MODERNE. INSOLITE
Rubrique réalisée par Olivier Beaufays
Même pas mal!
Rien ne justifie de réunir ces deux images sinon le dédain que certains compétiteurs portent à leur équipement, ce qui ne les empêche pas de bien courir. La preuve! La première photo montre Maria Lorena Ramirez (au centre de la photo), une jeune mexicaine de 22 ans qui a remporté en sept heures l’ultra-trail de Puebla (50km). Elle était habillée à la mode de son peuple, les Tarahumaras: foulard, jupe et sandalettes. Sur la photo ci-dessous, l’Américain Benjamin Pachev (à droite sur la photo) s’apprête à prendre le départ du semi-marathon de «One America 500 Festival» à Washington. Il terminera en seizième position (1h11’’53) sur 22.754 participants. Regardez ses pieds. Il porte des Crocs! «Cette habitude lui est venue tout petit»¸ a raconté Sasha, son père, que l’on voit ici au centre de la photo (44e de la course). «Un jour où nous partions nous entraîner, il a fait des pieds et des mains pour courir avec ses Crocs. J’ai vu à sa foulée qu’il se sentait parfaitement à l’aise. Si bien que j’ai fini par l’imiter.» Il ne le regrette pas. «C’est comme courir avec des Fivefingers sur l’herbe. Sauf qu’on est sur de l’asphalte.» Et puis, quand on est le père de dix enfants, un autre argument compte: le prix! «On prend systématiquement le modèle le moins cher. Si c’est du rose, tant pis, c’est du rose!» Sasha Pachev a calculé que son fils pouvait courir 5000 bornes avant d’user ses Crocs. A quinze euros la paire, cela représente un coût de 0,003 euro le kilomètre. Qui dit mieux?
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MARKETING Des Chinois sans imagination Depuis des années, la Chine servait d’usine du monde. Elle produisait pour le compte des sociétés étrangères. C’est en train de changer. De nouvelles marques chinoises fleurissent dans tous les domaines, y compris dans le sport, et vendent les produits sous leurs propres noms. Pourquoi pas? On regrette seulement le manque d’imagination des designers qui se contentent le plus souvent de copier des modèles existants, ainsi qu’on le voit sur ce tableau comparatif établi par le site Internet Binge-running.
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IL L’A DIT !
Aujourd’hui, les gens connaissent le prix de tout, mais la valeur de rien. Oscar Wilde, dramaturge (1854-1900)
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AJOUTEZ_À MON PANIER 6 pages
COURRIER_DES_LECTEURS RÉAGISSEZ SUR WWW.ZATOPEKMAGAZINE.COM OU ENVOYEZ VOTRE COURRIER Pour la France et la Suisse: Chemin Georges Brassens - 7, lotissement les Cigales - 84210 Pernes Les Fontaines Pour la Belgique: 177 rue Vanderkindere - 1180 Bruxelles
Un siècle de douleur En lisant le Zoom de votre dernier numéro sur Dorando Pietro, je me suis rappelé les expressions de souffrance sur le visage de la gagnante du marathon de Paris en 2008. La souffrance ignore les siècles. Reynald Valin
Notre réponse
D’après les descriptions de son arrivée, Pietri se trouvait dans un état second. Presque au-delà de la douleur. «Pas de trace d’intelligence dans le regard», écrit l’écrivain britannique Conan Doyle qui assistait à la scène du bord de piste. A Paris en 2008, on a effectivement assisté à une arrivée épique entre la Kényane Martha Komu qui donnait l’impression d’être au bout de sa vie et l’Ethiopienne Worknech Tola qui, au contraire, paraissait parfaitement sereine. A la surprise générale, c’est pourtant Komu qui s’est imposée au sprint, ce qui laisse penser que la douleur qui la tenaillait ne la laissait pas sans ressource. Au contraire de Pietri. Depuis cette arrivée, on se méfie aussi des surinterprétations que l’on est tenté de faire sur base des mimiques. Certains athlètes sont plus expressifs que d’autres. Et là, on songe évidement aux expressions christiques de Zatopek en personne qui disait: «Je ne suis pas assez fort pour courir et sourire en même temps.»
BON SANG NE PEUT MENTIR
En sa qualité de représentant de l’antenne Finistère pour les dons du sang, Bernard Le Lous nous a écrit pour apporter quelques précisions à l’article de Louise Deldicque du numéro précédent de Zatopek (Du Sang, de la Sueur et de la poudre, p.26). Dans celui-ci, nous présentions la Croix-Rouge comme organisme responsable de la collecte de sang. C’est le cas en Belgique. Pour la France, il s’agit de l’EFS (Etablissement français du sang). Il existe aussi une petite différence entre les deux pays pour ce qui concerne la fréquence maximale des prélèvements. En France, les hommes doivent laisser passer 8 semaines entre deux dons et les femmes, 12 semaines. En Belgique, c’est 12 semaines pour tout le monde.
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Une réflexion à chaud Je lis parfois que 80% de la chaleur du corps s’évacuent par la tête et qu’il est donc important de porter un bonnet quand on court dans le froid et qu’à l’inverse, il faut éviter les lourds couvrechefs en été. Est-ce exact? Christian Werelds
Notre réponse
Non, c’est faux. Cette antienne date vraisemblablement d’études américaines sur des soldats que l’on avait exposés au froid avec ou sans bonnet. Tête nue, ils tenaient moins bien le choc, c’est d’accord. Mais ces soldats portaient des combinaisons de survie. C’est-à-dire que la surface exposée aux échanges thermiques était limitée. Si on les avait mis en short plutôt que tête nue, ils se seraient refroidis tout aussi vite! En fait, la part prise par les différentes parties du corps dans la thermorégulation est proportionnelle à leur surface. La tête ne diffère pas des jambes et des bras à cet égard. Si on a l’impression du contraire, c’est qu’à l’instar de toute la partie supérieure du corps, elle est plus riche en thermorécepteurs et donc on ressent l’alternance de chaud et de froid beaucoup plus précisément. C’est tout.
La meilleure façon de marcher Dans Zatopek, vous utilisez souvent une équation simple pour évaluer la dépense calorique d’un coureur. Elle consiste à multiplier son poids par le nombre de kilomètres parcourus. Est-ce aussi le cas pour la marche? Sylvain Dumont
Notre réponse
Non, pour la marche, c’est nettement moins. Une course de dix kilomètres pour une personne de 70 kilos représente une dépense d’environ 700 calories (70x10). Si elle marche, cela n’excédera pas 350 calories. Ce coût énergétique avantageux s’explique par la technique du marcheur qui récupère à chaque fois l’énergie du pas précédent; un peu comme dans le mouvement du pendule: on monte, on descend, on remonte, on redescend. Au total, on ne doit pas réinsuffler beaucoup d’énergie dans le mouvement.
LA MUSE_DU COACH ENVOYEZ-NOUS VOS QUESTIONS ET NOTRE ENTRAÎNEUR ROGER PRENDRA SA PLUS BELLE PLUME POUR VOUS RÉPONDRE.
IGO
Le courrier doit être adressé à la rédaction: info@zatopekmagazine.com ou directement via notre site www.zatopekmagazine.com. Vous pouvez y poster directement vos questions en cliquant d’abord sur l’onglet "vos réactions" et puis sur "exprimez-vous". Face à l’abondance de courriers, seuls les abonnés auront désormais le privilège d’une réponse longue et personnalisée. Il suffit de mentionner vos noms et prénoms. L’ancien sous-officier d’élite Roger Igo exerce le métier d’entraîneur depuis plus de trente ans. Envoyez-nous vos questions et il prendra sa plus belle plume pour vous répondre.
Parcourez aussi notre grande bibliothèque de questions et de réponses. Vous y trouverez peut-être votre bonheur!
»»www.zatopekmagazine.com
RÉVEILLEZ-VOUS, LES PIEDS
J’ai commencé la course à pied il n’y a pas longtemps et désormais je fais religieusement mes trois séances d’une heure par semaine. Tout va bien sauf qu’après 5 kilomètres environ, je ressens toujours le même problème d’engourdissement du pied qu’accompagne parfois une douleur dans le genou. A partir de là, je n’arrive plus à penser à autre chose, ce qui m’ôte tout plaisir de courir. Bien sûr, je me suis prêtée à un tas d’examens chez le kinésithérapeute et l’ostéopathe. En vain. J’ai essayé aussi de changer de matériel. Sans résultats. Que faire? Ce serait bête d’abandonner pour cette raison. Sylvie
Notre réponse A l’époque pas si lointaine du service militaire obligatoire, les soldats devaient répondre à une étrange question: «De quoi sont les pieds?» Ils devaient dire: «Les pieds sont l’objet de soins attentifs du soldat.» C’était un rituel. On répétait cette phrase machinalement sans pour autant s’imprégner de sa sagesse. Car les pieds sont effectivement à la base de tout. Pas seulement pour les militaires. C’est aussi le cas pour les coureurs à pied. Surtout ceux qui, comme notre lectrice, reprennent cette activité après des années de sédentarité. Il faut comprendre que le pied résiste à des poussées de l’ordre de 400 kilos à chaque réception sur le sol. Sous l’impact, il s’allonge de
6 à 7 millimètres! Pour résister à cela, il doit évidement se muscler. Seulement, cela ne se fait pas en un jour et on passe fréquemment par des stades difficiles comme cette sensation d’engourdissement quand le processus d’écrasement empêche l’irrigation et l’innervation normale de se poursuivre. Le remède? Evitez de lacer serré. J’imagine qu’on vous l’aura déjà dit. Choisissez une pointure supérieure à la taille normale du pied pour tenir compte du processus d’allongement et de gonflement en cours d’effort. On parle généralement d’une demi-pointure. Parfois, il faut doubler ou même tripler cette mesure. Essayez aussi de marcher pieds nus le plus souvent possible ou de porter des chaussures sans espace d’amortissement. Il faut que vos pieds prennent l’habitude de vivre à la dure après des années de confort.
DE 7 À 77 ANS
Dans vos programmes d’entraînement pour marathon, vous ne tenez pas compte de l’âge. Pourquoi? Alfred Morelli
Notre réponse C’est exact. On considère que seule compte la VMA (vitesse maximale aérobie) et que l’âge n’importe guère. Théoriquement, c’est une erreur dans la mesure où l’âge réduit la fréquence cardiaque maximale et donc limite la possibilité de monter dans les tours. En revanche, les coureurs les plus âgés possèdent souvent une meilleure économie de course, ce qui suffit à compenser le premier handicap. Les mêmes programmes restent donc valables. Si une adaptation vous paraît néanmoins nécessaire pour tenir compte de l’allongement des durées de récupération, il est préférable de ne rien changer au contenu des séances, mais plutôt de les espacer plus généreusement. Ajoutez un jour de repos par semaine.
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LA MUSE_DU COACH 2 pages
ZOOM_PHOTO JESSE OWENS FUT L’ATHLÈTE LE PLUS IMPORTANT DE L’HISTOIRE DU XXE SIÈCLE. PAS FORCÉMENT LE PLUS FORT. PAS NON PLUS LE PLUS CHARISMATIQUE. MAIS LE PLUS IMPORTANT, C’EST INCONTESTABLE!
L
e monde a formidablement changé en 80 ans! Aujourd’hui, Owens serait une star adulée et richissime, à l’égal d’Usain Bolt. A son époque, il était célèbre, certes. Mais ne pouvait pas tirer le moindre dollar de ses activités. Ce qui fait que lorsqu’il avait fini de signer des autographes, il travaillait comme pompiste ou comme surveillant de vestiaires de la piscine municipale. Bref, tout a changé, sauf l’essentiel. La piste! Pour la couverture, nous avons choisi un matériau qui, par sa couleur et sa texture granuleuse, rappelle le toucher du tartan.
_JESSE OWENS
J
esse Owens a fait l’objet d’une douzaine de biographies, de plusieurs films et de centaines de récits. Tout le monde ou presque connaît l’histoire de ses 4 médailles d’or remportées aux Jeux de Berlin en 1936 et le formidable pied de nez qu’elles constituèrent face au nazisme. Au fil du temps, la légende a parfois pris le pas sur la réalité et je me suis efforcée dans cet ouvrage de revenir à des sources sûres, grâce notamment aux témoignages de ses trois filles, Gloria, Beverly et Marlene, et aux documents de la Fondation qui porte son nom. Ce ne fut pas facile! Même les documents d’état-civil comportent des erreurs comme par exemple le nombre exact de ses frères et sœurs. Cela remonte à une époque où, malgré l’abolition de l’esclavage, les Noirs étaient encore majoritairement considérés comme un cheptel!
E
n 1935, le docteur Montague Cobb passe le corps d’Owens aux rayons X. Il mesure. Il compare. Il analyse. Cela lui prend deux jours complets. Conclusions? Rien! Ses mensurations sont parfaitement banales, ce qui ne satisfait évidemment pas les adeptes des théories raciales de l’époque. Il est vrai que Montague Cobb est lui-même d’ascendance africaine et indienne. Il est peu enclin à accréditer les arguments de ceux qui renvoient systématiquement le talent athlétique des Noirs à leur prétendue animalité. Il faut comprendre qu’on se trouve dans une situation de basculement historique. Jusqu’alors on rechignait à organiser des compétitions entre athlètes Noirs et Blancs, les Noirs étant jugés inférieurs. Puis Jesse Owens et d’autres prouvèrent qu’ils étaient tout à fait capables de rivaliser et même de remporter les plus belles victoires. A partir de là, les interdits se justifièrent par l’explication inverse: les Noirs disposaient d’atouts qui contrevenaient au principe d’équité.
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L
es mollets de Jesse Owens faisaient l’objet d’une grande attention avec de longs tendons et une masse charnue qui remontait haut sur la jambe. Notez que c’est le propre de tous les bons coureurs!
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ALGUES TUEUSES_LE RETOUR
DES VERTES ET DES PAS MÛRES L’ARTICLE SUR LES ALGUES VERTES ET LEUR PROBABLE RESPONSABILITÉ DANS LA VAGUE DE DÉCÈS MYSTÉRIEUX SURVENUS EN BRETAGNE NOUS A VALU PAS MAL DE RÉACTIONS PAR TÉLÉPHONE ET PAR COURRIER.
L
e premier coup de téléphone fut celui de Mickaël Cosson, le maire de la commune d’Hillion. Selon lui, la décision de faire disparaître les panneaux indiquant un danger à l’approche des plages polluées par les algues n’aurait pas été dictée par une démarche politique (ne pas effrayer la population) mais pour des raisons pratiques: les nouvelles mises en garde devaient tenir compte de tous les aspects du problème et notamment le risque de perturber les oiseaux en période de nidification. On en a pris bonne note. On s’étonne seulement qu’à ce jour, plus rien n’évoque le risque d’intoxication par les algues mais qu’on signale en revanche un danger inexistant: celui d’être surpris par le courant suite à un lâcher d’eau d’un barrage en amont.
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Or ce barrage ne fonctionne plus! D’autres habitants se sont manifestés pour regretter en général qu’on ne les ait pas consultés avant de tracer un portrait très négatif de la région. C’était notamment le souci d’organisateurs de quelques-unes des très belles courses sur ce littoral et qui rêvaient évidemment d’une meilleure publicité. Pour ce qui est des reproches sur l’enquête, nous leur avons répondu que nous nous sommes concentrés sur les témoignages de ceux qui connaissaient le mieux le dossier -et qui acceptent d’en parler!- c’est-à-dire Yves-Marie Le Lay (Président de l’association La Sauvegarde du Trégor), le docteur Pierre Philippe, et la journaliste installée en Bretagne, Inès Léraud. Plus divers autres témoignages. Pour la mauvaise publicité, on est
d’accord, la région est effectivement superbe. Focalisés sur nos algues vertes, on a oublié de lever la tête et de le préciser. Désolés! Pour rattraper le coup, on s’est promis de participer à quelques-unes des prochaines courses qui s’organisent sur place comme La traversée de la Baie de Saint-Brieuc (fin mai), le triathlon organisé par l’association Saint-Brieuc Triathlon (mi-mai), La Folle Néité (en janvier), Entre Dunes et Bouchots (en avril) ou encore Les foulées de la Saint-René (en septembre).
COURRIER_DES_LECTEURS 2 pages
HISTOIRE_VRAIE
LA BALADE DE KATE ET TURIA
TOUT LE MONDE SAVAIT QUE C'ÉTAIT IMPOSSIBLE, UN JOUR DEUX JEUNES FEMMES SONT ARRIVÉES QUI NE LE SAVAIENT PAS. ET QUI L'ONT FAIT!
Kate Sanderson 18 ZATOPEK_43
Turia Pitt
Le désert de Kimberley fait partie des endroits les plus magiques de la planète. Et les plus dangereux!
L'
histoire qui suit est absolument fantastique. Elle démontre que la volonté dépasse toutes les limites fixées par la raison. Notre phrase d'introduction copie évidemment celle attribuée à Mark Twain: «Tout le monde savait que c'était impossible, un jour un homme est arrivé qui ne le savait pas et qui l'a fait.» Sauf qu'en l'occurrence, ce sont deux jeunes femmes qui bouleversent nos connaissances. Tout débute avec un drame, celui survenu le vendredi 2 septembre 2011 dans l'état de Kimberley, la région la plus septentrionale d'Australie. Ce jourlà, Kate Sanderson (36 ans) avait décidé de relever le défi d'une course de 100 kilomètres dans le désert. Il s'agissait de la première édition d'une nouvelle épreuve organisée par une c o m p a g n i e Hongkongaise
«RacingThePlanet» (en un mot). La journée s'annonçait difficile. A 5 heures du matin, il faisait déjà 30 degrés à l'ombre. Mais Kate se réjouissait de découvrir une région qu'elle ne connaissait pas et qui l'impressionnait beaucoup avec ses roches aux formes bizarres et la poussière rouge que dégage le moindre filet de vent. La course démarre. Kate se sent plutôt en forme. Elle dispose aussi de tout l'attirail de sécurité recommandé par l'organisation: nourriture, vêtements de rechange, eau, sifflets, couverture de survie. Elle fait partie d'un peloton d'une petite quarantaine de coureurs qui compte aussi Turia Pitt, un jeune mannequin de 24 ans, prétendante au titre de Miss Univers quelques années plus tôt. Les kilomètres défilent. Les coureurs les plus rapides prennent le large. C'est normal. Après le check-point du 24ème kilomètre, Kate et Turia se retrouvent en même temps au cœur d'une vallée reculée. «Soudain, on a senti que quelque chose de bizarre était en train de se produire» se souvient Kate. «Tout était trouble. Le chemin disparaissait sous la poussière et, pour ne pas tomber, il fallait se
concentrer sur l'endroit où l'on posait les pieds.» Les yeux rivés sur le sol, les deux coureuses ne virent pas tout de suite un immense feu de brousse qui s'était déclaré quelques 500 mètres devant elles. Tentant une manœuvre de contournement, elles tombèrent alors sur d'autres coureurs confrontés au même problème, constituant ainsi un petit groupe de six coureurs piégés par les flammes. Au début, il n’y avait vraiment pas de quoi s’inquiéter. Il suffisait de trouver la porte de sortie pour poursuivre sa route. L’angoisse grandit lorsque les coureurs constatèrent que le feu fermait la route quelle que soit la direction envisagée. Plus de sortie possible.
»
Après l'accident et les greffes, Kate Sanderson devait porter ce masque en permanence. Aujourd'hui, elle donne des conférences. Elle a écrit un livre. Elle fait du sport. Tout cela à visage découvert!
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ENCRE_ET SUEUR
LES TATOUAGES
INGRATS LES TATOUAGES ONT LE VENT EN POUPE. SURTOUT CHEZ LES SPORTIFS! POUR S’EN RENDRE COMPTE, IL SUFFIT DE JETER UN ŒIL SUR LES LIGNES DE DÉPART DE N’IMPORTE QUELLE ÉPREUVE POPULAIRE. MAIS QUELS IMPACTS CES TATOUAGES PEUVENT-ILS AVOIR SUR LA PERFORMANCE? 24 ZATOPEK_43
L
es tatouages peuvent-ils être un frein à la performance sportive? Avouez que la question est marrante. Marrante et rarement posée! En tout cas, on peut imaginer que la plupart des sportifs qui se sont fait dessiner un tas de motifs sur la peau ne se sont pas préalablement inquiétés des éventuels effets délétères sur leur activité. Or ceux-ci pourraient bel et bien exister. Du moins, c’était l’hypothèse de travail d’un groupe de chercheurs américains basés à l’Université d’Utah (USA). Un tatouage implique effectivement que l’on s’injecte de l’encre sous la peau à une profondeur qui varie entre 1 et 5 millimètres. On se trouve là dans une couche cutanée appelée derme qui
abrite aussi les glandes sudoripares. Se pourrait-il que des interactions surviennent entre les pigments utilisés par les tatoueurs et ces glandes chargées de produire la sueur? Tel était l’objet de leurs recherches (*). Pour cela, ils avaient retenu un protocole relativement simple. Chacun des dix sujets devait réaliser à deux reprises un gros effort au cours duquel on mesurait la transpiration sur une zone déterminée: une fois au niveau d’un tatouage, une autre fois sur un bout de peau vierge. L’ordre des deux tests était déterminé aléatoirement et les sujets avaient été sélectionnés en fonction de la localisation et de la taille de leurs tatouages. Ces derniers devaient faire au moins 5,2 centimètres carrés, ce qui est la
ENCRE_ET SUEUR 4 pages
SECRETS_DE LA MÉMOIRE
AU NOM DU BAL PERDU! LES ÉTUDES SCIENTIFIQUES SONT FORMELLES. LA PRATIQUE DE LA COURSE À PIED, SURTOUT SI ELLE EST RÉGULIÈRE, FAVORISE LE BON FONCTIONNEMENT DU CERVEAU ET NOTAMMENT LA MISE EN RÉSERVE D’INFORMATIONS NOUVELLES, CE QUE L’ON APPELLE LA MÉMOIRE.
A
u hasard des conversations, il nous arrive tous de caler au moment de donner un nom ou le détail d’un souvenir comme Bourvil dans sa chanson du bal perdu. Un morceau génial! Il suffit de lire les paroles pour l’entendre chanter. Les voici : C’était tout juste après la guerre, Dans un petit bal qu’avait souffert. Sur une piste de misère, Y’en avait deux, à découvert. Parmi les gravats ils dansaient Dans ce petit bal qui s’appelait... Qui s’appelait... qui s’appelait... qui s’appelait... Non je ne me souviens plus du nom du bal perdu. Ce dont je me souviens C’est de ces amoureux Qui ne regardaient rien autour d´eux.
VAS-Y JULOT!
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LES COUREURS S'EN SORTENT MIEUX!
L'étude de la matière grise révèle des différences selon le niveau d'activité physique. En bas, les souris sportives (RE = running exercice) se caractérisent par une repousse nerveuse plus dense (GCL = cellules granuleuse) dans la couche moléculaire (ML = molecular layer) que les souris non sportives (SED = sédentaires) en haut.
Les rats sont nos cousins Bourvil n’était pas très sportif. Certes, il a joué le rôle d’un coureur cycliste dans le film Les Cracks d’Alex Joffé en 1968. Mais le personnage qu’il incarnait à l’écran, Jules Auguste Duroc, brillait surtout par son inventivité et sa bonne humeur. Et en tout cas, plus que par ses qualités athlétiques. Bourvil était donc pour lui un interprète idéal. Il faut préciser qu’à l’époque, le comédien était déjà âgé de 51 ans. Lors du tournage, il était d’ailleurs tombé de sa bicyclette et s’était fait mal au dos. On l’avait envoyé faire des radios à Paris. C’est alors qu’on lui a diagnostiqué les premiers symptômes du cancer des os (myélome) qui devait l’emporter deux ans plus tard. Si on donne tous ces détails sur ses capacités athlétiques et ses aptitudes mnésiques, c’est évidement pour suggérer une relation de cause à effet. Il se pourrait tout à fait que si Tête de rat!
Bourvil avait été plus sportif, il se serait souvenu du nom du bal perdu. Tout comme Jeanne Moreau qui, dans une autre chanson célèbre du répertoire français, se plaint de sa mémoire qui flanche. Les scientifiques sont formels: un corps en bonne forme s’accompagne le plus souvent d’un encéphale performant. Et vice versa. Chacun peut se faire une idée de la solidité de ce lien en regardant autour de lui. Plusieurs groupes de chercheurs s’attellent aussi à en faire la démonstration expérimentale en prenant exemple -c’est souvent le cas dans ce type de travaux- sur le comportement des souris et des rats. Pourquoi eux? D’abord parce qu’ils aiment l’effort. Lorsqu’on offre à un rat en cage la possibilité de se dépenser physiquement en courant dans un tourniquet, il peut le faire à raison de plusieurs heures par jour et parcourir 3, 4, 5 kilomètres, ce
qui, à l’échelle humaine, équivaut à la distance d’un marathon par jour. Les comparaisons sont donc faciles à établir avec d’autres rats qui, pour leur malheur, sont enfermés dans des cages dépourvues de petites roues. La deuxième raison est plus triviale. Mais il se trouve que le sacrifice de ces rongeurs ne pose pas (trop) de problèmes de conscience. On peut alors facilement comparer les cerveaux et constater par exemple que le sport suffit généralement à doubler sa production de nouveaux neurones! Et pas besoin de s’éreinter à la tâche. Il suffit de s’astreindre à faire 20 minutes d’une vigoureuse activité physique chaque jour. Pas plus! La grande question sera alors de savoir si ces nouveaux neurones sont fonctionnels ou s’ils sont seulement là pour faire joli sur les clichés IRM (imagerie par résonance magnétique). Pour le vérifier, on recourt à des tests d’orientation. Clairement, il apparaît que les rats et les souris habitués à la course à pied sont plus rapides que les autres pour trouver la sortie du labyrinthe compliqué dans lequel ils ont déjà été enfermés une première fois, preuve que les souvenirs du parcours de sortie restent solidement imprimés dans leur cerveau alors qu’ils s’effacent chez les individus sédentaires.
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SECRETS_DE LA MÉMOIRE 7 pages
CAH I E R TECH N IQU E
SOMMAIRE
Edito
1 Edito 2 Actualités science
- Se déshydrater pour avancer ? - Le marathon est à l'Afrique - Les bains chauds rendent plus rapides - La fréquence cardiaque au poignet ne tient pas la route - Les montres annoncent une dépense énergétique farfelue - La fréquence cardiaque à vue d'œil - La foulée à bout de nez - Les chaussures minimalistes ne vont pas forcément où on les attend - Les chaussures minimalistes restent à inventer - Fractionnons du long au court (et pas l'inverse) - Le fractionné brule moins d'énergie que le footing
10 Echo des courses 8e édition de l'Alesia Trail
12 Dossier
Saute comme le kangourou.
Enroule comme le serpent.
Les habitants d'un pays riche sont généralement bercés d'un sentiment de supériorité s'agissant de se comparer aux habitants d'un pays moins bien doté en PIB. "Ils sont moins organisés, moins travailleurs, moins volontaires, moins respectueux, moins intelligents sûrement. On pourrait même penser que leur pauvreté n'est pas loin d'être méritée". Quand bien même ils seraient nettement meilleurs dans une activité comme la course à pied, on n'hésiterait guère à expliquer qu'ils brulent leurs frêles ailes à tout donner dès le plus jeune âge. C'est à croire qu'ils ne respectent rien pas même eux-mêmes. Ne leur reste plus ensuite que les yeux pour pleurer et des jambes fatiguées pour s'en retourner vivre le reste de leurs années, dans leur village haut perché. Autrement dit, ceux-là même qui n'arrivent pas à performer, s'autorisent à expliquer aux pauvres africains comment ils devraient gérer leur carrière. On peut discuter sur le dopage qui a massivement pénétré les haut-plateaux d'Afrique. On peut ergoter sur la dureté des entraînements consentis par les coureurs africains. Mais on peut aussi écouter les publications qui annoncent que ceux qui débutent plus tôt sur marathon, progressent davantage. On peut aussi se dire que s'agissant de gagner sa vie en courant, il serait étonnant que ceux qui rêvent de profiter d'un gain substantiel de PIB, n'aient absolument rien compris à la vie. Cyrille Gindre - Volodalen
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AOÛT SEPTEMBRE OCTOBRE 2017 LOCOMOTIVE
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LA LOCOMOTIVE CAHIER CENTRAL PRATIQUE 16 pages
ARTHROSE_ET VIEILLISSEMENT
DRÔLE D’END ROIT POUR UNE RENCONTRE
L’ VOUS N’ÊTES PAS JEAN-MARC BELLOCQ? 36 ZATOPEK_43
TOUS CEUX QUI FONT DE L’ARTHROSE CONNAISSENT CE DILEMME: LORSQU’ILS S’ENTRAÎNENT, LEURS ARTICULATIONS SOUFFRENT. LORSQU’ILS NE FONT RIEN, C’EST ENCORE PIRE!
histoire qui suit est absolument véridique (comme tout ce qu’on écrit dans Zatopek du reste) et pourtant incroyable! Imaginez-vous en train de chercher une personne que vous avez perdue de vue depuis des dizaines d’années. Vous faites le tour des anciennes connaissances pour dégoter une adresse ou un numéro de téléphone. En vain. Vous activez tous les réseaux. Rien ne marche. Puis, un soir, vous faites la file à l’entrée d’un cinéma et là, juste derrière vous, c’est lui! Vous reconnaissez celui derrière lequel vous couriez désespérément depuis des semaines! Figurez-vous que c’est exactement ce qui m’est arrivé! Cela se passait au début de l’année. Dans
un agenda, j’avais noté que Jean-Marc Bellocq s’apprêtait à fêter ses 60 ans (le 8 février) et je voulais le rencontrer. Jean-Marc Bellocq: ce nom ne dira probablement rien aux jeunes coureurs qui nous lisent. Dans les années 80, il était pourtant très célèbre. Surtout dans les milieux de l’ultra-endurance puisqu’il excellait dans la communauté de ceux qui disputent des épreuves sur 100 kilomètres et qu’on appelle de ce fait «les 100 bornards». Bellocq possède un palmarès long comme le bras avec notamment 8 victoires aux 100 kilomètres de Millau, probablement l’épreuve sur la distance la plus célèbre de France. Chaque année, elle réunit quelques 2000 participants. Aujourd’hui, le succès des trails a banalisé les courses
ARTHROSE_ET VIEILLISSEMENT 6 pages
DÉBAT_SOCIÉTÉ
NE M’APPELEZ PAS
CEINTURE L DE CHASTETÉ
EN RÉPONSE AUX AGRESSIONS SEXUELLES DONT SONT PARFOIS VICTIMES LES JOGGEUSES, SANDRA SEILZ, UNE ENTREPRENEUSE ALLEMANDE, A INVENTÉ LE SHORT INVIOLABLE OU SAFESHORT. ÇA VOUS RAPPELLE QUELQUE CHOSE?
MYTHE OU RÉALITÉ? 42 ZATOPEK_43
orsque les chevaliers partaient jadis pour les Croisades, abandonnant leurs épouses pendant plusieurs années, ils n’oubliaient pas de les farder d’une lourde ceinture métallique pour empêcher toute infidélité jusqu’à leur retour. Cette fameuse ceinture, racontet-on, était équipée d’un cadenas dont les maris emmenaient évidemment la clé avec eux. On imagine l’embarras de madame au cas où monsieur décédait en chemin. Passons. Tout le monde connaît aujourd’hui ce détail graveleux de la grande histoire de France. Qui n’est rien d’autre qu’une légende! A l’image de nombreuses croyances concernant le Moyenâge, la ceinture de chasteté telle qu’on la fantasme au XXIe siècle n’a jamais existé. Albrecht Classen, professeur d’histoire allemande, s’est donné pour mission de démentir ce récit, séduisant en apparence, mais absurde dans le fond. Il suffit d’y réfléchir un peu. Il est impossible de concevoir un objet autorisant une partie des fonctions anatomiques (miction, règles) tout en interdisant certaines autres (rapports sexuels) (*). Les quelques modèles exposés dans les musées n’ont pas plus de deux siècles d’ancienneté, ce qui les situe bien après les Croisades (10951291) et laisse penser qu’ils n’ont jamais servi pour autre chose que des jeux érotiques. C’est d’ailleurs toujours le cas aujourd’hui. Bref, la ceinture de chasteté n’existe pas. Et n’a jamais existé. Mais le safeshort alors? N’est-il pas conçu aussi pour empêcher toute possibilité de relations sexuelles? Cette conclusion semblerait presque évidente. Pas de chance pour nous, elle serait de nature à faire hurler la conceptrice de ce nouveau vêtement, l’Allemande Sandra Seilz. Son invention ne procède pas d’une manifestation d’autorité masculine pour imposer l’abstinence par la force, mais résulte d’une demande venue des femmes elles-mêmes qui entendent ainsi se protéger des agressions. Sur ce dernier point, Sandra Seilz peut se donner en exemple. Quadragénaire et
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LA MARCHE_DE L’HISTOIRE
ILS SONT
CES ROMAINS! LES LÉGIONNAIRES ROMAINS ÉTAIENT DE VÉRITABLES FORCES DE LA NATURE, CAPABLES DE COUVRIR CHAQUE JOUR DES DISTANCES QUI FERAIENT PÂLIR LES MEILLEURS TRAILEURS ACTUELS. ET SI C’ÉTAIT EUX, LES PREMIERS VRAIS CHAMPIONS DE L’ULTRA-ENDURANCE? 46 ZATOPEK_43
L
es sportifs n’aiment pas beausiècle dans le but de forger une jeucoup qu’on leur rappelle cette nesse disciplinée capable de régner vérité. Mais presque toutes nos sur les divers pays qui composaient disciplines possèdent des oril’empire britannique. Ensuite, ils gines militaires. Celles-ci sont furent adoptés chez nous par des diévidentes pour le tir, l’équitation, rigeants qui rêvaient de prendre leur l’escrime et tous les sports de comrevanche sur la Prusse après l’humibat. C’est aussi le cas liation de 1870. Pierre pour des disciplines auxde Coubertin lui-même quelles on ne penseentendait «rebronzer la rait pas spontanément, France» ce qui, dans comme les différentes son esprit, n’avait rien à formes de gymnastique voir avec le hâle dont se conçues à l’origine pour couvre la peau au soleil, muscler les bidasses. mais faisait référence à Quant aux sports la solidité du métal. En d’équipe, ils se sont clair, il voulait former développés dans les des jeunes gens durs au écoles anglaises de la Pierre de Coubertin, un obsédé mal. Il avait même invenseconde moitié du XIXe du bronzage té un sport pour glorifier
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PERFORMANCE_
TOUT LE MONDE RÊVE DE COURIR PLUS VITE ET, POUR CELA, S’ENTRAÎNE INTENSIVEMENT OU S’ADONNE À DES RÉGIMES COMPLIQUÉS. OR IL EXISTE AUSSI UNE SÉRIE DE TRUCS TOTALEMENT IDIOTS MAIS PARFOIS EFFICACES POUR Y PARVENIR. EN VOICI DIX:
Dossier réalisé par Sportifmytho
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es films Matez d aphiques pornogr Si les hommes sont plus performants que les femmes dans la plupart des disciplines athlétiques, c’est en grande partie grâce à elle. Qui, elle? La testostérone pardi! L’hormone sexuelle mâle agit comme un véritable engrais sur la masse musculaire. Elle augmente aussi l’agressivité, rebaptisée «rage de vaincre» dans le jargon des journalistes, ce qui explique qu’on ait eu des cas de sportifs dopés aux stéroïdes (ersatz de testostérone) dans des sports très inattendus, notamment le billard. Bien sûr, cette production de testostérone fluctue selon les individus. Certains sont naturellement «gros producteurs» alors que d’autres plafonnent à des niveaux moindres. C’est probablement la génétique qui parle. Sur ce point précis, on ne peut pas faire grand-chose… Plus intéressant: cette production varie aussi selon les situations
de vie. Chez l’homme, elle aurait plutôt tendance à baisser lorsqu’il est amoureux. Chez la femme, c’est le contraire. Pour les spécialistes, ces mouvements en sens opposés auraient pour mission d’harmoniser les comportements pendant la période d’entente presque parfaite qui caractérise souvent le début d’une liaison. Plus tard, il arrive que ça se gâte, mais c’est une autre histoire! Donc l’amour affecte l’activité glandulaire. Cependant -les poètes l’ont assez dit- il ne se commande pas! Existerait-il alors d’autres techniques pour tirer artificiellement la production à la hausse? Des chercheurs britanniques se sont posé la question. Et ils y ont répondu de la manière la plus triviale qu’on puisse imaginer: les films pornographiques. Pour tester leur hypothèse, ils recrutèrent une bande de jeunes rugbymen, qu’ils divisèrent en deux
groupes. Les uns étaient placés dans des cabines où on leur projetait des saynetes érotiques. Pour les autres, c’était pareil. Sauf que l’écran restait blanc. Suite à cela, les taux de testostérone déterminés sur base de tests salivaires se sont révélés, sans réelle surprise, supérieurs chez les sujets du premier groupe. Restait à savoir si cette variation pouvait occasionner une différence au niveau des performances physiques. Pour le savoir, tout ce beau monde s’est ensuite rendu dans une salle de musculation pour quelques exercices à puissance maximale. On s’est alors aperçu que les joueurs qui avaient visionné des films de cul soulevaient effectivement des charges plus lourdes. Est-ce que cela marche aussi pour d’autres types d’efforts, comme les sports d’endurance où le défi consiste plutôt à ne pas se désunir et à résister à la souffrance? C’est tout à fait possible. Mais la démonstration reste à faire. Des volontaires? Référence: Changes in salivary testosterone concentrations and subsequent voluntary squat performance following the presentation of short video clips dans Hormones and Behavior, janvier 2012.
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TECHNOLOGIE_
L’APPLICATION QUI REND FOU! EN QUELQUES ANNÉES, STRAVA EST DEVENUE LA PLUS GRANDE BIBLIOTHÈQUE MONDIALE DE L’ENTRAÎNEMENT. ELLE RECÈLE LES DONNÉES SUR PLUS D’UN MILLIARD DE SÉANCES. LES VÔTRES AUSSI?
L
e monde actuel est très différent des précédents. On dispose de plus de temps libre, contrairement à ce que beaucoup de gens croient. On est aussi plus attentif à soi que les générations précédentes. Et beaucoup plus frustré! Il faut dire que, depuis tout petit, on est assommé de messages publicitaires qui associent le bonheur et à l’acquisition d’un tas d’objets inutiles. C’est perturbant à la longue. Les nouvelles technologies de communication renforcent aussi cette tendance à l’égocentrisme. On se met volontiers en scène sur les réseaux sociaux. On poste un tas de trucs sur soi, sur sa famille, sur ses animaux de compagnie, sur son travail, sur ses repas et évidemment sur
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ses séances d’entraînement. A ce petit jeu, une application se dégage du lot. Il s’agit de Strava. Le principe est relativement simple. On s’entraîne avec un GPS (smartphone ou montre connectée). Ensuite, on publie les données un peu comme on le ferait sur Facebook. Si ce n’est qu’avec Strava, les activités se chargent automatiquement dès qu’on synchronise l’appareil avec le service de la marque (Garmin, Polar, TomTom, etc.) Le monde entier peut ainsi savoir combien de temps exactement vous avez mis pour boucler le tour du lac à côté de chez vous.
TOUT LE MONDE VEUT PRENDRE SA PLACE
En une décennie, Strava a transformé la planète en un immense terrain de jeu. Tout a commencé avec les cyclistes lorsqu’ils prirent l’initiative d’enregistrer leur meilleur chrono dans les ascensions des cols. Aujourd’hui encore, le parcours le plus référencé de France reste le Mont Ventoux avec pas moins de 78.000 entrées. En Belgique, il s’agit de la Côte des Trois Frontières (60.000 tentatives) située tout à l’est du pays aux points de rencontre entre la Hollande et l’Allemagne. Ce sont les plus courus mais chacun est évidemment libre de proposer d’autres bouts de route. On dit des «segments» dans le jargon des spécialistes. Vous possédez un itinéraire d’entraînement auquel vous êtes attaché? Faites-en un segment! Vous pourrez alors très facilement comparer vos chronos d’une séance sur l’autre, ainsi que les fréquences cardiaques pour ceux qui s’entraînent avec un cardio, comme on pouvait le faire déjà grâce aux nombreux programmes d’entraînement qui existent sur le marché.
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TÉMOINS_
SALUT TOI,
STRAVA? A L’IMAGE DE STRAVA, LES RÉSEAUX SOCIAUX DÉDIÉS À LA COURSE À PIED CARTONNENT. QU’EN PENSENT NOS LECTEURS? Rubrique réalisée par Olivier Beaufays
LES GALÉRIENS MICHAEL HORVATH, CO-FONDATEUR DE STRAVA.
«Dans les années 90, Mark Gainey et moi faisions partie de l’équipe d’aviron à l’université de Harvard (*). Une fois diplômé, je me suis tourné vers le cyclisme. Mais l’esprit d’équipe me manquait: cette envie de se mesurer aux autres, de partager les mêmes expériences. Les années ont passé, les applications dédiées au sport se sont multipliées. Mais aucune d’entre elles n’était à mon sens capable de créer vraiment l’émulation. Puis nous avons rencontré Davis Kitchel en 2008. Il nous a confié que, sur base des relevés GPS, il serait assez aisé d’identifier tous les cyclistes qui s’entraînent dans une zone géographique précise. Nous avons établi un prototype que nous avons soumis à des cyclos pour qu’ils le testent. Ils étaient enchantés. Ils disaient que le programme les aidait à s’entraîner plus longtemps et surtout plus intensément. On a donc poursuivi l’idée. Et le reste, c’est déjà de l’histoire.» (*) C’est aussi le cas des frères Cameron et Tyler Winklevoss qui se sont fait chiper l’idée de Facebook par Mark Zuckerberg.
ALERTE AUX POMPES BRUNO
«Pour moi qui ai toujours consigné tous mes entraînements dans un carnet ou un tableur Excel, quelle facilité! Tout est enregistré automatiquement lorsque j’utilise Strava. Même l’usure de mes chaussures! J’ai effectivement créé une alerte pour être averti une fois que mes pompes franchissaient la barre fatidique des 500 kilomètres. Audelà, j’ai tendance à me blesser plus facilement. Or, je préfère passer par le magasin de sport que le cabinet du kiné.»
AU BONHEUR DES COACHS FANNY
«J’utilise autant Strava pour son ergonomie que pour faciliter la vie de mon coach. En effet, je fais partie d’un groupe d’une quinzaine de coureurs chez Xrun. Nous utilisons tous des montres GPS de marques différentes. Pour accéder aux données des uns et des autres, mon coach devait jongler avec les logiciels. Là, c’est beaucoup plus simple. Il a créé un groupe dont il est l’administrateur. Tous nos entraînements sont centralisés. En fonction des infos collectées de chacun, il adapte le contenu de nos séances qui sont personnalisées. C’est un précieux gain de temps pour lui!»
en million le nombre de nouveaux 1 Soitutilisateurs chaque mois sur Strava.
JUSTE POUR VOIR RONALD
«Je suis abonné aux pages de certains athlètes professionnels comme Thomas Lorblanchet. Nous habitons la même région. C’est d’ailleurs notre seul point commun! Parfois je télécharge ses traces. Cela me permet de varier mes sorties et aussi de mesurer le vide abyssal qui nous sépare au plan athlétique.»
ENGAGEZ-MOI, QU’IL DISAIT! «Hire me» ou «Engagez-moi» en français. En s’essayant au Strava, art à quelques encablures du siège social de la société à San Francisco, David Miller pouvait difficilement se montrer plus explicite. Par l’intermédiaire de son porte-parole, Strava s’est dit séduit par son inventivité mais a tout de même tenu à préciser que le meilleur moyen de se faire embaucher restait d’envoyer un CV. Sur du bon vieux papier?
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TÉMOINS_Le
saviez-vous?
Kudos est un mot fort usité en anglais (on dit aussi: kudos to you!) lorsqu’on veut féliciter quelqu’un. Il dérive du mot grec signifiant la gloire et le renom qui découlent d’une action réussie.
LA PAROLE EST À LORBLANCHET THOMAS LORBLANCHET, 4ÈME DE LA WESTERN STATES 2016
«Ce qui fait le charme du trail, ce sont précisément tous les échanges qu’il permet entre pratiquants. Peu importe le niveau. On a tous des histoires à raconter. C’est pourquoi je suis si heureux de compter parmi la trentaine de coureurs à posséder ce statut de ‘professionnel’ qui me permet d’être suivi à la trace et de tout partager: tracés, conseils, sensations. Grâce au nouvel interface qui pourrait être proposé bientôt à tous les utilisateurs, je peux poster des photos, des commentaires sur du matériel, répondre aux abonnés ou encore délivrer des ‘kudos’, l’équivalent de ‘bravo!’. Oui, cela ressemble de plus en plus à Facebook. Mais n’est-ce pas ce type d’initiatives qui a permis à Strava de réussir là où les autres fabricants de montres connectées ont tous échoué: créer une véritable communauté de coureurs?»
LA MIENNE EST PLUS GROSSE QUE LA TIENNE DAMIEN
41%
Soit le pourcentage des coureurs à pied inscrits sur les réseaux sociaux.
INSOLITE
«Sur les réseaux sociaux français, on n’utilise pas toujours les initiales KOM (King Of the Mountain). Parfois on parle aussi de concours de quéquettes ou d’AQPLPL (A Qui Pisse Le Plus Loin). Il y a quelques mois, j’ai commencé à perdre mes KOM les uns après les autres. J’ai riposté. Ce petit jeu a duré quelques semaines. On se charriait par message interposé. C’était bon enfant. Mais j’ai franchi la ligne rouge: je me suis explosé le mollet.»
ZIZIS TOP
E
n avril dernier, la toile a vu fleurir de nombreuses traces GPS ayant la forme de pénis. Serait-ce une forme contagieuse d’obsession sexuelle? Pas du tout! En fait, de nombreux coureurs participaient à la campagne «Go balls out» initiée par l’association néo-zélandaise de lutte contre le cancer du testicule. Ce cancer est le plus fréquent chez les hommes de 15 à 39 ans. Il est aussi celui qui guérit le mieux. A condition, bien sûr, de prêter attention aux éventuels signaux annonciateurs de la maladie comme l’apparition de petits nodules à la palpation. Ces dessins de zizis étaient là pour rappeler aux hommes de faire preuve de vigilance!
DES HISTOIRES À LA KOM En juin 2010, William Flint (41 ans) décédait dans la descente de Grizzly Peak aux alentours de San Francisco. Dépassant de 15 kilomètres/heure la vitesse limitée à 50, il n’avait pu se rabattre à temps sur sa partie de la route et avait percuté de plein fouet la voiture venant en sens inverse. Selon ses proches, il tentait ce jour-là de récupérer son KOM. La famille a d’ailleurs attaqué Strava en justice au motif que l’application tirait bénéfice des challenges qu’elle initiait sans en asScène de crime sumer les responsabilités en matière de sécurité. Elle a été déboutée mais la société a pris la décision de supprimer tous les KOM en descente. D’autres drames sont encore liés à l’environnement Strava. En septembre 2014, Jason Marshall (31 ans) a mortellement renversé Jill Tarlov dans Central Park à New York. La veille, il avait ravi plusieurs KOM et manifestement il ne comptait pas en rester là. Il roulait à 47 kilomètres/heure dans une zone limitée à 40. La piétonne de 58 ans ne l’a pas vu venir. Elle est morte sur le coup lorsque son crâne est venu heurter le rebord du trottoir. Là aussi, il y eut procès et Jason Marshall n’a finalement pas été condamné pour son imprudence. Au contraire de Chris Bucchere. En 64 ZATOPEK_43
mars 2012, cet habitant de San Francisco (37 ans) s’est rendu coupable d’un accident mortel et a été condamné à trois ans de probation et à 1000 heures de service communautaire, soit la plus lourde peine jamais prononcée aux Etats-Unis à l’encontre d’un cycliste. Cela aurait pu être pire encore! En plaidant l’homicide involontaire, il s’évitait de faire face à un jury populaire qui l’aurait sans doute envoyé en prison. Car sa responsabilité est lourde. Bucchere roulait à 56 kilomètres/heure dans une zone normalement limitée à 40. Il avait ignoré aussi plusieurs panneaux «STOP» avant de brûler un feu rouge et de percuter Sutchi Hui, un vieil homme de 71 ans qui traversait paisiblement la chaussée. Pour aggraver son cas, il avait manqué du plus élémentaire esprit de contrition en remerciant sur les réseaux sociaux son casque de lui avoir sauvé la vie alors que sa victime souffrait d’un grave traumatisme crânien. Heureusement pour lui, Terry Hui, le fils de la victime, a eu plus d’empathie en ne souhaitant pas qu’il soit condamné à la prison ferme. Il a quand même tenu à prendre la parole à l’issue du procès: «Ne gaspillez pas la deuxième chance de devenir un homme bon et compatissant et oubliez le personnage narcissique que vous étiez au moment d’écrire ces messages insensibles au sujet de mon père.»
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