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La course
à pied
autrement
Zatopek
N°48 - trimestriel - novembre - décembre 2018 - janvier 2019 - France : 5.50 € - Canada : 8.50 $
Le 1
er
Magazine Running & Santé de votre Région
PERFORMANCE
LE FROID NOUS REND
PLUS FORT ! Tabou
Courir pendant ses règles Les spermatozoïdes aiment le sport ( mais pas trop )
Pour ou contre ? La bière après l’effort
Portrait
Les trois lapins de Kratochvilova
FC max
Méfiez-vous des équations !
L 16992 - 48 - F: 5,50 € - RD
Découvrez le vélo elliptique
ZATOPEK EST UNE PUBLICATION DES Editions Sport et Santé sprl 177 rue Vanderkindere B-1180 Bruxelles (Belgique) TVA: BE 0882 202 726 Tel: 00 32 (0)2 538 54 58 Fax: 00 32 (0)2 537 13 38 Email: info@zatopekmagazine.com Site web: www.zatopekmagazine.com SERVICE ABONNEMENTS Sur le site www.zatopekmagazine.com ou par téléphone: 00 33 (0)4 32 80 26 83 (France) et 00 32 (0)2 538 54 58 (Belgique et autres pays). EDITEUR RESPONSABLE Gilles Goetghebuer 177 rue Vanderkindere B-1180 Bruxelles DIRECTEUR DE PUBLICATION Jean-Paul Bruwier jpb@zatopekmagazine.com CONCEPTION ET GRAPHISME ILOVE MEDIA bvba REDACTEUR EN CHEF Gilles Goetghebuer gilles@zatopekmagazine.com SECRETAIRE DE REDACTION Anouk Ramaekers anouk@zatopekmagazine.com ICONOGRAPHIE Olivier Beaufays olivier@zatopekmagazine.com ONT COLLABORE A CE NUMERO: Olivier Beaufays, François Borel-Hänni, Aurore Braconnier, Florent Caelen, Louise Deldicque, Marc Francaux, Quentin Guillon, Roger Igo, Hilde Meesters, Guillaume Narguet, Anouk Ramaekers CREDITS PHOTOS Georges Beuville:10; Quentin Guillon:11; Lausanne marathon:13; Dublin marathon:13; Julbo:15; Shutterstock:16; Pavel Matveyev:17; Lily Uivel:17; Rob Hammer:18; Elliptigo:23,24; Moverider:23; Lewis Pugh:25; W. Van Marken Lichtenbelt:26; Université de Wayne State:26; Ardent Cell:26; J. Caga/ Moravia museum: 27; New wave image:28; The Iceman:29; Janos Schmidt/International Triathlon Union:30,58; Gabriele Richetti:31;Stefano Jeantet/Tor des géants: 34; Medical daily:42; Alamy:43,55; Munich marathon:55; Tim Cigelske:57; Agence Dumas:10, 12, 14, 15, 17, 18, 20, 24, 25, 32, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 56, 58 REGIE PUBLICITE Toutes éditions, Belgique et Luxembourg: Ghislaine De Drijver et Isabelle Crutzen Podium Media Europe SA Mobile: 0032 (0)473 93 41 28 Tel: 0035 (0)226 90 86 69 Fax: 352 24611082 info@podium-media.biz Skype: jpodium Pour la France et la Suisse: Pascal Leost Email: pub@zatopekmagazine.com 7 lot. Les Cigales Chemin Georges Brassens 84210 Pernes-les-Fontaines Tél: 00 33 (0)4 32 80 26 83 COMMISSION PARITAIRE: 1115 U 89417 IMPRESSION Imprimé en Belgique/Printed in Belgium Imprimerie Bietlot rue du Rond-Point 185 B-6060 Gilly Belgique DISTRIBUTION Belgique: Tondeur Diffusion Patrick Malotaux 9 Avenue Van Kalken 1070 Bruxelles Tel: 0032 (0)2 555 02 11 Luxembourg: MPK – Elisabeth Biever 11, rue Ch. Plantin – B.P. 2022 L-1020 Luxembourg Tel: 0035 (0)2 499 888 306 France, Suisse et Québec: MLP ZA de Chesnes -55 bd de la Noirée F-38070 Saint Quentin Fallavier Tel: 0033 (0)4 74 82 39 56 Trimestriel Février, mars, avril 2018 N° ISSN 1783-4104 La reproduction des textes et photos publiés dans ce numéro est interdite LA LOCOMOTIVE (toutes éditions) Est un supplément gratuit au trimestriel Zatopek et ne peut être vendue séparément Rédacteurs Belgique: Olivier Beaufays. Email: olivier@ zatopekmagazine.com Eric Cornu. Email: eric@zatopekmagazine.com Rédacteurs France et Suisse: Cyrille Gindre cyrille@volodalen.com Sophie Sartet sophie@zatopekmagazine.com
SOMMAIRE_
EDITORIAL Dans son livre Les Enchanteurs, Romain Gary décrit les déboires d’une famille de saltimbanques italiens qui, en raison de leur immortalité, traversent les événements des trois derniers siècles dans une partie du monde, la Russie, où les choses sont toujours un peu plus violentes qu’ailleurs. A un moment du récit, on demande à ces artistes de chanter et de jouer la comédie alors que se déroulent sous leurs yeux les pires exactions qu’on puisse imaginer. L’auteur décrit notamment des scènes de carnage lors d’émeutes paysannes au XVIIIe siècle, déjà annonciatrices de la grande Révolution russe de 1917. Menacées par les Cosaques, les femmes de la noblesse doivent danser sur une piste en bois qui n’est pas soutenue par les habituels tréteaux mais par leurs pères, leurs frères, leurs fils, leurs maris. Ceux-ci finissent évidemment par défaillir et meurent broyés. C’est tout à fait horrible! Ensuite, on nettoie sommairement les lieux et on demande aux membres de la famille Zaga, les saltimbanques, de divertir la foule en interprétant les personnages de la commedia dell’arte: Arlequin, Polichinelle, Colombine. Refusent-ils? Non! Ils s’y emploient au contraire avec toute la force de leur talent. Ont-ils peur des représailles? Non plus. On l’a dit, ces artistes sont immortels. En tout cas, ils se présentent comme tels à tous ceux qu’ils croisent sur leur route et qui, malgré l’esprit ambiant propice aux tueries, n’ont pas la curiosité de vérifier. En réalité, ces comédiens sont mus par une sorte de fierté professionnelle qui exige de ne jamais trahir l’engagement pris envers
Dionysos (le dieu grec du théâtre). Ce livre est un pur chef-d’œuvre. Il date d’il y a presque cinquante ans. Le propos est pourtant plus actuel que jamais. Non pas qu’on fasse de nouveau danser les femmes sur les corps de leurs maris. Dieu merci! Mais notre époque se caractérise elle aussi par cette impression de chaos. Partout les frustrations grandissent et cela se traduit par l’adoption d’attitudes de plus en plus braquées: l’indignation, le repli sur soi, la fuite, le cynisme. On peut choisir dans ce panel. Ou alors s’inspirer du principe des Zaga et s’efforcer de s’acquitter le mieux possible des nobles tâches que l’on s’est assignées. «L’épaisseur des ténèbres ne pouvait signifier qu’une chose» écrit le narrateur. «Il fallait lever toujours plus haut et d’une main toujours plus ferme le flambeau de l’art.» L’un et l’autre seraient surpris de la comparaison, mais cette déclaration en rappelle une autre du boxeur Mohamed Ali. «J’ai toujours voulu être le meilleur dans ce que je faisais. Si j’avais été éboueur, j’aurais été le meilleur éboueur du monde! J’aurais ramassé plus de déchets et plus vite que n’importe quel autre éboueur.» C’est probablement faux. Cependant on peut s’inspirer de l’ambition contenue dans ces deux citations. Peu importe le contexte, essayons de faire bien ce que l’on fait, qu’il s’agisse de travail, de famille, de loisir. Et de sport aussi, bien sûr!
04_AJOUTEZ A MON PANIER
30_SENS DE L’EQUILIBRE
09_COURRIER DES LECTEURS
35_SPORT ET MENSTRUATION
Tout ce qu’il faut pour courir à la page
10_ZOOM
Rénelle Lamote, l’argent ne fait pas le bonheur
12_LA MUSE DU COACH
Roger Igo répond à vos questions.
14_SCIENCE DU SPORT
Cœur léger, cœur changeant, cœur lourd: chacun bat à son rythme
18_L’ÂGE: LES DESSOUS DE L’ÉQUATION 20_ENTRAINEMENT
Le vélo elliptique: tout le monde en parle
Gilles Goetghebuer
Comment les arbres nous inspirent. Les menstrues sans tabou
42_FERTILITE
Les spermatozoïdes sont des marathoniens
46_TEMOINS
Nos lecteurs nous disent ce qui ne se dit pas!
52_ALCOOL ET SOCIETE
Pourquoi les coureurs à pied sont aussi de gros buveurs de bière?
60_PORTRAIT
Le jour où nous n’avons pas rencontré Jarmila Kratochvilova
24_SANTE
Les vertus de la douche froide
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AJOUTEZ_À MON PANIER www.garmin.com/fenix
CHAQUE SAISON VOIT FLEURIR SON LOT DE NOUVEAUTÉS. VÊTEMENTS, CHAUSSURES ET AUTRES GADGETS POUR RENDRE LA COURSE À PIED PLUS MODERNE. TOUJOURS PLUS MODERNE.
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Rubrique réalisée par Olivier Beaufays
GARMIN FÉNIX 5 PLUS Alerte aux côtes La nouvelle montre Garmin propose un tas de fonctions que l’on retrouvait déjà sur les modèles précédents et sur les concurrentes, à savoir la possibilité d’enregistrer des cartes topographiques, de stocker de la musique, de payer sans contact et, bien sûr, de suivre tous les habituels paramètres physiologiques de l’effort comme la fréquence et la variabilité cardiaque. En revanche, elle est la seule à
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mesurer le taux de saturation en oxygène et à proposer une fonction baptisée «ClimbPro» qui permet de repérer automatiquement toutes les côtes à proximité de l’endroit où l’on se trouve et d’en renseigner chaque fois la longueur et la déclivité. Pratique pour ceux qui cherchent à accumuler du dénivelé en vue d’un prochain trail de montagne. Autre avantage: lorsqu’on se trouve dans la côte en question, cette montre donne aussi très précisément la distance qu’il reste à parcourir jusqu’au sommet. Utile aussi pour les cyclistes!
IL L’A DIT !
A 8000 mètres, on n’est plus le même homme. C’est frustrant parce que quand on est redescendu, on a l’impression que c’est quelqu’un d’autre qui est monté.
Pas si chaud!
Sur internet, on se copie énormément les uns les autres et la moindre petite erreur par conséquent prendre une ampleur insoupçonnée. C’est ainsi qu’à propos du nouveau record de Kipchoge, on dit partout NÉ Philippe Geluck, dessinateur qu’il faisait 20 degrés ce POUR DURER matin-là à Berlin alors Sur base du chrono de 2 heures et que la température 25 secondes réalisé par Eliud Kipchoge à réelle y oscillait NIKE VAPORFLY 4% entre 10 degrés au Monza dans le cadre du projet «Breaking 2», le Enfin au point! moment du départ physiologiste sud-africain Ross Tucker avait calculé Après dix tentatives infructueuses pour s’approprier le record du et 15 degrés à que le Kényan serait capable de courir un marathon monde du marathon, Eliud Kipchoge a enfin réussi! A Berlin, il a couru l’arrivée. C’est plus classique en 2 heures 1 minute et 40 secondes. Woaw! la distance en 2 heures, 1 minute et 39 secondes, pulvérisant d’une miqu’un détail. A 20 Il ne s’est trompé que d’une seconde! Du coup, on a nute et 18 secondes l’ancien record détenu depuis 2014 par son comdegrés, le Kényan plutôt tendance à le croire lorsqu’il prédit que patriote Dennis Kimetto. Pour réussir une telle performance, le Kényan a n’aurait probablement amélioré son propre temps de 166 secondes, soit un gain de près de 4 sece nouveau record du monde ne sera jamais réalisé une condes au kilomètre! Serait-ce l’effet de la fameuse lame en carbone glissée pas battu avant belle lurette. telle performance. Trop
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dans sa chaussure qui, d’après Nike, permet d’améliorer l’économie de course de 4%? C’est tout à fait possible. A chaque pas, cette lame légèrement flexible agirait à la manière d’un petit ressort en restituant en phase d’envol l’énergie emmagasinée lors de la réception du pied sur le sol. Bref il se pourrait que Nike ait enfin trouvé la bonne formule après un grand nombre d’essais et erreurs. Rappelez-vous l’image rigolote du même Kipchoge qui, deux ans plus tôt, avait terminé -et gagné!- ce même marathon de Berlin avec des chaussures complètement déglinguées. A l’époque, les ingénieurs avaient dû se dire, comme Boris Vian dans sa chanson, «y a quelque chose qui cloche là-dedans, j’y retourne immédiatewww.nikerunning.com ment». Manifestement, ils ont 250€ trouvé la solution! 4 ZATOPEK_48
chaud! Et pourtant, c’est ce qu’on retrouve dans presque tous les comptes-rendus de l’exploit. Pour obtenir les bons chiffres, il fallait consulter les données de la station météorologique berlinoise. Et ce n’est pas tout! Ces données montrent aussi le petit vent qui s’est levé à mi-course et poussait gentiment les coureurs dans le dos jusqu’à la porte de Brandebourg où se juge l’arrivée. Voilà qui explique peut-être une deuxième partie de course plus rapide que la première, ce que les spécialistes appellent un «negative split». Plutôt rare sur marathon!
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ZOOM_PHOTO EN OBSERVANT ATTENTIVEMENT UNE IMAGE, IL ARRIVE QU’ON Y DÉCOUVRE UN TAS DE DÉTAILS QUI ÉCLAIRENT LE SPORT D’UNE TOUT AUTRE LUMIÈRE. CELLE-CI A ÉTÉ PRISE LORS DES CHAMPIONNATS D’EUROPE D’ATHLÉTISME DE BERLIN, LE 8 AOÛT DERNIER, EN FINALE DU 800 MÈTRES.
Rénelle Lamote (24 ans) est une athlète du club Athlé Sud 77 de Fontainebleau. Elle est triple championne de France du 800 mètres et désormais double vice-championne d’Europe de la distance depuis cette médaille d’argent conquise de haute lutte à Berlin. On décrypte l’image avec elle.
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ur la scène mondiale du 800 mètres, les athlètes du continent africain sont toujours intouchables: la Burundaise Francine Niyonsaba, la Kényane Margaret Wambui et surtout la Sud-Africaine Caster Semenya. Les Américaines aussi sont vraiment très fortes. En Europe, la lutte est plus ouverte. Souvent on se retrouve à deux, Nataliya Pryshchepa et moi. Parfois, elle prend le dessus comme en finale des championnats d’Europe. Parfois c’est moi. Deux semaines après cette course, j’ai pris ma revanche lors du meeting de Rovereto en Italie. Enfin, ce n’était pas vraiment une «revanche». Juste la dernière course de la saison pour laquelle je m’étais dit que j’allais tout donner. Cette dernière épreuve m’a d’ailleurs redonné le moral après la frustration des championnats d’Europe de Berlin.
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a couleur jaune de ce dossard indique que l’athlète qui le porte est tenante du titre. Il y a deux ans à Amsterdam, Pryshchepa s’était effectivement imposée en me passant sur la gauche dans les derniers 50 mètres. Cette fois, j’ai veillé à me tenir bien serrée auprès des athlètes à la corde. Elle est passée à droite!
epuis quelques années, la Fédération européenne d’athlétisme (AEA) fait figurer cette phrase sur les dossards. «I run clean». Cela signifie «je cours propre». Notez que ce n’est pas très contraignant pour les athlètes et ceux qui se dopent ne vont pas demander une dérogation: «je cours sale». Pourtant le dopage reste une réalité dans le demi-fond. Pour en mesurer l’ampleur, il suffit de savoir que six des douze finalistes du 1500 mètres féminin des Jeux de Londres en 2012 ont été ensuite condamnées pour dopage. C’est énorme.
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LA MUSE_DU COACH ENVOYEZ-NOUS VOS QUESTIONS ET NOTRE ENTRAÎNEUR ROGER PRENDRA SA PLUS BELLE PLUME POUR VOUS RÉPONDRE.
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Le courrier doit être adressé à la rédaction: info@zatopekmagazine.com ou directement via notre site www.zatopekmagazine.com. Vous pouvez y poster directement vos questions en cliquant d’abord sur l’onglet "vos réactions" et puis sur "exprimez-vous". Face à l’abondance de courriers, seuls les abonnés auront désormais le privilège d’une réponse longue et personnalisée. Il suffit de mentionner vos noms et prénoms. L’ancien sous-officier d’élite Roger Igo exerce le métier d’entraîneur depuis plus de trente ans. Fort de ses nombreux titres et distinctions en cross, sur route et en montagne, il vous apportera ses réponses.
QUAND JE SERAI GRAND, JE SERAI MENEUR D’ALLURE
J’ai participé à un marathon dimanche passé. Chouette ambiance, très bonne organisation. Un phénomène m’a interpellé cependant: il concerne les meneurs d’allure et leur joli drapeau: 3 heures 30, 3 heures 45, etc. Au début, chacun d’entre eux se trouve flanqué d’une grappe compacte de coureurs. A l’issue de la course, il n’y a plus grand monde. Comme si le train s’était vidé en cours de route. Ne devrait-on pas tenir compte de ce phénomène pour moduler la vitesse en courant un peu plus vite sur la première moitié du parcours et en ralentissant sur la fin de façon à amener plus de gens à rencontrer leur objectif chronométré: celui marqué sur le drapeau? Jean-Marc Feron Notre réponse Les meneurs d’allure sont effectivement chargés de courir à vitesse constante. Chaque kilomètre sera parcouru en 4 minutes et 15 secondes par exemple dans le groupe de ceux qui visent trois heures au marathon. C’est pratique et cela évite de faire des calculs compliqués. On doit donc voir ces meneurs d’allure pour ce qu’ils sont vraiment, c’est-à-dire des métronomes. On peut aussi s’en servir comme d’une motivation en se fixant l’objectif de les tenir en ligne de mire le plus longtemps possible, quitte à se faire lâcher sur la fin. En général, l’effilochage se produit entre les 32e et 35e kilomètres. Devrait-on organiser la course différemment pour intégrer le phénomène de «dérive cardiaque» qui rend la course de plus en plus coûteuse sur le plan énergétique? L’idée n’est pas mauvaise. Mais elle ne pourrait pas se réaliser à large échelle. Et pour cause! La dérive des uns n’est pas celle des autres. Cela dit, on pourrait imaginer qu’un marathonien aisé loue les services d’un coureur plus chevronné qui tiendrait compte de son endurance spécifique pour échelonner son effort. Meneur d’allure, un job d’avenir? 12 ZATOPEK_48
Parcourez aussi notre grande bibliothèque de questions et de réponses. Vous y trouverez peut-être votre bonheur!
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UNE JOURNÉE PARTICULIÈRE
Je m’apprête à disputer une épreuve de course à pied sur 24 heures pour la première fois de ma vie et je ne sais vraiment pas quels conseils suivre en matière d’alimentation, tellement les conseils que je m’efforce de recueillir sont discordants. Marc Gudendorff Notre réponse Dans ce type d’effort, il faut différencier deux choses: l’hydratation et la recharge énergétique. Pour l’hydratation, c’est simple. Le coureur doit compenser l’eau perdue par la transpiration et la respiration. Pour cela, il doit boire tout au long de l’épreuve à raison d’un centilitre (cl) par minute de course. Cela fait 60 cl par heure. Bien sûr, en temps normal, on est capable d’assimiler plus de liquide que ça (jusqu’à 80 cl). Mais il faut compter avec toutes les autres contraintes de la course. Pour la recharge énergétique, c’est vrai, chacun procède à sa guise en privilégiant les aliments liquides ou solides, salés ou sucrés, chauds ou froids. Pas de règle, donc. Sinon qu’il faut manger. Une course de 24 heures se réalise à 60% de VMA. A ce niveau d’intensité, le glycogène intervient pour un tiers de la facture énergétique environ, les deux autres tiers sont fournis par l’oxydation des lipides. Question graisse, pas de problème. On en possède un stock suffisant pour ne pas devoir s’en soucier. Pour le glycogène, c’est différent. Sans recharge régulière, l’épuisement complet surviendrait grosso modo au quart de la course. Il faut donc assimiler des sucres dès le départ à raison de 20 grammes de glucides par heure pour les estomacs fragiles et jusqu’à 50 grammes pour les plus tolérants. A partir de là, chacun se débrouille comme il peut. Seule l’expérience permet en effet de déterminer ce que l’on supporte et ce que l’on ne supporte pas. Un conseil tout de même: laissez-vous guider par l’instinct. Le corps humain est une machine admirable qui tient fidèlement compte de ses besoins véritables.
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SCIENCE_DU SPORT
DE BATTRE MON CŒUR
S’EST ARRÊTÉ POUR LE TITRE DE CET ARTICLE, ON A REPRIS CELUI DU SUPERBE FILM DE JACQUES AUDIARD, MÊME SI LA MATIÈRE EST NETTEMENT MOINS POÉTIQUE. IL S’AGIT DE COMPRENDRE POURQUOI LES CŒURS DES ATHLÈTES NE BATTENT PAS PLUS SOUVENT À L’UNISSON.
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aites l’expérience suivante: placez-vous au milieu d’un groupe de coureurs où tout le monde évolue à la même vitesse et relevez les fréquences cardiaques (FC). Vous aurez probablement autant de valeurs que de coureurs mesurés avec des
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différences qui pourront atteindre plusieurs dizaines de pulsations par minute entre les franges extrêmes de l’échantillon. Est-ce que cela dépend des gabarits? En partie, oui. Courir à du 10 km/h représente un effort plus important pour celui qui pèse 100 kilos que pour son voisin qui en fait à peine la moitié. Mais le poids n’explique pas tout. Il faut aussi tenir compte de l’état de forme. Lorsqu’on s’entraîne régulièrement, le cœur s’adapte. A chaque contraction, il envoie plus de sang dans les vaisseaux. Pour un même débit, il sera donc amené à se contracter moins souvent. Poids, composition corporelle et forme sont donc hyper-importants lorsqu’il s’agit de comprendre les variations de la fréquence cardiaque. Sur base de ce constat, on pourrait penser qu’à vitesse égale, les cœurs de deux personnes de même niveau athlétique et de même corpulence battent à l’unisson. Et pourtant, non. Un tas d’autres paramètres influencent encore la fréquence cardiaque. Ils sont plus difficiles à apprécier. Essayons tout de même.
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DELDIQUE2_
UNE ÉQUATION
PRATIQUE,SIMPLE
ET C’EST L’ÉQUATION LA PLUS CONNUE DE TOUTE LA PHYSIOLOGIE DE L’EFFORT. ELLE DÉTERMINE LA FRÉQUENCE CARDIAQUE MAXIMALE EN FONCTION DE L’ÂGE. ELLE S’ÉCRIT AINSI: FC MAX = 220 - L’ÂGE.
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ous les coureurs se sont déjà amusés à calculer leur fréquence cardiaque maximale théorique grâce à l’équation FC max = 220 - l’âge. Ainsi un monsieur de 42 ans aura une fréquence cardiaque maximale
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théorique de 178 battements par minute (220 - 42 = 178). Par le passé, beaucoup de coureurs ont commis l’erreur de trop tenir compte de cette valeur. Ils s’entraînaient avec un œil sur le cardiofréquencemètre pour s’assurer de ne jamais dépasser cette limite au-delà de laquelle, pensaient-ils, ils se seraient mis dans un état de mort imminente. C’est absurde. Cette équation n’a jamais eu pour but de prédire les défaillances. Il s’agit d’une simple moyenne et, lorsqu’on fait l’effort de relever les fréquences cardiaques maximales d’une série de coureurs après un effort très intense, on remarque que celles-ci se distribuent très largement avec une déviation standard de dix battements par minute autour de
la moyenne. Ce qui signifie qu’approximativement un tiers de l’échantillon étudié se trouve dix battements en-dessous de la moyenne et qu’un autre tiers se trouve dix battements au-dessus. Aux extrêmes, qu’on considère généralement au-delà de deux déviations standards, on aura donc des sujets de 42 ans qui peineront à atteindre les 158 battements (178 - 20) et d’autres qui s’élèveront sans problème jusqu’à 198 (178 + 20).
Une formule pas magique Une équation qui donne des résultats aussi approximatifs, on se demande un peu à quoi elle sert. Pour la comprendre, il faut remonter dans le temps puisque c’est en 1972 qu’elle a été imaginée par deux chercheurs américains, Samuel Fox et John Naughton (Université de Washington DC), alors qu’ils travaillaient sur le rôle de l’activité physique dans la prévention des
ENTRAÎNEMENT_
TOUT LE MONDE EN PARLE! DEPUIS QUELQUES ANNÉES, LES VÉLOS ELLIPTIQUES ONT LE VENT EN POUPE. AVANTAGE: ILS PERMETTENT DE S’ENTRAÎNER EN CAS DE BLESSURE. POUR CONNAÎTRE LES INCONVÉNIENTS, EH BIEN, IL FALLAIT ESSAYER! FLORENT CAELEN L’A FAIT POUR NOUS.
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a course à pied est un sport traumatisant. Rares sont les athlètes à boucler leur carrière sans mise à l’écart de quelques semaines ou quelques mois pour cause de blessure. A chaque foulée, on se reçoit effectivement sur le sol avec une force qui équivaut à six, sept ou même huit fois le poids du corps. Cela fait quatre ou cinq tonnes par kilomètre parcouru. On comprend mieux cette survenue quasiment systématique de problèmes articulaires. Une fois sur la touche, on trouve évidemment le temps long. Car la forme que l’on a
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patiemment construite au fil des semaines disparaît vite et, pour empêcher ou du moins ralentir ce déclin, la plupart des coureurs optent pour la pratique d’autres disciplines sportives. Selon le type de blessure et les affinités de chacun, on s’orientera alors vers des sports comme le
cyclisme, la natation ou encore le ski de fond qui sollicitent l’appareil cardiovasculaire aussi intensément que la course tout en évitant les impacts au sol. Cela suffit normalement pour conserver ses aptitudes cardiovasculaires à leur top. Problème! Ces sports reposent sur l’exécution de mouvements qui sont parfois très éloignés de ceux auxquels on est
Après l'Alter G, l'elliptique. Et c'est toujours Florent qui s'y colle!
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SANTÉ_
LES VERTUS DE LA DOUCHE FROIDE LORSQU’ON DÉCOUVRE LES ARGUMENTS EN FAVEUR DE L’EAU FROIDE, ON EST FORCÉMENT SÉDUIT. ET DÉCIDÉ! DEMAIN, ON COMMENCERA SA JOURNÉE PAR UNE DOUCHE GLACÉE. LE JOUR VENU, ON FAIT GÉNÉRALEMENT MOINS LE FIER. ON A TORT. LES BIENFAITS DU FROID SUR LA SANTÉ SONT RÉELS. MÊME LA FORME PHYSIQUE S’EN TROUVE AMÉLIORÉE. ET LES PERFORMANCES SPORTIVES!
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ien de plus frustrant qu’une panne d’eau chaude. Surtout le soir après une sortie d’entraînement. On est obligé de se laver sous 10°C alors qu’on rêve d’un jet plus réconfortant. Entre deux claquements de dents, on tente de se faire une raison en songeant à toutes ces expressions du bon sens populaire selon lesquelles les bains froids font un bien fou. «C’est comme la camomille» disent les hygiénistes. «Ça s’avale d’un coup, on grimace et après, on va mieux!» Pour une fois, ils ont raison. Faites l’expérience!
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Vous verrez. On se sent réellement mieux après une ablution glacée. Le stress active la circulation sanguine et stimule la production des neurotransmetteurs (sérotonine, dopamine) qui confèrent entrain et bonne humeur. Voilà pour les bénéfices à court terme. Si l’on répète l’opération au fil des jours et des années, des changements plus fondamentaux se mettent en place, guidés par l’extraordinaire pouvoir d’adaptation des organismes vivants. Comme l’écrit brillamment le psychiatre argentin Miguel Benasayag, contrairement aux machines qui ne peuvent
évoluer qu’en agrégeant de nouveaux éléments, le corps avance en éliminant et, surtout, en se reconfigurant sans cesse. Les cellules mourantes sont remplacées par d’autres aux qualités légèrement différentes et cela affecte toutes nos réactions physiologiques. Même la résistance au froid. Une anecdote pénitentiaire en dit long sur la puissance de ces mécanismes adaptatifs. Elle concerne la prison d’Alcatraz, bâtie sur un îlot rocheux de la baie de San Francisco situé à deux kilomètres des côtes. Un bon nageur aurait donc pu traverser ce bras de mer. Mais il lui aurait fallu pour cela échapper aux gardiens. Puis aux requins. Et surtout résister à une eau qui n’excède pas cinq à six degrés. Pour parer à ce risque, les prisonniers d’Alcatraz étaient les seuls de toutes les prisons américaines à bénéficier de douches chaudes. Il ne fallait surtout pas qu’ils s’habituent au froid. Dans ces conditions, on comprend mieux pourquoi «The Rock» (surnom du pénitencier) n’a enregistré aucune évasion durant ses 29 années d’activité, entre 1934 et 1963 (*).
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SENS_DE L’ÉQUILIBRE
Les frères Brownlee au bout de leur vie
POURQUOI TITUBEZ-VOUS? DANS LES CAS DE FATIGUE EXTRÊME, IL ARRIVE QUE LES COUREURS À PIED TITUBENT COMME S’ILS ÉTAIENT IVRES. POURQUOI? CETTE QUESTION EMBARRASSE LES NEUROLOGUES QUI NE LUI TROUVENT PAS FACILEMENT DE RÉPONSE. ESSAYONS TOUT DE MÊME.
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n science, il arrive que les questions les plus naïves débouchent sur des considérations extrêmement complexes. Par exemple, celle-ci: pourquoi perd-on l’équilibre lorsqu’on est exténué? Pour répondre à cette question, on se trouve obligé
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de multiplier les incursions dans différents domaines scientifiques. Car l’équilibre n’est pas un sens comme les cinq principaux: vue, ouïe, toucher, odorat, goût. Non, l’équilibre résulte de l’intégration d’une multitude d’influences qui proviennent à la fois de l’intérieur et de l’extérieur
du corps. Comment rendre la chose ludique et compréhensible? Dans un article consacré au stress dans le numéro 46 de Zatopek, nous avions pris exemple sur la nature et la façon dont les grands arbres inspirent ce calme et cette sérénité qui fait si souvent défaut dans le cours de nos vies quotidiennes. On parlait aussi de l’effet vivifiant que pouvaient avoir ces «bains de forêt», que les Japonais appellent le Shinrin Yoku (1). Pour analyser le sens de l’équilibre et les raisons qui expliquent qu’il fait parfois défaut en cas d’épuisement extrême, appelons une nouvelle fois les arbres à la rescousse. Essayons de comprendre comment
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SPORT_ET MENSTRUATION
COURIR EN CATIMINI Le docteur Bernadette De Gasquet est une spécialiste des abdominaux et de la rééducation périnatale. Elle a publié de nombreux ouvrages sur le sujet, notamment Périnée, arrêtons le massacre! (Editions Marabout, 2011), Abdominaux, arrêtez le massacre! Méthode Abdologie de Gasquet (Editions Marabout, 2009) ou encore Pour en finir avec le mal de dos (Editions Albin Michel, 2015).
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n connaît tous l’expression «en catimini» employée pour désigner des choses que l’on fait en cachette. Mais saviez-vous qu’à l’origine, ce mot dérive du grec «katamênia» qui signifie les règles, les menstrues? D’ailleurs, on ne disait pas «être réglée» autrefois. On disait avoir ses «catimini», ses «ordinaires», ses «brouilleries». Notez que, de nos jours, on reste tout aussi peu explicite en utilisant des termes comme «ragnagnas» ou des expressions sibyllines comme «les Anglais débarquent» (*). Selon les langues, on évoque aussi l’influence des saisons, des fleurs ou de la Lune. Les métaphores ne manquent pas. Les préjugés non plus. Nombre d’entre eux associent les règles à l’impureté ou à la maladresse. Pendant cette période, la simple proximité de ce sang menstruel suffirait à faire tourner la mayonnaise, à altérer le bon vin, à faisander la viande. Voilà ce qu’on disait au cours des siècles précédents. Aujourd’hui encore, un grand nombre de croyances circulent à leur
propos et les tabous demeurent, comme dans ces publicités pour les protections hygiéniques où le sang est représenté en bleu plutôt qu’en rouge. Naturellement, le sport n’est pas épargné. On se souvient du tollé déclenché par la marathonienne indienne Kiran Gandhi quand, en 2015, elle avait décidé de courir sans aucune protection. Sacrilège! On comprend alors que la pudeur des uns n’est pas celle des autres. En marge de ces affaires de bonne ou de mauvaise contenance, les femmes sportives se posent aussi beaucoup de questions sur les liens entre menstruations et performance. Nous nous sommes fait le relais de ces questions auprès de Bernadette De Gasquet qui est tout à la fois un médecin réputé, une professeure émérite de yoga, une spécialiste des problèmes gynécologiques et une femme. Cela aide. (*) L’expression vient du fait que les Anglais auraient porté un uniforme rouge quand ils ont brûlé la Maison Blanche, le 24 août 1814.
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SPORT_ET MENSTRUATION 7 pages
FERTILITÉ_
LE MARATHON DES SPERMATOZOÏDES
DANS LE MONDE MODERNE, ON ESTIME QU’UN COUPLE SUR SIX ÉCHOUE DANS SON DÉSIR D’ENFANT. PARFOIS LE PROBLÈME VIENT DE L’HOMME. PARFOIS DE LA FEMME. SOUVENT DES DEUX. LA COURSE À PIED POURRAIT-ELLE CONSTITUER UN REMÈDE?
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ommençons par un truc tout à fait marrant et pourtant scientifiquement inattaquable. Sans flagelle, un spermatozoïde mesure à peu près 5 millionièmes de mètre (5 µm). Pour parvenir à l’ovule, il doit parcourir une distance d’environ 12 centimètres. A l’échelle de sa tête d’épingle, cela constitue une distance appréciable. Pour un homme de taille moyenne (175 centimètres), ce serait un effort équivalent à, hum, laissez-nous calculer: 120.000/5 = 24.000. Un spermatozoïde doit donc accomplir une distance égale à 24.000 fois sa taille. S’il mesurait 175 centimètres, cela ferait donc… mais, oui, c’est incroyable! 1,75 x 24.000 = 42.000 mètres. Soit exactement la distance d’un marathon! N’est-ce pas magnifique? Pour être le premier à pénétrer l’ovule, l’élu doit triompher de tous les autres gamètes dans le cadre d’une course qui s’apparente à un véritable marathon. Certes, ces spermatozoïdes sont un peu moins rapides que les coureurs
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dans la vraie vie. A raison d’un centimètre par heure, il leur faut un demi-jour au moins pour parvenir au but. Parfois beaucoup plus. A leur décharge, précisons toutefois que le parcours n’est pas fléché et qu’ils sont très nombreux à se fourvoyer en cours de route. Soit ils empruntent la mauvaise trompe de Fallope (une chance sur deux de se tromper), soit ils restent coincés dans la glaire cervicale. S’ils sont des dizaines de millions au départ, c’est donc en réalité parce que les chances de succès de chacun d’entre eux sont extrêmement faibles. D’autant que cette population compte en son sein une large majorité de mal fichus (86%) qui ne sont là que pour servir de marchepied aux champions engagés dans leur course d’obstacles. Tout cela est infiniment plus compliqué qu’on le pensait précédemment, comme toujours en physiologie et, dans le cas présent, la progression des connaissances affecte aussi notre imaginaire. Dès lors qu’on sait l’épreuve qui attend les spermatozoïdes à la sortie du méat, on se
dit qu’on ne pourra plus jamais faire l’amour sans songer à un peloton de marathoniens qui piaffent d’impatience dans les boxes de départ ou alors on ne pourra plus jamais participer soi-même à une épreuve de masse sans songer aussitôt au sexe et à la procréation. Bref, on risque d’être marqué à vie par cette analogie entre la distance reine de l’athlétisme et celle du tractus génital puisque, répétons-le, et compte tenu des changements d’échelle, 42 kilomètres pour un humain équivalent exactement à 12 centimètres pour un spermatozoïde. Dingue, non?
La VMA avant la PMA Au vu de ce qui précède, on se dit qu’un peu d’entraînement en course à pied devrait aider en matière de procréation, non? Il s’agit peut-être d’un raisonnement idiot. Mais cette similitude entre le sort du marathonien et celui des cellules germinales rend ce genre de rapprochement pratiquement inévitable. D’autant qu’on sait que l’état de santé du
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TÉMOINS_
APRÈS DEUX ARTICLES SUR L’APPAREIL REPRODUCTEUR, IL NOUS FALLAIT ABSOLUMENT RECUEILLIR DES TÉMOIGNAGES À CE SUJET. MERCI À TOUS CEUX QUI ONT SURMONTÉ LEUR GÊNE ET ACCEPTÉ DE PARTAGER LEUR EXPÉRIENCE DANS CES MATIÈRES INTIMES. Propos recueillis par Olivier Beaufays
COMME SI DE RIEN N’ÉTAIT PAULA RADCLIFFE
«Ne serait-ce que parce que la majorité des médecins dans les encadrements sportifs sont des hommes, les cycles menstruels restent un sujet tabou. C’est vraiment dommage! Les filles doivent se débrouiller comme elles le peuvent et s’échangent parfois des petits trucs qui marchent pour les unes, pas toujours pour les autres. Personnellement, j’avais l’habitude de prendre la pilule très irrégulièrement: deux ou trois cycles par an. Pas plus! Sinon j’avais l’impression de perdre mon agressivité en course. Donc je prenais une première tablette en début de saison, histoire de caler mes La dysménorrhée (les règles règles sur le calendrier des compétitions. Puis j’avais douloureuses) est souvent plus l’habitude d’en recommencer une autre pendant la handicapante à l’entraînement dizaine de jours précédant le principal rendez-vous qu’en compétition. L’élévation de la saison. Notez que ces précautions n’ont pas du niveau de bêtatoujours suffi. En 2002 à Chicago, j’ai eu mes règles endorphines provoquée par le le jour même du marathon. Je ne leur ai accordé austress augmente de facto le cune attention. Donner de l’importance à ses règles, seuil de la sensibilité à la c’est déjà les rendre handicapantes. Hormis des douleur. crampes au ventre dans le dernier tiers de course, tout s’est finalement très bien déroulé» (elle a remporté l’épreuve en 2 heures 17 minutes et 18 secondes: record du monde!).
Le saviez-vous?
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UNE APPLI QUI VOUS VEUT DU BIEN
GEORGIE BRUINVELS (ROYAUME-UNI)
«En tant que chercheuse en science du sport et ancienne athlète de haut niveau (NB: 2h37’ au marathon), j’ai conçu une application, FitrWoman, qui permet d’adapter les conseils d’entraînement en fonction des différentes phases du cycle. Elle indique par exemple les aliments qu’il convient de privilégier pour atténuer la douleur. Elle indique aussi les périodes propices aux différents types de séance. Par exemple, il vaut mieux placer celles à haute intensité pendant la première moitié du cycle (juste après les règles) que pendant la deuxième (14 jours plus tard). Moyennant quelques aménagements, on peut parfaitement conserver une activité sportive tout au long du mois, alors que les sondages indiquent que 42% des femmes arrêtent le sport durant leurs règles. C’est trop. Beaucoup trop!»
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ALCOOL_ET SOCIÉTÉ
SACRÉ NOM D’UNE PILS! LE 29 OCTOBRE 2017, COREY BELLEMORE BATTAIT LE RECORD DU MONDE DU MILE EN 4 MINUTES ET 33 SECONDES. LE RECORD DU MILE? OUI, MAIS PAS CELUI D’EL GUERROUJ. CELUI DU BEER MILE. UNE DISCIPLINE OÙ IL FAUT COURIR ET BOIRE UNE BIÈRE ENTRE LES TOURS DE PISTE.
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e règlement du Beer mile est très précis. Il s’agit bien évidemment de courir la distance d’un mile (1609 mètres) mais avec obligation de boire une bière d’au moins 355 millilitres et de 5% d’alcool avant chacun des quatre tours de piste. Cela fait donc quatre canettes entrecoupées d’efforts intenses. Cette discipline idiote connaît un grand succès dans les pays anglo-saxons et fait l’objet de compétitions et de records comme celui de Corey Bellemore (*). De l’avis
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des participants eux-mêmes, le Beer mile est tout sauf une partie de plaisir! Ce n’est pas l’alcool à proprement parler qui pose problème: il n’a pas le temps de produire son effet d’enivrement. Ce n’est pas non plus le temps perdu à ingurgiter le breuvage. La technique de blocage de glotte permet aux meilleurs de vider la canette en moins de cinq secondes. C’est plutôt la quantité de liquide qui glougloute dans le ventre. Il faut savoir qu’au repos, la capacité d’un estomac
commun ne dépasse pas 0,5 litre. Avec l’entraînement, il est capable de se distendre, jusqu’à contenir quatre litres! Mais cela ne se fait pas sans rouspétance de sa part. Il se contracte. Il s’obture. Il chasse aussi les gaz de façon très peu avenante. Mais qu’importe! Dans ce genre de performance, roter bruyamment est presque un indice de forme. Chacun possède aussi ses petits trucs pour supporter le programme. Avant la course, plusieurs concurrents laissent ainsi chauffer la bière dans la voiture, espérant que plus de gaz s’échappera à l’ouverture de la canette. Bien entendu, cette bière tiède leur donne la nausée. C’est le prix à payer pour l’audace de la manœuvre. Et pas question de remettre. Celui qui vomit se verra infliger un tour de pénalité supplémentaire. Sans bière, heureusement!
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PORTRAIT_
LE JOUR OÙ NOUS N’AVONS
PAS RENCONTRÉ JARMILA
LA PLUPART DES PORTRAITS DANS LES MAGAZINES ET LES JOURNAUX FONT SUITE À DES RENCONTRES. CELUI-CI EST DIFFÉRENT DANS LA MESURE OÙ JARMILA KRATOCHVILOVA N’A JAMAIS ACCEPTÉ DE S’ENTRETENIR AVEC NOUS. CE N’EST POURTANT PAS FAUTE D’AVOIR ESSAYÉ! Le jour du premier rendez-vous. Loupé!
L
es Tchèques le désignent, avec leur sens de la formule, comme «le plus poilu des records du monde». Le 26 juillet 1983 à Munich, Jarmila Kratochvilova établissait un nouveau WR («world record») du 800 mètres: 1 minute 53 secondes et 28 centièmes. Une performance qui, à ce jour, n’a encore jamais été améliorée. C’est bien simple. Il s’agit du plus ancien record du monde de l’athlétisme outdoor, toutes disciplines confondues. En salle, Kratochvilova détient un autre record du monde très ancien, celui du 400 mètres (49’’59 en 1982). Cette fois, ce n’est pas le plus vieux. En 1977, une autre Tchécoslovaque, Helena Fibingerova, avait lancé le poids à 22,50 mètres. Autre performance inégalée. Quoi qu’il en soit, Kratochvilova compte parmi les légendes de l’athlétisme. C’est donc assez logiquement que nous voulions la faire parler d’une époque où on lançait le poids plus loin et où on courait beaucoup plus vite qu’aujourd’hui. A plusieurs reprises, nous l’avons contactée en espérant chaque fois qu’elle nous fixerait rendez-vous. En vain! Nous l’avons même rencontrée une première fois.
C’était le soir de la publication de sa biographie dans une grande librairie située sur la place Venceslas, dans le centre de Prague. Pas particulièrement souriante et affable, elle nous avait cependant poliment écoutés et s’était même montrée quelque peu intriguée à l’évocation d’un magazine francophone de course à pied qui porte le nom de Zatopek. Ensuite, avant de nous quitter, elle nous avait demandé de lui préciser ce que nous souhaitions exactement en acceptant que nous la rappelions un peu plus tard pour convenir d’un rendez-vous. «Pas tout de suite, mais prochainement» nous avait-elle promis. «D’accord?» D’accord! Mais que souhaitions-nous au juste? Pas grand-chose au fond. Assister à un des entraînements qu’elle dirige quotidiennement ou presque à Caslav, petite ville historique de Bohême centrale située à une heure de route au sud-est de Prague, là même où elle avait commencé l’athlétisme, il y a plus de cinquante ans. La voir à l’œuvre survêt au corps et sifflet autour du cou. Entendre sa voix résonner au milieu des jeunes athlètes. S’imprégner de l’ambiance du stade, du genius loci. Prendre
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