Zatopek suisse 36 liseuse by Zatopek Magazine

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Actus courses en cahier central

Zatopek

N°36 - trimestriel - novembre - décembre 2015 - janvier 2016 - Suisse - 10CHF

L e 1 er M a g a z i n e R u n n i n g & S a n t é d e S u i s s e R o m a n d e

Free to run

Courez voir ce film !

Santé

Le monstrueux pouvoir des cellules souches

Psychologie

Êtes-vous normopathe ?

Chute de la VO2 max

Et si c’était un manque de fer ?

PERFORMANCE

LE SEXE FAIT LA DIFFÉRENCE Ron Clarke

On ne meurt que deux fois

La foulée économique A l’épreuve de la science

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ZATOPEK EST UNE PUBLICATION DES Editions Sport et Santé sprl 177 rue Vanderkindere B-1180 Bruxelles (Belgique) TVA: BE 0882 202 726 Tel: 00 32 (0)2 538 54 58 Fax: 00 32 (0)2 537 13 38 Email: info@zatopekmagazine.com Site web: www.zatopekmagazine.com SERVICE ABONNEMENTS Sur le site www.zatopekmagazine.com ou par téléphone: 00 33 (0)4 32 80 26 83 (France & Suisse) et 00 32 2 538 54 58 (Belgique et autres pays). EDITEUR RESPONSABLE Gilles Goetghebuer 177 rue Vanderkindere B-1180 Bruxelles DIRECTEUR DE PUBLICATION Jean-Paul Bruwier jpb@zatopekmagazine.com CONCEPTION ET GRAPHISME Denis Thiry denis@perfecto.be REDACTEUR EN CHEF DU MAGAZINE Gilles Goetghebuer gilles@zatopekmagazine.com SECRETAIRE DE REDACTION Anna Muratore anna@zatopekmagazine.com ICONOGRAPHIE Olivier Beaufays olivier@zatopekmagazine.com ONT COLLABORE A CE NUMERO: Olivier Beaufays, Aurore Braconnier, -Paul Bruwier Alain Coltier, Louise Deldicque, Marc Francaux, Roger Igo, Hilde Meesters, Anna Muratore, Naïm Schneyders CREDITS PHOTOS Stefan Haehnel/Odlo: 4; Olivier Beaufays: 7; Patrice Chapelle: 11; Magic eyes:12; Suunto databank: 13; OC Sport: 13; Jean-François Kaux: 19; Retna: 21; Anna Omelchenko: 26; Ben Moon: 28; Adidas: 30; Polar databank:33; Ross Lanius:36; Philippe Ranc: 46,47; Catherine Schröder/Unistra: 46,49; Trail du Kochersberg: 50,51; Belga Images: 53; Light wise:54; Miguel Bueno:56; Yuzu productions: 56,58,60,61,62; Dumas/DR: 12,20,21,24,27,28,29,32,33,34,35, 36,38,40,41,42,43,44,45,47,48,55 REGIE PUBLICITE Toutes éditions, Belgique et Luxembourg: Ghislaine De Drijver et Isabelle Crutzen Podium Media Europe SA Mobile: 0032 473 93 41 28 Tel: 00 352 26 90 86 69 Fax: 352 24611082 info@podium-media.biz Skype: jpodium Pour la France, la Suisse et le Québec: Pascal Leost pub@zatopekmagazine.com 7 lot. Les Cigales Chemin Georges Brassens 84210 Pernes-les-Fontaines Tél: 00 33 (0)4 32 80 26 83

SOMMAIRE_

EDITORIAL

’est bien connu, en langues esquimaudes, il existe plus d’une centaine d’expressions différentes pour désigner «la glace»: celle qui ressemble à une vitre, celle qui casse sous le harpon, celle qui forme un ressac et beaucoup d’autres encore. Dans les populations asiatiques, le vocabulaire reflète aussi la nécessité de s’adapter aux contraintes d’un environnement luxuriant avec une kyrielle d’adjectifs pour décrire le brun des arbres ou le rouge des fruits. En revanche, les Vietnamiens utilisent le même mot pour dire bleu et vert. La raison est facile à comprendre. On peut tirer un tas d’enseignements des variations parfois infimes des nuances chromatiques dans son cadre de vie. Alors que la distinction du vert et bleu n’apporte rien. C’est dur à admettre. Mais notre perception du monde est conditionnée par notre culture et notre éducation. Nos sens eux-mêmes sont affectés. La plupart des conflits sur Terre reposent ainsi sur des différences non pas d’analyse mais de perception sensorielle. En clair, nous ne voyons pas, nous ne sentons pas et nous n’entendons pas les mêmes choses au même moment. A sa façon, la course à pied reflète cette dichotomie avec d’un côté les fanas des outils connectés qui n’envisagent plus le sport sans mise en réseau des données et, de l’autre, les contemplatifs que toute cette technologie emmerde prodigieusement et qui n’apprécient rien mieux que de courir en toute liberté. Les premiers parlent de distances, de vitesses, de zones cardiaques, de valeurs moyennes et instantanées. Les seconds évoquent plutôt le plaisir et les sensations. Entre eux, la communication devient vite aussi pénible qu’entre un Esquimau et un Vietnamien, chacun ayant malheureusement tendance à penser que l’autre est un parfait ahuri! Dans ce numéro, plusieurs articles s’intéressent aux ressorts de notre attachement à la technologie. Pour certains, elle est synonyme de liberté (lire l’histoire de Clément Gass, page 46). Pour d’autres, elle est simplement un outil d’aliénation (page 40). Puis les années passent et tout ce qui était à la pointe de la modernité verse dans la désuétude. Dans quelques années, on s’amusera des schismes actuels comme on le fait déjà pour les grandes disputes du passé. Vous n’y croyez pas? En fin de magazine, lisez alors l’interview de Pierre Morath, l’auteur d’un film remarquable sur l’histoire de la course à pied des années 70 jusqu’à nos jours. Ce long métrage intitulé «Free to run» revient sur des combats d’autrefois, complètement oubliés, comme le droit pour les femmes de pratiquer ce sport ou celui pour les athlètes d’être rémunérés de leurs exploits. Ces tabous de l’époque se sont finalement écroulés sous le martèlement des millions de pieds. Et cela continue aujourd’hui. La plupart des gens pensent qu’en courant, ils ne font que courir. Grossière erreur! En réalité, ils militent. Gilles Goetghebuer, rédacteur en chef

COMMISSION PARITAIRE: 1115 U 89417 IMPRESSION Imprimé en Belgique/Printed in Belgium Imprimerie Bietlot rue du Rond-Point 185 B-6060 Gilly Belgique DISTRIBUTION Belgique: Tondeur Diffusion Patrick Malotaux 9 Avenue Van Kalken 1070 Bruxelles Tel: 02 555 02 11 Luxembourg: MPK – Elisabeth Biever 11, rue Ch. Plantin – B.P. 2022 L-1020 Luxembourg Tel: 00 352 499 888 306 France, Suisse et Québec: MLP ZA de Chesnes -55 bd de la Noirée F-38070 Saint Quentin Fallavier Tel: 04 74 82 39 56 Trimestriel Novembre, décembre 2015, janvier 2016

04_AJOUTEZ À MON PANIER

35_ SOCIÉTÉ

10_COURRIER DES LECTEURS

40_TÉMOINS

Tout ce qu’il faut pour courir à la page C’est vous qui le dites

12_LA MUSE DU COACH

Posez vos questions à l’entraîneur

14_CULTURE-CLUB

Le retour de Slim Shady Zatopek au cinéma

46_ HISTOIRE VRAIE

Clément Gass: aveugle et pourtant traileur

52_ ATHLÉTISME

Pourquoi on tourne à gauche?

18_DÉBAT

64_ HISTOIRE

Tutsis les magnifiques

La reproduction des textes et photos publiés dans ce numéro est interdite

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Levez la main droite et dites «je le jure».

56_ CINÉMA

Pour ou contre les cellules souches

Rédacteurs Belgique: Olivier Beaufays olivier@zatopekmagazine.com Eric Cornu eric@zatopekmagazine.com Jean-Paul Bruwier jpb@zatopekmagazine.com Rédacteurs France et Suisse: Cyrille Gindre cyrille@volodalen.com Sophie Sartet sophie@zatopekmagazine.com

Enquête sur une société hyper-connectée

16_ZOOM

N° ISSN 1783-4104

LA LOCOMOTIVE (toutes éditions) Est un supplément gratuit au trimestriel Zatopek et ne peut être vendue séparément

26_DES CHERCHEURS QUI CHERCHENT

«Free to run»: ce documentaire est un document! Qui a tué Ron Clarke?

Les carences en fer: une histoire de nanas

30_ PHYSIOLOGIE

Pourquoi les femmes sont plus lentes que les hommes?

ATTENTION

Ne ratez pas notre supplément à détacher au centre du magazine.

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AJOUTEZ_À MON PANIER CHAQUE SAISON VOIT FLEURIR SON LOT DE NOUVEAUTÉS. VÊTEMENTS, CHAUSSURES ET AUTRES GADGETS POUR RENDRE LA COURSE À PIED PLUS MODERNE. TOUJOURS PLUS MODERNE. Rubrique réalisée par Olivier Beaufays

ODLO Berlin l’enchanteur La société Odlo a choisi un cadre inhabituel pour présenter sa collection hivernale: Berlin et ses gigantesques pans de mur tagués à la bombe. Le mariage est réussi. D’un côté, l’art rupestre revisité.

De l’autre, le «street style» version sport. Pour le confort, Odlo innove aussi avec son procédé d’isolation thermique baptisé «PrimaLoft». L’enchevêtrement de microfibres de différents diamètres permet de conserver une température idéale en toutes occasions. Tous ces vêtements sont également munis de bandes réfléchissantes, augmentant leur visibilité de nuit. Fashion victim, peut-être. Victime de la route, sûrement pas!

Veste: 169,95 e Maillot: 99,95 e Cuissard: 79,95 e Short: 74,95 e

LES MURS ONT DES ARTISTES

Berlin, on connaissait le Mur de la Honte. Depuis qu’il a été abattu en novembre 1989, la ville cherche à en valoriser d’autres qui sont restés debout. Il y a 3 ans, elle a lancé le projet “One wall” qui consiste à confier à des collectifs de 5 artistes de larges façades avec pour mission de surprendre le visiteur par des fresques grandioses. Stupéfiant!

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Veste: 89,95 e Maillot: 89,95 e Cuissard: 69,95 e Short: 74,95 e www.odlo.com

Le saviez-vous? La marque Odlo va bientôt fêter son 70ème anniversaire. C’est en 1946, en effet, qu’elle fut portée sur les fonds baptismaux avec un premier collant antifroid conçu par l’entrepreneur norvégien Odd Roar Lofterød

IL L’A DIT!

“

Pour un artiste digne de ce nom, il n’est pas de domaine, si petit soitil, qu’il n’ait le droit mais le devoir d’envahir.

”

Georges Mathieu (1921-2012), artiste peintre français

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION AJOUTEZ_À MON PANIER 6 pages

COURRIER_DES_LECTEURS RÉAGISSEZ SUR WWW.ZATOPEKMAGAZINE.COM OU ENVOYEZ VOTRE COURRIER Pour la France et la Suisse: Chemin Georges Brassens - 7, lotissement les Cigales - 84210 Pernes Les Fontaines Pour la Belgique: 177 rue Vanderkindere - 1180 Bruxelles

Des stats en toc J’ai lu avec intérêt «Tu talonnes ou tu pointes» dans le dernier numéro. L’auteur explique que 80% des coureurs se réceptionnent «naturellement» sur l’arrière du pied (rearfoot strike), 15% sur le milieu du pied (midfoot) et 5% seulement sur l’avant du pied (forefoot). Ma question est la suivante: possède-t-on des données relatives à ces proportions avant l’introduction des chaussures capitonnées? Autrement dit: ce constat n’est-il tout simplement pas le fait que, hormis les coureurs pros qui utilisent des chaussures particulièrement légères avec peu de matière sous le pied, la majorité des coureurs utilisent des chaussures très amortissantes comme le conseillent encore beaucoup d’articles de presse non spécialisée et la plupart des marchands de chaussures? Sans cette protection, je suis sûr qu’il ne viendrait à l’idée de personne de courir «naturellement» en rearfoot strike ou alors les douleurs occasionnées le ramèneraient vite à la raison.

Alain Geerts

Notre réponse:

Bien vu! Ces statistiques font partie des très nombreuses données qu’on manipule sans se rendre compte qu’on confond souvent causes et conséquences. Avec ce genre de raisonnement, on peut justifier n’importe quelle ineptie. Par exemple, celle-ci: savez-vous quel est l’endroit le plus dangereux sur terre? Notre lit. Puisque nous sommes près de 80% à y mourir!

Juste pour rougir Ma vie est différente depuis que je cours. Et cela fait plus de 20 ans maintenant. Ma vie est aussi différente depuis que je lis votre revue. Les conseils sont pertinents et le ton sur lequel ceux-ci sont dispensés est excellent! Même en chaussant mes lunettes de super critique, je ne vois pas de défaut!

Benjamin Rocca

Une photo de notre lecteur dans le Trail de Cerny en mai 2011. «Rien de superflu», précise-t-il. «Même pas de montre!»

Un bébé pour Noël Je me suis mise à la course à pied en 2012, un an après la naissance de ma deuxième fille. A l’époque, je voulais simplement récupérer ma ligne. Aujourd’hui, c’est devenu une vraie passion. Je ne peux plus m’en passer. Pensez-vous que cela puisse être une explication aux difficultés que nous rencontrons, mon mari et moi, pour concevoir un troisième enfant? Cela fait presque 2 ans que nous avons décidé d’agrandir la famille. Or je ne tombe toujours pas enceinte. Quand je passe en revue les changements dans ma vie depuis la conception de mes deux premières filles, je ne vois comme réelle nouveauté que l’adoption de la course à pied. Mes docteurs me disent n’avoir jamais entendu parler d’un quelconque lien entre l’infertilité et la course à pied. Mais je suis sceptique.

Anne Françoise Parisis

Notre réponse: Si, si. Il existe bel et bien un rapport direct entre le sport et la fertilité. Chez les hommes comme chez les femmes. Dans son livre Lore of running (non traduit en français), le célèbre physiologiste sud-africain Tim Noakes conseille à ceux qui éprouvent des difficultés de conception de lever le pied en matière d’entraînement. Bien sûr, il s’adresse là à des couples qui s’entraînent très intensivement. A priori le problème ne se pose pas pour quelques sorties par semaine. Au contraire! Une étude menée il y a deux ans à l’Université de Harvard montrait qu’une heure de sport par jour augmentait la production de spermatozoïdes de 50%!

Notre réponse: On publie sa lettre avec un peu d’appréhension dans la mesure où le numéro que vous tenez en main parle beaucoup de technologie et que cela ne semble pas être sa tasse de thé. Empressons-nous donc de publier cette lettre avant qu’il ne change d’avis.

ERRATA 1/ Dans notre dossier sur le soleil, en page 54 du dernier numéro, nous avons placé l’astre au centre de la galaxie. C’était oublier la seconde révolution copernicienne et le travail de l’astrophysicien américain Harlow Shapley (1885-1972) qui situe le centre de la Voie Lactée quelque part dans la direction de la constellation du Sagittaire. Le soleil est au centre du système solaire. C’est déjà pas mal!

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION COURRIER_DES_LECTEURS 2 pages

LA MUSE_DU COACH ENVOYEZ-NOUS VOS QUESTIONS ET NOTRE ENTRAÎNEUR ROGER IGO PRENDRA SA PLUS BELLE PLUME POUR VOUS RÉPONDRE. Le courrier doit être adressé à la rédaction: info@zatopekmagazine.com ou directement via notre site www.zatopekmagazine.com. Vous pouvez y poster directement vos questions en cliquant d’abord sur l’onglet «vos réactions» et puis sur «exprimez-vous». Face à l’abondance de courriers, seuls les abonnés auront désormais le privilège d’une réponse longue et personnalisée. Il suffit de mentionner vos noms et prénoms. L’ancien sous-officier d’élite Roger Igo exerce le métier d’entraîneur depuis plus de vingt ans. A 61 ans, il poursuit une carrière qui compte de nombreux titres et distinctions en cross, sur route et en montagne.

RÉCUPÈRE TRANQUILLE

Dans le programme d’intervaltraining, je me demande toujours si je dois réaliser les récupérations en courant lentement ou en marchant. Marine Fontaine

Parcourez aussi notre grande bibliothèque de questions et de réponses. Vous y trouverez peut-être votre bonheur! www.zatopekmagazine.com

Huit, ca suffit?

Je me suis inscrit au Marathon de Nice le 8 novembre. Seulement, mon médecin m’a prescrit du repos jusqu’au début du mois de septembre. Il restera donc 8 semaines pour un programme complet de préparation. Ca passe ou ça casse?

Eric Cosson

Notre réponse

Tout dépend de la durée de votre immobilité. En règle générale, on estime qu’il faut doubler la période de repos pour retrouver son ancien niveau. Pour une semaine sans sport, comptez deux semaines de récupération. Cela fait trois semaines en tout. On peut évidemment réduire cette période en conservant un minimum d’effort dans des activités proches de la course comme l’aquajogging ou le vélo elliptique. Cela permet de ne pas trop régresser au plan cardiovasculaire. Dans ce cas, oui, c’est jouable: on peut préparer un marathon en huit semaines. Le mieux sera de sauter carrément le premier mois et reprendre le programme sur les deux mois suivants. Bonne chance!

Boire, c’est boire! Notre réponse

Je conseille toujours de marcher ou de trottiner pour privilégier la restauration en phosphocréatine. Cela facilite le redémarrage et contribue à éliminer les déchets. Cela dit, il revient à l’athlète de décider en fonction de ses sensations, la consigne étant de reprendre le mode actif au moment ou l’aisance respiratoire redevient quelque peu normale, mais sans attendre plus de 30 secondes. Selon l’objectif recherché, on peut aussi corser le programme et tenter des versions beaucoup plus exigeantes comme, par exemple la méthode Tabata où on alternera 10 secondes d’effort et 10 secondes de récupération. On n’a alors pour ainsi dire pas le temps de recharger ses batteries.

Pendant la course, j’alterne les prises de gels énergétiques et de gels antioxydants à raison d’une 1/2 portion tous les 7 kilomètres environ. Je bois aussi quelques gorgées d’eau pure au ravitaillement. La plupart du temps, cela se passe bien. Mais il m’arrive souvent de ressentir une soif très intense à la fin de l’épreuve. Serait-ce l’effet de ces gels? Notre réponse

Christine Brevot

Les mécanismes de la soif restent mystérieux et beaucoup de coureurs, comme notre lectrice, ressentent une sensation de soif intense après la course. Celle-ci est probablement liée à des transferts de liquide au sein de l’organisme et au rétablissement progressif de l’irrigation des viscères alors que le volume sanguin est au plus bas. Il n’y a aucune raison de s’inquiéter, sauf bien sûr si le phénomène prend une tournure incontrôlable. Dans des cas rarissimes, il arrive en effet que la soif soit impossible à étancher. A la grande époque du dopage aux amphétamines, on observait des dérèglements de ce type. Certains coureurs pouvaient ainsi ingurgiter des dizaines de litres d’une flotte qui leur traversait littéralement le corps. Ils buvaient. Ils urinaient. Ils transpiraient. Sans discontinuité! C’est devenu plus rare aujourd’hui.

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& SANTÉ DE VOTRE RÉGION

LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION LA MUSE_DU COACH 2 pages

CULTURE_CLUB

VIDÉO

MUSIQUE

Rubrique réalisée par Anna Muratore et Olivier Beaufays

Un putain de hamster Eminem dans le film Southpaw d’Antoine Fuqua

a scène se déroule dans un restaurant. Deux gamins regardent un client s’empiffrer de hamburgers. – «Je te dis que c’est lui!» dit le premier. – «Nan» dit l’autre. «Ce gros lard, c’est pas Eminem. Tu rêves!» Pourtant, si. A quelques tables de là, le gars en train de manger s’appelle effectivement Marshall Bruce Mathers, alias Eminem. Le roi du hip-hop! Plus de 115 millions d’albums vendus dans le monde! Seulement, à quarante ans passés, il n’incarne plus vraiment l’adolescent rebelle de ses débuts. Depuis son overdose à la méthadone en 2007, il se sent vieux, fatigué, et abruti par les années de drogues, d’alcool et de médicaments. Comment en est-il arrivé là? Tout a commencé en 2001, sur le tournage de 8-Mile où on lui refile des tablettes d’un somnifère puissant (zolpidem) parce qu’il se plaint de ne pas trouver le sommeil. Ensuite, il a fallu passer à d’autres joyeusetés: Valium, Vicodin, Xanax, méthadone. Pendant de longues années, Eminem a tenu le coup à grands renforts de pilules et de piqûres. Plusieurs dizaines par jour! Sans surprise, il s’était mis à souffrir de terribles maux d’estomac qu’il entreprit de calmer en se gavant de junk-food. En plus de toutes ses addictions, il avait com-

mencé à grossir, jusqu’à dépasser la barre des 100 kilos. Les apparitions en public devenaient de plus en plus difficiles. On suppose qu’il a dû se sentir vraiment misérable, tandis que les gosses se disputaient à son propos: – «Je te dis que c’est lui!» – «Je te dis que non. Ce gars-là est beaucoup trop gros!» L’histoire ne dit pas s’il a fini son plateau-repas. En revanche, on sait que ce fut le déclic d’un sévère programme de reprise en main. Résultat: au mois de juin dernier, Eminem réapparaît avec un corps d’athlète taillé au biseau. Son secret? La course à pied. Sa technique? Brûler deux mille calories par jour. Pour cela, il s’était acheté un tapis de course et, chaque jour, il accomplissait consciencieusement 13 bornes le matin et au moins autant le soir. Au finish, cela lui a permis effectivement de perdre près de 30 kilos en quelques mois. «Je suis devenu un putain de hamster» disait-il. Malheureusement, il finit par se blesser à l’aine (il fallait s’y attendre!). Depuis, il a délaissé la course sur tapis pour des séances de cardio-training concoctées par des gourous tels que Shaun T et Tony Horton. Ces programmes sont très en vogue aux Etats-Unis notamment pour la violence des exhortations assenées pendant des séances, le tout commercialisé sur DVD. Eminem admet: «Je sais, ces gars sont des tarés. Mais quand je suis seul chez moi et que je fais tourner le programme, j’ai besoin qu’on me gueule dessus pour rester motivé. J’y prends même goût par moments.» En tout cas, il s’est remis au travail. Cet été, on l’a retrouvé comme interprète de deux chansons dans le film Southpaw (La rage de vaincre) du réalisateur Antoine Fuqua. Sur l’une d’entre elles, il hurle «Je suis phénoménal». Et là, pas de doute. C’est bien lui!

Mile for Mile de James Q. Martin

Le running au féminin Par Cécile Bertin. Ed. Leduc.

ertaines publicités (rares!) échappent aux critiques d’abrutissement des masses qu’on pourrait adresser à l’immense majorité de leurs semblables. C’est le cas de cette présentation où l’on suit les traileurs (Krissy Moehl, Jeff Browning et Luke Nelson) dans le parc national Patagonia au sud du Chili. Les images de James Martin mettent en valeur l’extraordinaire beauté de cette réserve, ouverte au public depuis octobre 2014 après dix ans d’aménagement. Ce film est aussi un appel aux dons puisqu’il reste encore à financer 80 kilomètres de sentiers, soit un budget de 70.000 euros. En réalité, 35.000 puisque la marque Patagonia s’est engagée à doubler la mise.

essieurs, passez votre chemin. Ce livre s’adresse aux dames et plus particulièrement aux débutantes. Il aborde tout ce dont on ne parle pas facilement entre coureuses et qui pourtant tourmente un maximum de monde. Faire pipi, par exemple. Ne riez pas! «Beaucoup de femmes ne vont pas sur des courses officielles à cause de ça», écrit Cécile Bertin qui donne alors d’excellents conseils comme celui d’utiliser les toilettes des cafés, des restaurants et des hôtels en dégainant chaque fois son plus charmant sourire. La rédactrice en chef du magazine «Running pour elles» assume parfaitement son rôle de grande sœur décomplexée. Autre trouvaille. Lorsque vous tracez vos routes d’entraînement en été. Pointez les cimetières. On y trouve toujours de l’eau pour se rafraîchir. On ne naît pas coureuse, on le devient.

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION CULTURE_CLUB 2 pages

LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ

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& SANTÉ DE VOTRE RÉGION

LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION ZOOM_PHOTOS DE TIA HELLEBAUT 2 pages

DÉBAT_D’IDÉES

POUR ou CONTRE les CELLULES SOUC Les Mauvais Médecins de James Ensor (1892)

LA MÉDECINE EST-ELLE EN TRAIN DE VIVRE UNE RÉVOLUTION COMME LE FUT LA DÉCOUVERTE DE LA PÉNICILLINE DANS LES ANNÉES 1920? OU SERAIT-CE PLUTÔT UN NOUVEAU COUP DE MARKETING ORCHESTRÉ PAR L’INDUSTRIE PHARMACOLOGIQUE? LA QUESTION DES CELLULES SOUCHES DIVISE LES SPÉCIALISTES. NOUS AVONS DONC IMAGINÉ CE PETIT DIALOGUE ENTRE CES DEUX PROTAGONISTES QUI, COMME DANS LE CÉLÈBRE POÈME D’ARAGON, NOURRISSENT DES CONVICTIONS RADICALEMENT OPPOSÉES. Par Gilles Goetghebuer (avec l’aide du Docteur Jean-François Kaux, Hôpital universitaire de Liège)

L’utilisation de cellules souches constitue une avancée indéniable. Comment peut-on nier cela? Grâce à elles, on peut d’ores et déjà soigner toutes sortes de lésions musculaires, articulaires et même cartilagineuses contre lesquelles on ne possédait aucun remède jusqu’à présent. POUR

Contre ces pathologies, on possède peu de remèdes CONTRE efficaces, c’est vrai. Mais en général, il suffit de laisser le temps faire son œuvre. Le corps guérit très bien tout seul si on le laisse faire. Dans la réalité, ces nouvelles méthodes à base de cellules souches viennent surtout répondre à l’impatience des champions -et de ceux qui les paient- pour poursuivre leur activité, malgré les blessures.

On trouve aussi des patients qui souffrent de déchirures musculaires à répétition ou de tendinites chroniques et qui ne correspondent pas à ce profil d’impatience que vous venez de décrire. Songez aussi à tous ceux qui font de l’arthrose et qui se trouvent dès lors condamnés au repos. Comprenezvous qu’ils voient d’un bon œil cette perspective d’un traitement enfin efficace pour régénérer les cartilages? POUR

Genzebe Dibaba, claquée à Londres 2012

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION DÉBAT_D’IDÉES 7 pages

DES CHERCHEURS_ QUI CHERCHENT

LES COUREURS À PIED DOIVENT SOIGNER LEUR ALIMENTATION S’ILS VEULENT ÊTRE PERFORMANTS ET NE PAS SE BLESSER. ET PLUS ENCORE, LES COUREUSES À PIED!

orsqu’on évoque la nutrition des sportifs, on pense à la mise en place de savantes stratégies à l’approche de la compétition ou à la prise d’aliments miracles pour relancer la machine lorsqu’on tombe de fatigue. Barres énergétiques, gels, boissons de l’effort: tout cela existe bel et bien. Mais rien ne se révélera efficace si, par malheur, l’alimentation de tous les jours comporte des erreurs. Or c’est fréquemment le cas! Les déficits en fer, par exemple, sont très répandus dans la gente sportive. Surtout chez les femmes. Chaque mois, celles-ci perdent un peu de fer avec les menstrues (1,2). Or ces pertes ne sont pas toujours compensées par l’alimentation. La quantité journalière recommandée est de 18 milligrammes par jour pour les femmes et de 8 milligrammes pour les hommes. Elle est légèrement plus basse pour celles qui prennent la pilule (12 milligrammes) étant donné que leurs règles sont généralement moins abondantes.

Madame est servie! Existe aussi en comprimés effervescents.

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION DES CHERCHEURS_ QUI CHERCHENT 4 pages

PHYSIOLOGIE_

Pourquoi les femmes sont moins rapides que les hommes ? PRENEZ UNE FEMME ET UN HOMME AU HASARD DANS UN PELOTON DE COUREURS, IL N’EST PAS SÛR QUE LA PREMIÈRE SOIT MOINS PERFORMANTE QUE LE SECOND. MAIS SI ON COMPARE LES MOYENNES, ALORS OUI, LE DOUTE N’EST PLUS PERMIS! LES FÉMININES SONT À LA TRAÎNE. POURQUOI?

es différences de performances entre les sexes tournent généralement autour de 10%. Sur 100 mètres, par exemple, les meilleurs sprinteurs mettent environ 10 secondes pour couvrir la distance, soit une seconde de moins que les meilleures sprinteuses. On retrouve cet écart dans toutes les disciplines. Il aurait même tendance à grossir un peu dans les efforts qui engagent le haut du corps. Il se réduit en revanche à mesure qu’on augmente les durées d’effort jusqu’à disparaître totalement dans les épreuves d’extrême endurance. En tant

Les chiennes courent pourtant aussi vite que les chiens

qu’êtres humains, ce décalage nous apparaît comme quelque chose de parfaitement naturel. Il nous étonnerait bien davantage si nous appartenions à une autre espèce. Chez les chiens ou les chevaux, par exemple, les mâles et les femelles luttent à égalité de moyens (*). Les pigeons aussi. Le sexe n’octroie aucun avantage en

colombophilie. Parfois même les prédominances s’inversent. Chez les arthropodes (crustacés, insectes), les femelles sont plus volumineuses que les mâles. Et beaucoup plus fortes. Même topo chez les oiseaux phalaropes. Les oiselles sont plus costaudes et plus colorées que leurs maris. Il leur revient aussi de se battre pour défendre leur territoire, tandis que les mâles restent prudemment au nid à garder les petits. Tout existe dans la nature! Et la suprématie masculine ne s’érige pas en modèle absolu. Loin de là! Aussi, on peut légitimement se poser la question: pourquoi les coureuses sont en moyenne plus lentes que les coureurs?

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION PHYSIOLOGIE 5 pages

Passe par chez vous...

Édito En plus de l’actualité courses de la fin d’année, vous trouvez dans cette Locomotive un dossier sur l’acide lactique qui remet en cause ce qu’on pouvait en penser et surtout lui reprocher. Vous trouvez également une étude du Laboratoire Volodalen qui montre qu’il n'est pas qu'une seule bonne manière de courir. La foulée du coureur est un geste global optimisé et spécifique à chacun. Nous avons tous des préférences qu'il convient de respecter comme poser le talon puis "rouler" ou poser la plante du pied puis rebondir.

Cahier régional

édition SUISSE romande

Sophie Sartet

Sommaire page 02

A VOS AGENDAS page 09 ÇA A EU LIEU page 12 LA LOCO DU MOMENT page 14 Dossier Accusé acide lactique levez-vous page 20 Le Labo Volodalen Deux foulées économiques

Écrivez-nous! >> contact@zatopekmagazine.com

Zatopek n° 36 I novembre / décembre / janvier 2016 I

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION LA_LOCOMOTIVE 24 pages

_SOCIÉTÉ

FRÉQUENCE CARDIAQUE, PRESSION ARTÉRIELLE, TEMPÉRATURE, OXYGÉNATION DU SANG: LES NOUVEAUX APPAREILS FOURNISSENT UNE KYRIELLE D’INFORMATIONS SUR LE FONCTIONNEMENT DE NOTRE CORPS. AVANT, PENDANT ET APRÈS L’EFFORT!

FOLIE La

GRANDEURS des

« DES IDÉES QUI VALENT LA PEINE D’ÊTRE DIFFUSÉES » Gary Wolf, le grand calculateur

insi se présentent les conférences internationales TED qui se révèlent souvent pleines d’enseignements (1). Celle-ci s’est déroulée à Cannes en juin 2010. Chemise rose, teint bronzé et sourire éclatant de blancheur, le journaliste californien Gary Wolf débute sa présentation par une étrange série de chiffres et de symboles défilant sur grand écran. «Aujourd’hui, je me suis levé à 6 heures 10, après m’être allé coucher à 0 heure 45. Je me suis réveillé une fois pendant la nuit. Mon rythme cardiaque était de 61 battements par minute. Ma pression artérielle, 12/7. J’ai fait zéro minute

d’exercices hier, ma fréquence cardiaque maximale n’a donc pas été calculée. J’ai assimilé environ 600 milligrammes de caféine. Zéro d’alcool. Mon score sur l’indice de narcissisme de la personnalité, le NPI16, est 0,31. Rassurant.» Gary travaille pour le magazine Wired (traduction littérale «branché»). Il est spécialiste de l’usage des nouvelles technologies. Depuis 2007, il observe l’émergence d’une curieuse marotte parmi ses semblables, celle de tout mesurer sur soi et parfois sur ses proches. On surveille son poids, sa tension, son activité physique, son alimentation. On enregistre avec précision le nombre de fois que 36_ZATOPEK 35

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TÉMOINS_

Connecte- toi, toi-même La technologie actuelle permet de tout mesurer ou presque. Face à ces nouveaux appareils, la population des coureurs se divise en deux grandes familles, celles des geeks qui en raffolent, celles des anti-geeks qui s’en méfient. Dossier réalisé par Olivier Beaufays

JE ME SENTIRAIS TOUTE NUE! SABINE «Bracelet connecté, montre-GPS et même smartphone pour la musique et prendre quelques photos en route: toutes ces petites choses font désormais partie de mon quotidien de coureuse. J’en ai besoin pour visualiser mes progrès et entretenir ma motivation. Au début, je m’en servais aussi pour déterminer les allures. A présent, j’y arrive toute seule. Du coup, je me dis que je devrais effectuer parfois quelques sorties sans tout ce barda. Mais je ne suis pas encore prête. J’aurais l’impression de courir toute nue!»

MÉMOIRES D’UN ORGANE GRÉGOIRE «Beaucoup de coureurs se disent réfractaires à l’usage des appareils connectés. La vérité, c’est que peu de coureurs peuvent s’en passer. Moi le premier, même si la foule de données reçues présage de la complexité de l’organisme et me laisse pour le moins perplexe. Un exemple? J’ai l’habitude d’effectuer le même parcours lors de mes sorties d’entraînement. Mes vitesses non plus ne varient pas beaucoup. En revanche, ma fréquence cardiaque moyenne oscille entre 130 et 140 selon les jours. Qu’est-ce que je dois en déduire? Bonne question! Le pire, c’est qu’on peut multiplier à l’envi ce genre d’interrogations. Alors, je me contente d’observer et d’archiver toutes ces données dans la mémoire de mon ordinateur. Peut-être qu’un jour la lumière se fera et quelqu’un viendra qui leur trouvera du sens. Qui sait?»

DANS MON CARNET À SPIRALE DOMINIQUE CHAUVELIER Quadruple champion de France de marathon «Si c’était à refaire, j’accorderais davantage d’attention à la nutrition, à l’entraînement croisé ou à la musculation. Mais je continuerais à me méfier comme de la peste des appareils connectés. Pour les débutants, rien à redire. Mais qu’un athlète de bon niveau effectue sa séance de fractionnés avec un smartphone en mains… Alors là, je tombe des nues! Comment voulezvous lever correctement les bras dans ces conditions? Je suis aussi heurté par le nombre de coureurs qui se coupent de leurs sensations et ne réfléchissent plus qu’à partir de données chiffrées. En apprenant leur VMA ou

SOUVENIRS DE MA VIE D’ATHLÈTE

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION TÉMOINS 6 pages

TECHNOLOGIE_APPLIQUÉE

LA PARABOLE DES AVEUGLES EST LE NOM D’UN CÉLÈBRE TABLEAU DE BRUEGHEL QUI REPRÉSENTE UNE BANDE D’AVEUGLES VICTIMES DES TRAÎTRISES DU TERRAIN. IL NE CONNAISSAIT CERTES PAS CLÉMENT GASS!

parabole des aveu Clément à plein Gass!

Laurence Rasseneur, à l’écoute des malvoyants

e 6 septembre dernier, Clément Gass (28 ans) terminait avec succès le Trail du Haut-Koenigsbourg en Alsace. Il avait bouclé le parcours de 25 kilomètres (850 mètres de dénivelé) en un peu plus de 3 heures. Il ne s’était pas perdu. Il n’avait pas non plus été victime des pièges d’un terrain pourtant difficile. Il était arrivé à bon port. Réalisant un exploit dont on ne parlerait peut-être ici avec autant d’émotion si on ne savait que Clément Gass est aussi aveugle de naissance. Eh oui! Sa vision est inférieure à 1/20, ce que l’on considère habituellement comme le seuil de la cécité. Pour lui le monde extérieur visible se résume à des taches lumineuses et des ombres. Le détail qui épate: Clément Gass a réalisé cet exploit sans guide et seulement équipé de sa canne et de son téléphone portable. L’expression parabole des aveugles prend dès lors une tout autre signification. Elle désigne la technologie de pointe qui permet désormais de réceptionner un maximum d’informations ondulatoires afin d’élargir le rayon d’action des personnes malvoyantes.

Quelle heure allez-vous?

Dans l’histoire du sport, il arrive que des technologies développées dans une optique de compétition soient ensuite utilisées beaucoup plus largement. On donne classiquement l’exemple des freins à disques qui équipèrent d’abord les bolides de la piste avant de concerner aussi les modèles de série. En cherchant un peu, on peut trouver d’autres transferts de technologie dans des disciplines comme le ski, l’alpinisme, les sports de raquettes… Et même la course à pied! Depuis une bonne dizaine d’années en effet, la gamme des objets connectés à l’attention des coureurs a littéralement explosé: GPS, accéléromètre, baromètre, cardiofréquencemètre. On dispose désormais d’un tas d’outils qui permettent de tout savoir sur la nature de ses efforts et de mieux planifier ses entraînements. On peut aussi comparer ses performances avec d’autres et découvrir de nouveaux parcours. Jusqu’à récemment, ces progrès technologiques ne profitaient qu’aux personnes valides. Les chercheurs de la Faculté des Sciences et du Sport de l’Université de

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION TECHNOLOGIE_APPLIQUÉE 6 pages

ENQUÊTE_

PREMIÈRE À GAUCHE EN SORTANT POURQUOI COURT-ON À MAIN GAUCHE DANS LES STADES, ALORS QU’ON PRIVILÉGIE LE CÔTÉ DROIT DANS PRATIQUEMENT TOUTES LES AUTRES ACTIVITÉS HUMAINES?

ommençons par une petite expérience. Postez-vous à un endroit fréquenté par des coureurs. Par exemple le long d’une allée d’un parc dont on peut faire le tour ou mieux encore sur les berges d’un lac. Puis faites le décompte. Il s’agit en fait de comparer le nombre de ceux qui courent «à main gauche», c’est-à-dire en laissant toujours l’intérieur du parc ou le lac sur leur côté gauche et ceux qui courent «à main droite» et qui font donc l’inverse. En général, les premiers sont deux à trois fois plus nombreux que les seconds. La plupart des coureurs privilégient ainsi un sens de rotation assez inhabituel lorsqu’on songe aux autres habitudes de vie. Pourquoi cette spécificité de la course? La réponse coule de source. C’est sûrement qu’on copie les athlètes de la piste qui, eux aussi, tournent dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. Cette règle est immuable. Elle est même inscrite dans les statuts de l’IAAF (la Fédération Internationale d’athlétisme) depuis 1913. «Les épreuves se courent avec la corde à gauche» lit-on au point 163.1. Mais pourquoi court-on à gauche dans les stades? En fait, on ne sait pas! Il existe bien des hypothèses. Mais aucune ne s’avère totalement concluante. Voyons les cinq qui se partagent habituellement les suffrages.

Hypothèse 1 –> La plus biscornue Felix Sanchez, le cœur à gauche

Lorsqu’on se trouve confronté à une énigme de ce genre, la réaction naturelle consiste à aller chercher une explication dans la biologie. Notre corps serait-il fait pour tourner à gauche plutôt qu’à droite? Peut-être. Certains spécialistes évoquent alors l’asymétrie qui régit l’emplacement et la configuration de nos organes. L’immense majorité des gens ont ainsi le cœur à gauche. Il se remplit grâce aux veines qui lui arrivent sur son côté droit et l’aorte qui réceptionne le sang à chaque contraction du ventricule pour le distribuer dans l’organisme part de ce fait vers sa gauche. Quand on tourne très vite sur soi-même, les forces d’inertie s’exercent de la même manière selon qu’on tourne à droite ou à gauche. Cela ne change rien. Par le passé, on craignait toutefois qu’elles ne contrarient le sens naturel d’écoulement du sang et on enseignait par exemple aux patineurs sur glace d’effectuer leurs pirouettes tou-

jours dans le sens antihoraire. Dans les foires aussi, des contrôleurs vérifiaient que les attractions rapides tournent toujours à main gauche. L’explication était biscornue. Elle ne tient plus du tout évidemment, dès lors qu’on l’applique à des circuits longs. Ainsi la plupart des circuits automobiles tournent à droite et les pilotes ne s’évanouissent pas à chaque sortie de virage (*). Même à 300 km/h, la force centrifuge ne compte pas pour grand-chose dans les équations circulatoires (**). Il en va de même a fortiori pour la course à pied! Exit donc cette première explication médicale. Voyons ce que nous dit la culture. Des pirouettes à remonter le temps

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MACADAM_PEOPLE

Liberté • Égalité

Course à Pied L

a course à pied nous apparaît aujourd’hui comme la chose la plus naturelle du monde. Mais ce ne fut pas toujours le cas. Le film Free to Run relate l’histoire tumultueuse de son émancipation. Nous avons rencontré son réalisateur, Pierre Morath. Propos recueillis par Gilles Goetghebuer

Morath (45 ans) est à la fois journaliste, écrivain, P(Etichaierre cinéaste, historien du sport, entraîneur de champions Tesfaye), patron d’une boite de conseils (New

Concept Sports), directeur de magasins de chaussures de course (Carouge, Sion, Epalinges) et ancien athlète de haut niveau dans les épreuves de cross et de demi-fond avec plusieurs titres de champion de Suisse à la clé. Tout cela est donné dans le désordre puisqu’il organise son temps pour faire en sorte qu’aucune de ces passions ne se développe au détriment des autres. Cet éclectisme se reflète aussi dans son travail avec des livres, des articles et des films qui s’agencent de façon absolument non prévisible. Un documentaire sur le Togo côtoiera un récit inspiré de faits divers tragiques survenus dans la Suisse profonde ou un roman épistolaire. Puis il y a le sport qui continue de le passionner avec des longs métrages consacrés notamment au hockey sur glace (Les Règles du Jeu) ou en l’occurrence à la course à pied. “Free to Run” est le fruit de sept années de travail.

POURQUOI FAIRE UN FILM POUR RETRACER L’HISTOIRE DE LA COURSE À PIED?

Parce que cela n’avait pas encore été réalisé. En fait, si. Il existe un film référence sur la course à pied en langue française: c’est évidemment L’odyssée du coureur de fond de Jean-Christophe Rosé. Mais son film s’arrête là où commence le mien, c’est-à-dire à l’orée des années 70. De plus, mon approche est volontairement positiviste. Il évoque la mémoire des grands héros du sport: Zatopek, bien sûr, mais aussi Kuts, Nurmi, Bikila et consorts. Free to Run parle davantage du sport lui-même et de l’engouement pour la course qui a pris comme un feu de brousse lors de la décennie suivante. On y croise quelques grands champions comme Frank Shorter (médaille d’or sur marathon aux Jeux de Munich) ou Bill Rodgers (4 fois vainqueur à New York et à Boston). Mais il laisse aussi la parole à beaucoup d’autres témoins de cette époque qui racontent des expériences plus intimes ou comment le jogging a permis de révéler leur propre courage à des millions de héros anonymes.

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION MACADAM_PEOPLE 8 pages

HISTOIRE_DU SPORT

QUI A TUÉ

RON CLARKE ? LE 17 JUIN DERNIER DISPARAISSAIT RON CLARKE, UNE LÉGENDE DE L’ATHLÉTISME. CETTE MORT ÉTAIT-ELLE LA CONSÉQUENCE DE SA PRESTATION AUX JEUX OLYMPIQUES DE MEXICO? LUI-MÊME EN ÉTAIT INTIMEMENT PERSUADÉ! MEXI…KO!

ans l’histoire du sport, Ron Clarke, c’est d’abord une image: celle d’un athlète effondré sur la piste des Jeux olympiques de Mexico en 1968. Il faut dire que la course se déroulait au stade Azteca à 2200 mètres d’altitude. Une folie à ses yeux! Dès la désignation de Mexico comme ville olympique, Ron Clarke avait dénoncé ce choix avec tant de verve que les officiels australiens menacèrent un moment de le sortir de la sélection. «Un 10.000 mètres à Mexico écourtera nos vies de 5 à 10 ans» prédisait-il. Cette déclaration nous est revenue en mémoire puisqu’il est mort au début de l’été à l’âge de 78 ans alors que la longévité moyenne en Australie est de 82 ans et que sa robuste constitution aurait logiquement dû lui permettre de grappiller encore quelques années de vie supplémentaires.

Le flambeau de la malédiction

Ron Clarke, c’est aussi un palmarès étonnant. Il était le meilleur coureur de sa génération. Sans conteste possible. Il a détenu la bagatelle de 21 records du monde (indoor compris). Et pourtant il ne fut jamais couronné aux Jeux olympiques. Selon une légende tenace, cette malédiction daterait de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Melbourne en 1956. Le jeune Clarke (19 ans à peine) avait été désigné comme dernier porteur de la flamme olympique pour allumer l’immense vasque du Melbourne Cricket Ground. Il semblerait qu’il se soit salement brûlé les mains en allumant la flamme. Est-ce exact? Il y a quelques années, on avait eu l’occasion de lui poser la question. «Non, c’est faux!» avait-il répondu. Peut-être y eut-il quelques poils de roussis à cause des escarbilles dégagées par la combustion du magnésium au vent rapide de sa foulée… Rien de plus. En revanche, il se souvenait très précisément qu’il avait failli chuter de son promontoire tellement le souffle de l’embrasement avait été puissant. Il nous disait aussi qu’à sa sortie du stade où il avait été acclamé par 105.000 personnes, les organisateurs veillèrent à ce qu’il

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