Zatopek suisse 40 liseuse by Zatopek Magazine

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Zatopek

La course à pied comme on n’en parle jamais

N°40 - trimestriel - novembre - décembre 2016 - janvier 2017 - Suisse - 10CHF

L e 1 er M a g a z i n e R u n n i n g & S a n t é d e S u i s s e R o m a n d e

Débat

Pour ou contre la musique en courant ?

SPRINTEZ

UN BIEN FOU ÇA FAIT

Nutrition

Casse-toi, pauvre calorie

A la découverte du “yogging”

Un jogging à la sauce yoga

Alcool

+ on s’entraîne, + on en consomme

L 16992 - 40 -

ACTUALITÉS LES COURSES

EN SUISSE ET LES ACTUS SCIENCE

ZATOPEK EST UNE PUBLICATION DES Editions Sport et Santé sprl 177 rue Vanderkindere B-1180 Bruxelles (Belgique) TVA: BE 0882 202 726 Tel: 00 32 (0)2 538 54 58 Fax: 00 32 (0)2 537 13 38 Email: info@zatopekmagazine.com Site web: www.zatopekmagazine.com SERVICE ABONNEMENTS Sur le site www.zatopekmagazine.com ou par téléphone: 00 33 (0)9 62 33 75 05 (France) et 00 32 (0)2 538 54 58 (Belgique et autres pays). EDITEUR RESPONSABLE Gilles Goetghebuer 177 rue Vanderkindere B-1180 Bruxelles DIRECTEUR DE PUBLICATION Jean-Paul Bruwier jpb@zatopekmagazine.com CONCEPTION ET GRAPHISME ILOVE MEDIA bvba REDACTEUR EN CHEF Gilles Goetghebuer gilles@zatopekmagazine.com SECRETAIRE DE REDACTION Anna Muratore anna@zatopekmagazine.com ICONOGRAPHIE Olivier Beaufays olivier@zatopekmagazine.com ONT COLLABORE A CE NUMERO: Olivier Beaufays, François Borel-Hänni, Aurore Braconnier, Pierre Ficher, Cyrille Gindre, Roger Igo, Hilde Meesters, Anna Muratore, Guillaume Narguet CREDITS PHOTOS Belga images: 17;Adriana Claude/Sierre-Zinal 2015:18; Martin Novak/123RF:21; James Hole:20; Dreamstime:22,39,40,44,66; Nike media:22,29; Loudmusic.org:25; Tibanna79/123RF:27; Maridav/123RF:28; Sandor Kacso/ Dreamstime:30; Gore runningwear:31,66; Guy Amalfitano:32,33,34; Istock:35; Emely Forsberg:35; Fotolia:36; Guenhaël Kessler:37,38; Bald Runner:39; Pascal Jover:40,41; Beer Lovers marathon:42; AMCM/De Tienda/Mainguy:44,45; Challenge Roth:46; Frantizek Kozik:58,59,60,61; Alphaspirit/123RF:62; Ostrich Pillow:65; Janos Schmitt/triathlon.org:66; Dumas/DR:18,19,2 3,24,29,32,37,38,41,45,47,48,50,51,55,53,54, 55,56,62,64,645 REGIE PUBLICITE Toutes éditions, Belgique et Luxembourg: Ghislaine De Drijver et Isabelle Crutzen Podium Media Europe SA Mobile: 0032 (0)473 93 41 28 Tel: 0035 (0)226 90 86 69 Fax: 352 24611082 info@podium-media.biz Skype: jpodium Pour la France et la Suisse: Pascal Leost Email: pub@zatopekmagazine.com 7 lot. Les Cigales Chemin Georges Brassens 84210 Pernes-les-Fontaines Tél: 0033 (0)4 32 80 26 83

SOMMAIRE_

EDITORIAL

et éditorial constitue un exercice inédit pour son auteur dans la mesure où, pour la première fois dans l’histoire du magazine, il circulera aussi sous une forme filmée. Le but? Vous l’avez compris! Intéresser les nouvelles générations rompues à des moyens de communication beaucoup plus agressifs. On espère agrandir ainsi le cercle de ceux qui savent qu’il existe un magazine de course à pied appelé «Zatopek» et qui pourraient être tentés d’y jeter un coup œil. Voilà l’idée. Est-elle bonne? Je ne crois pas! On veut gagner des jeunes lecteurs, d’accord. Les convaincre que cela vaut le coup de nous lire, très bien! Mais ce recours à la vidéo sous-entend que le dédain affiché pour la lecture résulte d’un problème de support. Or rien n’est moins sûr! Ceux qui ne lisaient pas sur papier ne lisent pas non plus sur écran. Ils ne lisent plus tout simplement. Serait-ce un problème d’écriture? Partout sur terre, les auteurs se creusent la tête pour savoir comment regagner le public perdu. Faire plus court, plus simple, plus direct. La presse teste ces différentes formules. Sans succès! Rien ne semble en mesure d’endiguer ce recul. Et s’il s’agissait d’un problème d’organisation cérébrale? La lecture exige en effet un certain nombre d’aptitudes en régression dans la société actuelle. Il faut de la concentration et de la persévérance. Deux qualités qui font gravement défaut aux générations

biberonnées aux rythmes trépidants des séries télé et des jeux vidéo. Pour être un bon lecteur, il faut aussi faire preuve d’imagination et d’empathie. Comprendre que derrière l’austérité des pages écrites, il y a quelqu’un qui vit, qui s’exprime, qui se trompe parfois et qui mérite alors des baffes mais qui peut aussi nous titiller l'esprit et éclairer le monde alentour comme un phare dans la nuit. Tout cela implique des qualités en voie de disparition à l’heure des réseaux sociaux où les seuls messages susceptibles de transpercer la carapace d’indifférence doivent être si brefs et si ravageurs qu’on les compare volontiers à des virus. Les utilisateurs compulsifs de ces outils communicationnels ne sont pas totalement idiots. Ils peuvent même être plus vifs d’esprit, plus attentifs aux détails, plus aptes à apprivoiser les nouvelles technologies. C’est possible. Reste qu’une part grandissante de la population est devenue imperméable au langage écrit et que cette tendance à l’illettrisme sera difficile à contrer. Avec ou sans éditorial filmé. Tant pis. On aura essayé. Dans une ultime tentative pour convaincre tout de même les réfractaires, terminons avec cette remarque de l’auteur français Pierre Dumayet: «Lire est le seul moyen de vivre plusieurs fois» disait-il. A méditer. Pour ceux qui savent encore comment faire.

COMMISSION PARITAIRE: 1115 U 89417 IMPRESSION Imprimé en Belgique/Printed in Belgium Imprimerie Bietlot rue du Rond-Point 185 B-6060 Gilly Belgique DISTRIBUTION Belgique: Tondeur Diffusion Patrick Malotaux 9 Avenue Van Kalken 1070 Bruxelles Tel: 0032 (0)2 555 02 11 Luxembourg: MPK – Elisabeth Biever 11, rue Ch. Plantin – B.P. 2022 L-1020 Luxembourg Tel: 0035 (0)2 499 888 306 France, Suisse et Québec: MLP ZA de Chesnes -55 bd de la Noirée F-38070 Saint Quentin Fallavier Tel: 0033 (0)4 74 82 39 56 Trimestriel Novembre et décembre 2016, janvier 2017 N° ISSN 1783-4104 La reproduction des textes et photos publiés dans ce numéro est interdite LA LOCOMOTIVE (toutes éditions) Est un supplément gratuit au trimestriel Zatopek et ne peut être vendue séparément Rédacteurs Belgique: Olivier Beaufays. Email: olivier@ zatopekmagazine.com Eric Cornu. Email: eric@zatopekmagazine.com Rédacteurs France et Suisse: Cyrille Gindre cyrille@volodalen.com Sophie Sartet sophie@zatopekmagazine.com

Gilles Goetghebuer, rédacteur en chef

04_AJOUTEZ A MON PANIER

32_MACADAM PEOPLE

10_CULTURE-CLUB

35_DOSSIER

13_COURRIER DES LECTEURS

42_ALCOOL

16_ZOOM

46_PSYCHOLOGIE

18_LA MUSE DU COACH

50_TEMOINS

20_DEBAT

58_HISTOIRE

28_DES CHERCHEURS QUI CHERCHENT

62_CALORIES

Tout ce qu’il faut pour courir à la page Une rubrique 100% comestible L’honneur perdu de Suzy Hamilton Feyisa Lilesa, le freedom fighter de la course à pied Posez vos questions à l’entraîneur La musique adoucit-elle la course? A cœur vaillant rien d’impossible

Guy Amalfitano, unijambiste sans frontières Le yoga est-il soluble dans le jogging? La grande mode des courses à boire Je cours donc je bois Des histoires de bibine Emil Zatopek raconté par lui-même Des calculs qui ne servent à rien

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AJOUTEZ_À MON PANIER CHAQUE SAISON VOIT FLEURIR SON LOT DE NOUVEAUTÉS. VÊTEMENTS, CHAUSSURES ET AUTRES GADGETS POUR RENDRE LA COURSE À PIED PLUS MODERNE. TOUJOURS PLUS MODERNE. Rubrique réalisée par Olivier Beaufays

ISOSTAR La note est salée Tous les coureurs d’endurance vous le diront: après des heures d’effort, on en a archi-marre des aliments sucrés. Isostar a donc fait le pari d’une gamme salée avec une boisson énergétique à base de tomate et de basilic, une purée de carottes agrémentée de patates douces et de semoule ou encore des biscottes fourrées de crème de jambon et de fromage. Cela change des habituels goûts de confiote.

www.isostar.com 6,50€ (Crunchy Crakers)

L’AVIS D’UN PRO

Xavier Thévenard, vainqueur de l’UTMB 2015 «Jusqu’à présent, je préparais toujours ma propre tambouille avant les courses: une purée de patates douces à laquelle j’ajoutais un gel aux fruits. Cela ressemble très fort aux produits de cette nouvelle gamme. Pour moi, cela signifie que je n’aurai plus besoin de me mettre derrière les fourneaux.»

ASICS DYNAFLYTE

Un élastomère de famille A la sortie de la MetaRun (voir Zatopek n°37), Tsuyoshi Nishiwaki, le directeur de l’institut des sciences du sport d’Asics, confiait qu’il espérait voir les avancées technologiques de cette chaussure haut-de-gamme servir aux autres modèles de la marque. C’est chose faite avec la DynaFlyte, la première chaussure grand public équipée du tout nouvel élastomère FlyteFoam, deux fois plus léger que l’EVA classique. Ainsi, la DynaFlyte offre les mêmes qualités amortissantes que celles de la gamme Nimbus, la chaussure d’entraînement historique d’Asics. Avec 50 grammes en moins! Prix: 160€ Infos: www.asics.com

Soit en milliard le chiffre d’affaires généré par la vente en France d’articles consacrés à la course à pied. Ce secteur représente à lui tout seul 10% du commerce estampillé «sport leisure». En anglais, c’est plus chic!

IL EST FOU!

Les tomates venues d’Amérique du Sud furent introduites en Europe dès après la découverte des Amériques. Ce fruit fut adopté sans réserve en Espagne, Italie et même en France où on le surnomma «Pomme d’Amour» pour ses supposées vertus aphrodisiaques. Mais en Amérique du Nord, il inspirait les plus grandes craintes. Sa couleur rouge était synonyme de poison. Pour casser ces préjugés, il a fallu l’intervention d’un homme courageux: Robert Gibbon Johnson, un botaniste de Salem (New Jersey - USA). Le 26 septembre 1820, il convoqua la population en promettant de croquer un plein panier de tomates. Près de 2000 curieux se rassemblèrent devant le Palais de justice persuadés qu’ils assisteraient à une mort en direct. La tension était si grande, dit-on, que des femmes s’évanouissaient dans l’assistance. Mais Johnson survécut et bientôt tout le monde oublia les mises en garde mortifères prononcées à l’égard de ce fruit en réalité délicieux.

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CULTURE_CLUB K Une chronique 100% diététique réalisée par Hilde Meesters, Anna Muratore et Gilles Goetghebuer

The Real Meal Revolution, The Radical, Sustainable Approach to Healthy Eating Par Sally-Ann Creed, Tim Noakes et Jonno Proudfoot, Editions Robinson, 2015 En français, le titre donne exactement ceci: «La révolution des vrais repas, une approche radicale et durable vers une alimentation saine». Car ce livre n’a pas encore été traduit. Un livre, vraiment? Disons qu’il s’agit plutôt d’un manifeste. Une bombe carrément! Tant il remet en question les fondements de la diététique sportive. On ne s’étonnera donc pas du choix de la couleur rouge en couverture: c’est celle des révolutions. Celle aussi de la viande à laquelle ce bouquin rend véritablement hommage. Comment en parler sereinement? Peut-être en racontant l’histoire d’un de ses trois auteurs, le célèbre physiologiste sud-africain Tim Noakes (ci-contre). A 67 ans, celui qui a signé The Lore of Running compte plus de 70 marathons à son actif. Il est aussi considéré comme le trublion de la course à pied. C’est lui qui le premier s’est démarqué de ses pairs en affirmant que les performances athlétiques étaient d’abord gouvernées par le cerveau et que les marqueurs traditionnels tels que la VO2 max ou la FC max comptaient pour bisbille. C’est le modèle dit du «grand gouverneur» qui séduit de plus en plus de monde aujourd’hui, y compris chez les scientifiques, alors qu’au départ il faisait presque office de blasphème. Puis voilà qu’en 2012, coup de théâtre! En direct lors d’une conférence en ligne, Tim Noakes fait son mea culpa et déclare s’être trompé toute sa vie sur ce qui constituait le régime idéal pour les coureurs à pied. «J’avais tort. Je demande pardon à tout le monde.» Il commence par la sacro-sainte hydratation. Non, il ne faut pas forcément boire avant d’avoir soif, comme on le recommandait depuis des années à tous les coureurs. Cela ne sert à rien. Cela pourrait même être dangereux. Noakes déclare alors qu’il ne connait pas d’athlètes morts de dés10 ZATOPEK_40

hydratation mais qu’en revanche, il en connaît beaucoup qui furent victimes d’hyponatrémie pour avoir ingurgité trop de liquides en cours d’épreuve (*). A présent, c’est l’alimentation solide qu’il propose d’entièrement revisiter. Pour le coup, il évoque le souvenir de son père qui, proche de la fin, lui avait confié son remords d’avoir travaillé toute sa vie pour l’industrie du tabac et d’avoir ainsi contribué au malheur des hommes (**). Il l’avait exhorté à ne pas l’imiter. «Tim, tu dois faire mieux que moi» lui avaitil dit. Devenu scientifique, Noakes pensait avoir fidèlement suivi la consigne

paternelle en professant toute sa vie les règles d’une vie saine et d’une alimentation équilibrée jusqu’à ce qu’il réalise que, sur la question des apports alimentaires aussi, il avait fait fausse route. Et toute la profession avec lui! Partout dans le monde, on prône un régime riche en glucides et pauvre en graisses. Partout dans le monde, on gagne du poids! Luimême s’est aperçu qu’il gagnait des kilos alors qu’il appliquait les consignes à la lettre. Il s’est efforcé alors de reprendre le problème à zéro et s’est fait adepte du Banting challenge aux recommandations très fortement inspirées du régime paléolithique: riche en graisses, pauvre en glucides et sans sucres ajoutés (***). C’est un succès! Durant sa conversion, il fait la connaissance de Jonno Proudfoot, chef coq de son état mais aussi grand spor-

tif à ses heures perdues, et de Sally-Ann Creed, une nutritionniste de renom en Afrique du Sud. Ensemble ils ont produit ce livre qui se présente en étendard du nouvel ordre alimentaire planétaire, celui du low-carb high-fat. On y trouve beaucoup de légumes, de la viande, du poisson, du fromage, des oléagineux et DU GRAS! Le postulat étant que la graisse est non seulement délicieuse, mais qu’elle procure de l’énergie sur le long terme, alors que les glucides, eux, stimulent l’appétit et déclenchent des largages répétés d’insuline, responsables de tous nos maux (obésité, diabète). Noakes nous fait même une digression politico-économique où il explique que la promotion des glucides, comme celle des boissons de l’effort, a été dictée par l’industrie agro-alimentaire préoccupée d’écouler sa production vaille que vaille. Et tant pis pour les dégâts! AM (*) Cette thèse est présentée dans un autre livre intitulé «Waterlogged: The serious problem of overhydration in endurance sports», aux Editions Human Kinetics, 2012 (non traduit en français) Traduction: «Gorgé d’eau: le gros problème de la surhydratation dans les sports d’endurance» (**) L’histoire est racontée dans Tous des Héros par Christopher McDougall aux Editions Guérin, 2016

(***) En hommage à William Banting, notable anglais du XIXè siècle qui dirigeait l’une des plus prestigieuses entreprises de pompes funèbres de Londres. Atteint d’une obésité morbide, il avait adopté, sur les conseils de son médecin, un régime riche en viandes et pauvre en glucides. Ce fut une réussite, suivie de la publication d’un petit prospectus intitulé Letter on Corpulence addressed to the public, considéré comme le tout premier livre de régime d’une série qui n’est pas près de s’arrêter.

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COURRIER_DES_LECTEURS RÉAGISSEZ SUR WWW.ZATOPEKMAGAZINE.COM OU ENVOYEZ VOTRE COURRIER Pour la France et la Suisse: Chemin Georges Brassens - 7, lotissement les Cigales - 84210 Pernes Les Fontaines Pour la Belgique: 177 rue Vanderkindere - 1180 Bruxelles

JOURNALISTE, LEVEZ-VOUS!

PAUVRE SUZY

Dans le courrier du précédent numéro, vous évoquiez la question de la responsabilité de l’entraîneur en cas d’accident grave ou de décès survenu lors d’une séance sous sa supervision. Et celle de la presse? Plusieurs magazines dont le vôtre proposent des tests et des entraînements qui impliquent de pousser parfois l’effort jusqu’à l’extrême. Je me demande ce qui se passerait si un jour une personne portait plainte après que son conjoint meure d’une crise cardiaque dans le cadre d’un tel exercice.

Plusieurs lecteurs ont réagi au dernier Zoom sur Suzy Hamilton, une ex-athlète américaine reconvertie en escortgirl à Las Vegas. «Que vous a-t-elle fait?» nous demande Aurélie qui se dit choquée par le texte. «Qu’est-ce qui justifie l’utilisation d’un ton si condescendant et péjoratif? Il me semble que sa vie mérite un peu d’empathie». Elle dénonce ensuite le lien que nous suggérions entre un dopage présumé en cours de carrière et la période de désorientation sexuelle qui a suivi sa retraite sportive. «Très douteux» écrit-elle. «J’ai cru tomber de ma chaise en lisant le zoom dans votre dernier numéro concernant Suzy Hamilton» enchérit Cédric sur la page Facebook du magazine. «Comment pouvez-vous publier un article aussi ordurier? Il n’apporte absolument rien si ce n’est permettre à son rédacteur de se défouler en traitant une femme de «conne», de «pute», qui ferait mieux de se taire parce que sa vie c’est de la merde (en résumé)».

Yves Trinidad

Notre réponse Selon le principe des «responsabilités en cascade», une telle plainte devrait être déposée à l’encontre du rédacteur de l’article et, s’il est inconnu, de son éditeur. Il reviendra alors au juge du tribunal civil d’attester de l’existence d’une faute éventuelle comme d’omettre des informations capitales ou d’en fournir d’autres manifestement erronées. Un exemple de faute éditoriale? En 1990, 190.000 dictionnaires Larousse furent détruits en raison d’une mention qui présentait comme inoffensif un champignon pourtant mortel: l’amanite phalloïde. Evidemment, les fautes sont rarement aussi flagrantes. Pour l’apprécier, le juge se réfère alors à la notion d’un journalisme «normalement prudent, diligent et honnête». Dans un deuxième temps, il convient d’établir la réalité du dommage. Dans le cas présent, la personne est morte. Le dommage est réel. Mais il en serait autrement si d’aventure elle ne s’était plainte que de crampes. Enfin le juge devra établir le lien de causalité entre la faute et le dommage. Imaginons le cas d’une personne qui n’a plus fait de sport depuis 20 ans et qui se lance du jour au lendemain dans un programme d’entraînement intensif. En considérant même qu’on puisse invoquer une «faute» dans le chef du journaliste (une absence de mise en garde par exemple), on établira difficilement une relation causale certaine entre cette faute et le dommage. La personne serait peut-être morte en d’autres circonstances. La question juridique devient alors: «Le dommage se serait-il produit ou aurait-il eu cette ampleur si le journaliste n’avait pas commis de faute?» Tout cela est assez complexe et on n’a pas trouvé dans la jurisprudence d’affaire de ce type ayant abouti à une condamnation.

Notre réponse Ce texte faisait suite à la parution d’une autobiographie de Suzy Hamilton et on peut le voir en effet comme une virulente critique. Précisons tout de même que cette critique n’était pas tant dirigée contre l’athlète que contre le système qui l’avait corrompue. Lisez le livre. Lisez-le même entre les lignes. Il apparaît alors que Suzy Hamilton a été utilisée toute sa vie par ses parents, par ses entraîneurs, par son mari, par ses clients et aujourd’hui par les médias. Ce zoom visait à faire une présentation de son histoire en décalage avec le récit larmoyant qu’on pouvait lire par ailleurs. Peut-être de façon maladroite, on vous l’accorde. Mais au moins, Suzy Hamilton était traitée comme une vraie personne et pas comme l’héroïne désincarnée d’une histoire totalement bidouillée. GG

UNE PRIÈRE POUR OWENS A l’occasion de la sortie du film «The Race» qui relate la vie de Jesse Owens, il me revient une anecdote qui date des Jeux olympiques de Berlin. Cela se passe à Liège au retour du sprinteur belge, André Devrint, aligné au départ du 100 mètres remporté par le champion américain. Les journalistes l’interrogeaient sur l’effet que cela procurait de courir au côté du grand Jesse Owens, ce à quoi il répondit sentencieusement: «On ne court pas au côté de Jesse Owens. On court derrière Jesse Owens!» Milou Blavier 40_ZATOPEK 13

ZOOM_PHOTO UNE PHOTO EN DIT SOUVENT PLUS QU’ON NE LE PENSE. UN GESTE AUSSI. CELUI DE FEYISA LILESA À L’ARRIVÉE DU MARATHON OLYMPIQUE DE RIO DÉNONÇAIT L’OPPRESSION DONT SON PEUPLE EST ACTUELLEMENT LA VICTIME. CELLE-CI NOUS A ÉTÉ CONFIRMÉE PAR UNE SPÉCIALISTE DES DROITS DE L’HOMME EN ETHIOPIE. APRÈS NOUS AVOIR AIDÉS À RÉALISER CES PAGES, ELLE NOUS A DEMANDÉ DE RESPECTER SON ANONYMAT.

_FEYISA LILESA

es marathons olympiques réservent souvent des surprises et Feyisa Lilesa (26 ans) ne faisait pas partie des favoris. Certes, il avait déjà couru la distance sous les 2 heures 5 minutes à Chicago en 2012. Mais cette performance date d’une période de grand laxisme en matière de lutte contre le dopage. On ne doit donc pas lui accorder trop d’importance. Surtout quand on connaît le cursus de son manager italien, Federico Rosa, qui fait actuellement l’objet d’une vaste enquête pour dopage organisé au sein d’un réseau que son père, le Docteur Gabriele Rosa, aurait mis sur pied dans les années 90 en recrutant et en entraînant les meilleurs coureurs au Kenya et en Ethiopie.

L Le coureur éthiopien Feyisa Lilesa restera dans l’histoire des Jeux olympiques. Pour sa deuxième place au marathon de Rio, bien sûr. Mais surtout aussi pour le geste qu’il a effectué en franchissant la ligne, tendant vers le ciel ses deux poignets croisés pour dénoncer l’oppression. Il a récidivé quelques heures plus tard en recevant sa médaille d’argent.

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es Jeux olympiques sont rarement le théâtre de manifestations politiques. Et pour cause! Elles sont prohibées par le règlement. Au point 50 de la charte, on lit: «Aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement olympique.» Celui qui enfreint la règle risque gros! Après leur geste de révolte sur le podium du 200 mètres des Jeux de Mexico, les Américains Tommie Smith et John Carlos furent bannis du village olympique et interdits à vie de toute compétition. Pour sa défense, Lilesa pourra toujours argumenter et dire par exemple que, cette année, l’arrivée du marathon ne se jugeait pas dans le stade comme le veut la coutume, mais dans le Sambodrome qui sert habituellement au défilé des chars du carnaval de Rio et que ce changement de lieu suffit à le libérer des obligations d’usage.

utant les cerbères de l’olympisme sont vigilants quand il s’agit de préserver le caractère apolitique des compétitions, autant ils éprouvent les plus grandes difficultés à faire respecter d’autres prérogatives comme d’empêcher la publicité de faire son entrée dans le stade. Face au lobbying des sponsors, ils cèdent du terrain petit à petit. Ainsi les textes interdisent toujours que soit fait mention des «marques»; en revanche les logos «identification» sont permis. Or c’est rigoureusement la même chose! Deux petites restrictions encore: le logo ne doit pas faire plus de 10 centimètres et ne pas apparaître «plus d’une fois par article». Cependant on peut multiplier les articles: lunettes, casquette, manchons, etc.

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LA MUSE_DU COACH ENVOYEZ-NOUS VOS QUESTIONS ET NOTRE ENTRAÎNEUR ROGER IGO PRENDRA SA PLUS BELLE PLUME POUR VOUS RÉPONDRE. Le courrier doit être adressé à la rédaction: info@zatopekmagazine.com ou directement via notre site www.zatopekmagazine.com. Vous pouvez y poster directement vos questions en cliquant d’abord sur l’onglet "vos réactions" et puis sur "exprimez-vous". Face à l’abondance de courriers, seuls les abonnés auront désormais le privilège d’une réponse longue et personnalisée. Il suffit de mentionner vos noms et prénoms. L’ancien sous-officier d’élite Roger Igo exerce le métier d’entraîneur depuis plus de trente ans. A 62 ans, il compte de nombreux titres et distinctions en cross, sur route et en montagne.

Parcourez aussi notre grande bibliothèque de questions et de réponses. Vous y trouverez peut-être votre bonheur! www.zatopekmagazine.com

ZINAL À L’HORIZON Coureuse aux performances très modestes, je me suis mis en tête de participer à la course Sierre-Zinal au mois d’août de l’année prochaine. Ce sera ma première course de montagne. Il faut dire que j’habite une région dépourvue du moindre relief. Je me pose un tas de questions sur la meilleure marche à suivre pour ne pas trop souffrir le jour J. Auriez-vous des suggestions à me faire? Denise

Notre réponse Pas facile, en effet. Sierre-Zinal fait 31 kilomètres avec des passages étroits et rocailleux qui cassent le rythme. Il faut aussi compter avec les 2200 mètres de dénivelée positive et surtout la longue descente dans la forêt qui précède l’arrivée. On perd 500 mètres d’altitude en moins de 3 kilomètres. Extrêmement traumatisant pour les muscles! Puisque vous avez du temps devant vous, nous vous conseillons donc d’entamer un travail à base de pliométrie. Si vous ressentez des courbatures à l’issue des premières séances, pas d’inquiétude.

C’est même bon signe. Les fibres qui cassent sont remplacées par d’autres, plus solides. La durée de l’effort risque aussi de vous surprendre. On vous conseille donc de prévoir quelques «blocs» dans l’année pour vous familiariser avec les lourdes charges. Prévoyez par exemple une balade à vélo le vendredi (3-4 heures minimum). Une grosse séance de fractionné le samedi. Et une nouvelle sortie le dimanche avec au moins une heure et demie de course. Là encore, le but consiste à habituer le corps aux conditions qu’il rencontrera lors de la course. Pensez aussi à

faire quelques séances d’entraînement en escalier pour renforcer les quadriceps en prévision de la première partie de course où l’on grimpe pendant 12 kilomètres sans s’arrêter. Enfin, prévoyez l’un ou l’autre week-end dans une région plus escarpée que la vôtre. Juste pour faire l’expérience des grosses ascensions. Courir en montée ou courir sur le plat, ce sont deux sports différents!

UN PEU COURT, NON? J’ai téléchargé le programme marathon à raison de 4 entraînements par semaine en me fixant comme objectif un temps de 4 heures 40 minutes, ce qui me paraît raisonnable pour une première expérience. Les temps de course proposés me conviennent

Notre réponse Beaucoup de candidats au marathon se posent la même question. Or il faut savoir que, même chez les athlètes d’élite qui ont pourtant d’énormes volumes d’entraînement (jusqu’à 200 bornes par semaine), les sorties au-delà de deux heures sont rarissimes. La raison? En fait, ces sorties longues sont hyper-exigeantes au plan physique et mental. Elles nécessitent qu’on adapte l’ensemble du programme avec des périodes d’allègement de

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parfaitement. En revanche, je suis étonnée de ne pas trouver de sorties au-delà de 2 heures 19, c’est-à-dire moins de la moitié du chrono que j’ambitionne.

charges avant et après. Au plan physiologique, ces séances n’apportent pas grand-chose. Leur intensité se situe en deçà du «seuil de développement» des aptitudes aérobies. Certes, on découvre comment son corps se comporte hors de sa zone de confort. Mais il vaut mieux faire cette découverte en situation réelle de course plutôt qu’à l’entraînement. Moralité: le premier marathon doit toujours se courir sans se fixer des objectifs chronométrés trop ambitieux. Il s’agit avant tout de faire une expérience.

Yvette Vanden Bussche

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION La muse du coach 1 page

POUR OU CONTRE_LA MUSIQUE

TU NE PEUX PAS COURIR EN SILENCE? POURSUIVONS NOTRE SÉRIE DE DIALOGUES IMAGINAIRES AVEC CETTE FOIS DEUX AMIS QUI AIMENT LA COURSE À PIED MAIS L’UN EN MUSIQUE ET L’AUTRE PAS. LE SECOND S’ADRESSE AU PREMIER AVEC CETTE QUESTION: TU NE PEUX PAS COURIR EN SILENCE? K Par Gilles Goetghebuer

 AUX BONS TSOIN-TSOIN DU DOCTEUR COSTAS

Si, je peux. Seulement je préfère courir en musique. Cela me motive. La musique me permet de courir plus vite et plus longtemps. D’après des études menées par le Docteur Costas Karageorghis à l’Université Brunel de Londres, elle permet de booster les performances avec un gain de l’ordre de 20%.



Encore lui! Mais c’est une maladie. On ne trouve pas un article sur la musique dans le sport qui ne fasse mention des fameux travaux du grand Docteur Karageorghis. Or ceux-ci datent d’il y a vingt ans! Et tous les chercheurs qui ont voulu vérifier ses résultats ont échoué. Non, la musique n’améliore pas la performance. C’est une chimère. C’est un serpent de mer, cette histoire!

Personnellement, j’ai le sentiment qu’elle m’aide à mieux courir. Tu devrais essayer.

 Non, merci.

Je ne comprends pas. Qu’est-ce que le silence a de si formidable pour que tu refuses absolument de t’en défaire?

 Les mille bruits qui le rythment Pardon?

 C’est de la poésie. Il faut apprendre à se

détacher des sollicitations trop prégnantes de la vie quotidienne pour découvrir d’autres facettes plus discrètes de notre environne-

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION Pour ou contre la musique 7pages

DES CHERCHEURS_QUI CHERCHENT

AUX PERSONNES FRAGILES DU CŒUR, ON CONSEILLE CLASSIQUEMENT DE FAIRE DU SPORT MAIS SANS MONTER TROP HAUT DANS LES TOURS. ET SI ON SE TROMPAIT?

! S R U Œ C S E HAUT L

out le monde connaît l’équation «FC max = 220 - l’âge». Découverte dans les années 50, elle montre que la fréquence cardiaque maximale ne dépend pas du niveau de forme mais seulement de l’âge. Plus on vieillit, plus elle diminue. A vingt ans, cette FC max oscille autour de 200 (220 - 20 = 200). Vingt ans plus tard, elle sera plus proche de 180 (220 - 40 = 180). Chez les sexagénaires, elle plafonnera à 160 (220 - 60 = 160). Et ainsi de suite. En physiologie de l’effort, on trouve peu de formules aussi 28 ZATOPEK_40

simples et aussi faciles à utiliser que celle-là. D’où son immense succès! La plupart des coureurs la connaissent et l’utilisent. Ils oublient seulement qu’il s’agit d’une évaluation établie sur des larges populations. Une moyenne, donc. Car au plan personnel, cette équation ne veut absolument rien dire. Il y a trop de différences entre les individus. Plus embêtant encore, de nombreux sportifs commettent l’erreur d’interpréter cette valeur comme une limite à ne pas dépasser sous peine d’être frappé, comme par la foudre, d’une défaillance. Ils évitent alors de pousser l’effort jusqu’à son paroxysme. Dommage! Les recherches récentes montrent que certaines adaptations à l’entraînement ne peuvent se décrocher que lorsqu’on atteint ces hautes intensités. Explications.

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION Haut les coeurs 3 pages

MACADAM_PEOPLE

LA LONGUE COURSE DU KANGOUROU AU MOIS DE MAI PROCHAIN, GUY AMALFITANO S’APPRÊTE À ENTREPRENDRE UN DÉFI TOTALEMENT INCROYABLE: TRAVERSER LE CANADA DE PART EN PART SOIT 7600 KILOMÈTRES PAR MONTS ET PAR VAUX. UN DÉTAIL: IL LUI MANQUE UNE JAMBE! ON VOUS SURNOMME LE KANGOUROU. D’OÙ CELA VIENT-IL?

Les kangourous utilisent leur queue comme un troisième pied quand ils se déplacent, ce qui leur confère une drôle façon de marcher que les anglophones surnomment le «crawl-walking», littéralement la «marche rampante». Moi, je cours avec une seule jambe et des béquilles. Pour avoir la bonne cadence et le bon mouvement, j’intercale un saut à cloche-pied dans ma course. Cette façon de se déplacer ressemble un peu à celle du marsupial, paraît-il.

LÀ, VOUS VOUS APPRÊTEZ À TRAVERSER LE CANADA.

Il s’agit de traverser le pays via les 7600 kms de la Transcanadienne. Soit un marathon par jour pendant

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VOUS CONSIDÉREZ-VOUS COMME UNE PERSONNE HANDICAPÉE?

Surement pas. Je trouve que l’adjectif «handicapé» est très réducteur dans sa définition. Ça ne me correspond pas du tout! Je préfère qu’on me considère comme un uni176 jours! Je n’ai jamais réalisé jambiste qui ne se prive pas de réaencore de défi de cette envergure. liser ses projets et qui ne se fixe Si tout va bien, je devrais atteindre aucune limite. Je venais de fêter le point d’arrivée le jour de mon mes dix-sept ans quand on m’a diaanniversaire. Un total hasard! Je gnostiqué un cancer des os que les m’en suis aperçu seulement après médecins appellent «ostéosaravoir effectué le tracé. come». Ma jambe droite était fichue. Bien sûr, l’annonce de mon amputation fut une terrible épreuve. QUEL ÂGE AUREZ-VOUS? Après l’opération, sur mon lit d’hô54 ans. Soit 37 ans depuis mon pital, j’avais le moral en berne. amputation. En fait, je réalise mainPour me changer les idées, j’ai allutenant que j’ai vécu plus longtemps mé la télévision et en zappant, je avec une seule jambe qu’avec deux. suis tombé sur un documentaire À l'école du crawl-walking présentant le «Marathon de l’espoir» de l’athlète canadien Terry Fox. Ce type unijambiste avait entrepris de traverser le Canada d’un océan à l’autre afin de récolter des fonds pour la recherche contre le cancer. J’étais subjugué. Terry Fox était parvenu à ce que

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION Macadam people 2 pages

CAH I E R TECH N IQU E

SOMMAIRE

Edito

1 Edito 2 A vos agendas

- Lausanne Marathon - Coupe du Vignoble - Cortaillod - Corrida d’Octodure - Martigny - Les 10 km de Palexpo - Genève - Night Run Just For Smiles - Morges - Course des Pavés - La Neuveville - Course à travers Aigle - Les Fêtes de la Forme - La Trotteuse Tissot - La Chaux-de-Fonds - Christmas Midnight Run - Lausanne - Antigel Run - Genève - Semaine de Trail à la Costa Brava - Agenda récapitulatif

11 Ça a eu lieu

- Trail Verbier Saint Bernard - Course Montreux-les Rochers-de-Naye

- Supertrail du Barlatay - L’Etivaz - Triathlon de Lausanne - Matterhorn Ultraks - Zermatt

14 La Loco du moment

Tadesse Abraham: le roi du marathon

15 Actualités science

- Le fractionné défie le poids des années - Sucre mode d'emploi - La graisse remplace le sucre - Ça crampe sur les voies du sel - Ça crampe sur les voies du sel (2) - Sport et chiropratique: place optimale! - Tour de France 1: c'est dur le vélo - Tour de France 2: c'est très dur le vélo - Epigénétique du tour de France - Soutien-gorge taille sport - Comment gérer un trail de 100 km ? - Raide donc efficace / Souple donc inefficace - La souplesse ça se gagne

Chaque saison a son lot de courses caractéristiques. Si l’été a permis aux coureurs de profiter des paysages de montagne et de travailler les montées et les descentes techniques grâce aux nombreux trails qu’offre la région, l’automne et la première partie de l’hiver, voient quant à eux fleurir les corridas et autres courses urbaines. Plus populaires, ces courses proposent souvent des distances adaptées à chaque catégorie dans une ambiance chaleureuse, voire ludique: déguisements, lumières, trottinette... Mais ne vous y trompez pas: le côté bon enfant n’empêche pas la performance sportive car les parcours courts et relativement plats vont vite, très vite pour certains. Nous vous les présentons plus en détail dans cette Locomotive. Bonne lecture ! L’équipe Zatopek Suisse

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NOVEMBRE DÉCEMBRE 2016 JANVIER 2017 LOCOMOTIVE

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION La locomotive 23 pages

A LA MODE DU «YOGGING» LE JOGGING EST À LA MODE. LE YOGA AUSSI. DE NOMBREUSES PERSONNES ONT DONC TENTÉ DE COUPLER LES DEUX ACTIVITÉS EN INVENTANT UNE NOUVELLE DISCIPLINE: LE «YOGGING». CE FAISANT, ELLES SE SONT HEURTÉES À DEUX TYPES DE CONSERVATISME: CELUI DE LA COURSE ET CELUI DU YOGA! «Il faut toujours prendre son temps durant les exercices», écrit Emelie Forsberg, ultra-traileuse norvégienne aux fans inconditionnels de sa page Facebook (*). Chaque matin, la petite amie de Kilian Jornet entame sa journée par l'adoption d'une série

de postures animales: le chat, le chien, le cobra, la grenouille. «Cela ne me demande pas beaucoup d'efforts», explique-t-elle. «C'est une façon de se réveiller en douceur et de reprendre progressivement la conscience de mon corps.» Comme elle, de nombreux coureurs se sont amourachés de cette ancienne discipline indienne. Cela n’étonnera plus personne. En effet, le yoga s'est propagé dans la société occidentale en quelques décennies seulement, au point que l'on trouve désormais des cours de yoga spécialisés pour les femmes enceintes, pour les enfants, pour les personnes âgées, les handicapés et même pour les chiens («dogyoga»).

Le triathlète gentilhomme

le footballeur Ryan Giggs, le tennisman Novak Djokovic ou encore le basketteur James LeBron. Mieux encore! On a vu fleurir de nouvelles disciplines qui se targuent de rencontrer les besoins spécifiques des pratiquants dans des sports comme l'escalade, le golf ou les arts martiaux. Et la course à pied? Bien sûr! Les chantres de la méthode assurent que le yoga permet d'améliorer la respiration à l'effort et, à vitesse égale, de dépenser moins d'énergie. On dit qu'il facilite la récupération et qu’il prévient les blessures.

NAMASTE EMELIE!

Dans cette mouvance du yoga pour tous, les sportifs ne pouvaient décemment pas rester sur le bord du chemin. Petit à petit, ils ont eux aussi succombé aux charmes de la discipline en prenant exemple sur

(*) Emelie est championne du Monde de Sky Running courte distance en 2012 et longue distance en 2013. Elle a également remporté diverses courses de longue distance comme la Transvulcania (La Palma, îles Canaries) en 2015 et 2013. 40_ZATOPEK 35

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION Course et yoga 6 pages

MARATHONS_FESTIFS

LES COURSES

À BOIRE

LA DERNIÈRE MODE EN MATIÈRE DE COURSE À PIED CONSISTE À ASSOCIER L’EFFORT ET LA DÉGUSTATION DE BIÈRE AU RAVITAILLEMENT. CELA PARAÎT IDIOT. MAIS ÇA MARCHE!

a bière est une boisson souvent associée au sport. Mais pas aux sportifs! Ce sont plutôt les supporters qu’on imagine braillards, chamarrés et toujours une cannette à la main. Après des années de pratique, cela leur confère un physique tout à fait caractéristique avec un rougissement du teint, une accentuation des voussures de la colonne vertébrale, un effacement des fesses et surtout une protubérance abdominale appelée parfois «bide à bière» en français ou «beer belly» dans les pays anglophones. L’expres-

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sion «couch potato» (traduction littérale: patates de divan) sied aussi très bien à décrire le morphotype de tous ceux qui se disent sportifs, certes, mais qui font du sport seulement par procuration. Leur profil tout en rondeur est diamétralement opposé à celui du coureur de fond, généralement sec comme un été corse. Aussi on s’étonne de la rencontre de ces deux univers, la bière et la course, et de l’engouement récent pour des événements aux noms aussi évocateurs que le «Great Breweries Marathon» à Breendonk, le «Trail des Trappistes» de Florenville, le trail de Chimay, la «Dodentocht» de Bornem (NB: littéralement une «marche de la mort» sur un tracé fort exigeant de 100 kilomètres qui passe par toutes les brasseries de la région). En Belgique, les courses à boire ont manifestement la cote. En France aussi. Même si les honneurs s’y dirigent plus volontiers vers les vignobles et le terroir. Depuis 1987, on connaissait le célèbre Marathon du Médoc, sillonnant une région vinicole au nord-ouest de Bordeaux. Il a fait des émules partout dans l’Hexagone, depuis la Garonne où se tient l’explicite «Trail du cassoulet» qui promet aux finishers une bouteille de vin de Fronton jusqu’à Céret dans les Pyrénées, avec du muscat proposé aux ravitos, en passant par la pointe ouest du Finistère, site de la Transléonarde, et son fameux repas d’aprèscourse. Munich profite de l’Oktoberfest pour

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION Marathons festifs 7 pages

TÉMOINS_

SERMENTS D’ALCOOLIQUES

LES COUREURS SONT-ILS AUTANT PORTÉS SUR LA DIVE BOUTEILLE QUE LE SUGGÈRE LA SCIENCE? LE MEILLEUR MOYEN DE LE SAVOIR, C’ÉTAIT ÉVIDEMMENT DE LEUR POSER LA QUESTION. K Dossier réalisé par Olivier Beaufays

NON AU CUMUL DES MANDATS

QUESTION D’UN GARS QUI N’A RIEN COMPRIS! STÉPHANE

ERWAN

«Pendant longtemps, j’ai cru pouvoir mener de front la fête et l’entraînement. J’ai déchanté! A chaque lendemain de virée, je me blessais. Du coup, j’ai réorganisé ma vie. J’évite désormais les noubas avant le sport. Ou alors j’évite le sport après les noubas. Je préfère sauter une séance plutôt que d’y aller quand-même et me retrouver sur le flanc pendant des semaines!»

DEVINETTE JÉRÔME

«Au début, on n’aime pas trop ça. Pourtant, on recommence. On finit par apprécier. Puis la griserie s’estompe. On augmente les doses pour retrouver les sensations légères des débuts. Attention le piège! Au fil du temps, certaines personnes tombent dans l’addiction. D’autres résistent. Ou tentent de résister. Car personne n’est à l’abri de sombrer dans l’excès. Lorsque cela se produit, on passe par une phase de profond dégoût. On jure: ‘Plus jamais ça!’ Tient-on sa promesse? Non! On réattaque dès qu’on se sent d’aplomb. ‘Tu sors encore?’ dit le conjoint qui a eu le grand tort de croire aux serments. ‘Eh oui. C’est plus fort que moi.’ Question subsidiaire: Parle-t-on de consommation alcoolique ou de course à pied?» 50 ZATOPEK_40

«Comme je suis dépendant à la course à pied et non à l’alcool je me demandais si j’avais une chance de me sevrer de l’un en me mettant à l’autre?»

BEURK! ERIC

«Ainsi la science nous apprend que la course à pied nous incite à boire. Je suis étonné. Chez moi, elle exerce plutôt l’effet inverse. Le volume d’alcool ingéré est inversement proportionnel au volume d’entraînement. Lorsque je me suis bien dépouillé dans l’effort, je n’éprouve aucune autre envie. Sinon me reposer. C’est bizarre. Je ressens même du dégoût pour les boissons alcoolisées, alors que si je n’ai pas couru, non!»

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HISTOIRE_

MÉMOIRES

D’OUTRE-TOMBE APRÈS AVOIR DONNÉ LA PAROLE À SA FEMME, À SON ENTRAÎNEUR, À SES ADVERSAIRES ET À SON BIOGRAPHE, NOUS REVENONS DE NOUVEAU SUR LA VIE EXTRAORDINAIRE D’EMIL ZATOPEK. MAIS CETTE FOIS, C’EST LUI QUI PARLE!

n 1955, Emil Zatopek est une très grande personnalité en Tchécoslovaquie. Trois ans plus tôt, il a réalisé un triplé inédit en remportant toutes les épreuves de fond aux Jeux olympiques d’Helsinki: 5000, 10.000 et marathon. Il règne sur sa discipline à l’égal d’un Fangio en course automobile ou d’un Sugar Ray Robinson en boxe; les deux autres grandes figures sportives avec qui il partage les pages des journaux au cœur d’une époque difficile, marquée par les guerres en Asie, les dictatures en Afrique et en Amérique du Sud, les crises en Europe et aux Etats-Unis et la terreur du stalinisme à l’Est. De par son statut, Zatopek ne se rend pas toujours compte du rôle qu’on lui fait jouer comme lorsqu’on l’envoie par exemple vanter les mérites du régime auprès des ouvriers dans les Engagez-vous, qu'ils disaient

usines de Pilsen à Kosice. Le pouvoir communiste l’utilise comme porte-parole (comme marionnette, disent les opposants). Il se prête au jeu. Dans les années 50, il est membre du Parti communiste et s’engage dans l’armée par esprit patriote (un peu) et surtout parce que cela lui offre l’opportunité de s’entraîner à loisir sans se soucier d’assurer d’autres revenus. A l’époque, le sport ne nourrit pas son homme. Au total de sa carrière, Zatopek a décroché quatre médailles olympiques en or et une en argent. Il a remporté trois titres européens et battu tous les records du monde L’autobiographie de Zatopek du 5000 mètres jusqu’au 30 est parue en 1955 aux Editions kilomètres. Tout cela sans tounationales d’éducation physique. cher la moindre prime! Ses nombreux succès lui permettent néanmoins de grimper dans la hiérarchie militaire. Il passe au grade de capi-

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SCIENCE_NUTRITION

CASSE-TOI,

PAUVRE CALORIE

UN CALCUL DES CALORIES EST UN PEU COMME UN HOROSCOPE. ON SAIT QU’IL NE SIGNIFIE PAS GRAND-CHOSE. CEPENDANT, ON NE RÉSISTE PAS À L’ENVIE DE LE CONSULTER.

ette carte du métro parisien est spéciale. Elle indique les différentes lignes qui parcourent la capitale. Tout ce qu’il y a de plus normal. Mais elles donnent aussi le nombre de calories que dépensera le voyageur qui choisit de ne pas prendre le métro et de faire le voyage à pied. On doit sa réalisation à la société de vente en ligne de produits pharmaceutiques «treated.com» sur la base d’une dépense calorique de 3,84 calories par minute, ce qui correspond grosso modo aux déambulations d’une personne de 70 kilos qui marche à 4 kilomètres/heure. Si vous faites le trajet en courant plutôt qu’en marchant, tablez alors sur une dépense de 12 calories/minute, c’est-à-dire qu’aux dépenses renseignées sur la carte, vous pouvez sans problème additionner un tiers (*). Un exemple? Pour rallier la Gare du Nord en partant de la Gare de Lyon en marchant, cela vous fera +/- 250 calories à pied. En courant, comptez plutôt 400 calories. (suite page 64)

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(*) Ce calcul tient évidement compte du raccourcissement de la durée du trajet. En courant à 10 km/h, on est 2,5 fois plus rapide qu’en marchant à 4 km/h. Donc la dépense énergétique au kilomètre parcouru sera de +/- 72 calories pour les coureurs contre +/58 chez les marcheurs.

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