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La course à pied comme on n’en parle jamais
Zatopek
N°41 - trimestriel - février - mars - avril 2017 - Suisse - 10CHF
L e 1 er M a g a z i n e R u n n i n g & S a n t é d e S u i s s e R o m a n d e
Vrai ou faux ? Les coureurs à pied sont masochistes
LE
DILEMME DES
MÈRES
COUREUSES Color Run
Attention aux intoxications
Polémique
Pourquoi j’ai arrêté le Coca-Cola
Delta G
Enquête sur la boisson énergétique la plus chère du monde
ACTUALITÉS COURSES EN SUISSE ROMANDE
SOMMAIRE_
ZATOPEK EST UNE PUBLICATION DES Editions Sport et Santé sprl 177 rue Vanderkindere B-1180 Bruxelles (Belgique) TVA: BE 0882 202 726 Tel: 00 32 (0)2 538 54 58 Fax: 00 32 (0)2 537 13 38 Email: info@zatopekmagazine.com Site web: www.zatopekmagazine.com
EDITORIAL
SERVICE ABONNEMENTS Sur le site www.zatopekmagazine.com ou par téléphone: 00 33 (0)9 62 33 75 05 (France) et 00 32 (0)2 538 54 58 (Belgique et autres pays).
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EDITEUR RESPONSABLE Gilles Goetghebuer 177 rue Vanderkindere B-1180 Bruxelles DIRECTEUR DE PUBLICATION Jean-Paul Bruwier jpb@zatopekmagazine.com CONCEPTION ET GRAPHISME ILOVE MEDIA bvba REDACTEUR EN CHEF Gilles Goetghebuer gilles@zatopekmagazine.com SECRETAIRE DE REDACTION Anna Muratore anna@zatopekmagazine.com ICONOGRAPHIE Olivier Beaufays olivier@zatopekmagazine.com ONT COLLABORE A CE NUMERO: Olivier Beaufays, François Borel-Hänni, Aurore Braconnier, Florent Caelen, Louise Deldicque, Marc Francaux, Cyrille Gindre, Roger Igo, Romuald Mazy Dresse, Hilde Meesters, Anna Muratore, Guillaume Narguet CREDITS PHOTOS Lafouche:6; Jean-Paul Bruwier:11; 123rf:14; Warner Bros:14; Yann Le Hégarat:15; Color run:18; Michael De Luca Productions:22; AS films: 23; Tough Mudder:24; DCS Photography:25; Rod McLean:27,29; Belga image:30; Facebook/ Habururema:33; Aurore Braconnier:33; Eilish Mccolgan:35; Nike media: 37; Virgin London marathon:39; Devian art:40; Latuff: 50; Olivier Beaufays:51; Aaron Goodman:57; FR Kozik:62,63,64,65,66; Dumas/DR: 10,24,32,38,41,53,54,56,60,61 REGIE PUBLICITE Toutes éditions, Belgique et Luxembourg: Ghislaine De Drijver et Isabelle Crutzen Podium Media Europe SA Mobile: 0032 (0)473 93 41 28 Tel: 0035 (0)226 90 86 69 Fax: 352 24611082 info@podium-media.biz Skype: jpodium Pour la France et la Suisse: Pascal Leost Email: pub@zatopekmagazine.com 7 lot. Les Cigales Chemin Georges Brassens 84210 Pernes-les-Fontaines Tél: 0033 (0)4 32 80 26 83 COMMISSION PARITAIRE: 1115 U 89417 IMPRESSION Imprimé en Belgique/Printed in Belgium Imprimerie Bietlot rue du Rond-Point 185 B-6060 Gilly Belgique DISTRIBUTION Belgique: Tondeur Diffusion Patrick Malotaux 9 Avenue Van Kalken 1070 Bruxelles Tel: 0032 (0)2 555 02 11
ans son best-seller Guerre et Térébenthine, l’écrivain belge néerlandophone Stefan Hertmans nous parle de lui, de son père et surtout de son grand-père, un bonhomme formidable qui s’appelait Urbain. A la lecture de ce récit, on est frappé par la description des conditions de vie extrêmement dures de la classe ouvrière gantoise du début du XXe siècle. Beaucoup de gens mouraient de maladies qu’on soigne facilement aujourd’hui. D’autres résistaient en dépit de tout. Et même des horreurs de la guerre 14-18, décrites ici comme une abondance d’inhumanités et qui rappellent inévitablement le Voyage au bout de la nuit de Céline. A la page 157 de son livre, Hertmans fait le lien entre l’exceptionnelle santé de ses ancêtres et la rudesse de leurs existences. Il parle de la fratrie de son grand-père. «Ils étaient tous des survivants, des personnes résistantes, endurcies par la pauvreté durant leur jeunesse et la rigueur des années de guerre.» Ce passage pourrait servir de fil rouge au Zatopek que vous tenez entre les mains. Le portrait du repenti Charlie Engle (page 27) ou celui du coureur rwandais Habarurema (page 30) nous font comprendre qu’en comparaison des souffrances de la vie, celles du sport ne pèsent pas bien lourd. Cela ressort aussi de l’article consacré au masochisme (page 22) qui compare les douleurs sciemment consenties et celles imposées par l’existence. Au désavantage de ces dernières. L’enquête sur les corps cétoniques (page 56) propose une explication d’ordre physiologique au processus d’endurcissement par la privation. L’expérience de la famine déclencherait dans le corps des adaptations favorables à l’énergétique musculaire. L’expression «endurcissement par la
pauvreté» de Stefan Hertmans résume tout cela avec sobriété et sans craindre les interprétations nauséeuses qui accompagnent parfois ce genre de raisonnement. La dureté de la vie fait-elle des individus hors normes? Des parents un peu idiots pourraient se dire alors qu’il suffit de martyriser leurs enfants pour en faire des héros. Or ce ne seront que des enfants malheureux en plus sur la terre, c’est tout. La pauvreté seule ne suffit pas pour qu’éclose le talent. Il faut aussi une histoire familiale qui permette cette germination. Dans ce numéro, vous trouverez un dossier consacré précisément aux rôles essentiels des parents dans l’éveil sportif de leurs enfants. Surtout celui des mères (page 35). Enfin, il faudra se méfier de tous ceux qui seraient tentés de manier le concept pour entériner les injustices sociales au prétexte que les pauvres sont pauvres, certes, mais tellement heureux, et que ce serait un crève-cœur pour eux de se voir élever au même rang de privilèges que les nantis. Il s’agit évidemment d’une perversion dialectique. Le lien entre le dénuement et la force de caractère n’a rien à voir avec la lutte de classes. Il s’agit d’une démarche personnelle qui aboutit à cette compréhension, en partie intuitive, qu’une vie de patachon nous fragilise et qu’a contrario, on se rend plus fort en relevant quelques défis. A la différence de nos ancêtres, ce choix nous est donné, ce qui n’était certainement pas leur cas! Mais on peut se servir de leur expérience pour guider nos vies de la façon la moins bête possible. Un bel Gilles Goetghebuer, objectif pour l’année 2017! rédacteur en chef
04_AJOUTEZ A MON PANIER
27_DESTIN
10_BANC D’ESSAI
30_RENCONTRE
12_COURRIER DES LECTEURS
35_ENQUETE
14_LA MUSE DU COACH
42_TEMOINS
16_ART ET LITTÉRATURE
50_LE MONDE SELON KANT
La reproduction des textes et photos publiés dans ce numéro est interdite
18_ZOOM
56_DES CHERCHEURS QUI CHERCHENT
LA LOCOMOTIVE (toutes éditions) Est un supplément gratuit au trimestriel Zatopek et ne peut être vendue séparément
22_PSYCHOLOGIE
62_MACADAM PEOPLE
Luxembourg: MPK – Elisabeth Biever 11, rue Ch. Plantin – B.P. 2022 L-1020 Luxembourg Tel: 0035 (0)2 499 888 306 France, Suisse et Québec: MLP ZA de Chesnes -55 bd de la Noirée F-38070 Saint Quentin Fallavier Tel: 0033 (0)4 74 82 39 56 Trimestriel Février, Mars, Avril 2017 N° ISSN 1783-4104
Rédacteurs Belgique: Olivier Beaufays. Email: olivier@ zatopekmagazine.com Eric Cornu. Email: eric@zatopekmagazine.com Rédacteurs France et Suisse: Cyrille Gindre cyrille@volodalen.com Sophie Sartet sophie@zatopekmagazine.com
Tout ce qu’il faut pour courir à la page Le grand match des GPS Envoyez-nous lettres et photos
L’entraînement, cela se discute! Gagnez une toile de maître! Color run: à vos risques et périls! L’intelligence du masochisme
Charlie Engle n’est pas un ange La vie extravagante de Jean Habarurema Femmes au bord de la crise de nerfs Comment concilier la course à pied et la maternité Pourquoi j’ai arrêté de boire du Coca Pour ou contre les corps cétoniques Emil Zatopek nous parle de lui
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AJOUTEZ_À MON PANIER
CHAQUE SAISON VOIT FLEURIR SON LOT DE NOUVEAUTÉS. VÊTEMENTS, CHAUSSURES ET AUTRES GADGETS POUR RENDRE LA COURSE À PIED PLUS MODERNE. TOUJOURS PLUS MODERNE. Rubrique réalisée par Olivier Beaufays
CROSSCALL TREKKER-M1 Enfin un téléphone solide!
www.crosscall.com 399€
Sur de nombreux trails, le téléphone figure dans la liste du matériel obligatoire. C’est très bien pour la sécurité des participants. Moins pour celle de ces appareils qui supportent généralement mal les chocs, le froid, la poussière et surtout l’humidité. Pour remédier à ces problèmes, la marque française Crosscall propose un modèle ultra-résistant, le Trekker-M1, équipé d’une coque de protection «indice 67». Le premier chiffre indique la résistance à la poussière selon un barème d’étanchéité qui va de 1 à 6. Le modèle obtient donc le score le plus élevé pour ce critère. Le second chiffre indique le degré d’imperméabilité qui peut aller jusqu’à 9 lorsqu’un appareil résiste à un nettoyage à haute pression. Sept constitue déjà une performance excellente! Ce téléphone est aussi équipé d’une batterie puissante qui permet de tenir actives deux ou même trois jours des fonctions aussi énergivores que le signal GPS ou la 4G. Un modèle
cache-pou
ssière
Trash test
BRÈVE DU MONDE
Pour vérifier les dires du fabricant, nous avons plongé le Trekker-M1 dans un bocal rempli d’eau. Sans dégâts! Ensuite, on a formé un numéro. Il s’est mis à sonner dans la flotte. Mieux encore: l’utilisation d’un verre spécial permet de naviguer sur l’interface alors que l’appareil est encore mouillé.
A l’eau, j’écoute!
BOULEVARD DU CRIME
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in octobre, le juge mexicain Vicente Antonio Bermudez Zacarias était assassiné à quelques mètres de son domicile alors qu’il partait faire son footing. Il enquêtait sur le puissant cartel de la drogue de Jalisco. Sans doute a-t-on voulu le réduire au silence. Ce crime rappelle aussi que les joggeurs sont des cibles faciles pour des tueurs à gages et même des terroristes. L’état-major des forces armées britanniques a d’ailleurs déconseillé à ses troupes d’utiliser encore des applications dédiées à la course à pied. Les djihadistes pourraient utiliser ces données publiques pour connaître l’heure et le parcours préférés des soldats en mission.
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L’AVIS D’UN PRO Julien Caquineau, aventurier polaire «Ce téléphone est une vraie machine de guerre. Un jour, je l’ai perdu sur la banquise. Sans doute étaitil tombé de ma poche en relevant mes filets. Je n’ai pas pris la peine d’aller le rechercher. Il faisait moins 20 degrés et j’en aurais eu pour quatre heures de route. C’était mort! Le lendemain, je retourne pêcher au même endroit. Soudain, j’entends une sonnerie. C’était mon téléphone qui m’avertissait que sa batterie était pratiquement à plat! Je l’ai sorti de la glace. En parfait état de fonctionnement!»
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UN PEU PLUS À L’OUEST A L’ARRIVÉE DES ÉPREUVES, LES PARTICIPANTS ÉQUIPÉS DE MONTRES GPS COMPARENT LEURS DONNÉES ET CONSTATENT SOUVENT DES DIFFÉRENCES DE L’ORDRE DE PLUSIEURS CENTAINES DE MÈTRES SELON LES MARQUES. LAQUELLE A RAISON? POUR LE SAVOIR, IL NOUS FALLAIT MENER L’ENQUÊTE. K Par Florent Caelen
Florent Caelen (Belgique) présente cette particularité probablement unique au monde d’être à la fois géomètre de profession et marathonien de haut niveau avec un record personnel en 2 heures, 12 minutes et 51 secondes réalisé l’année passée à Berlin où il avait terminé 17ème. Il était aussi 44ème au dernier marathon olympique de Rio.
Des montres GPS, il en existe des dizaines de modèles différents sur le marché, sans parler des smartphones utilisant des applications GPS. Dans un premier temps, nous devions donc identifier celles qui sont les plus vendues et procéder pour cela à un petit sondage sur les réseaux sociaux pour n’en garder finalement que cinq (voir tableau). Ensuite, nous les avons utilisées sur trois types de parcours qui, pour une montre GPS, représentent chaque fois un niveau supérieur de difficulté: ligne droite à découvert, piste d’athlétisme et parcours boisé. A chaque essai, on analysait les distances estimées par les différents appareils à l’aide d’outils de la géomatique (*).
LES SATELLITES RUSSES À LA RESCOUSSE Dans le langage courant, on parle de montre GPS. En réalité ces initiales sont celles du système de positionnement par satellite mis en place par le département de la Défense des Etats-Unis (Global Positioning System), également connu sous le nom de Navstar. Or celui-ci n’est plus le seul en lice. Les appareils de dernière génération sont également capables de se servir du système russe GLONASS. Celui-ci n’est pas meilleur que l’Américain. Mais comme il faut quatre satellites au minimum pour que le récepteur puisse calculer sa position, ce doublement du nombre de cibles accroit la précision de la localisation. Pour évaluer les distances et les vitesses, l’opération sera effectuée à échéances régulières. En général, les marques choisissent un intervalle d’une seconde mais on peut aussi les espacer («ultratrac» chez Garmin) pour épargner la batterie lors de longs trails. Dans cette configuration évidemment, les données sur piste ne sont plus du tout fiables. 10 ZATOPEK_41
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COURRIER_DES_LECTEURS RÉAGISSEZ SUR WWW.ZATOPEKMAGAZINE.COM OU ENVOYEZ VOTRE COURRIER Pour la France et la Suisse: Chemin Georges Brassens - 7, lotissement les Cigales - 84210 Pernes Les Fontaines Pour la Belgique: 177 rue Vanderkindere - 1180 Bruxelles
Pourquoi s’escagasser?
Des fois je me demande pourquoi je m’escagasse à faire des kilomètres alors que les études scientifiques nous démontrent qu’il suffit de faire 15 minutes (au total) d’effort intensif par jour pour rester fringant. Ben tiens! Je n’y crois pas du tout! J’ai encore en mémoire la bonne vieille méthode défendue par Van Aaken et pratiquée par Harald Norpoth -ça ne date pas d’hier-: faire du fond avant tout! Cela lui avait permis d’acquérir un cœur de 1500 centimètres cube. Plus que la cylindrée d’une grosse motocyclette! A partir de cet acquis, il pouvait travailler la résistance et un peu la vitesse. (NB: le coureur allemand s’était illustré notamment en décrochant la médaille d’argent du 5000 mètres aux Jeux olympiques de Tokyo en 1964, derrière l’inaccessible Américain Bob Schul).
Louis Tancré
Notre réponse
Les études sur la longévité révèlent qu’il est nécessaire d’atteindre un seuil pour bénéficier des bienfaits du sport. Soit environ un quart d’heure par jour. Evidemment, ce n’est pas suffisant pour améliorer ses performances, perdre du poids, lutter contre la fonte musculaire ou la dépression. Là, c’est sûr, il faut y aller plus à fond. Les 15 minutes, cela ne vaut que pour l’espérance de vie. Au-delà de ce seuil, on observe un décrochage entre la longévité et la charge d’entraînement. Parfois même la relation s’inverse chez des individus qui s’épuisent à la tâche. Cela dit, Harald Norpoth semble bien tenir le coup avec son cœur hors norme. Aujourd’hui, il est âgé de 74 ans et vit une paisible retraite chez lui à Münster en Rhénanie.
Qu’est-il devenu? Dans un numéro précédent, vous évoquiez le film sur Jesse Owens en regrettant que l’histoire de son amitié avec son rival allemand Luz Long ait été à ce point romancée. A propos, savez-vous ce qu’est devenu Luz Long? Milou Blavier
C’EST MOI ! Voici une photo de moi prise lors du Trail Urbain de Marseille. Je la trouvais chouette! Donc si vous souhaitez la publier, j’en serais flatté. Thomas Lepage
Retour d’édito La version filmée de l’éditorial du précédent numéro a bien circulé sur les réseaux sociaux (+/- 7000 vues) et suscité des commentaires trop nombreux pour être tous repris dans cette rubrique. Disons que certains lecteurs étaient d’accord avec notre analyse, comme Amandine qui associe le recul de la lecture à la progression des jeux solitaires sur téléphones portables et tablettes et à la désaffection des jeux dits de société «qui faisaient marcher l’imagination». D’autres étaient d’un avis contraire, comme Cyrille qui la considère à l’égal des arguments brandis de tous temps par les plus âgés «pour apaiser la frustration d’un écart grandissant entre eux-mêmes et le monde moderne». Il écrit: «La révolution digitale crée du lien largement autant qu’elle n’en coupe. Dire que ce lien à l’autre, au savoir, à la lecture, à l’écriture, change à proportion est sans doute vrai. Dire qu’il s’agit d’une régression est sans nul doute faux et nous replonge dans l’éternel débat des «petits cons d’la dernière averse» et des «vieux cons des neiges d’antan».
Notre réponse
Luz Long est mort le 14 juillet 1943 à la suite de blessures encourues au combat lors du débarquement allié en Sicile. Pressentant sa disparition prochaine, il avait écrit à Jesse Owens le priant d’aller voir ses fils, Kai et Wolfgang, après la guerre, pour leur dire quel genre d’homme il avait été. On sait qu’Owens s’est acquitté de sa tâche. Il a même servi de témoin d’honneur au mariage de Kai des années plus tard!
Notre réponse
Arrêt sur image Cette image prise à la Corrida de Verviers en décembre dernier nous a été envoyée par François Tefnin. Il écrit: «Un tag sur le mur résume mes souhaits à l’approche de 2017 et j’espère de tout cœur que les joggeurs qui sont passés devant l’auront aperçu eux aussi et qu’à l’issue de leur course folle, ils auront à cœur de s’en imprégner.»
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L’éditorial en question ne parlait que du recul de la lecture. Que d’autres facultés évoluent a contrario, c’est possible. C’est même certain. Pensons à la débrouillardise des jeunes face aux nouvelles technologies ou à leur vivacité d’esprit dans plein de situations, notamment les échanges sur Internet. La régression évoquée dans le texte n’englobait pas toutes les facettes de l’intelligence. Elle ne concernait que la lecture, victime dans notre hypothèse du déclin des facultés d’attention. Et pourquoi pas? Par le passé, on a accepté assez facilement l’idée d’une régression physique. Pourquoi pas celle d’une régression intellectuelle?
LA MUSE_DU COACH ENVOYEZ-NOUS VOS QUESTIONS ET NOTRE ENTRAÎNEUR ROGER IGO PRENDRA SA PLUS BELLE PLUME POUR VOUS RÉPONDRE. Le courrier doit être adressé à la rédaction: info@zatopekmagazine.com ou directement via notre site www.zatopekmagazine.com. Vous pouvez y poster directement vos questions en cliquant d’abord sur l’onglet "vos réactions" et puis sur "exprimez-vous". Face à l’abondance de courriers, seuls les abonnés auront désormais le privilège d’une réponse longue et personnalisée. Il suffit de mentionner vos noms et prénoms. L’ancien sous-officier d’élite Roger Igo exerce le métier d’entraîneur depuis plus de trente ans. A 62 ans, il compte de nombreux titres et distinctions en cross, sur route et en montagne.
LE CONTRAIRE DES GREMLINS
J’ai 42 ans et je cours trois fois par semaine depuis plus de 10 ans en tenant des moyennes de l’ordre de 12-13 km/heure. En général, je m’entraîne à jeun. Il est vrai que je souffre d’une hypersensibilité des intestins, proche de la maladie de Crohn. Mon problème, c’est que ces
Parcourez aussi notre grande bibliothèque de questions et de réponses. Vous y trouverez peut-être votre bonheur! www.zatopekmagazine.com
séances doivent obligatoirement s’effectuer avant 11 heures du matin. Plus tard dans la journée, c’est bien simple, je n’avance plus! J’ai l’impression de m’écraser à chaque pas. Mes pieds frappent douloureusement sur le sol. Quel est le problème? Fred Lanoy
Notre réponse Dans le film Gremlins de Joe Dante, on raconte la vie de charmants petits animaux qui deviennent odieux si, par malheur, quelqu’un commet l’erreur de leur donner à manger après minuit. Dans votre cas, ce serait plutôt l’inverse. Si vous voulez rester performant plus tard dans la journée, il vous faudra décaler les repas la veille et donc manger plus tard. Pure question d’arithmétique. Un bon repas permet de recharger ses réserves en glucides dans le foie (70 grammes) et dans les muscles (entre 150 et 300 grammes). Ces réserves sont consommées ensuite pendant les heures de sommeil (8 grammes/heure) et pendant toute la pé-
riode qui précède le petit-déjeuner (10 grammes/ heure). Cela augmente évidemment si vous allez courir (jusqu’à 100 grammes/heure). Vos réserves vous permettent alors de tenir une heure sans trop de problème. Une heure et demie avec de l’entraînement. Ensuite, le cerveau enverra ses premiers signaux de détresse. (NB: ceux-ci apparaissent alors que les stocks sont réduits à environ 20% de leur valeur maximale). En revanche, si vous attendez la fin de matinée, vous partez avec des réserves déjà bien entamées et il est normal que vous ressentiez l’impression d’un geste qui se dégrade.
HERNIE SOIT QUI MAL Y PENSE!
J’ai 58 ans et suis coureur depuis 20 ans. Je mesure 1,68 mètre et pèse 62 kilos. Je vous écris parce qu’on vient de me diagnostiquer une hernie discale au niveau L2/L3 avec canal lombaire étroit. On ne parle pas encore d’opération. Mais si cela devait arriver, aurais-je d’après vous, la possibilité de reprendre la course à pied? Barry
Notre réponse Un mot d’abord sur la pathologie. La hernie discale résulte de la dégénérescence des petits coussinets intercalés entre les corps vertébraux et il arrive qu’un bout de disque forme une bosse dans le canal médullaire où passent les nerfs du bassin et des jambes. Il s’agit d’une blessure hyper fréquente, même si d’ordinaire la lésion survient un ou deux étages en dessous. La plupart du temps, l’opération est inutile et l’acidité naturelle de l’organisme suffit à ronger les protubérances. Bien sûr cela peut mettre quelques mois. Autrefois, on mettait en garde contre les risques de la 14 ZATOPEK_41
course à pied. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. On a compris au contraire qu’elle entretenait les muscles profonds, responsables du maintien, et donc qu’elle participait à diminuer les contraintes sur les disques, même s’il ne s’agit pas d’une assurance tout risque. L’expérience de notre lecteur est là pour en attester. Donc on peut parfaitement continuer à courir. C’est même souhaitable. Il faut simplement suspendre ses entraînements en période de crise et peut-être agrémenter ces séances d’exercices de gainage. Faire la planche par exemple.
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CULTURE_CLUB
ART & ATHLÉTISME
RÉPONDEZ AUX 5 QUESTIONS ET GAGNEZ CE TABLEAU
L'artiste français Vincent Dogna est l'auteur de cette œuvre intitulée «Course polychrome» tirée à seulement 30 exemplaires. Il a décidé d'offrir un tirage au lecteur ou à la lectrice de Zatopek qui aura répondu correctement aux questions ci-dessous. Attention, cela n'a rien d'évident!
QUESTION 1
Salvador Dali a fait de l’athlétisme. Vrai ou faux? Si vous répondez «vrai», précisez sa discipline favorite
QUESTION 2
Qui est l’auteur de cette sculpture? QUESTION 3
Comment s’appelle ce tableau? Qui est son auteur et où est-il exposé?
QUESTION 4
Sur ce célèbre tag de Banksy, nous avons effacé l’objet que cet athlète est en train de lancer. Est-ce un javelot, des fleurs, une roquette ou une bouteille de Coca?
RÉPONSES
QUESTION 5
Quelque chose cloche dans cette scène de course peinte sur un vase de l’antiquité grecque. Mais quoi?
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Envoyez vos réponses par courrier à la rédaction en précisant qu’il s’agit du concours “art et athlétisme”. Soit par mail à l’adresse suivante: event@zatopekmagazine.com Soit par courrier aux adresses ci-dessous: Pour la France et la Suisse: Chemin Georges Brassens - 7, lotissement les Cigales - 84210 Pernes Les Fontaines Pour la Belgique: 177 rue Vanderkindere, 1180 Bruxelles Les réponses doivent nous parvenir avant le 15 février. A cette date, nous publierons sur notre site les bonnes réponses ainsi que la liste des personnes qui les auront trouvées. Le vainqueur du tableau sera tiré au sort et cela fera l’objet d’un direct sur les différentes pages Facebook du magazine.
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ZOOM_PHOTO DEPUIS QUELQUES ANNÉES, LES COLOR RUNS ESSAIMENT DANS LE MONDE. LE PRINCIPE EST SIMPLE. LES PARTICIPANTS SONT VÊTUS DE BLANC ET COURENT SUR UN CIRCUIT OÙ ILS SE FONT RÉGULIÈREMENT ASPERGER DE PIGMENTS VOLATILES. K PAR AURORE BRACONNIER
_COLOR RUN
C
olor Run est une marque déposée. Cela signifie qu’on ne peut pas reprendre le concept sans payer des royalties à la société-mère aux Etats-Unis. L’ironie du truc, c’est que l’événement lui-même s’inspire directement d’une fête du folklore hindou, appelée «Holi», que l’on célèbre chaque année lors d’une nuit de pleine lune à l’approche de l’équinoxe du printemps. Pendant cette cérémonie, des gens habillés en blanc se jettent des pigments de couleur tout en s’excusant. «Bura na mano, Holî hai» («Ne soyez pas fâché, c’est la fête de Holi»). Chose rarissime: le temps de la cérémonie, toutes les castes sont mélangées. En occident, le système de stratification sociale est, certes, moins strict qu’en Inde. Mais il existe tout de même et, là encore, les Color Runs prônent le mélange des genres. Sur son site, l’Américain Travis Snyder, l’homme à l’origine de ce détournement folklorique, invite par exemple les coureurs professionnels à se joindre aux amateurs pour une cavalcade qui n’a pas grand-chose à voir avec l’austérité de leurs habituelles compétitions.
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PSYCHOLOGIE_ET DOULEURS
ESPÈCE DE MASOCHISTE! LA PRATIQUE DE LA COURSE À PIED DEMANDE DE DÉPASSER SA SOUFFRANCE. BIZARREMENT, CELA NE DÉRANGE PAS SES ADEPTES. AU CONTRAIRE! ILS SONT NOMBREUX À DIRE QU’ILS RECHERCHENT LA DOULEUR. SONT-ILS MASOS?
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«C
’est dur mais c’est bon» pourrait être la devise des coureurs à pied. A première vue, elle contredit les us et coutumes des sociétés dites modernes dont un des principes est de favoriser le confort, entendez l’absence d’effort. Depuis l’invention de la roue jusqu’à celle du Segway, on a toujours procédé de la même manière: tout faire pour se faciliter la vie. Dans cette optique, la course à pied semble totalement absurde. Pourquoi se faire souffrir alors qu’on pourrait tranquillement se prélasser chez soi? Pourquoi provoquer douleur et lassitude dans nos membres alors que nous avons tout
fait, depuis des millénaires pour les dégager de leurs anciennes servitudes? Pourquoi s’époumoner sans gain immédiat? Ces questions, auxquelles tout adepte de la course à pied a déjà été confronté, n’appellent pas de réponse simple. Sauf peut-être pour celui qui les pose. Et à condition évidemment qu’il ne soit pas coureur. Pour lui, c’est simple. Il classera de plein droit cette activité dans une catégorie fourre-tout baptisée «masochisme». Autrement dit, il relie la course à pied à une pratique sexuelle qui associe la souffrance et l’extase. Le masochisme et son pendant, le sadisme (plaisir d’infliger la douleur), sont devenus si célèbres qu’ils se trouvent désormais résumés par deux simples lettres: SM
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PORTRAIT_
PRISON BREAK CHARLIE ENGLE FIGURAIT PARMI LES PLUS CÉLÈBRES ULTRA-MARATHONIENS DU MONDE LORSQU’IL FUT MIS EN PRISON POUR FRAUDE FISCALE EN 2010. PERSONNE MIEUX QUE LUI NE POUVAIT ILLUSTRER LES PROCESSUS CONNEXES DE PLAISIR ET DE DOULEUR À LA BASE DE CE QUE L’ON APPELLE COMMUNÉMENT LE MASOCHISME.
«V
oilà pourquoi Charlie Engle qui à sa façon symtant de coureurs bolise parfaitement cette dualité du d’ultramarathons bien et du mal que l’on peut réserver sont d’anciens à son propre organisme. «J’aspire toxicomanes ou au moment où chaque fibre muscud’anciens alcooliques: ils désirent re- laire me fera souffrir», explique-t-il. valoriser un corps qu’ils ont autrefois «J’aime faire rentrer la douleur, l’apmalmené», écrit l’auteure américaine privoiser et en jouer.» Engle raconte Leslie Jamison dans son recueil sur ensuite comment l’ultra-endurance lui l’empathie (1). «Ils veulent reprendre a permis de rompre avec dix années la maîtrise de la mécanique physique de profonde dépendance à la coà l’insatiable voracité dont ils étaient caïne. «La souffrance que l’on peut autrefois esclaves.» En accompa- ressentir dans ces efforts de plusieurs gnant son frère Julian sur la redou- centaines de kilomètres n’a rien à table Barkley (*), Jamison avait le voir avec le sentiment de privation projet de mettre en lumière les ressorts et de dépendance qui vous étreint mystérieux de l’attachement qu’entre- sous la cocaïne», nuance-t-il. «Au tiennent ces coureurs insamoins celle-là est parfaitiables avec la douleur. tement consentie.» Aussi Autant le dire tout de loin qu’il se souvienne, suite, elle a échoué. Elle Charlie Engle n’a jamais le reconnaît elle-même. pu faire les choses à moiCes coureurs restent un tié. A l’université, il s’est mystère. Cependant, elle d’abord jeté à corps perput lors de ce voyage du dans le sport et dans la dans le Tennessee, faire fête. Il lui arrivait ainsi de la connaissance de Leslie Jamison, la confidente. se relever la nuit pour aller
courir cinq heures d’affilée ou parfois d’enchaîner les «parties» et ne pas dessaouler pendant cinq jours. C’est d’ailleurs lors d’une de ces interminables beuveries qu’il découvre la cocaïne. Deux semaines suffisent pour le rendre complètement accro! Il passe alors ses journées à arpenter interminablement les jardins de ses paradis artificiels. Dans un éclair de lucidité, il perçoit qu’il est en train de creuser sa tombe et tente son premier sevrage. Beaucoup d’autres suivront, entrecoupés de phases de rechute qui constituent son chemin de croix. «Chaque fois que j’émergeais et voulais m’en sortir, j’enfilais mes chaussures», se souvient-il. «Courir était devenu une façon de me punir du mal que je faisais à mon corps.» En 1989, il participe à son premier marathon à Big Sur en Californie. Il termine en 3 heures et 22 minutes «avec un sentiment de soulagement mais aussi un profond désespoir.» La ligne d’arrivée à peine franchie, il appelle son dealer et disparaît de 41_ZATOPEK 27
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RENCONTRE_INSOLITE
Né à Butare (Rwanda), Jean Habarurema termine une thèse de philosophie à l’Université d’Angers. Il s’est mis à la course à pied en 2003 et enchaîne depuis lors les performances. Il remporte notamment son premier semi-marathon à Longeville-sur-Mer (Vendée) en 2005. En 2013, il boucle le marathon de Berlin en 2 heures 12 minutes et 40 secondes, se classant treizième.
DANS LE NU DE LA COURSE
«J
e ne m’habituerai jamais au froid.» Quand nous rencontrons Jean Habarurema dans sa ville d’adoption Angers, la température extérieure met un terme aux derniers espoirs d’été indien. Nous sommes le 7 octobre et le climat automnal vient de faire son apparition. Vêtu d’un simple jogging et d’une paire de baskets, il attend à la gare. Un large sourire découvre ce que l’on appelle les dents du bonheur. Il a mis du temps à répondre à nos premières sollicitations par mail. Timide? A notre rencontre, il se montre plutôt d’une extrême courtoisie et doté même d’un certain bagout. «Ici, les hivers me paraissent incroyablement froids et les étés d’une chaleur intenable.» Au Rwanda, son pays natal, Jean a
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grandi sous un climat tempéré toute l’année. Le temps de dénicher l’endroit propice pour l’interview et la conversation passe de la météo à la course à pied. Jean évoque son dernier marathon déroulé à Berlin une dizaine de jours auparavant. «J’ai terminé quinzième en 2 heures 13 minutes et 57 secondes. C’est plus que je l’espérais, je suis resté à plus d’une minute de mon record.» Nous approchons du café. «Je peux vous poser une question?» demande poliment Jean. «Pourquoi vous intéressez-vous à mon histoire?» Puis il explique: «Pour tout vous dire, j’hésitais à vous répondre car une maison d’édition m’a contacté pour me pousser à écrire mon récit.» Voilà donc levé le voile de ses premières réserves. Jean s’apprête à publier un livre retraçant sa vie. Son premier!
L’AUTOBIOGRAPHIE QUE VOUS VOUS APPRÊTEZ À PUBLIER SUIT-ELLE UN FIL CONDUCTEUR PARTICULIER?
Oui, celui des identités. J’essaie de dépeindre les différentes facettes de ma personne. Qui étais-je en tant qu’enfant? En tant qu’adolescent? Et maintenant en tant qu’adulte? Selon les divers épisodes de ma vie, mon «moi» a radicalement changé.
COMMENT DOIT-ON VOUS PRÉSENTER AUJOURD’HUI: UN PHILOSOPHE, UN COUREUR OU UN RESCAPÉ DU GÉNOCIDE RWANDAIS?
Disons que je suis un peu ces trois personnes à la fois, même si je n’aime pas beaucoup qu’on me présente en «rescapé du génocide». Qui suis-je prioritairement?
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CAH I E R TECH N IQU E
SOMMAIRE
1 Edito 2 A vos agendas
- 10 km de Payerne - La Mara de Sainte-Croix - Course des Traîne-savates - Trail des Reculées - Course des Ponts - 20KM de Lausanne - Tour du Chablais - Ultra boucle Villeneuve - Marathon du Lac d'Annecy - UrbanTrail des Singes - Montée du Poupet®
8 Ça a eu lieu
- UTAT - The Mud Day Swiss
- 20 km de Paris - Run Evasion Rhône - Night Run Just For Smile - Course de l'Escalade
12 La Loco du moment Le Stade Genève Athlétisme
13 Actualités
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- Le bilan 2016 du statisticien Antonin Hejda - Les Programmes Sport - Running Conseils
FÉVRIER MARS AVRIL 2017 LOCOMOTIVE
Edito Dans cette Locomotive, vous trouverez des courses qui ouvrent la saison et d'autres qui font le printemps. Avec un petit coup de cœur pour la Mara qui s’invite au calendrier pour préparer votre "fond". Mais vous pourrez aussi revivre les émotions procurées par les courses de l’automne dernier car si les saisons passent, les émotions restent et c’est bien ça tout l’intérêt de la course à pied! Laissez-vous embarquer... L’équipe Zatopek Suisse
Livre 28 itinéraires de trail en Suisse romande: guide pratique pour débuter et évoluer, Carole Genoud, éditions Favre Sorti début octobre, ce nouveau guide pratique affiche d’emblée sa vocation: dans un premier temps, expliquer ce qu’est le trail et, dans un second temps, proposer 28 parcours d’entraînement en Suisse romande. La promesse est alléchante! Ceci dit, la partie théorique se révèle succincte. Si l’on y trouve les éléments basiques de la discipline (définition des différentes distances, notions élémentaires d’entraînement, matériel...), on reste sur sa faim tant le propos reste général, sans jamais approfondir les thèmes abordés. Bon, tournons la page et découvrons les itinéraires! L’intérêt est déjà beaucoup plus vif pour ces suggestions de sorties en pleine nature: carte, description, distance ou dénivelé permettent de se faire une idée précise du parcours proposé. En revanche, on regrette que ces balades en montagne ne soient pas illustrées de manière plus qualitative. Notre conclusion: un guide bien utile pour découvrir de nouveaux chemins d’entraînement et, pour les purs néophytes, une première approche du B.A.BA de la discipline.
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LA LOCOMOTIVE CAHIER CENTRAL 16 PAGES
UN AIR_DE FAMILLE
Eilish McColgan pose à côté de sa mère Liz à laquelle, enfant, elle reprochait de consacrer trop de temps à l'athlétisme. Avant de faire exactement pareil!
ARRÊTE DE COURIR,
MAMAN!
ETRE FILS DE MARATHONIENNE N’EST PAS UNE SINÉCURE. FILLE NON PLUS, DU RESTE. CES ENFANTS ADRESSENT SOUVENT DES REPROCHES À LEUR MÈRE CAVALEUSE. DES REPROCHES PAS TOUJOURS DÉNUÉS DE BON SENS!
M
es parents étaient tout le temps partis» raconte l’athlète écossaise Eilish McColgan. Dans les années 80, son père Peter McColgan comptait parmi les meilleurs Britanniques sur 3000 mètres steeple. Sa mère Liz Lynch possède un palmarès encore plus prestigieux avec deux médailles d’or sur 10.000 mètres aux Jeux du Commonwealth, une médaille d’argent aux Jeux olympiques de Séoul en 1988 et des victoires aux marathons de New York,
Londres et Tokyo. Pendant une dizaine d’années, elle a régné sur le fond mondial aux côtés de Tegla Loroupe, Olga Bondarenko, Derartu Tulu, Fernanda Ribeiro et d’autres encore. «Avec mes trois frères et ma sœur, nous étions confiés à nos grands-parents» se souvient la jeune femme sans cacher une certaine amertume. Aussitôt après, elle tempère. «En fait, je ne me rendais pas compte de l’investissement qu’implique une carrière sportive de haut niveau.» Là-dessus, elle évoque un souvenir de jeunesse qui semble l’avoir beaucoup 41_ZATOPEK 35
UN AIR_DE FAMILLE 7 pages
TÉMOINS_
ELLE FUME PAS, ELLE BOIT PAS, ELLE DRAGUE PAS, MAIS ELLE COURT! LA NAISSANCE D’UN ENFANT CHAMBOULE TOUT: LES PROJETS PROFESSIONNELS, LES RELATIONS FAMILIALES ET MÊME LES HABITUDES SPORTIVES. CERTAINES FEMMES LE VIVENT MAL. D’AUTRES S’ÉPANOUISSENT AU CONTRAIRE DANS LEUR NOUVEAU RÔLE. ET VOUS? K Propos recueillis par Aurore Braconnier et Olivier Beaufays.
LA QUESTION QUI TUE
JE M’ARRÊTE OU J’CONTINUE?
CLOTHILDE
«J’ai un cousin qui a l’art de poser les questions qui tuent. Et ça n’a pas manqué quand il a demandé à ma fille cadette quel était le plus grand défaut de sa maman. «Elle court» a-t-elle répondu. Sur le coup, je l’ai mal pris. Merde! J’avais mis le sport de côté durant toute leur petite enfance. Là, je venais de reprendre tout doucettement et en veillant chaque fois à ne pas nuire à leurs activités. Manifestement, c’était encore trop! Le sujet est revenu sur la table quelques années plus tard. J’ai compris alors que ce n’était pas “On n’est jamais trop le fait que je m’absente si bien servi que de temps à autre qui l’empar sa mère.” bêtait mais que je pense à prendre du temps pour moi. Jacques Pater, En somme, que je ne sois comédien pas seulement une maman!»
IL L’A DIT!
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CÉLINE
«J’ai commencé l’athlétisme à 10 ans. Je m’entrainais jusqu’à neuf fois par semaine. Les compétitions apportaient de la rigueur et de l’organisation dans ma vie. Lorsque je suis tombée enceinte, beaucoup plus tard, j’ai tout arrêté. Quelques mois après l’accouchement, j’ai voulu reprendre juste pour le plaisir. Mais je n’en ai éprouvé aucun! Plus de muscles, des kilos en trop, j’avais perdu toute sensation! Pendant un mois, je me suis échinée. En vain. J’allais renoncer quand j’ai fait la rencontre d’un petit groupe de coureurs dilettantes. Petit à petit, j’ai appris à courir pour le plaisir, sans autre objectif que de me maintenir en forme. Mes priorités ont clairement changé. C’est pas plus mal comme ça!»
TÉMOINS 8 pages
LE MONDE_SELON KANT LES DIÉTÉTICIENS POSSÈDENT UN TAS DE BONNES RAISONS DE BOYCOTTER LE COCA-COLA. LES ÉCOLOGISTES, ENCORE PLUS.
POURQUOI J’AI ARRÊTÉ DE BOIRE DU COCA-COLA
(ET PAS POUR DES RAISONS DIÉTÉTIQUES)
«E
n tant qu’enfant, on m’a martelé que le Coca-Cola était mauvais pour la santé» écrit l’ultramarathonienne américaine Camille Herron sur son blog. «Or c’est faux! Il aide à la performance.» Cette sortie médiatique serait-elle inspirée par
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le seul goût de la provocation? Non! Dans le monde de l’ultra-endurance, les coureurs sont nombreux à partager cet avis et à vanter les mérites du Coca. La scène suivante se déroule la veille du départ du dernier Marathon des Sables. «L’heure de prendre un dernier repas arrive», écrit un concurrent français prénommé Christophe
sur son blog. «Les tentes 72 et 73 se rejoignent pour manger ensemble. Nous trinquons au Coca-Cola.» Ce seront les dernières rasades avant longtemps. Pendant la course, en effet, les participants doivent se contenter des aliments qu’ils emportent avec eux. Soit essentiellement des produits lyophilisés. Pas question de
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DES CHERCHEURS_ QUI CHERCHENT
POUR OU CONTRE
LES CORPS CÉTONIQUES DEPUIS QUELQUES ANNÉES, LES RUMEURS LES PLUS FOLLES BRUISSENT À PROPOS DE NOUVELLES BOISSONS DE L’EFFORT À BASE DE CORPS CÉTONIQUES DONT LES RÉSULTATS SUR L’ENDURANCE SERAIENT SANS COMPARAISON. ENCORE FALLAIT-IL MENER DES ÉTUDES POUR ATTESTER LEUR EFFICACITÉ. C’EST CHOSE FAITE! LISEZ PLUTÔT.
C
ela faisait des mois qu’on les attendait! Quoi donc? Les résultats des premières études sur l’efficacité des boissons à base de corps cétoniques, pardi! Les spécialistes en nutrition de l’effort ne parlent que de ça. Ces nouveaux breuvages sont-ils vraiment aussi
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efficaces qu’on le prétend ou n’estce qu’une façon supplémentaire de plumer les consommateurs? Car le prix, lui, est tout à fait extravagant. Comptez 2000 livres anglaises (soit +/- 2300 euros) pour un litre de mélange appelé «Delta-G». Oups! Cela fait la bouteille de Delta G au prix du Pétrus. Depuis les Jeux de Londres en 2012, on soupçonne néanmoins un usage de ces boissons au sein de l’équipe britannique d’athlétisme. Sans certitude toutefois. Les témoignages de première main sont difficiles à obtenir et la plupart des personnes interrogées nient ce recours ou entretiennent le mystère. Il fallait donc impérativement que le produit soit testé dans des conditions expérimentales rigoureuses. La tâche fut confiée à une équipe de l’Université d’Oxford dirigée par la physiologiste Kieran
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MACADAM_PEOPLE
ABSURDE,
N’EST-IL PAS?
EMIL ZATOPEK N’ÉTAIT PAS SEULEMENT L’UN DES PLUS GRANDS CHAMPIONS DE L’HISTOIRE. IL FUT AUSSI PRÉCURSEUR EN MATIÈRE D’ENTRAÎNEMENT ET SE CONCOCTAIT DES SÉANCES JUGÉES ABSURDES PAR SES CONTEMPORAINS. ABSURDE, VRAIMENT?
«S
on entraînement était effectivement assez dingue», affirme le journaliste britannique Pat Butcher, auteur d’une biographie consacrée à Emil Zátopek (1). «A la fin de sa carrière, il a d’ailleurs admis son erreur et reconnu qu’il s’était prématurément usé à faire trop de kilomètres.» Butcher, qui fut lui-même un athlète de bon niveau, est convaincu qu’en se ménageant un peu, le coureur tchécoslovaque aurait pu réaliser des performances encore meilleures. Surtout, il aurait pu durer plus longtemps. Pour cela, il aurait fallu qu’il s’entraîne «moins et mieux», résume Butcher. Il faut préciser ici que Zatopek a mené l’essentiel de sa carrière en autodidacte. Il repérait ce qui semblait bien fonctionner pour ses adversaires et testait l’effet sur sa propre forme. Ainsi, il s’est beaucoup inspiré des écoles fin-
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landaise et suédoise de la première moitié du XXe siècle qui prônaient de découper l’effort en tranches et de varier les vitesses. Sur le terrain, il a traduit ces préceptes dans le cadre de séances restées célèbres où il enchaînait des 400 mètres à vive allure en s’octroyant quelques secondes de récupération entre les tours. A force de travail, Zátopek était ainsi parvenu à encaisser des contraintes bien supérieures à celles de tous ses adversaires. D’où le qualificatif qu’on usait parfois à son endroit -absurde!- alors qu’il était tout simplement en train de révolutionner l’entraînement. «Le modèle qu’il nous a légué est encore celui que suivent les meilleurs coureurs actuels, kényans et éthiopiens», poursuit Butcher. «On peut vraiment dire que c’est lui qui a inventé l’entraînement fractionné.»
Deux records du monde pour le prix d’un Zátopek ne faisait pas que s’entraîner avec un engagement qui frisait parfois le stakhanovisme. Il a aussi couru énormément! Il faisait jusqu’à trente compétitions par saison, souvent contraint et forcé par les responsables politiques tchécoslovaques qui entendaient bien profiter indirectement de sa renommée planétaire. «Là encore, c’était beaucoup, beaucoup trop», s’indigne Pat Butcher. «En s’économisant un peu, il aurait pu réaliser bien mieux que ses records, tant sur le 5000 mètres à Stockholm (13’57’’ le 3 septembre 1954) que sur le
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