ZATOPEK_SUISSE_50_LISEUSE

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zatopekmagazine.com

Zatopek

La course

à pied

sous un autre angle

N°50 - trimestriel - mai - juin - juillet 2019 - Suisse - 10CHF

L e 1 er M a g a z i n e R u n n i n g & S a n t é d e S u i s s e R o m a n d e

Alimentation

Les erreurs à l’origine des tendinites

Chaussures de running N’en jetez plus !

Télomérase

La grosse arnaque

Surprenant

La véritable histoire de Jean Bouin

LE MUR DU MARATHON EXISTE-T-IL VRAIMENT ? L 16992 - 50 - F: 5,50 € - RD

Néandertal

Le père de tous les sprinteurs

AGENDA PRINTEMPS/ÉTÉ  DES COURSES EN SUISSE



ZATOPEK EST UNE PUBLICATION DES Editions Sport et Santé sprl 177 rue Vanderkindere B-1180 Bruxelles (Belgique) TVA: BE 0882 202 726 Tel: 00 32 (0)2 538 54 58 Fax: 00 32 (0)2 537 13 38 Email: info@zatopekmagazine.com Site web: www.zatopekmagazine.com SERVICE ABONNEMENTS Sur le site www.zatopekmagazine.com ou par téléphone: 00 33 (0)4 32 80 26 83 (France) et 00 32 (0)2 538 54 58 (Belgique et autres pays). EDITEUR RESPONSABLE Gilles Goetghebuer 177 rue Vanderkindere B-1180 Bruxelles DIRECTEUR DE PUBLICATION Jean-Paul Bruwier jpb@zatopekmagazine.com CONCEPTION ET GRAPHISME ILOVE MEDIA bvba REDACTEUR EN CHEF Gilles Goetghebuer gilles@zatopekmagazine.com SECRETAIRE DE REDACTION Anouk Ramaekers anouk@zatopekmagazine.com ICONOGRAPHIE Olivier Beaufays olivier@zatopekmagazine.com ONT COLLABORE A CE NUMERO: Olivier Beaufays, François Borel-Hänni, Aurore Braconnier, Simon Carpentier, Louise Deldicque, Pierre Ficher, Marc Francaux, Adrien Jacquot, Roger Igo, Julien Legalle, Hilde Meesters, Anouk Ramaekers CREDITS PHOTOS Ph. Levy/EPPDCSI:16,17; El Deseo:18; Agence Dumas: 14,15,18,19,21,25,29,36,38,40 ,52,54,55,56,59,60,61,62,63,64,65,66; Alamy:19,27,53; Nike media:22,28,29; Ralph Steadman:23; Big Sur marathon:24; New York Road runners:25; Shutterstock:35; Spomeidis/ triathlon.org:36; Belga image: 46; Gallica/ BNF:47,48,49,50; Pixabay:52; Run collect:55; OAT:56; Puma:57; Adidas:58,59; REGIE PUBLICITE Toutes éditions, Belgique et Luxembourg: Ghislaine De Drijver et Isabelle Crutzen Sport Consulting & Education & Medias SA Mobile: 0032 (0)477 63 01 44 isabelle@zatopekmagazine.com Pour la France et la Suisse: Pascal Leost Email: pub@zatopekmagazine.com 7 lot. Les Cigales Chemin Georges Brassens 84210 Pernes-les-Fontaines Tél: 00 33 (0)4 32 80 26 83 COMMISSION PARITAIRE: 1115 U 89417 IMPRESSION Imprimé en Belgique/Printed in Belgium Imprimerie Bietlot Rue du Rond-Point 185 B-6060 Gilly Belgique DISTRIBUTION Belgique: Tondeur Diffusion Patrick Malotaux 9 Avenue Van Kalken 1070 Bruxelles Tel: 0032 (0)2 555 02 11 Luxembourg: MPK – Elisabeth Biever 11, rue Ch. Plantin – B.P. 2022 L-1020 Luxembourg Tel: 0035 (0)2 499 888 306 France, Suisse et Québec: MLP ZA de Chesnes -55 bd de la Noirée F-38070 Saint Quentin Fallavier Tel: 0033 (0)4 74 82 39 56 Trimestriel Février, mars, avril 2018 N° ISSN 1783-4104 La reproduction des textes et photos publiés dans ce numéro est interdite LA LOCOMOTIVE (toutes éditions) Est un supplément gratuit au trimestriel Zatopek et ne peut être vendue séparément Rédacteurs Belgique: Olivier Beaufays. Email: olivier@ zatopekmagazine.com Eric Cornu. Email: eric@zatopekmagazine.com Eric Verschueren Rédacteurs France et Suisse: Cyrille Gindre cyrille@volodalen.com Sophie Sartet sophie@zatopekmagazine.com

SOMMAIRE_

EDITORIAL L

ors d’une prochaine discussion houleuse, faites le test. Essayer de définir précisément la cause de la dispute. Parfois il s’agira d’une objection de fond. Mais le plus souvent, le problème vient de la forme. En fait, tout le monde veut plus ou moins les mêmes choses: la liberté, la sécurité, un partage équitable des tâches ennuyeuses, quelques distractions et de l’affection. Surtout de l’affection! Certes, il peut y avoir des différences de priorités selon les individus. Mais c’est relativement rare. En revanche, la façon de les formuler diffère du tout au tout. Et pour cause! Nous n’utilisons pas les mêmes mots pour dire les mêmes choses. Le mot «chien», par exemple. A l’évocation de l’animal, certains pensent à la zone plus chaude à la base de l’oreille et où ils passeraient volontiers la main. D’autres pensent à ses dents. Le mot «chien» peut tout aussi bien évoquer le regard un peu triste qu’il nous porte ou les merdes qui jonchent les trottoirs. Parlant de chien, on comprend qu’un consensus est difficile à trouver et l’embarras se trouve multiplié au centuple dès qu’on aborde des matières plus complexes comme l’importance des télomères (lire page 13), le rôle du glycogène (lire page 22) ou même la pollution à laquelle les sportifs, eux aussi, contribuent fortement (lire page 52). Ces difficultés à s’entendre les uns avec les autres ne datent pas d’aujourd’hui. Elles existaient déjà à l’aube de l’humanité lors des noces entre Sapiens et Néandertal. Dans un article passionnant, vous découvrirez ce que nos ancêtres préhistoriques mirent dans la corbeille: l’un son endurance, l’autre ses qualités de sprinteur (lire page 40). Bref, vous avez compris. L’incompréhension sera le fil rouge

de ce numéro avec des histoires parfois tragiques comme pour le soldat Jean Bouin, tombé en 1914 sous les obus tirés par ses propres lignes (lire page 46). Elle est partout, l’incompréhension. Tout le temps. Elle monte comme l’eau d’un bateau qui coule. Il faut écoper. Ecoper sans cesse. Pour cela, le langage écrit constitue un meilleur outil que la forme verbale, sujette aux emportements. Le langage écrit? A condition d’en perpétuer l’usage. C’est-à-dire qu’on continue à se lire et à s’écrire. Dans le cas contraire, on risque tout simplement de ne plus être en capacité de s’entendre. Plusieurs auteurs de science-fiction se sont déjà amusés à décrire ce sombre avenir: Orwell, Wells, Bradbury, Barjavel, Sturgeon. Mais le plus habile peut-être à avoir perçu le danger s’appelle Kurt Vonnegut (ou plus exactement Kilgore Trout, un personnage imaginé par Kurt Vonnegut) dans un livre dont on ne sait rien, sinon le pitch. Le voici! «Une créature nommée Zog arrive sur la Terre en soucoupe volante pour expliquer comment les guerres pouvaient être évitées et comment le cancer pouvait être guéri. Il apporta ces informations de la planète Margo où les autochtones conversent au moyen de pets et de pas de claquettes. Zog atterrit de nuit dans le Connecticut. A peine a-t-il touché terre qu’il voit une maison en flammes. Il se précipite dans la maison en faisant des pets et des pas de claquettes pour avertir les habitants du terrible danger qu’ils courent. Le chef de famille dégomme Zog avec un club de golf.»

04_AJOUTEZ A MON PANIER

30_VOYAGE VOYAGE

10_COURRIER DES LECTEURS

35_TENDINITE

Tout ce qu’il faut pour courir à la page

12_ZOOM

Pourquoi Usain Bolt ne sera jamais un grand footballeur.

Gilles Goetghebuer

Japon, l’autre pays des coureurs! L’acide urique, suspect n°1

40_PALEONTOLOGIE

Néandertal versus Sapiens: qui court le plus vite?

14_LA MUSE DU COACH

46_HISTOIRE VRAIE

16_CULTURE CLUB

52_LE MONDE SELON KANT

18_SCIENCE ET LONGEVITE

60_TEMOINS

Roger Igo répond à vos questions. L’exposition Corps et sport: apportez vos baskets. Les télomères ne s’achètent pas en pharmacie.

Jean Bouin, le premier athlète moderne Vivre sans déchet, c’est possible. Et courir? Parlez-moi de vos pompes.

22_GLYCOGENE

Quand y en a plus, y en a encore.

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AJOUTEZ_À MON PANIER

Dressez l’oreillette

CHAQUE SAISON VOIT FLEURIR SON LOT DE NOUVEAUTÉS. VÊTEMENTS, CHAUSSURES ET AUTRES GADGETS POUR RENDRE LA COURSE À PIED PLUS MODERNE. TOUJOURS PLUS MODERNE. Rubrique réalisée par Olivier Beaufays et Simon Carpentier

JVC HA-ET65BV

Les conseils fournis par ces écouteurs JVC sont totalement personnalisés. Ils tiennent compte du poids, de la taille, du sexe et de l’âge du coureur mais aussi de la façon de se tenir. Pour régler l’appareil lors de la première utilisation, l’usager doit donc se tenir debout le plus naturellement possible avec les oreillettes bien calées dans le conduit auditif afin qu’elles aient le temps d’enregistrer tous les paramètres nécessaires.

Lève la tête, t’auras l’air d’un coureur

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Ces écouteurs présentent un tas d’avantages comme un cordon réglable en longueur, des aimants pour fixer les oreillettes autour du cou, une autonomie de sept heures, plusieurs embouts qui s’adaptent à chaque morphologie auriculaire et, bien sûr, une totale imperméabilité. Mais il y a plus extraordinaire encore! Ces écouteurs sont équipés de micro-capteurs qui transmettent une foule d’informations à une application dédiée. On mesure ainsi l’inclinaison de la tête, la cadence de course, la lourdeur de l’impact sur le sol, la symétrie du mouvement, etc. Toutes ces données sont traitées en temps réel et éventuellement communiquées au coureur quand il y a lieu de corriger certains déséquilibres, souvent annonciateurs de vilaines blessures.

Le saviez-vous? Les fractures de fatigue du tibia ne seraient pas liées au martèlement des pieds sur le sol. Voilà la conclusion à laquelle sont parvenus des chercheurs en génie mécanique de l’Université Vanderbilt (Etats-Unis). En analysant la foulée d’une dizaine de coureurs grâce à un tapis de course équipé de capteurs de pression, ils n’ont pas remarqué de corrélation franche entre la violence de l’impact et les tensions enregistrées au niveau du tibia. Mieux: parfois, quand une valeur augmentait, l’autre Cassé! diminuait! Pour ces spécialistes, les fractures de fatigue seraient plutôt imputables à l’excès de traction sur des zones relativement étroites d’insertion tendineuse.

L’AVIS D’UN PRO

129€

JEROEN D’HOEDT

Qualifié pour les Jeux de Rio sur 3000 mètres steeple “Le nombre d’informations délivrées par ces écouteurs est impressionnant. L’avantage, c’est que la commande vocale ne s’active qu’en cas d’absolue nécessité. On peut écouter tranquillement sa musique sans être soulé d’informations inutiles. Exemple? En reprenant les infos à l’issue d’une séance d’entraînement, je me suis aperçu que j’avais accusé une perte de force de l’ordre de 0,5% dans une jambe. C’est le genre de détails très difficile à corriger en courant! De ce fait, l’appareil ne m’a rien dit. En revanche, il m’a averti à chaque fois que j’avais tendance à trop baisser la tête en descente. Comme quoi, même après dix ans de pratique à haut niveau, on reste perfectible!”

““

IL L’A DIT !

Qui néglige la musique ignore l’approche du sublime.  Louis Nucera, écrivain (1928-2000)

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COURRIER_DES_LECTEURS RÉAGISSEZ SUR WWW.ZATOPEKMAGAZINE.COM OU ENVOYEZ VOTRE COURRIER Pour la France et la Suisse: Chemin Georges Brassens - 7, lotissement les Cigales - 84210 Pernes Les Fontaines Pour la Belgique: 177 rue Vanderkindere - 1180 Bruxelles

De l’air, de l’air! Lors des joggings, c’est une véritable plaie de devoir inhaler en plein effort les gaz d’échappement des voitures forcées à l’arrêt par le passage des coureurs. Je plains aussi les signaleurs qui doivent rester des heures dans cette puanteur. Avis aux automobilistes! Coupez vos moteurs quand vous ne roulez pas. Et ne croyez surtout pas cette vieille antienne qui veut qu’en laissant tourner, on consomme finalement moins d’essence qu’avec un redémarrage. C’est faux! Au-delà de dix secondes, la coupure permet de faire des économies. En France, le législateur pourrait s’attaquer à cette mauvaise habitude et s’inspirer de ce qui se fait en Belgique où, depuis le 1er mars 2019, les conducteurs de véhicules en stationnement sont tenus de couper leur moteur. Le code prévoit une amende de 130 euros pour les récalcitrants. François Janne d’Othée

Rendez-vous à Berlin L’expression «rendez-vous à Berlin» était celle de beaucoup de soldats des troupes alliées en partance pour les deux guerres mondiales. Beaucoup des mobilisés durent déchanter devant la durée et la cruauté des conflits. Aujourd’hui, elle revêt une tout autre signification comme on le découvre à la lecture de cette lettre en provenance de Grasse (Alpes-Maritimes). «En tant que lecteur assidu de votre magazine, je suis moi aussi désireux de partager ma passion. En 2018, notre campagne ‘Grasse à New York’ avait pour but de permettre la participation de cent Grassois au marathon de la Grande Pomme. On récidive cette année avec pour ambition d’être la ville de France la plus représentée au Des Grassois à New York prochain marathon de Berlin, le dimanche 30 septembre 2019. Tout le monde se mobilise. Le maire de Grasse, le boucher du coin, le pizzaïolo, le directeur d’école et d’autres personnes encore, sportives ou non, qui ont d’ores et déjà annoncé qu’elles seraient du voyage. Chaque semaine, nous nous entraînons ensemble et échangeons des bons plans via les réseaux sociaux. Vous avez compris. Cette initiative vise à fédérer autour d’un projet une foule de gens qui ne se connaissaient pas mais pourront, le jour venu, se soutenir pour relever le défi. Et cela marche! Nous étions 42 coureurs grassois au trail de la Muraille de Chine et 170 aux Défis du Chott (trail dans le sud tunisien). Et nous serons 97 à Berlin!» Emmanuel Delgrange Pour plus d’informations, voir le site grasseanewyork.com 10 ZATOPEK_50

Chinguetti point On sait que la logique des organisateurs de trail consiste à repousser toujours plus loin les frontières de ce que l’on croyait possible. Cette fois, Alain Gestin a fait fort! Celui qui se définit lui-même comme «têtu, teigneux et grand rêveur à la caboche dure» propose une course de mille kilomètres dans le désert mauritanien à vingt participants triés sur le volet! Patrick Ostrowski sera du voyage. Claude Bonnard, son épouse, le sera aussi en tant que médecin de cette aventure. Cet «aficionado» de Zatopek nous a écrit. «Je prends toujours un grand plaisir à lire vos articles et apprécie particulièrement votre esprit critique. Dans le dernier numéro, celui sur les vieux coureurs qui préfèrent les longues distances aux épreuves plus courtes et plus rapides, m’a fait sourire. En effet, je viens de passer la soixantaine et je m’apprête à disputer l’unique édition de la plus longue course à pied non-stop dans un désert: mille kilomètres de dunes infinies. Elle se déroulera du 3 au 24 novembre autour de l’ancienne place forte Chinguetti, connue pour ses nombreuses bibliothèques qui comptent des livres en peau de gazelle vieux de plus d’un millénaire. La course passera par la ville d’Ouadane, inscrite par l’Unesco au patrimoine de l’humanité, puis par la passe d’Amogjar où fut tourné Fort Saganne, par l’extraordinaire oasis de Terjit ou encore par le dôme de Richat, une étrange concrétion géologique qui, vue du ciel, lui vaut le surnom d’’œil de l’Afrique’. La course ne prévoit aucun arrêt, seulement une tente checkpoint tous les 20 kilomètres pour l’eau et les ravitaillements. Brrr!» Patrick Ostrowski


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Trail

10km

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21km

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42km

80km bruxelles environnement leefmilieu brussel .brussels

Walk

10/21km


ZOOM_PHOTO EN OBSERVANT ATTENTIVEMENT UNE IMAGE, ON PEUT DÉCOUVRIR UN TAS DE DÉTAILS QUI ÉCLAIRENT LE SPORT SOUS UNE TOUT AUTRE LUMIÈRE. CELLE-CI A ÉTÉ PRISE EN AUSTRALIE EN OCTOBRE 2018 LORS D’UN MATCH DE FOOTBALL QUI N’AURAIT RETENU L’ATTENTION DE PERSONNE S’IL N’AVAIT ÉTÉ L’OCCASION DE DÉCOUVRIR LES TALENTS FOOTBALLISTIQUES D’UN CERTAIN USAIN BOLT.

B

olt a pris sa retraite sportive en été 2017, à 30 ans, juste après l’une des rares défaites de sa carrière. Il avait fini troisième sur 100 mètres aux Mondiaux de Londres, derrière les Américains Gatlin et Coleman. Passée cette dernière course, il a surpris la planète sportive en annonçant une reconversion dans le football et en entamant un véritable tour du monde pour trouver une équipe professionnelle susceptible de l’accueillir. Au début, il visait très haut (Borussia Dortmund, le deuxième meilleur club d’Allemagne). Trop haut! Il a ensuite revu ses ambitions à la baisse et fait des essais à des niveaux plus modestes, en Afrique du Sud et en Norvège. Il était même venu en France fin 2016 participer à un entraînement de la JS Saint-Jean-Beaulieu (Alpes-Maritimes), un club amateur qui à l’époque évoluait au sixième échelon de son pays. Sportivement, cela doit plus ou moins être son niveau. D’ailleurs c’était également celui de l’athlète français Fouad Chouki qui avait tenté une reconversion similaire en 2011 et livré quelques matchs au cinquième niveau français avec l’ASM Belfort. (CFA2)

O

n le voit ici qui porte le maillot du club australien des Central Coast Mariners basé à Gosford, une petite ville située à 75 kilomètres au sud de Sydney. L’image a été prise lors d’un match d’intersaison remporté par les Mariners contre Macarthur United (4-0) et au cours duquel Bolt avait marqué deux buts. On pensait qu’il était casé. Finalement, les négociations ont capoté pour des raisons salariales. Les Mariners proposaient un contrat annuel d’environ 100.000 euros. Bolt en voulait 18 fois plus!

D’

autres clubs seront peut-être tentés de gagner en notoriété en l’engageant pour quelques saisons. Il est grand (1,95 mètre) et plutôt adroit de la tête. En revanche, il pèche par sa couverture de balle. Normal! Un sprinteur utilise ses bras seulement pour équilibrer sa course. Un footballeur s’en sert pour une multitude d’autres choses comme déstabiliser l’adversaire. Cela ne s’apprend pas en quelques jours!

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n lui a donné le numéro 95, probablement en raison de son record du monde sur 100 mètres en 9,58 secondes.

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LA MUSE_DU COACH ENVOYEZ-NOUS VOS QUESTIONS ET NOTRE ENTRAÎNEUR ROGER PRENDRA SA PLUS BELLE PLUME POUR VOUS RÉPONDRE.

IGO

Le courrier doit être adressé à la rédaction: info@zatopekmagazine.com ou directement via notre site www.zatopekmagazine.com. Vous pouvez y poster directement vos questions en cliquant d’abord sur l’onglet «vos réactions» et puis sur «exprimez-vous». Face à l’abondance de courriers, seuls les abonnés auront désormais le privilège d’une réponse longue et personnalisée. Il suffit de mentionner vos noms et prénoms. L’ancien sous-officier d’élite Roger Igo exerce le métier d’entraîneur depuis plus de trente ans. Fort de ses nombreux titres et distinctions en cross, sur route et en montagne, il vous apportera ses réponses.

AU SECOURS!

J’ai 53 ans. Je pèse 70 kilos pour 1,78 mètre. Je suis régulièrement sujet aux tendinites d’Achille, ce qui m’oblige à m’arrêter et à faire de longues séances de rééducation. Ma kinésithérapeute me conseille de changer la marque de mes chaussures. Mais encore? Gérald Notre réponse La tendinite d’Achille est une plaie en course à pied! Les tendons sont des tissus peu vascularisés. De ce fait, ils guérissent très lentement et on ne peut pas faire grand-chose pour prévenir leur inflammation ou en accélérer la guérison. Sinon boire beaucoup d’eau. En effet, le tissu tendineux est hypersensible à la déshydratation. En cas d’inflammation, on préconise effectivement le repos en alternance avec de prudentes mises sous tension pour favoriser la cicatrisation. Pour cela, un escalier suffit. On se place debout avec l’avant du pied en appui sur un bord de marche puis on descend lentement les talons dans le vide avant de les remonter. On recommence plusieurs fois en cours de journée tout en restant «dans les limites de la douleur» disent les médecins. En ce qui concerne les chaussures, on peut essayer d’y glisser une talonnette, ce qui réduit légèrement l’étirement du tendon pendant la course. Mais la méthode ne fait pas l’unanimité. Sinon il existe des modèles avec un drop plus important, c’est-à-dire qu’on relève légèrement l’arrière du pied par rapport à l’avant. Cela vaut la peine d’essayer. En cas de récidive, on consultera un orthopédiste. Le problème peut effectivement découler d’une inégalité de longueur de jambe ou encore d’un déséquilibre au niveau du bassin que seuls pourront révéler des examens plus approfondis.

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Parcourez aussi notre grande bibliothèque de questions et de réponses. Vous y trouverez peut-être votre bonheur!

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LES CONSEILS POUR LA REPRISE

Après un an de repos complet, j’ai recommencé à courir. C’était il y a quinze jours. J’ai couvert 10 kilomètres en 63 minutes. Les sensations n’étaient pas trop mauvaises. En revanche, j’ai été étonné de voir littéralement s’envoler ma fréquence cardiaque. Pendant toute la séance, je suis resté aux alentours de 150 pulsations/minute alors qu’un an plus tôt, pour un effort similaire, elle aurait été de 105-110. J’en ai parlé à mon médecin qui m’a conseillé de ne pas dépasser les 150 pulsations/minute. Qu’en pensez-vous? Michel Notre réponse La forme décline vite lorsqu’on arrête de s’entraîner. Surtout chez ceux qui partent de haut, ce qui semble être votre cas. Après trois mois, il n’est pas rare d’enregistrer des baisses de VO2max de l’ordre de 15-20%. Cela s’explique de différentes manières et notamment par la diminution du volume sanguin circulant. En clair, le cœur doit pomper plus pour apporter la même quantité d’oxygène aux cellules. Certes, cela ne justifie pas une différence de 50 battements par minute. On en déduit donc que vous étiez sans doute un peu plus nerveux que d’habitude à l’heure de la reprise. Et peut-être un peu déshydraté aussi. Pas d’inquiétude, cependant. Tout devrait se remettre progressivement en place. Pour cela, on vous conseille de commencer par quatre à six semaines de course lente à raison de deux ou trois séances de 50 minutes par semaine. Histoire de renouer avec les anciennes sensations. On reconnaît facilement le retour de cette «endurance fondamentale» au fait qu’on arrive à parler en courant. A la suite de quoi, vous pouvez remettre un peu d’intensité et passer à la phase dite d’«endurance active» où vous accélérez la cadence. Vous tirez sur les bras. Vous poussez plus fort sur le sol. Surtout, vous arrêtez de parler! Ensuite, il sera temps de passer aux séances fractionnées de type pyramidal: 1’ d’effort, 1’ de repos; 2’ d’effort, 2’ de repos; 3’ d’effort, 3’ de repos. Puis on redescend: 2’ d’effort, 2’ de repos et enfin 1’ d’effort, 1’ de repos. L’avantage d’un tel découpage, c’est que ceux qui avaient présumé de leurs forces en phase ascendante pourront ajuster le tir en phase descendante. Quant au nombre de pulsations, ne lui accordez pas trop d’importance. Les sensations en disent infiniment plus!


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CULTURE_CLUB CORPS ET SPORT

L’EXPOSITION QUI VOUS DÉSHABILLE

S

i vous êtes de passage à Paris dans le courant de l’année 2019, songez à faire un saut à la Cité des Sciences et de l’Industrie pour y visiter l’exposition Corps et sport. On apprend un tas de choses sur le fonctionnement de notre organisme à l’effort. On peut aussi mettre ses talents en pratique en s’essayant à différentes disciplines. Selon les ateliers, on est invité à réaliser un geste complet sous l’œil des caméras et à se comparer ensuite avec un champion. En général, l’égo en prend un coup. On peut aussi mesurer la puissance de son service au tennis, la qualité de ses réflexes en boxe, ses capacités d’adaptation spatio-temporelle en football ou sa coordination générale par le biais de toutes sortes d’exercices qui consistent par exemple à éteindre le plus rapidement possible des signaux lumineux intermittents en tapant dessus soit avec la main, soit avec le pied. Mention spéciale à l’atelier biathlon qui propose d’abord de courir sur place le plus vite possible. Des capteurs au sol traduisent les impacts en une distance parcourue. Ensuite, on se saisit d’une carabine, certes moins sophistiquée que les armes utilisées en compétition, mais assez tout de même pour pouvoir viser des cibles à distance et leur tirer dessus, la réalité virtuelle permettant de se passer de projectiles. On réalise alors à quel point l’essoufflement est préjudiciable à la précision du geste. Nouvelle grosse claque narcissique. Pas question de se décourager, cependant. On doit encore se rendre sur la plate-forme de force où l’on déduira un tas de paramètres d’un simple test de détente verticale, mains aux hanches.

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Par exemple que la poussée des pieds sur le sol n’est pas toujours identique des deux côtés et surtout que la puissance maximale dégagée et donc le temps de suspension dans les airs varient en fonction des individus, de leur sexe et surtout de leur âge. Les jeunes vont globalement plus haut que les vieux. Troisième baffe! Il est dommage d’ailleurs que les ingénieurs de l’INSEP (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance) qui ont participé à la conception de cette exposition n’aient pas songé à recueillir quelques infos sur les participants: âge, sexe, niveau sportif. Cela aurait permis de récolter une foultitude de données exploitables. Entre son ouverture en octobre 2018 et sa fermeture en janvier 2020, Corps et sport devrait voir passer plus de 100.000 visiteurs! Aucune étude épidémiologique ne peut se prévaloir d’une telle population!

L’énigme de Marey Lors de la visite, la partie ludique est clairement celle qui connaît le plus de succès. Surtout auprès des enfants. Mais on peut aussi procéder de façon plus paisible et déambuler dans les allées, équipé d’un audio-guide qui nous éclairera sur divers aspects de la physiologie qu’en règle générale, la couverture des événements sportifs passe sous si-

lence. En effet, le récit classique des compétitions laisse toujours sous-entendre que la victoire est revenue au plus courageux, au plus méritant, comme si seule comptait la force de caractère. Les sportifs eux-mêmes ont souvent tendance à accréditer cette explication en usant d’expressions du type «ils en voulaient plus que nous» en cas de défaite. Certes, les aspects psychologiques sont importants. Mais ils n’expliquent pas tout et celui qui ne sait rien de l’énergétique musculaire risque de beaucoup se tromper dans l’analyse des performances. La visite permet aussi de mettre en lumière l’apport précieux de sciences comme la chronophotographie qui a permis de mieux comprendre et parfois de corriger le mouvement des athlètes. Cette chronophotographie doit beaucoup à la curiosité du médecin français Etienne-Jules Marey (1830-1904) qui se posait une kyrielle de questions sur le fonctionnement de ce qu’il appelait «la machine animale». Par exemple, celle-ci: «un cheval au galop reste-t-il un instant suspendu dans les airs ainsi qu’on le représente sur de nombreux tableaux?» Différents outils furent alors imaginés pour résoudre ce problème et firent ainsi progresser nos connaissances en biomécanique. Cette quête se poursuit aujourd’hui, même si la photographie a cédé le pas aux logiciels informatiques de reconstitution


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SCIENCE_ET LONGEVITÉ

TOUT

SUR MES

TÉLOMÈRES «VIVRE ÉTERNELLEMENT, C’EST FACILE. IL SUFFIT DE PRENDRE DE LA TÉLOMÉRASE VENDUE EN GÉLULES SUR INTERNET.» VOILÀ BIEN UNE VÉRITÉ POUR GOGOS! ESSAYONS DE SAVOIR CE QUI SE CACHE DERRIÈRE CETTE IMPOSTURE.

L’

industrie du complément alimentaire ne cesse de célébrer ses propres produits en promettant forme et santé à qui les achètera. En général, de telles campagnes durent quelques années. Ensuite, le marché s’essouffle faute de résultats suffisants, faisant place nette à d’autres entourloupes du même acabit. En commercialisant de la poudre de télomérase, les industriels du sec-

«LE POISSON POURRIT PAR LA TÊTE» DISAIT ERASME. LES TÉLOMÈRES AUSSI! 18 ZATOPEK_50

teur ont encore franchi une étape dans le charlatanisme puisqu’en l’occurrence, ils se sont inspirés de travaux scientifiques majeurs qui permettent de mieux comprendre les mécanismes du vieillissement. Malheureusement, c’est pour en pervertir le sens! Voilà qui mérite un brin d’explication et donc de s’intéresser aux divisions cellulaires qui se produisent dans l’intimité de nos tissus pour en permettre la régénération. Ces mitoses (nom scientifique des divisions) commencent dès le début de la vie, après la fertilisation d’un ovule par un spermatozoïde. Tout part donc de cette cellule unique qui se divise et se divise encore jusqu’à la formation d’un être humain complet. Fin de l’histoire? Non car les divisions se poursuivent tout au long de notre existence au rythme effarant d’environ deux trillions (1018) par jour à l’âge adulte, soit deux millions de millions de millions d’opérations! (1)

Vous imaginez le chantier! Comme un organisme humain normalement constitué compte quelques 37 trillions de cellules, on pourrait en déduire qu’une cellule se divise toutes les deux semaines. Dans la réalité, cela dépend beaucoup du type de cellules (voir encadré). Certaines se divisent sans cesse. D’autres plus rarement. On en trouve même qui perdent cette faculté au fil des ans. Les organes qu’elles composent sont donc condamnés à s’atrophier avec le temps. C’est inéluctable! Ainsi, à 80 ans, le cerveau a perdu 30% de la matière dont il disposait à 20 ou 25 ans. Cela fait quelques dizaines de milliards de neurones tout de même. Assez pour bien fonctionner! Evidemment, toutes ces estimations sont données à la grosse louche. A une échelle aussi gigantesque, il est impossible d’être précis. D’autant que les situations varient beaucoup selon les individus. Le rythme des divisions peut ainsi ralentir ou s’accélérer s’il s’agit par exemple de réparer une blessure, de lutter contre une maladie ou encore de régénérer les forces perdues après un exercice épuisant.


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PERFORMANCE_

GLYCOGÈNE:

QUAND Y EN A PLUS, Y EN A ENCORE! «GLYCOGÈNE» : CE MOT REBUTE LA PLUPART DES GENS SAUF LES COUREURS À PIED ÉVIDEMMENT POUR QUI IL EST SYNONYME DE FOLLES CAVALCADES AUXQUELLES ON SE LIVRE, LE CŒUR LÉGER ET LES CHEVEUX AU VENT.

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T

out d’abord, excusez-nous d’aborder le sujet par son aspect le moins glamour. Mais il nous faut dire un mot de ce fameux glycogène. Définir au moins ce qu’il est au plan biologique et à quoi il ressemble, géométriquement parlant. Pour la forme, c’est facile. Il suffit d’imaginer un serpentin semblable à ceux qu’on se jette à la figure les soirs de Saint-Sylvestre. La reconstitution électronique de sa structure hélicoïdale donne envie de s’embrasser sous le gui et de boire du champagne. En prenant un pas de recul, on s’aperçoit que le glycogène n’est pas constitué d’un seul serpentin mais de centaines de serpentins reliés les uns aux autres pour former une petite pelote. Prenons encore un peu plus

de champ et on remarque dans la cellule la présence d’autres pelotes de même taille, dont le rôle est sûrement essentiel, sinon pourquoi un tel déploiement? De fait, ces billes de glycogène fournissent le carburant qui permet à l’organisme d’assumer ses différentes tâches. Le spermatozoïde a besoin de glycogène pour actionner son flagelle; le foie et le pancréas pour produire leurs sucs digestifs; les neurones pour propager l’influx; et bien sûr les fibres musculaires pour se raccourcir à la demande et nous permettre de bouger, même sur des distances imperceptibles comme vous allez le faire à l’instant en levant les yeux pour reprendre la lecture en haut de la page suivante... Maintenant!


PERFORMANCE_ 8 pages


VOYAGE_VOYAGE

AUX ORIGINES

DE L’EKIDEN LE MOT «EKIDEN» DÉSIGNE UNE COURSE RELAIS SUR LONGUE DISTANCE. CETTE ÉPREUVE EST SOUVENT PLEINE DE REBONDISSEMENTS. SON HISTOIRE AUSSI!

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VOYAGE_VOYAGE 5 pages


CAH I E R TECH N IQU E

SOMMAIRE

Edito Emotion drive motion

1 Edito 2 A vos agendas 14 Actualités Science

Un sondage réalisé en 2018 explique que nous courrons avant tout pour rester en forme et pour le plaisir. Nous avons bien raison de courir ainsi ! Nos sensations spontanées nous disent parfaitement l’eau et les sucres qu’il nous convient d’ingérer en course, la foulée terrienne ou aérienne qui nous sied le mieux, ou encore le moment où nous avons intérêt à accélérer ou lever le pied. Entre survie et raison, nous disposons d’un filtre surpuissant qui nous oriente dans la vie. Ce filtre n’a pas toujours raison. Mais il n’a pas souvent tort. Ce filtre nous l’appelons l’émotion. Cyrille Gindre

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MAI JUIN JUILLET 2019 LOCOMOTIVE

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CAHIER CENTRAL - LA LOCOMOTIVE 16 pages


FAITES ENTRER L’ACCUSÉ! BEAUCOUP DE COUREURS SOUFFRENT DES TENDONS. CES DOULEURS RÉCURRENTES LES CONTRAIGNENT PARFOIS À UNE RETRAITE FORCÉE. ON INVOQUE LE MAUVAIS ŒIL. ET SI C’ÉTAIT PLUTÔT UNE QUESTION D’ALIMENTATION ET DE MODE DE VIE?

C

hez les médecins, les «tendinites» dont parlent les sportifs sont plutôt appelées «tendinopathies» dans la mesure où la terminaison en «ite» sous-entendrait l’existence d’un processus inflammatoire, ce qui n’est pas le cas dans toutes les tendinites. Peu importe! Ces bobos sont légions. Surtout chez les coureurs à pied. En général, on les soigne comme les entorses par l’application du protocole nommé GREC (glaçage, repos, élévation,

contention) auquel s’ajoutent parfois des séances de kinésithérapie et/ou des anti-inflammatoires. Ces remèdes sont tous palliatifs, c’est-à-dire qu’ils visent à soulager la douleur sans se soucier de son origine. L’étiologie se résume le plus souvent à essayer de déterminer de façon schématique la part de facteurs extrinsèques (liés au contexte) et intrinsèques (liés à l’individu). Dommage! Parce qu’en identifiant mieux la source, on pourrait agir en amont sans devoir s’arrêter tous les quatre jeudis.

Le calvaire des cristaux Face à une tendinopathie, on doit parcourir la longue liste des causes possibles de dysfonctionnement, notamment l’évolution du taux sanguin d’une vieille connaissance: l’acide urique. Faut-il encore le présenter? L’acide urique est un composé chimique qui résulte de la dégradation des «purines», un groupe particulier de substances que l’on trouve surtout dans les protéines animales. Les quotités proviennent donc de l’alimentation pour un quart et des processus de renouvellement cellulaire à l’œuvre dans l’organisme pour les trois autres quarts. Quant à la concentration d’acide urique dans le sang, elle dépend de la hauteur des apports, bien sûr, mais aussi de l’efficacité des filières chargées de son élimination. Les reins sont alors mis à forte contribution. 50_ZATOPEK 35


SANTÉ_ 5 pages


PALÉONTOLOGIE_

NÉANDERTAL, LE PREMIER SPRINTEUR LES DÉCOUVERTES SUR L’HOMME DE NÉANDERTAL SE MULTIPLIENT CES DERNIÈRES ANNÉES. ON LE PENSAIT PATAUD, SIMPLET ET MALADROIT. C’EST TOUT L’INVERSE QUI SE DESSINE! 40 ZATOPEK_50

«L’

habit ne fait pas le moine» dit le dicton. Dans cet article, il ne sera question ni de moine, ni de tenue vestimentaire. Pourtant aucune phrase n’aurait pu mieux en introduire le sujet. Car, pour l’homme de Néandertal plus que pour quiconque sur Terre, les apparences ont été trompeuses. En réalité, tout le monde s’est laissé berner

par son air buté et ses épaules de déménageur. Les scientifiques en tête. C’est bien simple. Quand les premiers ossements d’Homo neanderthalensis ont été découverts au milieu du XIXe siècle, on en a déduit qu’ils devaient appartenir à une espèce d’hominidé plutôt rustique dont les représentants auraient été petits, trapus, robustes mais sans finesse, penchant davantage du côté du singe que de celui de l’humain.


PALÉONTOLOGIE_ 6 pages


LE PREMIER SIÈCLE APRÈS JEAN BOUIN

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JEAN BOUIN EST LE PLUS FORMIDABLE HÉROS DE L’ATHLÉTISME FRANÇAIS. IL AVAIT TOUS LES DONS. Y COMPRIS CELUI DE MOURIR EN HÉROS!


HISTOIRE_VRAIE 6 pages


LE MAGNIFIQUE JEAN BOUIN A DÉTENU SEPT RECORDS DU MONDE ET 19 RECORDS DE FRANCE. IL A SURTOUT GAGNÉ TROIS FOIS DE SUITE LE CROSS DES NATIONS. DEVANT LES ANGLAIS! Bernard Maccario est docteur en Sciences de l’éducation, président du conseil d’administration du CREPS Provence-Alpes-Côte d’Azur et membre du comité d’orientation du Musée national du sport. Ses précédents ouvrages parlaient tous de pédagogie. C’est la première fois qu’il écrit une biographie: Jean Bouin est paru en 2018 aux éditions Chistera.

JEAN BOUIN NAÎT À MARSEILLE LE 20 DÉCEMBRE 1888. A QUOI RESSEMBLAIT LA COURSE À PIED À L’ÉPOQUE?

Nous sommes à la fin du XIXe siècle. Les épreuves étaient généralement réservées à ceux qu’on appelait, en France comme en Angleterre, les «pedestrians». Au début du XIXe siècle, il s’agissait souvent de domestiques de grandes maisons, chargés d’acheminer les missives de leurs maîtres sur des distances plus ou moins longues. En France, les premiers «pedestrians» couraient sous des pseudonymes. Leurs motivations étaient purement pécuniaires, les courses faisant l’objet de juteux paris. En fait, tout était calqué sur le modèle des courses de chevaux au point que les «pedestrians» s’habillaient souvent comme les «equestrians» avec casaque et casquette. Certains poussaient même le mimétisme jusqu’à utiliser une cravache pour se fouetter les mollets et aller plus vite. Comme les jockeys!

Les cross sont nés des courses des chevaux. Sans les chevaux!

C’EST N’IMPORTE QUOI!

C’était plutôt folklorique en effet. Cette mode disparaîtra à la fin du XIXe siècle en Angleterre et au début du XXe siècle en France, sous l’influence britannique et sa volonté de distinguer et de promouvoir l’amateurisme contre le professionnalisme.

CEPENDANT, ON SAIT QUE LA PASSION DE JEAN BOUIN POUR LE SPORT ÉTAIT MOQUÉE PAR SON INSTITUTEUR.

C’est la grande différence entre les systèmes britanniques et français. Au Royaume-Uni, le sport fait partie de l’éducation. Les activités sont très tôt intégrées au cadre scolaire alors qu’en France, elles sont longtemps restées déconnectées du système éducatif. C’est donc à l’extérieur des établissements scolaires que les pratiquants se réunissent au sein de clubs ou de sociétés sportives plutôt réservés à une élite, celle constitué par les lycéens (seule une partie réduite de la population scolaire avait alors accès au lycée). A sa manière, l’exigence d’amateurisme garantit cet entre-soi. A cette époque, l’athlétisme se divise schématiquement en deux. D’un côté, les courses sur piste, principalement de vitesse qui intéressent plutôt les couches favorisées de la population, les lycéens et leurs familles. De l’autre, les

Apollon, plus la moustache! courses hors stade qui opposent des coureurs professionnels et visent un public populaire constitué essentiellement de parieurs. OÙ SE SITUE JEAN BOUIN DANS CE PANEL?

Jean Bouin et sa sœur Nini ont été élevés par leur mère, Berthe, laissée seule après la mort de son mari, Louis, alors que les enfants étaient tout petits. Elle se remariera avec un Italien, Il signore Galdini, que l’on accusera quelques années plus tard de profiter des talents sportifs du jeune champion pour l’escroquer. Jean Bouin est donc issu d’un milieu modeste. Et puis surtout, il habite à Marseille. Or, à l’époque, la pratique sportive est condensée à Paris et ses alentours. Le sport est presque inexistant en province. 50_ZATOPEK 49



LE MONDE_SELON KANT

MISSION

ZÉRO DÉCHET

NÉ EN CALIFORNIE, LE MOUVEMENT «ZÉRO DÉCHET» SE DIFFUSE PROGRESSIVEMENT EN EUROPE ET SES RÉPERCUSSIONS SE FONT SENTIR DANS TOUS LES DOMAINES D’ACTIVITÉS HUMAINES. MÊME LE SPORT!

D

ans son best-seller Le Triomphe des Lumières, l’auteur nord-américain Steven Pinker, spécialiste des sciences cognitives, nous éclaire sur l’état du monde en prenant l’exact contrepied des prévisions catastrophistes en vogue actuellement. Pour lui, tout va bien! Certes, notre civilisation doit faire face à des petits problèmes conjecturaux: la dégradation de l’environnement, le changement climatique, la perte de biodiversité, l’épuisement des ressources… Rien d’insurmontable à ses yeux. Tout au long des 600 pages de son dernier livre, il se dit persuadé que le génie humain

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vilipendés pour les addictions qu’ils engendrent. Le smartphone, par exemple. Pinker y voit un formidable outil écologique. «Pensez à tout le plastique, le métal et le papier qu’il permet d’économiser» écrit-il. Puis il énumère: «un smartphone, c’est un téléphone, un répondeur, un antrouvera les clés pour s’en sortir, à nuaire téléphonique, une caméra, un condition évidemment qu’on reste ficaméscope, un magnétophone, une dèle aux idéaux des Lumières, c’estradio, un réveil, une calculatrice, un à-dire qu’on échappe au spectre de dictionnaire, un répertoire rotatif, un l’obscurantisme. En tant que lecteur, calendrier, des cartes routières, une on n’est pas sûr de le suivre dans lampe de poche, un télécopieur et une toutes les étapes de son raisonneboussole – et même un métronome, ment. Mais son un thermomètre optimisme fait du extérieur et un nibien dans le climat veau à bulle» (1). actuel de morosiPar des démonstraté. Tout comme sa tions de ce type, façon de présenPinker soutient que ter sous un jour exla technique peut trêmement positif aider à lutter contre des appareils qui, le gaspillage et prépar ailleurs, sont dit aux sociétés de très régulièrement Steven Pinker, mille idées à la minute demain un avenir


LE MONDE_SELON KANT 8 pages


TÉMOINS_

AVEC QUOI TU COURS? CHACUN COURT À SA MANIÈRE. DANS CES PAGES NOUS AVONS DONNÉ LA PAROLE À TOUS CEUX QUI, CONTRAINTS OU VOLONTAIREMENT, ONT TROQUÉ LEURS HABITUELLES CHAUSSURES DE COURSE À PIED POUR DES CHAUSSURES NON CONVENTIONNELLES. Propos recueillis par Olivier Beaufays

LE PLAN VIGATANES MENOUAR BENFODDA

«J’étais en superforme avant le Trail de la Massane (NB: une épreuve organisée en avril à Argelès-sur-Mer sur 20 et 36 kilomètres). Un ami m’a dit que je remporterais la course même en espadrilles. Je l’ai pris au mot et je m’en suis acheté une paire au supermarché du coin. L’expérience a tourné court. A mi-parcours, mes espadrilles se sont littéralement désagrégées. J’ai été obligé d’abandonner la course. Mais pas l’idée! A mon avis, les espadrilles n’étaient pas en cause en tant que modèle. C’est plutôt la solidité de celles que j’avais choisies, produites à bas coût en Chine, qui posait problème. Je me suis rendu à Saint-Laurent-deCerdans dans la dernière fabrique d’espadrilles à la main de la région. J’ai choisi des chaussures appelées ‘vigatanes’ qui, contrairement aux espadrilles classiques, se lacent autour de la cheville (*). Quand j’ai expliqué aux gérantes de la société Création Catalane que je comptais participer aux 20 km de Céret chaussé de leurs vigatanes, je les ai senties plutôt sceptiques. Pourtant cette fois, la course s’est parfaitement bien déroulée. Avec mes vigatanes, j’ai terminé septième et premier Français en 1 heure 60 ZATOPEK_50

Le VRP en espadrilles.

et 10 minutes. Ensuite, j’ai enchaîné les épreuves, notamment le marathon de Paris que j’ai terminé à une honorable 90e place (2 heures 35 minutes). En fait, c’est très confortable de courir en espadrille. En ajoutant une fine semelle de sorbothane, ces vigatanes sont même plus agréables à porter que les habituelles chaussures minimalistes. Il faut simplement laisser aux pieds le temps de s’adapter en douceur. Personnellement, j’ai commencé par porter mes vigatanes au quotidien

avant de me mettre à courir avec elles, et toujours sur de l’herbe au début. Quand je suis passé sur macadam, mon pied avait eu largement le temps de s’habituer et je ne me suis pas blessé. Aujourd’hui, je suis tellement convaincu par la qualité de ces espadrilles en course que j’ai réussi à les faire tester par les équipes de France féminines de triathlon et de volleyball. J’en ai pris aussi avec moi pour disputer le marathon de Dubaï en janvier. Mes vigatanes tapèrent dans l’œil de certains responsables d’enseigne du ‘Mall’, le plus grand centre commercial du pays. Pour une petite maison comme Création Catalane, cela représente un marché inespéré. Bien sûr, il faudra adapter les modèles aux standards de la mode dubaïote en les rendant plus flashy. Mais on y travaille!» (*) Bernard Faure, qui commentait le marathon de Paris pour France 3, ne connaissait pas les vigatanes et supposa donc que Menouar Benfodda avait aménagé des espadrilles pour pouvoir courir. Pourtant non, c’était bien un modèle standard de la marque.


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