Lettre du Rabbi
egestas mauris a quis, eu pellentesque integer, nunc habitasse, lorem in? Diam ac, sed, vel augue proin. Tin
SHEMAR MOORE, ACTOR LOS ANGELES 2
Jonctions - Juilet 2016
www.store-redskins.com
p.4
Sommaire
p.38
p.42
p.34
p.25
SPÉCIAL TICHRI
Les riches heures du mois de Tichri ................................................................... p.4 LETTRE DU RABBI
Des chemins de vie .......................................................................................... p.25 RÉCIT
L’étrog du jardin d’Eden ................................................................................... p.29 ZOOM SUR MARIUPOL
À la rencontre des chlihims du Rabbi ................................................................. p.34 ELIE WIESEL
Hommage à Élie Wiesel .................................................................................... p.38 COMMENTAIRE SUR LA TORAH
Le pouvoir d’une Mitsva .................................................................................... p.48 TICHRI CHEZ LE RABBI
Interview avec Rav Zar'hi .................................................................................... p.54 HISTOIRES DU RABBI
Rav Binyamin Klein zal .................................................................................... p.66 IMMOBILIER
Votre première maison en Israël ...................................................................... p.68
Jonctions - Octobre 2016-5777
3
EDITORIAL
SPÉCIAL TICHRI Bonne Année 5777 ! On a presque envie de dire : un nouveau magazine pour une nouvelle année. De fait, c’est bien de cela qu’il s’agit. Et il y a quelque chose de commun entre ces deux notions. Une année qui commence, c’est le temps de tous les espoirs. Nous savons quelle est toute la portée d’une telle période : D.ieu décide du sort de l’univers et de celui de chacun – pour le bien. Quant au nouveau magazine, c’est le lieu de toutes les attentes. Comprendre les choses, en pénétrer le déroulement, interroger et obtenir des réponses au fil des pages : c’est ce que « Jonctions » entend proposer à tous. Car c’est là son titre et il nous entraine bien loin. « Jonctions » relie d’abord deux pôles géographiques de notre vie : la France et Israël. Il sera ainsi le magazine des deux mondes et saura faire retentir les échos qu’ils se renvoient jusque dans le quotidien de ceux qui vivent de part et d’autre de la mer. Mais « Jonctions » incarne aussi une
Trimestriel Octobre 2016 - Tichri 5777
valeur clé. Nous vivons une époque où, bien souvent, l’homme, égaré au sein de la foule, éprouve une forme particulière de la solitude. Chacun ne regardant plus que soi-même, on finit par oublier comme il est bon, grand et sage d’établir cette communauté de pensée, de cœur et d’acte qui a toujours caractérisé le peuple juif. Cela s’appelle justement « opérer la jonction ». Nous sommes riches de nos diversités comme de notre unité. Comme à Souccot où nous brandissons le « Loulav », ce bouquet constitué de plantes si différentes les unes de autres, aux qualités si dissemblables, et qui serait tragiquement incomplet si une seule venait à manquer. « Jonctions » apportera la réponse nécessaire. Tous nos chemins ont un même but. Nous sommes encore sur ceux de l’exil mais ils nous conduisent avec certitude, au travers des méandres de l’histoire, à l’instant ultime où, par la venue du Machia’h, le Créateur Se révèlera dans Sa création. Puisse ce nouveau magazine, avec ses lecteurs, y contribuer. Rav Haim Nissembaum Porte parole du Beth Loubavitch, Paris
SPÉCIAL TICHRI
Bonne Année 5777 !
Edité par le : Beth Habad Francophone "Or Menahem" 6, Rehov Gad Ma'hnes Netanya, Israel Directeur de la publication : Rav YAACOV MAZOUZ Nous remercions le Beth Loubavitch, Paris, pour ses articles et ses photos. Redaction :
SCHLOMOH BRODOWICZ, CHABTAÏ COËN, HAIM MELOUL, SIMON JACOBSON, CHMOUEL LUBECKI, HANNA SERERO, FEIGA LUBECKI,
Crédits photos : Beth Loubavitch Paris, Chlouhim.com, Kfar Chabad Magazine Edition et Graphisme : A.G.I.T - NETANYA Publicité : Contact : Gérard Bellaïche Israel : 053 708 55 40 France : 01 86 96 26 08 © Tous droits réservés. Tous les articles et les photos présents dans ce magazine sont protégées par les lois en vigueur sur la propriété intellectuelle et ne peuvent êtres utilisés sous quel que forme que ce soit, sans autorisation écrite du magazine Jonctions. La rédaction décline toute responsabilité sur le contenu des annonces. Il incombe à chacun de vérifier si les services proposés, ainsi que l’ambiance, sont adéquats à ses normes de cacherout et de tsniout.
Jonctions - Octobre 2016-5777
5
LES FÊTES DE TICHRI
la richesse thématique de Tichri met à contribution tout ce que l’être recèle en lui Schlomoh Brodowicz
6
Jonctions - Octobre 2016-5777
LES FÊTES DE TICHRI
Les riches heures du mois de Tichri Le calendrier juif ne fut jamais un espace temps jalonné de moments forts, solennels ou joyeux destinés à rompre avec un quotidien trivial pour commémorer tel événement marquant d’un passé antique et révolu. Les fêtes juives, par-delà leurs thèmes, la substance qui soustend, leurs différents rites et le spectre très riche d’enseignements qu’elles déploient se veulent avant tout l’occasion pourceux qui les célèbrent de revivre intensément les événements dont elles sont issues et auxquels elles doivent leur pérennité dans la tradition. Leur vécu et le sens qu’on y puise sont de toutes les époques et ne sont tributaires ni du temps, ni des contextes historique ou géographique. Le mois de Tichri dont les deux premiers jours célèbrent le nouvel an juif est très significatif de cette perception de l’intemporalité de la Torah. L’actualité atteste quotidiennement que dès lors qu’une personne a choisi d’être publique – en particulier si son nom apparaît dans l’espace politique – le moindre faux pas de sa part, gravissime ou bénin, sera mis à profit par ses adversaires – par des moyens plus ou moins élégants – pour porter atteinte à sa crédibilité, voire à son honneur. Telle n’est pas, on s’en serait douté, la façon d’agir du Tout-puissant. D-ieu, affirment les Sages du Talmud, attend pour juger les humains que ceux-ci soient dans la position la plus favorable pour faire valoir leurs mérites. C’est la raison pour laquelle les deux fêtes de Roch Hachanah (le
Nouvel an juif) durant laquelle D-ieu exerce son jugement et celle de Yom Kippour (le Grand pardon) ont été inscrites dans le mois le plus riche du calendrier juif. Riche, parce nul mois de l’année juive ne comporte autant de fêtes, c’est à dire autant de moments propices à se rapprocher de D-ieu, à travers un large éventail de prières, d’enseignements, d’actes rituels riches de sens, qui constituent autant d’invitations à la ferveur et au retour vers une source de vie dont on méconnaît peut-être les bienfaits. Ainsi, la richesse thématique du mois de Tichri permet de mettre à contribution tout ce que l’être recèle de profondeur, de fibre émotionnelles et de spontanéité. L’entrée en matière s’effectue avec la fête de Roch Hachanah qui, pour la tradition juive constitue le jour solennel où la création tout entière – dont c’est un nouvel anniversaire – est jugée. Par-delà cet aspect une peu austère, la thématique du jour est aussi celle de l’introspection, du bilan et du renouveau intérieur. C’est un moment privilégié pour le fidèle d’inviter D-ieu, a réinvestir l ’univers qu’ I l recrée, mais également cette réplique de l’univers qui s’incarne en chaque individu. Roch Hachanah s’inscrit dans ce qu’il est convenu d’appeler le Dix jours de pénitence que le jour de Yom Kippour fera culminer. Maïmonide indique que si tous les moments de l’année sont propices à la repentance, les jours qui vont de Roch Hachanah à Yom Kippour ont cette particularité que la repentance qui y est faite est immédiatement acceptée.
DOSSIER SPÉCIAL
TICHRI
Jonctions - Octobre 2016-5777
7
LES FÊTES DE TICHRI
C’est pour l’individu l’occasion d’épanouir sa plus noble ressource : celle de se regarder en face. C’est en définitive la conscience d’avoir à rendre des comptes de ses actes qui fait de l’humain l’élu de la Création. Le jugement émis à Roch Hachanah est scellé le jour de Kippour. Et, la cause n’est encore pas entendue. Les fêtes qui s’annoncent alors constituent autant de recours qui permettent d’infléchir une éventuelle rigueur. Et paradoxalement, ce que l’austérité et le recueillement n’auront pas su « décrocher » pourra désormais l’être par la joie. La fête de Souccot appelée fête des cabanes, dont la symbolique est riche de leçons humaines est avant tout, selon l’expression du rituel de prières, la fête de la joie. Cette joie, c’est l’expression impérieuse du bonheur de servir D-ieu, pardelà les inévitables manquements. Cette joie culmine avec la fête de Sim’hat Torah lors de laquelle, dans le sillage de la conclusion de la lecture du Pentateuque, la synagogue retentit de danses effectuées en Une Torah à laquelle le juif demeure indéfectiblement attaché, par-delà la compréhension d’elle à laquelle il peut prétendre. Après la réflexion et l’introspection, c’est la joie issue de la conviction profonde d’avoir été agréé qui vaut l’ultime rémission des fautes et l’assurance d’une nouvelle année fructueuse.
Les Fêtes de Tichri Tichri est un mois haut en couleurs. Chaque facette de la vie juive y est représentée : les jours solennels, les jours de jeûne et les jours de réjouissances. Il n’est pas étonnant ni une coïncidence que le premier mois du calendrier ait des « échantillons » de chaque aspect de la vie juive, car ces échantillons ont pour but de nous servir de guide pratique pour tout le reste de l’année. En respectant ces fêtes dans la lettre et l’esprit, nous avons l’assurance de vivre en accord avec la Torah durant toute l’année. Quelles sont les directives qu’elles contiennent ?
8
Jonctions - Octobre 2016-5777
09-8345553 Jonctions - Octobre 2016-5777
LES FÊTES DE TICHRI
PANORAMA GÉNÉRAL
En respectant ces fêtes dans la lettre et l’esprit, nous avons l’assurance de vivre en accord avec la Torah durant toute l’année Chabtaï Coën
Roch Hachana
Le Ier Tichri correspond au jour où le premier homme, Adam, à peine créé, proclama la souveraineté de D.ieu sur le monde. Au début de toute entreprise, nous devons toujours nous rappeler que D.ieu est le Créateur du Ciel et de la Terre et seul Maître de l’univers, et par conséquent, nous devons recevoir l’approbation divine avant toute action. C’est ce que soulignent…
Les Dix Jours de Repentir
Puisque nous sommes les serviteurs du Roi de l’univers, nous devons nous assurer que nos actions soient conformes à la Volonté divine. Hélas, notre condition humaine fait que nous sommes faillibles. C’est pourquoi, D.ieu nous a donné…
Yom Kippour
Car il n’est jamais trop tard pour bien faire et revenir dans le droit chemin, à condition de le faire sincèrement par une vraie repentance qui consiste à éradiquer nos mauvaises habitudes et à prendre de bonnes décisions pour l’avenir. A cette seule et unique condition D.ieu est prêt à nous pardonner et à nous laver de toutes nos fautes passées. Les péripéties et les épreuves de la vie peuvent parfois nous décourager, alors…
Souccot
La fête des Cabanes nous rappelle que D.ieu est notre bouclier protecteur comme Il a su nous le démontrer par les Nuées de Gloire qui nous ont entourés pendant les 40 années de pérégrinations dans le désert après la sortie d’Egypte. Pour connaître le mode d’emploi pour mener une vie authentiquement juive, …
Chemini Atsérèt et Sim’hat Torah
Ces fêtes joyeuses sont là pour nous rappeler que D.ieu nous a donné un Code de lois divines empreintes de justice et de droiture. En nous conformant au mode de vie que D.ieu attend de nous, nous sommes assurés d’atteindre le bonheur dans ce monde-ci et dans le monde futur. Car la Torah est « un arbre de vie pour ceux qui s’y attachent et heureux sont ceux qui la soutiennent. » DOSSIER SPÉCIAL
TICHRI
Jonctions - Octobre 2016-5777 11
LES FÊTES DE TICHRI
Roch Hachana : le couronnement de D.ieu Le thème fondamental de Roch Hachanah est lié au couronnement de D.ieu en tant que Roi du monde. Le couronnement est une cérémonie solennelle à caractère révérenciel qui va bien au-delà de la simple crainte du châtiment. La ‘Hassidout donne à cette crainte révérencielle devant la grandeur de D.ieu le nom de yirat haromemout. Ce couronnement renouvelle le lien personnel et intime de chaque Juif avec D.ieu. En ce jour, tout Juif reformule à D.ieu sa volonté selon laquelle « Nous sommes Ton peuple et Tu es notre D.ieu. » Bien que les deux jours de Roch Hachanah fassent partie des Dix Jours de Repentir, nous ne récitons néanmoins ni supplications (Ta’hanoune) ni confessions de nos fautes. L’unité avec D.ieu atteinte ce jour-là exclut toute forme de lamenttion ou de regret pour le passé. L’âme juive aspire à une seule chose : renouer avec sa source première, D.ieu. C’est d’ailleurs là le sens étymologique du terme Techouvah : « retour » à l’essence même de notre existence. Une fois que nous avons couronné D.ieu commence alors la véritable repentance. En effet, l’unité retrouvée avec D.ieu doit susciter en nous le désir profond de mettre nos actions en adéquation avec les exigences divines afin de mériter ce statut privilégié. D’où la nécessité de mettre tout en oeuvre pour éviter d’opérer un affaiblissement, voire une cassure dans cette union que nos fautes, même non préméditées, pourraient causer.
Roch Hachanah et Chabbat Lorsque Roch Hachanah tombe un Chabbat comme cette année, le son du chofar n’est pas entendu dans les synagogues en ce jour mais seulement le lendemain, deuxième jour de fête. La ‘Hassidout explique : point n’est besoin de sonner du chofar le Chabbat car la grandeur spirituelle du jour permet d’accomplir le couronnement de D.ieu En effet, le couronnement de D.ieu a pour but de susciter en Lui le désir et le plaisir de régner à nouveau sur le monde. Or, Chabbat, appelé « délice » (oneg), a cette faculté de provoquer ce plaisir en D.ieu.
12 Jonctions - Octobre 2016-5777
le couronnement de D.ieu a pour but de susciter en Lui le désir et le plaisir de régner à nouveau sur le monde.
LES FÊTES DE TICHRI
Et si à l’époque du Temple on sonnait du chofar dans le Temple même (mais non pas dans le reste du pays d’Israël) c’est simplement parce que de par la spiritualité grandiose de son enceinte, un plaisir encore beaucoup plus sublime que Chabbat pouvait être suscité chez D.ieu. Ceci étant, la question subsiste encore : comment le couronnement de D.ieu peut-il se produire sans que le peuple juif, qui en a pourtant reçu l’ordre, ait à sonner du chofar ? Couronner D.ieu par la sonnerie du chofar exprime un certain degré d’annulation du peuple juif devant D.ieu. Or, le niveau d’annulation de soi que le peuple juif atteint le Chabbat relève d’une annulation totale et essentielle de son être telle que le couronnement de D.ieu peut se faire sans la sonnerie du chofar.
Roch Hachanah : la tête de l’année Pourquoi désigne-t-on le nouvel an juif par le terme hébraïque de Roch Hachanah qui signifie « tête de l’année ? » La raison est simple : comme la tête englobe la vitalité de tous les membres et de chaque membre en particulier, de même la tête de l’année englobe la vitalité de tous les jours de l’année. Nous savons que le corps est en bonne santé lorsque la tête est elle-même en bonne santé. La tête commande tous les membres et les organes du corps. Si un dysfonctionnement venait à se produire dans la tête, cela mettrait en péril tel ou tel membre du corps, voire le corps tout entier. Il faut donc apprécier et utiliser chaque instant des deux jours de Roch Hachanah par la récitation de Tehilim (Psaumes), la prise de bonnes décisions en matière de Torah et Mitsvot car de ces deux jours dépendent la vie et la « santé » de chaque jour de l’année.
Deux paraboles Le Baal Chem Tov
Un roi avait un fils unique qu’il considérait comme la prunelle de ses yeux et à qui il avait donné la meilleure éducation. Le roi voulait que son fils possède une vaste érudition dans différents domaines et connaisse plusieurs cultures. Aussi l’envoya-t-il dans une contrée éloignée avec une somme généreuse d’argent et d’or. Loin du palais, le fils dilapida son argent jusqu’à ne plus avoir un sou en poche. DOSSIER SPÉCIAL
TICHRI
Jonctions - Octobre 2016-5777 13
LES FÊTES DE TICHRI
Dans sa détresse, il se résolut à regagner le foyer familial et, après maintes péripéties, il arriva enfin aux portes du palais. Hélas, le temps passé lui avait fait oublié sa langue maternelle à tel point qu’il ne réussit pas à se faire identifier par les gardes. Désespéré, il se mit à crier et le roi reconnaissant la voix de son fils, sortit à sa rencontre pour l’accueillir chaleureusement. Que nous enseigne cette parabole ? Le roi représente D.ieu, le fils, le peuple juif. Le Roi, D.ieu, envoie une âme dans ce monde pour mettre en pratique Torah et Mitsvot. Loin de D.ieu, l’âme peut oublier la source d’où elle émane jusqu’à même oublier dans son exil, sa propre « langue. » Alors, désespérée, elle lance un cri à son Père au Ciel. Ce cri est symbolisé par le son du chofar, expression sincère d’un profond regret pour le passé et d’une détermination et d’un engagement fermes à faire mieux dans l’avenir. Ce cri suscite le dévoilement de la miséricorde divine prête à tout pardonner et réveille chez D.ieu l’affection naturelle qu’Il porte à Son fils.
Ce cri suscite le dévoilement de la miséricorde divine prête à tout pardonner et réveille chez D.ieu l’affection naturelle qu’Il porte à Son fils.
La parabole de Rabbi Lévi Yits’hak de Berditchev
Un roi, voyageant un jour dans la forêt, perdit son chemin. Ses efforts pour retrouver le chemin de la ville s’avérèrent vains jusqu’au moment où il rencontra un homme qui, reconnaissant en lui le roi, proposa de le ramener au palais. Son aide lui valut de recevoir une multitude de présents et de se voir octroyer une fonction éminemment importante au palais. Il s’avéra un jour que l’homme en question commit un acte de rébellion contre le roi qui le condamna à mort. Avant son exécution, le roi lui proposa de formuler une dernière requête. Et l’homme de rétorquer : « Je voudrais revêtir les habits que je portais lorsque j’ai escorté le roi dans la forêt et que le roi fasse de même. » Se rappelant alors l’épisode, le roi lui accorda aussitôt la vie sauve.
14 Jonctions - Octobre 2016-5777
Le sens de cette parabole : lors du Don de la Torah au Mont Sinaï, D.ieu la proposa à toutes les nations qui la refusèrent. Seul Israël l’accepta sans condition. Comme l’homme dans la parabole, Israël s’est rebellé contre la Volonté de D.ieu. Au jour du Jugement à Roch Hachanah, nous tremblons à l’idée du verdict divin. Nous sonnons alors du chofar qui, au Sinaï, retentit au moment où nous avons accepté de nous soumettre à la Volonté de D.ieu. Le mérite de couronner D.ieu à nouveau en ce jour nous absout de toutes nos fautes et nous scelle pour une année douce et heureuse.
Les Dix Jours de Repentir
Le Chabbat entre Roch Hachanah et Yom Kippour est appelé « Chabbat Techouvah ». Par rapport aux autres Jours de Repentir, ce Chabbat mérite une attention spéciale. Hormis les deux jours de Roch Hachanah et le jour de Yom Kipour, il reste sept jours : six jours ouvrables effectifs de repentir plus Chabbat Techouvah. Or, la repentance (Techouvah) opérée pendant chacun de ces six jours a la vertu de rectifier les six jours de la semaine de l’année écoulée. Ainsi, la Techouvah du dimanche rectifie tous les dimanches de l’année, et ainsi de suite. Cependant, Chabbat Techouvah a une portée beaucoup plus grande encore dans la mesure où la repentance effectuée ce jour-là rectifie chaque jour de l’année passée et de l’année à venir. En effet, selon le Zohar, le Chabbat a la force de bénir les six jours qui le précèdent et les six jours qui le suivent. Puisque Chabbat Techouvah a la qualité de rectifier tous les Chabbatot de l’année, il a la force aussi, de par sa position charnière dans la semaine, de rectifier tous les jours de l’année. Plus encore : Chabbat Techouvah possède une dimension supérieure : se situant entre Roch Hachanah et Yom Kippour, il apporte rectification et bénédiction même à Roch Hachanah et à Yom Kippour.
LES FÊTES DE TICHRI
La veille de Yom Kippour : manger c’est jeûner Selon nos Sages, manger et boire la veille de Yom Kippour (9 Tichri) équivaut à jeûner deux jours de suite, le 9 et le 10. On retrouve une idée semblable à Pourim qui est comparé à Yom HaKi-pourim: en effet, manger et boire à Pourim équivaut à jeûner à Yom Kippour.
L’essence de Yom Kippour « Que l’on se repente ou pas, Yom Kippour expie nos fautes » Selon Maimonide « l’essence de ce jour absout. » L’expiation de nos fautes ne signifie pas seulement repousser toute forme de châtiment. Le terme kaparah en hébreu signifie le « nettoyage » de toute trace de souillure engendrée par la faute. Dès lors, « l’essence de ce jour » entraîne deux conséquences : l’annulation du châtiment et l’effacement de « tâches » causées par la faute. Yom Kippour a le pouvoir de purifier parce que le lien entre l’essence de l’âme juive et l’Essence de D.ieu est renouvelé. Ce lien naturel provient du fait que l’âme est « une parcelle de D.ieu » et que rien au monde ne peut ni l’altérer et ni l’affaiblir. La repentance est un pré-requis lorsque la faute souille la partie périphérique de l’âme. Or, l’expiation de Yom Kippour est d’office accordée grâce à la révélation du lien surnaturel qui unit l’âme juive à D.ieu.
qui se délectera en son Créateur sans être distrait par les contingences extérieures. C’est cet amour calme, paisible et serein que nous vivons à Yom Kippour, préfiguration et avant-goût du Monde Futur.
Yonah et la baleine La Haftarah que nous lisons l’après-midi de Yom Kippour relate l’histoire de Yona et la baleine. Le Zohar explique que le voyage de Yonah en bateau fait allusion à la descente de l’âme dans ce monde et tous les détails de son histoire correspondent à notre service de D.ieu. La tempête qui assaillit le bateau de Yonah : ce sont les soucis et les tribulations de l’âme en exil comparés aux « eaux tumultueuses » qui l’assaillent tout au long de sa vie sur cette terre. Pour naviguer en paix, il faut avoir recours à des bateaux, à savoir la Torah et les Mitsvot. Et si des défaillances surviennent au beau milieu de notre périple, la repentance est là pour nous aider comme une bouée de sauvetage. Telle fut la mission de Yona dans son exhortation à la repentance qu’il lança aux habitants de Ninive, y compris le Pharaon, roi de Ninive et anciennement roi d’Egypte, qui avait osé défier D.ieu en disant à Moché « Je ne connais pas D.ieu ». Le voyage en mer a pour objectif l’élévation qui s’ensuit. Lorsqu’un Juif traverse la « mer en bateau », il a l’assurance d’arriver à bon port à un niveau bien supérieur à son point de départ.
Un amour profond A Yom Kippour, le peuple juif reçut les deuxièmes Tables de la Loi dans un contexte serein sans tonnerre ni éclairs comme ce fut le cas pour les premières. Donnons une analogie. Lorsqu’un enfant vit au foyer de son père, son amour pour ce dernier n’est pas ostensible mais plutôt caché, latent dans les recoins de son âme, occulté par la joie de vivre dans le giron paternel. Il suffit que l’enfant s’éloigne du foyer un certain temps pour que son amour pour son père apparaisse au grand jour. Yom Kippour est un jour de joie semblable au Monde Futur où l’âme jouira de la Présence Divine sans avoir recours à la nourriture. Un monde de joie aussi car rien ne fera écran à la proximité entre D.ieu et Son peuple
DOSSIER SPÉCIAL
TICHRI
Jonctions - Octobre 2016-5777 15
LES FÊTES DE TICHRI
L’an prochain à Jérusalem Après la Néïlah, l’assemblée dit « L’an prochain à Jérusalem. » Pendant le mois d’Eloul et les Dix Jours de Repentir, chacun de nous a essayé de chercher D.ieu comme il est dit « Recherchez Ma face » et « Cherchez D.ieu quand Il est proche ». L’heure de la Néilah est l’apogée de notre réveil spirituel qui nous rend dignes d’entrer immédiatement dans la « Jérusalem Céleste », c’est-à-dire au summum de la crainte de D.ieu (Yerouchalaïm signifie la crainte parfaite). Dès lors, on peut formuler le voeu d’entrer aussi dans la Jérusalem au sens matériel et physique du terme.
Le pouvoir de la simplicité Au moment de la Néilah, le Baal Chem Tov se mit à pleurer de manière tout à fait inhabituelle. Ses disciples comprenant que quelque chose de grave se passait, probablement une accusation céleste irrémissible, se mirent eux aussi à intensifier leurs prières et leurs pleurs. Devant cette scène déchirante, l’assemblée, ébranlée, ne put pas s’empêcher de se joindre à eux. Dans la synagogue se trouvait un jeune villageois qui était venu pour célébrer les Fêtes dans la synagogue du Baal Chem Tov. N’ayant reçu aucune éducation juive, il ne savait pas lire l’hébreu et par conséquent, il passa son temps à regarder l’officiant sans mot dire. La ferme étant son univers familier, il connaissait parfaitement les cris des différents animaux et plus particulièrement le cri du coq. Quand il entendit les pleurs et les sanglots des fidèles, il eut le coeur brisé et se mit alors à crier « Cocorico ! D.ieu ait pitié de nous ! » Les fidèles, dérangés par ce cri bizarre, ne purent s’empêcher de le semoncer et de le menacer de le mettre à la porte. Les fidèles remarquèrent que le Baal Chem Tov et ses disciples avaient brusquement décidé de finir la prière de Néilah. A la fin de Yom Kipour, le Baal Chem Tov confia à ses disciples qu’une accusation céleste avait été proclamée avec, à la clé, la destruction de la communauté en question. Comme il implorait la miséricorde divine, une accusation fut lancée contre lui, le Baal Chem Tov, pour avoir encouragé des Juifs à s’installer dans des villages
16 Jonctions - Octobre 2016-5777
éloignés où ils risquaient de s’assimiler aux non-Juifs. La situation était grave et le péril imminent. Lorsque le cri du villageois fut entendu dans le Ciel et que, sa sincérité ne faisant aucun doute, le décret fut aussitôt annulé.
« Un bouquet »
Roch Hachanah et Souccot montrent tous deux l’unité absolue du Peuple Juif. Lors de Roch Hachanah « vous vous tenez aujourd’hui, vous tous », tous les Juifs sont identiques, depuis « vos têtes » jusqu’à « vos porteurs d’eau.» Le service spirituel émane alors du plus profond de l’âme où aucune distinction ne démarque un Juif de l’autre. A Souccot, les Quatre Espèces représentent quatre groupes de Juifs, et D.ieu dit : « Liez-les toutes en un seul bouquet et chaque espèce obtiendra le pardon pour l’autre. » Néanmoins, l’unité représentée par Roch Hachanah est différente de celle de Souccot, qui elle apporte une nouvelle dimension. A Roch Hachanah, l’union de tous les Juifs se fonde sur le coeur de l’âme, un niveau où tous sont égaux. Par contre, à Souccot, l’union est apparente, révélée, basée sur l’interdépendance de tous les Juifs. Cette distinction peut trouver une analogie tirée des deux types d’unité dans les membres du corps : l’unité du contenu interne et l’unité externe. La première tient au fait que tous les membres corporels possèdent un contenu similaire : ils appartiennent tous au même corps. Cependant, dans leur rôle externe, chaque membre diffère de l’autre, leur unité se révélant par le fait que chacun a besoin de l’autre et le complète. Les mots du Midrach évoquent ces deux modes : « Chacun apporte le pardon pour l’autre », c’est là l’unité de Souccot.
tous les Juifs sont identiques, depuis « vos têtes » jusqu’à « vos porteurs d’eau.»
LES FÊTES DE TICHRI
A propos du Loulav
Pourquoi la bénédiction que l’on récite sur les Quatre Espèces mentionne-t-elle spécifiquement le Loulav ? Parce que c’est la plus haute de toutes (« il est cons déré comme le plus significatif et le bouquet entier prend son nom » Rachi). Cette supériorité, dans son apparence matérielle, indique également une supériorité spirituelle sur les autres espèces. Pourtant, le Loulav (qui possède un goût) représente les érudits de la Torah alors que l’Etrog (qui lui a à la fois un parfum et un goût) représente ceux qui étudient la Torah et pratiquent ses commandements. On peut donc s’étonner du rôle éminent donné spécifiquement au Loulav et non à l’Etrog. La ‘Hassidout explique que celui qui accomplit une mitsvah s’annule devant la Volonté Divine alors que celui qui étudie la Torah unit son intellect avec la sagesse de D.ieu : « Lui et Sa sagesse ne font qu’un. » Ainsi, celui dont l’occupation principale est l’étude de la Torah (le Loulav) atteint un niveau d’union avec D.ieu supérieur à celui auquel parvient l’homme qui divise équitablement son temps entre la Torah et les Mitsvot (l’Etrog). Le sens profond de la mitsvah des Quatre espèces étant l’unité du peuple juif, l’emphase est donc portée sur l’espèce représentant le point culminant de l’unité avec D.ieu.
Seul avec le Roi Durant les Dix jours de Repentir, chaque Juif peut « trover » D.ieu Qui est alors proche : « Cherche D.ieu où Il peut être trouvé et appelle-Le quand Il est proche » Bien
18 Jonctions - Octobre 2016-5777
plus, un verset dans le Cantique des Cantiques s’écrie : « Mon Bien-Aimé frappe à la porte ! » Ainsi, D.ieu frappet-Il à la porte du coeur de chaque Juif et S’écrie t-Il : « Ouvre Moi la porte ! » Durant ces jours, chaque Juif se trouve poussé au repentir. Il « ouvre en grand » les portes de son coeur et aspire à s’unir à son Créateur par la repentance et les bonnes actions. Cette unité entre Israël et son Père dans le Ciel est la plus grande à la conclusion des Dix Jours de Repentir et au moment de la prière de Néilah. C’est alors que se trouve pleinement accomplie l’expression de l’Ecriture : « J’ai trouvé Celui Qu’aime mon âme. » Tout ce qui cache la Divinité, et par conséquent la proximité essentielle entre D.ieu et les Juifs, cesse d’exister et le Roi et Son peuple sont réunifiés. C’est là l’origine du nom de la prière « Néilah » qui signifie « clôture » : toutes les portes sont alors closes et plus personne ne peut pénétrer car seuls sont présents Israël et D.ieu. Ce lien tout particulier entre D.ieu et Israël s’exprime clairement, comme d’ailleurs tout ce qui concerne les Jours de Repentir, à Souccot et Chemini Atsérét. Durant Souccot, on sacrifiait dans le Temple 70 taureaux correspondant aux 70 nations du monde. Toutefois, lors de Chemini Atsérét n’étaient offerts qu’« un taureau et un bélier ». Le Midrach offre à ce propos la parabole suivante : Un roi fit une fête qui dura sept jours et à laquelle il invita tous ses sujet. A la fin des sept jours de festivités, il dit à son ami très cher : « Nous nous sommes acquittés de notre obligation vis-à-vis du peuple ; faisons maintenant un repas, toi et moi, avec ce que nous pourrons trouver. »
tous les Juifs sont identiques, depuis « vos têtes » jusqu’à « vos porteurs d’eau.»
LES FÊTES DE TICHRI
Chemini Atsérét et Chavouot Pourquoi la fête de Sim’hat Torah fut-elle instituée à Chemini Atsérét et non à Chavouot, « le moment du Don de notre Torah » ? La réponse à cette question indique que « puisque nous achevons la lecture de la Torah, il est adéquat de se réjouir à cette occasion. » La ‘Hassidout propose une autre réponse : la réjouissance de Chemini Atsérét concerne les secondes Tables de la Loi, données à Yom Kippour, qui furent « doublées en force » c’est-à-dire qu’elles multipliaient par deux la valeur spirituelle des premières. On peut apporter des explications complémentaires : Les premières Tables résultaient du « travail manuel et de l’écriture de D.ieu », symbolisant un don d’En haut. Les secondes Tables, par contre, consistaient en paroles de D.ieu transcrites par Moché et représentant donc l’effort humain. Sim’hat Torah est liée à ces dernières parce que la véritable réjouissance ne vient que par le labeur et l’effort. Les secondes Tables furent données en résultat de la repentance du peuple juif et ce don en particulier marque la restauration de la proximité avec D.ieu, inspirant une joie immense.
DOSSIER SPÉCIAL
TICHRI
Jonctions - Octobre 2016-5777 19
LES FÊTES DE TICHRI
Quand la Torah est enveloppée Il est de coutume de conduire les Hakafot, les danses de la fête, avec les rouleaux de la Torah autour de la bimah (table où l’on lit la Torah) avec les rouleaux de la Torah fermés et dans leur enveloppe. L’on pourrait s’interroger : puisque la Torah représente la sagesse et l’intellect, ne serait-il pas plus approprié de célébrer Sim’hat Torah par l’étude de sorte que les réjouissances soient motivées par la compréhension intellectuelle et non par des danses (avec les pieds), la Torah enveloppée et donc au contenu caché ? La réponse est que l’essence de la Torah est plus élevée que l’intellect et inaccessible à l’entendement. Toute compréhension, quelle qu’elle soit, est définie et limitée alors que la Torah est l’émanation de la sagesse de D.ieu sans fin ni limites. Danser avec la Torah recouverte met l’accent sur le fait que nous nous réjouissons pour célébrer notre lien à l’essence de la Torah, transcendant complètement notre approche intellectuelle. Un Juif est heureux que la Torah lui permette de s’unir à Celui Qui l’a donnée et non simplement parce qu’il en a eu une approche intellectuelle et en a tiré une compréhension.
tous les Juifs sont identiques, depuis « vos têtes » jusqu’à « vos porteurs d’eau.» En fait, l’analyse intellectuelle de la Torah n’est qu’un moyen pour s’y connecter et s’unir à sa forme la plus essentielle, car « la Torah et D.ieu sont entièrement un.» Parce que cette réjouissance s’exprime par la danse, nous utilisons nos pieds. Le pied par lui-même, manquant de compréhension et vide de volonté, ne possède que la force du mouvement et se subordonne totalement à la volonté du cerveau. Ainsi, danser indique une soumission absolue du moi, motivée par l’acceptation du joug divin et la simple foi en la sagesse et la volonté de D.ieu, incorporées dans la Torah et ses commandements. Cette joie pour la Torah, motivée par une foi simple et parfaite dans Celui Qui l’a donnée permet un ancrage solide
20 Jonctions - Octobre 2016-5777
dans l’implication dans la Torah et ses Mitsvot, pour toute l’année.
Le mariage d’un frère Il est relaté qu’un jour, un homme simple s’adonnait avec beaucoup d’intensité aux réjouissances de Sim’hat Torah. On lui demanda : « Pourquoi te réjouis-tu tant à Sim’hat Torah ? Etudies-tu la Torah intensément au cours de l’année ? » Il répondit : « Quand mon frère marie sa fille ne devrais-je pas participer à sa joie ? » C’est là la réponse d’une personne simple, exprimée en fonction du meilleur de ses connaissances. En réalité, Sim’hat Torah n’est pas « le mariage de la fille du frère», la réjouissance de quelqu’un d’autre mais plutôt celle de chaque Juif. Elle n’est pas le résultat de la sagesse de la Torah, domaine dans lequel les Juifs diffèrent les uns des autres. Cette expression de joie émerge de l’essence de la Torah concernant en toute égalité chacun d’entre nous.
LES FÊTES DE TICHRI Si nous devions célébrer Sim’hat Torah par l’étude, la distinction entre les érudits et les Juifs simples serait mise en évidence. Le fait de danser ensemble prouve plus que tout leur statut d’égalité. Plus encore, pour l’homme simple, la joie ressentie est plus pure que celle d’un érudit car il est probable que ce dernier exprime quelque part son plaisir émanant de la compréhension, ce qui n’est pas le cas du premier. Enfin, si nous célébrions ces moments par l’étude et la compréhension, la réjouissance s’exprimerait en fonction du niveau de compréhension. Mais lorsque nous fêtons l’essence de la Torah, notre joie ne connaît pas de limites.
Les pieds de la Torah
Rabbi Yossef Its’hak dit un jour : « la Torah désire faire le tour de la bimah mais puisqu’elle ne peut le faire, le Juif devient ses « pieds », la transportant autour du pupitre de lecture, tout comme des pieds conduisent la tête. » Que signifie le fait qu’un Juif est « les pieds » du rouleau de la Torah ? Le pied ne fait qu’accomplir la volonté du cerveau, comme nous pouvons le voir du fait que par sa pensée (sa volonté) un homme fait immédiatement bouger son pied. Un pied qui n’obéit pas au commandement du cerveau n’est pas sain. Par le même biais, les danses de Sim’hat Torah expriment une acceptation totale du joug Divin et la soumission à Sa Volonté de sorte que les commandements de la Torah seront accomplis sans hésitation ni délibération.
« Quand mon frère marie sa fille ne devrais-je pas participer à sa joie ? »
ZAGHDOUN
Cabinet d’Avocats Droit Immobilier Procédures et tribunaux Recouvrement de créances (Otsaa Lapoal) Faillites & Liquidations Dereh Shlomo 21, Tel Aviv - Tel : 03-639-22-72 - office@avocatsisrael.com - www.avocatsisrael.com
Jonctions - Octobre 2016-5777 23
CALENDRIER DES FÊTES ROCH HACHANA
MATIN
SOIR -18h02 ALLUMAGE* DES BOUGIES
DIMANCHE 2 OCTOBRE
BÉNÉDICTIONS: 1,6
VEILLE DE ROCH HACHANA
-METS SPÉCIAUX SONNERIES DU CHOFFAR
- APRÈS MIN'HA PRIÈRE DE TACHLI'H -18h59 ALLUMAGE ** DES BOUGIES DE LA FÊTE BÉNÉDICTIONS: 1&6
SECOND JOUR DE ROCH HACHANA
SONNERIES DU CHOFFAR
18h58 FIN DE LA FÊTE
MERCREDI 5 OCTOBRE
DÉBUT: 05H21
Fin: 18h45
LUNDI 3 OCTOBRE PREMIER JOUR DE ROCH HACHANA
MARDI 4 OCTOBRE
JEÛNE DE GUEDALYA
YOM KIPPOUR
MATIN
ALLUMAGE DES BOUGIES
MARDI 11 OCTOBRE
KAPPAROT
17h50*** BÉNÉDICTIONS: 2,6
VEILLE DE YOM KIPPOUR
YIZKOR
FIN DU JEUNE
18h48
MERCREDI 12 OCTOBRE YOM KIPPOUR
SOUCCOT
MATIN
DIMANCHE 16 OCT VEILLE DE SOUCCOT
LUNDI 17 OCTOBRE
HOL HAMOËD DEMI-FETES
AUTRE
17h45 ALLUMAGE* DES BOUGIES
Ce soir, on commence à manger dans la Souccah en récitant le Kidouch et les bénédictions 4&6
18h42 FIN DE LA FÊTE
On agite les 4 espèces. Bénédictions: 5&6
BÉNÉDICTIONS: 3&6
PREMIER JOUR DE SOUCCOT
DU LUNDI 17 AU DIMANCHE 23 OCT.
SOIR
- On agite les 4 espèces Bénédiction: 5 - On ne met pas les Téfilines
On mange dans la Souccah. Bénédiction: 4
VEILLÉE DE HOCHAANA RABBA
SAMEDI 22 OCTOBRE VEILLÉE DE HOCHAANA RABBA
CHEMINI ATSÉRÈT SIM'HAT TORAH
MATIN
SOIR
AUTRE
DIMANCHE 23 OCTOBRE
ON AGITE LES 4 ESPÈCES. BÉNÉDICTIONS: 5 ON RÉCITE LES HOCHAANOT
17h37 ALLUMAGE* DES BOUGIES
A partir de ce soir, on ne mange plus dans la Souccah
HOCHAANA RABBA VEILLE DE CHEMINI ATSÉRÈT-SIMHAT TORAH
BÉNÉDICTIONS: 3&6
HAKAFOT: ON DANSE, LE SOIR, AVEC LES SIFRËI TORAH
LUNDI 24 OCTOBRE CHEMINI ATSÉRÈT SIMHAT TORAH
- PRIÈRE DE YIZKOR & TEFILAT GUÉCHEM - HAKAFOT
18h36 FIN DE LA FÊTE
* Passé cet horaire, allumez uniquement à partir d'une flamme déjà existante. ** Allumez uniquement à partir d'une flamme déjà existante. ***N'allumez pas après l'horaire indiquée. 1 2 3 4 5 6
BAROU'H ATA ADO-NAÏ ÉLO-HÉNOU MÉLÈ'H HAOLAM ACHÈR KIDECHANOU BEMITVOTAV VETSIVANOU LEHADLIK NER CHEL YOM HAZIKARONE. BAROU'H ATA ADO-NAÏ ÉLO-HÉNOU MÉLÈ'H HAOLAM ACHÈR KIDECHANOU BEMITVOTAV VETSIVANOU LEHADLIK NER CHEL YOM HAKIPOURIM. BAROU'H ATA ADO-NAÏ ÉLO-HÉNOU MÉLÈ'H HAOLAM ACHÈR KIDECHANOU BEMITVOTAV VETSIVANOU LEHADLIK NER CHÈL YOM TOV. BAROU'H ATA ADO-NAÏ ÉLO-HÉNOU MÉLÈ'H HAOLAM ACHÈR KIDECHANOU BEMITVOTAV VETSIVANOU LÉCHEV BASSOUCCAH. BAROU'H ATA ADO-NAÏ ÉLO-HÉNOU MÉLÈ'H HAOLAM ACHÈR KIDECHANOU BEMITVOTAV VETSIVANOU AL NETILAT LOULAV. BAROU'H ATA ADO-NAÏ ÉLO-HÉNOU MÉLÈ'H HAOLAM CHÉHÉ'HÉYANOU VEKIYEMANOU VÉHIGUIANOU LIZMAN HAZÉ.
24 Jonctions - Octobre 2016-5777
Jonction - Juilet 2016 25
LETTRE DU RABBI
26 Jonctions - Octobre 2016-5777
LETTRE DU RABBI
Des chemins de vie Le libre-arbitre L’un des fondements de notre foi et de notre mode de vie est la forte conscience que la Providence de D.ieu est accordée à chacun, à titre personnel, qu’Il est l’Essence du bien et ne prodigue que le bien, comme le relate la Torah, au verset Béréchit 1, 31 : “ Et, D.ieu considéra tout ce qu’Il avait fait, et c’était très bien ”. Quand D.ieu accorda le libre-arbitre à l’homme, afin qu’il choisisse son chemin dans la vie et son comportement quotidien, Il nous a confié, dans Sa grande bonté, Sa Torah, nous désignant la voie juste, que l’on doit parcourir tout au long de sa vie et le moyen de s’y maintenir sans erreurs. Or, vous me dites prendre conscience que la vie est une “ corvée ” et l’état d’esprit que révèle votre lettre n’est pas du tout en harmonie avec le mode de vie juif. Bien entendu, je peux comprendre que l’on raisonne ainsi, après les événements et les circonstances que vous décrivez dans votre courrier. Malgré cela, une telle situation est envisageable uniquement pour celui qui ne tient pas compte de la Divine Providence et pense donc qu’il est seul au monde, totalement isolé, ne pouvant s’en remettre qu’à lui-même. A l’opposé, celui qui sait que tout ce qui lui arrive est un effet de la Providence de D.ieu, accordant personnellement. Son influence à chaque homme, comprendra que la seule liberté véritable dont l’homme dispose, porte sur ce qui concerne sa propre personne. En revanche, il ne peut en aucune façon intervenir sur les événements concernant les autres. De la sorte, il peut observer chaque situation d’une manière différente. Un tel homme n’est pas encore en mesure de comprendre pourquoi tel événement se produit,
D.ieu accorda le libre-arbitre à l’homme, afin qu’il choisisse son chemin dans la vie et son comportement quotidien mais il n’en sera pas surpris, connaissant les limites de son intellect, l’impossibilité pour la rationalité humaine de percevoir la Sagesse infinie du Saint béni soit-Il, qui est appelée Ein Sof, sans fin. Ainsi, on observe que D.ieu dispense le cadeau de la vie et d’autres bénédictions encore. Simultanément, Il offre l’opportunité de mettre en pratique Sa Volonté, non pas du fait de Sa recherche de la satisfaction et du plaisir, mais parce que, de cette façon, Il permet à un Juif de diffuser la Lumière divine dans le monde, au sens large, et surtout au sein de sa famille, dans son entourage proche. De toute évidence, il n’y a pas lieu de qualifier ces bénédictions de D.ieu de “ corvées ”, ce qu’à D.ieu ne plaise. De même, il n’est pas digne de considérer comme une corvée, dans une certaine mesure, le fait qu’il soit difficile d’identifier le bien, d’une manière indubitable. En effet, comme l’affirment nos Sages, au traité Avot, chapitre 5, à la Michna 21 : “ Le résultat est à la mesure de l’effort ”. Plus un objet est favorable et précieux, plus il est difficile de l’obtenir. Même si des difficultés, imaginaires ou réelles, surviennent, l’effort nécessaire pour les surmonter s’impose, car le résultat le surpassera largement. Il est sûrement inutile d’en dire plus. (Lettre du Rabbi à un habitant de Londres, 5725-1965, Kfar ‘Habad n°982)
Jonctions - Octobre 2016-5777 27
LETTRE DU RABBI
La mission d’une âme J’apporte une réponse à votre lettre et surtout à votre question : “ Quel sera mon sort, en tant que Juif ? ”. Nos Sages expliquent, dans le Zohar, tome 2, à la page 104b, que chaque âme, avant de descendre ici-bas, se trouvait auprès du saint Roi et le traité ‘Haguiga 12b précise, en outre, que : “ les âmes juives sont gravées sous le Trône céleste ”. Or, cette gravure doit exprimer la nature profonde de l’âme, sa sainteté et sa pureté, le fait qu’elle n’a rien de commun avec tout ce qui est grossier ou physique. Cette âme, par sa nature profonde, n’est pas victime des attraits et des passions physiques, quels qu’ils soient, ceux-ci étant uniquement le fait du corps matériel et de l’âme animale. Malgré cela, le Créateur de cette âme, Qui en fit “ une parcelle de Divinité céleste véritable ”, selon l’expression de la première partie du Tanya, au chapitre 2, voulut l’insérer en ce monde matériel et grossier, pendant quelques décennies, afin qu’elle s’unisse à un corps physique, qu’elle soit enfermée en lui, dans une situation et sous des conditions que sa propre nature ne peut supporter. C’est de cette manière qu’elle peut assumer la mission céleste justifiant son séjour ici-bas et consistant à révéler la Divinité, à purifier le corps physique et l’entourage, afin d’y insuffler la spiritualité, de faire de ce monde le Sanctuaire de la divine Providence, selon l’expression du Midrach Tan’houma, à la Parchat Nasso, chapitre 16, au paragraphe 1. Seule une existence basée sur la Torah et les Mitsvot permet d’obtenir un tel résultat. Lorsqu’une telle âme mène à bien la mission qui lui est confiée, la douleur et la souffrance inhérentes à sa descente ici-bas, à sa vie sur la terre, sont non seulement justifiées, mais elles suscitent, en outre, une immense rétribution, un bonheur éternel dont l’âme jouira dans le monde futur, qui sont infiniment plus élevés que ces douleurs et ces souffrances. Ce qui vient d’être dit permettra d’évaluer aisément les conséquences tragiques auxquelles on peut s’attendre, quand l’âme n’assume pas la mission qui lui est confiée sur la
28 Jonctions - Octobre 2016-5777
terre. L’homme qui adopte ce comportement inflige à son âme la punition d’une période de souffrance, sans intérêt, la privation de la réparation que constitue la joie éternelle lui étant réservée par D.ieu et sa vigueur ne disparaît pas de la sorte. Même si l’âme traverse des périodes transitoires d’activités religieuses, d’étude de la Torah et de pratique des Mitsvot, il est douloureux de constater à quel point de tels accomplissements peuvent être mis en pratique sans vitalité réelle, sans plaisir profond. L’homme agissant ainsi ne comprendra pas que ces actions sont la justification de sa propre existence. De la sorte, il négligera le point essentiel parce qu’il ne s’est pas préparé à accomplir la Volonté de D.ieu. Il perd donc également le bien et l’éternité qui auraient dû en résulter. Or, faire le choix d’une existence mettant en avant la servitude, l’abaissement de l’âme heurte la rationalité et le bon sens commun. On repousse ainsi son bien naturel, c’està-dire l’immense élévation à laquelle onpeut s’attendre à la suite de la descente de son âme. Ceci permet de clarifier pleinement le message de nos Sages qui affirment, au traité Sota 3a : “ L’homme commet une faute uniquement quand il est saisi par un esprit de folie ”. Il n’est nul besoin de méditer profondément pour comprendre qu’à l’issue de la vie, il y aura un jugement, comme le précise le traité Avot, chapitre 4, à la Michna 22. Or, l’âme, “ parcelle de Divinité céleste ”, est contrainte de descendre icibas, de se vêtir d’un corps qui est “ poussière et cendre ”, selon l’expression du verset Béréchit 18, 27, commentée dans la quatrième partie du Tanya, au chapitre 15. L’approche juste consiste donc à tirer le plus grand profit de ce séjour de l’âme ici-bas. Seule une vie pénétrée de Torah et de Mitsvot permet de le faire. Et, il est tout aussi clair que le Saint béni soit-Il, Essence du bien, contraint l’âme à descendre “ d’une cime élevée vers un abîme profond ”, selon l’expression du traité ‘Haguiga 5b, dans le but d’étudier la Torah et de pratiquer les Mitsvot.
LETTRE DU RABBI
Il est donc naturel que cette Torah et ces Mitsvot soient effectivement à la mesure de l’Essence du bien. Bien plus, la descente de l’âme s’effectue dans l’optique de l’élévation qui en résulte. Il faut en conclure qu’elle n’a pas d’autre moyen de s’élever que cette chute et la longue période au cours de laquelle elle doit résider dans ce monde. S’il était une possibilité plus aisée d’obtenir ce résultat, il est certain que D.ieu n’aurait pas imposé la descente de la “ cime élevée ” que constitue Son Trône, jusque dans ce monde inférieur, le plus bas de tous. Il faut en conclure qu’ici, et seulement ici, dans l’endroit le plus inférieur parmi ceux qui sont bas, l’âme peut recevoir sa plus haute élévation, transcendant même celle des anges, puisque nos Sages disent, selon le commentaire de Rachi sur le verset Bamidbar 23, 23, que : “ leur place est avant celle des anges du Service divin ”. Il faut donc penser à la grandeur de la Torah et des Mitsvot, surtout en leur dimension liée à la matière du monde. Il faut se dire que la Torah et les Mitsvot sont les moyens exclusifs pour obtenir la perfection de l’âme et l’accomplissement du Dessein divin. De la sorte, un homme peut concevoir un plaisir immense et véritable quand il médite à son
sort, malgré les nombreux obstacles, les incalculables limites, internes et externes, qui surviennent immanquablement lors de sa vie sur cette terre. C’est uniquement en ayant un tel état d’esprit que nous pouvons espérer mettre en pratique l’injonction exprimée par le verset (Tehilim 100, 2) “ Servez D.ieu dans la joie ”, dont le Baal Chem Tov fit l’un des fondements de son enseignement. Celui-ci est, en outre, une pierre d’angle des conceptions de ‘Habad. Son fondateur, l’Admour Hazaken, dont nous célébrons la libération le 19 Kislev, lui accorde un rôle particulier dans son ouvrage monumental, le Tanya, en sa première partie, aux chapitres 26 à 31. Avec ma bénédiction, (Lettre du Rabbi à un habitant de Beverly Hills, Californie, 5714-1954, Kfar ‘Habad n°982)
Jonctions - Octobre 2016-5777 29
RÉCIT
L’ÉTROG DU JARDIN
D’EDEN RÉCIT LE JARDIN D’EDEN C’était le premier jour de Souccot et tous les fidèles de la synagogue de Rabbi Éliméle’h de Lyzensk étaient d’humeur festive. On pouvait palper la joie de la fête dans l’atmosphère tout autour. Alors que Rabbi Éliméle’h se tenait devant le pupitre et s’apprêtait à réciter le Hallel, la prière de louange traditionnelle tirée des Psaumes de David, tous les yeux étaient tournés vers lui. On sentait quelque chose d’inhabituel ce Souccot. Pourquoi s’arrêta-t-il soudainement avant d’effectuer les mouvements de va et vient avec les Quatre Espèces dans ses mains ? Pourquoi ne continuait-il pas la prière comme d’habitude ? Il était évident qu’il pensait à quelque chose d’important, sans doute une bonne nouvelle à en juger par son visage radieux.
« Viens m’aider à trouver l’Éthrog qui embaume la synagogue avec le parfum du Gan Éden ! » Ensemble, ils passèrent devant tous les fidèles, un à un, jusqu’à ce qu’ils parviennent au bout de la synagogue : là se tenait debout un Juif apparemment plongé dans ses pensées, insensible à l’agitation autour de lui.
Dès que la prière fut terminée, Rabbi Éliméle’h de Lyzensk se hâta de se rendre auprès de son frère, Rabbi Zoussia qui était venu passer la fête chez lui. Il lui dit d’une voix toute joyeuse :
Jonctions - Octobre 2016-5777 31
RÉCIT
à Lemberg. Afin de ne pas dépenser d’argent pour le voyage, je m’y rends normalement à pied. « Cette année, durant les Dix Jours de pénitence, alors que je marchais comme d’habitude sur la route de Lemberg, avec mes cinquante Gulden dans ma bourse, je traversai une forêt et m’arrêtai pour me reposer, dans une auberge. C’était l’heure de prier Min’ha, la prière de l’après midi et je me mis donc dans un coin tranquille afin de prier calmement. « C’est lui ! » s’exclama, heureux, Rabbi Éliméle’h de Lyzensk. « Je vous en prie, mon ami, dites-moi qui êtes-vous et d’où avez vous obtenu votre magnifique Éthrog ? » L’homme était visiblement surpris de voir toute l’attention des fidèles se tourner vers lui ; il n’avait pas vraiment envie de parler de lui et prépara soigneusement la réponse qu’il donna au Rabbi. « Avec tout le respect que je vous dois, Rabbi, c’est une longue histoire ! Voulez-vous vous asseoir avant que je ne commence mon récit ? » « Certainement ! Je suis sûr que cela vaut la peine de l’écouter ! » répondit Rabbi Éliméle’h de Lyzensk, le visage rayonnant. « Je m’appelle Ouri et je viens de la ville de Strélisk, commença l’homme. Pour moi, la Mitsva des Quatre Espèces a toujours été particulièrement importante et j’ai toujours veillé à l’accomplir le mieux possible. Bien que je sois très pauvre et que je ne puisse normalement pas me payer le luxe d’acheter le plus bel Éthrog, ma jeune épouse est en parfait accord avec moi et s’est engagée comme cuisinière afin de gagner l’argent du ménage : ainsi, je peux consacrer tous mes revenus à l’achat d’un Éthrog qui correspond à mes désirs. Je travaille comme Melamed (professeur) dans la ville de Yanev qui n’est pas très loin de ma ville natale. J’utilise la moitié de ma paye pour les besoins de la famille et l‘autre moitié pour acheter un Éthrog
32 Jonctions - Octobre 2016-5777
« Alors que j’étais au milieu de ma prière, j’entendis des gémissements et des cris à fendre le coeur. je me hâtais de terminer ma prière afin de pouvoir éventue lement aider cette personne qui semblait si malheureuse. « Je me tournais vers l’homme qui se lamentait ainsi : c’était un Juif, un paysan habillé grossièrement, visiblement assez vulgaire ; il tenait un fouet à la main et n’arrêtait pas de pleurer devant le tenancier. « D’après son récit un peu confus et entre ses sanglots, je réussis à comprendre que cet homme avec son fouet était un cocher. Il avait une femme et plusieurs enfants à charge mais il avait beaucoup de mal à gagner sa vie. Or maintenant, il venait de lui arriver un grand malheur : son cheval qui lui était indispensable pour travailler venait de s’écrouler dans la forêt, non loin de l’auberge et ne parvenait plus à se relever. « Le désespoir de cet homme était insupportable à voir mais je tentai néanmoins de l’encourager. Je lui rappelais que D.ieu existe pour chacun d’entre nous, que D.ieu l’aiderait sûrement et qu’il ne devait pas perdre espoir même si la situation apparaissait très grave. « Je dispose d’un autre cheval d’une valeur de 80 Gulden, dit alors l’aubergiste au cocher, mais pour vous, je vous le vendrai seulement pour 50 Gulden afin de vous aider ».
RÉCIT
« Je ne possède même pas 50 centimes ! soupira le cocher entre deux sanglots et il me propose un cheval pour 50 Gulden ! » « Je ne pouvais pas entendre une telle histoire alors que je possédais 50 Gulden dans ma bourse pour acheter un Éthrog ! Cet homme était si malheureux et sa vie ainsi que celle de sa famille dépendait de ce cheval ! Je me tournais vers l’aubergiste : « Ditesmoi, quel est le plus bas prix que vous pouvez lui concéder pour un cheval ? » « Perplexe, l’aubergiste me regarda avec des yeux ronds. Stupéfait par ce que je venais de dire, il finit par déclarer : « Si vous me payez immédiatement, je suis prêt à vous le vendre pour 45 Gulden mais pas un centime de moins ! Sinon, ce serait une vente à perte et je ne peux absolument pas me le permettre ! » « Je sortis ma bourse et lui tendis les 45 Gulden. Le cocher me regardait, incrédule. Il n’arrivait pas à sortir un son de sa bouche tant il était stupéfait par ce qui lui arrivait. Sa joie était absolument indescriptible. « Maintenant vous voyez que D.ieu peut tout faire pour vous et vous sortir d’une situation apparemment sans issue ! » lui dis-je gentiment tandis qu’il accompagnait l’aubergiste dans l’étable pour prendre possession de son nouveau cheval, pour l’harnacher et éventuellement l’attacher à son chariot resté dans la forêt avec son vieux cheval. « Profitant de leur sortie, je ramassais mes affaires et disparus afin de ne pas être embarrassé par leurs remerciements. « Finalement je parvins à Lemberg avec mes cinq Gulden. Bien entendu, je ne pus acheter qu’un Éthrog très ordinaire mais néanmoins cachère. D’habitude, mon Éthrog est le plus beau de ma ville de Yanev et chacun cherche à prononcer la bénédiction dessus mais cette année, j’avais honte de retourner dans ma ville avec un Éthrog aussi quelconque. Ma femme a donc accepté que je passe la fête ici, à Lyzensk, une ville dans laquelle personne ne me connaît ».
« Mais, mon cher Rav Ouri ! s’écria Rabbi Éliméle’h après avoir entendu ce récit, votre Éthrog est effectivement le plus beau de la synagogue ! Maintenant je comprends pourquoi il exhale un tel arôme ! Il a vraiment le parfum du Gan Éden ! Je vais vous raconter la suite de votre histoire : quand le cocher à qui vous aviez offert le cheval repensa à tout ce qui lui était arrivé, il réalisa que vous étiez certainement Éliahou Hanavi, le célèbre prophète Élie que le Saint Béni soit-Il aurait envoyé sur terre sous forme d’un homme afin de l’aider dans sa détresse. Après être arrivé à cette conclusion, l’heureux homme se demanda comment il pouvait bien exprimer sa gratitude envers le Tout Puissant. Mais le pauvre homme ne connaissait pas un mot d’hébreu et ne savait pas prononcer une seule bénédiction. Il se « creusait le cerveau » pour tro uver la meilleure façon de remercier D.ieu. « Soudain son visage s’éclaira : il prit son fouet et fouetta les airs de toutes ses forces et s’écriant de tout son coeur : « Cher Père aux Cieux ! Je T’aime beaucoup ! Que puis-je faire pour Te prouver combien je T’aime ? Je vais fouetter les airs de toutes mes forces pour Te montrer ce que je ressens pour Toi ! » Et tout en parlant, le cocher donna trois puissants coups de fouet dans l’air. « La veille de Yom Kipour, alors que D.ieu était assis sur le « Trône de Jugement », Il écoutait attentivement les premières prières de la fête. Rabbi Lévi Yits’hak de Berditchev – qui agissait en tant qu’avocat du peuple juif - poussait un chariot rempli de toutes les Mitsvot que les Juifs avaient accomplies au long de l’année. Mais le Satan apparut et lui barra le chemin avec tous leurs pêchés …
Jonctions - Octobre 2016-5777 33
RÉCIT
34 Jonctions - Octobre 2016-5777
RÉCIT
Rabbi Lévi Yits’hak était bloqué. Mon frère Rabbi Zou sia et moi-même avons tenté de l’aider à passer avec son chariot mais c’était impossible. « C’est alors que nous avons entendu le claquement d’un fouet qui déchirait les airs, causant l’apparition d’un éclair de lumière qui illumina tout l’univers jusqu’au coeur des Cieux ! Là nous avons aperçu les anges et tous les Justes assis en cercle et chantant les louanges de D.ieu. En entendant les mots que prononça le cocher lorsqu’il claqua son fouet, ils s’écrièrent : « Heureux est le Roi qui est ainsi loué par Ses sujets ! » « Immédiatement, l’ange Mi’haël apparut, traînant un cheval et suivi par le cocher qui tenait encore son fouet à la main. L’ange Mi’haël attacha le cheval au chariot des Mitsvot tandis que le cocher faisait tournoyer son fouet. A ce moment, le chariot parvint à dégager son chemin, écrasant au passage la pile de pêchés qui lui avait auparavant barré la route et déposa tout son chargement devant le Trône céleste. Là, le Roi des rois les ramassa et quitta le Trône du Jugement pour s’asseoir sur le Trône de Miséricorde. Le peuple juif était ainsi assuré d’une bonne et douce année ! « Et maintenant, mon cher Reb Ouri, conclut Rabbi Éliméle’h, vous comprenez que tout ceci est arrivé grâce à votre bonne action. Retournez chez vous et vous deviendrez un chef du peuple juif ! Car vous avez prouvé votre total dévouement pour la cause de vos frères et vous aurez pour vous l’approbation du Tribunal Céleste ! Mais, avant que vous ne rentriez chez vous, laissez-moi la permission de prononcer la bénédiction sur votre magnifique Éthrog !... »
Jonctions - Octobre 2016-5777 35
ZOOM SUR LE BETH HABAD DE MARIUPOL EN UKRAINE
À LA RENCONTRE DES CHLIHIMS DU RABBI Bonjour, Rabbi Mendel Kohen, vous êtes chaliah du Rabbi à Mariupol en Ukraine Combien de juifs et combien d’habitants ? Un demi-million d’habitants et environ 5000 juifs. Quand êtes-vous arrivés ici ? C’était à Pourim, il y a maintenant onze ans. En Israël à Haifa.
Où êtes-vous né ?
Comment êtes-vous arrivés à Mariupol ? et pourquoi? Après notre mariage, nous recherchions une chlihout. Venir en Ukraine, c’était un véritable défi, il y avait tout à faire, tout à construire de zéro. C’est ce qu’il y a de spécial ici. On avait eu d’autres propositions, la Turquie, la Suède… mais nous avions envie de relever le défi. De réveiller les juifs, ou qu’ils se trouvent. J’étais déjà venu en tant que jeune homme étudiant à la yé-
36 Jonctions - Octobre 2016-5777
chiva, pour Pourim aussi. J’y avais passé deux jours. Il fallait alors faire 4000km en transport en commun pour trouver une communauté juive. Puis je suis revenu un Pessah pour aider le chaliah en place alors. L’idée commençait à faire son chemin devant la tâche gigantesque à accomplir… Aussi quand nous nous sommes mariés, nous n’avons pas hésité et nous sommes partis à Mariupol. Quand vous êtes arrivés, parliez-vous déjà la langue du pays ? Nous sommes arrivés en tant que jeune couple à Marioupol et depuis, nous avons eu, B’’H, deux enfants, un garçon et une fille. Nous ne connaissions pas la langue. Au début je donnais des cours avec deux traducteurs à mes côtes puis nous avons pris des leçons en ville, chez un professeur et c’est venu au fur et à mesure… Quel a été l’accueil quand vous êtes arrivés ? Les juifs d’Ukraine sont très chaleureux. Ils ont été heureux de nous voir. Les non-juifs aussi car nous apportons de l’aide spirituelle mais également de l’aide matérielle : vêtements, nourriture, médicaments… Depuis que la guerre a éclatée entre l’Ukraine et la Russie, nous sommes près du front et notre synagogue est devenue un refuge pour tous.
ZOOM SUR LE BETH HABAD DE MARIUPOL EN UKRAINE
Qu’existait-il en terme de structures juives ? Synagogue ? Mikvé ? Ecole ? Il n’y avait pas de mikvé, pas d’école et une très vieille synagogue qui tombait en ruine. Un an avant que nous arrivions, le vieux juif qui réunissait une fois par semaine un mynian est décédé. Pour trouver de la nourriture cachère, il fallait voyager dans une autre ville pendant deux heures, et pour aller au mikve trois heures de bus aller et trois heures retour… Et en terme de cacherout ? Magasins alimentaires ? C’est possible de manger cacher en Ukraine, tout est mis en place pour cela, mais seulement dans les grandes villes. Il faut donc commander. Certains magasins proposent quelques produits comme du houmous. Mais nous commandons et les gens peuvent venir acheter à la synagogue les produits cachers. Avez-vous reçu de l’aide extérieure pour avancer ? Du mouvement habad ? Du gouvernement ? De la ville ? De la communauté ? Il y a l’agence juive qui propose des cours d’hébreu et le JOINT qui offre de l’aide humanitaire et des colis et organise un seder de Pessah chaque année. Or Even et Keren La Yedidout nous aident financièrement et nous recevons des dons de juifs partout dans le monde, touchés par la situation. Chacun se sert les coudes. Avec la guerre, les choses se sont précipitées. Tout le monde aide, Juifs et non-juifs, jeunes et vieux. Quels changements depuis que vous êtes arrivés ? Avec l’aide de D.ieu, nous avons retapé tant bien que mal la synagogue. Nous avons constitué un mynian régulier. Petit à petit. D’abord c’était des jeunes qui ne craignaient pas les grandes distances, et quelques vieux religieux attachés aux traditions… un travail très dur avec une communauté non religieuse… mais B’’H, au fur et à mesure, le mynian s’est mis en place. Un gan pour les enfants. Un camp d’été. Un talmud torah l’après-midi. Un Kollel avec plus de 20 hommes tous les soirs et une midracha une fois par semaine. La guerre a réveillé les âmes juives. Ils arrivent des campagnes. Parfois leurs maisons ont été détruites… et ils ont soif de Torah. Certains font leur Brit-mila et rentre dans une synagogue pour la première fois de leur vie…
Qu’est ce qui a été le plus difficile ? La guerre entre l’Ukraine et la Russie. Car c’était complètement inattendu. Personne n’était préparé à cela. Au début, nous étions vraiment proches du front. Les tanks défilaient devant la synagogue. Les rebelles passaient devant nous. Les bombes faisaient vibrer les murs… nous avons aidé juifs et non juifs à se cacher, parfois à s’enfuir, à obtenir des passeports, à manger, à se vêtir… notre chlihout est autant spirituelle que matérielle. Notre rôle est d’apporter du judaïsme aux juifs et de les aider à faire Torah et Mitsvot. En même temps, la guerre a provoqué un réveil chez les juifs qui affluent de partout pour se rapprocher de la Torah. Nous assistons à la rencontre de trois générations en demande de Torah et Mitsvot. A une volonté forte d’entendre des paroles de Torah… aux plus fort des bombardements, pour la veillée de Chavouot, entre 4 et 5 heures du matin, la synagogue était pleine et les gens priaient avec une ferveur redoublée…
Jonctions - Octobre 2016-5777 37
ZOOM SUR LE BETH HABAD DE MARIUPOL EN UKRAINE
Ressentez-vous de l’antisémitisme ? Nous avons un garde devant la synagogue mais nous ne sentons pas de tension de ce genre. Au contraire, les gens sont heureux que nous soyons venus et nous remercient d’être là pour les aider. On sent une véritable joie de partager la situation difficile ensemble et l’espoir que donne l’unité retrouvée du peuple juif. Le gouvernement nous aide et nous soutient. Avez-vous ressenti des miracles ? Une hachgaha particulière ? Le mikvé a été construit il y a cinq ans, grâce à des généreux donateurs français. Depuis que la guerre a commencé, juste après la construction du mikve, la ville la plus proche pour aller se tremper, à trois heures de bus, ne se situe plus en Ukraine ! Elle est maintenant sous autorité russe et on ne peut plus franchir la frontière. C’est un véritable miracle que nous ayons pu construire le mikve juste avant que la guerre ne débute ! Pouvez-vous nous raconter une anecdote spécifique à votre chlihout ? Une femme juive envoyait ses enfants chez nous pour étudier, sa sœur et son beau-frère ne voyaient pas cela d’un bon œil et décidèrent de ne plus leur parler… jusqu’à ce que la guerre éclate et que leur village soit bombardé. Nous avons alors envoyé un bus là-bas pour ramener les juifs chez nous afin de les mettre à l’abri. Les sœurs se retrouvèrent sous notre toit. Peu après le beau-frère effectua sa brit-mila et il étudie aujourd’hui à la yeshiva…
38 Jonctions - Octobre 2016-5777
D’après vous, que reste t-il encore a accomplir et de quoi avez-vous besoin ? Nous sommes des instruments de D.ieu, et à Marioupol, ce sentiment est encore plus fort. Nous sommes de véritables récipients de sa Bonté. Qu’il nous donne la Force et nous permette de nous agrandir et de voir arriver le Machiah rapidement et de nos jours Amen. Notre rêve est de pouvoir construire une nouvelle synagogue qui puisse accueillir tout le monde et vibrer de louanges à D.ieu. Merci beaucoup et Behatslaha, que la Braha du Rabbi vous accompagne dans votre entreprise !
HOMMAGE ELIE WIESEL
40 Jonctions - Octobre 2016-5777
HOMMAGE ELIE WIESEL
ELIE WIESEL ET LE RABBI Si Elie Wiesel z’l’ a choisi d’ouvrir le tome II de ses mémoires par un enseignement du Rabbi Chneor Zalman de Lyadi, ce n’est pas un hasard. Le Rabbi lui avait demandé d’écrire un livre sur le fondateur du mouvement Loubavitch et l’auteur du Tanya. Rabbi Chneor Zalman de Lyadi réponds au directeur de la prison qui le détient à Saint-Petersbourg et lui demande comment et pourquoi D.ieu demande « Ayeka - où es-tu ? » à Adam. Est-il possible, même concevable que le Créateur du monde ait ignoré ou se trouvait Adam ? « Le Seigneur, loue soit son nom, le savait ; Adam lui ne le savait pas. (…) Je vais vous expliquer le vrai sens de la question que D.ieu posa à Adam. Ayeka signifie : où es-tu donc dans ce monde ? Quelle est ta place dans l’Histoire ? Où en es-tu de ta vie, Adam ? Ces questions fondamentales, chaque être humain, doit, un jour ou l’autre, les affronter. ». C’est ce qu’Elie Wiesel a tenté de faire, tout au long de sa vie : répondre à l’appel de D.ieu, Ayeka ? Tantôt par le silence, tantôt par l’écrit, parfois par la parole, parfois par les cris, d’autres par les pleurs, d’autres par le rire, mais certaines fois aussi, par le désespoir... Et justement, quand il s’agissait de parler de foi, d’Emouna, c’est avec le Rabbi Menahem-Mendel Shneerson, septième Rabbi de Loubavitch, qu’Elie Wiesel discutait. Dans Les Portes de la foret, l’écrivain décrit une célébration hassidique à Brooklyn, c’est celle du Rabbi. Il y retrouve les chants, les vœux, la ferveur de son enfance : « le Rabbi impressionne par la puissance spirituelle qui se dégage de sa personne. On dirait un souverain grâce à qui l’on peut vivre et œuvrer en paix. Quand il parle, la foule retient son souffle. Quand il chante, elle vibre de toute son âme. Ce qu’il exige, il l’obtient. Peu de Maîtres hassidiques contemporains détiennent une telle autorité. Ses émissaires, on les rencontre sur les cinq continents. Il arrive qu’il convoque un jeune étudiant et lui dise : Tu partiras ici ou là, et tu aideras les juifs à s’accomplir en tant que Juifs. Et l’étudiant, sans discuter, sans poser la moindre question d’ordre pratique, prend sa famille, ses affaires, et se met en route. (…) le Rabbi avait lu
certains de mes ouvrages en français et voulait que je lui explique pourquoi j’étais en colère contre D.ieu. Je lui répondis : Parce que je L’ai trop aimé. Et maintenant ? Voulut-il savoir. Maintenant aussi, je L’aime trop. Et parce que je L’aime, je Lui en veux. Le Rabbi n’était pas d’accord : Aimer D.ieu c’est accepter de ne pas le comprendre. Je lui demandai : Peut-on aimer D.ieu sans avoir la foi ? Il me dit que c’est la foi qui doit précéder tout le reste. Rabbi, lui dis-je, comment pouvez-vous croire en D.ieu après Auschwitz ? Les mains posées sur la table, il me contempla longuement en silence. Puis, d’une voix douce, à peine perceptible, il répliqua : Et comment, après Auschwitz, pouvez-vous ne pas croire en D.ieu ? (dans Mémoires I d’Elie Wiesel, Tous les fleuves vont à la mer, Seuil 1994, pp 586) Eliezer Wiesel z’l’ a rejoint son père, sa mère et sa petite sœur aux cheveux d’or de l’autre côté du miroir. Celui qui aura été la voix de la mémoire de la Shoa est parti mais il a laissé au monde son témoignage gravé dans chacun de ses livres : L’Aube, La Nuit, Le Mendiant de Jérusalem… soit qu’il raconte les atrocités que les nazis ont fait subir aux familles juives pendant la guerre, soit qu’il refasse vivre tout un pan de cette vie juive si riche de Russie, ce Yiddishkeit si vibrant
Jonctions - Octobre 2016-5777 41
HOMMAGE ELIE WIESEL
sous sa plume ou encore qu’il invente des histoires de fous, d’enfants, de lumière, de ténèbres et de croyants, Elie Wiesel parle à l’âme en secret, dans son langage, il lui dit l’amour, la souffrance, la douleur, la nostalgie du créateur et l’espoir en la vie. Car Elie Wiesel est un Hassid, un Hassid de Wizhnitz, originaire de la petite ville de Sighet. Une enfance paisible de jeune talmudiste épris de kabbale, saisi en plein essor comme des millions d’autres par la tourmente de la solution finale, qui se transforme en écrivain à son retour des camps de la mort. Ecrire pour ne pas mourir, écrire pour se rattacher à la vie, écrire pour ceux qui restent, écrire pour ceux qui sont partis, écrire comme un pont entre les âmes des morts et des vivants… A Auschwitz il voit son père mourir devant ses yeux et ne peut l’assister. Sa mère et sa sœur ont disparues pour toujours. Les voix, les regards, les souvenirs le hantent sur son chemin fait d’aller et venues, d’avancées et de retour en arrière, d’errances, de rêves et de défis messianiques, de chutes, de deuils, de retrouvailles, d’espérances et de rencontres. Sighet, Auschwitz, Paris, Jérusalem, New York… le petit juif de Sighet qui parle Yiddish et a appris le français et l’anglais devient journaliste, professeur, puis Prix Nobel de la Paix. On l’invite, on l’écoute, on le consulte, il fait
42 Jonctions - Octobre 2016-5777
le tour du monde, mais il reste toujours ce petit juif humble, timide et profondément croyant malgré tout. Parmi les rencontres qui marquèrent sa vie et son oeuvre, il raconte lui-même dans ses mémoires : « Moshe le fou, Kalman le kabbaliste, Shoushani et ses mystères, Saul Lieberman et le Rabbi de Loubavitch ». Une rencontre décisive qui lui rendra espoir au moment clef et lui fera choisir la vie et l’avenir contre le vide et la résignation : avec la bénédiction du Rabbi, Elie Wiesel se marie et il a, à son tour, un garçon qui entre dans l’Alliance sous le nom d’Elisha. « Un souvenir : c’est la fête de Sim’ha Torah. Le 770 est en liesse. Le Rabbi, à sa place coutumière, au milieu de la table en T, préside la célébration dans la ferveur et l’extase. Les dignitaires l’entourent, mais en signe de respect, à sa droite et à sa gauche, deux fauteuils restent inoccupés. Vêtu de mon imperméable et portant un béret basque, souffrant d’une atroce migraine, je me tiens à l’entrée, n’osant pas me mêler à la foule. On me prend sûrement pour un observateur étranger, - un espion ? -, qui ne comprendra jamais de quoi est faite la joie et l’expérience hassidiques. Par chance, tous les regards sont concentrés sur le Rabbi ; nul ne se soucie de l’intrus. Soudain le Rabbi m’aperçoit. Il me fait signe d’approcher. Je fais semblant de ne pas l’avoir vu. Je me rétrécis, espérant me réveiller dans mon lit. Le Rabbi renouvelle son geste. Je ne bouge pas. Là-dessus, le Rabbi m’appelle par mon nom. Comme je ne bronche toujours pas, je sens que des bras puissants me soulèvent et me portent, par-dessus les têtes, jusqu'à la table centrale ; ils m’y déposent comme un colis devant le Rabbi. Si seulement je pouvais mourir à cet instant-là, sans déranger la fête… pourquoi le Rabbi sou-
HOMMAGE ELIE WIESEL
Jonctions - Octobre 2016-5777 43
HOMMAGE ELIE WIESEL
rit-il ? Se moquerait-il de moi au lieu de m’aider ? « Soyez le bienvenu, me dit-il. C’est aimable de la part d’un hassid de Wizhnitz de venir nous saluer à Lubavitch. Mais est-ce ainsi qu’on célèbre Simha-Torah à Wizhnitz ? Rabbi, dis-je faiblement, nous ne sommes pas à Wizhnitz mais à Lubavitch. Alors faites comme on fait à Lubavitch. Et que fait-on à Lubavitch, Rabbi ? A Lubavitch, on boit et on dit Le’haim, à la vie. A Wizhnitz aussi. Très bien. Alors, dites Lehaim. » Il me tend un verre de vodka rempli à ras bord. « Rabbi, dis-je. A Wizhnitz, le hassid ne boit pas seul. A Lubavitch non plus. » répond le Rabbi. D’un mouvement il vide son verre et moi aussi. A Wizhnitz, est-ce suffisant ? demande le Rabbi . A Wizhnitz, dis-je bravement, ce n’est qu’une goutte d’eau dans la mer. A Lubavitch aussi. » Il me tend un deuxième verre et remplit le sien. Il me dit Lehaim, je répond Lehaim et nous vidons nos verres, après tout il faut bien que je défende les couleurs de Wizhnitz, non ? Naturellement, n’étant pas habitue à boire, ma tête se met à tourner. Je ne sais plus ou je suis, ni ce que je suis venu chercher sur cette scène ou l’on me fait participer à un spectacle bizarre. Mon cerveau est en flamme, mon corps s’en détache.
44 Jonctions - Octobre 2016-5777
A Lubavitch on ne s’arrête pas en chemin, on continue, dit le Rabbi, et à Wizhnitz ? A Wizhnitz aussi, dis-je, on va jusqu’au bout. » Le Rabbi prend un air grave ; il me tend un troisième verre et remplit le sien. Le mien tremble, le sien non. « Vous méritez une bénédiction, remarque t-il, le visage rayonnant de bonheur. A vous de la nommer. » Que répondre ? Comment répondre ? Je suis dans le cirage. « Voulez-vous que je vous bénisse de pouvoir recommencer ? » Malgré mon ivresse, j’apprécie sa sagesse. Recommencer pourrait signifier pas mal de choses : recommencer à boire, à vivre, à prier, à croire. Et puis Sim’ha-Torah est mon anniversaire. « Oui, Rabbi, dis-je. Donnez-moi votre bénédiction. » Il me bénit, avale sa vodka et moi la mienne ; et je perds connaissance. » (dans Mémoires I d’Elie Wiesel, Tous les fleuves vont à la mer,Seuil 1994, pp 588-589)
Jonctions - Juilet 2016 45
HOMMAGE ELIE WIESEL
Extraits d’un discours prononcé par Élie Wiesel, prix Nobel de la Paix, le 7 avril 1992 lors d’un dîner au Congrès américain à Washington à l’occasion du 90ème anniversaire du Rabbi. « Certains d’entre vous connaissent mon admiration non seulement pour le Rabbi, mais aussi pour son travail d’éducation. Le fait qu’il savait qui envoyer et dans quel endroit, dans des lieux abandonnés, simplement pour apporter une parole de foi et la parole de la Loi aux jeunes qui, autrement, auraient été perdus, est pour moi probablement l’un des éléments qui donnent de l’espoir à une génération. En tant que ‘hassid je peux vous raconter une histoire ‘hassidique ce soir. C’est au sujet d’un très grand maître ‘hassidique appelé Reb Naftali de Ropshitz. Il était un excellent orateur, doté d’un magnifique sens de l’humour. Un Chabbat HaGadol, il est rentré de la synagogue. Il est de coutume que le rabbin de la ville prononce en ce
jour un discours sur la charité, sur la nécessité d’aider les pauvres qui n’ont pas assez d’argent pour célébrer le Séder. Quand il est rentré, sa femme lui demanda : « Nou, c’était comment ? » Il répondit que c’était correct. « Eh bien, as-tu accompli quelque chose ? » Il dit : « Seulement la moitié. » « Qu’est-ce que tu veux dire ? » lui demanda-t-elle. Il dit : « J’ai réussi à convaincre les pauvres de recevoir. » Le Rabbi parvient à convaincre les riches de donner et les enseignants d’enseigner, et les étudiants d’étudier. Le Rabbi parvient à faire des choses que les êtres humains normaux n’oseraient pas ne serait-ce que de rêver d’entreprendre...
Jonctions - Octobre 2016-5777 47
Cacher
Saveurs et parfums
d’Italie
Tous nos plats sont cuisinés exclusivement à base de produits frais et cacher lamehadrine. Toujo ur Arrivage journalier ! immi s Belle salle intérieure climatisée • Ambiance feutré
Une équipe de professionnels à votre service Venez en famille ou entre amis retrouver tout le charme de l’Italie,
COMME SI VOUS Y ÉTIEZ !
9 Kikar Ha’Atsmaout NETANYA
09 76 58 336
31 Bougrashov TEL AVIV
03 64 42 230
Consultez notre carte : www.lacucina-netanya.com Découvrez notre menu riche et varié, qui se distingue par un mélange de fantaisie et de rigueur.
48 Jonctions - Juilet 2016
té, JAMAI S ÉGALÉ !
HOMMAGE ELIE WIESEL
Comment mesure-t-on la grandeur ? Je veux dire, quels critères doit-on employer dans l’évaluation de la grandeur humaine ? Dans le cas du Rabbi de Loubavitch, la réponse est facile à obtenir. Je ne connais personne qui ait quitté le Rabbi, même après un seul moment de ye’hidout (entrevue en tête-à-tête), sans être profondément affecté, si ce n’est transformé, par leur rencontre. J’espère que je me souviendrai toujours de ce que j’ai ressenti lorsque je suis entré pour la première fois dans son bureau, il y a trente ans, et ce que nous nous sommes dit l’un à l’autre. Une fois en sa présence, le temps se met à s’écouler à un rythme différent. Vous vous sentez inspiré, en introspection, et vous êtes amené à vous interroger sur la quête de sens qui devrait être la vôtre. En sa présence, rien n’est superficiel, ni artificiel. En sa présence, vous vous rapprochez de votre centre de gravité intérieur. Mais ce qui est grand au sujet du Rabbi, c’est que non seulement ceux qui l’ont rencontré sont touchés, mais même ceux qui ne l’ont pas rencontré. D’une certaine manière, la présence même de cet homme au milieu de nous envoie une émanation de qualité mystique qui touche des gens qui n’ont jamais entendu parler de lui et c’est cela, probablement plus que toute autre chose, ce qui rend le Rabbi aussi unique. C’est par son influence, par sa présence, que la conscience juive et l’éducation juive ont atteint des sommets sans précédent sur presque tous les continents. Y a-t-il un lieu sous le soleil où les émissaires ‘Habad n’ont pas apporté sa parole de tolérance ancrée dans Ahavas Yisroel, dans l’amour pour Israël, qui en vérité, par extension, signifie l’amour pour l’humanité ? Partout où les Juifs habitent et travaillent, ils sont d’une manière ou d’une autre exposés au Rabbi. Grâce à lui, un Juif, n’importe où et partout, ne peut faire autrement que ressentir qu’il ou elle appartient à un peuple ancien dont la tradition met l’accent sur la grandeur de sa tâche plus que sur les prérogatives de son état. Grâce au Rabbi, un Juif devient un Juif meilleur, donc un meilleur être humain, rendant ainsi ses frères humains plus humains, plus accueillants, ouverts à un plus grand sens de la générosité. C’est donc là également que se trouve la grandeur du Rabbi.
Certains d’entre nous ont eu la chance d’entendre ses leçons ; nous l’avons accompagné dans l’étude et dans le chant. Nous l’avons vu avec ses disciples, nous avons assisté à ses réalisations. C’est pourquoi je ressens, avec un profond sentiment de dévotion, d’affection et d’admiration, que nous devrions lever nos verres à dire : « Le’haïm » à l’Admour (maître, guide et Rabbi) de cette génération, dont la vie et de travail ont été une bénédiction pour tellement d’entre nous, voire pour la totalité d’Israël et du monde. Donc, au Rabbi à Brooklyn, que pourrions-nous dire à part que nous sommes vos disciples, nous sommes vos partisans, car, comme vous et avec vous, nous croyons en l’étude, nous croyons en la prière. Nous croyons en la prière comme lien entre un être humain et un autre. Nous croyons en l’étude comme un lien entre une génération et l’autre. Et nous croyons en une mesure supplémentaire de solidarité qui doit toujours être présente dans tout ce que nous faisons pour nous-mêmes, pour notre peuple et pour autrui... »
Jonctions - Octobre 2016-5777 49
COMMENTAIRE SUR LA TORAH
50 Jonctions - Octobre 2016-5777
COMMENTAIRE SUR LA TORAH
Le pouvoir d’une
MITSVA S i m o n J a c o b s o n Nous allons aborder ces questions fondamentales en analysant l’anatomie de notre existence puis développer comment nous libérer de ces attaches, sans pour autant nous défaire de nos paramètres personnels. La transition qui s’effectue entre les fêtes de ce début d’année et la suite du calendrier révèle l’un des plus grands défis de la vie : il est une bataille que nous devons mener perpétuellement pour trouver le juste équilibre entre matérialité et spiritualité.
C’est ainsi que la lutte entre ordinaire et surnaturel à laquelle est en proie l’esprit humain, se joue sur ces différents tableaux : à la fois dans l’espace – endroits sacrés ou profanes, et dans le temps – période de fêtes ou jours ordinaires.
En effet, nul n’est immunisé contre le tiraillement incessant entre ces deux forces : d’un côté, la nécessité de survivre – ce à quoi nous consacrons le plus clair de notre temps ; de l’autre, le besoin de se surpasser et d’aller constamment au-delà d’une certaine routine.
Le pouvoir des fêtes
Les humains ne connaissent pas le luxe qui fait le bonheur de l’animal : leur survie est leur unique satisfaction et préoccupation, à l’instar de la vache qui n’a d’autres soucis que de brouter dans les pâturages, se reproduire et s’occuper de ses petits.
Les fêtes représentent une oasis dans le temps ; elles ont ce pouvoir de nous porter sur leurs ailes et nous aider à nous élever au-delà de toutes les contingences matérielles ici-bas. Cependant, le but de la vie n’est pas de rester « perché dans
Les trois facteurs de l’existence La vie saine de tout être humain réclame en revanche un savant dosage entre aspirations intellectuelles et satisfactions intérieures. Les kabbalistes nous enseignent que toute existence est divisée en trois facteurs : l’espace, le temps et l’esprit (l’homme). En fait, le Sefer Yetsirah, reconnu comme l’un des premiers ouvrages de la Kabbale, est basé sur ces principes.
Jonctions - Octobre 2016-5777 51
COMMENTAIRE SUR LA TORAH
52 Jonctions - Octobre 2016-5777
COMMENTAIRE SUR LA TORAH
les hauteurs », ni de prendre une retraite spirituelle, mais plutôt de vivre dans ce monde physique, le transformer et l’élever vers des niveaux supérieurs. Tel est le défi à relever en cette nouvelle année. Après la profusion des festivités du mois de Tichri, arrive le mois de ‘Hechvane, totalement dépourvu de fête. C’est maintenant que nous entrons dans la vraie vie, avec pour défi d’y insuffler davantage de conscience.
Comment faire ? La grande question est de savoir comment procéder ? Comment s’élever et attirer le monde environnant dans notre sillage? N’est-il pas déjà assez difficile de se sentir assiégé en permanence et même tiré vers le bas, par les tentations de la vie matérielle, les multiples distractions et autres forces avides qui jalonnent nos parcours ?
Les trois facteurs de l’existence « À quoi bon faire une Mitsva, si je sais pertinemmentque je vais fauter juste après ? » Un jour, lors d’un entretien privé, un homme posa cette question quelque peu brusque au Rabbi.
Alors qu’il apparaît si difficile de ne pas sombrer dans l’indifférence et la résignation, comment en plus, espérer créer une énergie transcendante ? Au fil des temps, philosophes et mystiques en ont conclu que la seule option était d’accepter que ce dépassement de soi n’était qu’un doux rêve, impossible à atteindre ; ou alors, que ce stade ne pouvait être atteint qu’après la mort.
La troisième voie La Torah, pourtant, offre une troisième voie : la Mitsva. Une Mitsva aussi possède des paramètres bien déterminés, puisque chacune obéit à des règles spécifiques, des dimensions et des mesures. Pourtant, elle n’est pas définie par ses paramètres limités, ceux-ci au contraire expriment et diffusent son pouvoir, car en elle-même, elle ne connaît aucune frontière. Toutefois, le caractère limité de la Mitsva diffère fondamentalement du caractère limité de l’univers.
Il concevait sans doute l’importance et la portée d’une bonne action, mais pensait que le mérite alors acquis était balayé automatiquement en fautant. « Imaginez donc un paysage époustouflant, »
Jonctions - Octobre 2016-5777 53
COMMENTAIRE SUR LA TORAH
répondit le Rabbi. « Si un touriste venait à capturer la scène avec son appareil photo, puis l’encadrait joliment ; combien pourrait-il vendre cette photographie? » questionna-t-il. L’homme répondit avec un soupçon d’hésitation : « Vingt-cinq dollars environ ! » Le Rabbi poursuivit sa métaphore : « Considérons qu’un autre touriste - un artiste accompli, celui-ci – aperçoive cette vue magnifique puis se mette à peindre le décor avec beaucoup de talent. Combien cette toile serait-elle vendue ? » « Oh, cela pourrait aller jusqu’à plusieurs milliers de dollars ! » s’exclama l’homme. « Et pourtant, » expliqua le Rabbi, « le tableau, bien que de toute beauté, n’a pu restituer que certains aspects de la scène. La photo-
Ainsi, elle apparaît principalement comme une forme limitée de l’infini. Bien qu’à dire vrai, il pourrait en être de même concernant l’univers, qui est aussi une manifestation de l’énergie divine infinie. Mais une fois que le monde a été créé d’après certains critères définis, il est tenu et lié par ces éléments, sans aucune échappatoire possible. En revanche, la Mitsva ne se défait jamais de son attribut illimité, car elle incarne un ordre divin et non une « simple loi de la nature ».
Énergie infinie Lorsque nous mangeons, dormons ou prenons part à n’importe quelle activité physiologique, nous ne faisons aucun choix. En tant que créatures limitées, régies par les lois de la nature, certaines règles élémentaires sont indispen-
54 Jonctions - Octobre 2016-5777
graphie, en revanche, a capturé le paysage dans ses moindres détails. Comment donc se fait-il que la peinture ait plus de valeur que la photo ? » L’homme, comprenant où le Rabbi voulait en venir, répliqua immédiatement : « C’est l’effort qui compte ! » « C’est exactement cela ! » conclut le Rabbi. « Les anges sont des images parfaites. Mais bien qu’ils ne fautent jamais, leur excellence ne leur demande aucun effort. Les humains, eux, sont imparfaits. Nous pouvons occasionnellement faire quelques erreurs, mais nos efforts sont infiniment précieux pour D.ieu. »
sables à notre survie. Cependant, nous choisissons d’observer une Mitsva – nous faisons le choix de nous engager vers un certain mode de vie, sans être poussé par la satisfaction d’un besoin physique. C’est ainsi qu’une Mitsva possède le pouvoir de nous libérer et de nous faire sortir de nos étroites limitations. Parce qu’elle est une énergie infinie dans un habit bien défini, la Mitsva permet de jeter un pont entre le limité et l’illimité. Certes, différentes activités transcendantes semblent nous procurer un avant-goût de l’infini. Mais accomplir une Mitsva matérielle est le seul moyen d’effleurer l’infini tout en maintenant la juste perception de notre personnalité. Paradoxalement, ce sont les restrictions des Mitsvot que nous nous imposons – en ayant opé-
COMMENTAIRE SUR LA TORAH
ré ce choix délibéré – qui nous libèrent des éléments naturels qui nous sont imposés.
La transformation
Les Mitsvot ont ainsi le pouvoir de transformer ce monde limité en un monde Divin. Et tel est le but de la vie : transformer la matérialité de ce monde en une demeure pour D.ieu, et y faire descendre une énergie nouvelle qui exprime « l’aspect le plus profond et l’essence de la Lumière Infinie ». En tant qu’être humain, soyons convaincus que nous avons la capacité de produire cette énergie et de bouleverser le monde, à travers les Mitsvot que nous accomplissons. Ce message, bien que pertinent toute l’année,
est particulièrement opportun en cette période du calendrier, tandis que nous quittons la profusion des fêtes pour entrer dans une vie plus ordinaire où peuvent alors émerger de grandes questions existentielles... Sommes-nous limités ? Pouvons nous aspirer à nous élever ? Jusqu’où espérer aller ? Pour la nouvelle année, nombreux sont ceux qui ont la coutume d’adopter ou d’intensifier la pratique d’une Mitsva. N’est-ce pas ainsi le meilleur moment pour mener une réflexion sur le pouvoir et la portée d’un tel acte et faire les engagements appropriés ? Quel beau moyen de commencer l’année !
Jonctions - Octobre 2016-5777 55
TICHRI CHEZ LE RABBI
56 Jonctions - Octobre 2016-5777
TICHRI CHEZ LE RABBI
Tichri chez le Rabbi Chmouel Lubecki Alors que tant de personnes (jeunes gens, familles…) se rendent en foule au 770 pour passer les fêtes de Tichri à Crown Heights, nous avons le privilège de vous présenter une interview exclusive de Rav Chlomo Zar’hi, Machpia (guide spirituel) de la Yechiva Tom’hé Tmimim. Il nous explique ce que signifie passer les fêtes avec le Rabbi de nos jours et comment maintenir un lien très fort avec le Rabbi. Ses recommandations sont parsemées d’anecdotes et de souvenirs de sa propre expérience auprès du Rabbi durant des dizaines d’années. Nous assistons chaque année – et c’est absolument remarquable - qu’au mois de Tichri, des milliers de jeunes gens continuent de se rendre à New York pour être en présence du Rabbi. Pourtant nous sommes déjà quelques années depuis Guimel Tamouz : comment expliquez-vous ce phénomène ?
Rav Zar’hi : Pour moi, ce n’est pas du
tout étonnant. Le Rabbi avait une fois déclaré lors d’un repas durant la fête de Chavouot dans l’appartement du Rabbi précédent que, si les gens se rendaient compte de ce que cela signifie être en présence du Rabbi pendant Roch Hachana, il ne se trouverait même pas une synagogue dans le monde entier qui aurait un Miniane pour Roch Hachana ! Tous les Juifs se trouveraient ici ! Un des ‘Hassidim présents à ce repas demanda : « Si tel est le cas, dois-je commencer à venir ici pour Roch Hachana plutôt que pour Chavouot, comme j’en
ai l’habitude ? ». Le Rabbi répondit : « Si les gens savaient ce que signifie être en présence du Rabbi pour le Don de la Torah, aucune synagogue n’aurait de Miniane pour la fête de Chavouot ! » Ceci signifie que chacun devrait se rendre chez le Rabbi aussi bien pour Roch Hachana que pour Chavouot ?
Rav Zar’hi : Cela me rappelle une anec-
dote à propos de Reb Berel Baumgarten qui s’est passée durant les premières années de sa Chli’hout en Argentine : il écrivit au Rabbi que, auparavant, il avait toujours mérité d’assister quand le Rabbi (précédent puis, par la suite, notre Rabbi) sonnait dans le Choffar à Roch Hachana ; il désirait donc revenir à New York pour écouter les Tekiot du Rabbi. Le Rabbi répondit : « Pensez-vous que, quand je sonne du Choffar, je ne pense qu’à ceux qui sont autour de moi ? Au contraire ! Si un ‘Hassid doit accomplir une Chli’hout aussi loin qu’en Argentine, je pense à lui encore davantage ! » Effectivement, certains doivent remplir une Chli’hout et demeurer à leur poste en Tichri. C’est ce qui est attendu d’eux. Mais par ailleurs, celui qui a la possibilité de venir et qui vient effectivement ici doit réaliser quel grand privilège il a. Un jeune homme qui se rend chez le Rabbi pour Tichri jouit d’une grande chance. Le temps passé ici peut avoir sur lui un impact positif qui demeurera avec lui pour le reste de sa vie. Les jeunes gens doivent venir ici pour Tichri et passer tout le mois auprès du Rabbi en étant conscients que c’est là qu’ils recevront « la vie » qui les nourrira pour toute l’année. Leur façon de prier ici est différente du reste de l’année, leur façon d’étudier est différente et même leur conversation de tous les jours
Jonctions - Octobre 2016-5777 57
Tichri chez le Rabbi
58 Jonctions - Octobre 2016-5777
TICHRI CHEZ LE RABBI
est différente. Ici, ils pourront parler et entendre des paroles futiles mais ‘hassidiques à propos de l’attachement au Rabbi et à la ‘Hassidout Vous évoquez « être auprès du Rabbi ». Cela fait tellement d’années que nous ne voyons pas le Rabbi physiquement !
Rav Zar’hi : Le fait est que, aujourd’hui plus que jamais, nous constatons une volonté plus intense et sincère de s’attacher au Rabbi de la part des jeunes gens en Tichri. Je n’ai aucun doute qu’un jeune homme qui vient ici en Tichri et qui se conduit comme il convient (c’est-à-dire qu’il étudie Niglé et ‘Hassidout, surtout les Si’hot et les Maamarim du Rabbi, qu’il va au Ohel, qu’il regarde les vidéos du Rabbi, qu’il écoute avidement les histoires des vieux ‘Hassidim et leurs souvenirs des années où ils ont mérité de voir le Rabbi …) cela renforce son attachement au Rabbi d’une façon incomparable ! D’accord, mais le fait est qu’il n’a pas eu la possibilité de voir le Rabbi !
Rav Zar’hi : Rav Yoël Kahn cite souvent la célèbre Si’ha que le Rabbi a prononcée le 10 Chevat 1956 dans laquelle le Rabbi raconte le départ du Rabbi précédent de Russie, quand il laissa des milliers de ‘Hassidim derrière : il leur a écrit qu’ils ne devaient pas se sentir rejetés à cause de la distance physique qui les séparait dorénavant. Une barrière physique ne signifie rien pour moi, assura-t-il les ‘Hassidim. Nous resterons liés exactement comme auparavant ! Ce n’était pas juste une jolie théorie ou une idée intéressante. C’était la stricte vérité ! Tous ces milliers de ‘Hassidim qui restaient piégés derrière le Rideau de fer maintinrent intact leur lien avec le Rabbi précédent malgré le fait que, nombreux étaient ceux de la jeune génération qui n’avaient jamais vu le Rabbi de leur vie ! Ils étaient liés au Rabbi avec le plus incroyable Messirout Néfech, (dévouement) et ils éduquèrent leurs enfants dans ce sens ! Ne s’agit-il pas de circonstances semblables à celles dans lesquelles nous nous trouvons au-
jourd’hui ? Si une barrière physique entre les ‘Hassidim et leur Rabbi n’a pas réussi à décourager les ‘Hassidim alors, elle ne nous empêchera pas non plus de garder un véritable attachement au Rabbi aujourd’hui. Le célèbre Machpia Reb Chmouël Lévitine répétait souvent un mot de Reb Hillel de Paritch : Un Tsadik est « Bli Guevoul » (sans limite), un Bénoni (l’homme moyen) est Guevoul (limité) tandis qu’un Rabbi est celui qui amène Bli Guevoul dans Guevoul (c’est-à-dire un Rabbi a la capacité d’injecter le divin même dans les gens ordinaires). Parce que le Rabbi est Rabbi, rien ne peut l’empêcher de se rattacher aux ‘Hassidim. Il est important de s’approfondir et d’étudier le fait que le Rabbi est une Nechama Klalit, une âme qui englobe les autres ; il est le véritable chef de notre génération, le Nassi et ce sera alors plus facile de comprendre tout cela. Si un jeune homme se rend au Ohel et se prépare vraiment comme il convient, considère tout cela sérieusement et sincèrement, récite Kriat Chema le soir précédent avec ferveur etc, il réalisera tout cela plus facilement et se sentira vraiment connecté au Rabbi. Mais même s’il a plus de mal à ressentir cela, le Rabbi trouvera une façon de lui montrer clairement qu’il pense à lui personnellement jusqu’à ce que lui aussi comprendra et ressentira que la barrière physique n’a rien interrompu. Je vais vous révéler un petit secret : des jeunes gens m’ont posé ces questions même avant Guimel Tamouz ! De nombreuses fois, quand ils s’approchaient du Rabbi pour recevoir Koss Chel Bra’ha ou un dollar le dimanche matin, ils venaient me voir par la suite et me demandaient : « Aujourd’hui, ce n’est plus comme avant quand il n’y avait qu’une cinquantaine de jeunes gens au 770. Alors le Rabbi pouvait connaître chacun personnellement. Mais de nos jours, alors que le mouvement Loubavitch s’est tellement accru, est-il vraiment possible que le Rabbi connaisse chacun de nous ? ». Déjà alors, le Yétsère Hara s’insinuait dans les esprits et implantait le scepticisme et les doutes chez les jeunes gens. Mais le Rabbi trouvait toujours le moyen de chasser ces doutes.
Jonctions - Octobre 2016-5777 59
TICHRI CHEZ LE RABBI
Je vais vous raconter une histoire qui est arrivée à l’un de mes amis à la Yechiva : lui, comme tant d’autres, était troublé par ce genre d’idées : « Le Rabbi me connaît-il vraiment personnellement ? ». Juste quelque temps plus tard, le Rabbi évoqua dans un farbrenguen le fait que Moché Rabénou connaissait absolument chaque Juif. A partir de ce moment, mon ami a appris à ne plus se laisser envahir par ce genre de pensées. Et des histoires comme celle-là, il y en a des milliers. Nous avons toujours vu que, quand un jeune se laissait aller à ce genre de pensées et que cela le troublait vraiment, s’il faisait des efforts sur luimême, priait sincèrement comme il convient, le Rabbi trouvait le moyen de lui répondre, d’une façon ou d’une autre. C’était incroyable. Parfois le Rabbi appelait soudain l’un d’eux par son nom au milieu d’un farbrenguen ou agissait avec un autre de façon différente, ce qui prouvait bien qu’il connaissait personnellement ce jeune homme. Croyez-vous que les jeunes gens qui se rendent aujourd’hui chez le Rabbi le font parce qu’on leur a demandé de le faire ou comprennent-ils et ressentent-ils vraiment ce qu’ils font et pourquoi ?
Rav Zar’hi : Vous savez, même « avant », quand
on pouvait voir le Rabbi, ce n’est pas tout le monde qui avait les intentions et pensées correctes. Rav Chmérel Gourari (d’Eretz Israël) s’approcha une fois du Rabbi lors d’un Farbrenguen et trinqua
un Le’haïm spécial pour tous ceux qui n’avaient pas pu venir et qui étaient restés en Israël. Le Rabbi répondit par un Le’haïm pour ceux qui étaient présents mais n’étaient pas encore vraiment venus chez le Rabbi au sens réel du terme. L’essentiel cependant est de venir chez le Rabbi, quelle qu’en soit la raison : un garçon de 14 ans parce qu’il est aux prises avec des pensées étrangères et recherche la bénédiction du Rabbi. Un autre peut venir pour ses doutes en matière de foi et de confiance en D.ieu et d’autres encore peuvent venir pour gagner dans d’autres domaines. C’est chez le Rabbi qu’un jeune homme peut obtenir ce dont il a besoin. Il est seulement nécessaire de bien utiliser ces précieux moments ici : alors il peut réaliser un changement complet avec les « outils » qui lui sont fournis ici ! Mais Tichri ici, c’est tellement d’excitation, de va et vient continuel ! Comment peut-on se concentrer sur ce qui est important ? Ce n’est pas toujours facile !
Rav Zar’hi : Les jeunes gens ont toujours su comment s’impliquer dans ce qui est le plus important, c’est-à-dire l’étude des Si’hot et des Maamarim du Rabbi. Il est vrai que Tichri était un moment spécialement rempli chez le Rabbi. A commencer par le Pane qu’on tendait avant Roch Hachana, puis les Tekiot le jour-même de Roch Hachana, les lectures de la Torah et de la Haftara par le Rabbi et même les prières des jours ordinaires…Mais les jeunes gens ont toujours su que tout cela n’était pas suffisant. Cela devait s’accompagner de l’étude des Si’hot et des Maamarim. Le Rabbi avait toujours exigé cela des jeunes gens chaque année et surtout de ceux qui venaient en invités durant Tichri. Quand le Rabbi prononçait des Maamarim durant les farbrenguens, il appréciait vraiment et même exigeait qu’ils révisent ceux qu’ils avaient entendu à Roch Hachana et Souccot. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Rav Zar’hi : Les jeunes gens doivent étudier les Maamarim. En plus du bénéfice évident d’étudier le Maamar en soi, c’est par cette étude qu’on comprend et on établit le lien le plus profond avec le Rabbi.
60 Jonctions - Octobre 2016-5777
TICHRI CHEZ LE RABBI
Le Rabbi pleure durant la Haftara Quand vous décrivez vos souvenirs personnels de Tichri avec le Rabbi, vous parvenez à donner même les plus petits détails. Est-il vrai que vous n’avez pratiquement jamais raté un farbrenguen avec le Rabbi ?
Rav Zar’hi : Depuis que j’étais enfant, je n’ai jamais raté un farbrenguen et j’y assistai toujours jusqu’à la fin. Un jour, j’ai été tellement bousculé que je me suis mis à pleurer. Le Rabbi m’a alors appelé pour que je vienne près de lui et je suis resté près de sa chaise jusqu’à la fin du farbrenguen ! Quand mes amis et moi-même avons atteint l’âge de Bar Mitsva, nous avions déjà compris que nous ne devons jamais quitter le farbrenguen avant qu’il ne soit terminé. C’était absolument hors de question pour nous, même si nous étions très fatigués. Nous arrivions à la Choule très tôt pour réserver une bonne place durant le farbrenguen et, après le farbrenguen, nous dansions devant la porte du bureau du Rabbi : le Rabbi arrivait et encourageait notre chant sur son chemin vers le bureau. Comment avez-vous pu développer un tel attachement dès votre plus jeune âge ?
Rav Zar’hi : Rappelons d’abord un peu la période dont je vous parle. La plupart de mes compagnons de classe à la Yechiva (sur Bedford Avenue) venaient de familles non orthodoxes. Nous n’étions qu’environ cinq jeunes gens de familles ‘hassidiques. Le premier élément qui nous a vraiment transformés en ‘Hassidim a été les pleurs du Rabbi. Cela nous impressionna profondément. Chaque Chabbat, le Rabbi montait à la Torah pour le Maftir et, à cette époque, le Rabbi pleurait pratiquement chaque semaine en récitant la Haftara ! Le Rabbi priait encore dans la petite choule en haut et nous pouvions nous tenir vraiment très près de lui et entendre combien il pleurait à chaudes larmes ! Sans s’arrêter ! De telles scènes vous transpercent littéralement ! (D’ailleurs, je me souviens avoir un jour été invité à participer à un petit Miniane près du bureau du Rabbi pour écouter Kriat Hatorah avec le Rabbi peu après sa crise cardiaque en 5738 (1977). C’était Chabbat Toldot et, dans la Haftara, il est écrit qu’Ha-
chem réprimande le peuple juif et dit qu’Il n’est pas intéressé par leurs offrandes : quand on lut ces versets, le Rabbi se mit à pleurer de façon terrible et nous tous dans la pièce, nous avons pleuré avec lui…) Si déjà on évoque les pleurs du Rabbi, il faut mentionner les Tekiot du Rabbi : nous arrivions à la choule à cinq heures du matin pour réserver une bonne place. Quand le Rabbi sonnait du Chofar, nous étions vraiment tout près du Rabbi et nous pouvions observer comment il jetait son Talit sur les Panim (demandes de bénédictions) et pleurait ; nous avons observé le saint visage du Rabbi changer quand il récitait les versets : « Mine Hamétsar… ». Nous étions de tous jeunes enfants à l’époque mais ces scènes restent à jamais gravées dans nos mémoires. Se trouver avec le Rabbi dans
Jonctions - Octobre 2016-5777 61
TICHRI CHEZ LE RABBI ces moments exaltés nous avait complètement transformés, vraiment bouleversés de fond en comble. Quand nous étions de jeunes garçons de 14 ans, notre Machpia, Reb Yoël Kahn a animé un farbrenguen avec nous le jour de Youd Tet Kislev. Les larmes aux yeux, il nous a demandé : « Pourquoi croyez-vous que le Rabbi pleure quand il récite Mine Hamétsare ? ». Et, pointant chacun d’entre nous, il a continué : « Le Rabbi pleure à cause de vos pensées étrangères et du fait que vous n’étudiez pas, que vous n’internalisez pas la ‘Hassidout comme il le faudrait ! ». Il a continué sur ce sujet durant toute la nuit au point de nous le « coller » dans le cerveau ! Je dois avouer que nous n’étions pas tous des jeunes gens très raffinés ; certains d’entre nous étaient même assez grossiers pour exprimer cela de façon « light ». Mais quand nous avons aperçu le Rabbi pendant les Tekiot, ce spectacle s’est imprégné dans l’esprit et le cœur du plus « grossier » d’entre nous : personne ne pouvait rester insensible dans ce caslà. C’est alors que nous avons perçu la vérité la plus pure. Nous avons vu le Rabbi tel qu’il est et ce fut l’expérience la plus gratifiante. Aucun d’entre nous ne serait prêt à en vendre un seul moment, pas pour tout l’or du monde !
Moments spéciaux Quels sont les moments les plus intenses dont vous vous souvenez auprès du Rabbi ?
Rav Zar’hi : Cela n’existe pas ! Je me souviens de centaines et de milliers de moments spéciaux indescriptibles. Chaque mouvement du Rabbi était spécial, chaque Chabbat, des événements spéciaux se produisaient.
Néanmoins…Il existe certainement des moments qui se sont imprégnés plus particulièrement dans votre esprit…
Rav Zar’hi : Je me souviens comment, enfant, je
me tenais lors d’un farbrenguen et j’ai entendu très souvent un Nigoun très entraînant (qu’on chante parfois avec les mots Veata Amarta). Le Rabbi encourageait toujours ce chant et cela m’avait profondément impressionné. Une fois, alors que le Rabbi distribuait Kos Chel Bra’ha, il a demandé aux ‘Hassidim de chanter ce Nigoun avec tant d’enthousiasme
que Pokka Igra (une expression de la Guemara signifiant : le toit s’est effondré). En 5720 (1960), le Rabbi récita une fois le Maamar Kol Dodi. Je me souviens comment le Rabbi pleura tout en récitant les mots de ce verset : « Dodi chala’h Yado Mine haror… ». Chaque mouvement du Rabbi avait un profond impact sur nous. Nous étions des jeunes garçons à l’âge de la Bar Mitsva et voir le Rabbi pleurer nous bouleversait. En 5724 (1954), le jeûne du 17 Tamouz tomba un Chabbat et le Rabbi tint un Farbrenguen vraiment très spécial ; il avait bu beaucoup de vodka et le farbrenguen se prolongea jusqu’à 19 heures le soir ! (Ce fut durant ce farbrenguen que le Rabbi enleva partiellement son décret contre la consommation excessive de vodka…). Le Rabbi parlait avec passion du Rabbi précédent, citant le verset de la Paracha, en citant le verset « et s’il n’a pas de fils, tu transmettras son héritage à sa fille ». De nombreuses paroles prononcées durant ces farbrenguens nous ont vraiment marqués. En 5725 (1965), il y eut beaucoup d’événements spéciaux. Je me souviens comment le Rabbi dansa dans un farbrenguen de Chabbat quand on organisa un Siyoum sur un des livres de Likouté Torah. Durant toute l’année, le Rabbi pria au Amoud et récita Kadich pour sa mère, la Rabbanit ‘Hanna. Le 21 Kislev, le Rabbi reçut des gens en Ye’hidout durant toute la nuit puis pria Cha’harit tôt le matin avec un
Jonctions - Octobre 2016-5777 63
tout petit Miniane. Le Rabbi pleura énormément durant la répétition de la Amida, juste sur les mots Barou’h Ata Hachem… » Quand le Rabbi récitait les Sli’hot au Amoud le 10 Tévet, il faisait trembler les cœurs de tous ceux qui étaient présents ! Le Rabbi frappait carrément sur le pupitre en récitant les mots : c’était incroyable ! En général, le Rabbi pleurait même un simple jour de semaine pour Chema Kolénou. Un jeune garçon apercevant le Rabbi à ce moment-là était tout simplement bouleversé et amené à un niveau supérieur ! D’autres moments spéciaux en Tichri ?
Rav Zar’hi : Durant le farbrenguen du 6 Tichri 5728 (ou 5729 - 1967 ou 1968) vers la fin, Rav A.M. Zilberstrom de Jérusalem entra, avec un groupe d’invités qu’il avait amenés d’Israël. Il était tard et on avait l’impression que le Rabbi avait achevé le farbrenguen ; mais quand le groupe entra, le Rabbi se mit soudain à chanter « Essen Esst sich » et le farbrenguen reprit de plus belle. Durant près d’une heure, la foule chanta ce Nigoun ; le Rabbi était très sérieux ce qui donna beaucoup de solennité à tous les participants. C’était vraiment une atmosphère de Techouva. Je suppose que tous ceux qui n’avaient pas – pour quelque raison que ce soit – fait Techouva à Roch Hachana furent inspirés de le faire ce 6 Tichri. Puisque nous parlons de Essen esst sich : à la fin d’un farbrenguen de Chavouot 5724 (1964), le Rabbi évoqua les problèmes des Juifs derrière le rideau de fer. Soudain son visage devint très sé-
64 Jonctions - Octobre 2016-5777
rieux et il regarda les ‘Hassidim d’un air terrifiant. Personne ne comprenait ce qu’il fallait faire. Finalement le Rabbi se mit à parler : « Nous venons de mentionner les problèmes des Juifs de Russie. Tous ceux qui ont des parents retenus là-bas viennent souvent ici demander des bénédictions pour qu’ils puissent sortir de là. Mais ici, à ce farbrenguen, avec juste un Le’haïm, nous pourrions avoir libéré trois millions de Juifs ! Pourquoi personne ne crie Le’haïm pour les Juifs de Russie ? Personne ici ne semble s’intéresser ! « Demain, ils viendront tous demander une bénédiction pour leurs proches mais quand ils ont la possibilité d’agir concrètement pour les Juifs de Russie (en disant Le’haïm pour eux), chacun est occupé avec ses propres affaires ! » Le Rabbi était si troublé qu’il prit un paquet de serviettes devant lui et le jeta au loin sur la table ! Puis le Rabbi entama le Nigoun Essen esst sich mais, quand les gens continuèrent avec lui, le Rabbi demanda : « Pourquoi tout le monde chante ? » (Apparemment le Rabbi commença ce Nigoun uniquement pour rappeler aux ‘Hassidim qu’ils ne se préoccupaient pas des choses correctes. Il ne souhaitait pas, en plus, qu’ils se régalent avec un bon Nigoun…) Puis le Rabbi demanda à un enfant en dessous de l’âge de Bar Mitsva de chanter ce Nigoun et le farbrenguen se termina peu après… Apparemment c’était un « moment favorable » céleste que les ‘Hassidim n’avaient pas du tout perçu comme tel. Pourquoi le Rabbi leur en faisait tant le reproche ? Était-ce leur faute
TICHRI CHEZ LE RABBI
s’ils n’étaient pas au courant de ces événements célestes ?
Rav Zar’hi : Rav Chlmouël Chéfer se trouvait à New York à ce moment ; en route pour Eretz Israël, il fit une escale en France où il rencontra le célèbre et regretté Machpia, Rav Nissane Nemanov à qui il raconta tout l’épisode. Rav Nissane expliqua : un ‘Hassid est supposé être si profondément attaché au Rabbi qu’il devrait ressentir ce que ressent le Rabbi à tout moment. C’est pourquoi le Rabbi était tellement déçu : les ‘Hassidim étaient tellement préoccupés par leurs propres problèmes qu’ils n’avaient pas fait de place pour le Rabbi dans leur vie ! D’où le Nigoun : Essen esst sich ! Néanmoins, nous en tant que ‘Hassidim, nous avons ressenti que les quelques ‘Hassidim qui ont pu quitter la Russie à l’époque n’ont pu le faire que grâce aux bénédictions du Rabbi. Le fait est que ces ‘Hassidim avaient des proches parents ici à New York ; ceux-ci demandaient à l’occasion de chaque farbrenguen une bénédiction pour eux ; par exemple Reb Mottel ‘Hène pour son père Rav Berké, Reb Hendel pour son frère Reb Mendel Futerfass, Reb Leïbel et Reb Peretz pour Reb Moulé Motchkin et d’autres. Les étudiants de Tom’hé Tmimim aujourd’hui En tant que Machpia, pensez-vous que les jeunes gens de notre génération peuvent parvenir au même niveau de Avoda que dans les générations précédentes ?
Rav Zar’hi : Absolument ! Tout ce que les pré-
cédents Rébbéim ont exigé des jeunes gens à leur époque, le Rabbi l’exigeait dans sa génération ! Sans compromis et sans équivoque ! Il est indéniable que le Rabbi a introduit de nouveaux concepts (comme les Mivtsaïm par exemple) qui sont pour nous si spéciaux et si précieux puisqu’ils ont été initiés par le Rabbi de notre génération. Un jour, des jeunes gens américains faisaient un farbrenguen le 9 Adar et la discussion tourna au-
tour du rôle de Tom’hé Tmimim aux États-Unis. L’un d’eux remarqua que cela avait représenté une grosse surprise que le Rabbi n’exigeait pas que les jeunes gens prient lentement. Un peu plus tard, le Rabbi convoqua un farbrenguen et parla en long et en large sur l’importance de prendre son temps pour prier ; puis, se tournant vers ce jeune homme, le Rabbi insista : « Tu vois ? Bien sûr que je parle de l’importance de prier lentement ! » Cela me rappelle une histoire : Guimel Tamouz 5729 (1969), quelques personnes se sont approchées du Rabbi au farbrenguen pour recevoir des bouteilles de vodka ; l’une d’entre elles était Rav Leïb Kahn de Kfar Habad. Le Rabbi expliqua : « cela fait déjà un certain temps que j’ai distribué de la vodka. L’un m’a demandé en l’honneur d’un prochain mariage, l’autre pour un nouvel appartement, et d’autres m’ont demandé pour une Bar Mitsva ou un Yahrzeit. Mais personne ne m’a demandé pour un problème spirituel. A partir de maintenant, je ne distribuerai plus de vodka lors d’un farbrenguen ! » Nous avons remarqué, encore et encore, que quand un jeune homme se tournait vers le Rabbi pour une question concernant sa Avoda, le Rabbi prenait du temps pour lui répondre avec force et en
Jonctions - Octobre 2016-5777 65
66 Jonctions - Octobre 2016-5777
TICHRI CHEZ LE RABBI
eux avait dû entendre dans un farbrenguen qu’il devait demander un Tikoun, ce qu’il fit. Je lui ai répondu brièvement, cela lui a suffi et il est sorti satisfait. Un autre posa une question similaire mais cela le préoccupait vraiment et donc il insista : je lui alors répondu plus longuement ». Quand le Rabbi cessa de recevoir les jeunes gens en Ye’hidout (en 5735 – 1975), il expliqua que l’une des raisons en était qu’ils n’exploitaient pas suffisamment les Ye’hidout pour demander des bénédictions pour la Avoda etc. Mais ne peut-on pas argumenter que, ces dernières années, le Rabbi parlait essentiellement de sujets concernant le Machia’h ?
Rav Zar’hi : Pourquoi cela représente-
détails durant une Ye’hidout. J’ai entendu une fois de Reb Yoël Kahn que certains jeunes gens se demandent quel Maamar étudier avant la prière : préférer un certain Maamar par jour ou vaudrait-il mieux réfléchir chaque jour au Maamar étudié le plus récemment ? Le Rabbi répondit dans une lettre qu’il vaut mieux réfléchir au Maamar étudié récemment car ainsi, on rattache ensemble la prière et l’étude du jour. Puis le Rabbi ajouta : « De chaque Maamar, on doit pouvoir dériver une leçon pour sa propre Avoda ». Par ailleurs, il est important qu’un jeune homme connaisse son niveau véritable et sache exactement ce qu’il est capable d’assimiler. Cela me rappelle une autre histoire entendue de Rav Yoël Kahn : le Rabbi lui avait une fois demandé de ne pas évoquer devant les jeunes gens dans un farbrenguen des niveaux de Avoda qui les dépassent. Et le Rabbi expliqua : « Dernièrement, deux jeunes gens sont entrés en audience privée. L’un d’entre
rait-il une contradiction ? Après la fameuse Si’ha du 28 Nissane 5751 (1991), nombreux sont ceux qui ont écrit au Rabbi toutes sortes d’idées comment hâter la venue du Machia’h mais le Rabbi déclara à Rav Groner : « Je ne comprends pas ce qu’ils veulent ! N’ai-je pas dit clairement qu’il fallait étudier le sujet de Machia’h ? Pourquoi recherchent-ils d’autres réponses ? » La base de tout cela restera toujours la même. La différence, c’est qu’à chaque période, le Rabbi insistera sur ce qui doit être intensifié à cette période. Les dernières années, le Rabbi a enseigné que toute notre étude, notre prière, notre Avoda et notre façon de répandre la ‘hassidout doivent être imprégnées du but ultime : amener Machia’h ! Même cela ne représentait rien de nouveau pour nous. Je me souviens que l’atmosphère au 770 au moment de Youd Chevat 5730 (1970) était remplie de Machia’h, pas moins qu’aujourd’hui. Tous les ‘Hassidim ressentaient que Machia’h allait enfin se révéler ! Nous le ressentions tellement fort intérieurement ! Espérons qu’effectivement très bientôt, nous mériterons d’être enfin réunis avec le Rabbi, avec la venue de Machia’h, maintenant ! Traduit par Feiga Lubecki
Jonctions - Octobre 2016-5777 67
HISTOIRES DU RABBI
Histoires du Rabbi avec RAV BINYAMIN
KLEIN ZAL
Traduit par Sonia Abrahami et Feiga Lubecki
« J’ai été le secrétaire du Rabbi durant près de trentesix ans, mais tout ce que vous savez sur le Rabbi ne représente qu’une petite idée de ce qu’il est réellement. Nous avons entendu de très belles histoires et assisté à des moments très forts, mais ce n’est pas ainsi que s’exprime réellement la personnalité du Rabbi. Tout ce que l’on dira sur lui ne le rendra pas plus grand, bien au contraire, cela limite sa grandeur. Toutefois, tout ce que l’on dit sur lui est authentique. »
Les secrets
Lorsque le Rabbi m’a proposé de travailler au secrétariat, il m’a dirigé vers le Rav ‘Hadakov, responsable principal, qui devait m’expliquer ce que l’on attendait de moi. Il me signala qu’en tant que secrétaire, je serais nécessairement le témoin de certains événements et que j’entendrais les diverses réponses du Rabbi aux problèmes qui lui étaient soumis. Une condition s’imposait : « Ne rien divulguer autour de moi ». Les gens racontaient au Rabbi leur histoires les plus intimes, touchant parfois des questions fatidiques. Cette injonction, de ne rien laisser transpirer de tous ces secrets contenus dans le bureau du Rabbi, a été respectée durant trentesix ans. Aujourd’hui, je ressens qu’il est temps de lever le voile sur quelques anecdotes, malgré toutes les difficultés que cela implique.
« Vous ne le connaissez pas »
Lorsque j’étais étudiant à la Yechiva au 770, je
68 Jonctions - Octobre 2016-5777
me suis rendu avec un autre étudiant en mission dans les pays d’Amérique du Sud. En Uruguay, nous avons rencontré un Juif qui avait étudié à la Sorbonne avec le Rabbi (à Paris). Il était assis dans la synagogue près de l’oratoire réservé aux femmes. Nous nous sommes présentés à lui en tant que jeunes Loubavitch. Il nous a demandé si nous connaissions le Rabbi. Je lui répondis que nous voyions le Rabbi à chaque prière, tous les jours. « Vous voyez le Rabbi, c’est un fait, mais vous ne le connaissez pas. J’ai étudié avec lui à la Sorbonne durant deux ans et je n’ai jamais pu le connaître : il se cachait de nous ».
Le Rabbi et les étudiants de la Yechiva À l’époque où j’étudiais à la Yechiva au 770, un lien très fort unissait le Rabbi et les étudiants. Il n’y avait alors pas beaucoup d’étudiants et le Rabbi connaissait chacun individuellement. Lorsqu’il arrivait tôt le matin au 770, il se ren-
CR
HISTOIRES DU RABBI
dait à l’entrée de la grande salle d’étude et observait les jeunes gens présents. Le dernier jeudi de chaque mois, la direction de la Yechiva, les conseillers et les recteurs s’entretenaient avec le Rabbi. Celui-ci tenait en effet un compte-rendu précis de la présence et de l’étude des élèves quotidiennement et était très impliqué dans la vie de la Yechiva. Les jeunes étudiants de la Yechiva sont les enfants du Rabbi : un père désire que ses enfants se conduisent comme il faut… J’insiste lorsque je dis que c’était la chose la plus importante pour le Rabbi : avoir beaucoup de satisfaction des élèves de la Yechiva.
prenions le courrier à envoyer. Le Rabbi nous remerciait à chaque fois que nous faisions quelque chose pour lui et nous disait toujours : « Si cela ne vous dérange pas… » Il m’appelait en général par mon nom de famille « Klein », mais durant l’hiver 5738 - 1977, alors que nous étions jour et nuit dans sa chambre, il m’appelait par mon prénom « Binyamin ». Dans une certaine mesure, le Rabbi était très proche de nous. Il demandait régulièrement des nouvelles des familles de ses secrétaires, particulièrement lors des fêtes familiales.
Une crainte mêlée de proximité
Le Rabbi répondait aux diverses questions sur les marges de chaque lettre. J’étais celui qui transmettait, oralement ou par écrit, la réponse aux personnes concernées. D’après mon expérience longue de plusieurs dizaines d’années, je sais que jamais le Rabbi n’a jamais dit quelque chose qui ne se soit pas réalisé, à un moment ou à un autre. Lors de la distribution du dollar qui avait lieu le dimanche matin, je me plaçais auprès de lui. Un jour, une femme lui demanda une bénédiction pour avoir des enfants. Ce à quoi le Rabbi répondit : « Très prochainement !» Avec courage, elle dit au Rabbi : « Que signifie très prochainement ? » Le Rabbi la considéra en souriant : « Il faut au moins neuf mois ! » Effectivement, un petit garçon naquit neuf mois plus tard !
Il est difficile de décrire ma relation avec le Rabbi. Il y a toujours eu une certaine distance, liée à un profond respect. Dans les relations humaines, on sait que l’habitude s’installe lorsque l’on côtoie régulièrement une personne et l’enthousiasme des premiers jours peut alors disparaître. Mais le Rabbi n’a jamais laissé ses secrétaires sombrer dans la routine. J’entrais dans le bureau du Rabbi tous les jours. Je n’ai jamais omis de frapper à sa porte et d’attendre son autorisation pour entrer. Le Rabbi consacrait beaucoup de temps à sa correspondance, il lisait tout son courrier puis y répondait. De temps à autre, il me parlait et continuait à répondre aux différentes lettres. Les gens nous donnaient les lettres du secrétariat, nous entrions rapidement les déposer sur un endroit précis de sa table de travail et
Tout ce que le Rabbi a dit s’est toujours accompli !
Jonctions - Octobre 2016-5777 69
BARNES ISRAEL- Votre première maison en Israël
Projet Neve Tsedek, Tel Aviv
Siège de Barnes Israël
Projet Neve Tsedek, Tel Aviv
70 Jonctions - Octobre 2016-5777
Bureaux de Barnes
PUBLI REPORTAGE IMMOBILIER
BARNES ISRAEL VOTRE PREMIERE MAISON EN ISRAEL La prestigieuse maison BARNES s’est implantée en Israël depuis déjà deux ans. Une révolution dans le monde de l’immobilier. Alain Weizman, dirigeant de cette nouvelle branche, a trouvé le lieu idéal où tout peut commencer : Ahouzat Bait, qui se trouve dans le quartier Rotschild, de Tel Aviv. Cet immeuble mythique créé par le père fondateur de la ville de Tel Aviv, Akiva Weiss, est symbolique de BARNES Israël. Bien plus qu’une simple agence immobilière, BARNES c’est l’authenticité de la pierre, la vérité des rapports humains, l’originalité du produit et le sérieux d’une grande maison. L’idéal pour acquérir un bien en Israël, avec toutes les garanties possibles. BARNES est une société immobilière internationale spécialisée dans le luxe et les projets d¹exception. Pour son implantation en Israël, BARNES a décidé de mettre l’expérience et le savoir-faire de plus de 20 ans de métier dans une vingtaine de pays différents dans le monde au service de tous. Ce qui signifie que vous pouvez acquérir un produit BARNES à partir de 1million et ½ de shekels et bénéficier de toutes les prestations d’une grande maison. La réputation et la notoriété de BARNES International n’est plus à faire : Avec plus d’une trentaine d’agences en France dans des lieux très prisés comme la rue du Faubourg Saint Honoré, l’avenue Kleber, Rive Gauche, Neuilly, mais aussi Deauville, Cannes, l’Ile de Ré, Saint Tropez, Courchevel ou Megève. Mais aussi une présence remarquée dans des pays comme, Monaco, la Suisse, la Belgique, le Portugal, l’Espagne, le Maroc et sans oublier les villes phares, comme Moscou, New York, Miami, Los Angeles, etc..., BARNES Israël propose à sa clientèle un grand éventail de produits sélectionnés : Demeures et appartements de luxe, villas,
penthouse à Tel Aviv, Hertzlya Pitouah, Jérusalem, Raanana ou Césarée, ainsi que des biens d’investissement à partir de 1million et ½ de shekel à travers tout le pays, de Hadera à Netanya ou Raanana en passant par Beer Sheva, Ashkelon et Ashdod. BARNES démocratise le luxe et le savoir-faire d’une grande maison pour le mettre à la portée de tous. Forte d’une éthique qui n’est plus à démontrer, vous savez que chez BARNES, vous trouverez une sélection de produits originaux et de grande qualité, des interlocuteurs de grande valeur, la notoriété, la confiance et le sérieux de projets exclusifs. Des atouts certains qui n’existent nulle part ailleurs. Validation, vérification et construction. Au cours de toutes les étapes de l’acquisition d’un bien, l’équipe BARNES vous accompagne et vous encadre pour garantir la bonne réalisation de vos projets. BARNES Israël est également partenaire de projets exclusifs et se charge de réaliser la totalité de la partie marketing. Si vous recherchez plus qu’une simple agence immobilière, si vous voulez investir durablement et fructueusement, si vous souhaitez un accompagnement complet sérieux et rigoureux sur toutes les étapes de votre projet, si vous cherchez un leader en matière de luxe et de biens d’exception, si vous rêvez de retrouver le savoir-faire traditionnel depuis la première ébauche de plans jusqu’à l’entrée dans votre maison clef en main, ne cherchez plus, car BARNES Israel s’est installé à Tel Aviv, à l’adresse mythique de son siège : Ahuzat Bait. Dirigé et managé par Alain Weizman, BARNES Israel, vous accueillera avec son équipe de grands professionnels de l’immobilier, qui ont été recrutés pour leur compétence et leur sérieux en la matière.
Flashez notre catalogue
BARNES Israël Herzl 2 / Ahad Ha’am 18 Tel Aviv Israël Email a.weizman@barnes-international.com k.weizman@barnes-international.com Téléphone Fixe : 972 (0) 3 554 69 69 Mobile : 972 (0) 58 778 4821 Fax : 972 (0) 3 554 54 02 De France : 01.77.50.41.46 www.barnes-israel.com
Jonctions - Octobre 2016-5777 71
IMMOBILIER
72 Jonctions - Octobre 2016-5777
REPORTAGE IMMOBILIER
5777 OBJECTIF JERUSALEM Les fêtes de Tishri approchent et nous avons tous entame notre introspection habituelle, et sommes a peu près tous arrives a la même question : qu’ai-je donc fait de concret cette année ? Ai-je avance ? en quoi ? Et surtout comment pourrais je avancer encore un peu plus cette année qui vient ? Je sais bien que l’une des plus grandes mitsvot est de s’installer à Jérusalem, ou en suis-je, moi ? qu’est ce qui me retient ? Peut être le moment est il arrive de penser a mon avenir, le vrai, celui qui me permettra de vivre dans mes valeurs, d’élever mes enfants dans le judaïsme et de construire ma vie. A moins que ma mission soit d’aider les autres à survivre en France, je sais bien au fond de moi que le temps passe, les prix des appartements sont déjà affolants a Jérusalem et il est grand temps de penser sérieusement a une alyah, de la préparer et de consolider enfin mon avenir et celle de ma famille. Et la recherche d’un appartement figure parmi les points essentiels du processus d’alyah. En Israël, les transactions immobilières représentent une énorme partie de l’économie du pays (simplement les taxes directes sur les transactions immobilières représentent plus de 7% de l’ensemble des impôts collectes en Israël). Et l’essentiel de ces transactions se fait sur un tout petit nombre de villes. C’est ainsi qu’une étude récente indique que par exemple en 2014, 3.931 transactions concernant les appartements les plus demandes (de 3 a 4 pièces) ont été réalisées a Jérusalem, juste après Tel Aviv. Dans 33.9% des cas, il s’agit de premières acquisitions immobilières, dans 46.2%, ces transactions font suite à un changement de ville, dans 34.7% il s’agit de purs investissements et dans 11.2% des cas il s’agit
d’acquisitions par des étrangers. Et Jérusalem reste la cible privilégiée des acheteurs étrangers (28% des transactions réalisées a Jérusalem sont faites par des étrangers ; pour comparaison, a Ashkelon seulement 2.3% des transactions sont effectuées par des étrangers). Et on ne peut que constater que les prix ne cessent d’y monter de manière impressionnante. Il faut maintenant en moyenne 2.177.000 shekels pour acheter un appartement de 4 pièces à Jérusalem. Pour information, 1.000.000 suffisent pour ces mêmes 4 pièces à Ashkelon. Mais pourquoi diable est ce donc si cher à Jérusalem ????? Pas de plage, des immeubles pas toujours jolis a voir, des religieux de partout, … Certes, mais depuis plus de 2.000 ans tous les Juifs du monde répètent inlassablement « l’an prochain a Jérusalem », et non pas l’an prochain a la plage ou au ski ! Même les juifs les plus éloignés du judaïsme ont entendu cette rengaine ! On pourrait presque le décliner à l’Américaine : « Location, location, location » (emplacement, emplacement, emplacement en bon français. Or Jérusalem, c’est 850.000 habitants et seulement 215.237 habitations résidentielles. En moyenne 81m2 par appartement. Et si les anciens Israéliens sont capables de se considérer comme bien loges dans 35 m2 car ils y ont élevé 10 enfants, ce n’est certes pas le rêve des étrangers ou des nouveaux immigrants ! Alors si on enlève à nos 215.237 logements les 21.000 appartements de moins de 40m2, il ne nous reste plus
Jonctions - Octobre 2016-5777 73
REPORTAGE IMMOBILIER « en stock » que 194.000 appartements environ ! Sur ces 194.000 appartements que tous les propriétaires ne souhaitent pas forcement vendre, seuls ceux situes dans les quartiers centraux intéressent les nouveaux venus ou les étrangers, ce qui nous conduit à ne considérer finalement que 43.800 appartements potentiellement intéressants. Et ces appartements sont en plus habites !!! Par des gens qui comptent bien rester chez eux ! Et les acheteurs potentiels sont fort nombreux. En effet, déjà parmi la population locale il y a des personnes qui souhaitent acheter ou déménager. Egalement intéressés les nouveaux arrivants d’autres villes israéliennes. Se positionnent enfin les nouveaux immigrants, et si autrefois Haïfa et Tel Aviv étaient les 1eres destinations pour s’installer en arrivant en Israël, aujourd’hui Jérusalem s’est largement imposée en ville de première intention (en 2014, plus de 11% des nouveaux immigrants se sont installes d’abord dans notre capitale). Et sur ces 2.800 nouveaux immigrants, une large majorité arrivait de France. Alors comment faire pour acheter a Jérusalem ? la recette est simple et tient en quelques mots, se rap-
74 Jonctions - Octobre 2016-5777
peler qu’habiter a Jérusalem c’est un immense privilège et que cela nécessite de redéfinir nos priorités. Est-ce si grave si je ne suis pas tout a fait au centre ville, ou si je dois monter un étage ou deux, ou si j’ai un peu moins de surface habitable pour que mon appartement cadre avec le budget dont je dispose ? Car finalement, c est bien autre chose que je viens chercher ici. En résumé donc, une forte demande locale, une forte demande nationale, et pourtant c’est bien a Jérusalem que l’investissement immobilier semble le plus sécurisé. L’an prochain à Jérusalem, et pour reprendre les mots de Theodore Herzl, si vous le voulez, ce n’est pas une légende, Sources: Central Bureau of Statistics, Jerusalem Institute for Israeli Research, yad 2, The Marker, Ministere des finances
Déborah Jérusalem Immobilier Tél. Israël: (972)2 6786595 / Tél. France : (33)4 22 13 05 39 www.jerusalemimmobilier.com