Les Urbain.e.s : ĂŠtudes urbaines et ateliers de crĂŠation 2019-2020
Les Urbain.e.s sont une association loi 1901. Elle a pour objet de produire et promouvoir la recherche scientifique et citoyenne en études urbaines. Ses travaux font l’objet de restitutions et de médiatisations par le biais de créations culturelles (expositions, lectures publiques, créations théâtrales, sonores…) et scientifiques (colloques, publications d’ouvrages,…) Depuis novembre 2013 à 2020, en regroupant sans hiérarchisation des chercheuses et des chercheurs en géographie, architecture, urbanisme, sciences politiques, des artistes comédiens, écrivains, photographes, graphistes,... des habitantes et des habitants, les Urbain.e.s ont développé une recherche à Gennevilliers portant sur les rapports sociaux de genre dans l’espace public et plus particulièrement sur la place occupée par les femmes. A partir du savoir produit sur ce terrain «politique de la ville», l’association peut, selon les demandes, assurer des formations, des conférences, élaborer d’autres programmes de recherche-action avec les acteurs et actrices institutionnel.es, les associations, les habitant.es.
lesurbaines92@gmail.com http://urbaines.hypotheses.org/ https://www.facebook.com/lesurbain.e.s https://twitter.com/LesUrbain
Les photographies de ce document sont de Guillaume Clément (pages 24, 44, 46, 47) Gaël Dupret (pages 20-21, 27 en haut, 33, 27, 41, 42-43, 48-49, 50,51, 54) et Corinne Luxembourg (pages 1, 7, 11, 19, 22, 23, 26, 27 en bas, ) Les propositions graphiques du projet sont de Claire Pasquet (pages 22, 26, 28-29), Corinne Luxembourg (pages 24-25), l’Atelier SensOmoto (page 30), Prisciana Le Meur (page 31 en haut), Emilien Bouexel et Gabrielle Forté (page 31 en bas)
Sommaire
07 Contextes
21 Thèmes et MÊthodologies
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30 Outils participatifs
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Présentations des
Créations 2015-
ateliers de création
2019 : Arguments
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Contextes Cadres chronologiques et contextes scientifiques.
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Cadres chronologiques de la prise en compte du genre. Le genre peut être défini comme une construction sociale des rôles et statuts des femmes et des hommes et l’ensemble des rapports de pouvoir organisant une bicatégorisation hiérarchisée entre ce qui est de l’ordre du masculin et ce qui est de l’ordre du féminin. Trente ans après la troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes (Nairobi, 1985), vingt ans après la quatrième (Beijing, 1995), le « gender mainstreaming » devient un axe transversal de la gouvernance locale et nationale en France. Depuis 1991, l’Union européenne préconise de l’intégrer à l’ensemble des champs de politique publique, des processus de prises de décision. En juillet 1997, le Conseil Economique et Social des Nations Unies définit l’intégration du genre « L’intégration des questions de genre consiste à évaluer les implications des femmes et des hommes dans toute action planifiée comprenant la législation, les procédures ou les programmes dans tous les domaines et à tous les niveaux. Cette stratégie permet d’intégrer les préoccupations et les expériences des femmes et des hommes à la conception, à la mise en oeuvre, au contrôle et à l’évaluation des procédures et des programmes dans toutes les sphères politiques, économiques et sociétales pour qu’ils en bénéficient de manière égale et que l’inégalité actuelle ne soit pas perpétuée ». L’Organisation Internationale du Travail spécifie également les éléments suivants : « L’intégration vise donc principalement à obtenir l’égalité des genres. Elle n’exclut pas les activités spécifiques au genre et les actions positives, lorsque les femmes et les hommes se trouvent dans une position particulièrement désavantageuse. Les interventions spécifiques au genre peuvent viser exclusivement les femmes, les hommes ou les deux pour leur permettre de participer aux efforts de développement et d’en bénéficier de manière égale. Ces mesures temporaires sont nécessaires pour lutter contre les conséquences directes et indirectes actuelles de la discrimination.
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L’intégration ne saurait signifier l’ajout « d’une composante féminine » ou même «d’une composante concernant l’égalité des genres» dans une activité existante. Elle va au-delà de l’accroissement de la participation des femmes. Elle signifie que l’expérience, la connaissance et les intérêts des femmes et des hommes ont un effet sur le programme de développement. C’est ainsi que le processus d’intégration peut impliquer l’identification des besoins de changement dans ce programme. Il peut nécessiter également des changements dans les objectifs, les stratégies et les actions afin que les femmes et les hommes puissent influencer les processus de développement, y participer et en bénéficier. Le but de l’intégration de l’égalité des genres est donc de transformer des structures sociales et institutionnelles discriminatives en structures égales et justes pour les hommes et les femmes. » En 1999, le « gender mainstreaming » est ainsi défini par le Conseil de l’Europe : « L’approche intégrée de l’égalité entre les femmes et les hommes (ou gender mainstreaming) consiste en la (ré)organisation, l’amélioration, l’évolution et l’évaluation des processus de prise de décision, aux fins d’incorporer la perspective de l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines et à tous les niveaux, par les acteurs généralement impliqués dans la mise en place des politiques. » Cette « approche intégrée de la dimension genre » s’installe peu à peu dans les cahiers des charges de la politique de la ville, avec plus ou moins de succès. Cette apparition dans les domaines des politiques urbaines vient de nombreuses années après les premiers constats, en Europe, des défaillances de la ville de la modernité, androcentrique, conçue, construite, gouvernée par les hommes, où les fonctions de l’habiter sont trop souvent cantonnées au seul logement, réduisant de fait les potentialités de la ville. L’association Les Urbain.e.s naît d’un questionnement sur ce qui fait relation entre genre, espace public, la fabrique de la ville et les enjeux démocratiques étroitement liés à la conviction de 9
la nécessité de l’émergence d’un savoir populaire de la ville coconstruit par un partage de savoir (faire, être, d’usages…). Au croisement de ces premières interrogations se trouve la culture disciplinaire géographique qui incite à une réflexion multiscalaire à propos des espaces vécus, matériels ou immatériels. Gennevilliers, premier terrain de travail, présente pour ce questionnement scientifique de nombreux points d’intérêts : des quartiers en fin de renouvellement urbain, un autre amorçant le processus de la seconde période de renouvellement urbain par l’ANRU, un quartier neuf, en construction. Ville de proche banlieue parisienne, elle a connu tous les types d’urbanisme de ces territoires et en connaît tous les enjeux sociaux, sociétaux, paysagers, urbanistiques... Ce qui sous-tend ce travail est la volonté de participer à la prise de conscience de la nécessité de construire de la ville pour et par toutes et tous. La seule démarche scientifique universitaire restant insatisfaisante, ce projet est décidé et conçu pour être une recherche-action pluridisciplinaire, la plus ouverte possible. L’association de méthodologies scientifiques et de démarches artistiques permet d’en faire un outil de questionnement accessible à toutes et tous, dans lequel la fiction peut permettre de faire apparaître des thématiques qui n’avaient pas été évoquées sans ce détour.
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Contextualisation scientifique
Genre/s et espace Le contenu de la notion de genre a considérablement évolué depuis son apparition dans les sciences humaines et sociales, dans les années 1960, englobant les recherches féministes, les travaux sur les femmes, les hommes, l’objet genre, l’introduction de problématiques genrées et le champ des sexualités. Ici, le genre, abordé dans un contexte spatialisé, concerne le rôle des rapports entre les hommes et les femmes dans la construction de l’espace social. L’une des thématiques les plus fréquentes, faisant cortège au genre dans le traitement médiatique est la sécurisation de l’espace public et la vulnérabilité féminine. Ainsi, la représentation de l’espace public devient celle d’une vulnérabilisation des femmes, comme une évidence, alors que de nombreux travaux ont montré que c’est dans l’espace domestique que les femmes sont le plus exposées aux violences physiques, venant principalement des hommes de leur entourage. Malgré tout, cette construction sociale de l’espace public comme dangereux pour «les femmes» est entretenue par un ensemble de comportements participant à signifier leur illégitimité à s’y trouver (contrôle social, patriarcat, harcèlement de rue...). Avec les classes, les ethnies et les groupes d’âges, le genre constitue des catégories sociales fondamentales qui, par leurs interactions produisent les dynamiques socio-territoriales. Ce n’est donc pas, par le spectaculaire, le grandiose, l’exceptionnel que la ville se fabrique – même s’ils y concourent indéniablement – mais plutôt par le quotidien. Cette trame de la vie humaine est tissée, entremêlée avec la spatialité, son souvenir, son vécu. Elle est hétérogène, transversale. Le travail proposé ici s’appuie sur le « tournant spatial » en sciences humaines et sociales d’une part, dans la société et les politiques publiques d’autre part comme l’émergence de l’espace favorisée par une culture de l’immédiateté.
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Quotidien et espace L’espace est construit de quotidien : pour cela, il est fragmenté, parfois rugueux, parfois lisse, morcelé, diversifié dans son apparence, comme par celles et ceux qui le produisent. Cette tentative de définition s’appuie autant sur ce que Georges Pérec relève ainsi dans Espèces d’espaces, que sur la tradition phénoménologique reprise par Michel de Certeau dans L’invention du quotidien à la suite de ce qu’exprime Maurice Merleau-Ponty lorsqu’il différencie un espace anthropologique d’un espace géométrique : « Il y a espace dès qu’on prend en considération des vecteurs de direction, des quantités de vitesse et la variable de temps. L’espace est un croisement de mobiles […]. L’espace serait au lieu ce que devient le mot quand il est parlé… En somme, l’espace est un lieu pratiqué ». L’espace pratiqué s’incarne dans la marche de ses habitants. Michel de Certeau établit une distinction entre la ville, qu’il considère comme une langue, un champ des possibles, et l’acte de marcher, qui l’actualise et relève « d’énonciations piétonnières ». Cette analogie entre la ville/langue et la marche/parole permet de valoriser les processus d’appropriation de la topographie urbaine par ses habitant.es, qui se déploient à partir des relations possibles entre des pôles différenciés par des cheminements familiers de transport ou de consommation. Ces limites du vécu quotidien sont rarement dépassées pour une incursion en territoire inconnu, qu’elles encadrent une rue, un quartier, une ville... parfois elles nécessitent des attitudes corporelles différentes, passant d’un territoire à un autre. Ce sont les gestes, les pratiques, les arts de faire, les topographies individuelles ou collectives et les récits du quotidien qui constituent les traces, les archives urbaines. Italo Calvino a appelé les « villes invisibles », cet imaginaire de la ville qui la rend croyable : « Habiter, c’est narrativer. Fomenter ou restaurer cette narrativité, c’est donc aussi une tâche de 13
réhabilitation », écrit-il en 1987. (Lévy Lussault, 2013). La narration est différente selon qui raconte, la ville différente selon qui l’imagine, la marche, l’habite, la pratique et se l’approprie, tout comme elle varie selon le rythme et la vitesse de sa pratique. Le caractère démocratique de la ville se pose alors aussi dans sa capacité de lier les narrateurs ensemble, les rythmes. Travailler ensemble les thématiques des rapports femmeshommes, du quotidien et de la ville implique d’y associer les espaces communs et d’y déceler les discontinuités, les fragmentations.
Espace public L’espace public peut être défini comme l’espace ressortissant strictement à la sphère publique, c’est-à-dire tout espace n’appartenant pas à une « personne morale de droit privé ». L’espace public urbain est alors caractérisé par les rues, trottoirs, places, jardins, parcs, mais aussi délaissés de voirie, terrains vague, parkings, etc. Se pose la question des espaces clos, destinés à l’accueil du public (centres commerciaux, lieux de restauration, services publics), qui en général sont exclus de la catégorie, souvent rabattue sur les seuls périmètres extérieurs – ce qui confirme que le modèle mythique de l’agora est à l’oeuvre. La lecture des interactions de ces différentes thématiques ensemble s’exprime alors à travers quatre grands axes : privé/ public, intime/ extime, individuel/social, mixité de genres ; axes envisagés assemblés, couplés ou dans leur singularité. La construction de la ville des grands ensembles, à la fin des années 1960, a répondu à plusieurs objectifs, en particulier l’impérieuse nécessité de trouver une solution à la situation de mal logement, tout en maintenant une relation forte entre le lieu de travail et le logement. Ces espaces urbains de « chemins de grue » dessinés et rapidement bâtis par les hommes sont l’espace vécu des femmes pour l’essentiel. Aujourd’hui, dans l’ensemble des villes occidentales, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à vivre dans des villes construites par les hommes. 14
Les femmes ont, en général, une plus grande appropriation de l’espace commun urbain, en se référant au nombre de lieux fréquentés, cela ne se traduit pas par une occupation pérenne des lieux comme peuvent le faire les hommes (bancs, halls d’immeuble…), mais par une circulation, liée à des actions reproductives, où les arrêts sont rares. Enfin, cet habiter féminin est confronté aux déficiences générales de l’habiter de l’ensemble de la population dans nombre de ces quartiers de grands ensembles. C’est-à-dire que la fonction même d’habiter a longtemps été réduite à la seule fonction de loger et que la réflexion sur la fonction de moteur d’urbanité des espaces et lieux publics est venue très tardivement. Il ne s’agit alors pas tant de la seule forme urbaine des grands ensembles que du fond de ce qui construit l’urbanité quotidienne. Or, cette quotidienneté du quartier comme espace vécu est souvent féminine. Les politiques urbaines ne se penchent sur la question féminine qu’au début des années 1980 en faisant des femmes non plus des occupantes silencieuses des quartiers mais des relais de la démarche de Développement Social des Quartiers. Il s’agit, entre autre, d’encourager la formation et la professionnalisation. En effet, durant la décennie suivante les femmes accèdent plus nombreuses à l’emploi, bien que cet emploi soit encore souvent à temps partiel et à durée déterminée. Néanmoins, la lutte pour la place des femmes dans l’espace urbain est d’autant plus difficile qu’il s’agit d’une construction sociale du territoire « après coup » et qu’elle ne va pas encore de soi pour l’ensemble de la société, acteurs institutionnels compris, ceci dans un contexte où la conception de l’urbanisme est à repenser au prisme d’un habiter plus diversifié.
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Questions initiales pour une recherche Les villes modernes sont en apparence des lieux de liberté, de mixité, offrant à chacun la possibilité d’accéder à un ensemble de services, échappant aux contraintes de la distance et favorisant ainsi l’interaction sociale La politique de la ville, dès ses premières réflexions dans les années 1970, porte des projets de vie meilleure,d’égalité, d’émancipation pour l’ensemble de la population. Pourtant l’étude des villes, de leurs évolutions, de leurs projets politiques montre que, tout en étant créatrices de pratiques nouvelles et porteuses d’innovation, elles restent le reflet des normes sociales dominantes et des dynamiques sociales, économiques, urbanistiques, paysagères standardisées et souvent excluantes. Ainsi, elles sont des lieux de contraction des distancestemps, d’accélération, d’amplification des fragmentations sociales et spatiales. Ces évolutions des usages de la ville, leur rythme divergent sensiblement selon que l’on est une femme ou un homme. En effet, les femmes constituent 80 % des travailleurs pauvres, 70 % des usagers des transports en commun, 90 % des personnes qui subissent des violences sexuelles dans l’espace public, 85 % des chefs de famille monoparentale… Les femmes restent les membres des ménages qui assument le plus d’obligations domestiques et sont en cela conditionnées dans leurs déplacements. Le sentiment d’insécurité, agit différemment selon qu’il fait jour ou nuit et ferme à la présence féminine un certain nombre d’espaces publics. Sentiment qui révèle tout à fait les rapports de genre comme rapports de domination où il est communément admis qu’une femme puisse être une proie et que le caractère intrinsèque de l’homme serait d’être prédateur. A ces premiers constats s’ajoutent ce que le contrôle social impose aux corps. Le corps féminin est observé, contrôlé. On sait les traditions de domination patriarcale de nos sociétés, tout comme l’on sait qu’elles sont vécues quel que soit le milieu social et véhiculées
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aussi bien par les hommes que par les femmes (pour des raisons différentes). Si l’on s’accorde sur le fait qu’il n’y a de territoires que ceux construits, produits par les sociétés, leurs fragmentations, cela sous-tend la réciprocité entre les constructions spatiales et les constructions sociales (dont les constructions identitaires). Ainsi, au même titre que les différenciations sociales, la distinction genrée engendre, elle aussi, une production de l’espace et réciproquement. Sans doute, la construction architecturale et urbanistique, ayant été principalement masculine, jusqu’à aujourd’hui, a-t-elle longtemps empêché de considérer la ville comme produit d’une conception hétéronormative du territoire urbain, répartissant les espaces selon les rôles sociaux attribués aux femmes et aux hommes ; tout comme elle a évité une lecture intersectionnelle de la ville. De même, l’évolution de l’urbanisme des villes postindustrielles n’a pas remis en question ni l’androcentrisme, ni les indices de la domination de classes (sinon les a renforcés). Aborder la ville côté femmes implique d’interroger nombre de comportements, de qualifications, de rapports sociaux de genre impensés si longtemps parce qu’ils reposent, pour l’essentiel, sur des présupposés de détermination naturaliste. Il s’agit alors d’envisager « l’espace vécu » féminin par différents biais imaginés a priori, comme hypothèses.
Occupation, appropriation de l’espace public, déplacements Lieux du regard de l’autre, du paraître, de la conformation aux codes attendus, les espaces publics peuvent aussi être le lieu de l’émancipation lorsqu’ils sont appropriés également par les femmes et les hommes.
Privé / public, intime / extime, individuel / social L’intérieur du logement est souvent considéré comme l’espace géré par la femme, à l’inverse l’espace public plutôt masculin. Aussi, lorsque l’espace public est ouvert à la présence féminine, la femme s’y implique-t-elle plus intensément ? Cette implication 17
ne concerne-t-elle qu’un ensemble de lieux dont l’attribution serait classiquement féminine (école, crèche, parcs, abords de jeux pour enfants…) ? D’autre part, quelles représentations portent l’injonction à sortir du domicile ou celle à y rester ? Quelles implications temporelles sont en jeu ? (âge, temporalités saisonnières, quotiditiennes...)
Non-lieux féminins /no-woman’s land Guy Di Méo parle de « murs invisibles » pour désigner les barrières spatiales que s’imposent les femmes pour ne pas pénétrer sur une portion du territoire urbain, vécue comme lieu d’insécurité. En résulteraient des territoires abandonnés par les femmes, des no-woman’s land. La standardisation serait-elle la possibilité de construction d’un « urbain mixte » ? Cette standardisation de l’urbanisme n’est-elle pas, elle-même, androcentrique ?
Conflits L’espace public urbain semble fragmenté durablement selon ces pratiques genrées. Est-il pour autant lieu de conflit ? Si oui est‑il apparent ou larvé ? Sinon est-il la résultante d’une forme de rapport socio-spatial de domination/soumission ?
Ambiances Sans que l’espace urbain soit forcément lieu de conflit, de rencontres désagréables ou d’insécurité, il est parfois ressenti comme peu accueillant et violent. Cela tient au paysage, aux recoins que l’on contrôle mal, aux odeurs, aux sons, aux résonances. Ici les paysages sensibles sont tout autant importants pour penser l’urbanisme que les seules questions fonctionnelles.
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Thèmes MÊthodologies et propositions
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Exemples de thématiques
Mobilités et déplacements. Interroger les déplacements et les mobilités permet de connaître la variété des tâches accomplies par les femmes dans la ville et la variété des lieux fréquentés. Ils permettent également de connaître les modes de transport privilégiés.
Jardins partagés : des leviers d’émancipation. Les jardins partagés sont devenus des lieux appropriés par de nombreuses habitantes qui fréquentent d’autres lieux. Lieux de bien-être, multiplicateurs de liens sociaux, ces lieux permettent la mise en commun de savoir-faire. Ce partage de savoirfaire participe à l’affirmation d’un droit à être dans l’espace public : aux Agnettes par exemple, l’implication dans le jardin 22
a pu se prolonger par une participation aux réunions publiques dans le cadre du projet de renouvellement urbain du quartier.
La nuit : no woman’s land ? La nuit est un espace et un temps fréquemment associé à un sentiment d’insécurité. Il serait communément admis et transmis que la nuit n’est pas un territoire « pour les femmes ». En conséquence les territoires pratiqués sont relativement réduits. Mais, si certains lieux semblent massivement évités, la pratique de la ville la nuit est également influencée par l’âge, la situation familiale, l’origine réelle ou supposée, la classe sociale, etc. de la personne. Nous profitons de l’organisation des « Nuits de la géographie » pour convier chacune et chacun à la réflexion.
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Méthodologies participatives
Observations et mapping photographique.
Le repérage coloré sur des photographies de l’espace public donne à voir l’occupation genrée. Cela rend compte des inégalités de pratique selon les temporalités quotidiennes.
Atelier cartes mentales. Sur une feuille blanche dessiner les trajets évalués comme agréables, désagréables ou ni l’un ni l’autre. Ils permettent de prendre conscience de représentations d’espace.
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Entretiens en appartements ou en roulotte... En réunion d’appartement ou dans notre roulotte-laboratoire, s’asseoir permet de prendre le temps, le salon ouvert permet de convier d’autres passant.es à la conversation. Une trame de discussion sert de point commun à l’ensemble des entretiens qui pour certains prendront la forme de focus groupes. Un plan du quartier sert de support pour le repérage.
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Déambulations En 2017, puis 2018, des déambulations sont organisées à la tombée de la nuit pour expérimenter ensemble des méthodes, pour recueillir le quotidien et l’exceptionnel. Elles ont permis de disposer de 3 heures d’entretiens durant lesquelles les personnes participant.es ont guidé la balade dans leur quartier. Le second type demandait une observation plus individuelle attentive aux sens et aux sensations.
A pied ou à vélo En novembre 2017, en partenariat avec BicyclAide et Mieux se Déplacer à Bicyclette, Les Urbain.e.s participe à l’opération « Cyclistes, brillez ». Cette promenade à la nuit tombée interroge les mobilités, les façons de se déplacer des femmes et des hommes.
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Carnet de voyage Et si on voyageait en ville ? venues d’ailleurs ou nées à Gennevilliers, quels regards portent les femmes sur leur ville. https://cutt.ly/carnet
Jeux Prendre le plan de la ville comme un plateau de jeux de société en s’inspirant des méthodologies des jeux de représentations spatiales. Les personnes participantes choisissent la signification des pièces utilisées.
Ateliers d’écriture Écrire la ville dans un lieu non-mixite, pour témoigner de la ville, des rencontres, des espaces vécus.L’atelier, dirigé par Damien Labruyère, est une autre façon de rendre compte de la ville de ses espaces vécus. La première année (2015-2016) a donné lieu à une lecture publique de textes. Les années suivantes ont donné lieu à des créations théâtrales et la constitution d’une troupe amateur.
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Restitution des travaux
Les travaux de recherche-action sont écrits avec des habitant.es et restitués sous la forme d’un journal semestriel distribué et collé dans les halls d’immeuble (graphisme Claire Pasquet). C’est aussi un site internet, des comptes sur les réseaux sociaux, la constitution d’une “communauté” de participant.es.
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La ville côté femmes
une recherche-action 2014-2020 Journal de terrain n°4 I septembre 2017
Marcher la nuit est communément associé aux activités festives, à la déambulation après une sortie au cinéma ou au restaurant par exemple. Marcher la nuit est une activité avec un but précis. de nombreuses femmes ont des horaires conditionnés par ceux des autres membres de la famille (aller-retour pour les activités périscolaires, rendez-vous médicaux…). or, lorsque les jours sont plus courts, ces activités ont lieu la nuit et le parcours dans la ville à pied est vécu différemment. à Gennevilliers, un grand nombre des femmes rencontrées associent directement « sentiment d’insécurité » à la ville la nuit. Il serait communément admis et transmis que la nuit n’est pas un territoire « pour les femmes ». en conséquence les territoires pratiqués sont relativement réduits. Les territoires évités le jour, le sont plus encore la nuit, et l’éventualité du danger s’en trouve renforcée. Mais, si certains lieux semblent massivement évités, la pratique de la ville la nuit est également influencée par l’âge, la situation familiale, l’apparence racisée, la classe sociale, etc… de la personne. Les femmes rencontrées en entretien, ont déclaré n’avoir subi aucune violence la nuit, mais, par mesure de précaution, ne pas sortir la nuit : « je préfère ne pas sortir la nuit » ou bien « je rentre tard mais en voiture, jamais à pied ». Les représentations ont donc la vie dure, même si elles ne correspondent pas à la réalité : car rappelons que lorsqu’elles sont victimes de violences, les femmes le sont davantage le jour que la nuit, plutôt au domicile que dans la rue. L’agresseur est plus souvent un proche qu’un inconnu. Les questionnaires et un travail d’observation flottante nous ont permis d’identifier les « performances du corps ». L’analyse de ces performances démontre que la nuit implique des déplacements des corps dif-
férents selon le genre. Certaines « performances » facilitent les déplacements la nuit : changer de posture corporelle, mettre une capuche, trainer les pieds en marchant, adopter des attitudes « masculines » ou au contraire des attitudes féminines « mesurées » (habillement modifié, calme), montrer une certaine fragilité. d’autres stratégies peuvent être mises en place : marcher vite mais pas trop, éviter le contact visuel « direct », ou au contraire capter le regard d’un homme connu, c’est le cas d’une jeune femme qui déclare : «…quand je retourne très tard à la maison, je marche vite et quand je passe par l’avenue… que j’aime pas trop car il y a – en général – des hommes sans rien faire, je cherche le regard d’un grand gaillard, très élancé, qui me connaît ou plutôt on se connaît parce qu’on s’est déjà croisés plusieurs fois sans se parler, et le fait de le voir c’est comme si j’étais protégée, comme sa petite sœur… pour que je puisse traverser sans être importunée ».
« Il m’arrive de regarder autour de moi pour vérifier si personne ne me suit. J’ai aussi une tendance à éviter les endroits sombres. » La « performance du corps » la nuit est liée à une sensation d’insécurité dans l’espace, beaucoup plus aiguë chez les femmes et chez ceux-celles qui ne correspondent pas aux normes sexuées dominantes. or, le cadre bâti, l’âge, la connaissance de la ville ou la pratique de celle-ci, la nuit, jouent dans la façon de se mouvoir. III. PourquoI être dehors La nuIt ? La nuit à Gennevilliers, comme ailleurs, est rythmée par les horaires d’emploi rémunéré. Les horaires de travail déréglementés, le fractionnement du temps de travail pour des emplois souvent occupés par des femmes (ménages dans les bureaux, emplois de service éloignés, déréglementation des horaires de commerces, métiers spécifiques du monde médical…) ont des consé-
Les recherches menées sur la nuit, sont souvent cantonnées aux grandes métropoles (Paris, Lyon, Londres, Barcelone) et focalisées sur les activités festives, dont les usager.e.s sont majoritairement jeunes. Cependant, une ville de banlieue comme Gennevilliers vit aussi la nuit, mais différemment. en effet, la commune est desservie par un important réseau de transport qui s’arrête tard la nuit (métro, bus) et deux lignes de bus noctilien prennent le relai. L’offre commerciale s’étend jusqu’à
Femmes Hommes
se déplacer à pied à Gennevilliers est surtout un moyen de « transport » pour rentrer chez soi. en effet, nos résultats montrent que les parcours que les usagers empruntent la nuit et notamment la façon de se déplacer sont liés à cet objectif précis. Les grands axes, les parcours en ligne droite, très éclairés sont ainsi privilégiés. Ce choix dépend non pas de la distance mais d’un parcours considéré comme « sûr ». Cependant, cela est commun aux hommes et aux femmes. enfin, marcher la nuit à Gennevilliers se fait à une allure rapide. déambuler doucement ou stationner dans l’espace public pouvant être perçu comment suspect.
toutefois à Gennevilliers il existe des périodes particulières, festives, sportives, culturelles ou cultuelles pendant lesquelles des individus de tout âge et de tout sexe sont ensemble dans la rue tard dans la nuit. de plus, ces évènements génèrent une coprésence sécurisante pour ceux et celles qui se déplacent aux mêmes horaires, sans forcément y participer. Il serait salutaire d’imaginer plus de moments conviviaux ou d’actions collectives permettant de se réapproprier, de redécouvrir Gennevilliers la nuit.
SE DÉPLACER EN VILLE, EN SEMAINE ET LE WEEK-END… ?
Exemples de déplacements de femmes Gennevilloises DOMICILE
TRAVAIL LOISIRS PERSONNELS
DOMICILE
Le projet destiné à voir le jour pour la troisième saison de cet atelier d’expérimentation et d’écriture sera consacré à une réflexion visuelle, écrite, jouée, dansée et filmée sur la Matière urbaine, la ville (en tant qu’espace) et le Corps.
La variété des mobilités de Gennevilloises est relativement comparable à ce que d’autres travaux ont pu mettre en évidence, à Grenoble, Bordeaux ou Vienne (Autriche) par exemple.
et/ou damien : dlabruyere75@gmail.com
Pour en savoir plus : http://urbaines.hypotheses.org https://www.facebook.com/lavillecotefemmes/
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Premier constat : la charge de s’occuper de tiers revient souvent aux membres féminins du foyer. On observe une baisse de l’utilisation du vélo par les femmes au 1er enfant, et l’abandon au 2e.
Lors de l’enquête de mobilité passée sur internet, les personnes qui ont répondu ont accepté d’expliquer ce qui les avait amenées à vivre à Gennevilliers, et ce qu’elles pensaient des espaces publics. Nous avons réalisé un nuage de mots à partir de ces réponses où les termes qui revenaient le plus sont écrits en plus gros. Apparaissent alors assez distinctement plusieurs thématiques : celles qui parlent des rapports d’affection et familiaux, celles qui renvoient à la possibilité de se loger plus facilement qu’à Paris grâce à la maîtrise des coûts du foncier et à la présence de logements sociaux sur la commune, celles qui parlent des sentiments vis-à-vis de la ville. à partir de balades urbaines réalisées en mai, durant lesquelles des habitantes et des habitants ont pu relever les éléments environnementaux, tels que les sons, les odeurs, les détours obligés ou choisis, partant justement de ces sentiments exprimés.
Journal de terrain n°6 I septembre 2018
Une méthode de notation sensorielle a été expérimentée le long de deux grands bâtiments, le premier, rue Victor Hugo (en partant de l’avenue Gabriel Péri), le second avenue Henri Barbusse (en partant du rond-point du 17 octobre 1961) afin d’en relever diversités de perspectives possibles, des sons, des odeurs. à PArtir Des trAVAUx De CAtHeriNe szANto Les 5 sens… (Vue, ouïe, goût, odorat, toucher)
Un second constat est celui de l’antériorité de la pratique. Si les garçons apprennent à faire du vélo, la culture de l’évitement du risque, (et des taches sur les habits) est transmise aux filles. La pratique masculine est plus liée aux performances physiques. Ces observations ont lieu autant en centreville, qu’en banlieue. Ainsi, lors de la balade nocturne à vélo, 1/3 des cyclistes étaient des femmes. Dans les réponses faites par les Gennevilloises, 15,1 % indiquent prendre le vélo pour les déplacements quotidiens en semaine (seul ou avec un autre type de transport), et 18,9 % pour les loisirs en fin de semaine (seul ou avec un autre type de transport).
COURS DE VÉLO POUR ADULTES : DE L’INITIATION À LA CONDUITE EN VILLE Il y a quelques mois, l’équipe de BicyclAide a ouvert à Gennevilliers une vélo-école, pour apprendre à faire du vélo ! Que l’on soit débutant.e ou que l’on sache déjà pédaler, la vélo-école permet de se (re)mettre en selle pour circuler en ville en toute sécurité. En fonction du niveau de chacun.e, un certain nombre de leçons a lieu hors circulation, avant d’emprunter les pistes cyclables et la chaussée. La coopérative BicyclAide poursuit sa mission de promotion de l’usage du vélo en ville, pour tou.te.s. Le vélo est une bonne façon de faire du sport sans s’en rendre compte, un bénéfice pour la santé, c’est plus agréable et moins cher que les transports en commun, ou qu’une voiture. À vélo on peut faire de belles balades avec
COMMENT SE PASSENT LES SÉANCES PHOTO ? Vous et la ville en deux portraits PORTRAIT EXTÉRIEUR : Vous choisissez le lieu (en extérieur) qui vous ressemble le plus dans la ville de Gennevilliers. Avec le photographe, vous discutez de la photo et le jour J la séance commence. Deux semaines plus tard, le photographe vous présente les photos du shooting et ensemble vous sélectionnez la photo qui vous ressemble le plus.
C’est en élargissant ce point de vue en le croisant comme toujours avec celui des habitantes qui ont décidé de participer à cette recherche, que la proposition d’un carnet de voyage s’est faite plus présente.
Vues composées
PORTRAIT STUDIO : Un studio professionnel sera installé dans Gennevilliers et vous recevez une invitation au rdv pour poser. Le jour J vous venez au studio. Le photographe
Vue d’un espace (à l’intérieur du jardin) Vue canalisée par une allée Cadre rythmique Vue d’un objet Vue de rtransition (allée entre deux vues)
les enfants, les ami.es, les collègues… C’est un moyen de déplacement écologique et doux ! Les séances se déroulent place Indira Gandhi aux Grésillons, samedi matin et mardi après-midi. INSCRIPTION > BicyclAide : velo-ecole@bicyclaide.coop et 01 47 93 41 08. L’atelier, 42 boulevard Beaumarchais, est ouvert du mardi au vendredi de 13h à 19h et le samedi de 10h à 19h.
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Difficulté de se déplacer avec les enfants Pas de box pour le ranger Vol ou dégradation
Intensité
Parfum
Kinesthésie Terrain plat ou pente imperceptible / pente perceptible / marches S’arrêter / marcher lentement / marcher rapidement Tourner à droite / tourner à gauche / faire un tour / faire un demi-tour
Journée d’étude : Genre et Droit à la Ville 19 octobre 2018
esPACe AiMé CésAire, 6 AVeNUe DU LUtH à GeNNeViLLiers
17h15 CoNCLUsioN : Sofia Manseri
(conseillère municipale déléguée au féminisme et à lutte contre les discriminations, ville de Gennevilliers) et Bérangère Rubat du Mérac (chargée de mission égalité femmes hommes, ville de Gennevilliers).
(http://www.projetsdepaysage.fr/repr_senter_l_exp_rience_spatiale_ description_et_analyse_d_une_exp_rimentation_graphique)
Pour l’un et l’autre bâtiments, les fonctions (logement et activités en pieds d’immeuble pour l’un, bureaux pour l’autre), les aménagements (variétés de bosquets et de rythmes de végétation pour le premier, emplacements de parking et jeunes arbres pour l’autre) sont différents. Les longueurs et les largeurs de trottoir sont relativement équivalentes. Les horaires de ces premières expérimentations sont les mêmes, (pause méridienne). De ces premières observations, il semble que la variété des rythmes de déambulation soit plus grande pour l’immeuble d’habitation que pour celui de bureau, la diversité d’objets à observer (vitrine, entrée de halls, végétation de hauteurs diverses) fait du premier chemin un trajet moins monotone que le second beaucoup plus homogène tant du point de vue de la façade que de la végétation et de son ombre en bord de route. Bien qu’il soit
Le carnet de voyage de Gennevilliers a été réalisé entre avril et juin 2018. Des femmes se sont réunies avec le projet de montrer non pas la ville de Gennevilliers, mais leur ville, ce qu’elle leur évoque, leur/s rencontre/s avec elle et ce qu’elles savent de son histoire.
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La neutralisation des pistes cyclables par des stationnements automobilistes contrevenants ne contribue-t-elle pas à réduire des pratiques du vélo qui seraient plus féminines que masculines et participant d’un renforcement du sexisme urbain ?
Avatars et évolution d’un atelier d’écriture et de création scénique DAMIEN LABRUYÈRE, ANIMATEUR ET DIRECTEUR ARTISTIQUE DE L’ATELIER-TROUPE DES URBAINES
Lorsque l’on a décidé, en 2015, d’un atelier d’écriture au sein d’un programme de recherche, j’avais l’idée de quelque chose qui aurait pu ressembler à un recueil de témoignages. L’espace urbain ne faisait pas « question » pour ces femmes libres, autonomes, loin d’une problématique convenue voire victimaire de la femme et son rapport à la ville, à l’altérité aussi. J’ai donc, mené les participantes vers ce qu’est l’écrit au sein d’une création, d’un espace non plus public mais intérieur, intime. Dès lors, nous avons ouvert un nouveau territoire, celui de la fiction, de la création. C’est dans cette optique que j’ai suggéré l’idée d’écrire pour la scène. Je ne veux pas parler de théâtre, c’est encore trop codé, connoté. Je parle de créer de l’écrit pour la scène. Je parle de sortir de soi, de sa vie, des personnages que l’on va soumettre à l’épreuve de l’autre, du groupe, à l’épreuve de la voix (puisque l’on n’écrit plus pour soi mais pour l’autre), à l’épreuve difficile du corps qui porte en lui ces mots-là, je parle de dramaturgie, de techniques relevant de l’art dramatique, du rapport à un nouvel
espace réinventé toujours qu’est la scène d’un théâtre. Je parle d’un grand courage. Aussi cet atelier dit d’écriture est-il devenu lieu de création littéraire, laboratoire où notre groupe devenu troupe frotte ses mots à la scène, à l’autre, à un public. Cet « atelier-troupe » est donc un lieu inédit dans le paysage français, fût-il celui de la recherche ou du théâtre puisque les auteures sont elles-mêmes les interprètes des textes offerts au public. Personne ne vient ravir la parole de quiconque. C’est pour moi le lieu de la liberté même, au prix d’une exigence et d’une vigilance constantes, d’un travail soutenu, continu, difficile aussi de la part des membres du groupe. Un engagement rare. Nous travaillons ainsi au rythme de quatre heures hebdomadaires dans les locaux de la MDC, lecture commune et mise en perspective des textes rédigés la semaine, travail scénique, corporel, des textes et des personnages créés dans la salle de théâtre, éléments de mise en espace /mise en scène.
NOTEZ LES DATES : les 20, 26 et 28 juin, la troupe des Urbain.e.s présente sa dernière création théâtre : Promesse de Barbara à la MDC 16 rue Julien-Mocquart (Les Agnettes).
La ville côté femmes
vous accueille, vous explique comment poser et la séance se déroule tranquillement. UTILISATION DES PHOTOS Vous retrouverez les photos dans les livres et les expositions prévues directement pour le projet des Urbain.e.s, La place des femmes dans l’espace urbain, et dans les expos et livres du photographe Gaël Dupret. UNE GRANDE EXPOSITION EST PRÉVUE début 2020. Les photos seront exposées en grand dans les rues de Gennevilliers. La presse pourra en publier certaines pour parler du projet « La place des femmes dans l’espace urbain » et de l’égalité femmes/ hommes. Hormis pour la communication des différents évènements liées aux photos, votre portrait ne servira jamais de support pour de la publicité ou actions commerciales d’entreprises tiers.
une recherche-action 2014-2020 Journal de terrain n°7 I mars 2019
Imaginons la ville !
En 2018, l’atelier paysage SensOmoto nous a aidé à faire des propositions que nous formulons ici, mais peut-être que ce n’est pas tout à fait ce qu’il faudrait… Dites-nous ce que vous en pensez ! le mail : lesurbaines92@gmail.com, ou sur facebook, https://www.facebook.com/lesurbain.e.s/
4 propositions
2. L’ÉCOLE
3. LA PLACE PUBLIQUE
à mi-chemin de la recherche-action, le projet de carnet de voyage est né d’une volonté de montrer cette ville de banlieue aimée et habitée, mais également, sinon plus de la redécouvrir tant elle évolue, se réécrit, palimpseste sans cesse retracé. Les autrices ont pris des photos, nombreuses, ont fait des relevés dessinés, ont aggloméré toute sorte de documentation. elles ont retravaillé, réorganisé, recoupé, mélangé la ville qui n’est pas tout à fait celle-là, pas tout à fait celle-ci.
• Ouvrir les aires de jeux sur le reste de l’espace public et les concevoir comme des aires pour les familles et aménagées aussi bien pour le confort des adultes que celui des enfants.
La cour de récréation est un espace où s’expriment des rapports de domination (genre, âge, capacité), son aménagement peut faire l’objet d’une réflexion au profit d’un rééquilibrage des usages de l’espace, notamment des délimitations. La cour est un espace sous-exploité qui pourrait être ouvert au public le week-end et participer au vaste réseau d’espaces publics (parcs et aires de jeux) pratiqués par les familles.
Les marchés peuvent permettre aux femmes de s’approprier l’espace public et pourraient être le support de nouveaux aménagements qui invitent à s’arrêter, et à partir desquels on doit facilement se repérer et se déplacer, quel que soit son mode de déplacement. Il est donc important de soigner la signalétique mais également l’éclairage à l’échelle du piéton.
• Concevoir de petits reliefs afin de créer des espaces de visibilité et d’intimité.
Le travail qu’elles ont produit est une promenade sans cesse recommencée à travers les huit quartiers de la ville, c’est le sens de cet objet à double entrée, et aux multiples lectures, entre lieux de la ville et personnalités marquantes. C’est une promenade également entre le dur du minéral, du bâti, du réel et l’imaginaire, les souvenirs et les récits entendus et appropriés. C’est une partition en image d’une légende orale transmise et consignée à nouveau.
Les citystades sont des équipements plutôt appropriés par de jeunes hommes. Leur ouverture sur l’extérieur et leur inscription dans des espaces permettant d’autres usages sportifs (pistes de course, de danse, terrain de volley, etc) tout comme l’organisation de rencontres mixtes régulières pourraient les rendre plus appropriables par toutes et tous.
Le parvis de l’école est un lieu de sociabilité très féminin. Il s’agit de tirer parti de cet espacetemps pour permettre, par la fermeture temporaire de la rue à la circulation automobile et son animation, aux enfants et aux adultes, de s’approprier l’espace public.
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Ce travail s’est accompagné d’une carte sensible de Gennevilliers, établie au fur et à mesure des déambulations. Les échelles, les localisations ne sont pas respectées. Cette commande réalisée auprès de la jeune architecte Chloé Mercier sera visible le 19 octobre, lors de la dernière journée d’étude du programme de recherche.
Sympa cette grande pelouse pour se retrouver entre copines
La place publique est le support de divers usages (rencontre, repos, jeux, sport, etc), d’évènements culturels et festifs, mais également d’activités de commerces (terrasses, marchés, etc). Parmi les raisons qui conduisent les femmes à pratiquer l’espace public, on compte les tâches domestiques et notamment les achats.
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Vous y êtes bienvenu.es.
4. LES PIEDS D’IMMEUBLE
La résidentialisation : des immeubles plutôt qu’une simple mise à distance de l’extérieur, peut être envisagée dans une forme plus poreuse entre l’espace public et l’espace privé. Les grilles peuvent servir à d’autres usages : exposition artistiques, faire pousser des arbres fruitiers pour de petits vergers accessibles à tou.tes. Les entre-deux peuvent devenir des espaces d’autonomie pour les enfants en dehors des aires de jeux. Les cœurs d’ilots sont souvent des espaces jardinés. Ces espaces représentent un potentiel pour le développement de lieux de détente et de convivialité à l’échelle des quartiers. Autour de ces potagers collectifs pourraient se développer de véritables centralités de quartier par l’installation d’un réseau de petites maisons de quartier.
Confort ces bancs ! J’y resterais toute la journée !
On peut les déplacer comme en veut !
Présence musicale : Louise Jallu (https://www. louisejallu.com)
Promesse de Barbara
19h30 - 21h00
19 octobre 2018
Espace Aimé Césaire
Photographie : Emmanuel Maroé - Création graphique : clairepasquet.fr
6 avenue du Luth à Gennevilliers Damien Labruyere : Chant et Loren Christiane Armagnac : Architecture et Koba Martine Minarovits : André Agnès Poli : le chat Corinne Luxembourg : la colleuse Catherine Joucla : Amalia Nadine Garrigues : l’Autre Harriette Faraux : Harriette direction artistique et mise en scène : Damien Labruyere
la troupe
Promesse de Barbara de et par L’Ateliertroupe-Les Urbain.e.s, direction artistique Damien Labruyere.
esPACe exPositioN :
• Photographies de Gaël Dupret • Carnet de voyage d’habitantes gennevilloises coordonné par Chloé Mercier • Carte sensible produite par Chloé Mercier • transects produits par l’atelier paysage SensOmoto. • Posters des Urbain.e.s, grâce au travail graphique de Claire Pasquet.
Pour en savoir plus : http://urbaines.hypotheses.org https://www.facebook.com/lesurbain.e.s/ https://twitter.com/LesUrbain e-mail : lesurbaines92@gmail.com tél. : 06 72 44 67 93
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27/08/2018 07:50
4 Maintenant que les lignes du terrain de foot sont délimitées, on a moins de conflit d’usage.
RÉSERVEZ VOTRE SOIRÉE !
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Manque de motivation
1. PARCS ET ÉQUIPEMENTS SPORTIFS
Les aires de jeux sont plus souvent pratiquées par des mères et des assistantes maternelles. Ce sont des lieux de sociabilité peu mixtes où la présence prolongée des femmes dans l’espace public est conditionnée par le soin aux enfants. Leur rôle est largement réduit à la surveillance.
Photos : les urbain.e.s, Maquette : Claire Pasquet.
Présentation des transects et propositions d’aménagements paysagers.
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Problèmes de santé
Les pistes cyclables, en particulier celles éloignées des voitures ou sur des trottoirs larges, favorisent une pratique féminine, réduisant les appréhensions d’être confrontée à des difficultés techniques, mécaniques, mais aussi à des propos ou attitudes sexistes, Ainsi à Gennevilliers, les pistes cyclables de l’avenue Lucien Lanternier ou d’avenue Henri Barbusse sont plus appréciées de ce point de vue, selon les entretiens réalisés. D’autre part, les stationnements automobiles sur les pistes cyclables sont décrits comme une incivilité réduisant l’espace sécurisé réservé aux cyclistes, les mettant en danger.
17h45
14h30 tABLe roNDe espaces des corps
16h45 Atelier paysage SensOmoto
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Pour en savoir plus : http://urbaines.hypotheses.org https://www.facebook.com/lavillecotefemmes/
VOUS VOULEZ PARTICIPER ? Contactez Gaël Dupret tél. 06 77 18 14 70 / mail : contact@gaeldupret.com www.gaeldupret.com
Sons
A l’intérieur d’un bâtiment / à l’extérieur à l’ombre / au soleil
urbains. • Antoine Le Blanc (géographe) Le sport LGBt entre ouverture et fermeture : la création d’espaces et de réseaux sportifs parallèles dans la ville. • Mohammed Brahim Grichi, adjoint aux sports de la ville de Gennevilliers • Arnaud Alessandrin (sociologue) et Johanna Dagorn (sciences de l’éducation) Modes de présences urbaines des corps exposés.
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Point de départ de la balade au métro des Agnettes le 7 novembre 2017
La vélo-école gennevilloise de BicyclAide : la fabrique des cyclistes
Et si on posait dans l’espace public. Vous êtes une femme, vous habitez et/ou travaillez à Gennevilliers depuis 7 ans… Vous avez entre 7 et 117 ans ! De toutes origines, de tous profils ! La ville est belle et c’est vous qui la faites !
passé quasiment autant de véhicules d’un côté comme de l’autre, l’intensité sonore est ressentie comme plus faible le long du bâtiment où l’aspect minéral est moins présent. La sensation d’ennui est plus grande le long de l’immeuble qui propose une plus faible diversité de fonctions.
Vue panoramique (au-delà du jardin)
Confort thermal
métropolitaine. • Marion Tillous (géographe) : Les voitures de métro réservées aux femmes : enjeux et controverses. • Anne-Laure Perez-Valentin, adjointe à l’urbanisme de la ville de Gennevilliers. • François Valégeas (urbaniste) : Une ville durable sous conditions ? Genre et normes d’habiter dans la production des écoquartiers.
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Autres propositions
Intensité
Emmanuelle Faure, Edna Hernández González, Corinne Luxembourg L’expérience de recherches-action gennevilloise : la ville côté femmes.
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Enfin, dans ses travaux sur Montpellier et Strasbourg, David Sayagh indique que l’insécurité à vélo pour les jeunes hommes cyclistes réside surtout dans la confrontation au trafic automobile. Pour eux, il serait alors plus sécure de se déplacer à pied. Ils sont plus nombreux que les femmes à préférer
Les Gennevilloises et leur ville ?! 20 portraits et toute la ville !
Représentations des espaces vécus
Les 5 sens… (Vue, ouïe, goût, odorat, toucher) et les autres ?
11h tABLe roNDe Construction
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Ne sait pas en faire
N’aime pas en faire
une recherche-action 2014-2020
Ces sensations… qui font l’ambiance des villes, sont aussi celles auxquelles chacune, chacun d’entre nous fait appel pour signifier qu’elle/il se sent bien ou non à déambuler dans les espaces publics.
9h ACCUeiL
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La ville côté femmes
Ressentir la ville…
C’est l’un des derniers axes de travail des Urbain.e.s à Gennevilliers. Depuis le début de la recherche-action « La ville côté femmes », nous tâchons de décrypter le quotidien des espaces publics, ce qui participe à l’ambiance, ce qui fait qu’un aménagement fonctionne ici, mais n’est pas adapté ailleurs.
ACCOMPAGNEMENT DE TIERS À DES ACTIVITÉS D’ÉTUDES ET/OU LOISIRS
COMMERCES
Les Urbain.e.s : 06 72 44 67 93 lesurbaines92@gmail.com
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emprunter les voies automobiles ou de tramway pour gagner en rapidité. Pour les jeunes femmes cyclistes, le vélo devient un moyen rapide de réagir face au danger, et de limiter la vulnérabilité dans l’espace public. Ces jeunes femmes enquêtées indiquent être ainsi plus enclines à sortir de nuit comme de jour et que ce sentiment de moins grande vulnérabilité est lié aux compétences en mécanique de base. Ce dernier élément renforce la pertinence des ateliers d’autoréparation de vélo qui se développent. Mises en danger par les récentes politiques nationales, ces structures sont pourtant des leviers de développement de la pratique de vélo pour tou.te.s.
TRAVAIL
DOMICILE
TRAVAIL
Ces trois volets sont appelés à fonctionner séparément, au sein d’une même dramaturgie et d’un même espace en mutation.
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Conditions météorologiques Ne sait pas réparer en cas de « panne » Rentre trop tard, pas à l’aise la nuit
SE DÉPLACER À VÉLO
44 % des femmes ne vivant pas seules indiquent des trajets quotidiens à but multiples (travail, courses, écoles, loisirs…) et impliquent souvent l’accompagnement de tiers (enfants, jeunes, parents…), et ce quel que soit leur mode de transport. Ces ruptures augmentent les trajets. Les modes de déplacements empruntés sont alors plutôt la voiture et les transports en commun de surface. Or, lorsque les trajets sont faits pour elles-mêmes, c’est plus souvent à pied et à vélo.
L’atelier des urbain.e.s reprend le lundi 18 septembre à 18h à la Maison du développement Culturel.
Marcher la nuit dépend également de l’ancrage des individus dans leur territoire, de la maîtrise qu’ils en ont ou de leur familiarité à la pratique nocturne de la ville de façon générale. ainsi, un des arguments revendiqués par nombre de femmes gennevilloises est le fait de connaître parfaitement leur ville (un ancrage territorial fort) et une habitude de sortir, se déplacer à pied la nuit. ainsi une jeune femme née à Gennevilliers affirme, en rentrant régulièrement très tard la nuit pour son travail, n’avoir jamais eu peur de traverser la ville à pied, lorsque les deux dernières stations de métro n’existaient pas encore. de la même façon, une habitante de 41 ans déclare n’éviter aucun lieu dans Gennevilliers la nuit, et justifie sa réponse par la phrase suivante « Je n’ai pas peur à Gennevilliers car j’y ai grandi ». elles af-
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Peur de tomber
L’enquête de mobilité, trop restreinte (57 femmes, 9 hommes), oblige à limiter les résultats aux seules femmes et interdit des comparaisons entre femmes et hommes.
firment ainsi ne pas avoir peur la nuit à Gennevilliers, ce qui met à mal la mauvaise réputation de la ville qui pourrait être véhiculée à l’extérieur. Pour certaines femmes, être dehors à la nuit tombée est aussi une appropriation d’un territoire qui leur serait contesté, alors qu’il ne l’est pas aux hommes.
Non-cyclistes N’a pas de vélo Crainte des automobiles Pistes cyclables insuffisantes
en effet, si des équipements culturels (Cinéma Jean vigo, théâtre de Gennevilliers (t2G)) libèrent des spectateurs parfois relativement tard dans l’espace public, il n’y a pas ou peu de bars ou de restaurants ouverts passées 22h.
quences sur les pratiques de l’espace public. Le nombre des habitant.e.s entre le métro et leur domicile peut donc être important jusqu’à relativement tard le soir. ainsi se déplacer à pied la nuit à Gennevilliers ne correspond que dans peu de cas à une activité liée à la déambulation.
Journal de terrain n°5 I avril 2018 Comme l’illustre le tableau ci-dessous, les raisons avancées pour rendre compte de l’absence ou faible utilisation, de la bicyclette relèvent de la sécurité routière.
Photos : les urbain.e.s, Maquette : Claire Pasquet.
II. MarCher dans La rue GennevILLoIse La nuIt ?
tissus moins denses, dans des villes périphériques on est le plus souvent confronté à des représentations associant ces lieux à la violence, et, plus qu’ailleurs, la « peur urbaine » d’agressions physiques. Dans le cadre du projet « La ville côté femmes », nous avons mené quelques expériences autour de la marche nocturne. L’objectif est d’explorer la nuit urbaine avec les habitant.e.s de Gennevilliers grâce à la mise en place de plusieurs méthodes de recherche : marches exploratoires, cartes mentales et questionnaires.
21h en semaine et 22h le samedi en grandes surfaces, parfois plus tard pour certaines alimentations générales, des horaires similaires à certains quartiers parisiens. de plus, depuis 2013, le centre municipal de santé Gatineau saillant, au village, propose une permanence des soins ambulatoires du lundi au samedi de 20 heures à minuit (après un appel au 15). enfin, certaines activités industrielles ne s’arrêtent pas la nuit, comme les fours de l’entreprise Mersen (ex. Carbone-Lorraine).
Cet enfant-là
Les 26, 28 et 30 juin 2019, Les Urbain.e.s-La Troupe présenteront leur nouvelle pièce de théâtre : à la Maison du Développement Culturel de Gennevilliers. Depuis 4 années des habitantes de Gennevilliers écrivent les textes qu’elles jouent. Cet enfant-là, ce sont des souvenirs, des entrelacements de romans familiaux.
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Pour en savoir plus : http://urbaines.hypotheses.org https://www.facebook.com/lesurbain.e.s/ https://twitter.com/LesUrbain e-mail : lesurbaines92@gmail.com tél. : 06 72 44 67 93
C’est bien les parents peuvent laisser les enfants jouer seuls en sécurité.
Dessins : SensOmoto, Maquette : Claire Pasquet.
La nuit reconfigure les façons de pratiquer la ville. L’image de la nuit comme temps de repos social, de sommeil et de fermeture des commerces et services est de plus en plus éloignée de la réalité des grandes villes. La ville, la nuit, est en effet de plus en plus animée, éclairée et appropriée par les un.e.s et les autres. Cela ne signifie pas pour autant que marcher la nuit soit exempt d’entraves pour les femmes et ceux qui ne correspondent pas aux normes sexuées de l’espace urbain. Cependant, lorsqu’on parle de marcher la nuit dans des
une recherche-action 2014-2020
Depuis 2016, les Urbain.e.s ont proposé une enquête sur vos pratiques de mobilité, vous avez été 66 à y répondre et certain.es d’entre vous ont participé à la balade nocturne à vélo coorganisée avec la coopérative BicylAide et l’association MDB.
Photos : les urbain.e.s, Maquette : www.clairepasquet.fr
Marcher la nuit à Gennevilliers
La pratique de la ville la nuit est fortement influencée par l’offre de loisirs et de services nocturnes, mais aussi par le type d’éclairage, la densité et la hauteur du bâti ou la mise en lumière de la ville. Les villes dites périphériques souffrent d’une image nocturne morne, à cause, notamment, d’un éclairage public trop souvent attaché à la seule fonction de « surveiller et sécuriser » la ville. Par ailleurs, l’espace public nocturne des « villes de banlieue » est souvent perçu comme le lieu privilégié de risques d’agressions (verbales et physiques), de violences, de harcèlement. Cette vision caricaturale participe d’une conception sécuritaire de la ville et des discours de victimisation des femmes et personnes appartenant à des minorités de genre, comme autant d’arguments justifiant la restriction de fréquentation des espaces urbains. Il convient donc d’interroger les représentations autant que les pratiques (la marche par exemple) des usager.e.s de la ville la nuit.
La ville côté femmes
Se déplacer en ville, à pied, à vélo…
I. La nuIt à GennevILLIers…
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Outils participatifs
Plusieurs propositions d’outils participatifs peuvent être mis en place : la récolte de paroles par le biais d’entretiens a donné lieu à des propositions d’aménagement à discuter (avec l’atelier SensOmoto).
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Des jeux de société collaboratifs ont été créés par une graphiste (Quartiers Libres de Prisciana Le Meur) et de jeunes architectes (Jeu pour apprendre la ville d’Emilien Bouexel et Gabrielle Forté).
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Ateliers PrĂŠsentation de la dĂŠmarche.
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Sans savoir J’ai toujours su, en tant qu’artiste, et à l’aune des éléments techniques requis, où me menait tel ou tel projet artistique. C’est facile, on vous appelle pour des compétences ou un répertoire précis, vous savez faire, vous vous incluez dans une production parfois prestigieuse, parfois plus confidentielle ; mais toujours vous savez faire, on vous a choisi pour ça, vous savez faire, en attestent des diplômes, des prix ou des enregistrements à peine faits que déjà oubliés. Un artiste, ça déroule des kilomètres, des étendues de scènes comme des rivages, on avance, assez confortable, sous l’œil ou la baguette de vrais grands chefs, chorégraphes ou metteurs en scène dont on sait, plus ou moins, que s’ils partagent une temporalité de l’action, ils évoluent ailleurs cependant. Ils créent. Pas toutes, pas tous. J’ai pensé, parfois, que chanter Bach ou Di Lasso avec Herreweghe tenait d’une recréation formelle, que jouer Lear ou Copi avec Philippe Adrien tenait lieu de création tant le surgissement d’un nouvel espace prenait au corps. Ou, ça créait plus que des “dites” créations mondiales”, que jouer et chanter Brecht avec LA Prucnal proposait bien plus à des sens et un désir d’être jamais apaisé. Avec Pina, on créait, sans cesse, ça je savais. J’étais dans l’oubli, la perte, le deuil et la renaissance, un cycle permanent comme des saisons, comme vivre mourir détruire, construire, on a ri tellement et pleuré autant, c’est un vertige d’enfant. Ça je l’ai éprouvé, très péniblement, rarement dans la jubilation, en écrivant. Plonger dans le bloc noir, chercher les mots, les rythmes ; vite, vite avant qu’ils ne disparaissent. C’est créer, ça n’’existait pas, c’est là, on s’y reconnait ou pas. Là n’est pas la question, ça a eu lieu... Je suis arrivé comme ça à Gennevilliers, riche et pauvre de ça, Gennevilliers je ne connaissais pas et ça ne m’intéressait
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pas outre mesure, mon amie me parlait d’ouvrir un projet de recherche‑action participative sur quelque chose d’un peu plus libre, “artistique”, on parlait de la place des femmes dans l’espace public, on allait faire un truc proche d’un atelier d’écriture, c’était l’été. Je sortais à peine de productions réellement prestigieuses à Salzburg, Trisha Brown et Monteverdi, Duras et Judith Magre : les honneurs les fleurs et paf... Gennevilliers. J’ai essayé. Les femmes, européennes, libres, engagées çà et là et sans problème d’espace public aucun sont un peu venues raconter. Des souvenirs, des très petits bouts de parcours, des cheminements plus longs et lumineux, à l’instar d’Agnès, instit à la retraite au rapport joyeux et amoureux à ce qui vit. Andrée, celle qui râle mais a connu les poireaux de Gennevilliers Je me suis donc tenu à mon cahier des charges, et c’était mortellement ennuyeux. Je le relate dans un texte, ultérieurement, mais cet atelier dit d’écriture a basculé, pour contrer l’ennui dans des inventions, des histoires plus ou moins recevables, mais le problème, et ça c’était évident ; c’est qu’il fallait fuir le réel, fuir l’écriture des lieux et des êtres tels qu’ils sont ou supposés l’être. Chez nous, “ça ne nous intéressait pas ». Le réel, c’était appelé à être distordu, inventé, embelli, rendu tragique, et peu importe la part de véracité dans les récits. J’ai demandé des personnages. Et les personnages sont venus, il y avait des improbables mais odieuses caricatures de bourgeoises crypto -dépressives, un clodo très probable, une militante politique toute à ses tracts et ses pots de colle, un photographe en quête d’espace pour d’autres images, une pute miraculeuse. Et ça a tenu. Et l’année suivante aussi ; puis la suivante... Moi, je ne comprenais toujours pas, voire de moins en moins, mais j’avais de plus en plus de désir. D’images sans provenance,
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de gestes, de parcours dans cette boîte noire qu’est le théâtre comme le texte tout aussi bien. De mes scènes prestigieuses ou expériences passées, rien, sinon des obsessions, les chaises, le mur noir, les souliers rouges et la robe de Pina B. à fines bretelles, être genré n’était là encore pas la question, des femmes écrivaient au masculin, l’espace public un théâtre, voilà qu’on se fait être autre et terriblement soi, voilà que des réponses, sidérantes de vérité, arrivent, des réponses à des questions qui n’ont pas été posées ou ne se sont pas posées comme telles, on parle d’être au monde, on parle de son enfance, la sienne ou celle d’une autre, la pute aux étoiles chante écartelée du Purcell dos au public, on écrit une odyssée contemporaine de ceux qui meurent en mer méditerranée, un chat observe, docte et impassible ces petits humains-là que rien ne protège de rien et surtout pas d’un drame à venir . C’est là. Je ne sais toujours pas dire pourquoi, sinon que c’est totalement vrai, nu, fragile et sincère, j’opère des rapprochements, des ponts entre là, Gennevilliers, et ailleurs, Wuppertal, Vienne, Vincennes, Avignon, Caen, Gustav, Pina, Trisha, Sylvain, Anna, Jean, John, Tadeusz, Stan… Agnès, Cathy, Nadine, Harriette, Corinne et Christiane, Martine, Nathalie, Angélique… on est entré dans le Territoire. On est entré, sans peur et ensemble dans la profonde Forêt. On crée des formes. Je veux dire des formes inédites. Des réponses sans questions. Des espaces nouveaux. C’est à Gennevilliers, oui, certes, on y croit peu et je ne sais toujours rien : le directeur artistique est amnésique de tout sauf de ces rendez-vous qui créent quelque chose qu’on n’avait pas voulu mais dont on ne veut plus se passer. Du tout.
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Cela ne nous appartient plus ou totalement, on jalouse notre histoire, quoi d’autre, telle histoire ne s’espère pas, ne s’envisage pas, c’est sans intelligence, nous sommes des sorcières et on ne fait peur qu’à ceux et celles qui doutent, on s’appelle Atelier Troupe, nous mêlons les fantômes aux vivants oui, c’est un peu de la magie blanche ou de toutes les couleurs, nous sortons exaltées des représentations, malgré tout ; malgré tout... Nous savons, et moi aussi. On fait de la création. Nous sommes devenues des Héros Tragiques. Genres mêlés, on est libre, je crois maintenant savoir ce que veut dire création.
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Avatars et évolution d’un atelier d’écriture et de création scénique EXTRAIT DE : UNE EXPÉRIENCE DE CRÉATION CULTURELLE DANS UNE RECHERCHE-ACTION : UN POUVOIR ÉMANCIPATEUR MULTIPLE, LE JOURNAL DE CULTURE ET DÉMOCRATIE N° 50. HTTPS://LEJOURNALDECULTUREDEMOCRATIELASUITE.WORDPRESS.COM/2019/06/24/UNE-EXPERIENCE-DE-CREATION-CULTURELLE-DANSUNE-RECHERCHE-ACTION-UN-POUVOIR-EMANCIPATEUR-MULTIPLE/
Lorsque l’on a décidé, en 2015, de la présence d’un atelier d’écriture au sein d’un programme de recherche, j’avais très vaguement l’idée de quelque chose qui aurait pu ressembler à un recueil de témoignages, celui d’habitantes de la ville de Gennevilliers, autour d’une question commune au travail de recherche -action et de cet espace d’écriture : la place des femmes dans l’espace urbain. L’affaire n’était pas nouvelle puisque d’autres municipalités et territoires s’étaient dotés d’un tel atelier, pour ainsi dire d’écriture testimoniale. Ça a été très ennuyeux, et pour les habitantes venues jeter un œil ou un coup de plume et pour moi : L’espace urbain ne faisait pas “question” pour ces femmes libres, autonomes, loin d’une problématique convenue voire victimaire de la femme et son rapport à la ville, à l’altérité aussi. Fin des débats. Nous avons fait « le tour de la ville », dans sa configuration spatiale et mémorielle. Nous sommes à cet égard entré.es dans la fiction, avec une lettre non-adressée mais polyphonique, polysémique, très vocale. J’ai désiré poursuivre avec les mots, et leur expression, leur offrir un corps, un espace intérieur et extérieur tout aussi bien. Je désirais user les mots à l’épreuve du corps dont ils émanent, les confronter à l’espace scénique. Je désirais trouver, à l’aveugle, un souffle commun sans rapport aucun avec une expérience commune antérieure à celle du groupe créé. J’ai délibérément mené les participantes vers ce qu’est l’écrit et non plus l’écriture, au sein d’une création, d’un espace non plus public mais absolument intérieur, intime. Dès lors, quittant le témoignage et l’espace public, nous avons ouvert un nouveau territoire, celui d’une vérité autant subjective qu’indiscutable, celui de la fiction, de l’invention, de la création. Cela avait enfin véritablement du sens. Je ne recueillais plus rien d’une parole sur le “commun”, mais, sur un terrain vierge de tout, je devais organiser et faire croître leurs tentatives et désirs 38
d’écrire enfin quelque chose de soi. Quelque chose d’inédit. C’est dans cette optique que j’ai suggéré, puis offert au groupe devenu absolument complice, solidaire, puis concerné par cette chose commune, l’idée d’écrire pour la scène. Je ne veux pas parler de théâtre, c’est encore trop codé, connoté. Je parle de créer de l’écrit pour la scène. Je parle de sortir de soi, de sa vie, des personnages que l’on va soumettre à l’épreuve de l’autre, du groupe, à l’épreuve de la voix (puisque l’on n’écrit plus pour soi mais pour l’autre), à l’épreuve difficile du corps qui porte en lui ces mots-là, je parle de dramaturgie, de techniques relevant de l’art dramatique, du rapport à un nouvel espace réinventé toujours qu’est la scène d’un théâtre. Je parle d’un grand courage. Aussi cet atelier dit d’écriture est-il devenu lieu de création littéraire, laboratoire où notre groupe devenu troupe frotte ses mots à la scène, à l’autre, à un public. Cet “atelier-troupe” est donc un lieu inédit dans le paysage français, fût-il celui de la recherche ou du théâtre puisque les auteures sont elles-mêmes les interprètes des textes offerts au public. Personne ne vient ravir la parole de quiconque. C’est pour moi le lieu de la liberté même, au prix d’une exigence et d’une vigilance constantes, d’un travail soutenu, continu, difficile aussi de la part des membres du groupe. Un engagement rare. Chacune des participantes, est l’auteure de son propre personnage, de ses propres mots, mais aussi de son incarnation scénique. Il a été question, par-delà l’apprentissage du texte, de la place des mots et de la voix dans le corps puis l’espace, de notions douloureuses puis jubilatoires d’un corps libéré, inédit, encore inconnu parfois.
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Nous avons opté pour une mise en espace absolument minimale, des déplacements simples et offerts à la sensibilité de chacune, afin aussi que chacune et chacun des personnages puisse au fil des mots, des gestes, redéfinir sa “place à soi”, passant en quelque sorte d’une étrangeté à soi-même à une reconnaissance de l’autre autant que de soi. Dès lors, et ça a été très rapide, nous avons, totalement collectivement, dessiné un espace et un temps pour une histoire commune à écrire, peu importait le caractère vraisemblable ou non des êtres et des situations, le sens se construisait au fil des semaines. On a beaucoup jeté, recommencé, écouté, pour trouver cette tonalité qui pourrait rassembler les voix éparses de cette polyphonie d’emblée absolument artificielle. On a créé des accidents, des connivences, et surtout une immense incapacité, voire une douleur, à écrire avec l’autre, à cheminer ensemble dans cette nouvelle unité spatio-temporelle qu’est le théâtre. C’est à mon sens, de véritables retrouvailles avec l’être précieux qu’on porte en soi, quelque chose d’infiniment généreux, qui nous aura mené.es à présenter trois créations au public (Une place à soi, juin 2017/janvier 2018 puis Promesse de Barbara juin 2018 et Cet enfant-là juin 2019).
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Créations 20152019 Arguments et présentations des textes pour la scène.
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Pour un projet d’écriture du corps CRÉATION JUIN 2016 - MAISON DU DÉVELOPPEMENT CULTUREL DE GENNEVILLIERS
Lorsque l’on m’a soumis une éventuelle collaboration à cette initiative « de recherche participative, j’ai cru possible d’y intégrer ce que nous avons, de prime abord, évoqué comme un atelier d’écriture. Cela semblait aller de soi, plutôt évident d’ailleurs : faire correspondre aux cartes mentales, un travail d’expression « écrite », guidée certes, sur les parcours individuels et collectifs dans l’espace urbain. Je me prenais ainsi à envisager d’autres correspondances entre des parcours microcosmiques (un parcours du quotidien dans la cité) avec celui, macrocosmique, du cheminement individuel, réel (d’un pays à l’autre, d’un âge à l’autre…) ou rêvé (un parcours rêvé, fantasmé, réécrit…). Cela ne marchait pas. Cela marche toujours sur le papier ou dans des ateliers de création collective pour écrivains en herbe. Mais à tout bien considéré, retourner la question en tous sens, cela ne marchait pas. D’abord, le public auquel s’adresse le projet est-il apte et désireux de consigner par écrit des choses
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aussi ténues, intimes voire indicibles que son ressenti ? comment dire son parcours de vie ou son parcours quotidien dans la ville en des termes qui sont propres à chacun, qui « s’entendent » cependant pour l’autre ? Je ne voulais pas faire de ça un vaste journal intime, ou un déversoir à doléances, ou un
vague prétexte empathique à une lecture féministe en milieu urbain… Il fallait faire autre chose. Déplacer la notion d’écriture, dépasser l’aspect complaisant d’une histoire de femmes pour aller vers une réfléxion collective sur le « lieu de la parole », lieu « d’où l’on parle », d’où l’on écrit. Que raconte la ville de notre histoire ? notre parcours
dans la ville ? que puis-je dire de mon espace choisi, subi, ressenti, voulu. Aussi : commencer par créer un lieu pour la parole, un lieu pour consigner les mots, les écrire ensemble, et évoquer aussi la façon dont il est aisé ou pas, de « se dire » en tant qu’être parlant. Parce que le langage est bien la dernière des choses que l’on interroge de soi. Comment est-ce-que je parle de moi ? de mon lieu de vie, d’habitation ? de mon quartier ? de ma ville, de mon /mes pays ? Comment puis-je transformer mes mots en écrits ? Où est-il le plus / le moins aisé de parler ? où pourrais-je vouloir le faire ? Y-a-t -il un lien évident ou un fossé important entre ma parole, ma voix, et ce que je pourrais en écrire ? puis-je l’écrire ? Est-il facile pour moi de m’assoir et d’envisager l’acte d’écrire ? (Et pas d’écriture…). Où suis-je entendue ? Parvenons‑nous à échanger ensemble ? à entendre ? A dire ? Ai-je le besoin de me raconter et de le voir écrit, consigné ? y-a-t
’il un changement notable du dit à l’écrit ? Aussi bien, réfléchir à l’évolution de la parole, de l’oralité, au texte. En devenir l’auteure. Ainsi, il m’est permis de devenir sujet de ma propre voix, de mes mots, d’une histoire qui est la mienne. Mon corps, comme vecteur de mots, de sons, de chants… est donc aussi celui qui me manifeste à l’autre dans l’espace. J’y vois là un vrai sujet, une problématique commune, fédératrice, complexe, mais source d’une sorte d’émancipation au sens, où, récupérer sa parole (dont l’écrit est une consignation) revient à s’affranchir d’une histoire, d’un lieu et d’une logique externe. Je constate que ceux, celles, dont la voix, la parole, ne sont pas entendues sont les mêmes que l’on ne peut voir. Et qu’il est possible de récupérer sa voix, son corps, aussi bien que l’espace qui les contient. Cela prend donc en compte la question de l’expression de soi au sein de divers espaces, de la salle commune, la maison, à l’habitat et l’espace urbain en général. Les possibilités sont vastes, et les orienter vers un projet commun d’écriture de notre
espace de vie est un bon point de départ et d’arrivée. Faute de connaître a priori les femmes–et pas seulementconcernées, il est encore difficile d’établir un vrai plan de travail. L’objectif doit être déterminé ensemble, et je souhaite peutêtre travailler avec d’autres populations et individus que « la femme » ainsi que convenu au départ. Des voix peuvent se faire entendre, rejoindre un projet d’écriture et d’expression du corps dans la ville. Dans tous les cas, nous ne perdrons jamais de vue notre objectif : celui de faire exister et consigner sa parole, ses mots, son corps dans un espace urbain commun, pour ne pas trop s’éloigner du propos. Il est possible d’aboutir à de très belles choses, précieuses quant à la vie même de ces habitantes, à leur existence dans la vi(ll)e, à leur ressenti d’abord exprimé par ces cartes mentales (qui seront mon premier support). Nous saurions de même assez vite si ces objectifs sont utopiques ou par trop idéalistes.
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Une place à soi : objet pour les membres de l’atelier d’écriture et pour la scène CRÉATION JUIN 2017 - MAISON DU DÉVELOPPEMENT CULTUREL DE GENNEVILLIERS
Nous achevons avec ces représentations scéniques la deuxième saison d’expérimentation d’écriture collective. Nous avons fait « le tour de la ville », dans sa configuration spatiale, mémorielle, testimoniale. Nous sommes à cet égard entré-e-s dans la fiction, avec une lettre non-adressée mais polyphonique, polysémique, très vocale, c’était il y a exactement un an, dans ce même lieu de la MDC de Gennevilliers. J’ai désiré poursuivre avec les mots, et leur expression, leur offrir un corps, un espace intérieur et extérieur tout aussi bien. Je dési- rais user les mots à l’épreuve du corps dont ils émanent, les confronter à l’espace scénique. Je désirais trouver, à l’aveugle, un souffle commun sans rapport aucun avec une expérience commune antérieure à celle du groupe créé. «voilà, je vous demande de vous trouver un personnage, quelqu’un de très fictif ou pas, mais quelqu’un que vous aimerez assez pour vivre avec, écrire avec, grandir ou douter avec une année durant. Soyez vigilant-e-s, ce per-
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sonnage, vous ne le quitterez plus. Vous le ferez coexister, ici, et peutêtre au-delà, avec ceux de vos collègues (d’infortune), vous le ferez cheminer, on trouvera alors des pistes, pour une dramaturgie, une histoire qui de- viendra commune, quelque chose qui ressemblerait à une écriture théâtrale, au sens où vos personnages vont évoluer dans l’es- pace et le temps d’une scène. Ce ne sera pas la vie. Vous
incarnerez ces personnages. Vous devrez les aimer.» Dès lors, et ça a été très rapide, nous avons, totalement collectivement, dessiné un espace et un temps pour une histoire commune à écrire, peu importait le caractère vraisemblable ou non des êtres et des situations, le sens se construisait au fil des semaines. On a beaucoup jeté, recommencé, écouté, pour trouver cette tonal-
ité qui pourrait rassembler les voix éparses de cette polyphonie d’emblée absolument artificielle. On a créé des accidents, des connivences, et surtout une immense incapacité, voire une douleur, à écrire avec l’autre, à cheminer ensemble dans cette nouvelle unité spatio-temporelle qu’est le théâtre. Mon rôle, en tant qu’animateur, était d’en- tendre, de savoir lire et recevoir, un peu plus avant que l’écriture n’advenait pour proposer des orientations possibles, tenant compte des contingences passionnantes d’une scène. Pas plus. Peu d’instructions. Je créai et pro- posai moi aussi mon personnage, en errance, peut-être plus en avant sur son chemine- ment ; afin de susciter réactions, oppositions, empathie, désir, puisqu’il n’est question pour bien vivre et bien créer, que de désirer ardemment ce qui pourrait advenir et que l’on porte en soi. Ainsi, chacune des participantes, est l’auteure de son propre personnage, de ses propres mots, mais aussi de son incarnation scénique. Il a fallu du temps. Une année en somme, pour passer de l’écrit au
corps, à la voix, au regard, car ces mots vous sont désormais offerts. L’atelier devient troupe. Il a été question, par-delà l’apprentissage du texte, de la place des mots et de la voix dans le corps puis l’espace, de notions douloureuses puis jubilatoires d’un corps libéré, inédit, encore inconnu parfois.
Nous avons opté pour une mise en espace absolument minimale, des déplacements simples et offerts à la sensibilité de chacune, afin aussi que chacune et chacun des personnages puisse au fil des mots, des gestes, re- définir sa «place à soi», passant en quelque sorte d’une étrangeté à soi-même à une re- connaissance de l’autre autant que de soi.
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Promesse de Barbara : parcours croisés, parcours rêvés. CRÉATION JUIN 2018 - MAISON DU DÉVELOPPEMENT CULTUREL DE GENNEVILLIERS.
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Si la destruction de la Place publique avait, pour un moment, peutêtre celui du théâtre, réuni des personnages en quête de sens et d’altérité, on ne peut dire que les rapprochements opérés les auront menés très loin dans la cité, “ville-ventre” ainsi que la définit une protagoniste. Tout juste auront ils trouvé ce mur où s’inventer l’abri ou l’issue provisoire. Aussi chacun chacune expose-t-il son seul rapport au monde comme son rapport au mur, supposément porteur. Nous trouvons là une concierge emmurée dans sa loge comme dans sa méfiance et sa peur du dehors, un chat de fable, une militante pour laquelle la solidité des murs a remplacé les tracts éphémères, un peintre poète devenu graffeur, Loren pythie des trottoirs ou pute miraculeuse, André sans-abri définitivement en errance. Ces petits êtres de fable, sont confrontés, sans savoir l’identifier ou l’entendre explicitement, à un grand récit, Odyssée homérique d’un très vaste espace (Atlantique et Méditerranée sont invoqués) et d’un temps indéfini, puisqu’on parle là depuis de très anciens rivages à des moments tristement contemporains. En ce sens, une
voix non sexuée venue faire surgir une complainte ancienne semble établir un lien mystique entre les personnages et ce récit venu de fort loin. C’est la rencontre fortuite, inconsciente, nécessaire aussi que développe notre création collective. Promesse salvatrice d’un ailleurs sans âge, visions rimbaldiennes, humanisme et prophétie d’un Peter Handke, “Il faut s’établir au dehors(...) votre abri c’est nulle- part “, comme des dramaturges de la Grèce antique qui porte en elle toutes les destinées humaines et de quelques demi Dieux... Rien n’aurait changé. Des millénaires, des chants antiques, des guerres et des génocides aucun enseignement n’aurait été tiré ? Les Urbain.e.s Troupe Atelier proposent une vision d’ici et maintenant.
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Cet enfant-là. CRÉATION JUIN 2019 - MAISON DU DÉVELOPPEMENT CULTUREL DE GENNEVILLIERS.
Il me semblait que « jouer au théâtre » contenait quelque chose de l’enfance, mise en abîme, mise au désespoir, mise au défi. Les héros tragiques, au sens où l’exprime Christine Angot, ne font que divulguer au monde, au public, le sentiment intime. Le chagrin d’enfant, par exemple, devient universel et plus encore que par l’identification littéraire : le héros tragique, projette sur la scène du théâtre (ou de l’opéra) une sorte de puissance immémoriale de sa propre mythologie.
ditionnel est distordu à la seule condition du vraisemblable. Tout est vrai. Il faut croire au théâtre autant qu’aux histoires de l’enfance, sinon on n’a rien compris du tout. J’ai ainsi voulu traverser par ces territoires dangereux du roman familial, expérience exclusivement
Les enfants jouent, à se tuer, à être forts et beaux, à faire la guerre, les comédiens aussi. Richard III, Vania, Oberon et Titania sont des enfants. Rien n’est grave mais tout existe ; alors il faut bien écouter ce récit du monde qui traverse enfants et comédiens. J’ai voulu mener la troupe vers cette aventure difficile, remuante et âpre du souvenir et de l’inconscient collectif qui parcourt l’humain. « On dirait que t’es la princesse et-moi ton prince ». Sauf que là, dans ce jeu de l’enfance, tout est très sérieux et que le con-
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enfantine qui consiste à remédier aux insuffisances, aux douleurs, pallier les manques vécus par le petit enfant. Ce processus est évoqué brièvement par Freud en 1909, son intérêt fondamental est qu’il est absolument impossible de se remémorer ce roman familial préœdipien sans expéri-
ence psychanalytique. On oublie, les névroses s’intègrent au corps social, on est adulte. Et l’adulte refuse souvent cette idée de plonger dans son propre roman familial comme il refuse le jeu primitif pour ainsi dire du jeu au théâtre. On trouvera dans cette écriture collective des souvenirs dont on se moque de la véracité, des jardins d’enfance, des mariées furieuses ou clownesques, des évocations parfois lointaines de guerres du siècle dernier qu’un terreau encore fertile fait exister toujours, nous sommes des enfants sans mémoire dans un monde sans vergogne et que le politique se refuse à éduquer. Un enfant juif, depuis son camp de déportation, nous livre ses visions, peut-être pour prolonger la vie , la sienne, dont on ignore si elle devint cendres. Moi je sais qu’il a vécu. Je sais qu’il est là, sur la scène, une scène peuplée d’amis imaginaires et de grands personnages de cinq ans ; Les héros.
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Damien Labruyère METTEUR EN SCÈNE ET DIRECTEUR ARTISTIQUE
Parallèlement à des études de littérature et de philosophie (ENS), il obtient au CNSMD de Paris un premier prix de chant lyrique, de musique ancienne et de danse. Engagements comme contralto au sein d’ensembles européens tels que la Chapelle Royale et le Collegium vocale de Ghent dirigés par Philippe Herreweghe, Akâdemia, ensemble professionnel dirigé par Françoise Lasserre, Concerto Italiano, l’ensemble vocal de Lausanne de Michel Corboz. Il se forme à l’art dramatique auprès de Véronique Nordey, Anna Prucnal avec qui il partage un parcours artistique et humain de 25 ans, Jean-Louis Martin-Barbaz et joue Copi, Arioste, Brecht, Shakespeare Lagarce avec Philippe Adrien, Christian Schiaretti ou Claudia Stavisky. C’est définitivement la rencontre fortuite puis la collaboration avec Pina Bausch qui scelle la certitude du spectacle vivant et la nécessité de la création. Ainsi que la complémentarité d’expériences aussi diverses que l’écriture, le chant lyrique, le théâtre, la danse et l’enseignement au conservatoire, pratiques qu’il offre au sein de résidences en champagne -Ardennes, à Marseille, à Die (éclats de voix) ou Avignon. Il crée en 1996 la Compagnie D-Z-Ordres en partenariat avec la ville de paris et l’école Duperré, l’ensemble baroque La Fiamma en 2000 et 2015 l’Atelier-Troupe des Urbain.e.s, émanation vouée à la création théâtrale sous l’égide de la ville de Gennevilliers et du programme de recherche-action des Urbain.e.s. Aussi s’est-il produit à Paris, Berlin, Cologne, Genève, Buenos Aires, Sao Paulo, Aix, Salzburg, Amsterdam, New York (Atys dirigé par William Christie), avec des chefs ou metteurs en scène comme René Jacobs (Mithridate, Orfeo, La Calisto), Trisha Brown, Nikolaus Harnoncourt, Pina Bausch, David Mac Vicar, Robert Carsen (Songe d une nuit d été), Sasha Waltz (Dido and Eneas). A ce jour, quatre créations auront été présentées à Gennevilliers.
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Corinne Luxembourg ENSEIGNANTE-CHERCHEUSE EN GÉOGRAPHIE À L’ECOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE PARIS-LA VILLETTE, MEMBRE DES LABORATOIRES DISCONTINUITÉS ET ARCHITECTURE, MILIEU, PAYSAGE.
Maîtresse de conférences en géographie depuis 2010 (à l’Université d’Artois puis à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-La Villette), après avoir travaillé 6 années en collectivités territoriale (Gennevilliers, Conseil général des Hauts-de-Seine, Villejuif) et en EPL (Semmy de Mitry-Mory, bailleur social, constructeur, gestionnaire et aménageur) sur des missions de suivi politique d’opérations de renouvellement urbain, d’aménagements urbains. Après un diplôme d’études avancées (master) de modélisation et traitement graphique en géographie à l’Université de Rouen (Laboratoire MTG UMR IDEES), elle soutient une thèse de géographie et aménagement en 2008 à l’Université de Paris Nanterre.(Laboratoire MOSAIQUES UMR LOUEST puis LAVUE) sous la co-direction de Colette Vallat et François Bost. Elle participe à différents programmes de recherches comme directrice de recherche ou collaboratrices avec des partenaires assi différents que l’Ademe, Pas-de-Calais Habitat, la Mission Bassin Minier, des artistes du spectacle vivant (danse, théâtre). En 2013, elle fonde Les Urbain.e.s pour produire une rechercheaction sur la place des femmes dans les espaces publics à Gennevilliers. Ce collectif pluridisciplinaire est constitué d’artistes, de chercheur.es et d’habitant.es. Cette forme alliant création artistique et recherche-scientifique constitue alors le fondement méthodologique de son travail De cette expérience de près de 6 années (2014-2020) sont issus plusieurs articles, chapitres d’ouvrages scientifiques et de vulgarisation, une direction d’un numéro de la revue Géocarrefour, deux ouvrages (l’un paru en 2017, l’autre à paraître en 2020), plus de cinquante communications en colloques internationaux, des interventions dans les médias...
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