2 livret étranger

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Allemagne

Le mangeur allemand admet manger raisonnablement de tout, de façon éclairée (c’est-à-dire en connaissance de causes) et s’accorde une fois par mois de festoyer avec ses amis ou sa famille au restaurant. Dans ce cas-là, il associe volontiers l’acte de manger à la convivialité et à la festivité. Cependant, l’Allemagne considère avant tout l’alimentation par le prisme de la morale. Pourquoi ? Car selon eux, le fondement de ce qu’ils appellent la « morale alimentaire » repose sur des instructions du genre « ne te gave pas » ou « ne prends pas le dernier morceau ». Ces règles poussent les Allemands à mettre en œuvre leurs propres stratégies pour repousser les exigences et les contraintes morales. Dans ce pays, l’histoire collective passée du « bien manger » est immédiatement associée au pain et au lait. À une époque presque lointaine, ces deux aliments avaient « bon goût », celui du naturel et du« sans produit chimique ». Avec le temps et l’industrialisation, ils sont devenus les indicateurs d’un changement. Aujourd’hui, la majorité des allemands refuserait de boire un verre de lait, car « le vrai goût a disparu ». Ce regret pour les choses naturelles a largement contribué à la progression d’un intérêt massif pour les produits labellisés bio, prônant ainsi un label de qualité. Malgré cela, ils restent tout de même méfiants face à certains produits bio qui, derrière un symbole positif et rassurant, masquent parfois le pire. Les Allemands sont également très sensibles aux scandales alimentaires et peuvent transformer leurs habitudes en fonction des dangers révélés, comme par exemple lors de la crise de la vache


folle (1985–2004). Beaucoup d’entre eux ont cessé la consommation de viande, prenant alors conscience d’une éthique animale et repensant le rapport de l’Homme à la nature. États-Unis

Brésil

Au Brésil l’alimentation est inévitablement associée à l’apparence. Dans ce pays où le culte de la beauté, de la minceur, de la perfection et de la chirurgie esthétique occupent une place importante, il paraît évident que manger ne peut se percevoir que par le physique. La constante recherche du « manger sain » pousse, paradoxalement, les Brésiliens à consommer en masse des produits transformés. Pour eux, les aliments issus de l’industrie agro-alimentaire sont plus « sûrs ». Ils sont synonymes de confort, d’hygiène, de raffinement et d’intelligence, puisqu’ils peuvent rendre « plus beau et plus mince ». Cependant le Brésil n’a pas toujours eu cette attitude face à l’alimentation. Plutôt proche de la tradition française, les repas étaient partagés en famille, dans la convivialité. C’est à la fin des années 80 que les jeunes ont commencé à manifester un besoin d’émancipation en se rendant dans des restaurants très en vogue à l’époque les « self-service au kilo ». Partant du principe de payer le poids de ce qu’ils y consomment, les Brésiliens y ont vu la possibilité de choisir leur alimentation et d’être libres. Libres, car libérés de la contrainte familiale et traditionnelle.

Aux États-Unis, les repas du quotidien se prennent « sur-le pouce », dans une solitude revendiquée et assumée. Il n’est pas rare que certains mangent tout en marchant dans la rue, en travaillant ou en faisant du shopping. L’acte de manger n’est pas du tout associé à un temps particulier de pause ou d’arrêt. Les Américains restent, dans l’ensemble, fidèles à leur libéralisme national pour ce qui est de leurs attitudes alimentaires. En effet, ils revendiquent le choix et la liberté dans la prise des repas et le choix des aliments qu’ils ingèrent. Les notions de nutrition et de santé restent d’une importance capitale à leurs yeux. Ils considèrent que leur santé physique est la conséquence directe des choix alimentaires qu’ils effectuent. Considérés plutôt comme des nutriments, les aliments sont presque associés à des médicaments, puisqu’une bonne alimentation assure une bonne santé. Il y a une conception très médicale et très scientifique. Il s’agit donc pour eux d’une responsabilité individuelle, que chacun doit apprendre à se créer. Aussi, ils ne conçoivent pas de ne pas avoir le choix dans la composition de leurs repas. Ils pensent que plus le choix est large, plus ils seront aidés pour faire les bons choix pour eux. Le mangeur est devenu consommateur, en perpétuelle quête de nouveautés, toujours plus « saines » les unes que les autres. Pour autant l’obésité ne cesse de s’y développer, atteignant parfois des dimensions morbides. Cette maladie, l’obésité, n’est que le résultat d’une abondance et d’une consommation excessive.


Île Maurice

Comme en Métropole, on compte trois repas principaux à l’Île Maurice. Ainsi, il y a le petit déjeuner pris à la maison ; le déjeuner, pris à l’extérieur de la maison pour les écoliers et travailleurs, qui est principalement ou un sandwich composé de légumes au curry et de protéines animales ou alors un plat chaud avec du riz et divers légumes ; enfin, le dîner en famille, composé d’un plat chaud et d’un dessert. À Maurice, on peut manger à toute heure de la journée des nouilles ou du riz à la chinoise, des « farata » ou « dholl puri » (beignets et fruits au sel et au piment). Il arrive d’ailleurs que les adolescents et jeunes adultes goûtent aux alentours de 16h avec un plat très semblable à celui du déjeuner et plutôt complet. Le repas du soir se fait toujours en famille, comme celui du dimanche et des jours de fêtes. Les mauriciens cuisinent tous leurs repas. Ainsi, lorsqu’ils déjeunent sur leurs lieux de travail, ils prennent soin de préparer eux-mêmes leurs aliments soit le matin avant de partir travailler soit la veille au soir. Le riz, les légumes et le curry sont très cuisinés par les Mauriciens, et constituent la majeure partie des repas. Ils sont également assez friands des recettes épicées ou sucrées-salées. Tout le monde peut manger à l’extérieur dans divers lieux de restauration pour des prix très attractifs. Par contre, les grands restaurants sont plutôt réservés pour des occasions un peu spéciales comme un mariage ou une naissance. Comme en France, il existe des émissions télévisées dédiées à la cuisine dans toutes les langues parlées à Maurice. Il y a également des blogs

culinaires, ainsi que des pages Facebook spécialisées. Les Mauriciens considèrent l’acte de manger comme un acte de convivialité. Il leur arrive souvent de se retrouver pour manger à la plage, pour fêter un anniversaire ou un mariage. Même une visite chez des amis ou chez des voisins peut devenir un prétexte pour simplement manger tous ensemble. Cela laisse émerger une autre valeur assez similaire qui est celle du partage. Chaque communauté a ses spécialités qu'elle offre volontiers à ses voisins, ses amis ou sa famille, notamment les jours de fêtes religieuses. Enfin, une autre notion semble apparaître, il s’agit de celle de l’abondance. De manière générale, la préparation des repas est très festive et très dynamique. Tout le monde participe et met la main à la pâte pour produire beaucoup de plats. Ainsi, chacun peut rentrer chez lui avec des restes et peut en profiter au-delà de l’événement.

Île de la Réunion

Tout comme en Métropole, le rythme des repas Réunionnais suit la logique du petit-déjeuner du matin : assez tôt vers 5h on accompagne sa boisson chaude d’une tartine de pain beurrée, avec de la confiture ou bien des restes de la veille (soupe ou galettes en tous genres). La pause déjeuner du midi et le dîner le soir mettent à l’honneur le riz, des grains et le carri (plat de résistance composé de légumes, d’épices comme le curcuma et le thym, et parfois de viande).


L’en-cas de l’après-midi peut être composé de fruits exotiques de saison, de diverses sortes de pâtés à la viande, de galettes de manioc ou de patate douce ou encore de glaces à l’eau. Cependant, il y a des différences alimentaires en fonction des communautés ethniques. Le repas du dimanche y est très important car il réunit l’ensemble de la famille. Il se tient généralement chez les grands-parents, avec un maximum de membres de la famille. On compte d’ailleurs souvent plusieurs générations à une même tablée ! On comprend alors que la générosité et le partage soient deux valeurs évidentes lorsque l’on aborde la question du repas avec les Réunionnais. Cependant, ils retiennent également la notion d’identité, qui reste très importante pour eux à l’heure de la globalisation

Iran

En Iran, c’est un peu comme en France pour ce qui est du nombre et du moment de la prise des repas. Il y a le repas du matin, il y en a un autre entre 12h et 14h et un dernier le soir avant de dormir. Par contre, la structure y est différente par rapport à la France, car il n’y a pas trois types de plats différents (entrée-platdessert). Les Iraniens préfèrent regrouper un ensemble de diverses préparations culinaires (salées comme sucrées) sur la table. Ils n’aiment pas imposer un plat. Chacun se sert ce qu’il veut, à la fréquence qu’il veut et dans l’ordre qu’il veut. Il n’y a pas de véritable ordre ou de règle à respecter comme en France. Cependant, il y a des aliments traditionnels comme les « pickles »

ou le yaourt nature que l’on retrouve systématiquement. Un peu comme le pain et le fromage en français. Après le repas, il n’est pas courant de manger un dessert sucré de type pâtisserie, crème-dessert, biscuit ou gâteau. Les produits transformés et sucrés y sont très rarement consommés. À la place, il est courant de consommer un thé avec un morceau de sucre. S’il y a besoin d’un en-cas entre deux repas, les Iraniens privilégient les fruits secs et à coques (noix, amandes, raisins secs, etc.). Des choses plutôt naturelles, qui apportent de l’énergie et qui sont bonnes pour la santé. Le restaurant en Iran est financièrement plus accessible qu’en France. Certains types de restaurants classiques sont très fréquentés le midi, car beaucoup de gens qui travaillent s’y rendent car ils n’ont pas le temps de se préparer un repas. Aussi, comme en France on se rend dans des restaurants plus raffinés et plus spéciaux lors d’événements familiaux et festifs comme une naissance, un mariage, etc. Enfin, il y a beaucoup d’émissions de cuisine en Iran, mais c’est différent de la France, car là-bas il y a une véritable portée pédagogique et didactique. Il n’y a pas du tout l’esprit de compétition et de concours comme on peut voir dansla majorité des émissions françaises. Et si jamais ça existe, c’est très très rare.

Italie

Le modèle alimentaire actuel de l’Italie semble, tout comme le Brésil, se construire sur un souci d’esthétique du corps. Apparue plus tôt, vers les années 60, cette quête de


la minceur et les préoccupations de santé s’inscrit en rupture du passé. Historiquement, le mode alimentaire des italiens reposait davantage sur la consommation de produits gras. Pourquoi un changement ? Il serait principalement dû au tourisme de masse, aux flux migratoires ainsi qu’à l’évolution des systèmes de productions et de stockage de la nourriture. L’éducation alimentaire, diffusée par les masses médias, s’est traduite auprès de la population par une nouvelle connaissance de la science et des effets des aliments sur la santé. On admet aujourd’hui une cohabitation de la tradition des spécialités locales et du culte d’un corps « toujours jeune et en forme ». Nous notons 3 facteurs régissant le comportement alimentaire italien : 1. culturel (lié à l’environnement géographique et à la taille de la ville dans laquelle réside l’individu) ; 2. situationnel (lié au cadre de vie, selon si l’individu vit seul, en couple ou en famille) ; 3. intra-individuel (lié aux capacités à faire des choix personnels). Les discours des Italiens sur les pratiques quotidiennes mettent en évidence une notion de régime alimentaire où l’on cuisine « sans » ceci ou avec « moins » de cela. Il y a là une dimension négative, qui sous-entend qu’il y a la soustraction d’un aliment qui peut s’avérer « pas sain » pour les consommateurs. Aussi, il s’avère que les attitudes sont en lien avec les recommandations faites par les autorités. Ces recommandations se transforment en règles consensuelles qui se reflètent alors dans le discours commun.

Japon

Le Japon, internationalement reconnu comme un pays grand consommateur de riz, en a fait un aliment central de son alimentation. Par habitude et par goût, le riz est consommé le plus « frais et vivant » possible, à savoir conservé dans son enveloppe naturelle. La fraîcheur, le naturel et le vivant sont des notions qui sont très recherchées par les japonais. Cette exigence se retrouve dans leurs choix concernant les poissons, qu’ils consomment majoritairement crus. Ils l’exigent frais et « vif », c’est-à-dire qu’ils veulent voir que l’animal était encore vivant quelques secondes avant qu’il n’arrive dans leurs assiettes. Pour ce qui est des fruits, ils sont là-aussi très attentifs à ce que leur maturité soit naturelle. En revanche, ils se préoccupent assez peu de la fraîcheur des légumes, qu’ils consomment systématiquement cuits ou marinés. Enfin, le consommateur japonais est très conscient des risques sanitaires et est très en demande en terme de sécurité alimentaire. Sans doute, en partie, en réaction à la pollution massive de l’air et des difficultés qu’il y a d’y vivre sainement.


Pologne

En Pologne, on compte trois repas principaux : le petit-déjeuner – śniadanie – qui est pris le matin, après le réveil. Il est composé de quelques tartines de pain blanc avec du jambon, des tomates, du fromage. Les œufs durs ou les œufs brouillés peuvent aussi être servis. On accompagne tout cela avec du thé ou du café. Ceux qui prennent le petit-déjeuner très tôt, en reprennent un second vers 10h. On l’appelle « le deuxième petitdéjeuner » – drugie sniadanie – et il est servi régulièrement aux petits et consiste juste en une pomme ou une viennoiserie. Le déjeuner – obiad – est servi vers 14h. La plupart du temps, il est composé de deux plats : une soupe en entrée et en second plat on sert en même temps (c'est-à-dire dans la même assiette) : un peu de pommes de terre (accompagnement de base), une viande et des légumes crus ou cuits. Les desserts sont généralement servi lors de grands repas, il n’y en a pas durant la semaine. En revanche on ne boit pas d’eau à table mais une boisson sucrée à la base de fruits – kompot – ce sont des fruits (pommes, fraises, cerises, prunes) bouillis à l’eau avec du sucre. Le goûter – podwieczorek – est réservé aux enfants. Les ados n’ont pas l’habitude de goûter, les adultes non plus. Le dîner – kolacja – est servi vers 19h et consiste en un repas léger. Les Polonais mangent généralement quelques tartines du pain blanc avec du jambon, des tomates, du fromage, des œufs durs ou des œufs brouillés. Le repas du soir est souvent accompagné d’un thé et ressemble à s’y méprendre au petit-déjeuner du matin. C’est une organisation plutôt « traditionnelle »,

mais il faut noter que les habitudes alimentaires ont bien changé ces dernières années, influencées par l’intégration de la cuisine étrangère (italienne / française / asiatique, etc.). Le changement concerne surtout le déjeuner et le dîner. En effet, le déjeuner peut se transformer en lunch (appellation utilisée en Pologne) donc en repas rapide et léger tandis que le dîner (à l’origine un repas léger) devient un repas bien plus consistant. Ce changement concerne surtout les jeunes générations, qui pour autant ne rejettent pas les habitudes culinaires traditionnelles.

Royaume-Uni

Dans la culture collective des britanniques, un « vrai repas » est un repas cuisiné, à base de viande, de pomme de terre et de légumes bouillis, le tout lié avec une bonne sauce à la viande. Aujourd’hui, la majorité des habitants du Royaume-Unis semble déplorer une perte de la tradition, accusant les préférences des jeunes pour les « snacks » rapides, pas chers mais malsains. Ajouté à cela leur phobie des « E numbers », les additifs chimiques présents dans les produits transformés par l’industrie agroalimentaire, les britanniques ne sont pas prêts à renoncer aux choses naturelles et sûres. Ils préfèrent en effet faire appel à leur bon sens et à leurs connaissances, plutôt qu’à des étiquettes remplies d’informations pas toujours compréhensibles. En revanche, ils déplorent une disparition des compétences de préparations culinaires et des compétences conviviales. Cela s’explique d’abord par l’absence de la table de repas dans les foyers. La famille ne se retrouve pas autour d’une table pour


partager un repas, mais devant la télévision. Ils accusent la différence des modes de vie parentsenfants. Ils constatent également une perte du goût, qui a été mis au second plan par rapport à l’aspect, qui se doit d’être au maximum alléchant. Ils expliquent aussi se rendre compte de la disparition des saisons à la vue des rayons de fruits et légumes des grandes surfaces. Inévitablement, ils parlent aussi de la disparition de la localité et des produits naturels. Ils sont cependant assez positifs concernant la modernité des aliments, car ils sont faciles et rapides à préparer et se conservent aussi très longtemps. La variété toujours plus large des aliments offre aussi une ouverture vers de nouvelles manières de cuisiner et d’expérimenter la cuisine.


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