ZU Culture Tendances Lifestyle City magazine Gratuit
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Strasbourg Automne 2017
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Chic, un Site.
chicmedias.com
Zut team
Contri— buteurs
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Directeur de la publication & de la rédaction Bruno Chibane Administration et gestion Gwenaëlle Lecointe Rédaction en chef Emmanuel Abela Sylvia Dubost Secrétaire de rédaction Cécile Becker Directeur artistique Hugues François
Rédacteurs Sonia de Araujo, Emmanuel Abela, Cécile Becker, Marie Bohner, Myriam Commot-Delon, Mégane Dongé, Sylvia Dubost, Jean HansMaennel, Alice Herry, Anaïs Inizan, Caroline Lévy, Jibé Matthieu, Mylène Mistre-Schaal, Antoine Ponza, Philippe Schweyer, Romain Sublon
Commercialisation & développement Bruno Chibane +33 (0)6 08 07 99 45 Caroline Lévy +33 (0)6 24 70 62 94
Stylistes Myriam Commot-Delon Anaïs Inizan Caroline Lévy
Céline Loriotti +33 (0)6 64 22 49 57 Philippe Schweyer +33 (0)6 22 44 68 67 Alexandre Zebdi +33 (0)6 48 14 30 86
Photographes Pascal Bastien, Alexis Delon / Preview, Hugues François, Benoît Linder, Dorian Rollin, Christophe Urbain, Henri Vogt
Design graphique Hugues François Clémence Viardot
Illustrateurs Laurence Bentz Laetitia Gorsy
Directrice artistique mode et tendances Myriam Commot-Delon
Retouche numérique Emmanuel Van Hecke / Preview
Chargée de projets, développement Léonor Anstett
Modèle Petra / Up Models | www.dmg-paris.com
Responsable promotion et partenariats Caroline Lévy
Coiffure Gregory Alcudia / Avila
Stagiaire rédaction Antoine Ponza
Make-up et manucure Maili Nguyen / Avila
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Ce magazine trimestriel est édité par chicmedias 12, rue des Poules 67000 Strasbourg +33 (0)3 67 08 20 87 S.à.R.L. au capital de 37 024 euros Tirage : 9000 exemplaires Dépôt légal : octobre 2017 SIRET : 50916928000013 ISSN : 1969-0789
Impression Ott imprimeurs Parc d’activités « Les Pins » 67319 Wasselonne Cedex Diffusion Novéa 4, rue de Haguenau 67000 Strasbourg Abonnements abonnement@chicmedias.com
Crédits couverture
Manteau High by Claire Campbell. Bottes Prada chez Ultima Bis. Boucle d’oreille Éric Humbert. Photographe Alexis Delon / Preview Réalisation Myriam Commot-Delon Mannequin Petra / Up Models www.dmg-paris.com Coiffeur Gregory Alcudia / Avila www.avila-coiffure.com Maquillage et manucure Maili Nguyen / Avila Post-prod Emmanuel Van Hecke / Preview Studio Photo / Preview 28, rue du Général de Gaulle 67205 Oberhausbergen www.preview.fr
> AGIR AU CŒUR DE VOS VIES
Festival
VOS OREILLES ONT LA PAROLE CONTES ET ARTS DU RÉCIT | POUR TOUT PUBLIC
Du 16 oct. au 5 nov. 2017
En partenariat avec :
#voolp Tout le programme sur bas-rhin.fr/bibliotheque
ALSACE-CHAMPAGNEARDENNE-LORRAINE
10 É DITORIAL 12 T U VIENS DE STRAS,
TOI ?
#4 : Olivier Guez
14 A U BON PARFUM Fracas, Robert Piguet
16 L ES DESSOUS DE TABLE
Patricia Houg & Jean-François Zurawik
23 L'ENTRETIEN
Dominique Coulon, architecte des Halles du Scilt, marché couvert de Schiltigheim.
28 S TRASBOURG VU PAR Stéphane Libs Marine Bidet Lionel Schneider Frédérique Jeanroy Nina, Véronique & Joël Bruckmann Candice Mack Jean-François Gérard
43 — Culture 44 E XPOSITION
Le parcours Laboratoire d’Europe, Strasbourg, 1880-1930 inscrit la ville au cœur de l’Europe et de la modernité.
48 A RCHITECTURE
Didier Laroche, architecte et historien de l’architecture, livre son regard sur la Neustadt et son classement.
52 L ITTÉRATURE
Portrait de Léo Henry, auteur strasbourgeois de science-fiction à succès.
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54 T HÉÂTRE
Portrait de la comédienne Audrey Bonnet, artiste associée au TNS.
56 I NSTANT FLASH
Louis Garrel & Stacy Martin Albert Dupontel Finnegan Oldfield Simon Liberati Vincent Dedienne
66 P ANIER CULTURE 68 N EUE VAGUE
— Bruno Bouché, nouveau directeur du Ballet de l’Opéra du Rhin. — La Coop et La Manufacture des tabacs, nouveaux projets-phares
72 S ÉLECTIONS Les sélections de la rédaction
81— Tendances 82 L A SÉRIE MODE Amphibie
96 B IJOUX
Brillez, et puis Zut !
98 B EAUTÉ
Préparer l’hiver.
100 O PTIQUE
Voir la vie en green.
137 H ÔTELLERIE
Visite à l’hôtel 5 terres et son restaurant.
140 Z UT À TABLE
La recette Cabillaud poêlé, artichaut barigoule et champignons par Les Canailles.
142 Z UT À TABLE
Le reportage La torré by Café Bretelles x Mokxa.
144 Z UT À TABLE
Les lieux Supertonic, BOMA, Glossette, MiTo, Pane Vino.
102 L’HOMME
Le swag en swan.
104 H OT SPOT
La boutique Gloss.
106 U RBAN STYLES
Tout est dans le cheveu.
108 S ÉLECTIONS Les sélections de la rédaction
117 — Lifestyle
154 Z UT À TABLE
Zut x Manolya Coffee
La boisson de la saison.
156 Z UT À TABLE
118 S PORT
Le sport hors les clubs #1 : au Centre Clemenceau.
Brèves de comptoir Les nouveaux lieux miam.
160 Z UT À TABLE
123 D ÉCO
La Cerise sur le Gâteau fête ses 10 ans !
Le shopping Tout en cuisines.
162 S ÉLECTIONS
128 D ESIGN
En rouge, en lumières, en bois et pourquoi pas en Fou du Roi ? : les pièces fortes de la saison.
Les sélections de la rédaction
168 J ’AI TESTÉ POUR VOUS Le Skinteck®Lab aux Soins d’Ella.
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Votre nouvel espace de vie vous attend
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BPD Marignan SAS - RCS Nanterre 412 842 684. Document et informations non contractuels. Illustrations à la libre interprétation des artistes. Perspectives : LD3D. Réalisation : A.S Communication. *Appel non surtaxé. (1) Pour un achat en résidence principale, sous réserve d’éligibilité. Éligibilité à vérifier auprès de nos conseillers commerciaux.
Z UT Édito
—J e ne comprends rien à ce que vous
Comme un ouragan Par Philippe Schweyer
J’ai coupé la radio avant la fin du refrain et pilé brutalement pour immobiliser mon cabriolet sur le bas-côté le temps de reprendre mes esprits. Un homme sorti de je ne sais où a donné un coup de pied dans la calandre en m’insultant à travers le pare-brise. J’avais besoin d’être seul, mais il a ouvert ma portière pour me parler : —E spèce de taré, vous avez failli me rouler sur les pieds ! Je n’avais aucune envie de lui expliquer pourquoi j’avais perdu le contrôle de mon véhicule en entendant une chanson des années 80. —J ’ai eu une petite absence, désolé. —A ttendez un peu. Je suis médecin. Vous me semblez extrêmement pâle. —M anque de soleil en Bretagne cet été… ce n’est rien. —S ortez de cette voiture, je vais vous ausculter. Il avait l’autorité naturelle d’un homme habitué à se faire obéir. Je me suis allongé sur le capot pour me faire examiner. Pendant qu’il me prenait la tension, une dizaine de voitures sont passées en klaxonnant. Au bout de trois longues minutes, j’ai fait mine de me redresser, mais le médecin m’a repoussé fermement contre la tôle délicieusement tiède. —Q ue s’est-il passé ? —R ien, je roulais calmement en
écoutant une station qui ne passe que des vieux tubes ringards… —C ’est la nostalgie qui vous met dans cet état ? — T out allait bien jusqu’à ce que j’entende cette satanée chanson… —C hanson que vous n’appréciez pas ? —C hanson qui m’a rappelé de vieux souvenirs. —S ouvenirs douloureux ? —E n fait, cette saloperie de chanson m’a rappelé l’été du Bac de français. Je me suis laissé submerger par un trop-plein d’émotions… —P eut-on sauver le monde par un livre ? —C ’est quoi cette question bizarre ? Pourquoi me demandez-vous ça ? —J ’essaye simplement de vous aider. Ne vous sentez pas agressé. Je me suis relevé. J’avais encore les jambes un peu flageolantes et les mains moites, mais ça allait nettement mieux. Le toubib s’est écarté. Il me fixait avec curiosité. J’étais décidé à repartir, mais il avait encore quelque chose à me demander : —À quoi sert la littérature ? —A ucune idée. À rien, pourquoi ? —C royez-vous qu’à l’heure du web et de l’accélération permanente, la littérature reste l’île merveilleuse de la lenteur de vivre ? 10
dites. J’aime les bons bouquins et ça me suffit ! —S avez-vous que la mission de la littérature ne se limite pas à nous alerter ? —J ’en ai marre de vos devinettes à la con… À quoi jouez-vous ? —J e ne peux pas vous laisser conduire. Vous avez peut-être passé votre Bac de français dans les années 80, mais vous ne vous souvenez d’absolument rien. C’est comme si vous n’aviez jamais entendu parler de littérature. Puis-je savoir quelle est l’horrible chanson qui vous a mis dans cet état ? —C omme un ouragan qui passait sur moi / L’amour a tout emporté / T’es resté, l’envie et l’accent d’furie / Qu’on ne peut plus arrêter / Comme un ouragan, la tempête en moi / A balayé le passé / Allumé le vice, c’est un incendie / Qu’on ne peut plus arrêter… —V ous chantez aussi mal que Stéphanie de Monaco ! Je ne peux plus rien pour vous. —S i la médecine ne peut rien pour moi, à mon tour de vous poser une question. —Q ue voulez-vous savoir ? —P eut-on sauver un homme par un livre ? —B ien sûr que non. —C ’est bien ce que je pensais…
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Z UT Chronique Chronique #3
Photo : JF Paga
№ 05
Tu viens de Stras toi ? OLIVIER GUEZ Par Caroline Lévy
C’est qui, lui ? À 43 ans, cet historien, auteur et journaliste signe un dernier ouvrage remarqué, qui secoue la rentrée littéraire. Sélectionné pour les Prix Goncourt et Renaudot, La Disparition de Josef Mengele (éd. Grasset) confirme son obsession de la question allemande et plus généralement de l’Europe. Strasbourg, une terre d’inspiration ? Son passage strasbourgeois « Je suis né à Strasbourg que j’ai quittée après mes études de Sciences Po, vers l’âge de 20 ans, pour voyager. L’étranger est un fruit dangereux, une fois que j’y ai goûté je n’ai plus jamais pu m’en passer ! »
Son inspiration « J’ai grandi dans cette drôle de ville de province, au sein d’une communauté juive unique au monde, à la fois fraternelle et pesante ! Très inspirante pour une fiction. Dans mon premier roman, Les Révolutions de Jacques Koskas (éd. Belfond), le personnage y passe souvent. C’était plus simple et légitime de parler de ce berceau, auquel je suis très attaché. » Son héritage « J’aime le Rhin et cette dimension européenne orientale, vers laquelle je me suis tourné très jeune ! Les années 80 constituent une des plus grandes décennies européennes, je me souviens notamment de la venue de Ronald Reagan au Parlement européen. » 12
Son obsession « De la cuisine à l’architecture en passant par l’ambiance du stade de la Meinau, très germanique, Strasbourg est une synthèse de ce qu’est ma vie : un drôle de mélange franco-allemand ! » Son patriotisme « Le RCS, ma madeleine de Proust ! Je me souviens de mon tout premier match Strasbourg - Auxerre en 92. Aujourd’hui, ce passage en ligue 1 est un soulagement, Strasbourg a besoin d’un club à son image. C’est une ville orgueilleuse ! » Son rituel « C’est la seule ville au monde où je vis en ermite ! Une sorte de retraite studieuse où j’aime venir écrire. Le Café Brant, la librairie Kléber sont mes lieux de passage. J’aime aussi aller nager à Kehl et observer les oiseaux dans les Vosges ! » Ce qui lui reste d’ici « Ma famille. Je viens environ 6 fois par an, mais tout dépend si c’est une année d’écriture ou non… » — Participation au Salon du livre de la Wizo le 03.12.17 — Chronique Voyage d’un Européen dans le magazine Le Point — Commentateur sportif pour les grands championnats de football, sur France Inter et CNews
By
Claire
Campbell
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Chronique
№33
Au bon parfum FRACAS, ROBERT PIGUET, 1948 Parfumeuse : Germaine Cellier Par Sylvia Dubost Illustration Laetitia Gorsy
La tubéreuse : capiteuse, charnelle, envoûtante, exotique. On raconte qu’à la Renaissance, en Italie, on interdisait aux jeunes filles de se promener le soir dans les jardins où elle fleurit, car son parfum enivrant les auraient fait céder aux avances des jeunes gens… Lancé en 1948 par la maison de couture Robert Piguet, Fracas est une tubéreuse majuscule. Un envol percutant souligné par les aldéhydes, une bouffée narcotique adoucie par la fleur d’oranger et animalisée par une pointe de musc : Fracas sonne comme une claque joyeuse, résonne comme un éclat de rire fatal. Solaire et généreuse, à la fois juteuse et beurrée presque jusqu’à l’écœurement, sa tubéreuse est d’une sensualité insolente et étonnante de modernité.
Dès son lancement, Fracas rencontre un succès éclatant, surtout aux États-Unis, où il a été commercialisé sans interruption (comme tous les parfums Piguet, il connut en France une très longue éclipse, entre la mort de la maison de couture en 1951 et sa renaissance dans les années 2000). Outre son effet bombe, cette vénération ininterrompue dont il a fait l’objet outre-Atlantique explique sans doute pourquoi il est souvent considéré comme le parfum de la pin-up, la blonde platine tout en courbes, idéal féminin d’une autre époque. Il est beaucoup plus que cela, à l’image de sa créatrice, Germaine Cellier. Un personnage hors norme, le premier nez féminin, à qui Robert Piguet, couturier visionnaire, a confié tous les jus de 14
sa maison. En 1944, elle avait signé pour lui Bandit, un chypré cuir lui aussi audacieux et fracassant. L’année suivante, elle crée pour Balmain Vent Vert, coup de fouet fleuri overdosé en galbanum. Le style Cellier : des formules courtes et sans fioritures, et des matières premières dosées à l’extrême, pour des parfums qui ne cherchent pas un équilibre parfait, mais ressemblent à une provocation, voire à un manifeste. Fantasque, élégante, malicieuse et mordante (on raconte que son patron chez Roure lui avait attribué un bureau isolé pour protéger ses collègues de son mauvais caractère), elle a secoué la parfumerie française, brillante mais très cérébrale. Germain Cellier est un esprit libre, envolé à 67 ans d’avoir trop bu, trop fumé, et trop senti. Son Fracas, qu’elle avait étonnamment dédié à la discrète Edwige Feuillère, est un parfum « solide et sexy comme une fille irrésistible mais un peu mauvais genre » (Jean Amic, patron de Roure-Givaudan). Il reste parfaitement envisageable pour les nez contemporains, et s’accomplit les soirs d’été, à l’heure où la chaleur retombe et fait éclore les odeurs des fleurs du jardin, et où l’on renvoie chez elles les jeunes filles sages.
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Rencontre
№13
Dans chaque numéro de Zut, les personnalités alsaciennes se mettent à table avec Jean HansMaennel.
Les dessous de table PATRICIA HOUG & JEAN-FRANÇOIS ZURAWIK Bastardo, à Strasbourg → 25.08.17
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Par Jean HansMaennel Photos Christophe Urbain
I
ls se connaissaient de réputation, mais ne s’étaient jamais rencontrés. Elle est Lyonnaise et travaille à Strasbourg, lui est Alsacien et vit à Lyon. Elle est la directrice artistique de ST-ART, la foire d’art contemporain de Strasbourg ; il est le grand ordonnateur de la Fête des Lumières de Lyon. Mais pas que… Réunir ces deux grands voyageurs à Strasbourg fut une bataille. Nous voilà finalement le 25 août, à l’heure du déjeuner, rue des Tonneliers. Le Bastardo, excellent restaurant italien, est encore vide et calme quand je m’installe au fond, sur la banquette à côté du comptoir. La journée est belle, chaude et lumineuse. Le mois d’août s’étire et la ville traîne avec lui. Patricia Houg arrive à l’heure. Un courant d’énergie. Radieuse. Comment furent ses vacances ? Studieuses : elle a passé l’été à préparer la 9e édition de Docks Art Fair à Lyon du 16 au 20 septembre ; et puis biensûr, il y a ST-ART, du 17 au 20 novembre. La serveuse nous souhaite la bienvenue. Eau gazeuse pour Patricia. 50cl ou le litre ? Mettez plutôt un litre. Bière pour moi, naturellement – va pour la Peroni. Patricia évoque L’Industrie Magnifique (LIM), un sujet qui m’est cher. Le projet se monte. On était un peu court pour septembre 2017, on a reporté à mai 2018. C’est Jean-François Zurawik, mon second invité du jour, qui sera le commissaire d’exposition de la première édition. Nous prévoyons de dévoiler à START en novembre, en avant-première, les
“ Les Strasbourgeois doivent se réapproprier ST-ART. Faire venir 100 galeries de l’Europe entière, c’est un vrai rendez-vous. Il doit être incontournable. ” PATRICIA HOUG
grands contours de cette rencontre inédite et originale de l’art et de l’industrie alsacienne sur les places publiques de Strasbourg. Lyon-Strasbourg / Strasbourg-Lyon La salle se remplit. Le personnel est aux petits soins. Une petite entrée à partager, en attendant le dernier invité ? Celui-ci ne tarde pas à faire la sienne, d’entrée, mais en grand : 1m90, lunettes de soleil sur le front, valise à la main, tout en lumière. Il excuse en riant son « quart d’heure lyonnais » de retard : « Je ne peux pas être à l’heure quand je suis à Strasbourg. Il y a tellement de gens que je veux voir ou que je croise. » Le contact est immédiat, les présentations chaleureuses. Nous sommes tous des croisements. Heureux de nous rencontrer. Je connais Jean-François Zurawik depuis 30 ans. Alsacien comme moi, mais de Mulhouse – nul n’est parfait. Lyonnais d’adoption comme moi, mais depuis moins longtemps. Il aime la montagne comme moi, mais il grimpe bien mieux. Il aime la lumière 17
comme moi, mais lui en fait profession. JFZ – c’était le nom de sa boîte à Strasbourg – est parti à Lyon en 2003, en tant que directeur des événements de la Ville. Il n’avait pas encore la responsabilité directe de la Fête des Lumières ; c’est après l’échec de l’édition 2004 qu’il en prend les commandes. « La première étape a été de redonner des couleurs à cette manifestation, la renommée qu’elle devait avoir, en attirant des artistes de renom. » Puis avec le succès mondial que l’on sait, année après année, et face aux nombreuses demandes, il a poussé pour « aller à l’international ». Il rentre d’ailleurs d’Équateur où il a dirigé sa deuxième Fête des Lumières à Quito. JFZ commande une Peroni. Le serveur nous apporte des arrancini, boulettes de risotto. Vous verrez, c’est super bon. On se brûle les doigts en les dégustant, mais c’est un délice ! Patricia Houg venait déjà à Strasbourg, quand elle était galeriste. Houg, un grand nom de la culture à Lyon. Des pionniers.
Rencontre
Patricia et son mari ont fondé il y a trente ans une des grandes galeries d’art contemporain lyonnaises. Elle a exposé trois fois à ST-ART, de 1996 à 98. Puis plus. Patricia rejoint ensuite le groupe GL Events, tandis que son fils déménage la galerie familiale à Paris. Et quand en 2014 son employeur reprend la gestion de Strasbourg Événements, elle est sollicitée pour travailler sur ST-ART. « La ville est très agréable, les équipes aussi, le challenge est passionnant. On ne part pas d’une feuille blanche. En 2015, j’ai regardé. En 2016, j’ai commencé à imprimer ma marque. » Avez-vous choisi ? Non, mais vous allez nous aider ! La spécialité de la maison est la scarpetta, une pizza sur base de focaccia, pâte à pain travaillée avec des herbes aromatiques et de l’huile d’olive. À partager, en entrée, c’est parfait. En plat principal, l’incontournable du Bastardo c’est les vongole vongole, des linguini persillades et palourdes ; il y a aussi la carbonara traditionnelle, cuisinée sans crème, la cuisson des pâtes étant finie au bouillon de légumes, puis la sauce est faite avec de l’œuf. Le prochain ST-ART se présente bien. « On maîtrise mieux le lieu [le Hall Rhénus, ndlr], qui n’est pas facile. On a fait un gros travail de scénographie », explique Patricia. « La visite, il faut la rythmer de façon à ce que tout le monde soit vu. On ne doit plus entendre dire de la part d’un exposant : je suis là-bas au fond, ce n’est pas une bonne place. Si on est bien accroché et que la circulation est bonne, il n’y a pas de mauvaise place. » En spécialiste, Jean-François confirme l’importance de l’aménagement de l’espace, l’art de « donner du recul par rapport aux choses ». Patricia nous parle aussi de qualité de l’accueil, avec l’amélioration de la restauration et des lieux de détente ; de l’axe franco-allemand, avec une conférence de presse prévue à Baden-Baden ; et de l’invité de l’année, l’artiste Bernar Venet et sa Fondation, qui succèdent à Maeght l’an dernier. « Un des enjeux est que
les Strasbourgeois se réapproprient ST-ART. Faire venir 100 galeries de l’Europe entière, avec 900 artistes, durant 4 jours, c’est un vrai rendez-vous. Il doit être incontournable. » STrasbourg-ART Nous partageons une scarpetta San Daniele : jambon éponyme sur mozzarella crémeuse, petites figues et amandes concassées. Un régal. JFZ goûte le vin, un rosé italien. On trinque à tous nos beaux projets. Patricia parle très vite, elle délivre une pensée à haut débit, en courant alternatif, par bribes. Elle laisse à l’interlocuteur le soin de faire le lien. Elle, elle balance, elle pulse, elle impulse. Quand on l’écoute, on a l’impression qu’il y a des trous dans la phrase qui défile à toute vitesse. C’est juste qu’elle saute d’un mot à l’autre, au rythme de sa pensée. « Mes actions passent par la 18
scénographie, la fluidité, le bon accueil, se sentir bien dans un endroit. » Comment se situe ST-ART par rapport à des très grandes foires d’art comme Bâle par exemple ? « C’est incomparable, hors sujet. Bâle peut se comparer à une dizaine de rendez-vous dans le monde entier. On ne joue pas dans la même division. » En revanche, ST-ART est une foire qui donne de la visibilité à des galeristes qui n’ont pas accès aux foires mondiales comme Bâle, Londres, Paris ou New York. ST-ART, c’est STrasbourg ART, c’est aussi un départ : une vraie foire tremplin, pour les galeries de province, voilà sa vocation. « Et si tu n’y trouves pas un artiste ou une galerie qui te plaît, c’est que tu le fais exprès ! Mon idée est de faire une bonne scénographie afin de pouvoir regarder de façon sereine des choses que tu ne trouveras pas ailleurs. » 22e édition, du 17 au 20 novembre 2017.
Les émotions demeurent Les plats arrivent. Vongole vongole pour Patricia ; JFZ qui sort d’un petit déjeuner copieux et tardif a pris une salade ; je teste les carbo. « L’actualité depuis deux ans nous marque beaucoup, les attentats. C’est la sécurité avant tout », répond JFZ quand je lui demande des nouvelles de la Fête des Lumières « On a quand même eu une annulation, en 2015, ce que je n’aurais jamais imaginé. » 4 millions de visiteurs se pressent chaque année à Lyon durant 4 jours début décembre : la Fête des Lumières est devenue, avec le Carnaval de Rio et l’Oktoberfest de Münich, l’un des plus grands rassemblements festifs au monde. Cinquante installations artistiques feront briller la capitale des Gaules cette année, du 7 au 10 décembre. « Pour moi, explique JFZ, lorsque le visiteur arrive sur un site, instantanément il doit se passer quelque chose. » Comme dit « son » maire, Gérard Collomb : « Quand on est en hiver, qu’il fait froid, qu’on est en famille et qu’on arrive devant une œuvre, s’il faut attendre 20 minutes et avoir bac+9 pour comprendre, on a tout faux ! » Populaire et qualité ne sont pas antinomiques. « J’ai fait des fêtes des lumières à Maurice, Dubaï, Montréal, Quito : ce qui me plaît c’est de créer la même émotion qu’à Lyon, mais avec des faciès différents. » Les gens changent, les émotions demeurent. Depuis quelques années, JFZ exporte le savoir-faire lyonnais à l’étranger. Avec le même succès : « Je rentre d’Amérique latine où je viens de faire ma 2e Fête des Lumières à Quito : 9 installations, 2 millions de personnes en 5 soirs ! Mieux que le Pape et Michael Jackson ! Mais ils n’ont pas de risque terroriste… »
marche bien ; on vient de réaliser un parcours nocturne au parc des oiseaux de Villars-lesDombes. Là, je vais à Francfort. On a été à Moscou. À Leipzig deux fois. A Montréal, aussi. Hong Kong arrive, du 23 au 25 novembre 2017. » Patricia rebondit : Comment procédezvous ? Vous amenez la technique, le matériel ? « On fait un à deux voyages de repérage. Après, c’est à distance. On évite d’avoir à tout trimballer, on mixe artistes rapportés avec artistes locaux, on essaie de trouver des prestataires locaux. Pas toujours évident. Mais après ça devient de vraies aventures humaines, tout le monde a envie que
Patricia se transforme en intervieweuse : comment exporte-t-on un festival de lumières à l’étranger ? « Nous avons beaucoup de demandes, d’appels entrants, explique JFZ. Quito était la 2e édition en 2017 et la 3e est annoncée. À Dubaï, j’ai fait une très grosse opération avec 32 installations, en 2014. La toute première fut à Maurice, un très bon souvenir, il y a 6 ou 7 ans. Mais on fait aussi une fête des lumières à Saint-Gervais en France, qui 19
“ Lorsque le visiteur arrive sur un site, instantanément il doit se passer quelque chose. ” JEAN-FRANÇOIS ZURAWIK
Rencontre
le projet réussisse. » Patricia enchaîne : vous restez durant tout le festival sur place ? « Oui contrairement à Lyon, je loge avec les artistes dans le même hôtel. Les artistes tissent des liens entre eux. Il se crée une sorte de communauté d’artistes de la fête des lumières. » Hasard et coïncidence, j’aperçois qui s’installe à deux tables de nous, mon invité du précédent numéro de Zut, Jérémie Bellot. Artiste digital et maker, Jérémie n’a jamais bossé sur la Fête des Lumières. JFZ connaît un peu son travail. Présentation. Échange de cartes. J’aime les rencontres. Elles sont des carrefours sur les parcours de vie. Je demande à mes invités de me dire comment ils en sont arrivés là. Alors, ils me racontent leurs carrefours. Parcours Patricia Houg, née à Bron en 1958 : « Je suis une scientifique. Je voulais faire de la recherche sur les végétaux. Aller au fin fond de l’Amazonie… Aller loin, j’étais fascinée par l’œil dans le microscope, par l’infiniment petit qui est vivant. » Cela n’a pas été possible. Interdiction parentale. « J’ai eu le droit de faire des études avec un métier au bout. Je me suis retrouvée infirmière. En réanimation néonatale. J’ai beaucoup aimé ce métier que j’ai exercé à Saint-Étienne durant 12 ans. » Elle rencontre son mari Olivier au collège. Il fait l’École du Louvre, une thèse d’histoire de l’art… qu’elle tape ! Ils ont trois enfants. « Et un moment, comme toute femme de commerçant, tu ouvres la boutique. » Leur première galerie d’art, à Lyon en 1984. « Je suis la femme du boulanger ! », s’exclame-t-elle, non sans ironie. JFZ, né à Mulhouse en 1953, voulait être journaliste reporter, « voir et être sur place, où se passe l’événement ». Il aimait bien écrire, faire des rédactions. Mais en 1973, la presse écrite est en crise. « Tu vas finir à la rubrique des chiens écrasés », s’entend-t-il dire. « Mon père était mineur et me dit : Jean-François,
moi je n’ai pas d’appuis… » Un conseiller d’orientation lui apprend qu’il y a des nouveaux métiers : les relations publiques, la communication. Dès ses premiers stages, il comprend qu’il est dans une voie qui lui convient. Maîtrise en communication audiovisuelle à Bordeaux. « J’aime l’image, je sens que je suis visuel. » Coopération en Algérie, en tant que réalisateur. Il voyage. Il monte sa boîte de com institutionnelle. Et puis, il voit le concert de Jean-Michel Jarre à Houston. « Je faisais déjà beaucoup de shows avec des images, des diapositives, mais jamais de la grande puissance. Là je me dis ça, c’est ce que je veux faire. » En 1986, concert de Jarre à Lyon. JFZ se fait embaucher dans l’équipe de production. Une expérience incroyable, riche d’enseignements et d’anecdotes. « C’est Charlotte Rampling qui servait le Coca aux techniciens ! », se souvient en souriant JFZ. À partir de là, il se lance dans la projection d’images, à Strasbourg, pendant 25 ans. « Et puis un jour je vois que Lyon cherche un responsable des événements. On est en 2003. » Petit sablé breton avec mirabelles et petite glace cassis. Dessert. Cafés. Le restau se vide. Désert. Patricia évoque sa mère, « mère au foyer en Algérie » et son grandpère italien Luigi « qui avait une lenteur du parler et du phrasé qui me rendait sereine ». 20
Jean-François raconte sa rencontre avec « sœur Sophie, à Bethleem, qui recueillait des bébés issus d’incestes, de viols… » et parle de son frère handicapé moteur, décédé, pour qui il veut sans doute « escalader les montagnes ». La cohérence des parcours se lit dans le rétroviseur.
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L'entretien
Zone mixte PAR Sylvia Dubost
À Schiltigheim, les Halles du Scilt, marché couvert doublé d’un espace d’exposition, doivent former un nouveau cœur de ville. Leur inauguration cet automne est l’occasion d’un échange avec Dominique Coulon, architecte strasbourgeois, pour qui un espace hybride est un lieu de possibles. Visuel : Dominique Coulon et associés (détail)
23
L'entretien
D
ans le cœur historique de Schiltigheim, entre la rue Principale et la place de la Liberté, l’ancienne coopérative des bouchers opère sa mue. Sur 700 m2, ce bâtiment du XVIIe siècle, occupé jusqu’en 2005, accueillera au rez-de-chaussée un marché couvert, à l’étage un espace d’exposition, ouverts six jours sur sept. Avec le bar d’été et un espace billetterie pour le service culturel de la ville logés dans les bâtiments en face, ces halles du Scilt doivent créer une nouvelle centralité, une « place du village », comme la qualifie l’architecte. Le projet de l’agence de Dominique Coulon s’appuie sur les qualités de l’existant, révèle les matières et les traces des usages successifs de la halle (distillerie, stockage de viande puis lieu culturel) et les fait dialoguer avec l’intervention contemporaine. La façade, repeinte en noir, révèle toutes les marques du temps. La couche inférieure, traversante, du marché, a été traitée comme une rue. La couche supérieure reprend les codes de l’espace d’exposition classique, et se pose en contraste : très pure et très blanche. Le vide central de la nef fait le lien entre les deux niveaux. Y flottent deux boîtes (un atelier pédagogique et un espace de projections) pour un « jeu volumétrique qui prendra toute sa force sous la lumière naturelle ». Tous ces espaces, l’architecte les a voulu réversibles, c’est-à-dire facilement adaptables à d’éventuels usages ultérieurs. Pour le moment, ceux du rez-de-chaussée accueilleront dès cet automne producteurs locaux et commerces de bouche exigeants, et un espace où l’on pourra déguster ses achats (après une cuisson à la plancha).
À quoi ressemblait le lieu avant le chantier ? Il n’y avait plus d’activité depuis longtemps, un incendie avait abîmé une partie de la charpente. Le bâtiment n’était plus aux normes et ne pouvait plus accueillir de public, il y avait donc obligation de le transformer. Par ailleurs, il n’y avait jamais eu d’accès à l’étage. Quelles sont les qualités du bâtiment d’origine ? Comment ont-elles orienté votre projet ? L’espace et de la lumière. On a identifié tout ce que l’existant avait de poétique – les matières, la lumière, une charpente visible assez belle qu’on a dû refaire – et l’idée est d’installer un dialogue avec cet existant. On rend les choses lisibles : les traces historiques sont révélées, et ce qui est nouveau est assumé comme clairement contemporain. Je ne me présente pas comme un spécialiste de l’intervention sur des bâtiments anciens, d’ailleurs je pense qu’il ne faut pas de spécialiste. L’idée était d’aborder cela avec fraîcheur et enthousiasme. Parfois les postures très respectueuses glissent vers le pastiche. Le risque, c’est d’être tétanisé, et de reproduire des techniques. Par ailleurs, je connais plutôt bien Schilick car j’étais usager de ce bâtiment. Il y a 25 ans, il y avait chaque printemps une sorte de grande exposition d’art très festive. Il y avait ce bar d’été qu’on a replacé au même endroit. Je n’y aurais pas pensé si je n’avais pas connu ce lieu. J’étais ravi de pouvoir plancher sur ce sujet-là. Le programme regroupe un marché couvert et un espace d’art : on imagine mal comment ces deux fonctions vont pouvoir s’articuler… C’est ce que je trouve bien. L’association de ces programmes multiples va produire quelque chose de plus joyeux. On a construit à Thionville Le 3e lieu, une médiathèque et un lieu de production 24
musicale, et ce mélange est très heureux. Ici, c’est un pari, car je ne connais pas de projet similaire… Cela devrait produire une belle surprise. On peut imaginer la grandmère qui accompagne ses petits-enfants ; pendant qu’elle fait son marché ils jettent un œil à l’étage, où elle les rejoint. Ce lieu va sûrement produire quelque chose de multi-générationnel. Le grand architecte japonais Toyo Ito a construit une bibliothèque à Tokyo, et un étudiant vient le voir pour lui dire qu’il l’aime tellement qu’il y vient sans but. Si ça pouvait être ça… Je crois beaucoup à la mixité programmatique de manière générale et à son pouvoir de créer des situations inédites. Ce que je pense, c’est que dans une époque où le numérique prend une place extrêmement importante, on aura besoin de plus de lieux de rencontres. Qu’on puisse se servir de tout à domicile ne supprime pas le besoin de se croiser et d’échanger physiquement. Quels parcours avez-vous imaginé pour les visiteurs ? Et comment se matérialisent-ils ? D’abord le parcours simple de l’homme pressé qui traverse le bâtiment sans rencontrer aucun obstacle. La nef devient alors un raccourci. C’est ici que l’on a gardé les traces de l’existant, comme si on était dans une rue. Il y a aussi le parcours sinueux du marché qui forme une sorte de boucle, et le parcours dans le lieu d’exposition qui en forme une 2e. Mais l’idée n’est pas de procéder à un découpage, plutôt de marquer le contraste entre l’extérieur et l’intérieur, comme si on entrait dans une boîte lumineuse. Comment faire en sorte que le bâtiment soit encore moderne dans 50 ans ? Est-ce quelque chose auquel vous réfléchissez ? On réfléchit à ça, oui. Ce bâtiment est une bonne leçon car il est déjà ancien. Pourquoi a-t-il résisté, pourquoi a-t-on jugé bon de le conserver ? Il a déjà été beaucoup de choses
“ L’architecte doit condenser ce qui se passe dans la société, l’anticiper. ”
Visuel : Dominique Coulon et associés
“ L’architecte doit condenser ce qui se passe dans la société, l’anticiper. ”
et il a ce potentiel de réversibilité car c’est une grande halle libre de poteau. C’est un peu ce qui se passe avec les lieux forts : s’ils sont de qualité, ils sont réversibles. Par ailleurs, il y a aussi des matériaux qui contribuent à cette dimension intemporelle : le béton, la pierre, la lumière blanche… De manière générale, vous revendiquez n’avoir pas de style… Je n’ai pas envie d’être enfermé dans une écriture, je trouve que c’est dommage. Je pense que la posture d’un projet est liée à son contexte, et pour cela il faut avoir une souplesse intellectuelle. Le style a un côté mortifère, ficelé, fermé qui ne me plaît pas trop. Les architectes suisses Herzog et de Meuron essayent de réinventer quelque chose à chaque projet, de réinterroger les matériaux. Vous avez créé à l’école d’architecture de Strasbourg (l’Ensas) un atelier intitulé « architecture et complexité » : qu’entendez-vous par là ? L’idée était d’avoir une approche transversale. On est allé à Los Angeles, au Brésil, à New York, Istanbul, dans des lieux 25
où les étudiants doivent comprendre, décrypter la réalité culturelle, sociologique. Il s’agit de profiter de ces lieux pour avoir une approche dynamique du projet. Les intervenants sont biologiste, neurologue, philosophe. Les étudiants doivent se nourrir de ces disciplines pour avoir une approche plus large et plus contemporaine, et qu’ils fabriquent un parcours qui leur soit propre. Quelles sont les grandes tendances aujourd’hui en architecture, et faut-il les éviter ? L’architecte doit condenser ce qui se passe dans la société, l’anticiper, en tout cas bien le comprendre. Toutes ces données sont dynamiques. C’est Mies van der Rohe qui disait que l'architecte doit répondre à l’esprit de son temps, trouver une justesse par rapport à l’époque. Ce n’est pas utile d’être en résistance.
Les Halles du Scilt Rue Principale à Schiltigheim Ouvert du mardi au dimanche à partir du 10 novembre www.schiltigheim.fr
L'entretien
— Dominique Coulon Diplômé de l’Ensas (École nationale supérieure d’architecture de Strasbourg, où il enseigne aujourd’hui), lauréat de la villa Médicis hors les murs, Dominique Coulon ouvre son agence en 1989. Prix de la Première œuvre pour le collège Pasteur à Strasbourg, il a acquis entre-temps une renommée internationale. Ses bâtiments font preuve d’une grande qualité formelle, y compris et surtout dans les zones urbaines difficiles. Des espaces intérieurs parfois complexes et des lignes brisées sculptent la lumière et animent les matières. Parmi ses dernières réalisations, on retient Le 3e lieu à Thionville et la piscine à Bagneux.
Pourquoi l’architecture ? Parce que c’est le plus beau métier du monde. Qu’est-ce qu’un architecte ? Quelqu’un qui sait embrasser la complexité du monde. Qu’est-ce qu’un bon architecte ? C’est quelqu’un qui fabrique des espaces généreux. L’architecte est-il un artiste ? Oui. Un artiste utile. Le style, c’est quoi ? C’est l’enfermement. Qu’est-ce qu’un bon projet ? C’est un projet qui a une radicalité.
Qu’auriez-vous aimé réaliser ? Un programme qui n’existe pas encore, avec encore plus de mixité. Que regarder en premier lorsqu’on entre dans un bâtiment ? La lumière. Quelle est la place de l’architecte aujourd’hui ? Beaucoup plus importante qu’on ne le pense. S’il y avait un architecte président, ce serait beaucoup mieux. La discipline n’est pas restreinte à la fabrication du projet, les architectes sont plus compétents que ceux qui ont fait des études de droit : on gère des sommes d’argent très importantes, on a une vision globale, et on est dans le concret. L’architecture à Strasbourg est-elle au niveau d’une eurométropole ? Il y a des choses plutôt très bien : la ville a été renversée en termes de flux. Ça m’arrive d’être à vélo et de ne plus entendre une seule voiture. En termes de réflexion globale sur les déplacements, Strasbourg a trouvé quelque chose d’assez novateur. Par contre, elle a toujours manqué et continue de manquer de grandes occasions. On aurait pu avoir Le Corbusier pour le Palais de la Musique et des Congrès et pour la cité Rotterdam, Enric Miralles pour la Cité de la musique et de la danse, Rem Koolhaas pour l’école européenne, Zaha Hadid pour la mosquée, Louis Snozzi pour le Conseil général… Dominique Coulon pour le théâtre du Maillon [rires]. www.coulon-architecte.fr
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L’EUROPE DANS LA VILLE Par Mylène Mistre-Schaal
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L
es musées de Strasbourg ont porté de nombreuses expositions d’envergure qui s’articulaient autour de la notion d’Europe. Retenons entre autres Saturne en Europe (1988), qui s’attachait au thème de la mélancolie dans l’art contemporain, ou Strasbourg 1400, un foyer d’art dans l’Europe gothique (2008), elle aussi axée sur le rayonnement artistique de Strasbourg. Plus récemment, L’Europe des esprits (2012) proposait une réflexion sur la place de l’occulte dans l’Europe moderne en construction. L’exposition de cet automne, Laboratoire d’Europe, Strasbourg 1880-1930, en présente un visage encore différent. Pour Joëlle Pijaudier-Cabot, directrice des musées de Strasbourg et commissaire de l’exposition avec Roland Recht, « c’est une Europe cosmopolite que nous souhaitons montrer dans son moment strasbourgeois : ouverte aux circulations, aux échanges, au métissage. Strasbourg fut alors le théâtre d’un extraordinaire brassage d’idées, de théories et de formes artistiques, porté par des hommes et des femmes d’origine diverses, qui incarnèrent, chacun dans son domaine, l’idéal d’une Europe de l’esprit, de la culture, des arts et des sciences. » La ville est envisagée comme un terrain d’expériences porteur des ferments de la modernité. Un work in progress, à la fois fertile et complexe. La période chronologique retenue, les cinquante années entre 1880 et 1930, peut paraître courte. Elle est pourtant fourmillante tant dans le domaine des arts et des lettres que des sciences. Comme le rappelle Roland Recht : « Au cours de la décennie 1880, on assiste à la naissance des musées, aux débuts des travaux de la Neustadt, à la création de l’université et un peu plus tard à celle de l’École des arts décoratifs, tout cela illustre l’impulsion culturelle que l’Empire sou-
Croisements interculturels, brassages d’idées et de formes : l’exposition-événement Laboratoire d’Europe, Strasbourg, 1880-1930 explore le rôle de la ville dans la naissance de la modernité.
haite donner à la ville. Puis, vers 1930, on voit émerger cette extraordinaire œuvre d’art totale qu’est l’Aubette de Sophie Taeuber, Hans-Jean Arp et Theo van Doesburg. Au même moment, la dynamique de l’université de Strasbourg forme le creuset de la création, par Lucien Febvre et Marc Bloch, de la revue des Annales d’histoire économique et sociale qui allait bouleverser la conception même de l’histoire. Par leurs répercussions sur le long terme, ces événements ont pour Strasbourg, où ils ont pris naissance, une importance cruciale. » La vivacité de la vie culturelle dans ses diverses formes est rendue palpable par une scénographie qui se veut interactive et immersive. Une frise d’images composée de photos d’époque et des films d’archives entrent en résonance avec les œuvres et les objets présentés. Elles nous rappellent la ville d’alors et son urbanisme naissant. Ultime clin d’œil,
un kiosque-agora intégré dans le parcours de visite, nous replonge au cœur de la Belle Époque. De courts spectacles et des concerts y seront proposés animant l’espace d’exposition. Résolument pluridisciplinaire, Laboratoire d’Europe n’est pas seulement conçue comme une présentation d’œuvres : elle met en perspective des éléments historiques issus des collections de l’université, des archives, des bibliothèques de la ville et des musées. À l’occasion, le laboratoire se mue en observatoire quand il se penche sur les collections de l’université. Y fleurissent notamment, parmi d’autres spécimens minéralogiques ou médicaux, d’impressionnantes corolles de papier mâché issues de l’institut de botanique. Démontables, ces reproductions de fleurs agrandies et détaillées furent des supports pédagogiques dont la beauté formelle sert la science presque autant que l’art.
Jean Arp, Sans titre, vers 1926, huile sur bois, 75 x 106 cm © CC&C, Museu Coleçaö Berardo, Lisboa © Adagp, Paris 2017
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Le Dictionnaire culturel de Strasbourg
Modèles de fleurs issus de l’institut de botanique Photo Bernard Braesch © Université de Strasbourg
Le laboratoire se fait aussi atelier où se côtoient des œuvres aux univers d’une grande variété. Les arts graphiques et les arts décoratifs y sont mis à l’honneur. Toute une section du parcours leur est d’ailleurs consacrée mêlant mobilier, vitrail, céramiques et affiches. Mais c’est peut-être Hans-Jean Arp qui incarne le mieux l’exceptionnelle effervescence de l’époque. Arp, né Hans à Strasbourg, est naturalisé français et prend le prénom de Jean. Cette année est aussi celle de la commande du complexe de loisirs de l’Aubette à laquelle il répond avec Sophie Taeuber et Theo Van Doesburg. À cette occasion, il s’établit à nouveau à Strasbourg pour deux ans, après avoir étudié à Paris et Weimar et participé au mouvement Dada à Zurich. Comme son auteur, l'huile sur bois, datée de cette année et présentée dans l'exposition, a aussi voyagé. D’abord propriété du strasbourgeois Alfred Lickteig, collectionneur averti d’œuvres avant-gardistes, elle se trouve aujourd’hui dans la collection Berardo, à Lisbonne. « Ainsi témoigne-t-elle de façon très significative des circulations constitutives de l’Europe de la modernité artistique » remarque Joëlle Pijaudier-Cabot. Formellement, « cette œuvre à la poésie énigmatique, entre surréalisme et abstraction, entre peinture et relief, est caractérisée par une extrême simplicité. » Une économie de moyens qui saisit pourtant avec force l’importance des croisements et des connexions qui sont les lignes directrices de l’exposition.
Le Dictionnaire culturel de Strasbourg, 1880-1930, fédère plus de 150 collaborateurs sous la direction de Roland Recht et de Jean-Claude Richez. Il propose une approche complémentaire à l’exposition qui l’accompagne tout en conservant une identité propre. En combinant entrées thématiques et biographiques, l’ouvrage a pour ambition de recenser l’ensemble des acteurs et des matériaux constitutifs de la vie culturelle strasbourgeoise durant un demi-siècle. Au cœur du projet réside l’envie d’ouvrir de nouvelles pistes en synthétisant les recherches les plus récentes des nombreux contributeurs. « Nous avons cherché à rassembler de façon encyclopédique tout ce qui se joue alors en Alsace sur le plan culturel en prenant en compte
les cadres économiques, sociaux, politiques de la production artistique et intellectuelle. » précise Jean-Claude Richez. Au fil des pages, l’imposant volume nous invite à voyager entre courants artistiques, réseaux de sociabilité ou cercles savants sans oublier les lieux qui en sont le creuset. La transformation du paysage urbain par le prisme de la cartographie, le chassécroisé des salles de cinéma dans la ville, l’exceptionnelle modernité de la grande lunette de l’observatoire astronomique ou l’éclosion du surréalisme littéraire strasbourgeois sont autant de thèmes que le lecteur curieux pourra parcourir. Dictionnaire culturel de Strasbourg, 1880-1930, sous la direction de Roland Recht et de Jean-Claude Richez, Presses universitaires de Strasbourg
Laboratoire d’Europe, Strasbourg 1880-1930 —› 25.02.18 Au MAMCS, Musée zoologique, Palais Rohan (Galerie Heitz et Musée des Beaux-arts) et dans toute la ville www.musees.strasbourg.eu
Vue de l’exposition au MAMCS ©Musées de Strasbourg ©Studio Adeline Rispa - Photo : M. Bertola
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Une foire d’art contemporain unanimement reconnue par la presse
CONTACT : Dénia BEN EL HABBES Chef de Projet
Tél : +33 (0)3 88 37 21 19 Mob : + 33 (0)6 73 48 33 52
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Email : dbenelhabbes@strasbourg-events.com
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L’ A N C I E N ET LE MODERNE Propos recueillis par Sylvia Dubost Photos Pascal Bastien
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L’inscription de la Neustadt au patrimoine mondial de l’Unesco cet été a déjà été largement commentée. Mais à l’heure où l’on construit à Strasbourg une nouvelle “ville nouvelle”, qu’estce que cette ancienne “ville nouvelle” a à nous apprendre ? Éléments de réponse avec Didier Laroche, architecte et historien de l’architecture, spécialiste de la transformation des villes et enseignant à l'école d'architecture de Strasbourg.
L
a Neustadt, ville-synthèse « Ce qui est intéressant, c’est que la Neustadt a été organisée à la suite d’une consultation de plusieurs architectes à partir d’un plan défini par le Reichstag allemand. On fait appel à deux architectes : celui de la ville de Strasbourg, Jean Geoffroy Conrath, et l’urbaniste allemand August Orth. Conrath était le gardien du temple, il défendait les intérêts de la ville de Strasbourg, sa cathédrale et sa vieille ville, son passé français. C’était un peu le conservateur. Orth était une sorte de Haussmann allemand et s’intéressait aux théories nouvelles, notamment allemandes et autrichiennes. À cette époque-là, la plupart des grandes villes d’Europe, Paris mais aussi Vienne et Berlin, ont été agrandies à cause de la révolution industrielle. 1850 est vraiment la date où on rentre dans la modernité : on construit la gare, le canal de la Marne au Rhin, c’est l’arrivée des machines à vapeur et bientôt électriques. C’est un basculement complet. Les Allemands vont industrialiser l’Alsace, et faire de Strasbourg la capitale du Reichsland. La Neustadt a fait synthèse entre ces deux points de vue. Paris n’a pas eu de synthèse. Haussmann n’a demandé l’avis de personne, il a refait le nouveau Paris sur l’ancien en détruisant partout où il intervenait. Ce processus a duré assez longtemps car, entre 1870 et 1880, il y a eu beaucoup de discussions et plusieurs plans qui essayaient de trouver l’équilibre. C’était vraiment unique, et je suis très attaché à ça car je pense qu’il est possible de garder la qualité de ce qui existe, pas forcément physiquement d’ailleurs, et d’intégrer des bâtiments contemporains. 49
À l’époque, les extensions des autres villes se faisaient de façon concentrique. À Vienne par exemple, on a construit le Ring autour du centre. À Strasbourg, on fait quelque chose d’original, on fait une nouvelle ville à côté, au nord de la ville ancienne, à l’est et à l’ouest. On a gardé la façade ancienne intacte au sud. La raison, c’était que cela permettait, quand on arrive des autres villes du Reichsland, Colmar par exemple, de voir la vieille ville, et la cathédrale, de loin. Ça a des conséquences gigantesques aujourd’hui, car les fronts de Neudorf n’étaient pas dans le plan d’extension de Strasbourg. Aujourd’hui, on en est bien content. Le génie de ce projet ne réside pas tellement dans le plan, qui ressemble à pas mal de villes de l’époque, mais dans cette articulation avec la ville ancienne. Si vous vous promenez sur les quais du côté du lycée des Pontonniers, vous ne vous rendez pas compte que vous avez deux villes d’époques différentes de part et d’autre. Il y a là une zone de transition qui permet de passer d’un côté à l’autre sans s’en rendre compte. Par exemple, l’extension de l’opéra à l’arrière, la rotonde, a été faite uniquement pour que l’ancien bâtiment soit à l’échelle de la nouvelle ville. C’est une couture précise, comme quand un chirurgien suture les tissus, sans toucher aux points névralgiques. » La Neustadt : des principes d’urbanisme « Dans le plan, on a distingué une organisation de la ville symbolique, expression des pouvoirs politiques, intellectuels, etc. par de grands bâtiments suivant des perspectives comme l’avenue de la Liberté, qui n’étaient pas des axes de circulation, et un système de circulation économique, entre la gare, le port, les usines, les lieux de production qui se trouvaient en ville, par les avenues des Vosges et d’Alsace par exemple. À l’époque, il n’y avait pas beaucoup de voitures, mais elles étaient prévues, et pour 150 ans car cela fonctionne encore. À Paris, on a des
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“ Ce qui compte, ce ne sont pas les lieux mais les principes. ” problèmes aujourd’hui car on a mélangé les deux. Les Allemands donnaient la place de l’Étoile, avec ses circulations mélangées autour d’une porte par laquelle on ne passe pas, comme l’exemple de ce qu’il ne fallait pas faire. Pour eux, les Français n’avaient rien compris à l’urbanisme. Ce qui est intéressant, ce sont toutes ces articulations, la façon d’identifier les problèmes, de les distinguer et de les combiner. Et grosso modo, ça fonctionne encore. L’avenue de la Liberté pourrait être piétonne aujourd’hui, ça ne changerait strictement rien. Paris ne fonctionne plus, Strasbourg fonctionne très bien. »
transformés récemment dans le quartier, la BNU et le Palais de justice, on a gardé l’extérieur et détruit l’intérieur. On a construit un bâtiment contemporain invisible et gardé l’enveloppe ancienne pour dire qu’on n’a touché à rien, alors que c’est faux. On n’aura pas de ville moderne car on ne la verra pas, elle sera cachée. Je ne vois pas comment une nouvelle génération pourra s’y reconnaître… On va garder un morceau de ville qui ne sera plus adapté. À la BNU, ils ont trouvé une solution pour les livres pour 20 ans. Mais que va-t-on faire dans 20 ans ? Il y a un manque de témérité. Les Allemands à l’époque n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère, et ça a été vu comme un crime, un massacre. La témérité, aujourd’hui, on dit que c’est le quartier Danube. On ne joue pas dans la même cour… »
Le classement : une bonne idée ? « Quand j’ai vu le plan de la zone classée, j’ai eu un choc, parce qu’on n’y a mis qu’une partie, et à mon avis c’est une erreur. On a classé juste ce qu’il y avait de plus beau. Les bâtiments de la Neustadt sont tous régis par ces principes d’urbanisme qu’on vient d’exposer. Or, et c’est une incompréhension malheureusement très fréquente en France, ce qui compte ce ne sont pas les lieux mais les principes. Si on considérait la Neustadt comme un principe d’urbanisme, on pourrait y intégrer des bâtiments contemporains dans la mesure où ils s’intègrent aux principes. Désormais, on aura une partie classée où on ne va rien toucher, et une partie non classée où on pourra faire évoluer la ville. C’est de la paresse intellectuelle. À l’époque on voulait moderniser la ville, et maintenant on la met sous cloche : c’est absurde. Dans le cas des deux bâtiments
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Conclusion : a-t-on vraiment compris la Neustadt ? « On a abandonné ces questions aux historiens. Les architectes s’intéressent modérément au patrimoine, on a l’impression que cela ne les concerne pas. En France, quand ils réhabilitent un bâtiment ancien, ils sont souvent en opposition, comme si l’ancien était l’ennemi. C’est presque psychanalytique : il faut tuer le père. Du coup, on protège pour éviter aux architectes d’y toucher. Il faut changer les mentalités là-dessus. On protège mais on ne perçoit pas la dimension exemplaire. L’histoire ne doit pas être mise sous cloche, mais doit nous montrer à quels problèmes les gens ont été confrontés, et comment ils les ont résolu. C’est de cela qu’il faut s’inspirer, pas des
bâtiments. Mon sujet, ma spécialité, c’est la transformation des villes. Strasbourg, depuis l’antiquité, n’a jamais été figée. À toute époque, la ville est en chantier. Ce qui m’intéresse, c’est la capacité d’une ville à se développer. Pour nous, la Neustadt doit être un exemple, il faut continuer à faire aussi bien, retrouver cette synergie entre architectes, urbanistes, politiques, économistes, habitants. Je ne vois pas un endroit à Strasbourg où une opération est conduite avec autant d’intelligence. »
À voir La Neustadt, laboratoire urbain et architectural, 1871-1930, jusqu’au 10 décembre à l’église Saint-Paul Une exposition proposée par la Région Grand Est.
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ACCEPTER DE SE PERDRE Par Marie Bohner Photo Pascal Bastien
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Avec un roman et un recueil de nouvelles parus en 2017, Léo Henry surfe sur une vague ascendante. Les critiques sont bonnes, et l’auteur de science-fiction strasbourgeois ne boude pas son plaisir. Il défend, avec douceur mais sans concessions, un monde littéraire particulier, bâti en collectif, délicatement complexe et sombre. Dans lequel on aime à s’égarer.
L
orsqu’on le retrouve en ce mardi matin au Troc’afé, à une heure décemment matinale, Léo Henry est déjà en conversation. Le café est l’un de ses bureaux d’auteur, il y trouve nombre de collègues. Il est un peu intimidé par l’entretien, plus encore par la photo. « Je suis nul à ça », prévient-il. Pantalon en velours côtelé et pull à grosses mailles dans les tons beige, la discrétion est de mise, et le sourire est doux. Il faut dire que si Léo Henry est publié depuis 2003, ce sont ses derniers écrits qui lui ont valu les meilleures critiques, en particulier La Panse, dernier paru aux éditions Folio SF. Il apprécie : « À partir du moment où j’ai fini un bouquin, je n’ai plus de contrôle dessus. C’est le lot, je crois, de tous les créateurs. Les critiques positives sont stimulantes. Cela crée aussi des conditions matérielles de travail beaucoup plus satisfaisantes. » La science-fiction est le milieu de prédilection de l’auteur, ce qui implique des ailleurs, des possibles imaginaires dans lesquels se perdre. Le vocabulaire y joue un rôle capital, comme chez H.P. Lovecraft dont les textes sont émaillés de mots aussi complexes que choisis. « Le fait que la littérature de genre, et particulièrement la SF, ait un vocabulaire spécifique, repose sur un postulat : présenter des univers non-conformes à la perception immédiate qu’on se fait du réel, sans explication. Si on raconte une histoire qui se passe en l’an 3000, les protagonistes savent à quoi servent les objets qui sont autour d’eux, et il est évident que les objets de l’an 3000 n’ont ni les mêmes fonctions ni les mêmes noms que les objets actuels. C’est l’une des raisons, je pense, pour laquelle plein de gens ne lisent pas de SF.
Il faut passer ce cap : accepter d’être complètement dérouté et de comprendre après. Un bon incipit de SF, c’est une phrase puissamment poétique parce qu’incompréhensible et mystérieuse, comme “J’avais atteint l’âge de 10 000 kilomètres.” » Si cette facture verbale est vraie pour Point du Jour, elle l’est beaucoup moins pour La Panse, qui est, d’une certaine façon, plus sobre – et donc plus grand public. « Je ne fais pas de différence entre ce que je raconte et la façon dont je le raconte. Mais pour La Panse, ça faisait partie de mon cahier des charges : j’allais essayer de faire un bouquin moins incompréhensible que d’habitude. Dans la littérature SF, il est absolument évident de se poser la question du langage tout le temps. Et c’est une question éminemment politique. » Fictions urbaines Dans La Panse comme dans Point du Jour, on navigue d’une galerie souterraine à une autre, dans un dédale infernal qui semble semi-construit, semi-vivant. Une fascination récurrente des sous-sols et des architectures pour Léo Henry : « Les réseaux souterrains pourraient être l’équivalent d’une ruine en surface, sauf qu’ils restent là parce qu’ils ne dérangent personne. On y trouve des traces. Ce qui m’intéresse dans l’architecture, c’est un rapport psychique à l’environnement, des sensations : ce que ça génère dans le cerveau d’être dans un lieu. Dans les souterrains, il se produit quelque chose de spécial, basé sur l’absence de stimulus extérieur : il n’y a plus de lumière, de bruit, de courants d’air ou de changements d’odeurs. Il y a une théorie à ce sujet, entendue dans une émission de Jean-Claude Ameisen [Sur les épaules de Darwin, ndlr] : les insomniaques, pour s’endormir, font des trajets dans leur tête. Il y aurait un lien dans 53
le cerveau entre la constitution géographique et les souvenirs. » La Panse permet d’explorer avec des sens aiguisés l’architecture du quartier de La Défense à Paris. On ne s’y promènera plus jamais comme avant ! À Strasbourg aussi, la ville est source d’inspiration et d’émerveillements, de la Neustadt à l’Hôpital civil. Léo Henry a composé une série d’histoires à découvrir, « entre légendes urbaines et incroyables faits divers », pour l’application Lignes de Ville, autour de la ligne du Tram D. L’homme est aussi scénariste de bande dessinée, et accueille des illustrations au creux de ses écrits, comme dans Point du Jour. Il conçoit le dialogue à venir entre les textes et les dessins comme un territoire vaste et encore peu exploré, un chantier propice à l’éblouissement. On retrouve cette envie de conversation dans sa fréquentation régulière des jeux de rôles, « une façon très maline de raconter des histoires ensemble ». La science-fiction « a repris aux sciences expérimentales cette chose totalement aberrante en art : la prise en compte permanente de ce qui a été fait avant ». Léo Henry trace une route pleine de ceux qui l’ont précédé, qu’il explore avec un petit groupe de pairs proches et lointains, dans des territoires dont il ne sait rien encore. Invitation à l’aventure.
Léo Henry, La Panse, éditions Folio SF www.gallimard.fr
Z UT Culture Théâtre
À CORPS O U V E R T Propos recueillis par Sylvia Dubost Photo Christophe Urbain
Sur scène, Audrey Bonnet installe une présence d’une intensité rare. Hors plateau, elle est la douceur même. Artiste associée au TNS, la comédienne évoque pour nous son parcours et la vision qu’elle défend de son métier : accueillir le monde.
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Comment êtes-vous entrée au théâtre ? Sûrement par les livres… et puis par le rapport à l’oralité : énoncer à haute voix m’a toujours procuré une émotion. Quand je voyais quelqu’un le faire ou quand je prenais la parole, je ressentais un étourdissement. J’ai pris ce chemin après le bac, en m’inscrivant à un cours de théâtre [au cours Florent, ndlr]. J’y pensais comme la seule chose à faire. C’était une passion, pas un loisir. Quand j’ai dit que c’était ce que je voulais faire, forcément, mes parents étaient inquiets. Mais en même temps c’est venu d’eux : mon père était artiste à tous les étages, dès qu’il en avait l’occasion, il écrivait, faisait des impromptus. Ma mère avait une grande sensibilité dans son rapport au monde. Quels sont vos premiers souvenirs de spectatrice ? Quand j’allais à la bibliothèque Elsa Triolet à Bobigny, les lectures d’œuvres me mettaient dans un état… J’avais le feu au visage. En cours, pendant les répétitions, voir le travail en train de se faire me procurait des émotions plus fortes que dans la salle. Mais comme ça peut m’arriver dans la vie aussi. Avez-vous réussi à garder cela pour nourrir votre travail ? Oui. Les émotions que les êtres contiennent, c’est ce qui les constitue. Ça grandit, ça se transforme, mais je ne crois pas que ça s’en aille. Après le Cours Florent, vous avez intégré le Conservatoire. Quels souvenirs en gardez-vous ? C’était un peu comme un rêve. Tout était joyeux, les cours d’escrime, de chant, d’interprétation. On arrivait avant le gardien, on se cachait pour se faire enfermer et continuer à répéter. On était une équipe incroyable. C’était un rêve qui m’ancrait encore plus dans ce rapport au monde et aux autres… Y a-t-il des gens qui vous inspirent ? Oui, j’ai mes muses d’acteurs. Depardieu [Audrey Bonnet a tourné avec lui dans The End de Guillaume Nicloux, ndlr]. Se retrouver à côté de lui pour jouer, c’était… C’est comme s’il n’avait plus de peau,
et cela fait tomber la vôtre. Il est d’une générosité bouleversante. Il va tellement plus loin que toutes les définitions, tous les adjectifs. Il est dans l’aventure de la vie, dans ce qu’elle a de plus beau et de plus violent. Avec lui, on vit et on partage un instant, on tend vers la chose écrite à déployer. Et fait c’est un metteur en scène. Les acteurs sont-ils des êtres comme les autres ? Il faut se mettre à nu tout le temps… Oui, sinon ça rend triste… Mais il n’y a pas que dans ce métier qu’on se met à nu. Et ce n’est pas forcément quelque chose qu’on contrôle, mais quand ça a lieu, c’est assez bouleversant. Ça m’arrive souvent d’attraper quelque chose, à la radio par exemple. Être comédien ce n’est pas une chose différente, c’est le dispositif qui est différent. C’est l’espace de l’œuvre qui permet de s’ouvrir. Mais c’est un rapport à la vie, ça devrait être partout comme ça. Si tout le monde se mettait à nu, tout serait plus accessible et moins encombré. Une autre rencontre importante dans votre parcours, c’est Pascal Rambert [auteur et metteur en scène]. C’est mon RDV, qui ne me quittera jamais. Travailler avec quelqu’un qui écrit pour les acteurs, pour le corps des acteurs, pour ce qu’il perçoit, c’est un rêve éveillé. C’est un être qui fait se déplier, se déployer. Qui fait respirer, qui dit : « Sois ! Il n’y aura pas mieux que ce que tu es. » Il dit que si l’on ouvrait le corps de l’acteur, on verrait les couches successives, les strates. Comme un arbre, comme une souche, on pourrait lire dedans. La confiance qu’il donne permet de partir à la quête de soi et de laisser jaillir. S’il n’y a pas la confiance, on ne peut pas se laisser agir, ce métier est trop violent. Il parle d’une chose profondément intime, très au cœur et au creux, qui fait que c’est universel. C’est un absolu, et j’ai retrouvé ça avec Romeo Castellucci [Audrey Bonnet a joué dans sa mise en scène de Jeanne au bûcher, oratorio de Arthur Honegger sur le texte de Paul Claudel]. Rambert agite la mémoire humaine et la mémoire de chacun par les mots, par l’énonciation ; Romeo par ce qu’on peut voir, ou croire voir, ou sentir du temps. 55
Qu’est-ce qui vous séduit dans un projet ? Qu’est-ce qui vous fait accepter ? Les premières sensations d’une chose en entier. Les risques à prendre, ce que je pourrais entrevoir d’inconnu : l’auteur, la rencontre d’un acteur. C’est instinctif, mais il faut que ce soit fulgurant, implacable, que ça me mette KO. Si j’en ai la tête qui tourne et le cœur qui s’emballe, c’est bon ! Mais c’est quand même rare, alors entre les coups de foudre, comment on choisit ? Est-ce qu’on s’en raconte un ? Parfois je me raccroche à l’auteur, au metteur en scène, à l’équipe. Mais si la rencontre avec la personne qui va porter le projet n’est pas absolue d’emblée, je n’y vais pas. Je ne veux pas d’une chose petite, ratatinée, il faut quelque chose de grand : ça protège. Qu’est-ce qu’une bonne comédienne ou un bon comédien ? Une fois, à l’école Florent, on m’avait demandé de participer au jury pour la classe libre. Ça m’a posé un gros problème. Je me mettais à la place de chaque élève, c’était cauchemardesque. Il s’agissait juste de mettre oui ou non pour un 2e tour. Je ne savais pas sur quoi me baser. Il y avait toujours quelque chose qui me touchait, ça pouvait être dans un interstice, entre deux scènes. Je n’avais que des oui, alors je me suis retirée. Je ne sais pas de quoi il s’agit. Être acteur c’est prendre des risques, c’est se planter comme toucher au sublime. J’ai la sensation que tout le monde pourrait être acteur.
Audrey Bonnet au TNS Le Pays lointain de Jean-Luc Lagarce, mise en scène Clément Hervieu-Léger, jusqu’au 13 octobre Actrice, texte et mise en scène Pascal Rambert, du 24 janvier au 4 février www.tns.fr
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REDOUTABLES
LOUIS GARREL STACY MARTIN Par Antoine Ponza et Emmanuel Abela | Photo Henri Vogt
Ils sont installés au fond d’un canapé sur la terrasse du café, face à une table jonchée d’épluchures et de vaisselle, tels les musiciens d’un rock band exténués après un concert. Ou alors, look bohèmetravaillé arboré par Louis Garrel et tenue branchée-sobre de Stacy Martin, tels des Parisiens en goguette visitant la province, en amateurs de la Nouvelle Vague, pas loin des Vosges de Jules et Jim. La jeune femme en parle brièvement, puisqu’elle a revu les films de Truffaut afin de se familiariser avec une langue devenue désuète. Cependant les deux cherchent moins François Truffaut que Jean-Luc Godard. Et pour cause, puisque Le Redoutable narre quelques épisodes soixante-huitards de la vie du cinéaste à lunettes. Au fait, qu’a pu penser Godard de ce projet, lui si prompt à monter au créneau ? Louis Garrel croit grosso modo qu’il s’en fout. Et qu’au pire, « ça le fait doucement rigoler ». Si le film s’inspire du témoignage Un an après d’Anne Wiazemsky, épouse de Godard à cette période, on peut aussi, sans trop d’imagination, le considérer comme un sequel au diptyque OSS 117. Le célèbre espion prendrait ici les traits du réalisateur suisse, on le retrouverait en train de
manifester avec les étudiants en Mai 68, puis il se rendrait en agent double au festival de Cannes afin de le faire annuler avec la complicité de ses comparses réalisateurs et acteurs contestataires. Entre chutes à répétition – Godard avait pris pour habitude de casser ses lunettes –, insultes et prises de positions indéfendables, cela ne se situe pas loin du véritable Jean-Luc, un homme « plein de facétie » selon son interprète qui nous rappelle l’avoir toujours « aimé ». Question de filiation sans doute, puisque Godard trouva prometteur le travail du père Garrel, Philippe, un de ses jeunes admirateurs. La distanciation heureusement est revendiquée. Stacy Martin interprète le personnage d’Anne sans chercher à lui ressembler. Sa manière à elle de montrer comment elle « s’émancipe ». Le seul mimétisme qu’elle assume c’est le fait de jouer « comme une femme chez Godard ». Louis Garrel, lui, « fait semblant d’être Jean-Luc Godard ». Normal, il n’a pas envie de finir « détesté des gens qui l’adorent » en faisant vraiment bande à part comme le célèbre Suisse. D’ailleurs, Louis veut avoir l’air gentil, et lancera des blagues sous son chapeau pendant la séance photo. 56
Soucieux, il nous demande même si nous avons ri ; Stacy, elle, se dit fatiguée, un brin de lassitude sans doute. Tous deux relatent leur franche complicité, frappante à l’écran. Cette complicité est née, selon eux, de cette nécessité de créer pour les personnages une « certaine harmonie ». Il en résulte au début du film quelques très belles scènes d’intimité d’un couple amoureux. Cependant, selon Louis Garrel, « c’est l’histoire douloureuse d’une femme qui finit par ne plus aimer un homme ». Inutile de chercher bien loin un modèle, on se retrouve dans Le Mépris. Avec plus ou moins de bonheur, Michel Hazanivicius, dans sa relecture de l’histoire du cinéma, a-t-il cherché à recréer ce qui faisait le fondement des films de Godard : un drame plastique. Entreprise noble, mais qui malgré l’enthousiasme communicatif de Louis Garrel et Stacy Martin, a fini par se perdre en cours de route. Propos recueillis le 30 août au café de l’Hôtel Régent Petite France, dans le cadre de la projection de Le Redoutable au Star Saint-Exupéry
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LES AILES DE L’INSPIRATION
ALBERT DUPONTEL Par Antoine Ponza | Photo Henri Vogt
C’est ma première interview d’un homme de cinéma. Sans connaître parfaitement celui d’Albert Dupontel, je me souvenais de son rôle du cancer dans Le Bruit des glaçons, du grinçant Bertrand Blier. On dit souvent que les personnes très drôles sont en fait des gens assez tristes. Lui, le regard lointain, donne une impression de timidité presque froide. Il parle très vite, un discours rodé, sans palabres. Il sait, surtout, ce qu’il a voulu dire à travers son film historique Au revoir là-haut. Il marque son respect à l’égard de Pierre Lemaître, dont l’ouvrage du même titre, prix Goncourt en 2013, a lancé son inspiration. Énigmatique, le titre nous évoque la mort. On dit au revoir à son copain sur le
champ de bataille, en espérant le croiser au paradis. Cela sonne aussi comme une imprécation à l’égard de ceux qui se placent au faîte de l’échelle sociale et qui font souffrir le peuple à leurs pieds. « J’ai lu le livre comme un pamphlet contre le monde actuel », résume Dupontel. Il y voit un peu de Dumas, de Céline, duquel, grâce une esthétique de bande dessinée et un humour noir, il transmet un pan de Voyage au bout de la nuit. En cherchant à ne pas « pervertir la réalité » à la manière de « maître Kubrick » mais à s’en approcher le plus possible, au moyen de références des années 1920-30. Dont un film muet « extraordinaire » montrant les combats aériens, Wings. Magie du cinéma, c’est 58
pourtant à l’aide de « gros mensonges », une recolorisation et l’ajout d’un grain d’image vintage, que Dupontel parvient à « filmer une époque ». Et à restituer une vérité. Propos recueillis le 28 août au café de l’Hôtel Cour du corbeau, dans le cadre de la projection presse d’Au revoir là-haut au Star Saint-Exupéry Sortie le 25 octobre
03 88 24 88 24 | www.tns.fr | #tns1718
Nathan !? D’après les textes de Gotthold Ephraim Lessing et Elfriede Jelinek Mise en scène et adaptation Nicolas Stemann
8 | 17 nov 2017
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HUMAIN TOUT SIMPLEMENT
FINNEGAN OLDFIELD Par Antoine Ponza | Photo Christophe Urbain
Installé au bord de l’Ill avec l’équipe de Marvin, dont il tient le rôle-titre, on distingue Finnegan à ses cheveux auburn. Il nous rejoint prestement. La poignée de main franche et son tutoiement immédiat, sans fausse connivence, font presque oublier l’exercice de l’interview. La même authentique gentillesse paraît dans les quelques mots échangés avec la serveuse, qui lui apporte un demi. En tête-à-tête sous un ciel un peu lourd, du jazz parvient à nos oreilles malgré le bruissement de la terrasse ; on se croirait avec un copain. Nous lui tendons le numéro estival de Zut qu’il feuillette : « Merci, j’aurai de quoi lire dans le train ! » Puis, coudes sur les cuisses, tête dans
les mains, il attend, concentré, notre première question. Vingt-six ans, 16 longs métrages à son actif, Finnegan Oldfield a tourné avec Anne Fontaine cette libre adaptation du succès En finir avec Eddy Bellegueule. Si la plume sociologique d’Edouard Louis crie une dénonciation qui souleva certaines critiques, l’approche de l’acteur se veut plus tempérée. « C’était une belle histoire à raconter, la façon dont on peut guérir de la violence. Pas que pour la cause gay, aussi pour ces familles perdues, renfermées sur elles-mêmes. Comment arriver à faire l’équilibre ? » Des questions, il en a autant que nous. « J’aime beaucoup les scènes où Marvin revient dans sa famille. De chaque 60
côté, est-ce qu’on peut pardonner ? » Tant défendant qu’interrogeant son film, au cinéma comme à la ville, Finnegan nous laisse un souvenir touchant d’humanité. Propos recueillis le 1er septembre au café de l’Hôtel Régent, dans le cadre de la projection presse de Marvin à l’UGC Ciné-Cité Sortie le 22 novembre
THÉÂTRE ACTUEL ET PUBLIC DE STRASBOURG
TAPS ↓
03 88 34 10 36 TAPS.STRASBOURG.EU
TAPS SCALA
NOVEMBRE 2017
JEU 23 + SAM 25 19H
Rêve d’automne De Jon Fosse
Mise en scène Olivier Chapelet
23 septembre 2017 25 février 2018
Conception — Bentz + Brokism
MAR 21 + MER 22 + VEN 24 20H30
Laboratoire d’Europe Strasbourg 1880-1930
ARRESTED DEVELOPMENT + ALLTTA
Sophie Taeuber-Arp, Composition abstraite désaxée, vers 1926-1927 Vitrail. Strasbourg, MAMCS. Graphisme : Rebeka Aginako
Cette exposition-événement dévoile comment de nouveaux savoirs et formes artistiques inédites sont nés des rencontres et croisements entre cultures allemande, française et plus largement européenne, en un temps où Strasbourg fût un véritable laboratoire interculturel.
programme d'automne
SEPT. > DÉC. 2017 + CHARLES PASI + HARLEIGHBLU + GAUVAIN SERS + GUIZMO + HAÏDOUTI ORKESTAR + JUPITER & OKWESS + KOKOKO! + THOMAS SCHOEFFLER JR. + WILLIAM Z. VILLAIN + BROR GUNNAR JANSSON + CARMEN MARIA VEGA + TIMBO MEHRSTEIN GYPSY JAZZ ENSEMBLE + DJANGO SOUL TRAIN + CINÉMA
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Z UT Culture Instant Flash
LE DERNIER ROMANTIQUE
SIMON LIBERATI Par Emmanuel Abela | Photo Benoît Linder
Une semaine auparavant, nous l’avions croisé furtivement au Livre sur la Place. Dès la première allusion à la lecture des Rameaux noirs, son dernier ouvrage, Simon Liberati avait levé la tête, avant de la baisser à nouveau : « C’est un livre auquel j’attache la plus grande importance », nous avait-il confié de manière assez laconique pour qu’on ressente la mélancolie qu’il attachait à ce projet. Comme d’autres, à la lecture des premiers chapitres, nous avions jugé avec sévérité l’approche très dandy de celui qui affirmait avoir tout lu, mais aussi tout vécu, avant de nous attacher à ce qui constitue incontestablement une pure merveille. Lui même reçoit le compliment avec une grande modestie, dans le contexte d’une interview
très intime, à la sortie de l’Aubette. Il admet volontiers que l’ouvrage contient sa part de fausses pistes. Y compris celle qui sert de point de départ, ce père, André Liberati, poète, ami de Breton et d’Aragon, auquel il voulait rendre « hommage pour le remettre en lumière ». Parce qu’au final, il y est bien sûr question de ce père de 90 ans qui se « porte bien » depuis son accident délirant à l’hôpital – point de départ du livre –, de la crainte de le voir disparaître, mais au-delà de ça il est surtout question d’inspiration et de création comme source de vie. « Au milieu du livre, j’ai cherché à définir exactement l’effet de l’inspiration dans la poésie, et comment elle se ressent dans la matière du texte, nous explique-t-il de manière posée et réfléchie, avec un semblant 62
de gravité. J’ai retrouvé cette idée d’influx extérieur tel que le décrit Platon, mais aussi cette part de mystère qui se prolonge. De là, vous recevez une émotion qui n’arrive pas vraiment à se définir. » Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette émotion traverse son livre, tout comme elle nous traverse. De part en part, et de manière constante. Propos recueillis le 17 septembre à l’Aedaen Place, à l’occasion des Bibliothèques Idéales À lire : Les Rameaux noirs, Stock Entretien intégral à paraître en novembre dans le n°47 du magazine Novo (www.novomag.fr)
Z UT Culture Instant Flash
L’ÉQUILIBRISTE
VINCENT DEDIENNE Par Caroline Lévy | Photo Henri Vogt
Vincent Dedienne est en train de finir son déjeuner dominical dans un restaurant branché strasbourgeois. Notre rencontre est improvisée ou presque. Étonnamment, aucune presse n’est prévue pour la venue furtive de l’humoriste, auteur et comédien qui accompagne pendant plus d’une heure la chanteuse strasbourgeoise Léopoldine HH dans un poignant hommage rendu à Barbara sur la scène de l’Opéra du Rhin. Des retrouvailles artistiques à l’invitation de sa camarade de promo d’il y a dix ans, à l’école supérieure d’Art dramatique de Saint-Étienne, La Comédie. Une évidence, car la Dame en noir berce sa vie : « J’ai passé beaucoup de temps à n’écouter que Barbara. Elle prenait toute la place sur mon lecteur MP3 !
Le fait de la connaître si bien m’autorise, je crois, à chanter ses chansons. Je n’aurais pas accepté pour un autre artiste. » Une prise de risque dans un registre inattendu ? « Prendre des risques est la moindre des politesses ! Quand j’aime un artiste, je suis heureux qu’il fasse autre chose que ce à quoi je m’attends. Je veux qu’il compte sur ma gourmandise, mon ouverture d’esprit. Et finalement le plus grand des risques, c’est de s’ennuyer. La nécrose assurée ! » Récompensé cette année par un Molière de l’Humour, Vincent Dedienne se sait drôle, mais ne se force pas. Ne cherche pas le rire de son interlocuteur, mais le provoque instinctivement. « L’humour est la beauté du pauvre, si tu regardes bien dans les restos, on se retourne quand quelqu’un est très beau ou qu’il a 64
l’air drôle. C’est l’ersatz de la beauté. J’ai vraiment senti que c’était ma beauté par défaut ! » Un humour avec lequel il entretient une relation toute particulière, faisant écho à celle de son « idole » Barbara avec sa voix si singulière. « Ma relation conjugale, je l’entretiens avec l’humour. J’ai un rapport ambigu avec lui, des fois on est fâché. Je n’ai plus envie qu’on dise que je suis rigolo, puis l’inverse. De la même manière qu’on a peur de perdre sa voix. Moi, j’ai peur de me réveiller et d’être sinistre. » Propos recueillis le 10 septembre à l’Aedaen Place, à l’occasion du spectacle de Léopoldine HH Rappelle-moi Barbara… aux Bibliothèques Idéales
Fantômes de la renommée d’Antoine Couder, préface de Rodolphe Burger 18 €
Notre héritage n’est précédé d’aucun testament de Véronique Arnold, préface de Carole Widmaier
Sublime
12 €
Go d’Alice Durel
Ailleurs
13€
09/17
(ghosts of fame)
du 10 au 24 novembre 2017 FESTIVAL JAZZDoR 32E édition, Strasbourg
Quinze journées forcément intenses, avec des compagnons de route et pas mal de nouveaux venus ! Des trompettes chatoyantes et des saxophones qui déchirent, des chants venus du Nord et des batteries suisses ou chicagoanes, un grand orchestre européen, un quatuor de saxophones, des cinéconcerts et des concerts gratuits ! Mais aussi quinze années d’affiches exposées dans un dispositif singulier, parmi trente événements dont il ne vous reste plus qu’à vous emparer !
AVEC RALPH ToWNER, PAoLo FRESU, DAVE DoUGLAS, CARLA BLEY, STEVE SWALLoW, FRED HERSCH, JEAN-PAUL CELEA, ÉMILE PARISIEN, DAVE LIEBMAN, LoUIS SCLAVIS, RoBERTo NEGRo, DANIEL ERDMANN, THÉo CECCALDI, CYRIL ATEF, EDWARD PERRAUD, JULIAN SARToRIUS, CoLIN VALLoN, AIRELLE BESSoN EURoRADIo JAZZ oRCHESTRA 2017, DIETER ILG, QUATUoR IXI, EVE RISSER, SIDSEL ENDRESEN, STIAN WESTERHUS, CAMEL ZEKRI, TAYLoR Ho BYNUM, BENoIT DELBECQ, METTE RASMUSSEN, CHRIS CoRSANo, MATS GUSTAFSSoN, PAAL NILSSEN-LoVE, QUATUoR MACHAUT, JoACHIM KÜHN, DANIEL HUMAIR, JAMES BRANDoN LEWIS, CHAD TAYLoR, ARK4, SAMUEL BLASER, CLAUDIA SoLAL, BENJAMIN MoUSSAY, KAJA DRAKSLER, SUSANA SANToS SILVA, DEJAN TERZIC, CoLLECTIF oH ! … Programme complet et billetterie en ligne : www.jazzdor.com !
Z UT Culture Made in Strasbourg
PANIER 8 CULTURE
Du cul, des femmes, de l’alcool, du rock… et un peu d’enfance. Ne cherchez pas, il n’y a pas d’intrus, c’est bien la nouvelle fournée d’un panier culture automnal qui n’a pas peur des grands écarts.
Photo Hugues François
2016, même
L’art et l’enfance. Tomi Ungerer,
Go
Collectif Ponte Vecchio Éditions
1935-1953
Alice Durel Médiapop Éditions
Ne cachez jamais ce sexe que vous aimeriez voir. Ici, la sexualité, la sensualité, la crudité se découvrent sous l’objectif du photographe Jean-Louis Hess, tout en contrastes et en netteté, et sont explorées, saison par saison, par les mots rythmés et rimés de quatre auteurs (Léo Barthe, Gilbert Lascault, Germain Roesz, Alexandre Zahnbrecher). Petites poésies, grands moments charnels, imaginaires débridés et sexes turgescents s’y croisent. Si on aurait aimé y lire quelques propos féminins, ce petit livre nous rappelle l’importance des échanges de fluides. (C.B.)
Éditions des Musées de Strasbourg On soupçonne combien l’enfance a été déterminante dans les choix esthétiques d’une figure comme Tomi Ungerer. Et ce d’autant plus que cette enfance est traversée par le drame de la guerre. L’actuelle exposition au Musée Tomi Ungerer nous a permis de découvrir un corpus conséquent de dessins précieusement conservés par la mère de l’artiste : carnets, cahier d’écolier, feuilles volantes. Très tôt, il manifeste un goût très prononcé pour la satire et le détournement ; il n’en est pas moins émouvant quand il tente de restituer la réalité environnante. L’ouvrage restitue avec bonheur les dessins d’époque, il s’augmente d’un essai de l’historienne Valeska Hageney et d’une précieuse contribution de Thérèse Willer, conservatrice du musée. (E.A.) www.musees.strasbourg.eu 66
Évidemment, nous parlons du nouveau livre de Médiapop parce que nous partageons avec cette maison l’édition du magazine Novo – et bien plus encore. Mais il faut avouer que ce dernier ouvrage sort du flux passionnant de sorties offertes par Médiapop Éditions : il est écrit par une femme, tourne autour de la culture pop, et son phrasé, sec et tranchant, mêle gimmicks “djeun’s” et réflexions profondes sur le féminisme. Alice Durel, en analysant des phénomènes ultra-actuels, mis en regard de moments de vie personnels, parle en définitive d’elle-même, de sa propre quête identitaire, donc forcément de nous. Rafraîchissant. (C.B.) www.mediapop-editions.fr
Rage with no name
Schnaps ! #1
Les dictées de Papy Guy
1984 Deaf Rock Records
Les bouilleurs de prose
Guy Schelté, Delphine Harrer, Tristan Lepagney, Gilles Évrard Agence Candide / Deaf Rock Records
Serait-ce s’attirer quelques foudres que d’affirmer que 1984 sont nos chouchous du label Deaf Rock ? Après plusieurs années d’absence, Étienne Nicolini et son band sont enfin de retour. Leur rock, comme à son habitude, sent la fumée et les murs gris de Sheffield – d’où sont originaires les Arctic Monkeys, auxquels on ne peut s’empêcher de se référer à l’écoute de cet album. Il est plein de contrastes : sécheresse des guitares et voix qui n’en fait jamais trop, énervement et subtilités, sons foutraques et harmoniques maîtrisées. Un bel équilibre qui témoigne du perfectionnisme du groupe. Chapeau. (C.B.)
Il a fallu quelques pages – sans même jeter un œil sur les remerciements finaux – pour comprendre que l’aventure de la revue littéraire strasbourgeoise Schnaps ! s’est scellée autour de verres de jaja ou de digeo’ et d’une passion sans bornes pour la littérature américaine façon clodo céleste et chien stupide. Cinq plumes, cinq textes bien pompettes, qui divaguent et claquent autour de personnages cinglés, paumés ou solitaires. (C.B.) www.revueschnaps.com
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L’ambitieux projet est avant tout une histoire de famille : Guy Schelté a passé sa vie entouré d’enfants. De ses nombreux voyages reste un goût pour le partage et la transmission des savoirs. Il développe alors une nouvelle méthodologie pour permettre aux enfants de découvrir la richesse de la langue française à travers de courts poèmes sur les animaux qui les invitent à la curiosité. Le résultat a été enrobé de musiques et de très belles illustrations. Le tout pour découvrir la dictée autrement : réjouissante et ludique. (A.Z.) www.agencecandide.com
Z UT Culture News
NEUE VAGUE Par Sylvia Dubost Photo Klara Beck / OnR
Bruno Bouché Nouveau directeur du Ballet de l’Opéra national du Rhin depuis septembre 2017 D’où venez-vous, où allez-vous ? D’un milieu simple et d’une histoire compliquée, et j’aimerais aller vers la simplicité. Que vouliez-vous être quand vous étiez petit et pourquoi avez-vous renoncé ? Je n’ai pas renoncé : je voulais être danseur. Je l’ai exprimé au CP, et en maternelle je dansais déjà tout le temps. Avez-vous un credo professionnel ? Agir pour le meilleur, s’attendre au pire, accepter ce qui arrive.
À quoi dites-vous toujours oui ? L’amour.
Si vous pouviez être quelqu’un d’autre pendant une journée, qui seriezvous et que feriez-vous ? Un arbre. Il y a une vie intérieure dingue dans un arbre. Il n’a pas de cœur, pourtant la sève monte jusque dans les plus petites branches et feuilles. Et sans moi, il n'y aurait pas d’oxygène. Bon, c’est peut-être un peu prétentieux !
À quoi dites-vous toujours non ? À la haine de la différence. Quel est pour vous le plus beau des compliments ? Ce serait plutôt un compliment que j’adresserais à quelqu’un : d’être vivant. Une personne pleine de vie, c’est ce qu’il y a de plus beau.
Comment vous détendezvous ? En regardant les arbres et à travers le yoga.
Si vous deviez changer de ville et/ou de pays, où habiteriez-vous ? Dans la Drôme parce que j’aime particulièrement cette région, c’est un mélange de tout, un peu de montagne et un peu de Provence. À Buenos Aires pour son énergie.
Quels livres se retrouvent régulièrement sur votre table de chevet ? J’ai lu tout de Jérôme Ferrari, j’aime Camus et Char. J’ai un rapport étroit aux mots, pour un danseur c’est peut-être un peu particulier… En ce 68
moment, je lis De l’amour et de la solitude de Krishnamurti, un livre méditatif et philosophique. Le disque qui tourne en boucle en ce moment Je me réveille avec Brigitte et j’écoute beaucoup La Superbe de Benjamin Biolay. L’œuvre d’art qui ne cesse de vous fasciner La Lutte de Jacob avec l’ange de Delacroix à l’église SaintSulpice à Paris. J’en ai fait une pièce, et elle continue de me questionner.
Z UT Culture News
NEUE VAGUE Par Sylvia Dubost
Coop / Manufacture des tabacs Les deux projets-phares de la ville en terme de politique culturelle sont lancés : petit résumé.
— Coop
20 500 m2 d’équipement public sur les 90 000 m2 du projet total (avec logements, bureaux, locaux artisanaux, etc.). Architecte : Alexandre Chemetoff. Quoi ? Espaces à vocation culturelle, économique et citoyenne. Qui ? Relocalisation du pôle Rotonde et de la Semencerie, KaléidosCoop, pôle de conservation des Musées de Strasbourg, maker-space AV Lab, ateliers d’artistes. Quand ? Travaux en cours, livraison à partir de fin 2019.
— Manufacture des tabacs
21 500m2 + 6 800 m2 d’espaces extérieurs Quoi ? « Un éco-système innovant et créatif, centré sur la jeunesse, les arts, les sciences et l’expérimentation, ouvert sur le quartier et la ville » (dixit le dossier de presse) Qui ? Une partie de la Haute École des Arts du Rhin, le pôle géosciences eau environnement ingénierie de l’Unistra, un incubateur de start-ups, un hostel, un espace pour les habitants du quartier, magasin de producteur, épicerie et restauration bio… Quand ? Démarrage des travaux en 2018, livraison par tranches à partir de 2020. Point commun : des lieux hybrides mêlant espaces de loisirs voire de consommation, de travail et de création artistique. Question : quelle place réelle pour la culture, au-delà de l’animation ? Visuel 1 : Projet d’Alexandre Chemetoff pour la Coop Visuel 2 : Projet de Vurpas Architectes pour le pôle G2EI à La Manufacture des tabacs
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manière du Staff, imposer
incontournables Florent
un son original. Si bien
de la Tullaye et Renaud
qu’aujourd’hui ce sont
Barret, dénicheurs en
les plus grands, Damon
leur temps du Staff Benda
Albarn, Warren Ellis des
Bilili, qui ont révélé
Bad Seeds ou Robert del
Okwess, le groupe fondé à
Naja alias 3D de Massive
Kinshasa par Jean-Pierre
Attack qui viennent puiser
Bokondji alias Jupiter.
à la musique fortement
En moins de deux albums,
rythmée de ces grands
cet artiste qui a grandi
frères experts. (E.A.)
en Allemagne mais de retour au pays a su, à la
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FOULE SENTIMENTALE Ceux qui ont vu les nombreux spectacles qu’elle a présentés à Strasbourg le savent : Gisèle Vienne s’intéresse depuis longtemps aux représentations de la violence. Mais aussi, sujet connexe, aux rituels, à leurs propriétés exutoires et aux espaces qu’on ménage dans nos sociétés contemporaines pour les rendre possibles. Laisser s’exprimer la violence, et de manière générale les sentiments exacerbés, tout en l’encadrant : c’est le paradoxe qui sous-tend Crowd, créé à Strasbourg où la metteur en scène, chorégraphe et scénographe a désormais installé sa compagnie. Avec ce spectacle qui suit un groupe de
jeunes gens se déchaînant sur des beats électro et un terrain vague, Gisèle Vienne poursuit son travail sur les corps artificiels et sur les mouvements « retouchés », nourri aussi bien par le cinéma que par la marionnette. On retrouve ses images dérangeantes, d’une qualité esthétique indéniable, avec, cette fois, non pas des destins individuels mais un collectif mû par l’exaltation et la force de la musique. (S.D.) DANSE / MUSIQUE Crowd 08.11 --> 10.11.17 Maillon www.maillon.eu
Hippolyte voit rouge « Tu parles de vivre libre ? (…) Alors il faut fuir les murs des villes et les murs des maisons. Aller vivre dans les forêts. » La compagnie du Talon Rouge, après une incursion dans le théâtre banquet (Les pieds dans le plat), revisite le mythe d’un personnage discourant au Banquet : Phèdre. L’autrice, Magali Mougel, ne s’inspire pas de Platon cependant, mais de la version de Sénèque traduite par Florence Dupont. Pour s’intéresser à l’antagoniste de l’histoire, qu’elle juge délaissé, Hippolyte. Alors qu’il fuit les avances de sa belle-mère, son exil le conduira à interroger son identité. Mise en scène par Catherine Javayolès, cette quête tout public est appuyée par un univers plastique et sonore. (A.P.) THÉÂTRE
Photo : Estelle Hanania
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Pour devenir mat(h) ador SCIENCES Espace Log'Hic Le Vaisseau www.levaisseau.com
Après la mise en place du Lab’Oh
têtes, puis, accessible dès l’âge de
l’an passé, plutôt dédié à la
trois ans, une dernière étape plutôt
création, le Vaisseau prend les
sensorielle.
mathématiques par les cornes.
Au-delà des maths, Log’Hic
Notre palais de la découverte,
vise aussi l’éveil de l’autonomie
comptant de multiples ateliers
intellectuelle et de la pensée
ludiques, renouvelle au mois
critique. Afin d’étriller toute
d’octobre l’espace Log’Hic.
réticence face aux polygones et
L’objectif ? Permettre aux enfants de
polynômes : tous dans l’arène ! (A.P.)
s’initier aux formes géométriques et concepts mathématiques, dans un cadre inédit. L’accent, tel que le nom l’indique, sera mis sur l’épanouissement de la logique. Le parcours évolutif débute par le rapport au corps et à l’espace, viennent ensuite puzzles et casse-
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DISCORDE RAIDE
Pièce créée l’an passé
n’est pas un gage de liberté.
les tuons parce qu’ils n’en
à Lausanne, Nathan !?,
[…] La pire superstition est
sont plus. […] Nous les
telle que l’annonce sa
de tenir la sienne pour la
hommes, nous triomphons
ponctuation réflexive,
plus supportable », nous
de toi en vertu, toi, grand
THÉÂTRE
interroge un conflit
apprend un templier
Dieu, quand tu es un autre
multimillénaire. Et
pacifique dans la pièce
Dieu. » Utopie tolérante
complètement d’actualité,
Nathan le Sage de Gotthold
des Lumières d’un côté,
puisque son metteur en
Ephraim Lessing. Après
désespoir contemporain
scène, l’Allemand Nicolas
l’attentat à Charlie Hebdo,
de l’autre ; lequel mènera à
Stemann, y aborde les
Elfriede Jelinek scande
la paix ? (A.P.)
violents paradoxes de la
dans Rage, à la place
religion, en confrontant
d’un terroriste : « Tant
les textes de deux auteurs
que nous vivrons, nous ne
radicalement opposés.
tuerons jamais d’enfants.
« Se gausser de ses chaînes
Mais ces enfants-là, nous
Nathan !? 8.11 → 17.11.17 TNS www.tns.fr
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La folle journée De tous les projets un peu fous ou décalés qui ont émergé des résidences d’artistes à Pole-Sud, la clôture de celle de la compagnie Kubilaï Khan Investigations est en bonne place dans le peloton de tête. En 2001 et pendant 24h, le chorégraphe Franck Micheletti et ses complices avaient invité artistes et autres agitateurs strasbourgeois à investir tous les espaces du théâtre pour un parcours de performances généreux et jouissif. À l’occasion des 20 ans de la compagnie, le photographe Laurent ThurinNal, fidèle compagnon de route, présente les images qu’il a réalisées lors de cette folle et belle journée, sans conteste l’un des moments les plus mémorables de la vie du théâtre. (S.D.)
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pulsations », comme le formule avec intelligence son directeur Philippe Ochem, pour la nouvelle édition, l’équilibre est trouvé entre les grandes figures du jazz – parmi lesquelles l’immense Carla Bley –, et tous ces jeunes gens qui poussent derrière avec l’enthousiasme de ceux qui alimentent et renouvellent le genre. (E.A.)
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Symbolique En joaillerie comme ailleurs, les nobles intentions donnent toujours aux objets une aura particulière. C’est le cas de Jeton Sacré, le nouveau fétiche de la joaillerie Éric Humbert, créé en soutien à Alsace Andes, une association d’échanges entre les pays andins, l’Alsace et les Équatoriens de France. C’est en cherchant des émeraudes lors d’un de ses voyages en Colombie qu’Éric Humbert a trouvé l’inspiration de ce motif stylisé inspiré de l’iconographie précolombienne. Un médaillon figuratif, découpé d’un H basculé, aussi pop et arty qu’un graffiti de l’artiste américain Keith Haring. → Médaille Jeton Sacré en or 18 carats et brillants Éric Humbert 46, rue des Hallebardes www.eric-humbert.com www.alsaceandes.wixsite.com/alsaceandes
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Le pouvoir des plantes
3/ La matière est travaillée à l’aide d’une brosse.
La nouvelle ligne Waso de Shiseido s’inspire de la tradition japonaise du washoku, qui met en avant des ingrédients naturels. À tester une à deux fois par semaine, le green-peeling qui adoucit la peau et redonne de l’éclat au teint.
4/ Le shampoing fait place nette pour appliquer les deux derniers soins. À la sortie, les cheveux sont vivifiés et hydratés.
Nettoyant exfoliant Doux Waso Shiseido aux Galeries Lafayette
Salon Vue Sur L’Ill www.vue-sur-lill.fr 98
Réalisation Myriam Commot-Delon - Coiffeur Gregory Alcudia | www.lapagedegreg.com Mise en beauté Maili Nguyen | www.avila-coiffure.com
Démaquillage, diagnostic de peau, massage, gommage, masque à l’argile, contour des yeux… Pendant 50 minutes, le soin visage Stratégie Hydratation enveloppe la peau de douceur et la nourrit en profondeur avec les soins japonais Thémaé. Effet cocooning et réconfortant assuré.
Créateur français de montures
visuel : Tagliatore
Concept store
Les essentiels du style, fabriqués en France et en Europe avec soin pour homme et femme (new)
Créateur français du verre progressif
4 rue du Fossé des Tailleurs 67000 Strasbourg 03 90 22 37 69 www.revenge-hom.com
9, rue des Hallebardes - 03 88 32 39 61 optique-marmet.fr
ZU T Tendances Optique
Tu m’as bien vu ?
Coup d’œil sur les marques phares du nouveau corner « green » des Lunettes de Gisèle, un opticien indépendant qui se singularise par une vision plus responsable.
Par Myriam Commot-Delon
Visuel : Neubau Eyewear
On ne consomme plus n’importe comment, alors pour traquer les labels bio et responsables, on commence par chausser une paire de lunettes respectueuse de l’environnement et fabriquée en Europe. Par exemple, l’une des créations de ces trois labels, mise en scène dès cet automne chez Les Lunettes de Gisèle, dans un nouvel espace végétalisé. → Les Lunettes de Gisèle 24, rue Brûlée 03 88 21 51 00 www.leslunettesdegisele.fr
Monkey Glasses l’optique écologique
In’bô des lunettes branchées
Neubau Eyewear le label éco-responsable
Primée en 2016 pour son engagement équitable, son économie circulaire et son design durable, la marque danoise se distingue par sa matière première, l’acétate de coton, anti-allergène, biodégradable et renouvelable, déclinée en plusieurs gammes. Polyvalente, elle peut atteindre une épaisseur de 4 mm, prendre l’aspect du bois, de la corne ou être composée, pour la collection Crystal, à 99 % de fleurs de coton et de bois. Monkey Glasses incite par ailleurs à soutenir Save the Orangutan, une association de sauvegarde des orangs-outans.
Leur atelier, basé dans les Vosges, produit des lunettes de vue et solaires mais aussi des vélos en bambou et des skateboards. Leur gamme premium envoie du bois. Réalisée en marqueterie de noyer, alisier et érable de France, elle est livrée dans un étui en cuir provenant de la tannerie Sovos Grosjean au Thillot et cousu main dans leurs ateliers par Christophe Jacquemin.
Créées dans le quartier branché de Neubau à Vienne, fief d’une jeunesse hipster soucieuse d’environnement, la nouvelle marque du groupe autrichien Silhouette International propose des solaires et optiques en Natural SPX, un polymère en acier léger inoxydable, 100 % hypoallergénique et fabriqué par un processus qui réduit au maximum les déchets.
Visuel : Monkey Glasses, modèle Indy
Visuel : In’bô, modèle Wari © JF Hamard
Visuel : Neubau Eyewear, modèle Mia, coloris 5540
100
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Une nouvelle histoire…
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Photo : Alber to Biani
Armani Trussardi Closed
14, quai des Bateliers - Strasbourg 03 88 35 28 85
ZU T Tendances L'homme
Avoir le (black) swan
Par Myriam Commot-Delon
Ou le swag, avec ce shopping très noir et bien plumé. 1 Sweatshirt en coton brodé
de plumes Paul Smith.
Algorithme La Loggia 6, rue Gutenberg www.algorithmelaloggia.com 2 Cape ample imperméable façon vinyle
ou imprimé camouflage, modèle mixte, collab Galeries Lafayette x Rolf Ekroth (jeune créateur finnois repéré au Festival de mode de Hyères 2016). Galeries Lafayette 34, rue du 22 Novembre www.galerieslafayette.com
3 Bottines Richmond en cuir Beluga
et cousu norvégien Heschung.
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4 Collier à cordelette ajustable et plume
en corne noire Catherine Michiels.
Algorithme La Loggia 6, rue Gutenberg www.algorithmelaloggia.com
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1
3
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Le Cygne menacé de Jan Asselyn (1650). Rijksmuseum, Amsterdam - www.rijksmuseum.nl
5 Silhouette G-Star Raw,
Hiver 2017. Collection Le Swan, interprétation graphique du tableau néerlandais de Jan Asselyn (1650), Le Cygne menacé. À retrouver sur des hauts et des bas imprimés d’inspiration camouflage aux motifs brodés.
6 Blouson en cuir texturé
et lainage Transit.
Revenge Hom 4, rue du Fossé des Tailleurs www.revenge-hom.com
G-Star Raw 9, rue du Dôme www.g-star.com
7 Lunettes solaires Kaleos,
collection automne-hiver 2017.
La Lunetterie du Coin 24, rue du Faubourg de Pierre www.lalunetterieducoin.fr Ouverture d’une seconde adresse à partir du 25 octobre Black Swans 50, rue du Bassin d’Austerlitz
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8 Sweatshirt à effet froissé Rochas.
Ultima Homme 16, rue de la Mésange www.ultima-mode.com
ZU T Tendances Shopping
Paroles d’experte
Depuis 2002, Caroline met en avant dans sa boutique Gloss des marques dans l’air du temps : Suncoo, Sessùn, MKT Studio, Absolut Cashmere, See u soon ou encore la jolie danoise Minimum. Petit point sur la nouvelle saison avec la propriétaire des lieux, histoire de viser juste.
Par Mégane Dongé Photo Henri Vogt
Qui sont les femmes que vous habillez ? C’est assez diversifié, j’accueille aussi bien la mère de 50 ans que la fille de 20 ans. Des jeunes femmes au style pointu et des femmes plus âgées, à la recherche d’un style casual chic. Toutes peuvent se retrouver dans une sélection triée sur le volet, adaptée à toutes les morphologies. Votre pièce fétiche de la saison ? J’ai toujours eu une grande affection pour les robes, c’est pourquoi je propose une importante sélection. Si je devais n’en choisir qu’une, ce serait la Siran de Sessùn en coloris Fumo, un vert anglais
qui accentue le côté chic de la coupe, que ses poches oversized modernisent complètement. À porter avec un perfecto en cuir et des petites bottines pour la rendre plus rock. Un accessoire coup de cœur ? Le sac en cuir Bubble signé La Petite Mendigote, que l’on peut porter à la main ou en bandoulière selon l’envie. J’aime beaucoup les bijoux en pierres semiprécieuses de la marque Une à Une, qui associe à merveille les gemmes et le cuir d’agneau coloré pour un rendu résolument moderne. La couleur phare pour l’automne-hiver ? Il y a un énorme engouement pour le vert, décliné sous toutes ses nuances : bouteille, émeraude, pin… On voit aussi beaucoup de tons camel et ocre. Que l’on mixe ensemble, ou non. Côté matière ? Le lurex opère un grand retour en force. J’adore la manière dont Sessùn l’a utilisé sur la robe Laureen, avec des reflets kaki et doré : c’est une de mes favorites pour cet automne. On voit à nouveau beaucoup de maille, alors que lors des saisons précédentes, elle s’était faite plutôt rare. Boutique Gloss 26, rue de l’Ail Facebook : Gloss Strasbourg
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L’exception a une adresse, c’est la vôtre
Espace Européen de l’Entreprise 21 avenue de l’Europe 67300 Schiltigheim 03 88 28 10 23
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ZU T Tendances Street
Nouvel étendard de liberté et de mode, les cheveux sont devenus un véritable terrain d’expression ! Rencontre haute en couleurs avec des Strasbourgeoises stylées de la tête aux pieds !
Par Caroline Lévy Photos Christophe Urbain Assistante photo Elsa Plaza
Urban Styles
Cléo — 26 ans, artiste Glitter is the new black ! Avec sa dégaine de princesse destroy, la jeune artiste aime définitivement tout ce qui brille, jusqu’à sa chevelure bleue flashy dont elle est fière ! Sa hair story : une color addict depuis l’adolescence. Elle ose et teste tout elle-même, à l’exception du rouge.
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Noé — 17 ans, étudiante en arts plastiques Fraîchement arrivée de Genève, la toute jeune étudiante assume une dégaine de punk androgyne et arbore une couleur bleue sur une coupe asymétrique dissimulée sous sa capuche. Hoody oui ! Sa hair story : elle a presque tout essayé, du violet au noir en passant par le blond, voire le blanc !
Inès — 23 ans, étudiante en théâtre Less is more, telle est la philosophie d’Inès quand elle décrit son look. L’heure de la revanche des « blandes » a bel et bien sonné, et celle-ci déchire !
Charlène — 25 ans, graphiste et serveuse Crinière multicolore pour cette graphiste qui mêle fripes et pièces dénichées sur Asos pour un look d’inspiration Madonna dans sa période 90’s ! Express Yourself, non ?
Sa hair story : elle vient de sauter le pas et ose une toute première coloration radicale réalisée cet été chez Foreign.
Sa hair story : experte en coloration depuis plus d’une décennie, Charlène a déjà osé toutes les extravagances capillaires, sauf le jaune poussin qu’elle a en horreur ! www.charlene-m.com
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Sélections Tendances
MODE
Anti-show-off Après le succès de la collection Uniqlo x J.W Anderson sortie en septembre, en octobre c’est au tour d’Uniqlo U, dessinée par le créateur français Christophe Lemaire, directeur artistique du Centre de Recherche et Développement de la marque. Un vestiaire minimal aux accents unisexes et à l’élégance raffinée, d’une modernité sans faille, avec des basiques plus que parfaits pour homme et femme. Des pièces casual mais jamais ennuyeuses où la
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technologie et la fonctionnalité sont au rendez-vous, avec cette saison une maille innovante, la 3D U-Knit, technique de tricot tridimensionnel. On y retrouve tous les essentiels du vestiaire hivernal : parkas, trench, doudounes, manteaux, jupes plissées, hoodies, t-shirts et accessoires. (M.C.D.) Uniqlo 5, rue du Noyer www.uniqlo.com
Nouvelle saison, nouveaux labels sous orbite Par Myriam Commot-Delon
— À nous, Les Hommes et son glam-rock belge, les parkas army aux doublures amovibles en fourrure d’Alessandra Chamonix (disponibles aussi au rayon femme) et les fantaisies pop de Jeremy Scott pour Moschino Couture chez Algorithme La Loggia. www.algorithmelaloggia.com — La première collection masculine de la maison Rochas, dessinée par Béatrice Ferrant, avec des pièces ouvragées aux détails couture, dessine une allure smart et libre. Comme la sélection affutée de la boutique Ultima Homme. www.ultima-mode.com
Lookbook Princesse tam.tam AH 2017-2018
POP UP
FALL IN LOVE Pop-ups Comptoir des Cotonniers et Princesse tam.tam Roppenheim The Styles Outlets roppenheim.thestyleoutlets.fr
La nouvelle saison du centre de marques alsacien s’annonce cocooning et tout confort, avec l’arrivée pendant six mois de deux griffes françaises hautement désirables : Comptoir des Cotonniers, ses collections intemporelles et basiques indispensables, et Princesse tam.tam, marque de lingerie qui twiste les dessous, à porter aussi dessus ! On y court. (C.L.) 109
— À découvrir, un nouvel espace féminin chez Revenge Hom. En tête, de la maroquinerie italienne aux peausseries d’exception, des bijoux, le vestiaire déconstruit de Transit, la maille anglaise surdouée John Smedley et des pièces sartoriales Tagliatore, réalisées en exclusivité pour la boutique. www.revenge-hom.com — Chez Marbre, on se réjouit de l’arrivée de l’allure « jolie dame » de Vanessa Seward, des lignes nettes de la créatrice croate Ivana Omazic (ex D.A Céline) et de la maille luxueuse des créatrices italiennes d’ArchiovioB. www.marbre-strasbourg.com
MODE HOMME
GRISANT La griffe de menswear de luxe italienne Corneliani saupoudre cet hiver son tailoring premium d’une touche de sportswear bien maîtrisée, avec cette simplicité sophistiquée qui fait les belles maisons. Ce qui pourrait s’avérer compliqué : choisir entre un caban en lainage Prince de Galles ou un manteau banquier en tweed chiné. Pour le reste, éclairer ces belles matières aux textures graphiques de pantalons blancs et de maille décontractée est une jolie manière de simplifier l’allure tout en faisant son petit effet… D’une élégance que n’aurait certainement pas désavoué Jean Cocteau : « Le style est une façon simple de dire des choses compliquées. » (M.C.D.)
DENIM
Une question d’étiquette
Boutique Dome 24, rue du Vieux Marché aux Grains www.boutique-dome.fr
Photo : Bruno Staub
On sait bien se tenir ou pas ! L’emblématique jean Elwood de G-Star RAW, au cœur de la nouvelle campagne automne-hiver 2017, met en scène les jeunes stars du moment au côté de Pharell Williams. Chacun le porte à sa façon. Et nous ? On fait pareil, et on l’affiche. Après l’achat, on peut concevoir sa propre étiquette de jean, personnalisée au moyen de textes et d’éléments graphiques, puis la faire coudre en boutique. (M.C.D.) G-Star Raw 9, rue du Dôme www.g-star.com
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Prêt à porter : Sessun MKT STUDIO Lee Suncoo See u soon La petite française Jolie jolie Mamouchka Ange collection Minimum Sac & chaussures La petite mendigote Bijoux Une à une Schlomit ofir Fosseth
Rue de l écurie - Strasbourg 03 88 22 67 82 mardi › samedi 11h -12h30 / 14h - 19h
Ipsae 35, quai des Bateliers - Strasbourg 03 88 52 13 55
MODE
Prendre de la hauteur La boutique Superdry du centre-ville double sa superficie avec la création d’un étage. La marque « british » va ainsi pouvoir prendre ses aises pour présenter des collections homme et femme aux influences vintage US(ed). Prédictions pour les filles et les garçons : blouson en denim patché doublé de moumoute sherpa, bombers bombesques, parkas capuches à fourrure flashy, bas de jogging ou robes survêt pour un look « back
to school ». Et toujours de parfaites vestes anti-froid et pléthore d’imprimés camo ou (super) siglés pour une rentrée des classes dégaine et sporty. (M.C.D.)
Superdry 10, rue des Grandes Arcades www.superdry.com
OPENING
Photo : Henri Vogt
POLYMORPHE La marque Sessùn vient d’installer son charmant vestiaire à l’espace femme des Galeries Lafayette. Un corner cool et bohème aux influences ethniques, nimbé d’un bleu dense, meublé d’osier, de coussins kilims et de zelliges marocaines. Pour qui ? Une fille libre. Comme sa créatrice, Emma François, qui puise son énergie dans l’art, la musique et ses nombreux voyages en Amérique latine, au Japon et en Afrique. Son moodboard pour l’hiver 2018 ? Les œuvres abstraites de la peintre américaine Joan Mitchell. Une inspiration délicate pour un vestiaire aux couleurs douces et matières brutes. (M.C.D.) Sessùn aux Galeries Lafayette 34, rue du 22 Novembre www.galerieslafayette.com
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Lifestyle
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Nouvelle saison, nouvelle série dédiée au sport, cette fois pratiqué dans des lieux qui ne lui sont pas dédiés. Exit les salles de fitness, les club-houses et les hangars à cross fit, place à la prison, aux maisons de retraite, aux hôpitaux psychiatriques et, pour ce premier opus, au Centre de réadaptation fonctionnelle Clemenceau. Où il sera question de prothèses, de ramasses-balles, de machines infernales et même d’une Smart.
Z UT Lifestyle Sport
À la verticale Par Romain Sublon Photos Pascal Bastien
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HORS LES CLUBS ÉPISODE 1/4
A
u Centre Clemenceau se côtoient autant de destins que de personnes. Et au regard de son camarade, on relativise, quels que soient son cas, sa pathologie, son mal. Ici, tout le monde a un combat à mener, et il n’y a rien de guerrier à cela. Le sort de chacun est mêlé à celui du voisin. « Établissement de référence en Alsace dans le domaine du handicap, l’Institut Universitaire de Réadaptation Clemenceau (IURC) assure la rééducation des adultes et des enfants, en hospitalisation complète ou de jour, dans le champ de la traumatologie, de l’orthopédie, de la neurologie, de l’appareillage, de la rhumatologie et de la cardiologie », détaille le site officiel. Le Centre compte deux antennes, l’une à Strasbourg, qui prend en charge des pathologies de l’appareil locomoteur, y compris l’amputation, les pathologies du système nerveux ainsi que les pathologies infantiles ; l’autre à Illkirch pour les pathologies du système nerveux (accidents vasculaires cérébraux, maladies neurologiques dégénératives, etc.) et des troubles cognitifs importants après traumatisme crânien. Il accueille en hospitalisation complète et en hôpital de jour des personnes atteintes de troubles métaboliques ou nutritionnels (diabète, surpoids). Les deux fonctionnent à l’unisson, jusqu’à se croiser les mercredis après-midis, dans le gymnase Clemenceau, pour des séances de sport collectives. L’entrée dans la salle est impressionnante. Ce que l’on imagine, parfois pour le pire, ce que l’on nous raconte dans des campagnes de sensibilisation ou de prévention prend ici corps. Les destins sont brisés parce que la mécanique a cassé. Et qu’il s’agisse de lombalgie aiguë, d’amputation, de rupture des os, des tendons ou de tout ce qui peut rompre, il y a une égalité, celle de la douleur et du combat ; pour se relever de ses blessures, comme pour se relever au sens premier. Le gymnase du centre Clemenceau est divisé en trois espaces : le premier
est consacré aux activités physiques et sportives (ping-pong, badminton, exercices à la barre), le deuxième est dédié au réentraînement à l’effort (tapis de marche, ergocycle). Quant au troisième, c’est pour la musculation et le développement de la force. « Apprendre à bouger avec son corps, sentir la douleur, se remettre en mouvement, c’est déjà beaucoup », témoigne Audrey, dos en vrac mais l’œil rieur. Autour des terrains et des tables, Edmond marche avec ses bâtons, parfois dans l’euphorie son pas s’accélère et prend des allures de galop : « Pour moi, c’est très important ces cours de sport, ça me donne le moral, ça me fait avancer parce que j’espère toujours retrouver la vie que j’avais avant. » Cet avant, c’est une chute de 10 mètres sur son lieu de travail : colonne vertébrale écrasée, multiples fractures à la jambe, traumatisme crânien, oreille gauche foutue, entre autres. « J’ai toujours fait beaucoup de sport, ici c’est une façon de retrouver un peu ça. C’est pour ça que je veux parfois en faire plus, je suis borné c’est vrai, mais c’est parce que je veux pas lâcher. Faut en vouloir, tout le temps, sinon tu coules. Moi je veux avancer ! » Son pas ne faiblit pas, sa marche est déterminée. Il le dit, il choisit d’en sourire, il n’a pas le choix.
“Ça me fait avancer parce que j’espère toujours retrouver la vie que j’avais avant”
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Z UT Lifestyle Sport
Par-delà la douleur Les patients sont encadrés par plusieurs éducateurs sportifs, qui passent eux aussi d’un atelier à l’autre, dans un roulement qui rappelle les belles heures des cours d’EPS. « On a tous des petites spécialités, liées à notre cursus, mais on intervient dans tous les ateliers. Ça nous permet d’accompagner les patients pendant les différentes étapes, de les suivre sur le long terme. » Ce qui très vite étonne, c’est la constitution des groupes : les patients ne partagent pas tous les mêmes pathologies. « À cause de la multiplicité des patients, on ne peut pas les regrouper en fonction de leurs symptômes, c’est pour ça qu’on réfléchit à des programmes communs. Pendant la séance, on adapte certains exercices. Mais le mélange des pathologies est intéressant, ça permet à chaque patient de relativiser par rapport à son voisin, de mettre en perspective sa douleur. Ça crée une dynamique intéressante. Même si c’est vrai que pour nous, en tant qu’éducateur sportif, c’est important de pouvoir aller parfois plus loin dans certains exercices adaptés spécifiquement à la pathologie du patient », témoigne David Seitz. Après l’échauffement et le circuit training (un ensemble d’exercices permettant de travailler notamment les flexions), place à l’aspect le plus ludique du programme : tennis de table et badminton. Les niveaux sont variables mais l’implication est totale. Et quand vint l’heure du ramassage des balles, miracle ! Un petit panier métallique porté à bout de bras piège les balles, dispensant de tout effort supplémentaire et superflu le patient repu. « Les paniers sont faits maison ! », s’amuse David Seitz, avant d’envoyer tout le monde à l’atelier suivant. Au fond du gymnase, la salle qui fait peur : celle des machines. C’est la salle de musculation et là ça rigole un peu moins. Thierry, lui, intimide. Dans son fauteuil, jambe gauche amputée, bras couvert d’un tatouage tribal, cheveux poivre et sel, coupe militaire (qu’il fût), il est aussi grand que large et fort. Alors, sa présence dans un fauteuil crée cette étrange sensation de grande fragilité pour un être d’une puissance manifeste. « J’ai eu un cancer qui s’est glissé dans les articulations. Ils ont coupé. J’attends ma prothèse maintenant. Mais c’est long, et rien ne se fait tout seul. Là, je renforce, la jambe droite qui va tout supporter, et le haut du corps. Pour
moi, les cours de sport font partie de mon programme, le sport en soi ça ne m’intéresse pas, je fais ce qu’il faut pour aller mieux. Quand on perd une jambe du jour au lendemain, c’est pas simple de garder le moral. Alors je fonce et je travaille pour ça. » À côté de Thierry, Brigitte tente de prendre le dessus sur une autre machine à faire pâlir. « Je suis atteinte de la maladie de Charcot-Marie-Tooth, une maladie neurologique qui demande beaucoup de travail de renforcement. Alors je viens ici 5 jours par semaines, faire les différents exercices. » Brigitte paraît si calme. Un peu plus loin, un homme mouline sur une étrange machine lui tendant un écran en retour. Malgré l’effort, l’homme est souriant, sa jambe gauche barrée de deux immenses cicatrices et d’un pansement si grand que l’on croit imaginer le mal qu’il cache. Patrick : « J’ai eu un accident de voiture, choc frontal, ma vie a basculé d’un coup. J’étais ingénieur, je me préparais à une reconversion en tant que moniteur de ski… Soit ils coupaient, soit ils tentaient le coup. Je travaille pour récupérer la fonction de ma jambe, reprendre la marche, le sport, même si ça ne sera jamais comme avant. » Le sport, entre ces murs, perd de son pouvoir ludique mais il demeure un parfait exutoire. Yann Coiseur et Caroline Boquel, deux autres éducateurs
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“Avec la musculation, je me sens prendre le dessus sur mon sort.”
sportifs, travaillent dans ce sens, avec ce même objectif : « Redonner confiance aux patients, leur permettre de réapprendre à bouger leur corps, à connaître leurs limites. » Le Centre leur permet aussi de réapprendre les gestes du quotidien, dans un appartement-test spécialement aménagé, où ils peuvent passer le balai, faire la cuisine, leur toilette, dresser une table. « Il y a même une voiture, rigole Patrick. C’est une Smart. Bon, par contre ce n’est pas le meilleur choix parce que paradoxalement, à l’avant, il y a plus de place que dans une voiture classique. C’est plus simple d’y rentrer ! » Voilà un argument auquel la marque pourra réfléchir… La dernière séance avant la cantine est dédiée à un groupe uniquement composé de personnes amputées, qui cette fois-ci travaille avec un kinésithérapeute. « La plupart des amputés ici le sont d’un membre inférieur, explique Jean-Michel Chemidlin. Avec eux je travaille surtout sur la motricité. Dans cette salle, ils peuvent élargir leur périmètre de marche, on peut travailler les sensations sur les appuis. » Au sein de ce groupe, il y a Dominique, tombé de son camion, et qui appréhende sa nouvelle jambe de métal. « Le sport m’aide à retrouver un peu la vie d’avant. Le mieux c’est la musculation, c’est là que je me sens prendre le dessus sur mon sort. » Larby, 71 ans et dont la retraite n’a plus la saveur espérée, évoque lui aussi le sort. « J’ai travaillé 43 ans, puis j’ai profité trois ans de ma retraite. Je cherchais mes petits-enfants en voiture, je faisais de la bicyclette, du jardinage, du football. Un matin, je me suis réveillé avec une grosse douleur à la jambe. J’avais une calcification des artères. On m’a amputé. Six mois plus tard, j’ai eu la même chose à l’autre jambe, et on m’a amputé aussi. Aujourd’hui, j’apprends à vivre sans mes jambes mais avec des prothèses. C’est le destin. » Ce seront ses seuls mots convoquant la fatalité, car Larbi, comme les autres patients rencontrés ce jour-là, font état d’une volonté sidérante. Et leur pratique du sport en est une belle expression. Note : Merci à Naomy D’Imperio, référente en communication du Centre, qui a rendu possible ce reportage.
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Let’s celebrate! Par Mégane Dongé Photos Dorian Rollin
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10 ans de création, d’inspiration et de fraîcheur pour La Cerise sur le Gâteau, une jolie marque d’objets de décoration à la bonne humeur contagieuse. Pour l’occasion, sa créatrice Anne Hubert nous a ouvert les portes de son atelier mulhousien.
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Pourquoi avoir quitté Paris pour venir s’installer à Mulhouse ? Par amour pour mon mari, qui est originaire de Mulhouse. J’ai grandi en Normandie, mais après des études à Paris, je ne comptais pas rester toute ma vie làbas. À l’époque, j’étais en train de monter La Cerise sur le Gâteau, et pour des questions d’organisation et d’espace, c’est bien plus facile de faire évoluer une entreprise ici plutôt qu’à Paris. Aujourd’hui, nous vivons dans un lieu atypique et particulier, je m’y sens extrêmement bien. C’est un endroit un peu hors du temps. Vous célébrez cette année les 10 ans de votre marque. Comment l’avezvous vu évoluer ? Lorsque j’ai commencé en 2006, j’étais toute seule et je m’occupais de tout. J’ai commencé par vendre dans quelques points de vente, à exposer au salon Maison & Objet. Il y a eu très vite un engouement pour la marque. Je me suis entourée d’une équipe formidable, nous avons fait grandir La Cerise avec nos moyens et surtout à notre rythme. Quand je regarde en arrière, je me souviens avoir livré mon premier client en Solex dans Paris, avec le colis sur mon portebagage, j’en garde un très bon souvenir.
Votre rôle est toujours le même ? Dieu merci non ! Je faisais 100% des tâches, c’était assez compliqué de tout gérer. Pour les collections, je travaille avec une styliste, Sandrine Place, qui m’accompagne sur le côté créatif. Je m’occupe également de l’image et de l’identité de l’entreprise, car j’ai toujours été dans une démarche très personnelle. C’est ma partie préférée. Avec combien de personnes travaillez-vous aujourd’hui ? Notre équipe est composée de 6 personnes : Julie s’occupe de l’administration des ventes B to B, Jo est chef produit, Philippe le commercial grand export, Jean-Marc le responsable web et Ludovic et Alexandrine l’accompagnent sur la partie réseaux sociaux et communication. Sans compter les personnes extérieures avec lesquelles je travaille. Je leur suis très reconnaissante, ils sont ma deuxième famille. Vous venez tout juste de remporter deux prix lors du dernier salon Maison & Objet, qu’est-ce que ça signifie pour vous ? Nous exposons là-bas depuis quelques temps maintenant, et cette saison, j’ai senti
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“Toute notre production est réalisée au Portugal, du tissage à l’emballage. Pour moi, c’était très important de faire développer nos produits de manière locale.”
une vraie évolution. Ces 10 ans, c’est une année de passage : il y a un attrait dingue pour la marque. Nous avons obtenu le prix MOM et Fil Vert, décerné par un jury de professionnels qui devaient sélectionner des marques avec une éthique dans la manière de travailler. Nous n’avons pas la prétention de faire du bio, mais c’est important pour nous de savoir d’où viennent nos matériaux. C’est pourquoi tous nos fournisseurs sont labellisés Oeko-tex, pour une garantie de qualité. Pourquoi avoir choisi de produire au Portugal ? Dans cette région, les artisans ont su conserver un savoir-faire unique autour du textile. Toute notre production est réalisée là-bas, du tissage à l’emballage. Pour moi, c’était très important de faire développer nos produits de manière locale car tous nos interlocuteurs sont basés à Porto, ce qui évite les allers-retours inutiles entre les différentes étapes de production. Quel est le message que vous transmettez à travers vos collections ? Il y a tout un univers autour de la gaité, de la légèreté et de la bonne humeur. Nous travaillons beaucoup sur la couleur qui est un point très important, pour apporter quelque chose de frais, de joyeux. Et puis nos produits s’offrent beaucoup, ce qui lui donne une dimension familiale.
L'atelier de La Cerise à Mulhouse
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Une couleur fétiche pour la saison ? Un vert que l’on a baptisé Sencha. Une pigmentation assez dense que j’aime beaucoup. Et puis il y a une autre couleur assez forte : le Terracotta et son aspect brique. Mais je dirais que c’est plutôt un ensemble, c’est l’effet de gamme qui est intéressant. Le premier succès ? Le torchon, sans nul doute. C’est avec lui que j’ai débuté, en partant de la version traditionnelle de nos grands-mères pour lui apporter une touche plus actuelle. Depuis, nous avons développé toute une gamme d’accessoires et aujourd’hui, nos trousses sont un des produits phares de La Cerise. Quel est le secret pour entretenir sa créativité après 10 ans ? Faire en fonction de soi, trouver son propre univers, sans chercher ce qui fonctionnera à tout prix. Lorsque je crée, je pense d’abord à des objets que j’aimerais avoir chez moi et qui me plaisent, en me disant qu’ils pourront séduire à leur tour d’autres personnes. Des objets ou des rendez-vous pour célébrer cet anniversaire ? Toujours une gamme de torchons, certains avec des touches d’or, d’autres brodés simplement avec des mots festifs, drôles. Je dois avouer que nous avons
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Pop-up Store La Cerise sur le Gâteau La Vitrine Zut et Curieux? Pour fêter en Alsace les 10 ans de La Cerise sur le Gâteau, Anne Hubert déploie son beau linge à La Vitrine Zut et chez Curieux?. À La Vitrine Zut
enfin réalisé un imprimé avec le dessin d’un gâteau avec une cerise dessus, c’était un peu facile au début mais ça se prêtait plutôt bien aux 10 ans de la marque. Et nous sommes ravis de clôturer cette décennie avec deux pop-ups La Cerise. Un à Strasbourg et un au 37, rue François Miron à Paris pour y présenter la marque dans sa totalité, du 20 octobre au 27 janvier 2018 . Un souvenir émouvant ? Pour marquer la décennie, nous avons voulu mettre en avant les personnes qui travaillent avec nous à travers un reportage photo et une vidéo à Porto. C’est une manière de montrer les coulisses de La Cerise, la production mais surtout tous les hommes et femmes qui travaillent au quotidien à réaliser des produits de qualité. J’ai une vraie reconnaissance pour tout ce travail fournis. Comment vous voyez-vous dans 10 ans ? Je ne pense pas arriver à voir aussi loin… J’aimerais garder l’éthique de la marque, pouvoir la faire évoluer en n’oubliant pas ce point essentiel. C’est assez dur à imaginer, mais si on m’avait posé cette question il y a dix ans, je serais plutôt satisfaite de voir où en est La Cerise aujourd’hui. www.lacerisesurlegateau.fr Atelier de production au Portugal - Photo : Henri Vogt
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On va vous en faire voir de toutes les couleurs ! En rose avec une vitrine Rose Bonheur, issue de la collab La Cerise sur le Gâteau x Mamie Boude (www.mamieboude.com) + une sélection de la collection AH 2017-18 + un torchon exclusif en série limitée, brodé d’un beau ZUT! doré. Sans oublier la green touch de Samuel Messer (www. locationdeplantesvertes.com) !
Et chez Curieux?
On y retrouve la sélection habituelle de Patrick Verchot, unique dépositaire de la marque à Strasbourg. Et, pour plaire aux princes et princesses au petits pois, La Cerise habille d’un vert Sencha ultra-dense, couleur-phare de la saison, un lit de la marque alsacienne Diroy (www.diroy.com) distribuée dans le nouvel espace nuit de Richard Wendling, du show-room Ligne Roset | Elastabil (www.ligne-roset.com 8, quai Kellermann). Du linge de lit à découvrir en exclusivité. 11 oct. → 10 nov. La Vitrine Zut 14, rue Sainte-Hélène Lundi → samedi |14h – 19h Curieux? Concept Store 6a, quai Kellermann Lundi | 14h – 19h30 Mardi → Samedi | 11h – 19h30
Le rouge est mis. Par Myriam Commot-Delon
Couleur du soleil levant au Japon, cet automne le rouge s’associe au jaune pour réchauffer nos intérieurs.
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Prix d’excellence. Quand Rolf et Mette Hay dessinent une collection pour Ikea, le résultat ne peut être qu’un concentré de bon design scandinave. La collection Ypperlig, 35 pièces du canapé à la boîte de rangement, est à découvrir à partir du mois d’octobre. La pièce la plus iconique et la moins chère ? Le sac bleu Ikea, revisité en trois nouveaux coloris, 1,99 €. — Collection Ypperlig, design Hay, Ikea. www.ikea.fr
+ Peinture | Le bon rouge ? Un cramoisi intense, semblable à celui utilisé par David Hicks à Barons Court dans les années 70, Incarnadine, Farrow & Ball. — Farrow & Ball 1, rue de la Nuée Bleue eu.farrow-ball.com
Bien houssé Canapé Cover avec structure en mousse de polyuréthane et housse en ouate de polyester, design Marie Christine Dorner, Cinna.
Au volant
— Elastabil | Ligne Roset + Cinna 8, quai Kellermann - 03 88 23 16 23
Tabouret Wil à assise pivotante en métal laqué, assise en polyuréthane ignifugé à hauteur réglable (disponible en tissu, peau ou éco-peau), design Romano Marcato, Lapalma.
Lumineux Lampadaire Ola Floor à abatjour en composite de fibre de verre (disponible en plusieurs couleurs et en version suspension, table ou plafond), design Enrico Franzolini, Karboxx.
→ decoburo
4, Le Schlossberg | Zellenberg www.decoburo-store.com
→ 197 Design
197, avenue de Strasbourg | Brumath www.197design.fr
Incisif Tapis noué main en pure laine et table basse Accordo (1983) en bois laqué noir, à pieds de section elliptique, design Charlotte Perriand, Cassina. — Galerie K 30, rue de l’Ail | www.galerie-k.fr
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Ne pas rester de marbre Par Myriam Commot-Delon
Devant ces matériaux revisités.
Néo-bois ? Céramique effet bois (disponible en cinq couleurs et finitions), collection Treverkchic, Marazzi. — En vente chez Forgiarini ZAC – 4, rue Transversale C Vendenheim www.forgiarini.net 130
Néo-acier Tables basses Oxydation (deux tailles disponibles), design Kateryna Sokolova, Ligne Roset. — Elastabil | Ligne Roset + Cinna 8, quai Kellermann 03 88 23 16 23
Néo-terrazzo Table d’appoint Kyoto (1983), design Shiro Kuramata, Memphis Milano. — Quartz Design 8, quai Saint-Jean www.quartz-design.fr
01— Néo-argile
02— Néo-plastoc
03— Néo-grès
Vases Argilia en grès, disponibles en gris ou couleur terre-cuite, Bolia.
Chaise empilable Raw Zartan en « bois liquide », matériau durable composé de polypropylène recyclé et fibres de bois, entièrement recyclable et utilisable outdoor, design Philippe Starck et Eugénie Quitllet, Magis.
Collection de contenants en grès et bois d’érable, inspirés par la vaisselle “American Modern Dinnerware”, créée dans les années 40 par le designer américain Russel Wright. Collection La Nouvelle Table, Merci x Serax.
→ Quartz Design 8, quai Saint-Jean www.quartz-design.fr
→ Fou du Roi, galerie & atelier 4, rue du Faisan www.fouduroi.eu
→ Bolia Marienstrasse 1, Stuttgart www.bolia.com
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Visuel : Emmanuel Winninger, Édith Wildy, Régis Vogel
Le tourbillon de la vie Par Myriam Commot-Delon Portrait Alexis Delon / Preview
La galerie Fou du Roi a vingt ans. Une expoanniversaire rassemble vingt objets qui racontent à la fois son parcours et une histoire subjective de deux décennies de design. Pour Zut, les Fous commentent leurs trois incontournables. Exposition jusqu’au 21 octobre Lun. —› ven. 13h à 19h Sam. 10h à 19h — Fou du Roi, galerie & atelier 4, rue du Faisan www.fouduroi.eu
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En 1997, Thierry Hodel, Régis Vogel et Edith Wildy, le trio terrible du design strasbourgeois, s’associaient à Vitra et ouvraient la galerie Fou du Roi et son bureau d’aménagement intérieur, pour y distribuer leurs propres créations ainsi qu’une sélection d’éditeurs triés sur le volet. Les années ont passé, foisonnantes, émouvantes (avec la disparition en 2011 de Thierry Hodel). Les clefs de leur succès ? Une passion pour le design, un œil inné pour identifier les « bonnes » pièces ou repérer les nouvelles tendances à infuser à la galerie pour en faire ce lieu inspirant qui continuent de faire courir les fous de design de la région. En 20 années de bons et loyaux services, une flopée d’objets marquants et emblématiques sont passés entre leurs mains. Edith Wildy, Régis Vogel et Emmanuel Winninger ont sélectionné une vingtaine de pièces parmi leurs best-sellers. Les vingt plus aimées de ces deux dernières décennies sont mises en scène dans un corner dédié et proposées pour l’occasion à des prix préférentiels. Certaines ont pris quelques rides mais rappellent de jolis souvenirs, d’autres sont tellement usées qu’on risque fort de les racheter, la plupart sont des icônes du design qui continuent de nous enchanter.
Trois objets incontournables, vus par les Fou du Roi. 01— Le Rocking Armchair Rod Base (RAR) de Charles & Ray Eames, Vitra « La Home Collection de Vitra n’est pas très ancienne. Vitra faisait beaucoup de rééditions et ce qui est devenu intéressant, c’est le mélange entre de la réédition de designers reconnus des années 50-60 et des éditions plus récentes. Ils ont créé Home, une collection plus tournée vers l’habitat, alors qu’ils avaient surtout une collection de bureaux. RAR est typiquement pour la maison, un fauteuil à bascule issu d’un fauteuil visiteur, d’un modèle qui n’était plus édité et était devenu introuvable en Europe. C’est un grand classique et en même temps c’est un fauteuil ludique, un objet isolé qui va avec tout. Ce qui est intéressant aussi, ce sont les campagnes de Home, où les pièces sont placées dans de vrais intérieurs, patchworks de meubles hérités et de meubles choisis. »
02— La lampe Vertigo de Constance Guisset pour Petite Friture « Constance Guisset représente la nouvelle vague du design français. Elle a fait un objet qui utilise des techniques très nouvelles, la fibre de verre et les rubans de polyuréthane, pour créer une lampe cabane qui intimise l’espace en dessous. Vertigo a ce côté émouvant qui fait penser à un chapeau, à quelque chose qui bouge, qui est volatile. C’est osé aussi de faire une lampe aussi grande ! Tout le monde l’aime, même si tout le monde ne peut pas l’installer chez soi. Elle a d’ailleurs reçu de nombreux prix et est reconnue dans le métier. C’est vraiment une lampe qu’on adore. C’est tellement léger qu’on pourrait penser qu’on ne la voit pas, mais en créant ces espaces dessous, dessus et des ombres au plafond, elle crée un univers à elle toute seule. »
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03— Le Vase d’avril de Sigolène Prébo is & Catherine Lévy, Tsé-Tsé & Associées « Créée en 1991, il a vraiment marqué son époque et est considéré aujourd’hui un classique.. C’était le jeune design français : les Tsé-Tsé ont été précurseures d’un design ludique et poétique. Très inspirées d’artisanat, elles ont trouvé des pièces qui les intéressaient, par exemple les tubes à essais, puis les artisans pour fabriquer les anneaux en zinc du vase. Elles ont ainsi fait cohabiter artisanat et objets industriels et dans ce mélange, et ont créé des objets atypiques, tout sauf guindés, dans une démarche totalement anti-bourgeoise. Les Tsé-Tsé ont aussi inventé la guirlande cube en emballant des ampoules, et personne n’avait fait cela avant elles ! Elles ont d’ailleurs été mondialement copiées. Aujourd’hui encore, elles sont fidèles à leur démarche : faire d’un accident une règle, comme avec leur vaisselle en porcelaine aux formes aléatoires et imparfaites. »
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Star— système
USM nous offre le plus beau show de la saison. En intégrant désormais l’éclairage et l’énergie dans la structure de ses meubles, il rend son système iconique encore plus génial.
Par Myriam Commot-Delon
3 en 1 L’éclairage USM Haller E met aussi bien en valeur le mobilier que son intérieur ou son environnement. D’un seul clic Ces éclairages permettent d’illuminer l’intérieur d’une étagère ou de composer de savants jeux de lumière (disponible en version froide ou blanc chaud) grâce à des circuits indépendants et des variations d’intensité lumineuse très précise. La valeur ajoutée La possibilité de recharger ses appareils mobiles directement sur la structure. Les charges USB se fixent
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en toute discrétion à l’endroit souhaité, dans les découpes prédéfinies en affleurement dans les tubes. À en perdre la boule Ne cherchez pas les câbles, il n’y en a pas. C’est la structure elle-même qui conduit le courant par un réseau de « e-pièces » (e-tubes, e-boules et e-connecteurs). L’adaptateur secteur est placé sous le meuble sans aucun branchement visible. Un joli tour de magie. — En vente chez decoburo 4, Le Schlossberg Zellenberg e-shop : www.decoburo-store.com
DÉCORATION
MISE EN LUMIÈRE
HOME-STAGING ESPACES EXTÉRIEURS
contact : www.designedbybruckmann.com / joel@designedbybruckmann.com
ZUT À TABLE Hôtellerie
Le bel éveil Par Emmanuel Abela Photos Christophe Urbain
L’hôtel des 5 Terres a ouvert à Barr au printemps dernier. En face de l’Hôtel de Ville, cet établissement qui allie hôtellerie, gastronomie et culture vinicole s’inscrit au cœur de sa région de manière généreuse.
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ès la réception, le regard plonge au cœur des espaces chatoyants d’un lieu à forte charge patrimoniale. On nous renseigne sur l’histoire d’un bâtiment emblématique : la Bürgerstube, dans laquelle dès le XVIe se réunissaient les notables de la ville de Barr. Jean-Daniel Seltz l’a rachetée en 2012 pour y créer un hôtel de luxe. En 2014, il a entamé avec son entreprise, Seltz Constructions, des travaux de restauration qui ont redonné au bâtiment sa splendeur d’antan. Une fois entré, on peut admirer le jeu subtil entre les pierres d’origine, les boiseries – dont la structure de certains planchers d’époque – et des rajouts métalliques contemporains. Dans l’ancienne cour intérieure qu’il surplombe d’une magnifique verrière, Jean-Daniel dédie un espace entier à la dégustation de vins : le Bar des 5 Terres. Au plaisir du regard, il associe celui de la bouche avec un choix centré sur les plus grands crus de la région et une fine sélection de vignerons biologiques, biodynamiques ou natures. Il renoue avec la tradition viticole de la ville, traversée par la Route des Vins d’Alsace, en associant plaisirs du vin aux plaisirs de la table. Depuis leur arrivée au printemps en cuisine, la jeune cheffe Axelle Gillig et son compagnon, tout aussi surdoué, Mathias Stelter, impriment une marque très prometteuse dans la gastronomie alsacienne. Mais le visiteur est loin d’être arrivé au bout de ses surprises. Après les chambres généreuses et lumineuses, il a le loisir d’explorer les sous-sols. Dès que s’ouvrent les portes de l’ascenseur, il frémit d’impatience en découvrant la piscine, inscrite dans l’espace voluptueux d’un caveau avec voûte en berceau, puis il alterne les instants prolongés dans le sauna avec ses formes boisées courbes ou dans le hammam relaxant où une équipe experte de la marque Gemology prodigue soins et bien-être. Là aussi, les pierres de taille d’origine en grès donnent une belle impulsion visuelle, que ne viennent pas contredire les chaleureux murs en brique. Jean-Daniel donne une petite touche 70’s à la déco de salons très contemporains : un mobilier raffiné avec des cuirs souples réalisées par les Tanneries Haas à Eichhoffen, fleuron du luxe en Alsace et fournisseur de la marque Hermès. Cette volonté de s’inscrire hors du temps n’a rien d’innocent. Jean-Daniel Seltz, l’enfant du pays, aimerait redonner du lustre à la ville de Barr. Avec son hôtel, intégré au très prisé réseau MGallery by Sofitel, il y a de très fortes chances que celle qu’il considère comme une « belle endormie » s’éveille à nouveau.
À la vie comme à la scène Ces deux-là ont bien fait de se rencontrer ! Axelle Gillig et Mathias Stalter forment un duo complémentaire, elle au froid, lui au chaud – « On pourrait intervertir les rôles, mais les choses se sont faites naturellement » nous avoue la jeune cheffe –, et composent une cuisine qui fait la part belle à la tradition, à la convivialité mais aussi à la modernité, sur la base de produits frais de saison. « Nous échangeons beaucoup, nous explique Mathias dans un français admirable pour ce jeune chef allemand, mais nous exprimons la même pensée. Nous savons dans quelle direction nous diriger. » La situation de couple favorise la discussion. « Nous osons nous dire les choses, enchaîne Axelle, il n’y a pas cette crainte de froisser l’autre. » Cette belle entente se traduit dans l’assiette, le velouté de courges, lait de coco et citronnelle servi en entrée ce jour-là nous renseigne sur de belles intentions et un supplément d’âme qui se révèle à chaque bouchée. « Oui, il s’agit d’une entrée purement végétale – vegan –, sans crème ni beurre, qui présente un véritable intérêt nutritionnel », nous explique Axelle. La carte pleine de surprises est renouvelée régulièrement, même si certains plats ne peuvent être 138
retirés pour satisfaire la demande d’une clientèle déjà fidélisée en quelques mois. Ils cherchent tous deux à raconter une histoire, à s’inscrire dans le temps. Le choix de la dorade snackée, aux courgettes et tomates, polenta crémée est justifiée, avec une certaine poésie, par la volonté de « prolonger le soleil d’été au moment où la grisaille s’installe ». Forcément, on leur pose la question de ce choix de vie à Barr, eux qui ont connu des parcours d’exception, le Louis XV chez Alain Ducasse à Paris et le Chambard chez Olivier Nasti pour elle, l’Auberge de l’Ill chez Marc Haeberlin, le Louis XV également pour lui, et le Blue Bay à Monte Carlo chez Marcel Ravin pour tous les deux. « C’est le destin ! », nous répond Axelle Gillig, qui nous évoque un projet récent de restaurant qui alliait belles pierres, boiseries et dorures. « Quand nous avons découvert le lieu, nous nous sommes dit que c’était exactement ce que nous cherchions à initier nous-mêmes. Donc, il était inutile d’aller plus loin. » Mathias complète : « Et puis, nous aimons tellement l’Alsace ! » On ne saurait le contredire, dans ce qui s’apparente à un joli cocon au cœur de la région. 5 Terres et La Table du 5 11, place de l’Hôtel | Barr 03 88 08 28 44 5terres-hotel.fr
Marché couvert de Schiltigheim et lieu d’Exposition
Ouvert du mardi au dimanche de 9h à 19h www.hallesduscilt.com
Illustration : Ilona RIMELE / Ville de Schiltigheim 2017
Place de la Liberté
ZUT À TABLE La recette
Cabillaud poêlé, artichaut barigoule et champignons Stylisme et texte Anaïs Inizan Photos Henri Vogt
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Sous leurs airs de restaurant de quartier, Les Canailles cachent un lieu aussi raffiné que chaleureux : carte courte et renouvelée, service rapide et accueillant, vins savamment sélectionnés, plats végétariens inventifs, desserts originaux et addition modérée. L’atout n°1 de la cuisine de Joël Margoton, c’est l’ultra-fraîcheur des produits.
Ingrédients
Réalisation
• Artichauts barigoule • Une tranche de lard • Carotte • Laurier • Ail • Persil • Citron • Thym • Sel, poivre
— Les artichauts
• Cèpes • Trompettes de la mort •P avés de cabillaud (ou autre poisson de saison, ou coquilles Saint-Jacques) •F leur de sel, poivre mignonette • Huile d’olive • Beurre • Fumet de poisson • Crème fraîche liquide • Vin blanc
Les Canailles 52, rue de Zurich 03 88 22 45 23 Facebook : les Canailles restaurant épicurien
Garder 10cm de tige sur chaque artichaut. Enlever toutes les feuilles au couteau, ainsi que le foin. Plonger les artichauts dans de l’eau avec du citron pour éviter l’oxydation. Faire bouillir de l’eau, ajouter les artichauts, la garniture aromatique (pour 1kg d’artichaut) : la carotte, la feuille de laurier, l’ail, le persil, la rondelle de citron, le thym, du sel et du poivre et une tranche de lard. Cuire 15mn à feu moyen. Piquer les artichauts pour voir s’ils sont cuits et réserver. — Les champignons Compter une belle poignée de champignons par personne. Retirer la terre des cèpes et des trompettes de la mort à l’aide d’un pinceau à poils dur ou d’une brosse à champignons. Couper les cèpes en 2 ou en 4 selon la taille ou émincer les plus gros. Garder les trompettes de la mort entières. — Le fumet Dans une petite casserole sur le feu, faire émulsionner à l’aide d’un fouet ¼ de litre de fumet de poisson, ¼ de litre de crème fraîche liquide et un peu de vin blanc.
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— Le poisson Choisir des pavés d’environ 160/180gr par personne. Sécher le poisson à l’aide d’un torchon ou de sopalin. Saler, poivrer. Poêler à l’huile d’olive et terminer avec une noisette de beurre pour bien nourrir le poisson. Pour une cuisson parfaite, le poisson doit rester nacré à l’intérieur. — L’accompagnement Poêler les champignons pour sortir l’eau de végétation. Réserver. Poêler les artichauts coupés en deux avec du beurre et ajouter les champignons avec de l’ail, du persil et un peu d’eau de la cuisson des artichauts. — Le dressage Dresser les champignons et les artichauts sur l’assiette. Déposer le poisson au sommet. Arroser de fumet. Pour plus de volume, on peut ajouter quelques moules revenues dans la poêle de cuisson du poisson, des tuiles d’encre de sèche, des pousses de petits pois et des brins de cerfeuil.
ZUT À TABLE Le reportage
Ceci est un fruit Par Cécile Becker Photos Henri Vogt
Après l’implantation de deux coffee shops qui ont largement contribué à l’explosion de la « culture café » à Strasbourg, l’équipe du Café Bretelles – associée au torréfacteur Mokxa – a ouvert sa propre « Torré ». La torréfaction, un métier où la maîtrise côtoie quelques impondérables…
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’est un fait : boire un café en France n’est pas une chose sérieuse. On l'avale accoudé au zinc entre deux articles de L’Équipe, en clôture de repas ou à la pause, servi par la Nespresso installée à côté de la photocopieuse, généralement en quelques secondes. Ny Aina Bernardson, co-fondateur du Café Bretelles, barista et désormais torréfacteur, s’offusque : « En France, le café est soit bu comme un médicament, pour un coup de fouet en pleine journée, soit il est un réflexe. Il nous est important de changer les mentalités, pour qu’il devienne un plaisir. C’est un peu comme le vin. » Les parallèles sont un effet troublants : si on parle de cafés de spécialité
— La Torré by Bretelles x Mokxa 56, rue de Zurich — Café Bretelles Krutenau 57, rue de Zurich — Café Bretelles Petite France 36, rue du Bain-aux-plantes www.suspenders.fr www.cafemokxa.com
comme on parle de vins naturels, c’est que leurs goûts sont à la fois dépendants de leur origine (Panama, Kenya, Brésil, etc.), de leur terroir, de la manière dont il a été cultivé, récolté. Un bon torréfacteur se doit donc de connaître l’exploitation et ses méthodes pour tirer le meilleur jus du noyau de ce fruit aux allures de cerise. Et aussi de rémunérer les producteurs à la hauteur de leurs efforts : au-delà de la tendance, les équipes du Bretelles et de Mokxa font preuve d’un vrai engagement. Pour faire « sortir de terre » cette Torré, en plein quartier de la Krutenau, le Café Bretelles, déjà associé à la maison Mokxa, s’est formé et a installé tout le matériel nécessaire à la transformation du grain vert, dont le parfum à cru est déjà un critère de qualité. D’une origine à l’autre, le nez se laisse surprendre par des notes tantôt herbacées, terreuses ou acides. Mais c’est quand le travail de torréfaction commence que les choses se corsent. Ny Aina, concentré et placide, a devant lui les outils pour contrôler et garder une trace de tous les paramètres qui feront la réussite – ou l’échec – de sa torréfaction : un ordinateur relié à une sonde, elle-même relié au torréfacteur, un deuxième écran pour régler températures et vitesse du tambour, un tableau où il indiquera températures et données, un colo-
rimètre et un échantillon d’une précédente torréfaction à titre de comparaison. Chaque torréfaction, qu’on appelle “batch”, même si elle provient du même sac et de la même origine, peut-être radicalement différente. D’autant qu’un bon nombre d’éléments impondérables peuvent jouer sur sa qualité : météo, température intérieure, humidité ou caprices technologiques… Il s’agit donc d’associer compétences et intuitions. Un travail précis qui fait le bonheur de quelques restaurants, cafés et bars exigeants qui se fournissent et se forment auprès de la Torré : Jour de Fête, Le Grognon, Le Maquis ou Le Botaniste notamment. Une science pas très exacte Torréfier un “batch” prend environ 11 minutes, et « chaque dizaine de secondes compte ». Si Mokxa a préétabli des profils de torréfaction, Ny Aina a adapté, au fil de son expérience, les paramètres au type de machine et à l’atmosphère strasbourgeoise. Pour torréfier son batch de Kenya, il suit ainsi deux courbes : la température et la vitesse à laquelle elle monte. Il ajuste la vitesse du tambour, la température du gaz, la température de sortie et le flux d’air chaud. « L’air chaud cuit uniformément, il faut être attentif à cela autant qu’à la chaleur envoyée, sinon les grains vont se coller aux parois et être trop cuits à l’in143
térieur. » Le grain prend ainsi 6°C toutes les 30 secondes et sa couleur change très rapidement. Après 11 minutes, les grains torréfiés sont expulsés et refroidis par une clim intégrée. Vient ensuite le contrôle qui se fait en deux temps. Quelques minutes après la torréfaction, Ny Aina vérifie la colorimétrie après avoir moulu quelques grains : l’odeur est déjà délicieuse. « Les parfums se révèleront d’autant plus d’ici cinq jours », préciset-il. Verdict ? « Il y a 7 points de différences avec la précédente torréfaction, le grain a cuit plus longtemps à basse température, ça ne va pas… » Ny Aina, insatisfait, confirmera ou infirmera son ressenti le lendemain lors de la dégustation. « Il y a plusieurs méthodes pour goûter le café. Nous avons choisi la brésilienne, qu’on appelle le “cupping” : 12 grammes de café fraîchement moulu dans une tasse arrosé d’une eau à 92°C, le tout infusé pendant 4 minutes. » On retire ensuite la croûte de marc remontée à la surface, on trempe une cuillère tout à fait ronde, on aspire – le bruit est plus que particulier –, on recrache. Même origine, mêmes courbes, mais d’une tasse à l’autre, le goût et les parfums ne sont pas les mêmes. Deuxième verdict ? Au final, l’échantillon possiblement raté est le meilleur des sept batchs torréfiés… Mystère…
ZUT À TABLE
Par Cécile Becker Photo Henri Vogt
Supertonic
Gins | 6 € -> 10,80 € Saucisses | 4 € -> 5 € Frites | 4,50 €
Ouvert tous les jours | 10h -> 1h30 1, place d’Austerlitz Facebook : Supertonic 03 67 68 01 15
Les lieux
A
vec Joseph Thomas, associé de Diabolo Poivre, passionné de gin en charge de Supertonic, nous nous remémorons avec mélancolie nos années adolescentes arrosées de boissons où l’overdose de sucre (ce bon vieux malibu-orange…) devait faire passer le goût si désagréable de l’alcool. Jack London, dans son livre John Barleycorn, décrit à la perfection les relations paradoxales qui nous lient à l’alcool : tout au long de notre vie, nous cherchons à apprivoiser cet élixir dont on n’aime, au fond, jamais vraiment le goût mais qui nous pousse à perdre le contrôle, et donc à nous trouver. Aimer le « mauvais » gin, beaucoup d’entre nous en sont capables : son goût résineux, son amertume et ses reflux vaguement médicamenteux se sont longtemps accommodés du plus basique des tonics – dont l’excès de sucre masque, le temps de l’ingestion, l’âpreté. Que cela soit dit : le gin, ce n’est pas que ça. « C’est un alcool dont la palette aromatique est beaucoup plus large qu’on ne le pense, explique Joseph Thomas. Si on aro144
matise à la base l’alcool de baies de genévrier, on peut y ajouter ce que l’on veut. » C’est ce que l’on appelle justement les botaniques : herbes, épices, plantes ou fruits que l’on fait macérer ou que l’on redistille avec la base genévrier-alcool éthylique. Ici on trouvera une sélection de 45 gins (qui sera augmentée au fil des saisons) – dont des infusions maison : les notes de coriandre du Tanqueray, de la citronnelle dans l’excellent Bobby’s – le favori du patron –, les agrumes du Fifty Pounds… Chaque gin peut être bu en shooter ou agrémenté de deux tonics différents, et même accompagné de sa saucisse made by la boucherie artisanale Lorch. Une coquetterie qui nous fera retrouver la fameuse currywurst – clin d’œil à l’esprit Biergarten voulu par l’équipe – et découvrir une saucisse de veau arrosée de sauce miso. Le tout dans un décor au poil concocté par les V8 designers et charté par leurs amis de l’Atelier Poste 4. C’est beau, c’est bon et on en ressort chancelant d’avoir redécouvert cet alcool trop longtemps oublié.
Conception : chicmedias — Photos : Henri Vogt
Restaurant Bastardo Italian / Urban / Food 17, rue des Tonneliers 03 88 21 01 01 Mardi -> Samedi 12h -> 14h 19h -> 23h
Bistrot Coco 8, rue de l’Écurie 03 90 20 39 39 Mardi -> Samedi 12h -> 14h 19h -> 22h30
ZUT À TABLE
BOMA Bistro 7, rue du 22 Novembre 03 90 00 00 10 www.boma-hotel.com Par Sonia de Araujo Photo DR
BOMA bistro
Petit-déjeuner buffet | 17 € — continental | 7,50 € Entrée + plat ou plat + dessert + expresso BOMA | 18 € Entrée + plat + dessert | 21 €
Les lieux
D
epuis des mois, on voyait les ouvriers s’activer, transformant une ancienne banque en hôtel 4 étoiles. Puis, dans la torpeur estivale, le BOMA a ouvert ses portes aux touristes… et aux Strasbourgeois. C’est inscrit dans son ADN : en plus d’héberger les visiteurs de la capitale européenne, le BOMA veut régaler les papilles des autochtones. Dans son cosy bar-restaurant à la déco ethnique chic, on vient s’offrir une parenthèse à toute heure de la journée. Un petit-déjeuner pro le matin, un déjeuner express (ou pas) en semaine, une dînette en amoureux, une soirée filles, le lieu s’adapte à toutes les configurations. 146
Dans les assiettes, les produits locavores et bios sont rois. Tout est fait maison. Lové dans ses banquettes rouges et ses chaises colorées, on déguste une BOMAdeleine (un kougelhopf revisité) avec son café, un croque-monsieur et des douceurs de 14h à 18h, des finger food à la française à l’after ou des plats plus élaborés le midi. Veggies, vegans ou viandards sont les bienvenus, ici le régime est flexitarien. Côté liquide, le chef étoilé Thierry Schwartz a mis son grain de sel. Il a concocté une belle carte de vins naturels – des pictos didactiques guident les néophytes parmi la trentaine de bouteilles – et de Chartreuse, la fameuse liqueur des pères Chartreux, disponible ici sous toutes ses formes. À consommer avec modération évidemment.
RDV du 6 au 28 octobre 2017
*Éphémère.
FISCHER RÉINTERPRÈTE LA BIERSTUB ALSACIENNE 2 MENUS CRÉATIFS ÉLABORÉS PAR 2 TALENTS DE LA GASTRONOMIE ALSACIENNE.
- 11 RUE DE LA DOUANE À STRASBOURG I N F O R M AT I O N S E T R É S E R VAT I O N S U R FAC E B O O K / B I E R S T U B F I S C H E R
L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.
ZUT À TABLE
7/7 midi et soir Service jusqu'à minuit | Jeu + Ven + Samedi Non stop le dimanche
MiTo 8, place d’Austerlitz www.milanotorino.eu
Les lieux
Par Jibé Matthieu Photos Henri Vogt
MiTo
Sfizi | 8€ → 9€ Pizze | 10€ → 18€ Cocktails | 7,5€ → 14€
A
près la mue saluée du Café Bâle, voilà qu’une partie de l’équipe s’est attaquée à un autre angle de la place : exit le Xanadu, donc, et place au MiTo, fusion syllabique de Milano Torino, un restaurant à pizzas… napolitaines. Règle numéro 1 : embaucher des pizzaioli made in Italie. « La pizza, c’est un art ! », clame sans détours Damien, directeur du lieu. Et à les regarder manier la pelle devant le four sur-mesure chauffé à 400 degrés, on veut bien y croire ! D’ailleurs Michele, le seul de la bande à maîtriser quelques bribes de français, fait partie de l’Équipe nationale de Pizza. Ça vous parle !? Ça devrait… Deuzio : ne pas négliger les ingrédients. Ici, tout, absolument tout provient d’Italie, sourcé auprès de petits producteurs des Pouilles. La farine est bio et le pétrissage de la pâte relève du massage shiatsu ! Au final, 10 pizzas (plus celle du jour) à la pâte extra fine, moelleuse et digeste, dont les recettes suivent les saisons. Ainsi, les tomates jaunes du Vésuve feront-elles place cet hiver à de magnifiques… citrouilles ! Qualité des produits et prix contenus. Si les pizzas sont un chouïa plus onéreuses, croyez bien que ça les vaut ! 148
Ah, on oubliait : le MiTo propose aussi des assiettes de pâtes ou des salades, ainsi que de délicieuses entrées (les sfizi), façon tapas à l’italienne. Même la carte des vins est affaire de connaisseurs et fait la part belle aux terroirs transalpins. L’autre point fort du MiTo, c’est l’offre cocktails. La maison dispose même de deux bartenders, qui concoctent leurs propres sirops, infusions et mixtures en cachette dans la cave et poussent le shaker jusqu’à imaginer des recettes en accord avec chaque pizza. Ajoutez côté décor un style urbain, indus mais chic, avec de grandes tablées en bois pour le côté convivial, des murs habillés de planches, de mosaïques ou de tapisserie pour la touche arty et une terrasse d’un bleu aussi flashy que les pulls du patron, terrasse qui même cet hiver sera dopée aux calorifères. Franchement, que demander de plus ? Si, une équipe sympa. Coup de bol : elle l’est !
RISTORANTE. ENOTECA. CAFFÈ.
4, place du Marché | 67370-Truchtersheim 03 88 11 96 42 | www.lafuga.fr
MAR-SAM 9h à 23h
Un hôtel de luxe au cœur de l’Alsace, sur la Route des Vins H ÔT E L
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DIM 12h à 17h
ZUT À TABLE
Par Alice Herry Photo Henri Vogt
Glossette
Menu du jour | 12,90 € À la carte | 9 → 13,50 € Lun → sam / midi et soir
Glossette 15, rue Sainte-Barbe 03 88 23 16 98 Facebook : restaurant Glossette
Les lieux
A
chour Al Machouti connaît bien Strasbourg. L’homme a d’abord côtoyé le monde de la restauration de la place du Marché Gayot, foulant son pavé durant trois ans. Ensuite, il s’est accoudé aux comptoirs d’un bar pendant huit belles années : celui du TNS. En y apportant sa touche perso, il a contribué à faire du lieu un incontournable. En 2008, sa parenthèse culturelle s’achève, il perd la gérance du bar. Commence alors une période difficile. Passionné et travailleur, Achour ne lâche rien et espère un jour revenir égayer le quotidien des Strasbourgeois. Projet qui prend forme en juillet dernier, avec Glossette. Dans un cadre cosy et rétro, son café-bar-restaurant, tenu avec sa compagne Caroline, propose des petits plats chauds, des tapas et une belle carte 150
de vins français. « Ici, c’est toi qui choisis, c’est pas moi qui impose ! » Au milieu de ses clients, Achour est dans son élément. Son humour décapant et sa bonne humeur accompagnent les menus du jour mieux que n’importe quelle boisson. Cela ne l’empêche pas de soigner sa carte, simple mais efficace, avec notamment le saumon fumé au piment d’Espelette, disposé sur des galettes de pommes de terre au fromage blanc, le tout accompagné d’une salade de roquette. Côté dessert, la mousse au chocolat au lait et la panna cotta à la mangue font l’unanimité. Les produits sont frais et les prix attractifs. Glossette développe aussi la vente à emporter (soupes, salades, plats chauds). Les fidèles sont déjà à table. Achour, lui, continue d’écrire son histoire. Pour lui, « c’est l’échange qui fait le bonheur ».
LES JARDINS DE GAÏA ZA - 6, RUE DE L’ÉCLUSE 67820 WITTISHEIM
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4 Place Saint-Pierre le Jeune à Strasbourg I 03 88 15 49 10 www.terroir-and-co.fr *Ou sifflez, ou fredonnez ou susurrez “joyeux anniversaire”. **Concours-photo organisé dans le restaurant du 1er au 30 novembre. Tirage au sort le 30/11/2017 à 23h59. À gagner : 2 Week-ends pour 2 personnes (Samedi : Dégustation de vin + Diner à Terroir&Co + Nuit au Sofitel - Dimanche : Brunch + Visite du potager et du Vignoble)
ZUT À TABLE
Lun | 14h → 19h30 Mar | → sam 10h → 19h30
Pane Vino 8, rue du Sanglier 09 71 20 32 21 Facebook : pane vino strasbourg
Les lieux
Par Jibé Matthieu
Pane Vino
Photo : Pascal Spaeth
À
l’angle de la rue du Sanglier et de celle du Chaudron, la boutique a de quoi vous mettre l’eau à la bouche. En vitrine, jambons et saucissons achèvent de vous convaincre de pousser la porte et là, Ô surprise ! L’intérieur est léché, avec une vraie cave à vins de près de 70 références du meilleur de l’Italie. « Sur les 500 que nous proposons au restaurant », assure David, l’une des têtes de cette épicerie fine ouverte cet été, avec Lubin son acolyte d’In Vino Veritas (restaurant et bar à vins place de la Cathédrale). « L’idée de l’épicerie nous est venue parce que les clients du bar à vins nous réclamaient les produits… », explique Lubin. Le pitch ? Ne travailler qu’avec des artisans italiens de taille modeste. Ainsi, la quinzaine de variétés de pâtes fraîches est réalisée par une petite entreprise du Piémont. Le saucisson provient de la ferme Luiset, dont la patronne connaît le nom de chaque cochon ! Il en va de même pour le jambon aux noisettes, à la truffe ou au miel... « On travaille avec des artisans qui ont leur spécialité », détaille 152
David. Ainsi du jambon de Parme Sant’Ilario, pure merveille en principe réservée aux restaurants gastronomiques. Une offre qui joue des coudes avec le meilleur du fromage transalpin, mais aussi des antipasti de toute beauté apprêtés par Bruno Cingolani, restaurateur étoilé d’Alba. L’homme fournit l’épicerie en farine, en riz et en produits secs comme cette onctueuse pâte au chocolat réalisée avec des noisettes du Piémont… Tout ici parle aux sens, comme la truffe du comptoir qui nous fait de l’œil ou ces éclats séchés de cèpes, au parfum envoûtant ! « On travaille à 95% avec des producteurs bio », renchérit David, qui tient à ce que les clients de l’épicerie trouvent chez Pane Vino de quoi faire des courses complètes. C’est la raison pour laquelle les deux hommes proposent aussi deux à trois plats cuisinés chaque jour (lasagnes, vitello tonnato, osso bucco…) et que David s’évertue à mettre en ligne une recette par semaine. « Les clients n’ont plus qu’à passer acheter les ingrédients. Et ça plaît !... » Tutti va bene !
www.le-banquet.com
Rhétorique raffinée
de plats bistronomiques à Strasbourg
Le Banquet des Sophistes
03 88 68 59 67
5, rue d'austerlitz, 67000 Strasbourg
15, rue Sainte-Barbe | Strasbourg 03 88 23 16 98 restaurantglossette
Zut x Manolya
Coffee Par Alice Herry Photo Henri Vogt
AUTOMNE 2017
SHOW COCO BY ZUT Chaque saison, une nouvelle boisson Zut à découvrir chez Manolya Coffee. Cet été, le Summer Zut Tea avait rafraîchi de nombreux gosiers. Depuis, l’automne a décidé de s’incruster sur la carte. Le froid et la grisaille se sont installés trop rapidement, les épisodes pluvieux se succèdent… bref, la morosité pointe. Aussi, Manolya Coffee élabore pour les lecteurs de Zut (et les autres aussi) un chocolat chaud grand cru, vegan et particulièrement savoureux. Boire un chocolat chaud, c’est revenir inexorablement en enfance. C’est se souvenir du bol fumant, des moustaches de lait, de la saveur du chocolat et de l’onctuosité de la mousse. C’est aussi et surtout un véritable moment cocooning. Avec cette boisson chaude au chocolat noir, lait d’amande et sirop d’érable, Manolya Coffee nous en propose une version 100% végétale. → Manolya Coffee 2, petite rue du Vieux Marché aux Vins Facebook : Manolya-coffee Instagram : manolyacoffee
LE CHOCOLAT Un chocolat noir 80% cacao, particulièrement fin, issu du commerce équitable. L’INGRÉDIENT PHARE Le lait d’amande bio est une alternative au lait de soja. Riche en nutriments, pauvre en acides gras saturés, faible en calories, sans lactose et d’origine 100% végétal, il a vraiment tout pour séduire. 154
LA SIGNATURE DU CHEF Le sirop d’érable bio remplace le sucre et apporte naturellement un petit +. Cette gourmandise aux multiples saveurs sublime le chocolat et rend la boisson encore plus gourmande. Sa couleur orangée nous rappelle aussi que l’automne ne fait que commencer…
Les P’tites Cocottes RESTAURANT - BRASSERIE - CAFÉ
Les P’tites Cocottes 20, place du Marché Gayot - 67000 Strasbourg - 03 88 24 58 33
8 place d’Austerlitz 67 000 Strasbourg 03.88.23.85.32 contact@milanotorino.eu www.milanotorino.eu
ZUT À TABLE Brèves de comptoir
L’actu à boire et à manger
Lâchez les zinzins ! Ambiance détendue et foutraque au Garde Fou, où l’on peut boire du vin nature – encore trop rare dans les bars strasbourgeois –, tester une longue liste de bières artisanales (mention spéciale à la brasserie locale Bendorf) et, au sous-sol, profiter d’une piste de pétanque (!). Le tout accompagné d’une petite restauration pas piquée des hannetons, dans un décor sans chichi où l’accent est mis sur la convivialité. Ça change. (C.B.) Le Garde Fou 8, rue du Faubourg national Facebook : Le Garde Fou Strasbourg
Photo : Henri Vogt
Pop-up ! La tradition passe parfois par de subtiles interprétations. Ainsi, Fischer revisite ses classiques, ici en l’occurrence la bierstub repensée dans le cadre d’une adresse éphémère à La Hache. Coup de projecteur sur la fine fleur des cuisiniers au piano : Léa Birckner et et Matthieu Frinault, respectivement cheffe à L'Aeden Place et chef de La Hache, se font une joie de « réinterpréter
Photo : Ignacio Haaser
156
la cuisine traditionnelle en la modernisant ». Parmi les recettes de bierstub, un menu de rêve : nem de jarret de porc, foie gras poêlé en croûte de bretzels, sandre rôti avec spaetzles au sarrasin et tartelette coings et noix, glace au malt d’orge torréfié, le tout accompagné de 4 bières Fischer… (E.A.) Pop-up Bierstub Fischer 06.10 → 28.10.2017 Infos et réservation 03 67 68 01 75 La Hache 11, rue de la Douane
GINS BIÈRES COCKTAILS SAUCISSES & AUTRES PLAISIRS
1 PLACE D’AUSTERLITZ STRASBOURG lun — sam 11 h — 1 h 30 Dim 11 h — 23 h 03 88 23 54 78
ZUT À TABLE Brèves de comptoir
L’actu à boire et à manger
Au fil des saisons Vous avez fait le tour des winstub et de leurs baeckeoffe à Schiltigheim ? La Fabrique, ouvert depuis bientôt un an, propose une cuisine moderne jouant sur les associations de saveurs. Le chef étoilé Xavier Jarry prépare une cuisine gastronomique, à des tarifs abordables, et renouvelle régulièrement sa carte. Il travaille exclusivement avec des produits frais et locaux, les plats sont construits autour d’une matière première dont ils portent le nom : La barbue, Le bœuf, La pêche, en l’occurrence « infusée à la verveine ». Tout cela dans un cadre remanié cet été, cosy et boisé. (A.P.) La Fabrique 32, rue de la Gare à Schiltigheim www.lafabrique-restaurant.com
L'histoire continue Stefan Baudic et Carole Denis ont repris il y a un an et demi le Coin des Pucelles, situé dans la rue du même nom jouxtant la place Saint-Étienne. Les co-gestionnaires témoignent de concert : « C’est le restaurant que nous voulions. » S’il a « son âme et son vécu », ils l’ont accommodé à la sauce de leur rêve. Ambiance winstub, cuisine traditionnelle à base de produits fermiers locaux, offre végétarienne, vins biologiques… Outre la volonté d’un service de qualité, l’autre spécificité tient à leur service tardif, « pratique après un spectacle par exemple », jusqu’à 1 heure du matin. (A.P.) Au Coin des Pucelles 12, rue des Pucelles 03 88 35 35 14 Photo : Sylvain Reiniche
Photo : Sandro Weltin
158
LES DICTÉES DE PAPY GUY LES ANIMAUX DE LA FORÊT
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ZUT À TABLE Le Shopping
Plans de coupe
Bons plans et actus pour cuisiner contemporain.
Par Myriam Commot-Delon
bulthaup Après quelques années d’absence à Strasbourg, bulthaup ouvre un nouveau showroom à partir du 17 octobre. On y retrouvera ses iconiques cuisines b1, b2 et b3 : autant d’invitations à cuisiner et à savourer, bien installés sur leurs bancs et tables d’un design parfait. À retrouver également, les tables et assises en cuir de la marque allemande KFF. UN PLAN DE TRAVAIL ÎLOT
D’allure jeune et empreinte de simplicité, la bulthaup b1 se compose d’éléments autonomes. Ses formes rectilignes forment un bel ensemble organique avec ses façades biseautées en guise de poignées. bulthaup 6, rue de la Nuée-Bleue 03 88 38 69 0
SieMatic Marque partenaire de SieMatic, la société suisse d’électroménager V-Zug propose un nouvel aérateur de plan de cuisson novateur, aspirant la vapeur vers le bas. UN PLAN DE TRAVAIL PROFILÉ
Il est toujours plus facile de rajouter que retirer. SieMatic, pionnier des cuisines sans poignées depuis 1960, séduit avec son langage minimaliste et graphique. La démonstration avec la cuisine SieMatic S2 de la gamme Pure, présentée ici en « blanc lotus », avec niches vernies et plans de travail StoneDesign. 3C Cuisine - SieMatic Store 20, avenue de la Marseillaise www.cuisine-3C.com 160
197 Design Ariel Unbekandt inaugure le 12 octobre son nouvel espace cuisine. Entre la philosophie ultranature de Team 7 et ses cuisines en bois massif huilé et verre laqué, celles de Val Cucine en aluminium et verre (sans aucun stratifiés) et celles de Noblessa, la sélection du showroom offre un panel hautde-gamme à forte personnalité. Jusqu’au 31 décembre, on peut également y découvrir les œuvres du peintre Alexandre Moliera.
Passion Cuisine Elite Son terrain de jeu ? Toute la maison, du dressing à la cuisine, dont les différents modèles s’organisent façon jeu des 4 familles : cuisines mates, brillantes, verres ou boisées, à visualiser sur une simulateur 3D pour mieux affiner ses choix. La nouveauté libérant murs et plafonds ? Les hottes Bora, à commande tactile, directement intégrées au plan de travail.
UN PLAN DE TRAVAIL EN ESCALIER
Pour rompre la linéarité, le plan de travail de la cuisine Wagner du cuisiniste allemand Noblessa se joue des niveaux avec virtuosité.
UN PLAN DE TRAVAIL DEUX EN UN
Un plan de cuisine avec des plaques de cuisson invisibles, inrayables, incassables et sécurisés intégrées dans un plan de travail en céramique ? C’est la prouesse technique que propose TPB Barcelona avec ce plan de travail révolutionnaire qui fait entièrement disparaître les sources de chaleur.
197 Design 197, avenue de Strasbourg à Brumath www.197design.fr
Passion Cuisine Elite Rue Transversale A à Vendenheim 03 88 33 97 98 www.passion-cuisines-elite.fr
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Sélections Lifestyle
Design
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sommiers motorisés
Vie nocturne
dormir voluptueusement
ou non, textiles, cadres
la nuit, on se rend les
et têtes de lits sont à
yeux fermés au showroom
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éditeurs Cinna et Ligne
de literie alsacienne
Roset. (M.C.D)
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Déco
Diabolique Le diable est dans les détails. Chez Forgiarini, les corners dédiés aux accessoires de salle de bain et rangements de la marque danoise Zone Denmark démontrent une fois de plus que la simplicité et l’épure scandinave, alliées à la fonctionnalité, approchent la perfection. Déclinés en tons poudrés, poubelles, sacs à linge, ustensiles divers ou linge de bain sont à découvrir dans les différents showroom Forgiarini. (M.C.D.) www.forgiarini.net
App
Trop sup’hair Avila 69, rue des Grandes Arcades 03 88 23 05 43
Avila – partenaire de Zut – regroupe non seulement des supers coiffeurs indépendants mais est aussi un lieu hybride accueillant de multiples événements et artistes. Un salon de coiffure créa’tif, récemment refait à neuf par le Studio Petit Martin, et de mèche avec la technologie puisqu’il disposera fin octobre de sa propre application Smartphone. Pourquoi ? Pour suivre son actu et prendre rendez-vous : simple, efficace et gratuite. (C.B.) 163
“LA TABLE EST L’ENTREMETTEUSE DE L’AMITIÉ”
Ouvert du mardi au samedi 12h → 13h30 / 19h → 21h30 32, rue de la Gare 67300 Schiltigheim 03.88.83.93.83 contact@lafabrique-restaurant.com
Opening
Smart box
Tout simplement baptisée La Boutique déco, elle s’impose comme le nouveau repaire des friands de l’aménagement et du design. Le concept inédit : faciliter la vie du visiteur en lui proposant sur 250m2, des ambiances déco catégorisées par thèmes et sous forme de box. De l’inspiration
scandinave à la tendance industrielle, lifter son intérieur devient easy ! (C.L.) La Boutique déco chez Passion Cuisines Elite Rue Transversale A Vendenheim
Vélo
Cuirasse Si Strasbourg est la capitale du vélo, ses cyclistes, eux, se montrent toujours plus créatifs. Conceptualisé dans le FabLab strasbourgeois d’AV.Lab, le nouvel accessoire YoLand s’annonce comme un indispensable du biclou ! Ce sticker en cuir personnalisable protège le cadran et stylise n’importe quelle monture. Encore dans sa phase de prototype, le projet est encore finançable via la plateforme Kickstarter. Un coup de pouce en un coup de pédale. En vélo YoLand ! (C.L.) www.kickstarter.com 164
Déco
Serendipity Dot Store, nouveau QG déco bohème strasbourgeois, soufflera en novembre sa première bougie. Ludo et Mo, deux jeunes trentenaires baroudeurs et sourceurs d’artisans du monde entier, y proposent les bons ingrédients pour une décoration nomade, éclectique et responsable. Cet hiver, on illuminera nos intérieurs avec des nasses
vietnamiennes et des lustres en cauris, et on se réchauffera dans des plaids ethniques aux matières et teintes naturelles. Une caverne d’Ali Baba où dénicher aussi de jolis bijoux en pierres semiprécieuses, réalisés par de jeunes créateurs. (M.C.D) Dot Store 17, rue de la Division Leclerc 09 84 22 53 71
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Event
Intérieur
Flamme du logis À allumer les jours de grand ménage ou pour oublier qu’il n’a pas été fait… Bougie en cire biologique, parfum Jour de lessive, disponible en 3 formats, Le Chat Dans L’Armoire. (M.C.D) Curieux? Concept Store 6a, quai Kellermann 09 84 48 33 62
Photo : Alexis Delon / Preview
Modèle Lampo, Sangiacomo, présenté sur le stand d'Antony, la boutique du composable (Bennwihr)
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Bravissimo ! Il y a comme un air de dolce vita qui souffle sur le 24e salon Maison Déco de Colmar. La petite Venise délaisse ses gondoles le temps d’un week-end au profit du design italien : iconique et avant-gardiste. Ce sera également l’occasion de découvrir la nouvelle Maison de Caroline 100% made in Alsace autour du thème déco « Osez le vert/verre ! ». (C.L.) Salon Maison Déco 20 → 23 octobre Parc des expositions et de Congrès de Colmar www.maisondeco-colmar.com
New lyf ! Aussi rapide qu’un envoi de SMS, l’appli mobile Lyf Pay révolutionne le paiement entre proches. Bienvenue dans la vie de Jeanne, qui n’a jamais de monnaie et découvre les nouvelles fonctionnalités Lyf Pay.
Transport en commun ! Virées entre potes en France ou balades dans les Vosges, Jeanne est toujours en vadrouille. Plus de casse-tête pour partager l’essence, le paiement se fait directement depuis la station service depuis son mobile.
STATION ESSENCE
Week-end à Rome Pour fuir la grisaille, c’est en compagnie de ses sœurs que Jeanne vivra la Dolce Vita le temps d’un week-end. Les bons comptes font aussi la famille…
L’apéro Time
Article sponsorisé
Profiter de l’été indien à Strasbourg et des dernières heures en terrasse pour siroter l’apéro entre amis… Pas de stress, Jeanne sait qu’elle paiera son Spritz à Mathilde le soir même !
Taxi driver
Saturday night fever pour Jeanne qui ne sort jamais sans sa clique ! À l’aube, c’est toujours entre copines qu’elles prennent le taxi et partagent les frais en un clic.
www.lyf.eu www.lyf.eu
J’ai testé pour vous — Le SKINTEX®LAB Par Cécile Becker Illustrations Laurence Bentz
D
epuis l’âge de 15 ans (j’en ai bientôt 30), je lutte de manière quasi-acharnée contre l’acné. Je suis loin d’être la cliente idéale des instituts de beauté : je m’autoprodigue des soins, tous naturels – voire les fabrique moi-même… En d’autres termes : j’incarne la bobo insupportable et critique. Les soins du visage en institut, très peu pour moi. Je suis donc la testeuse toute désignée du dispositif conçu par la marque Ella Baché et que maîtrise parfaitement l’institut Les Soins d’Ella : le SKINTEX®LAB. Kessekecé ? Un appareil aux d’ustensiles très sophistiqués qui vient répondre aux problématiques – préalablement diagnostiquées par une autre machine, le SKINTEX®DIAG – de chaque peau, qu’elles concernent le visage ou le corps. Mon problème ? Rougeurs, boutons,
et cicatrices de perçages barbares. Miam. La sémillante Émilie – moitié du duo de l’institut – m’installe devant une tablette reliée à une grosse loupe qui vient prendre des zooms de ma peau pour en déterminer la nature. « Nos client.e.s ont souvent des idées préconçues : cette technique va révéler des problèmes – ou des bonnes surprises – qu’on n’imaginait pas. » Verdict ? (Accompagné d’une liste de cosmétiques adaptés, idéale pour de futures suggestions cadeaux.) Pores très dilatés et oxydés, cernes visibles, peau couperosée (youpi !), peau grasse, mais desquamation faible, pas de rides, peau bien hydratée et bien ferme. Prends-ça la trentaine ! Le soin Detox Aromatics Teint Net est indiqué : il détoxifie, oxygène et lisse le grain de peau. Je suis couchée, tandis qu’une spatule vibrante me décolle les cellules mortes et désincruste les pores. Viennent ensuite les électrodes : d’abord un courant d’électroporation qui favorise la régénération des cellules, puis des micro-courants qui stimulent les ganglions lymphatiques. Ce n’est pas douloureux, plutôt curieux. J’ai la sensation que les ondulations électriques modifient les 168
contours de mon visage et d’avoir le front d’Elephant Man… Enfin, le Cryo-tonic diffuse du froid pour apaiser les cellules. En période hivernale, vous aurez en plus droit au peeling. Pour constater les résultats – visibles dès la première séance – il faudra attendre 24h et, pour plus d’effets, choisir une cure de 4 à 8 soins. Émilie me l’avait assuré : « Teint retour de vacances garanti. » Hors quelques boutons discrets subitement apparus – probablement galvanisés par tant d’attention –, j’ai une mine superbe, la peau plus lisse et on ne manque pas de me le faire remarquer. Institut : 1 – Moi : 0. Les Soins d’Ella 31, avenue des Vosges www.lessoinsdella.fr
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