ZU Culture Tendances Lifestyle
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City magazine Gratuit
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Strasbourg Automne 2018
GALERIES LAFAYETTE STRASBOURG 34 RUE DU 22 NOVEMBRE – TÉL. : 03 88 15 23 00 DU LUNDI AU SAMEDI DE 9H30 À 20H *The ultimate shopping destination 44 GL 552 116 329 RCS PARIS - PHOTO RETOUCHÉE
Lorraine/Lux. Oct. 2018
Haguenau & Alsace du Nord LE JOURNAL Nov. 2018
Oberrhein Nov. 2018
Strasbourg NUMÉRO SPÉCIAL 10e ANNIVERSAIRE
Réalisation : Myriam Commot-Delon — Photo : Alexis Delon / Preview
Déc. 2018
Prochaines parutions Zut
Zut team
Contri— buteurs
contact@chicmedias.com ou prenom.nom@chicmedias.com
Directeur de la publication & de la rédaction Bruno Chibane Administration et gestion Gwenaëlle Lecointe Rédaction en chef Emmanuel Abela Sylvia Dubost Rédaction en chef Zut à table Cécile Becker Directeur artistique Hugues François Design graphique Hugues François Clémence Viardot Directrice artistique mode et tendances Myriam Commot-Delon Responsable promotion & partenariats Caroline Lévy Chargée de projets & développement Léonor Anstett
Commercialisation & développement Léonor Anstett +33 (0)6 87 33 24 20 Bruno Chibane +33 (0)6 08 07 99 45 Olivia Chansana +33 (0)6 23 75 04 06 Caroline Lévy +33 (0)6 24 70 62 94 Philippe Schweyer +33 (0)6 22 44 68 67
Rédacteurs Emmanuel Abela, Cécile Becker, Marie Bohner, Myriam Commot-Delon, Sylvia Dubost, Julie Friedrichs, Jean HansMaennel, Marie Germain, Anaïs Inizan, Caroline Lévy, Marine Mai, Jibé Mathieu, Mylène Mistre-Schaal, Gilles Pudlowski, Philippe Schweyer, Romain Sublon.
Ce magazine trimestriel est édité par
Stylistes
Tirage : 9000 exemplaires Dépôt légal : octobre 2018 SIRET : 50916928000013 ISSN : 1969-0789
Myriam Commot-Delon Anaïs Inizan Caroline Lévy Photographes Pascal Bastien Alexis Delon / Preview Hugues François Benoît Linder Christophe Urbain Henri Vogt Illustrateurs Adria Fruitos Lætitia Gorsy Maurane Mazars Retouche numérique Emmanuel Van Hecke / Preview Mannequin Nais | www.upmodels.fr Coiffure Alexandre Lesmes / Avila Make-up et manucure Maili Nguyen / Avila Stagiaire rédaction Héléna Coupette
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chicmedias 12, rue des Poules 67000 Strasbourg +33 (0)3 67 08 20 87 www.chicmedias.com S.à.R.L. au capital de 37 024 euros
Impression Ott imprimeurs Parc d’activités « Les Pins » 67319 Wasselonne Cedex Diffusion Novéa 4, rue de Haguenau 67000 Strasbourg Abonnements abonnement@chicmedias.com
Pull et jupe Ipsae 35, quai des Bateliers – Strasbourg 03 88 52 13 55 Photographe Alexis Delon / Preview www.preview.fr Réalisation Myriam Commot-Delon Mannequin Nais / DMG Paris Coiffeur Alexandre Lesmes / Avila www.avila-coiffure.com Maquillage et manucure Maili Nguyen / Avila Studio Photo / Preview 28, rue du Général de Gaulle 67205 Oberhausbergen www.preview.fr
12 ÉDITORIAL 14 TU VIENS DE STRAS,
TOI ?
#8 : Tom Dingler
16 LES DESSOUS DE TABLE Avec Ayline Olukman, artistephotographe, et Claude Grétillat, artisan-graphiste
22 STRASBOURG VU PAR
Vincent Petit et Maxime Martin Stéphanie Beck Aysé Wilhelm et Anne-Laure Schirrer Antoine Vieillard Ninon de Rienzo Cédric Mincato et Elena Reckewell Anne-Caroline Bindou
64 PHILO
Henri Lefebvre Le Droit à la ville a 50 ans aussi : comment le relire aujourd’hui ?
36 SPORT
Hors les clubs #5 au RAID.
66 NEUE VAGUE
45 — Culture
Minh-Tâm Nguyen
68 PANIER CULTURE 70
47 THÉÂTRE
Les 50 ans du TNS Collection de témoignages, comme un album de famille.
INSTANT FLASH Camille Vidal-Naquet Gilles Lellouche Alaa El Aswany Émilie de Turckheim
78 SÉLECTIONS
52 HISTOIRE
Les sélections de la rédaction
Le Wacken Petite et grande Histoire d’un pan de ville.
56 MUSIQUES
Freez VS Hermetic Delight Entre hip-hop cosmique et rock bipolaire : battle de groupes.
58 ILLUSTRATION
Guillaume Chauchat Portrait d’un homme discret, néanmoins auteur-illustrateur prolifique. 8
87 — Tendances 88
LA SÉRIE MODE Nuancier d’automne.
102 SHOPPING Up to date.
Galerie K
5, quai Finkmatt | 67000 Strasbourg 03 88 32 63 46 www. galerie-k.fr
Pyramide
32, quai des bateliers | 67000 Strasbourg 03 88 37 31 95 www.pyramide-deco.fr
104 SHOPPING
144 ZUT À TABLE
106 JOAILLERIE
146 ZUT À TABLE
Un homme presque parfait.
Brillez et puis Zut !
108 DRESSING
On s’est rhabillés chez Rivétoile.
110 URBAN STYLES
Attention, rétro-pédalage !
112 SÉLECTIONS Les sélections de la rédaction
121 — Lifestyle 122 DESIGN
Toutes nos envies de saison.
130 DESIGN
Ça déménage chez Galerie K.
132 BUSINESS
Stratégie de combat chez Decathlon.
136 ZUT À TABLE
Les nouveaux lieux Cafe con leche Bistrot Paulus Café potager
138 ZUT À TABLE
La recette Osmaliyeh par Tzatzi
140 ZUT À TABLE
Reportage L’école du thé des Jardins de Gaïa
10
Le vin
Le produit La bretzel
148 ZUT À TABLE
L’actu Le Claridge’s Café, Le Piano grill
150 ZUT À TABLE
La rédaction aime Dim Sum Sam, Iberica
152 ZUT À TABLE
La chronique de Gilles Pudlowski
154 ZUT À TABLE
Zut X Manolya Coffee La boisson de la saison
156 SÉLECTIONS Les sélections de la rédaction
162 AU BON PARFUM Les parfums cultes : Habit rouge
Une nouvelle histoire‌ Jill Sander navy Paul Smith Ines de la Fressange Aspesi Alberto Biani Piazza Sempione Herno Momoni Gran Sasso Jean Louis Mascia Jean’s
Photo : Alber to Biani
Closed Notify Trussardi
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Z UT Édito
Le Grand Retournement Par Philippe Schweyer
J’étais bloqué dans un bouchon à quelques kilomètres de Strasbourg, quand j’ai aperçu une auto-stoppeuse assise au bord de la route. Sans réfléchir, je me suis arrêté pour la faire monter à bord. – Je vous dépose à Strasbourg ? – Non, je vais à Kolbsheim. – Qu’est-ce que vous allez faire dans ce trou perdu ? – Manifester contre le Grand Contournement Ouest. – Vous êtes contre le GCO ? – Tout le monde devrait être contre une autoroute payante de 24 kilomètres qui nécessite la destruction pure et simple de 300 hectares de terres agricoles et de forêts. – Pas moi ! Je rêve de cette autoroute depuis des années ! Je n’en peux plus de passer la moitié de ma vie dans les bouchons ! – Vinci aurait dû attendre la décision de justice avant de commencer les travaux préparatoires. – N’empêche que je suis fatigué d’attendre une solution. – Vous savez que les maires de Schiltigheim et de Kolbsheim ont reçu des jets de gaz lacrymogène alors qu’ils portaient leur écharpe tricolore ? – Ce ne sont pas eux qui sont coincés dans les bouchons matin et soir. – Prenez le train. – Le train, c’est cher. – Effectivement, les transports publics devraient êtres gratuits pour tout le monde. – Arrêtez de rêver ! En tout cas, je n’ai plus l’âge de faire du stop. – Le stop, c’est comme le sexe : il n’y a pas d’âge. Je me suis regardé discrètement dans le rétro. Je me trouvais plutôt bien conservé. 12
–E n parlant de sexe, vous n’avez pas mieux à faire que d’aller manifester pour quelques arbres ? –J e trouve ça scandaleux de détruire la nature pour votre grosse bagnole. Tout le monde sait que ce contournement ne résoudra rien du tout. –V ous êtes une idéaliste. – La manière dont le gouvernement, l’État et ses représentants gèrent ce dossier est absolument scandaleuse. Tout est fait dans le mépris du droit, de la justice, des citoyens et évidemment de l’environnement ! –O ui, mais si on respecte le droit, on sera encore là dans dix ans. –V ous êtes dégueulasse. –C ’est quoi dégueulasse ? –V ous ne pensez qu’à votre pomme. Je me suis à nouveau regardé dans le rétro. Des poils blancs comme neige sortaient de mes narines. –V ous croyez qu’à mon âge je peux encore changer ? – I l n’est jamais trop tard. Je me suis garé sur la bande d’arrêt d’urgence et je lui ai fait signe de descendre. –Q u’est-ce que vous faites ? –J e ne veux plus polluer votre planète. Je rentre à pieds. –V ous pourriez d’abord me déposer à Kolbsheim. – Non. Elle m’a regardé comme si j’étais un extra-terrestre. Je me sentais beaucoup mieux. Au loin, la cathédrale me faisait coucou à travers la brume. J’ai enjambé la glissière de sécurité et commencé à gambader dans un champ de luzerne. J’avais tout mon temps.
Chronique
Photo DR
№ 09
Tu viens de Stras toi ? TOM DINGLER Par Caroline Lévy
C’est qui, lui ? Fils de mais pas que, Tom Dingler est auteur, scénariste et comédien. Enfant de la balle élevé à l’humour de la Choucrouterie, il multiplie les collaborations avec Alex Lutz, son compère de toujours, avec qui il partage aussi son attachement pour l’Alsace. L’accent et les manies de chez nous sont une terre d’inspiration sans faille dans son écriture. Son parcours strasbourgeois « Après plusieurs années à la fac d’anglais et quelques petits boulots de serveur, j’ai quitté Strasbourg pour Paris à l’âge de 26 ans… »
Son moteur « Motivé par Alex Lutz que je connaissais depuis le lycée et avec qui je travaillais déjà à Strasbourg, j’avais des envies de création artistique. J’ai sauté le pas et l’ai rejoint ! » Son héritage « J’ai été élevé à l’école de la Chouc’ parce que mon père (Cookie Dingler, ndlr) y a joué pendant dix ans. J’ai baigné dans cette culture du théâtre alsacien aux côtés des enfants de Roger Siffer. C’est aussi là-bas que j’ai perfectionné mon accent alsacien, qui a d’ailleurs aidé à écrire le sketch 14
de Ramequins et cuillères en bois dans la revue de presse de Catherine et Liliane sur Canal+, inspiré de l’émission de recettes de Simone Morgenthaler ! » Son sentiment d’appartenance « Sans faire de régionalisme, j’ai le sentiment que plus la puissance culturelle d’une région d’origine est forte, plus les gens de cette région ont besoin de se fréquenter. C’est le cas avec les Strasbourgeois. Il y a une forte « diaspora » à Paris ! » Sa madeleine de Proust « Tout ce qui touche à la bouffe alsacienne. Il y a toujours une fleischwurst à la maison ! J’ai quelques recettes de spaetzle que j’aime bien faire, et j’ai même un moule à Lammele pour Pâques ! » Ce qui lui reste ici ? « Ma famille et des amis. Je rentre moins souvent qu’au début mais Noël reste un passage obligé. Cette fête a un goût si particulier à Strasbourg… » Écriture et mise en scène de Catherine et Liliane sur Canal + Acteur dans Guy d’Alex Lutz et dans une nouvelle série Netflix diffusée début 2019
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Rencontre
№17
Dans chaque numéro de Zut, les personnalités alsaciennes se mettent à table avec Jean HansMaennel.
Les dessous de table Par Jean HansMaennel Photos Henri Vogt
AYLINE OLUKMAN & CLAUDE GRÉTILLAT Restaurant Iberica, Strasbourg
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J
e pousse ma valise à roulettes de Cadet Rousselle dans la rue de l’Écurie à Strasbourg. Je sors à l’instant de l’Iberica, un petit resto de spécialités espagnoles, sous un soleil de plomb et sous le charme d’un bon déjeuner en très bonne compagnie, avec Ayline Olukman, artiste peintre, et Claude Grétillat, graphiste artisan. Quand on lui demande de se présenter, Ayline Olukman se dit « peintre et photographe » et complète « J’écris aussi un peu, je fais de la musique… », avant de synthétiser : « on peut dire que je m’intéresse aux arts et que j’essaie de les pratiquer. » Une artiste totale et voyageuse. Née à Strasbourg il y a 37 ans, cette ancienne élève du lycée des Pontonniers et des Arts Déco revient vivre dans sa ville natale, après un périple de 7 ans à travers le monde dont les 3 derniers à New York. « J’ai eu besoin et envie de revenir au ventre maternel, nourricier, et Strasbourg est cela. J’ai été tentée d’aller à Arles, le Sud, la photo… Mais j’ai dit non, arrête, Strasbourg quoi ! Il y a quelque chose ici de tellement simple, accueillant… Je fais beaucoup de vélo, il y a des pistes cyclables partout, la médiathèque est incroyable… Toutes ces petites choses ont été des révélateurs de simplicité qui me permettent ensuite en tant que créateur de me poser et de vraiment me mettre au travail. » Mon second invité, Claude Grétillat, est né à Strasbourg lui aussi. « Un nom suisse, mais je suis de pure souche alsacienne », révèle-t-il. Après des études à Lyon, pour être illustrateur de BD, il effectue deux ans de service civil dans des théâtres, comme objecteur de conscience. « Là, j’ai commencé à m’intéresser à autre chose, voir des spectacles, rencontrer des graphistes, j’ai passé deux ans à regarder, à m’enrichir. J’ai commencé à bosser à Lyon, en free-lance, avant de revenir à Strasbourg. » C’était il y a 25 ans. Claude Grétillat en a 48 aujourd’hui. Il est graphiste et associé fondateur de l’Atelier Poste 4. « Je fais très peu de chose à part du graphisme qui occupe 95% de mon temps ! » L’Atelier Poste 4 existe depuis 7 ans. « C’est un atelier que
nous avons monté à 3. Nous étions dans une agence de communication avant. J’avais des envies, celle de travailler avec des structures culturelles. Notre projet a été affiné, nous avons racheté la boîte et changé de nom. On a accepté de se séparer de certains clients et de se concentrer vraiment sur ce que nous avions envie de faire. C’est l’expression d’une forme d’exigence. On ne veut pas tout prendre, on ne veut pas forcément développer. C’est un équilibre un peu délicat, mais c’est bien comme ça. Notre reconnaissance – je n’aime pas ce mot – nous permet d’être visible à un échelon national. On a récupéré Le Volcan, Scène nationale du Havre. On a petite image, on vient nous chercher pour ça, pour une certaine ligne directrice. Nous sommes des artisans avant tout. » La brune artiste Ayline, le blond artisan Claude et le chauve auteur que je suis se rencontrent donc pour la première fois à la table de l’Iberica, rue de l’Écurie. On nous y accueille chaleureusement. Au menu du jour : petite tortilla avec des poivrons qui ne piquent pas, accompagnée de roquette et d’un fromage fumé dont le nom m’a échappé ; en plat, le poisson du jour, un lieu noir accompagné de potimarrons snackés et en purée, ou une côte de cochon basse température avec des petites pommes de terre grenaille et un jus corsé ; en dessert, tartelette au chocolat et cacahuètes. Après concertation, nous prendrons un assortiment de tapas en entrée ; et pour suivre le poisson du jour pour tous, sauf pour Henri Vogt, le photographe, qui veut rester aux tapas. Je ne connais pas le travail et l’œuvre d’Ayline Olukman. Je l’interroge sur son objet et sa démarche de création. « À la base – ça va paraitre égoïste – il y a l’idée de me faire plaisir, d’essayer de me comprendre, de comprendre les choses que je vois, de garder ce qui m’intéresse. » L’artiste confie avoir travaillé ces dix dernières années dans cette quête : Pourquoi je vis ? Qu’est-ce que je peux en faire ? Qu’est-ce que j’exprime ? Qu’est-ce qui m’intéresse ? Qu’est-ce que je regarde ? « Regarder ce que je regardais. Ça m’inté17
« On voulait se concentrer vraiment sur ce qu'on avait envie de faire. C’est l’expression d’une forme d’exigence. » CLAUDE GRÉTILLAT
Rencontre ressait en fait de comprendre : à travers mon regard qu’est-ce qui est dit ? Cela paraît hyper global, je sais. Mais mon essence principale est cette idée-là. » Quand elle a réalisé que son travail était regardé, elle s’est demandé ce qu’elle pouvait proposer ; réponse : « Un temps de pause », dans ce monde qui va trop vite. « Je montre des choses en suspens. Mes tableaux sont le moment avant ou après une action. Ils ne sont pas du tout l’instant décisif à la Cartier-Bresson. On est avant l’action, quand la scène se prépare, ou juste après, quand il n’y a plus rien. J’aime bien l’idée d’apporter cette pause, de montrer cet état contemplatif, méditatif. » Ayline Olukman poursuit un travail photographique pur et un travail pictural à base de photographie. « J’aime beaucoup cette idée de réunir les deux arts et de trouver un terrain entre l’idée figée de la réalité que la photographie apporte et la peinture qui peut permettre cette liberté totale
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de changer les choses, le regard. » Elle nous dévoile aussi le rythme de sa démarche : « Il y a toujours l’idée de “ok maintenant faut que je sorte, prendre des photos”. J’ai mon carnet, mon appareil photo, je voyage. La liberté. Peu de choses à porter… Puis après je suis à l’atelier, et là c’est vraiment la routine, quelques mois où les journées se ressemblent. Le travail d’atelier est la réinterprétation, la revalorisation du moment du voyage passé. » Ces deux temps de travail complètement différents s’entrechoquent un peu, sont souvent compliqués à gérer personnellement : « Ce sont des montagnes russes mais aussi un équilibre qui est ma vie. » Ayline Olukman vit de son art, travaille avec des galeries : « J’ai cette chance. Avec des hauts et des bas bien sûr. » La discussion s’embarque sur la liberté de l’artiste face au système marchand de l’art. Elle se contorsionne dans les dédales
« À la base, il y a l’idée de me faire plaisir, de comprendre les choses que je vois. » AYLINE OLUKMAN
de la question alors que défilent petites aubergines andalouses, accras de morue, carpaccio de viande de porc ibérique, gambas à l’ail… On évoque Picasso, Soutine, Zappa, Rembrandt, Michel Ange, Jeff Koons, Marcel Duchamp, Warhol, Dali et la famille de marchands d’art Wildenstein dont je fais remarquer, pas peu fier, l’origine fegersheimoise… On parle de L’Industrie Magnifique, du rapport art et industrie, subversion ou élévation ? De l’artiste et de l’artisan, de l’importance de l’œuvre qui doit parler d’elle-même… Tout le monde s’en mêle. Henri aussi met son grain de sel. J’ai du mal à suivre. Mais c’est bon. On est bien là. Quelqu’un veut boire quelque chose ? L’Atelier Poste 4 de Claude Grétillat est situé rue du Vieux marché aux vins à Strasbourg, dans un lieu partagé (avec des designers, des développeurs…) baptisé Gotham. « Le bâtiment est en train d’être refait, mais quand on cherchait un lieu, on a trouvé celui-là avec sa façade si sinistre et sombre qu’on l’a appelé ainsi. » Avec les supers designers de V8, leurs voisins à Gotham, Atelier Poste 4 a conçu le bar restaurant Supertonic, place d’Austerlitz. « On n’avait jamais travaillé pour un bar. Il y a eu une sorte de carte blanche : du choix du nom à la déco. Il y avait 19
juste la contrainte de faire du gin et de la saucisse. » J’interroge Claude sur ses projets en cours. « Ça tourne toujours », répond-il, avant de préciser qu’il finit un projet pour le théâtre du Maillon avec lequel Poste 4 collabore depuis très longtemps. « J’adore travailler avec le milieu culturel parce qu’il y a une sorte de liberté, mais en même temps c’est très contraignant : il y a une programmation, une image à mettre, ce sont des processus longs. » Il déplore les cloisonnements très français. « Nous les graphistes, on est rarement amené à travailler sur des vrais enjeux publics ; les agences de pub ont la main mise. Et dans l’industrie, c’est compliqué, même pour les designers… Les catastrophes industrielles en France, l’échec d’une marque comme Thomson par exemple, vient de ce que les industriels ont été fermés. En Angleterre ou aux États-Unis, les grosses boîtes s’allient avec des graphistes et des designers ; c’est une des raisons pour lesquelles les produits américains se vendent le mieux, il y a une image de marque qui se met en place. » La conversation prend un tour militant. Je cite le contre-exemple français de SEB que je connais bien. On évoque Citroën, l’automobile française qui ne fait plus rêver, Tesla, Mathis, Virgile Abloh et Louis Vuitton, le formatage généralisé, l’argent et le
Rencontre
« On a une approche minimaliste, une économie dans les signes. On ne fait pas de la décoration. » CLAUDE GRÉTILLAT
pouvoir, l’ordre du marketing et la folie de l’art… « De bien gros sujets pour un petit repas comme le nôtre », fais-je remarquer alors que débarque le dessert du jour, une spécialité catalane qui se mange sans faim. Y a-t-il des intolérances ? Non, personne, à part Henri. Claude Grétillat avoue bien aimer la photographie d’Henri Vogt et être content de mettre un visage sur le nom. Henri lui confie être son fan et, sur le ton de la plaisanterie, lui en vouloir beaucoup de n’avoir jamais répondu à son mail quand il était en BTS. Éclats de rire, complices… Claude poursuit, placide : « Nous, on a notre petite vie de graphistes, tu vois. Honnêtement, notre produit, on veut le faire bien, on y met tout notre cœur, on essaie de rester entiers. » À lui qui ne se veut pas « graphiste auteur » selon le jargon du métier, mais « graphiste artisan », je demande s’il y a une signature Poste 4 : « On a une approche minimaliste, une économie dans les signes. On ne fait pas de la décoration. On se dit qu’on met en place des signes, des éléments qui sont identifiants. Quand on voit notre boulot, on doit se dire que c’est rangé. »
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Et les projets d’Ayline ? D’abord un troisième livre de textes et de photographies « un projet assez complexe qui parle de mes trois années d’expérience à New York… sans présenter New York du tout. » Ensuite, une résidence d’artiste en Chine, avec l’Alliance Française : « Je vais y partir pour un mois, le mois prochain, dans une petite province rurale et pas du tout touristique. C’est ma troisième fois en Chine, j’y suis allé il y a 10 ans. » Enfin, l’enseignement : « À New York, j’ai fait une formation de prof de yoga. J’ai le titre. J’ai envie d’enseigner, que ce soit le yoga ou l’art, cette relation du corps et de l’esprit. Je me donne l’année pour voir dans quelle structure et comment ça va se faire. » Il est 14h30. Je pousse ma valise à roulettes de Cadet Rousselle dans la rue de l’Écurie à Strasbourg. Je sors à l’instant de l’Iberica, un petit resto de spécialités espagnoles, sous un soleil de plomb et sous le charme d’un bon déjeuner en très bonne compagnie.
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Il n’y a pas que la choucroute qui va vous faire aimer Strasbourg
Ils vivent, travaillent, créent et sortent à Strasbourg. Les hommes et les femmes qui font vibrer la ville nous font découvrir leur lieu préféré et jouent au modèle.
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Vincent Petit & Maxime Martin Designers d’intérieur / Studio Petit Martin 31 et 33 ans
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Parc Gruber Ven. 28 | 09
RÉALISATION & TEXTES
« C’est dans le quartier de Koenigshoffen que cette ancienne brasserie s’est reconvertie en un parc accueillant des activités diverses. Il regroupe brocanteur, association d’aide à l’insertion, ateliers d’artistes, jardin partagé, etc. Un lieu métissé et alternatif qui nous rappelle un peu Berlin ! »
Caroline Lévy
Actu
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Photo : Henri Vogt
Dernières réalisations : club Krimmeri Alternative-le Kalt à la Meinau, boulangerie bio Station R à Rotonde. Ouvertures prochaines : barbierconcept store Maison Galant, épicerie italienne Marmi à Neudorf.
Directrice du centre Rivetoile 34 ans
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Toiture végétalisée de Rivetoile Jeu. 13.09 Chemisier et perfecto Mango, le tout à Rivetoile.
« La végétalisation de ces toitures pourtant invisibles lorsqu’on longe le centre commercial marque notre ambition de l’intégrer autant que possible dans la ville. S’y réfugier en début ou fin de journée offre une parenthèse agréable, où l’on profite de la vue sur ce quartier toujours en mouvement. »
Actu
10e anniversaire du centre Rivetoile Ouvertures des boutiques Muy Mucho et bientôt Guess. www.rivetoile.com
Photo : Henri Vogt
Stéphanie Beck
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Propriétaire et cheffe du café-restaurant Surtout 45 et 30 ans
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Marché des producteurs, rue de la Douane Sam. 29.09 Aysé : manteau oversize Tagliatore Anne-Laure : manteau Vivienne Westwood Le tout chez Revenge Hom
« Venir ici est une tradition hebdomadaire à laquelle nous ne dérogeons pas. Le samedi matin, c’est sacré ! Il permet un lien direct avec les producteurs avec qui nous avons nos habitudes, et les découvertes que nous faisons sur les étals vont conditionner les créations culinaires de la semaine… »
Actu
Arrivée de la nouvelle cheffe de cuisine et pâtisserie. Développement de l’activité traiteur et lancement des petits déjeuners dès 8h30. Surtout 11, rue de la Brigade Alsace-Lorraine www.surtout.cafe
Photo : Christophe Urbain
Aysé Wilhelm et Anne-Laure Schirrer
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* #Génération en mouvement **sur présentation de cette page, dans la limite des stocks disponibles Samsonite est une marque déposée de Samsonite IP Holdings S.àr.l ©2018 Samsonite IP Holdings S.àr.l
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Secrétaire général du festival Musica 29 ans
OÙ ?
« Je suis arrivé à Strasbourg il y a 4 ans, et le Snack Mich’ m’a rappelé l’ambiance et l’esprit des brasseries parisiennes où il fait bon passer des heures. Convivial, bon et ouvert à tout.e.s, cette institution strasbourgeoise est un peu devenue ma seconde maison ! »
Brasserie Le Michel Ven. 14.09 Blouson en cuir perforé Benheart
Actu
Concerts-ateliers de Musica sur la musique électronique et les illusions sonores avec les Percussions de Strasbourg, du 19 au 23 novembre, au théâtre de Hautepierre. www.festivalmusica.org
Photo : Henri Vogt
Antoine Vieillard
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Ninon de Rienzo Directrice de la Fédération régionale des métiers d'Art d'Alsace
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« Découverte dans le cadre du salon des arts graphiques, cette salle d’exception a été un véritable coup de cœur. Son escalier magistral, ses plafonds voûtés et sa situation idéale à Strasbourg en font le parfait théâtre pour des expositions dédiées aux métiers d’art d’Alsace. »
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7e édition de Résonance(s), salon européen des métiers d’art, du 9 au 12 novembre au Parc expo Wacken. Expo-vente OZ, les métiers d’art, du 14 au 23 décembre à l’Aubette. www.fremaa.com www.salonresonances.com
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Cédric Mincato et Elena Reckewell Fondateurs de Vélicious
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Jardin botanique Mar. 18.09 Elena : robe Liu Jo Cédric : blazer et gilet zippé intégré Kean chez Dome
Actu
Développement des franchises Vélicious. Participation au salon VeggieWorld à Paris les 13 et 14 octobre. Lancement et campagne de crowdfunding pour le projet de kebab vegan VegeMan. Vélicious | 43, rue Geiler Vélicious Burger 20, Grand’rue www.velicious.fr
Photo : Henri Vogt
29 et 28 ans
« Ce jardin et ses milliers d’espèces végétales sont une source d’énergie et d’inspiration pour nos projets. Situé à quelques pas de notre premier restaurant, il accompagne nos pauses et permet de marquer une vraie coupure, dans un cadre sain et préservé, en accord avec nos valeurs. »
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Anne-Caroline Bindou Directrice Générale de Sonnenhof, fondation protestante
OÙ ?
L’Opéra national du Rhin Lun. 17.09 Robe Sandro aux Galeries Lafayette
Actu
Semaine Européenne pour l’emploi des personnes handicapées du 19 au 25 novembre. www.fondationsonnenhof.org
Photo : Henri Vogt
51 ans
« C’est ici que j’ai vécu mon premier choc lyrique et mon amour pour l’opéra ne m’a plus quitté ! Avec sa politique inclusive, ce haut-lieu de la culture est ouvert à tous, il a d’ailleurs accueilli un groupe d’enfants handicapés de la fondation dans le cadre d’un partenariat. Un grand moment d’ouverture et de partage. »
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Sport
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Cavalier en f3
LE SPORT HORS LES CLUBS SAISON 2, ÉPISODE 1/4
PAR Romain Sublon PHOTOS Pascal Bastien
AU RAID
Nouvelle saison, et l'on poursuit notre série consacrée au sport dans des lieux qui ne lui sont pas dédiés. Exit les club house et autres hangars à cross fit : après le centre Clemenceau, l'EPSAN, l'EHPAD et la prison, place à l'antenne strasbourgeoise du RAID. Où il sera question de Kettlebell, d'amphibiens, de Robert Miles, d'Oméga-3 et même de Ramsès.
Au grand registre des phrases toutes faites, « Le sport, c’est bon pour la santé » occupe une place de choix, assurément dans le trio de tête et peut-être tout juste devancée par « Un corps sain dans un esprit sain » et « Ok, j’te fais un mail dans l’aprèm’ », qui n’a rien à voir avec les deux autres mais quand même, si on pouvait tous s’accorder à l’abolir du langage courant, ça rendrait nos vies heureuses. Jacno, lui, chantait que « Le sport, c’est de la merde », mais comme il est mort à 52 ans, ça ne fait pas vraiment sa pub. Le sport, c’est bon pour la santé et, en certains endroits, il offre même la vie sauve. Au RAID, par exemple. Pour chacun de ses hommes, le sport y est tout à la fois : une nécessité, un plaisir, un devoir. C’est parce que leur physique est sans failles qu’ils pourront, en toutes circonstances (et celles-ci vont de l’extrême à l’indicible), avoir la faculté de discernement, la capacité de faire le bon choix, dans un temps infiniment court. Les grands maîtres d’échecs ont un physique de haut niveau, ils s’entraînent assidûment, le parallèle peut surprendre mais il en va de même pour les opérateurs du RAID ; quand l’humain, l’intelligence et la technique se rencontrent, le physique doit être au diapason, pour en permettre la synergie. « Avec l’uniforme, l’armement et les protections, le poids moyen des opérateurs en fonction de leur 37
gabarit de départ se situe entre 120 et 150 kilos. L’équipement est de plus en plus indispensable, ça génère des contraintes énormes. Le sport ici n’est pas une finalité, c’est la garantie d’un maintien opérationnel », témoigne Séquoia*, capitaine adjoint de l’antenne RAID de Strasbourg. À chaque jour suffit sa séance de sport, ainsi va le quotidien de ses hommes (et le sien). « Quand on pratique par nous-mêmes, ce n’est pas notre spécialité, donc on fait des erreurs et on risque des blessures ; d’où la séance du mercredi, avec Yann qui cadre ça. Ça change des tirages de chariots ou soulevé de pneus que l’on fait un peu en mode bourrin quand on est livré à nous-mêmes ! » Yann Ouvrard, coach sportif chez proxycoach, suit le groupe du RAID depuis plus de dix ans. Il a acquis une précieuse expérience sur le chemin de l’excellence. « J’adapte les séances en fonction de leurs interventions ou des séances précédentes. L’objectif premier étant de les entraîner selon les mouvements fonctionnels du corps et selon les mouvements effectués dans les missions : travail sur la mobilité, le renforcement du CORE (tout le tronc abdominal). » Dans les faits, cela se traduit par des grimaces, des corps qui puisent dans leurs réserves et le plaisir de se sentir résistant. Dans les faits encore, cela se traduit par un long échauffement, au cours duquel on apprendra que Cyprès* ne peut pas tout exécuter car « il n’a pas d’cou » et que Neflier* s’inquiète de savoir si Gingko* a bien pris ses Oméga-3 ce matin. Puis vient le temps d’une série d’ateliers bien musclés : — Reproduire l’infini (∞) à l’infini avec deux grandes cordes lourdes comme deux packs de lait non bio. — Faire des pompes sur le dos en se tenant à des anneaux (kama sutra ?). — Porter un sac sur son épaule comme un enfant en bas-âge puis, contrairement à l’enfant en bas-âge, le jeter au sol.
Sport
“ C’est bon pour vous les gars ? On passe à l’assaut . ” […] “ C’est bon les gars ? Pas de blessés ? ” OXYCÈDRE
— Prendre un ballon de 15 kilos à bout de bras puis le jeter, lui aussi, au sol, puis sauter sur une caisse un poil trop haute. — Faire des va-et-vient en soulevant des boules de 16 kilos vers le ciel, bras tendus ou bras cassés mais bras tendus, c’est plus classe. — Faire passer un ballon de basket de 8 kilos (qui rebondit !) entre ses jambes dans un sens puis dans l’autre. Ça paraît fastoche mais ça pique bien les adducteurs. C’est un circuit fonctionnel qui, résumé ainsi et avec pas mal de mauvaise foi, ne rend pas hommage à la précision des mouvements qu’il implique. « Les évolutions importantes ont été en premier l’amélioration de leur mobilité. Puis cela a aussi réduit les blessures de dos et d’épaules », se réjouit Yann. Chacun des opérateurs le concède : « On apprend à mieux bouger, à mieux travailler, plus en précision, et cela se ressent autant dans
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notre pratique quotidienne du sport que lors des interventions. » Alors que l’enceinte crache une improbable version du Last Christmas de Wham! par Robert Miles (« Ils sont payés pour ça ? / Non, ils devraient même nous donner des sous pour les écouter. »), Yann balance, taquin : « On s’fait un bonus ? » Ben non, penserait-on, sauf que eux, si. Le bonus, c’est du squat et des pompes pratiquées sur des Kettlebell (sympathique boule de fonte allant de 12 à 24 kilos à laquelle est fixée une poignée, en fonte elle aussi). Le tout en alterné, rythme frénétique et sans pause. Puis des frogs, sur les cuisses façon grenouilles, et on se propulse vers l’avant ; c’est chaud la vie des amphibiens. Fin de séance. Et au menu du jour il y a boxe anglaise et judo. L’enceinte qui la veille faisait de grands écarts jusqu’aux Red Hot Chili Peppers, démarre ici avec Eye of the Tiger, de
circonstance. « Dans le groupe, on a des gars qui ont un très bon niveau dans les deux disciplines, surtout en judo, c’est eux qui pilotent les séances. » Ça démarre par la boxe, sous les ordres de Libocèdre*. Passé l’échauffement, rigoureux mais plus court que la veille, les assauts peuvent commencer. Là encore, les exercices sont pensés en fonction de situations possibles en intervention. Par exemple, un type acculé contre le mur et qui doit encaisser les coups portés à tour de rôle par trois autres types qui se relaient toutes les trente secondes. « On peut se retrouver acculé dans une pièce, par un individu que l’on n’avait pas vu et là il faut pouvoir résister et le tenir à distance en attendant le renfort des copains », confie le coach du jour. Les coups sont portés avec respect et attention, mais ils sont portés. Vraiment. Au son, c’est éloquent. « J’ai dit trois passages chacun les mecs, vous écoutez rien ! » Place au judo. « On ne travaille qu’au sol, debout il y a trop de risques de blessures. En intervention, c’est quasiment que du sol, ça commence par de la boxe mais très vite ça va au sol, il faut pouvoir immobiliser l’individu. Et n’importe qui de la colonne d’assaut peutêtre sollicité ! » Au RAID, il faut Servir sans faillir, et cela a le prix de l’effort. « Entraînement difficile, guerre facile », synthétise Oxycèdre*. Fin de séance. Un grand véhicule « équipé pour faire la guerre », précise Gingko, et deux autres véhicules d’appoint conduisent le groupe pour une séance tactique, c’est-à-dire une simulation d’intervention dans un bâtiment désaffecté, qu’ils sécurisent pour assurer une discrétion totale. Le bâtiment étant voué à être détruit, ils peuvent s’y livrer sans retenue. Un des capitaines a préparé un scénario et les opérateurs du RAID vont devoir intervenir, in situ. « On adapte les thèmes à l’actualité, aux dernières interventions. Ici, ils ne connaissent pas la config’ des lieux, on a un fil conducteur sur le mois, pour travailler des thèmes précis, on essaye de changer à chaque fois pour travailler notre adaptabilité. On reçoit aussi le retour des autres antennes, voir où sont les problèmes et trouver des solutions », explique Sequoia. Oxycèdre construit sa colonne en fonction des besoins, de la spécificité du thème proposé : cordes (accès aux étages, descente en rappel), tirs haute précision, effraction (passer les
“ Notre travail physique et sportif quotidien nous permet de ne pas subir les événements. De ne pas être dans le rouge pendant l’intervention. ” SEQUOIA
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Sport portes), la technique (utilisation fibre optique, robot, drone) et négociation (avec le forcené, preneur d’otages et autres) sont les différentes spécialités du groupe. Sequoia : « Tous les opérateurs ont les premiers niveaux dans chaque discipline. Ils ont le même tronc commun dispensé à tous les fonctionnaires, c’est seulement quand ils intègrent l’unité qu’ils travaillent plus spécifiquement leur spécialité. » La colonne est constituée, les hommes se sont mis en sécurité (enlever tout ce qui est létal au niveau de l’armement) et ont enfilé leur lourd équipement. Avec le poids de celui-ci, il faut penser son corps différemment. Cette charge est aussi symbo-
lique : « Mettre son uniforme c’est enfiler le code pénal et le code de procédure pénale », expliquait Jean-Michel Fauvergue quand il était, de 2013 à 2017, le chef du RAID. Pour cette séance tactique, ils vont devoir appréhender deux (faux) terroristes, l’un expérimenté, l’autre jeune converti. L’ensemble du matériel d’armement, sidérant, peut être utilisé, à l’exception de tout ce qui est létal, évidemment. Les balles sont de peinture et servent à signifier les impacts. Le Ramsès, grand bouclier sur trois pans, que l’on bouge sur un chariot à roulettes puisqu’il « pèse un âne mort », est en première ligne. « C’est bon pour vous les gars ? On passe à l’assaut. » Plus d’une heure plus tard, les deux terroristes ont été appréhendés, quelques portes ont cédé, plusieurs balles ont été tirées. Oxycèdre s’assure : « C’est bon les gars ? Pas de blessés ? » Les opérateurs peuvent faire relâche, il est temps de débriefer. « Notre travail physique et sportif quotidien nous permet de ne pas subir les événements. De ne pas être dans le rouge pendant l’intervention. C’est aussi le rôle des chefs d’équipe de constater l’état de forme des hommes pendant l’intervention, car si tu demandes à un homme, il ne lâchera jamais, c’est au capitaine de gérer les énergies », confie Sequoia. La réalité d’une intervention peut contraindre les opérateurs à attendre plusieurs heures, avec la charge de leur matériel et l’exigence d’une concentration constante. Car quel que soit l’état d’usure ou de fatigue, il faut être prêt à intervenir à chaque seconde, dans des conditions de danger extrême. La force physique est de ce fait indispensable, même salutaire, mais elle ne suffit pas. « Lors des concours d’entrée au RAID, beaucoup sont au point physiquement, mais échouent sur la volonté. Ce n’est pas la performance physique qui prime. Il n’y a aucun intérêt à faire 150 pompes plutôt que 80 si devant une prise d’otage vous faites le mauvais choix. Cette maîtrise physique doit être le socle d’un parfait discernement. » Et sans maîtrise, la puissance n’est rien. *à la demande du RAID, le nom des officiers et des opérateurs a été changé afin de préserver leur anonymat. Il en va de même pour le traitement photographique.
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Le RAID, qu’est ce que c’est ? C’est l’ex-GIPN. RAID, ce sont quatre initiales pour Recherche Assistance Intervention Dissuasion. Leur slogan est : Servir sans faillir. Aujourd’hui, il y a 10 antennes en France et l’unité centrale est à Bièvres, en banlieue parisienne. Il y a également 3 antennes en Outre-Mer qui, elles, portent encore le nom de GIPN. Le RAID intervient lors de prises d’otages, d’actes terroristes, de forcenés retranchés,
d’interpellations à risque, mais aussi en soutien lors de déplacement du Président de la République, du Premier Ministre ou du Ministre de l’intérieur.
hiérarchie (par exemple : S08). Actuellement à Strasbourg, ils sont 14 hommes au total. 8 d’entre eux, par roulement, sont d’astreintes H/24. La sélection pour le RAID est longue et redoutable. Il y a d’abord une phase de présélection qui fonctionne comme un écrémage physique. Puis vient le temps de la sélection faite d’épreuves physiques, où capacités d’adaptation et de discernement sont scrutées, pour savoir si en situation de souffrance physique les candidats sont capables de discernement. Il y a aussi des tests psychologiques, exécutés de jour et de
L’effectif est généralement composé ainsi : 1 chef antenne (commandant de police), 1 chef adjoint (capitaine de police), 1 autre adjoint (brigadier chef) et 2 chef d’équipes. Eux, ce sont les officiers. Les autres membres du groupe se nomment les opérateurs. Tous sont distingués sur leurs uniformes par les mentions S (pour la ville de l’antenne, ici Strasbourg) et un chiffre qui atteste de leur rang dans la 41
nuit où, poussé dans vos retranchements, « vous ne pouvez plus jouer un rôle », dixit Sequoia. Ensuite, c’est la formation, elle aussi éliminatoire. Les élus passent tous les premiers niveaux du tronc commun d’intervention. Chaque échec à un module est éliminatoire. Les rescapés sont ensuite affectés à une antenne, pour six mois en période probatoire, à l’issue de laquelle ils seront validés ou éliminés. L’exigence d’un même niveau, sans discrimination, est requis pour les hommes et les femmes. En cas d’échec, il faut une dérogation pour pouvoir tenter sa chance une 2e fois.
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HAPPY 50 Propos recueillis par Sylvia Dubost Collages Hugues François
Z UT Culture Théâtre
C’était en 68, mais en octobre. Le Centre dramatique de l’Est devenait Théâtre National de Strasbourg, et reste à ce jour le seul théâtre national hors de Paris. Un lieu où l’invente et l’on apprend, où l’on découvre et l’on s’aiguise, que l’on soit artiste ou spectateur. Collection de témoignages, tout à fait incomplète et subjective, parmi tous ceux dont le TNS a marqué le parcours.
© Élisabeth Carecchio, Jean-Louis Fernandez, Christophe Urbain, Olivier Roller
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Z UT Culture Théâtre
Olivia Cote Comédienne et ancienne élève de l'école du TNS (groupe 32, 1998-2001) « Quand je suis entrée à l’école, je n’avais pratiquement pas d’expérience, j’étais une des plus vertes. Le premier stage était hyper chaud… C’était sur Violences de Didier-Georges Gabily, je me suis dit : qu’est-ce que c’est ce texte horrible ? La metteure en scène qui nous encadrait était très méchante avec moi, ça s’est hyper mal passé : j’ai failli partir de l’école. Puis on a travaillé avec Joël Jouanneau, beaucoup plus doux. Ce métier, c’est ça : une machine à claques et de temps en temps quelques caresses. Cette école m’a appris mille choses mais m’a vraiment enseigné le fait de remettre son égo à sa place tout en le fortifiant. De trouver une distance nécessaire avec son melon, nécessaire, sinon on souffre trop. J’y ai aussi rencontré des gens qui m’ont fait vivre les plus belles années de ma vie… C’est comme une famille qu’on ne s’était absolument pas choisie. À l’époque on avait 5h de train pour Paris, alors on a abandonné tout le monde. On ne rentrait plus, on finissait les stages le vendredi à minuit, on recommençait le lundi à 9h. Et puis la prog était géniale ! J’ai vu des spectacles incroyables, j’ai découvert la Schaubühne, on a passé trois jours avec Peter Brook. C’était la joie. Rien que d’en parler, j’ai envie de pleurer… Je souhaite au TNS de permettre à plein de gens de vivre des expériences aussi fortes, de continuer à nous éclairer. À nous régaler. 50 ans, c’est le début de la vie pour lui. J’espère que ça va durer tant que l’air est encore respirable sur cette terre. Et l’art nous aide à mieux respirer. »
Thomas Jolly Metteur en scène et artiste associé « Le TNS a depuis toujours été pour moi une utopie, même tout petit ; ça avait l’air d’être loin de Paris, à la frontière allemande, à l’endroit le plus près de l’Europe, une fabrique avec de jeunes élèves, des grands noms de la mise en scène.
J’avais le sentiment que quelque chose s’écrivait là-bas. J’ai pu y mettre les pieds quand Stanislas Nordey [actuel directeur, ndlr] m’a proposé d’être artiste associé, et je me suis rendu compte que mon fantasme n’était pas très loin de réalité. C’est une fourmilière ultra-active, joyeuse, une ambiance chaleureuse et ludique autour de la création. Je suis rentré par le biais de l’école, où j’ai pris en charge le spectacle de sortie du groupe 42 [Le Radeau de la méduse, texte Georg Kaiser, 2016, ndlr]. Je suis rentré par l’avenir, par là où se prépare, se réfléchit, le théâtre de demain. Il y a d’autres théâtres où il y a des écoles, mais celleci est particulière. Elle est au cœur de la maison, et c’est l’une des premières à avoir mélangé les disciplines [acteurs, metteurs en scène, régisseurs…, ndlr]. Lorsque j’étais étudiant en théâtre à Rennes, le TNS c’était L’École, c’était le Graal. Avec le mouvement de décentralisation, on a eu depuis 70 ans de très belles politiques culturelles. Aujourd’hui, les générations ont changé, les outils aussi, et le TNS comme le théâtre en général, doit se repositionner. Il doit rester un endroit de pensée, de poésie, de texte, mais il faut qu’on récupère aussi ces publics perdus en route. Je souhaite au TNS de rester en invention permanente ; c’est la condition sine qua non d’un théâtre vivant. » À voir : Thyeste, du 5 au 15 décembre
Stéphane Braunschweig Directeur du TNS de 2000 à 2008 « Ça a été 8 très belles années, un endroit où j’ai été très heureux, mais où on a aussi beaucoup travaillé, d’un point de vue artistique et pédagogique. Je me suis énormément investi dans l’école, et je suis fier d’avoir pu y introduire cette section de mise en scène et dramaturgie, et d’avoir contribué à former des nouvelles personnalités artistiques ; je me réjouis du succès de Guillaume Vincent, Caroline Guiela Nguyen, qui comptent parmi les metteurs en scène les plus importants de cette génération. Artistiquement, j’ai vécu aussi de belles années grâce à la troupe permanente. Brand [Henrik Ibsen, 2005] et Tartuffe [2008] comptent parmi les spectacles plus importants de ma carrière. Brand, il fallait oser le faire, car il était réputé inmontable ! Ça a été un 48
grand moment pour le public, pour la troupe, et dans une vie de metteur en scène, comme toujours quand on fait des choses qui sortent de l’ordinaire, qui marquent ceux qui le font et ceux qui le voient. Comme Tartuffe, avec Claude Duparfait, il s’agissait d’une scénographie complexe réalisée grâce aux ateliers décor, dirigés par Hervé Cherblanc. L’outil TNS a d’ailleurs été d’un grand soutien pour la créativité. Et aussi le fait d’être extrêmement soutenu par le public : on avait l’impression d’être un phase avec lui. À Strasbourg, on se sent plus protégé qu’à Paris, parce que c’est loin, aussi parce que le public vous porte, alors qu’à Paris il est plus flottant, il y a moins de proximité. Ce que j’espère c’est que dans les années à venir, l’État ne se désengage pas de ces lieux, car on en a vraiment besoin pour que le paysage théâtral continue à être florissant et novateur. Ce n’est jamais acquis. Dans des périodes comme en ce moment, on peut toujours craindre que les budgets soient en régression, mais c’est tellement important… Dans ce contexte de tension sociale, je crois que ce qui se passe aujourd’hui sur les plateaux, avec plus de représentation de la diversité, une plus grande parité homme-femme, est un sujet très important. Nos théâtres sont là pour être exemplaires. »
Christian Chartier Abonné depuis « peut-être 30 ans » « J’ai découvert le TNS quand Jacques Lassalle était directeur [de 1983 à 1990, ndlr]. Et j’ai pris l’option de voir quasiment tous les spectacles. C’est une histoire d’amour avec des hauts et des bas, des périodes plutôt fastes, d’autres où je suis plus critique, et j’ai parfois fait des infidélités en ne prenant toute la programmation… Un de mes plus grands chocs, c’était sans doute Forêts, un spectacle de Wajdi Mouawad [en 2006, ndlr]. On en parle beaucoup maintenant qu’il est directeur du théâtre de la Colline, mais à l’époque on ne le connaissait pas vraiment. On ne savait pas à quoi s’attendre, il y avait peu d’informations dans la brochure. En arrivant, j’ai vu que ça durait
© Pascal Bastien, Guillaume Chauvin, Jean-Louis Fernandez, Rémi Hubert, Christophe Urbain
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Z UT Culture Théâtre
4h, j’ai eu peur… Et au bout de 5min, j’ai reçu un choc émotionnel. Ce spectacle revient sur les origines, nos histoires familiales, c’est une saga qui aurait pu durer toute la nuit. Le public était vraiment scotché. Le théâtre quand c’est génial, c’est extraordinaire ! Il y a eu des ratages mémorables, des choses qui m’ont fait sombrer dans un ennui total, mais c’est quand même une source d’émotions exceptionnelles. »
Sara Khetib Etudiante infirmière et ouvreuse au TNS « À l'IFSI [Institut de Formation en Soins Infirmiers des Hôpitaux de Strasbourg, ndlr], deux formateurs ont créé un programme avec le TNS, où l’on allait voir des spectacles en rapport avec des thèmes de nos cours. On a notamment vu 2666 de Julien Gosselin, qui marque, forcément… On a ensuite suivi des ateliers de théâtre avec l’un des élèves de l’école, où on a choisi un texte qu’on a mis en scène. Nous étions une quinzaine à profiter de ces ateliers, et 6 ou 7 d’entre nous ont postulé pour devenir ouvreuse. J’avais envie de pouvoir rester au sein de la maison, avec du personnel qui me plaisait beaucoup, parce qu’il y règne une très belle ambiance familiale. J’aurai fini mes études dans un an, et je resterai ouvreuse jusqu’au bout. C’est vraiment un plaisir. »
Anne Mistler Directrice Régionale des affaires culturelles de 2014 à 2018 et spectatrice « J’étais étudiante à Strasbourg, quand j’ai découvert le théâtre porté par cette institution, et ce dont je me souviens, c’est de son audace : c’est ce qui m’a forgée. Je me souviens qu’un jour, je me promenais place Kléber avec des amis, quand on a entendu une voix. On l’a suivie, on s’est
rapproché de la Cathédrale et on a vu un type descendre en rappel depuis la flèche. C’était une mise en scène de Lenz de Büchner [par Johannes Klett, saison 1979-1980, sous la direction de Jean-Pierre Vincent, ndlr]. On s’est précipité pour voir ça ! Le public était installé sur la plateforme, c’était absolument incroyable ! Un vrai choc, on en a parlé ensuite pendant des heures. Aujourd’hui ce serait difficilement possible, pour des questions de sécurité… Le fait que le TNS soit le seul théâtre national en dehors de Paris, qu’il soit en plus une école, qu’il porte une dimension d’expérimentation et inscrit aussi le répertoire dans la société d’aujourd’hui, tout cela fait qu’il se pose dans la ville comme un bijou. »
Yannick Choirat Comédien et ancien élève de l'école du TNS (groupe 33, 1999-2002) « Je suis rentré à l’école à 25 ans, à la dernière limite. J’étais déjà intermittent, acteur de théâtre-forum, c’était un vrai sacerdoce. Je me levais à 6h, je rentrais à 19h, j’avais joué deux fois dans la journée. J’avais fait le tour de ce qu’est un acteur social. J’avais vraiment envie de fréquenter des textes. L’école a été un vrai moment en déconstruction et de reconstruction de ce que j’avais déjà fait, appris. Je m’y suis ouvert à d’autres textes, d’autres metteurs en scène. Et puis on est à part, on est loin, c’est un laboratoire sur soi-même, une sorte d’introspection. Quand on est jeunes, les gens, aussi bien les autres élèves que les pédagogues, nous apprennent à nous connaître nous-mêmes. C’est très intense. Ils nous ouvrent aussi à des pistes de recherche hyper importantes, qu’on ne va peut-être pas suivre, mais qu’on va peut-être retrouver plus tard. J’ai toujours la sensation d’apprendre, d’être dans cette énergie de recherche. C’est quelque chose qu’on a appris à l’école : le doute constructif. Ce qui m’a marqué aussi, c’est qu’au début 50
de la 1ère année, Jean-Louis Martinelli [alors directeur, ndlr] avait programmé le festival de l’Union des Théâtre de l’Europe. Pendant un mois, on a juste vu des spectacles, fait la fête et on n’a pas travaillé. On a vu Ingmar Bergman, Christoph Marthaler, Luca Ronconi, des théâtres que je ne connaissais assez peu. Un projet fondateur pour pas mal de monde dans le groupe a été Violences (reconstitution) de Didier-Georges Gabily, mis en scène par Yann-Joël Collin. Il y a eu un vrai élan, et une vraie histoire car on devait jouer en 2003 en Avignon, l’année des grèves. À l’école, on est plein de rêves et d’idoles, et d’un coup on se retrouve dans une marmite en crise. Les masques tombent, les gens qu’on admirait descendaient d’un piédestal. C’était bien pour nous de voir la réalité du métier… »
— Et si on rêvait le TNS de 2068 ! Tout au long de la saison, le TNS invite à imaginer ce que pourrait être le théâtre dans 50 ans. Chacun pourra répondre à un questionnaire poético-politique élaboré par les auteur.e.s Sonia Chiambretto et Yoann Thommerel, en collaboration avec des spectateur.rice.s, des élèves de l’École du TNS, des salarié.e.s et des artistes. — Journée de lancement le 20 octobre Rencontre avec Jack Lang - 15h (réservée aux jeunes artistes en formation et étudiants concernés par les métiers de la culture) Soirée de lancement de TNS 2068 - 18h (rencontre avec Christiane Taubira, lectures de textes et buffet) www.tns.fr
Mannequin : Lilas Marchand / Up Models - www.dmg-paris.com
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Z UT Culture Histoire
TRANCHES DE VILLE Propos recueillis par Mylène Mistre-Schaal
Alors qu'il sera bientôt restructuré, une exposition porte un regard rétrospectif sur l’histoire kaléidoscopique du bâtiment de la Foire exposition au Wacken, qui abrite encore le théâtre du Maillon. Des historiens de l’équipe scientifique du projet décryptent, en images, quelques-unes de ces strates d’Histoire.
Exposition Coloniale de Strasbourg, la porte d’entrée du Village africain, 1924, collection privée.
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Le pavillon de l’Union des Républiques Soviétiques Socialistes à la foire-exposition de Strasbourg de 1929, Bibliothèque Nationale Universitaire de Strasbourg.
Village africain (1924)
Pavillon de l’URSS (1929)
— Par Julien Louis
— Par Isabelle Chalier
« Pour l’exposition coloniale de 1924, les services municipaux ont totalement repris les bâtiments du Wacken pour leur donner un aspect « exotique ». Au milieu des stands et des pavillons, un entrepreneur a reconstitué un « village africain ». Toits en roseaux, murs en pisé, palmiers : le décor est soigné. Des « habitants » recrutés dans tout le bassin nigérian l’animent : maroquinier de Haute-Volta, tisserand du Sénégal… Au quotidien, les femmes broient le mil, le sorcier lance des imprécations, les griots entament des chants, les enfants font des plongeons dans le bassin central. Le programme annonce diverses cérémonies, mariage inclus ! Plusieurs cartes postales ont été éditées pour la vente. Celle-ci montre l’entrée du village, dont l’architecture évoque un fortin malien. Au premier plan, un vieil homme drapé dans son ample toge semble accueillir le visiteur. Les articles de presse permettent de mettre un nom sur ce visage : Mohmadou Seck, venu de Gorée, au Sénégal.
De telles expositions coloniales ont déjà eu lieu en France, mais celle de Strasbourg prend une dimension particulière : après près de 50 années de gouvernement allemand, les Alsaciens ne mesurent pas toujours la dilatation à l’échelle mondiale des frontières de leur pays. Dans l’esprit des initiateurs, il s’agit de montrer l’impact « civilisateur » de la colonisation, mais aussi ses potentialités industrielles et commerciales. »
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« Pour l’historien, la foire-exposition de Strasbourg constitue un reflet instructif, même s’il est déformé et incomplet, du contexte international, et ce bien au-delà de son périmètre européen. Sur cette carte postale, figure le pavillon qui représentait l’URSS en 1929. Son architecture constructiviste se distingue par ses lignes épurées des autres édifices, plus conventionnels. L’URSS sera ainsi régulièrement représentée à la foire, y compris durant la Guerre Froide, même si les stands du Plan Marshall avec leur tracteurs et ceux des marques américaines (comme Westinghouse) dominent largement le paysage et attirent les foules. Le modèle soviétique ne fascine guère et d’ailleurs l’auteur de la carte a noté en-dessous : « Ma chérie voici l’endroi ou je me sui barbée plus de 15 jours »... forcément un tel document devait retenir notre attention ! »
Z UT Culture Histoire
Exposition nazie (1941) — Par Denis Boeglin
« La photographie est prise en juin 1941, pour l’ouverture de Deutsche Wirtschaftskraft: Aufbau am Oberrhein, la première des quatre expositions organisées au Wacken par l’occupant nazi. Cette première manifestation, qui est aussi la moins marquée idéologiquement, ressemble beaucoup aux foires commerciales qui se déroulaient déjà au Wacken dans les années 1930. L’image laisse entrevoir le souci accordé au décorum : l’aigle, les drapeaux nazis flottants sur le Wacken, dont les bâtiments ont été mis au « goût du jour » nazi en 1941. Des professionnels de tous les secteurs (agriculture, industrie, transports…) viennent y montrer leur savoir-faire à des visiteurs nombreux : les autorités nazies, qui les comptent minutieusement, enregistrent 500 000 entrées. Il y a aussi de nombreuses attractions : des manèges, des concerts, des tournois sportifs… Le contenu des trois expositions suivantes en 1942 et 1944, beaucoup plus politique et diffusant clairement les idées nazies, attirent de moins en moins les visiteurs. »
Exposition nazie de 1941, archives de la ville et de l’Eurométropole de Strasbourg.
Foule devant l’entrée de la foire au début des années 50 — Par Isabelle Chalier
La foule devant l’entrée de la foire au début des années 50, Bibliothèque Nationale Universitaire de Strasbourg.
Exposition Un siècle sans entracte, le quartier du Wacken, 1924-2019 17.10.18 —› 30.03.19 Maillon Wacken | Strasbourg www.maillon.eu 54
« Quand le cliché a été pris, au début des années 50, la foire, pour laquelle se presse la foule, a déjà une longue histoire... Née en 1926 et implantée au Wacken, elle est d’abord plutôt régionale et surtout dédiée à la gastronomie. Petit à petit, elle va s’étoffer et attirer de plus en plus de visiteurs. Après une éclipse durant la Seconde guerre mondiale, elle s’étend encore et les halls se multiplient. De plus en plus de visiteurs en fréquentent les allées, attirés notamment par les folles inventions du concours Lépine qui se déploie à Strasbourg à partir de 1959. Cette année-là plus de 750 000 personnes ont arpenté la foire ! C’était l’époque idyllique des Trente Glorieuses et depuis, la fréquentation a beaucoup diminué : pour l’édition 2018, on a atteint les 163 000. Très loin de notre photographie donc... »
© Jean-Louis Fernandez
SAIGON
Caroline Guiela Nguyen
6 | 16 novembre 03 88 24 88 24 | www.tns.fr | #tns1819
Z UT Culture Musiques
LE DUEL Par Cécile Becker Photo Christophe Urbain
Freez sort cet automne un EP et pratique un « hip-hop cosmique ». Hermetic Delight vient de terminer l’enregistrement d’un premier album fidèle à leur rock « bipolaire » à venir en 2019. Qui choisirez-vous ?
Freez De gauche à droite : Octave (trompette), Eli (chant), Arthur (batterie), Quentin (clavier) Les débuts Octave et Arthur se rencontrent au Conservatoire de Strasbourg. Eli, Américain exilé à Strasbourg, officiant alors au micro du groupe Art District, croise leur chemin. Une admiration mutuelle les pousse à « faire des choses ensemble ». Quentin, le Parisien, les rejoint plus tard. Le nom « Il induit l’arrêt sur images, ça parle aussi du sampling, pratiqué dans le hip-hop : on fait voyager le temps en l’arrêtant dans notre musique. » Des moments déterminants « Octobre 2017 : les concerts aux Trois Baudets, à la Gaité Lyrique et l’annonce de notre sélection au FAIR, fonds d’aide à l’émergence, notre marraine étant Emily Loizeau [ils sont lauréats 2018, ndlr]. » Le hip-hop cosmique, c’est… « Ancrer un son venu d’ailleurs sur une tradition hip-hop. Un mélange d’une section très rythmique, portée par la voix et la batterie, et d’un côté solaire, astral apporté par la trompette et le synthé. Le tout augmenté par des situations improvisées en live qui nous viennent d’un héritage jazz. » Frame, le nouvel EP « On a mis 3 ans à décider du contenu et de sa forme, l’aboutissement d’un temps d’expérimentations nécessaires pour arriver à ce son qui a quelque chose d’assez surréaliste, presque fantastique. Emily Loizeau, notre marraine du FAIR, chante sur Look Around, elle s’est montrée très ouverte à la
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collaboration. Et Mike Ladd, un rappeur qui participe à pas mal de projets jazz, a adoré Flamin’ Goes… à tel point qu’il nous a proposé 2 versions de son couplet… » Bonus ++ Emily Loizeau : « Freez a été pour moi une vraie découverte jubilatoire. J’aime le slam quand il flirte avec la poésie : dense, habitée. Comme Lou Reed, “j’aime les accents de New York”, et là… je suis servie ! Last but not least, la musique : une finesse mêlée à un côté sauvage qui parle au corps comme au cerveau. Il y a à la fois une grande recherche et une grande simplicité. Leur musique est organique et réfléchie… une énergie ultra inspirante. Je n’avais pas ressenti cela depuis Saul Williams et ça fait du bien. »
les oreilles. Comme la bipolarité de notre musique. Hermetic est une référence à l’alchimie et Delight, c’est l’hédonisme, ce qui donne : vivre au jour le jour pour l’éternité. Tout un agenda. » Des moments déterminants « Notre rencontre avec Anna Calvi, l’entente qui en résulte nous est chère. Et notre travail de production sur l’album à venir avec Charles Rowell, du groupe Crocodiles, il a beaucoup contribué à la richesse des textures de l’album. » Le rock c’est… « Pissing in a river, watching it rise [Patti Smith, ndlr]. Le génie populaire, le génie de la simplicité. Décadence et lucidité. »
Frame, sortie le 02.11 Concert le 06.11 à L’Autre Canal, à Nancy Release Party le 08.11 à La Laiterie, à Strasbourg www.freeztheband.com
Hermetic Delight De droite à gauche : Delphine (batterie), Zey (chant), Atef (guitare) Mais aussi Bob, membre volant du groupe, à la basse Les débuts « On pratiquait depuis peu nos instruments respectifs et c’est l’envie de jouer ensemble qui a créé la rencontre. Zey nous a rejoints après avoir rencontré Atef. » Le nom « Pour la combinaison que forment un mot qui croustille et un mot qui fond dans
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L’album à venir « Pendant l’enregistrement de notre dernier disque, nous étions dans l’introspection la plus totale, nous avions même enregistré dans l’obscurité… Là, il s’agit plutôt de faire partie de ce monde, d’en être témoin, de faire une espèce de coming-out en embrassant la lumière et la pop culture. Cet album nous amène vers de nouveaux territoires en termes d’écriture et de son, quelque part entre la musique live et le studio. » Concerts le 25.10 au Molodoï, à Strasbourg dans le cadre des October Tone (leur label) Parties du 25 au 27.10 avec Marietta, Partout Partout, Pauwels, Amor Blitz… Le 16.10 à Paris et le 21.10 à Cologne www.octobertone.com
Z UT Culture Illustration
LIGNE DE CONDUITE
Auteur-illustrateur prolifique, Guillaume Chauchat sort trois nouveaux livres en cette fin d’année. Portrait d’un homme discret, grand adepte du footing et de la pêche à la ligne…
Par Cécile Becker Portrait Pascal Bastien
C
et après-midi là, lorsqu’il nous ouvre la porte, il porte des chaussons verts foncés. On s’imaginait entrer dans un vaste atelier ouvert sur des baies vitrées, conforme à l’image qu’on se fait d’un illustrateur-sculpteur-enseignant qui a publié 7 livres, exposé ses sculptures au Syndicat Potentiel à Strasbourg ou à Lyon, collaboré au Monde, à Libération ou au New York Times, enchaîné les éditions maison et collaborations bien ficelées… Mais la réalité du métier, que beaucoup ont tendance à magnifier, nous saute à la gorge et prend ici la forme d’une coquette chambre-atelier saturée de livres, de fils de fer menaçant de s’échapper de leurs cartons et de dizaines de brouettes de dessin. Il n’a même pas d’iPhone, c’est dire… On serait tenté d’adhérer au portrait qu’il nous dresse de lui-même : un peu ermite, un peu glandeur, surtout surpris d’avoir à nous parler de son travail. Pourtant… Guillaume Chauchat s’affirme « paresseux », mais la discipline qu’il s’impose, même lorsqu’il sèche, raconte tout le contraire. Il dit « faire les choses par défaut » quand sa main, ses mots ne sont jamais aussi justes que lorsqu’ils se frottent à l’illustration et que sa vie toute entière – ses relations aussi – tournent autour 58
d’elle. Il aime « vivre à côté de la gare » mais pratique avec ferveur l’art de la sédentarité. L’être humain n’est jamais à une contradiction près. Sauf quand cette contradiction, précisément, permet de mieux cerner le travail de l’illustrateur. Cette ligne, distinctive de son geste, a à voir avec la frontière, avec ce paradoxe devenu son terrain de jeux. L’action et la non-action (notamment dans Travelling Thrue, nouveau livre conçu avec Ivan Epp où les personnages se repoussent autant qu’ils s’attirent) ; le tragique et la comédie (voir sa trilogie publiée aux Éditions 2024, Il se passe des choses) ou ces corps en tension qui rappellent que la tendresse et la catastrophe ne sont jamais bien loin (Near Sex Experience, courtes histoires de cul avortées proposées par Guillaume Chauchat, Baptiste Filippi et Matthieu Chiara). La ligne sens dessus dessous. « J’aime tout ce qui touche aux dessins d’humour, qui souvent, sont très simples. Si la BD a été mon moteur, je n’ai jamais eu le courage de m’y mettre. J’ai calculé le rapport entre le temps de réaliser une case et le temps à la lire… C’est presque absurde ! J’avais vraiment envie de trouver une forme rapide, fluide. Ceci dit, dès que j’ai l’impression de trouver un vocabulaire graphique, j’essaye d’en changer. J’aime bien cette notion de réaction constante à ce que l’on produit. En fait, chercher à être spectateur de son propre dessin, c’est une garantie de ne jamais s’ennuyer… »
Illustration issue du livre Travelling Thrue
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Z UT Culture Illustration
Illustration issue du livre Near Sex Experience
Le trait fin et ultra-précis de ses débuts, fricotant parfois avec la calligraphie, s’est transformé en sculptures de fils de fer, pour finalement accueillir des couleurs primaires, et se faire plus épais – voire carrément grossier. Mais toujours, ses dessins racontent ; peut-être même plus que les mots qui les accompagnent en de rares occasions. « J’aime l’idée de mots silencieux qui laissent émerger les projections personnelles du lecteur. Steinberg [l’un de ses « papas spirituels », ndlr] parle très bien de ça : de se responsabiliser par rapport au dessin. Écrire ce n’est pas la même chose : il y a ce côté immédiat dans le dessin, dans l’intelligence de la main. La pratique a une intelligence qui lui est propre. Et elle n’a rien à voir avec quelque chose de supposément magique. Si tu t’astreins à faire quotidiennement, il y a forcément quelque chose qui va se passer entre les quatre lignes d’une feuille. » L’art du footing Une philosophie de travail qu’il a hérité de son passage aux Arts décoratifs de Strasbourg au sein « d’une promo géniale », la première a être conduite par un Guillaume Dégé devenu le mentor de toute une génération d’illustratrices et d’illustrateurs. L’un de ses cours est alors intitulé “Cours de footing et compétition” : « dessiner tous les jours, sans vraiment de but, juste pour voir ce qui sort, explique-t-il. Forcément dans cette masse de dessins, des récurrences finissent par se dégager. Et lorsqu’on a une commande, une idée, on peut aller y piocher les meilleurs. » Ainsi, s’amoncèlent dans sa chambreatelier des “carnets de footing”, cahiers ou feuilles volantes, dont une sélection restreinte a justement donné naissance à l’un de ses prochains livres : Boomshakalaka. Et quand rien ne vient ? Il se donne des contraintes. Le dossier nommé “Le vide dans ma tête” sur son ordinateur regroupe des centaines d’affiches créées à la tablette graphique, en réaction à un mot choisi par un générateur, qui lui auront révélé une nouvelle appétence pour le gros trait. Et quand il n’est plus sûr de rien, il en réfère à ses « compagnons de footing » : Guillaume Dégé, devenu un ami, Baptiste Filippi, illustrateur également connu pour ses expé-
Les petits musiciens (feuilleton) - Illustration à paraître dans le numéro de novembre de Biscoto
« Chercher à être spectateur de son propre dessin, c’est une garantie de ne jamais s’ennuyer… » 60
« L’illustration, c’est un peu un truc de général d’armée : tu poursuis ton délire et tu es à la fois le général, l’officier, les petits soldats… » rimentations sonores au sein de Travail rythmique, Loïc Urbaniak, illustrateur ou Alexis Beauclair, illustrateur et imprimeur, avec qui il avait notamment monté la revue Belles illustrations lors de leur passage aux Arts déco. Ils sont là « à côté de lui » quand il travaille. Littéralement. Leurs dessins sont accrochés aux murs de sa chambre-atelier. « Ce sont des personnes que je peux solliciter à n’importe quel stade de développement d’un projet, à qui je peux montrer des étapes de travail sans danger, sans me faire fusiller. » Il s’agit « d’externaliser la pression ». « L’illustration, c’est un peu un truc de général
d’armée : tu poursuis ton délire, qui n’est déjà pas forcément clair dans ta tête et tu es à la fois le général, l’officier, les petits soldats… Tu es seul sur tous les fronts : l’idée, le dessin, la forme graphique, la typo, le papier, si tu baisses un peu ta garde, le livre sera forcément moins bon… » Ce qui lui permet aussi de garder les idées claires et de lâcher un peu de pression financière sur une pratique précaire lui offrant paradoxalement plus de libertés, c’est son poste d’enseignant à la HEAR, au côté de Guillaume Dégé (encore lui !). Régulièrement, il extrait des livres de sa grande bibliothèque, « son deuxième cerveau », pour
Premier carnet de footing
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Fellation, issue du livre Fesses paru aux Éditions 2024
Z UT Culture Illustration
Extrait du livre Boomshakalaka
aborder une question avec ses étudiant.e.s. Ils lui permettent de (re)découvrir des idées et même de nouvelles évidences. Alors qu’il prépare ces jours-ci un workshop sur les images agrandies, il sort quelques livres et réalise que son goût pour la ligne était présent bien avant qu’il en ait véritablement conscience : Matisse, George Grosz, Calder, Paul Klee, Picasso… leurs œuvres gravées disent l’influence sur son trait. Mais finalement, pourquoi tout ça ? « Ça a à voir avec le fait de tromper l’ennui. Il te suffit d’un crayon et d’une feuille blanche pour raconter des histoires, fantasmer des choses, t’inventer des vies que tu n’as pas eues, ou dessiner celles que tu vis… » Celle qu’il vit : « Pas celle dont je rêvais mais je ne rêve pas d’une autre vie aujourd’hui. » Aujourd’hui : 10 ans après sa sortie des Arts Déco quand certains éditeurs lui disaient alors : « Reviens dans 10 ans, on verra où tu en seras. » Alors, qu’ils s’y penchent, il y a largement de quoi faire.
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— Near Sex Experience
Baptiste Filippi, Guillaume Chauchat, Matthieu Chiara, auto-édition
— Travelling Thrue
Guillaume Chauchat, Ivan Epp, Éditions Université de Strasbourg
— Boomshakalaka
Guillaume Chauchat, Éditions Gargarismes,sortie en novembre
LE TOUT DISPONIBLE À LA VITRINE ZUT 14, rue Sainte-Hélène LANCEMENT COLLECTIF À LA VITRINE LE 12 OCTOBRE
— Je me suis caché
Guillaume Chauchat, Albin Michel Jeunesse, sortie en février 2019
www.guillaumechauchat.com
Semaine Européenne pour l’emploi des personnes handicapées
19 - 25 novembre 2018
Photo : Adrien Michel
La différence ! e s s e h c i r e n u t s e
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Z UT Culture Philo
RÉINVENTER LE QUOTIDIEN Propos recueillis par Sylvia Dubost
En 1968, le philosophe et sociologue d’Henri Lefebvre publiait Le Droit à la ville, où il déployait une pensée aujourd’hui plus que jamais centrale. Enseignant à l’université de Strasbourg, son texte y a sans doute maturé. Mickaël Labbé, maître de conférences à la faculté de philosophie et co-organisateur de la manifestation Prendre place, nous éclaire sur le personnage, ses idées et les formes qu’elles pourraient prendre aujourd’hui.
Henri Lefebvre en 1971
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Prendre place
Qui était Henri Lefebvre ? Un philosophe, sociologue et quelqu’un qui a pratiqué une interdisciplinarité intéressante pour l’époque, qui se place dans la grande tradition marxiste et marxienne de l’époque de façon assez hétérodoxe. Il se place à la fois dans l’héritage du matérialisme historique tout en apportant certaines théories nouvelles, qui l’ont conduit à être exclu du PC en 1958. Son thème principal est la vie quotidienne, dont le marxisme à l’époque ne parle plus, alors que c’est le lieu où se déroule la lutte des classes, où l’on éprouve les maux, où l’on peut réinventer autre chose. Qu’est-ce que Le Droit à la ville ? Une fois que Lefebvre a dit que la ville était l’horizon définitif et sans retour, qu’elle devient notre milieu, mais qu’elle est produite selon des logiques économiques destructives et des pensées planificatrices et fonctionnalistes qui laissent de côté une grande part de l’humain et de ses besoins, il essaye de défendre le droit à la vie en ville et à la réappropriation de l’espace. L’espace nous forme et nous déforme, il nous reflète et nous transforme. Pour cela, il doit refléter la pluralité de ce qu’on est. Il ne s’agit pas seulement de loger, mais de répondre à des besoins sociaux, symboliques, de sécurité, très multiples. Explique-t-il comment mettre en œuvre ce droit ? Il se refuse à proposer une forme d’urbanisme définie, mais propose quelques pistes : dédier le centre des espaces urbains au jeu, recréer des pôles de centralité à différents points de la ville… Il critique le fonctionnalisme et le zoning*, prône la pluridisciplinarité et la pluri-sensorialité des espaces, défend leur autogestion. Quelle influence a eu son ouvrage Le Droit à la ville ? La question du droit à la ville a plutôt résonné chez les urbanistes, les sociologues et les bailleurs sociaux. En 68, la question de la ville était centrale, et Lefebvre a eu cette très belle phrase : créer avec la ville nouvelle la vie nouvelle dans la ville.
Lefebvre a-t-il eu une influence sur Mai 68 ? Il y avait sans doute une communauté d’esprit, une source d’inspiration pour certains, par la dénonciation de l’aliénation de la vie quotidienne, qui tue le désir, et l’idée que le combat doit se déporter des questions traditionnelles dans le marxisme – le rapport à l’usine, lutte des classes – vers la vie quotidienne. Il a ça en commun avec situationnistes. Et il y avait une grosse section situationniste à Strasbourg. Comment ce sujet résonne-t-il aujourd’hui ? Un axe de relecture intéressant est le mouvement des places, en Espagne, en Grèce, en Afrique du nord ou Amérique. Aussi différents soient les contextes et les revendications, ils ont en commun ce besoin de s’exprimer sur des places, de rassembler des corps dans un lieu et faire de la ville un des sujets. On remarque aussi aujourd’hui la nécessité d’avoir des espaces où imprimer sa propre marque, des jardins partagés, des espaces libres, où l’on puisse faire autre chose que consommer. Cela pourrait être un outil pour penser toutes les négativités sources d’exclusion et de ségrégation dans la ville : le mobilier anti-sdf, la barification des cafés qui ne servent plus de boissons chaudes à partir d’une certaine heure, les choix dans les programmes de restructuration de l’espace public, où une stratégie d’exclusion soft passe par le design. Lefebvre reste un outil à réactualiser. La ville n’est pas qu’un objet économique, elle a une fonction éthique et sociale. La question c’est : aujourd’hui, qui a droit à la ville ?
*Répartition d'une aire urbaine en zones distinctes répondant à des fonctions différentes : travail, logement, loisir…
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Fidèle à la démarche transdisciplinaire de Lefebvre, Prendre place réunit et invite tous ceux qui sont aujourd’hui concernés par la ville – universitaires, étudiants, architectes, designers, responsables de l’urbanisme, habitants – à explorer différentes manières de s’approprier aujourd’hui l’espace urbain : workshops, colloques, conférences, promenades urbaines… Selon Mickaël Labbé, l’objectif est d’inciter à regarder et habiter autrement, de tisser une communauté qui s’empare de ces questions. « Pour reprendre une métaphore de Jacques Rancière, explique-t-il, si on peut creuser un petit trou dans la fabrique de la ville pour éroder un peu les mailles, ce serait bien. » La manifestation a été labellisée Idex, un programme ministériel d’excellence. —› 25.04.19
Tout le programme : www.prendreplace.eu Instagram : @prendreplace
Z UT Culture
News
NEUE
VAGUE
Par Cécile Becker Portrait Christophe Urbain
Minh-Tâm Nguyen Soliste et nouveau directeur artistique des Percussions de Strasbourg D’où venez-vous ? Où allez-vous ? Là, je viens de l’école de ma fille [rires]. J’ai grandi à Nice, à la cité des Moulins. Je suis entré au Conservatoire de Nice, puis au CNSMD de Lyon – où j’ai décidé de devenir percussionniste –, et enfin au Conservatoire de Toulon. Où je vais ? Je ferai toujours ce que je suis. Que vouliez-vous être quand vous étiez petit et pourquoi avez-vous renoncé ? Je voulais programmer des jeux-vidéos. Je n’ai pas renoncé puisque je programme toujours. Que représente pour vous Strasbourg ? Une ville culturelle riche et, surtout, mon présent.
Si vous deviez changer de ville et/ou de pays où habiteriez-vous ? Je me fie au présent, je creuse mon projet actuel. Je ne calcule pas. Si vous pouviez être quelqu’un d’autre pendant une journée, qui seriez-vous et que feriez-vous ? Un enfant, n’importe où dans le monde. Pour avoir un regard qui ne soit pas basé sur la connaissance mais sur les sensations et les intentions. Comment vous détendez-vous ? Je dors ! [Rires] Ou je joue au foot avec mes enfants. Pourquoi faites-vous tout ça ? Parce que j’adore ça ! Je ne peux pas rêver mieux comme travail. Ce n’est même pas un travail, c’est un jeu. Je fabrique des choses avec des copains.
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Vos livres de chevet ? Des mangas… j’en ai plein ! Je suis des années 80, j’ai connu le Club Dorothée, l’arrivée des mangas et des anime en France, j’adorais ça. Ma famille était très pauvre mais le jour où j’ai commencé à travailler… Aujourd’hui j’en ai 2000. Le disque qui tourne en boucle en ce moment ? Le dernier disque de Vincent Peirani, Living Being II – Night Walker. Il y joue avec des copains. J’adore ! L’œuvre d’art qui ne cesse de vous fasciner ? Est-ce que l’humain est une œuvre d’art ?
Sortie du disque Ghostland, avec Pierre Jodlowski et Les Percussions de Strasbourg, le 28 novembre www.percussionsdestrasbourg.com
Z UT Culture Made in Strasbourg
PA N I E R C U LT U R E
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Le bisou toxique enfin de retour, des vagins, des nounes et des clitos, une discothèque revue et corrigée dans un format 33 tours, des animaux qui s’échappent d’un livre et des regards croisées sur les « Black dolls ». Une sélection entre sourires et réflexions essentielles… Photo Hugues François
Lili Sohn Vagin Tonic Casterman Comme beaucoup, nous avons découvert le travail de Lili Sohn via son blog BD Tchao Günther, en ignorant alors qu’elle avait grandi à Kolbsheim et étudié à Strasbourg. Nous suivions avec régularité – et non sans crainte – le récit illustré de son combat contre le cancer du sein diagnostiqué à l’âge de 29 ans. Réunis et augmentés dans la trilogie La Guerre des tétons, ses posts nous avaient profondément marqués (et si on apprenait à se tâter les nichons ?, entre autres). Après avoir transformé « le caca en paillettes » et combattu cette belle saloperie, nouvelle aventure, nouveau blog : Vagin tonic, un guide décontracté de la foufoune avec, en vrac, tentatives de définitions de la féminité, analyses anatomiques, mythes, plaisir, poils… et beaucoup de lolmdr. Vagin tonic version papier est sorti cet été et devrait être mis entre toutes les mains. (Certains y reconnaîtront une certaine cuisto du Graffalgar…) (C.B.) www.lilisohn.com
Inkyeong & Sunkyung Kim Zoo in my hand Éditions du livre On s’est senti idiot… d’être passé à côté de cette petite et remarquable maison d’édition strasbourgeoise : les Éditions du livre. Heureusement, Alexandre Chaize est venu frapper à notre porte pour nous présenter ses publications, toutes plus passionnantes les unes que les autres, creusant à chaque fois une trouvaille esthétique. Zoo in my hand, sa dernière, est en fait la réédition d’un ancien
projet de deux sœurs designers et illustratrices coréennes. Un tout petit livre-objet (ou livre d’art jeunesse, mais ce serait vraiment dommage de ne le réserver qu’aux enfants) où sont contrecollées quarante pages bicolores à découper. Résultat : une ménagerie d’animaux prêts à plier et à jouer qui se déploie au gré des envies du lecteur. C’est magique, malin, joli, touchant… autant dire qu’on suivra désormais avec attention cette petite et remarquable maison. (C.B.) www.editionsdulivre.com
Elio Falcone
70’s, mais cette fois-ci c’est plutôt vers le début de la décennie. Moins punk du coup, plus ouvertement glam, dans cet intervalle où la pop a su s’immiscer un temps sous l’impulsion des Sparks, Steve Harley ou Brian Eno : avec un goût prononcé pour l’avantgarde électrique, tout en gardant une vraie approche mélodique. Il y a quelque chose d’immédiat chez nos amis lorrains – anciens Strasbourgeois –, de totalement décadent dans cette manière très anguleuse de varier les formes. Quinze ans après leurs débuts, le sentiment reste intact, on se surprend à les aimer avec toujours autant de ferveur. (E.A.) toxickiss.bandcamp.com
Mes trente-trois #1 chicmedias éditions Chez chicmedias, en général, les projets de livre arrivent sans qu’on s’y attende : une idée lancée à la volée, une discussion, un délire… et voilà qu’une partie de l’équipe est mobilisée. La collection Mes disques à moi est née comme ça, pour faire une surprise à Elio Falcone, Colmarien passionné de rock. Sont réunies dans cet ouvrage (dont le format reprend celui d’un 33 tours) des photos de sa famille imitant les pochettes des disques qui l’ont marqué, forcément délirantes, augmentées de commentaires. Qui dit collection dit forcément suite… Nul doute que le territoire alsacien fourmillant de mordus de musique fournisse un nouveau terrain de jeux… (C.B.) www.chicmedias.com
Toxic Kiss Fear Autoproduit / Believe Toxic Kiss durcit le ton avec un nouvel album qui lorgne toujours autant du côté des 68
Cloé Korman & Nora Philippe Dans la peau d’une poupée noire Mediapop Cloé Korman est romancière et professeure de français au collège Jean-Pierre Timbaud à Bobigny, Nora Philippe est autrice et réalisatrice, mais aussi la commissaire de l’exposition Black Dolls, présentée à la Maison Rouge à Paris de février à mai 2018, qui réunit des poupées noires de la collection Deborah Neff. À la suite de l’expo, Cloé Korman monte un atelier d’écriture avec ses élèves de quatrième. Ils imaginent et écrivent les biographies de ces poupées, nourris par les explications de Nora Philippe. Vibrants et puissants, ces textes abordent la ségrégation raciale, la toute-puissance blanche ou la construction des stéréotypes que la société produit… On en ressort bouleversés par tant d’empathie, et peut-être même honteux… (C.B.) www.mediapop.fr
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Z UT Culture Instant Flash
À FLEUR DE PEAU
CAMILLE VIDAL-NAQUET Par Mylène Mistre-Schaal et Emmanuel Abela | Photo Christophe Urbain
Pour son premier long métrage tourné à Strasbourg, Camille Vidal-Naquet colle à la peau d’un garçon des rues et suit ses errances. De retour dans la ville qui sert de décor au récit, accompagné de Félix Maritaud, son interprète remarquable avec qui il affiche une réelle complicité, il nous explique sa méthode : « Dans mon approche, il y a finalement peu de place pour la psychologie et l’analyse, ce n’est ni un documentaire, ni un reportage. Je ne voulais pas être dans le respect des règles cinématographiques classiques, j’ai suivi un flux, une énergie, c’est ce qui comptait. » Sauvage, c’est l’histoire d’un garçon, peu importe son nom, qui se prostitue dans la rue. Rien de plus. Mais c’est beaucoup plus que cela : Sauvage sent la sueur et la terre après la pluie, il arpente l’asphalte, la rue et ses fulgurances. Camille le confirme : le film puise ses ressources dans l’impulsivité des corps et des émotions. La caméra, au plus proche, glisse sur les chairs, capture les regards, effleure le paysage humain. Elle enregistre les textures de peau et ses variables : sublimée par les lumières halluci-
nées d’une boîte, malmenée par la maladie ou le désir des autres, auréolée d’érotisme ou violentée sans ménagement. L’épiderme devient le baromètre de la tendresse ou de la rudesse des rapports humains. Le corps est parfois à vif et nos émotions aussi. Et pourtant, le film évoque aussi la pesanteur des conventions et l’amour avec une juste distance. D’un point de vue cinématographique, « prendre de la distance aurait été synonyme d’observer, impliquant une certaine forme de jugement, précise le réalisateur après la séance photo. J’ai préféré la caméra portée pour sa plus grande mobilité, je l’ai voulue très caressante. Je ne voulais pas quitter le personnage, mais regarder l’acteur exister... » Le faire exister en effet, lui donner corps à l’écran, incarner en pleine lumière ce jeune homme éperdu, qui dessine les contours d’une liberté qui lui est propre. Propos recueillis le 9 juillet à l’Hôtel Hannong, à l’occasion de l’avant-première au Cinéma Star 70
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BRUTAL/SENSIBLE
GILLES LELLOUCHE Par Cécile Becker | Photo Pascal Bastien
Deux faces d’une même pièce. Bien sûr, nous sommes tous constitués de paradoxes. Bien sûr, nous sommes tous habités par des névroses. Évidemment, nous sommes tous duels : seuls même entourés, joyeux mais tristes au fond, supposément empathiques mais toujours un peu égoïstes. De ça, de tout ça, il est question dans Le Grand Bain : une troupe d’hommes cinquantenaires qui trouvent une échappatoire à leurs vies mornes dans la natation synchronisée. L’idée est belle, les comédiens irradient. Surtout Philippe Katerine, incroyable dans le rôle du garde-piscine simplet. Notamment Mathieu Amalric, père de famille dépressif. Ils sont
justes parce qu’ils racontent nos impermanences et complexités. On aura d’ailleurs eu l’intime conviction de retrouver dans le personnage de Guillaume Canet, père de famille cachant un manque de confiance en lui sous trois duvets d’irascibilité, un peu de Gilles Lellouche, dans le froid/chaud qu’il aura soufflé durant notre entretien. Invectivant son équipe qui ne l’aura pas prévenu de la présence de notre photographe pour finalement nous raconter son film avec beaucoup de pudeur. Lui qui confiera avoir fait de ce Grand Bain « le cinéma qu’il a envie de voir », avoir été « habité » par ce film, se « raconter par nécessité » par lui parce qu’il 72
« bouillonnait », y avoir « mis des choses intimes et familiales », nous aura touché par la sincérité de son geste mais aussi un peu secoué par la brutalité de son accueil. Humain, après tout. Propos recueillis le 1er septembre à l’Hôtel Régent Petite France, à l’occasion de l’avant-première de Le Grand Bain à l’UGC Ciné Cité
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PERSONNAGES EN LIBERTÉ
ALAA EL ASWANY Par Emmanuel Abela | Photo Benoît Linder
Avec un certain aplomb, nous n’avons pas hésité à lui glisser en aparté : « Ce livre ne nous a pas bouleversé, il nous a transformé. » Mais on ne la raconte pas à Alaa El Aswany, et si cet auteur égyptien fait mine en français de nous remercier, il ne croit pas un traître mot de ce qu’il associe à une flatterie de circonstance. Et pourtant, il est vrai que J’ai couru vers le Nil nous a transformé. Il nous a surtout fait prendre conscience de la vanité des choses. Nul n’échappe à l’implacable ; cette machinerie qui broie les gens, qu’elle s’appelle religion, pauvreté ou plate courtoisie. Dans ce récit choral, les acteurs – bons ou mauvais – du Printemps arabe
au Caire en 2011 constituent les maillons souvent très forts d’un drame qui se joue en temps réel. « Tout ce que vous lisez, je n’ai pas décidé de le faire figurer. Après deux ou trois chapitres, mes personnages m’échappent, ils évoluent en toute indépendance. Ils décident de faire ce qu’ils veulent ; parfois, ils font des bêtises, mais je ne peux pas les arrêter. Ils expriment leurs points de vue. Il m’arrive d’être d’accord, mais souvent je ne le suis pas. » Il est vrai que ces personnages ont droit à un égal traitement dans le livre, bourreaux et victimes, sans jugement. La sécheresse des descriptions pourrait s’apparenter à une forme de cynisme ; or il n’en est rien. Elle 74
restitue la vie, dans sa plus pure quotidienneté, les personnages prenant corps sous nos yeux, comme ils s’incarnaient en pleine réalité. Propos recueillis le 13 septembre à la BNU, dans le cadre des Bibliothèques Idéales J’ai couru vers le Nil, Actes Sud
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Salon européen des métiers d’art 2018
I Want to Break Free 5 octobre 2018 17 février 2019 une exposition du Musée d’Art moderne et contemporain Les amis du Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg
Joana Vasconcelos, Choucroute (détail), 2018, Collection de l’artiste © Unidade Infinita Projectos © Joana Vasconcelos / ADAGP, Paris, 2018. Graphisme : R. Aginako
Joana Vasconcelos
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LA LANGUE AU CŒUR
ÉMILIE DE TURCKHEIM Par Emmanuel Abela | Photo Benoît Linder
La décision a été prise en peu de temps, il a suffi d’une remarque d’Émilie – « Ils sont des milliers à dormir dehors. Quelqu’un pourrait habiter chez nous, peut-être ? » – pour que son mari et ses deux enfants se retrouvent embarqués dans l’aventure. La jeune romancière nous relate les neuf mois durant lesquels sa famille accueille Reza – qui s’avère s’appeler en réalité Daniel –, un jeune afghan qui a fui son pays en guerre à l’âge de douze ans. Une chambre lui est aménagée, une relation très respectueuse naît de cette nouvelle présence. Émilie mesurait-elle pourtant l’impact d’un tel accueil ? « Non, nous ne l’avions pas mesuré, d’autant moins que nous n’en avions pas parlé. Et je prends conscience aujourd’hui que le fait que nous n’ayons jamais parlé en famille
de la situation avant d’accueillir quelqu’un à la maison, c’est profondément à l’image de ce qu’on ressent collectivement ; que cela concerne les réactions hostiles, et je constate à la sortie de ce livre qu’elles sont nombreuses et violentes, ou tout à fait fraternelles et solidaires à l’égard de toutes ces personnes qui échouent à nos frontières et qu’on n’accueille d’aucune façon. » On surprend dans son propos l’hostilité qu’on peut lui manifester – elle nous paraît insensée ! –, tant ce petit ouvrage, construit comme un journal, recèle des parcelles d’humanité. On découvre ce personnage si attachant, d’une discrétion extrême, dont les secrets sont livrés au fur et à mesure. On le suit dans ses vaines tentatives d’acquisition de la langue – la langue au cœur d’une réflexion globale sur ce qui nous lie avec 76
cette question vitale : « Comment prendre langue » –, mais aussi dans son envie d’intégration dans une société dont la malice latente lui échappe. On ressort de la lecture plein des nouvelles questions qu’on devrait se poser chacun, chacune, sur la relation qu’on entretient à l’autre, notamment à ce voisin éloigné dont on feint de méconnaître la situation. Émilie de Turckheim le fait avec grande poésie. Si ça n’était pas le cas auparavant, une vraie prise de conscience peut naître d’un tel ouvrage. Propos recueillis le 13 septembre à la BNU, dans le cadre des Bibliothèques Idéales Le Prince à la petite tasse, Calmann Levy
Photos Yves Trotzier
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Sélections Culture
Joana Vasconcelos, War Games, 2011 © Joana Vasconcelos / Adagp, Paris, 2018
Break free from home EXPOSITION
Joana Vasconcelos, I Want to Break Free → 17.02.19 Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg www.musees.strasbourg.eu
Agencées à la façon d’un appartement, avec corniches, moquettes et couloirs, les salles d’expositions temporaires du MAMCS se transforment en parcours pour l’exposition I Want to Break Free de Joana Vasconcelos. Ici, les objets sont dotés de pouvoirs extraordinaires et la question de la domesticité est centrale. Les œuvres dérangeantes, ludiques ou enchantées de l’artiste portugaise s’avèrent fantasques, oniriques 78
ou politiques. Ses sculptures et installations empruntent aux arts appliqués, au savoir-faire issus de la culture et de l’artisanat traditionnel portugais : céramique, broderie, ferronnerie… et aux technologies nouvelles. À côté des œuvres « iconiques » marquées par l’esthétique glamour qui a fait la renommée de Joana Vasconcelos, des pièces inattendues, poétiques, inspirées… (J.F.)
Surprise ! L’espace Django remet le couvert : après une première édition réservée aux abonnés l’an dernier et un beau succès, revoilà le concert caché, cette fois ouvert à tous. Ne cherchez pas : vous ne saurez pas ce que vous allez voir, et surtout, vous ne saurez pas où vous allez le voir, puisque le lieu du concert est tenu secret ! Une expérience à tenter. Autre rendez-vous à noter tout prochainement : la soirée « made in France » et le coplateau folk rock-americana.
David Libeskind, World Trade Center, New York ©Hufton+Crow
ENSEMBLE, C’EST TOUT Cette 18e édition des Journées de l’architecture, organisée par la Maison européenne de l’architecture, s’est donné pour thème ensemble(s) / gemeinsam(er). Manière de rappeler que l’architecture est l’affaire de tous et qu’elle est un travail collectif, y compris avec ceux auxquels les édifices sont destinés. Plus de 200 événements au programme, parmi lesquels on retient la conférence de clôture de Daniel Libeskind (architecte, auteur notamment du mémorial du 11 septembre à New York et du Musée juif de Berlin) le 31 octobre à l’Oberrheinhalle d’Offenburg, et les désormais cultes circuits découverte à vélo. (S.D.)
FESTIVAL
→ 31.10.18 Strasbourg, Alsace, Bade-Wurtenberg et Bâle europa-archi.eu
Sammy Decoster © Samuel Lebon
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À la fois modernes et rétros, post folk bilingue et country hexagonale, Sammy Decoster avec son deuxième album, et Palatine avec son premier, annoncent une soirée qui vous bringuebale outreAtlantique. (J.F.) CONCERTS
Concert caché - 16.11 Sammy Decoster et Palatine - 30.11 Espace Django www.espacedjango.eu
Sélections Culture
Photo : Michel Boermans
Red suede shoes
GLORIA
Dans le conte d’Andersen Les Souliers rouges, une jeune fille qui rêve de devenir danseuse trouve des chaussures magiques qui dansent à sa place. Hélas, elles feront son malheur et la fin sera cruelle… Manière de dire qu’il ne faut pas céder à ses ambitions. Sous la plume d’Aurélie Namur, mise en scène par Félicie Artaud, le conte prend une autre tournure, et ces Souliers rouges deviennent symbole de révolte contre le malheur. Cette jeune fille tyrannisée par sa marâtre se construit son destin en envoyant tout valser, au sens propre comme au sens figuré. (S.D.)
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EXPOSITION
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Stéphanie-Lucie Mathern 12.10 → 04.11 www.bertrandgillig.fr
pour son exposition ce titre tout droit sorti du tube 80’s de Daniel Balavoine (« Chuis chanteur, je chante pour mes copains »), Stéphanie-Lucie Mathern fait un clin d’œil d’une ironie mordante à cette soif de reconnaissance et d’amour qu’on prête souvent (à tort ou à raison) aux artistes, avec une légèreté généraliste qui ne s’embarrasse pas de distinguer les talents et les egos. Sa peinture, à la fois lucide et cruelle, brute et joyeuse, transpire l’avidité et le désenchantement, mais aussi cette énergie et cette urgence capables de transcender le quotidien. (S.D.)
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Sélections Culture FACETTES Le Musée Historique de Haguenau conserve la collection la plus importante d’œuvres d’August Herborth (1878 – 1968). Artiste et technicien, Herborth a contribué au style Art Déco en France et en Allemagne, créé de nombreuses pièces en céramique : vases, sculptures, poêles en faïence décorative, fontaines Jugendstil… et conçu des modèles pour les potiers de Baden-Baden, Strasbourg et Soufflenheim. Ses décors, inspirés des arts premiers brésiliens, et sa théorie sur l’universalité des formes et motifs dans les cultures à travers le monde, font de lui un artiste sans frontière prolifique et multitalents. (J.F.) EXPOSITION
August Herborth Chapelle des Annonciades Haguenau 15.09.18 → 24.02.19 www.sortirahaguenau.fr
Edmond, mise en scène Alexis Michalik - Photo : Emilie Brouchon
Talent2 Alexis Michalik, comédien, auteur et metteur en scène, s’est passionné pour Edmond Rostand. Il a développé une fresque historique autour de la création mythique et triomphale de son Cyrano de Bergerac, à Paris, en décembre 1897. Cet événement sert de contexte et de prétexte à Edmond, divertissante épopée portée avec rythme et ferveur par douze comédiens. Récompensée par trois Molières, la pièce a soulevé l’enthousiasme des critiques et
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du public depuis sa première. Même talent mais autre ambiance pour le spectacle théâtral Intra Muros, la dernière création de Michalik, huis clos carcéral et photographie sociétale, programmé au printemps, toujours au Point d’Eau. (J.F.) THÉÂTRE
Edmond - 02.11.18 Intra Muros - 29.05.19 Le Point d’Eau | Ostwald www.lepointdeau.com
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2018 — 2019
BIGRE
Le Fils du Grand Réseau humour
VEN 30 NOV. 20H SAM 1ER DÉC. 20H
Beate Hamalwa, Collection daim rouge, photographie, collection Würth © Volker Naumann, Schönaich
VISIONS EXPOSITION
Namibia, l’art d’une jeune géNérATION 28.09.18 → 26.05.19 Musée Würth | Erstein www.musee-wurth.fr
Namibia, l’art d’une jeune géNérATION réunit une quarantaine d’artistes qui vivent et travaillent en Namibie. Ils évoquent avec force et pertinence cette nation marquée par l’occupation sudafricaine et l’Apartheid, puis par son indépendance (en 1990). L’expo fait dialoguer les générations à travers des thématiques choisies : paysages, identité, spiritualités, inégalités sociales, surconsommation… Partagés entre le souvenir d’un héritage culturel et les réalités sociales, politiques et économiques actuelles, les artistes, à travers leurs dessins, peintures, photographies, matelassages, recyclages, sculptures… expriment leurs propres visions de leur pays. (J.F.)
DANS LA PEAU DE CYRANO Compagnie qui va Piano théâtre
SAM 24 NOV. 19H
LA RELIGIEUSE Collectif 8
théâtre arts numériques
VEN 1ER FÉV. 20H
LA VIE BIEN QU’ELLE SOIT COURTE Compagnie C’est-pas-du-jeu théâtre
JEU 7 FÉV. 20H RENSEIGNEMENTS ET RÉSERVATIONS : 03 88 30 17 17 • www.lepointdeau.com Le Point d’Eau 17, allée René Cassin 67540 Ostwald
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Sélections Culture
Theresa Möller, Landschaft, acrylique et huile sur lin, 190 x 250 cm. © Theresa Möller
REGARD NEUF
La foire européenne d’art contemporain ST-ART poursuit son implication dans la mise en valeur du métier de galériste. Aussi, pour cette 23e édition, elle accueille près de 100 galeries. Parmi elles, quelques régionaux de l’étape mais surtout des participants venus de toute l’Europe. On attend tout particulièrement la jeune galerie aixoise Goutal, particulièrement attentive à l’essor de la photographie contemporaine, avec des artistes comme Formento & Formento, Ole Marius Joergensen ou encore Pierre Vogel. St-Art donne également carte blanche à Henri-François Debailleux, 84
critique d’art pour Libé et le Journal des arts. Il propose, comme un clin d’œil, de laisser à son tour carte blanche à quatre galeries pour exposer leurs artistes. Côté immanquables, l’invité d’honneur sera le Museu Picasso de Barcelone, et côté agenda, on guette les infos sur le site internet. (J.F.)
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Urban Styles Par Caroline Lévy Photos Christophe Urbain
Pour la 3e édition de La Paulette à bicyclette, ces joyeux cyclistes du dimanche se sont parés de leurs vénérables atours pour un tour de la ville en deux roues. Attention, rétropédalage !
Jeanne — 16 ans Lycéenne Dégaine rétro et très actuelle pour jolie ado en goguette. On aime le pantalon à pinces ceinturé associé au chandail sans manches. La mode est un éternel recommencement, n’est-t-il pas ?
Monique — 66 ans Retraitée Strasbourgeoise et fière de l’être, Monique l’est aussi d’afficher sa tenue complète vintage empruntée au dressing de sa mère. Gants crochetés, robe à fleurs, voilette d’époque, et comme accessoire au poil : une étole en renard !
Jean-Claude — 67 ans Retraité Avec son vélo Auto-Moto datant d’avant-guerre, ce fringant cycliste affiche un look élégant aux accessoires soignés. Béret de circonstance, notre senior assume son allure rétro, et on adore !
Cindy — 24 ans Chargée de marketing digital « Strasbourg sera toujours Strasbourg », aurait pu fredonner Cindy avec ce look coquettement désuet ! Jupe plissée, petit béret vissé sur une coupe garçonne, le tout rehaussé d’une besace en cuir. Nous aussi, on aime remonter le temps !
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Sélections Tendances
Lookbook A.W.2018 / Scotch & Soda
SHOPPING
Hopla
À seulement 30 minutes de Strasbourg, Roppenheim The Style Outlets et son architecture inspirée d’un village alsacien est une expérience shopping unique pour remplir nos dressings de pépites issues des collections précédentes de plus de 100 enseignes. Cette saison, deux nouvelles marques nous 112
électrisent : Thomas Sabo et ses bijoux rock, et Scotch & Soda avec ses looks vintage aux influences venues du monde entier. (M.C.D) Roppenheim The Style Outlets 1, route de l’Europe Roppenheim www.roppenheim. thestyleoutlets.fr
Photos : Pascal Bastien
NEW
Peau neuve Réputée pour être la ville romantique par excellence, pas étonnant que Florence ait suscité un coup de foudre ! Celui d’un couple d’Alsaciens en week-end dans la capitale toscane pour une boutique locale de cuir et son créateur Hicham Ben Mbarek alias Ben. Le styliste, sauvé d’une greffe de cœur – qui a donné à sa marque un nom hautement symbolique – est charmé par le duo qui rêve d’importer la marque à Strasbourg. Moins d’un an après, Benheart prend ses quartiers rue des Juifs dans une boutique-atelier de cuir florentin. Sacs, vestes, petite maroquinerie, souliers, ceintures : ici, quasiment tout est personnalisable. Compter
2-3 semaines pour une veste, et pour les ceintures, Valérie et Manuel se font un plaisir de les adapter devant vous sur leur établi. (C.L.) Benheart 1, rue des Juifs 03 88 21 95 36 www.benheart.it
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AZUNI STALACTITE CAMILLE ENRICO THE BLOSSOM BOHEMIAN PIERRE PAUL JACQUES LACO ORIENT LES BIJOUX DE LU
Sélections Tendances
BIJOUX
MODE
Fantaisie militaire
GOOD NEWS
Faire de jolis bijoux graphiques et délicats, dorés à l’or 24 carats et à prix raisonnables ? Lucile Moreau, la jeune créatrice de la maison Les bijoux de Lu, a relevé le défi tout en répondant à une éthique qui lui est chère : n’utiliser que des matières européennes et tout faire fabriquer à la main à Paris.
Les Galeries Lafayette, en lançant un manifeste pour une mode plus responsable, proposent désormais des produits estampillés Go for Good parmi près de 500 marques. Un sourcing intelligent, à retrouver dans leurs différents magasins et sur leur site internet. L’autre (très) bonne nouvelle : le tour de France et l’escale à Strasbourg de la marque Sézane, avec son vestiaire aux hits vintage. Un corner éphémère, scénarisé comme
Une marque qui nous fait envie, à retrouver à la bijouterie L’Air du Temps, QG de bijoux fantaisies et d’horlogerie à prix tout doux. La fixette de cette automne ? Les colliers à médailles ! (M.C.D) L’Air du Temps 30, rue des Juifs 07 81 17 16 43
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un mini-appartement où retrouver un mix de pièces iconiques et produits en avant-première. Satisfactions. (M.C.D)
Galeries Lafayette 34, rue du 22 Novembre www.galerieslafayette.com
COTTON STREET
CITY Marc Cain / Liu jo / Zapa Imperial / Relish / Guess DENIM Please / Pepe Jeans Camel Active / Petrol Industries STREETWEAR Fila / Ellesse / Pull in Moose knuckles …
5a, rue de l’Industrie Vendenheim / 03 88 81 89 91
26, rue des Tonneliers | 67000 Strasbourg 03.88.750.750 | www.cloptique.com
Sélections Tendances
Collection Imperial AH18
MODE
Plein phare Le Garage / Cotton Street 5a, rue de l’Industrie Vendenheim 03 88 81 89 91
Le hot spot incontournable de Vendenheim ? Le Garage / Cotton Street, un store à l’ADN familial créée par Hugues David dont le fils Emmanuel, gère aujourd’hui un joli panel de marques actuelles dédiées à la femme et l’homme. Petit tour d’horizon et liste exhaustive de leurs vestiaire urbain : Zapa, Liu Jo, Relish, les parkas Moose Knuckles et leurs
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sept couches de duvet pour braver le froid alsacien, Fila, Ellesse, Petrol Industries ou Imperial pour nos chers ados ou une clientèle plus fashion. À noter dans vos agendas : vendredi 12 octobre, trois défilés organisés par le label allemand Marc Cain (14h, 16h et 18h)… et une flopée d’autres surprises. (M.C.D)
OUTLETCITY METZINGEN
EXPÉRIENCE SHOPPING UNIQUE O U T L E T C I T Y. C O M
Avez-vous envie d’un rendez-vous avec Giorgio, Ralph, Jimmy, Miuccia et Tommy à la ville natale d’Hugo Boss? Avec beaucoup de marques haut de gamme présentées dans des boutiques flagship, l’OUTLETCITY METZINGEN vous offre une rencontre indescriptible avec les stars du monde de la mode. La distribution prestigieuse glamoureuse s’étend de « A » comme Armani à « Z » comme Zegna et récemment les marques de luxe Gucci, Bottega Veneta et Dolce & Gabbana se sont jointes. L’architecture innovante caractérise la physionomie urbaine de la ville et le vaste choix de produits de look et style de vie garantit une expérience shopping fascinante à tous les visiteurs avec des remises jusqu’à 70 % toute l’année (par rapport au prix conseillé des fabricants s’il y en a). En plus, de nombreux événements font d’une visite de l’OUTLETCITY METZINGEN, à 30 kilomètre au sud de Stuttgart, une expérience unique tout au long de l’année.
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Set design Myriam Commot-Delon Photographe Alexis Delon / Preview www.preview.fr Vase Jeanne & Cie (issu d’une série de 3 vases de tailles et formes différentes) en verre noir soufflé, design Régis Mayot (2015), édition CIAV / Meisenthal, en vente à La Vitrine Zut / chicmedias.
Cahier Lifestyle 121
ZU T Lifestyle Design
Un peu de triangles, pour parfaire son intérieur.
EN LIGNE DE MIRE Par Myriam Commot-Delon
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Table Clay, design Marc Krusin, Desalto —— 197 Design www.197design.com
Chaise Nio à piétement acier. —— Mobilier de France www.mobilierdefrance.com
Pelle et balayette de table Sweep-it, design Rig-Tig by Stelton. —— Galeries Lafayette www.galerieslafayette.com
Table rectangulaire en bois à pieds tréteaux Frammenti di Wabi-Sabi, design Aldo Cibic, Riva 1920. —— 197 Design – www.197design.com
Tabourets en bois massif Bricolages, design Mario Botta, Riva 1920. —— 197 Design www.197design.com
Suspension Itt Solar 6 Gold, collection In The Tube, design Dominique Parrault et Gaëlle Lauriot-Prévost, DCW Éditions. —— Galerie Fou du Roi www.fouduroi.eu
Collection de céramiques murales, différentes textures et couleurs combinables Gubi Wall Anthracite Peak, Living Ceramics —— Forgiarini www.forgiarini.net Suspension String Light, design Michael Anastassiades, Flos —— Pyramide www.pyramide-design.com
Carrelages 2D et 3D Rombini, design Ronan et Erwan Bouroullec, Mutina. —— Forgiarini - www.forgiarini.net 123
ZU T Lifestyle Design
Un peu de vert, pour plus de goût Tapis Super Fake en coton tissé, laine de l’Himalaya, soie pure et lin, design Bethan Laura Wood, cc tapis. —— cc-tapis - www.cc-tapis.com
Réinterprétation contemporaine du classique buffet de cuisine, disponible en plusieurs largeurs, matériaux et couleurs du Siematic Colorsystem. Buffet Siematic 29, collection Pure, design Studio Kinzo, Siematic —— 3C Cuisine –SieMatic Store www.cuisine-3C.com
Pots à herbes aromatiques à drainage intégré Grow It, design Rig-Tig by Stelton. —— Galeries Lafayette www.galerieslafayette.com Pack de 4 outils pour la cuisine, L’Économe by STARCK, Degrenne. —— Galeries Lafayette www.galerieslafayette.com
Rangement modulable Componibili, design Anna Castelli Ferrieri, modèle White Ninfea rhabillé par La Double J pour Kartell. —— Kartell - www.kartell.com 124
ZU T Lifestyle Design
Le + calibré 1—— Fraîchement installé dans le nouveau showroom de la Galerie K, le formidable canapé Neowal est dessiné par Piero Lissoni, maître incontesté de l’élégance transalpine. Ses atouts ? Un confort unique, avec une mousse à densité variable recouverte d’un duvet en plumes compartimentées, et des éléments modulaires à choisir dans plusieurs largeurs et hauteurs. —— Canapé Neowall, design Living Divani
FAIRE SALON
Notre palmarès des 10 canapés où converser cet hiver.
Par Myriam Commot-Delon
Notre palmarès des 10 canapés où converser cet hiver.
Où ? Galerie K 5, quai Finkmatt www.galerie-k.fr
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Le + primitif 2—— Monobloc et tout en courbes, la très désirée collection Roly Poly de l’artiste et designer britannique Faye Toogood existe désormais en polyéthylène rotomoulé. Le + ? Ses 6 couleurs (ocre, terre cuite, noir, gris, rose ou taupe) et son usage extérieur ou intérieur, si on l’habille des coussins adaptés (vendus séparément et bientôt disponibles en tissu outdoor). —— Canapé et fauteuil Roly Poly,
design Faye Toogood pour Driade Où ? Pyramide 32, quai des Bateliers www.pyramide-design.com
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Le + minimal 3—— Bea Mombaers, décoratrice phare de la scène belge, vient de lancer sa collection lifestyle éponyme avec Serax. Son canapé ? Des fauteuils minimalistes à cumuler (en 90 x 90 cm), des coussins généreux et une structure en aluminium noir profilé. Le twist ? Comme Béa, on l’escorte d’un fauteuil poire en cuir aux réminiscences seventies, d’une table d’appoint en acier et d’une lampe brutaliste en béton. —— Collection Bea Mombaers, Serax
Où ? Galerie Fou du Roi 4, rue du Faisan www.fouduroi.eu 3
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Le + complémentaire 4—— Ceux qui détestent les canapés-lits vont adorer cet étonnant duo 3 en 1. L’Imprévu se compose de deux canapés de jour aux lignes sinueuses, inspirées par le yin et le yang, qu’on peut réunir la nuit pour former un grand lit confortable de 160 x 200 cm. Un pouf est aussi disponible pour compléter l’ensemble. —— Collection L’imprévu, 5
Le + plié 5—— Composée d’un sofa, d’un loveseat et d’un pouf, la collection Paipaï (« éventail » en indonésien) a été conçue comme un simple pliage de papier. Le résultat ? Des lignes inhabituelles et un confort aux densités distinctes, avec une assise ferme, un dossier moelleux et des accoudoirs accueillants où s’asseoir de manière informelle. —— Collection Paipaï
design Lucidi e Pevere, Cinna
design Marie Christine Dorner, Cinna
Le + vintage 6—— Enfin réédités, le canapé et le fauteuil 500 et 500/2 (1975) du designer Pierre Paulin remettent sur le devant de la scène leurs belles rondeurs capitonnées. Le + ? Deux habillages textiles, à choisir en version plissée ou lissée. —— Canapé et fauteuil Bonnie,
design Pierre Paulin, réédition Ligne Roset Où ? Ligne Roset | Cinna | Elastabil 8, quai Kellermann www.ligne-roset.com
ZU T Lifestyle Design
Le + sculptural 7—— Pour ceux qui souhaitent s’affranchir du canapé traditionnel, cette chaise longue accueillant jusqu’à deux personnes répondra avec originalité aux recherches atypiques. Un espace de détente spectaculaire, conjuguant la robustesse d’une structure tubulaire à la légèreté flottante d’un hamac, dont les sangles de cuir s’ajustent pour adapter le confort. —— Chaise longue DS-1000,
design Ulrich Kössl
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Le + emblématique
Chez l’éditeur De Sede
8—— D’une opulence cinématographique, ce serpentin de cuir datant de 1972, composable à l’infini grâce à des modules étroits reliés par des fermetures Éclair, est adulé par les collectionneurs et a été vu dernièrement dans le Saint Laurent de Bonello. À oser aussi sur la terrasse, dans sa version tissu outdoor rose bubble.
8
—— Canapé DS-610, design U. Berger,
E. Peduzzi Riva, H. Ulrich, K. Vogt
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Le + connecté
Le + effortless
9—— Cet îlot transformiste à l’architectonique présence a l’art de se plier aux différentes postures liées à l’utilisation des technologies mobiles. Suivant les besoins, le dossier du canapé se relève pour soutenir la nuque, et l’assise pivote en un tournemain pour adopter une position lounge.
10—— Modulable et ergonomique, son allure casual est le résultat d’un bel équilibre entre un cadre tubulaire d’esprit Bauhaus et des coussins en cuir d’aspect loose. Le + ? Un revêtement textile pour une utilisation extérieure (sous abri).
—— Sofa DS-490,
design De Sede Design Team
—— Canapé DS-610,
design Mario Ferrarini 128
Depuis sa création en 1965, la réputation de la manufacture helvétique De Sede n’est plus à faire. Prescriptrice de canapés aux peausseries exceptionnelles (c’est l’une des rares à utiliser du cuir pleine fleur jusqu’à 5 mm d’épaisseur), son savoir-faire artisanal et son audace créative font très bon ménage avec la sensualité de cette matière. La preuve avec ces trois nouveautés et l’un de leur plus iconiques modèles. Où ? (7+8+9+10) decoburo 4, Le Schlossberg | Zellenberg www.decoburo-store.com
PARQUETS • LAMBRIS • PORTES CARRELAGES • SALLES DE BAINS • TERRASSES NOUVELLE EXPOSITION CARRELAGE
O2M SHOWROM 0 0 3 DE 1
19 route Ecospace • 67120 MOLSHEIM • Tél. 03 88 38 25 85 • info@atoodesign.fr • www.atoodesign.fr
ZU T Lifestyle Opening
ESTHÉTIQUE CONTEMPORAINE Par Myriam Commot-Delon Photos Alexis Delon / Preview
Volumes haussmanniens, lumière vibratoire et mobilier design iconique : le nouveau fief de la Galerie K affiche une belle démonstration de style(s).
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Martine Blanchard et Delphine Calas
Jean-Paul Pfeffer, figure incontournable de la scène design strasbourgeoise, lui injecte depuis déjà quelques décennies son regard d’esthète au travers de ses enseignes Pyramide et Galerie K. Complémentaires, elles offrent chacune à leur manière un panorama des plus beaux éditeurs internationaux, de Cassina à Knoll, Living Divani, Poro, Poliform, Minotti, Moroso, Flos… pour ne citer qu’eux ! Ce qui donne une idée de leur potentiel à (très bien) meubler espaces privés ou publics. De l’historique Galerie K rue de l'ail à la nouvelle Galerie K by Pyramide, déménagée cet été dans le quartier du Tribunal : même ADN mais décor différent. Le nouveau showroom, d’esprit haussmannien, entièrement vitré sur le quai Finkmatt, offre un terrain de jeu jubilatoire et matière à titiller élégamment moulures et psychés de références mobilières affûtées. Ultra-lumineux et plus facilement accessible en voiture, on y retrouve l’architecte d’intérieur Martine Blanchard et sa collaboratrice Delphine Calas, prescriptrices d’un art d’habiter au luxe intemporel. À découvrir cet automne : les finitions contemporaines de la table Saarinen et des chaises Bertoia – deux références incontournables du « style Knoll » à prix plus abordables que leurs versions originelles en marbre et tout acier –, Living Divani et ses canapés si bien dessinés, ainsi que les œuvres du sculpteur strasbourgeois Bernard Abtey. Un lieu à vivre et à inscrire dans ses adresses déco favorites de la rentrée.
Galerie K by Pyramide 5, quai Finkmatt www.galerie-k.fr www.pyramide-design.com
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Z UT Lifestyle Business
Zone d’activité Par —— Marie Germain Illustration —— Adria Fruitos
Quand les habitants de centre-ville boudent les zones commerciales, il faut bien aller les débusquer dans leur habitat naturel. Récemment installé à Strasbourg, Decathlon a affûté pendant plusieurs années une redoutable stratégie sur-mesure. Visite.
« La cathédrale du sport. » C’est ainsi que Decathlon a baptisé son magasin ouvert voilà un mois dans le centre commercial des Halles. En référence à sa hauteur sous plafond et, évidemment, à l’incontournable édifice strasbourgeois qui attire plus de 4 millions de visiteurs chaque année. Malgré trois magasins à Geispolsheim, Vendenheim et Hautepierre, « on s’est aperçu qu’on avait un potentiel de marché bien supérieur mais qu’on touchait assez peu les citadins », explique le directeur François-Xavier Delaporte qui a observé la mue de la capitale alsacienne, « devenue un petit Paris » où « les gens qui habitent et travaillent en centre-ville ne vont pas en périphérie faire leurs courses ». Aussi l’enseigne a-t-elle décidé d’aller « à leur rencontre », poursuit-il. La tendance est nationale, le citadin est de moins en moins tenté par les sorties courses le samedi après-midi sur les zones commerciales. Grande surface, gros parking, gros chariot : le modèle attire d’autant moins le Strasbourgeois de l’hypercentre qu’il a appris à se passer de voiture au quotidien, au point de devenir presque un expert des modes de déplacement doux. Partir à la
conquête des cœurs de ville quand le maillage en périphérie est déjà satisfaisant, la nouvelle stratégie Decathlonienne prend tout son sens à Strasbourg. D’autant plus qu’ici on aime le sport, on aime beaucoup le sport. L’Eurométropole compte 220 associations sportives, « 23% des habitants de l’agglomération sont licenciés », indique François-Xavier Delaporte, « sans compter tous ceux qui ont une pratique sportive, type randonnée, cyclisme ou course à pied, sans être membre d’un club ». Cinq ans que l’enseigne lorgne sur Strasbourg. Mais il fallait trouver un point de chute, et imaginer un concept. Deux vastes enquêtes, conçues et conduites par des étudiants de master STAPS dans le cadre d’un partenariat, ont permis d’affiner l’offre. Plus de 3000 habitants ont été interrogés quant à leurs attentes. Aux Halles, Toys’R’Us est sur le départ début 2017. Decathlon se positionne. « Il a fallu composer avec des contraintes », se souvient le directeur, jusque là à la tête du magasin de Geispolsheim. Le magasin passe de 6000m2 à seulement 2500m2 répartis en deux plateaux. « C’est comme une discothèque : deux étages, deux ambiances ! Nous sommes en ville, 132
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Z UT Lifestyle Business
« Strasbourg est devenue un petit Paris, où les gens qui habitent et travaillent en centre-ville ne vont pas en périphérie faire leurs courses » François-Xavier Delaporte
il nous fallait raconter quelque chose de différent », résume François-Xavier Delaporte. Dès l’entrée, derrière la vitrine colorée qui a pignon sur la galerie marchande, une douzaine de personnes alternent battements de jambes et abdos au sol. Voilà le cours de stretching. « Pouvoir pratiquer du sport au sein du magasin est une demande qui a émergé des enquêtes clients. Surtout, ils ne voulaient pas d’abonnement, du sport à la carte à un tarif accessible. » Ainsi le Décath’club a-t-il vu le jour, une salle de sport intégrée avec vestiaire et douches. Pour l’instant trois cours sont dispensés chaque jour par des professeurs en chair et en os : pilates, danse, yoga etc. Ils sont réservables et payables en ligne depuis l’interface decathlonleshalles. resamania.fr. Les inscriptions peuvent aussi se faire directement en caisse. Et à trois euros le cours, ils font le plein à tous les coups. Au point que le magasin va proposer prochainement d’autres créneaux et des « anniversaires sportifs » pour les enfants, avec goûter et initiation au tir à l’arc ou molkky. Le mercredi est d’ores et déjà réservé aux familles. L’on pratique la gym, la zumba avec sa progéniture et ses aïeux. Que l’on ramène ses cousins éloignés et sa vieille tante, que l’on soit deux ou dix, c’est 5 euros. Des tarifs très attractifs, qui permettent peut-être d’oublier qu’on va suer et engager son fessier en vitrine, qu’on devient une démo, un argument de vente plus vrai que nature, plus convaincant qu’une vidéo projetée sur grand écran entre les rayons. « C’est simplement un service pour les clients, appuie François-Xavier Delaporte. Il n’y a pas de recherche de performance, nous n’avons pas le côté élitiste qu’ont certaines salles. La logique est commerciale, il s’agit de mettre les clients au sport ou de les y remettre. Certains ont arrêté, parce qu’ils estimaient ne pas avoir les capacités physiques ou parce que la pratique est trop chère. »
Outre le club, le rez-de-chaussée est dédié à la mobilité urbaine. Là encore, du sur-mesure pour les Strasbourgeois. L’atelier de réparation de cycles est à l’étage. Reste qu’il faut franchir la porte du centre avec sa bécane, la chose n’est pas toujours aisée et devrait être améliorée prochainement avec la création d’un accès dédié. Decathlon bouscule les repères dans l’agencement de la surface. Fini le dédale de gondoles, les produits sont disposés en alcôve que l’on découvre au fil d’un « parcours client ». Soixante disciplines sont représentées, avec une place de choix pour les déplacements urbains, le fitness, la rando, le running et la natation… Les sports qui marchent le plus auprès des Strasbourgeois. Curieusement, un coin est réservé à la pêche. Là encore, une demande des clients qui sont de plus en plus nombreux à pratiquer le street fishing en trempant le fil dans l’Ill. Le magasin rassemble aussi toutes les dernières innovations de la marque. La personnalisation de t-shirts, de médailles et coupes en direct. Mais aussi les cabines connectées. C’est le premier magasin de France à en être équipé. Inutile de chercher en slip et en chaussettes le vendeur du rayon pour avoir une autre taille ou un conseil. Il suffit de passer le code barre devant l’écran tactile pour avoir toutes les caractéristiques du produit et appeler la personne en charge de la thématique. Mais qui dit nouveau concept, dit nouveau profil de client, souvent plus jeune. L’adaptation aux nouveaux modes de consommation des urbains avec une implantation en centreville amène de nouveaux comportements. « Nous avons beaucoup de promeneurs, surtout pendant la pause déjeuner. Ils n’achètent pas forcément. Alors qu’ailleurs, en périphérie, les Decathlon sont des magasins de destination. On fait l’effort d’y aller, on repart avec un produit », décrit le directeur. Si l’enseigne 134
profite du flux continu de consommateurs du centre commercial, le panier moyen est aussi plus bas. Généralement, on y achète de petits articles que l’on glisse dans son sac avant de retourner au travail. Plus compliqué quand on veut acquérir un tapis de course ou une table de ping-pong. Au point que Decathlon ne propose ces équipements volumineux qu’en livraison à domicile, avec la possibilité de le réceptionner en express, deux heures plus tard. « Le concept urbain avec une salle de sport ouverte aux clients nous a séduit, c’est une plus-value pour nous », indique Lionel Schneider, directeur des Halles. Et selon lui, l’arrivée de Decathlon dans ses murs n’entame en rien l’image de « centre de proximité, confortable et zen » que recherche le centre commercial. Lionel Schneider avait aussi entendu l’« envie de Decathlon » de ses clients. Lors de la dernière enquête en 2015, c’était la tête de liste des enseignes que les Strasbourgeois souhaitaient voir s’installer là. Mais il observe un phénomène nouveau depuis que leur vœu s’est exaucé : l’arrivée de ce qu’il nomme « une clientèle Decathlonienne ». Il sait les reconnaître dans la galerie, un sixième sens sans doute, puisqu’il tait, non sans malice, les indices qui permettent de les distinguer. Et puis l’on croise en repartant, se faufilant entre les bruyantes bandes de copines en virée shopping, un quinqua en nage, serviette sur les épaules et short, l’air un peu perdu. On parierait qu’il est à fond la forme. Decathlon Strasbourg Centre commercial Les Halles www.decathlon.fr
Rue Sainte-Barbe Strasbourg - Centre 03 88 14 08 08
Horaires : Ouvert 7 jours sur 7 cuisine en continu
Zut Ă table. 1
Les nouvelles tables Par CĂŠcile Becker et Marie Bohner
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Cafe Con Leche 1b, rue de l’Hôpital Militaire Facebook : Cafe con Leche
Qui ? Mohamed El Ouariachi a été infirmier dans une autre vie. Cafe Con Leche, il l’a rêvé comme un lieu de vie aussi ouvert que l’Andalousie : tout au long de la journée. En plus d’une cuisine soignée qui sent bon l’huile d’olive et les voyages, il propose des événements toutes les semaines, concerts, poésies et conférences. « Au-delà des clichés. » On y va Pour se dire que c’est tous les jours dimanche, avec une formule brunch quotidienne entre 6,90€ et 15€.
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Bistrot Paulus
Le Café Potager
Qui ? Le chef Michael Levi, passé par L’Assiette du Vin à Schiltigheim, avait envie d’un vrai bistrot (« parce qu’on y trouve toujours son plaisir »), proche des clients et à vue : la cuisine est en salle. Maxime, au service, élabore avec l’Oenosphère une carte des vins 100% bio et pour moitié nature.
Qui ? Dorothée Koch, ancienne cadre dans l’industrie, et Maxime Weckel, déjà gérant de Vert ici à L’Aubette. Un couple très attaché au bien-manger.
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33, rue de Zurich www.restaurantpaulus.fr
On y va Pour un menu à moins de 15€ le midi (le lundi c’est bavette), accessible « de l’ouvrier à l’encostardé », et une carte à prix tout doux le soir. Cuisine franche et goûtue.
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5, rue des Francs Bourgeois www.cafepotager.com
L’idée ? « Des plats et desserts pour tous : végé, vegan et omnivore en plus d’une carte à boire bien fournie. » Des produits locaux, ultra-frais, le tout fait maison et aussi à emporter. Les + ? Les cafés Mokxa (torréfiés à Strasbourg) et une vraie démarche verte avec, notamment, la récupération des rebuts pour compostage via le réseau Origami.
On aime La crêpe m’semen : pâte feuilletée qui se déguste avec du miel et du thé à la menthe ou en alternative salée, fourrée aux légumes ou à la viande. Un petitdéjeuner copieux dans une salle bercée par les rayons du soleil dès le petit matin. (M.B.)
On y déguste Du fait maison. Aujourd’hui potimarron avec un effiloché de joue de bœuf fondant. Risotto aux légumes waouh. En + Possibilité de privatiser le restaurant le samedi soir pour des fêtes gourmandes. (M.B.)
Bientôt… Un brunch le dimanche. Dorothée et Maxime souhaitaient aussi proposer des graines et plantes aromatiques à la vente pour encourager le jardinage urbain. Dépassés par leur succès à l’ouverture, ils comptent bien se pencher sur ce projet dans un futur proche… (C.B.)
Photo : Pascal Bastien
Photo : Henri Vogt
Photo : Henri Vogt
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Zut à table.
La recette
Osmaliyeh On parle de leurs excellents pides, de leur houmous exquis, de leurs cocktails bien ficelés ou de leurs frites de polenta à tremper dans leur harissa maison. Gardez donc un peu de place pour le dessert : la cuisine méditerranéenne et orientale concoctée chez Tzatzi réserve bien des surprises.
Stylisme et texte Anaïs Inizan Photo Henri Vogt
Pour 8 personnes Préparation | 25 min Cuisson | 10 min
Ingrédients • 2 grenades (conserver quelques graines pour le dressage). Elle peuvent être remplacées par des framboises en fonction de la saison • 30g de sucre • 250g de mozzarella ferme de vache • 500g de mascarpone • 2 cs d’eau de fleur d’oranger • 30g de sucre • 120g de kadaïf (vermicelles cheveux d’ange, produit turc à base de farine) • 1l d’huile de friture
Tzatzi Mezze, Pide & Cocktails 1, rue Sainte-Barbe 03 88 14 08 08 www.tzatzi.fr
Coulis de grenade
Crème de lait
Couper les grenades en 4, récupérer les graines et les mixer. Passer le jus de grenade au tamis. Le mettre dans une casserole avec le sucre puis laisser réduire un peu à feu doux en remuant constamment. Refroidir et réserver au réfrigérateur jusqu’au moment de servir.
Mixer la mozzarella à l’aide d’un robot jusqu’à obtention d’une texture bien lisse. Ajouter le mascarpone, la fleur d’oranger et le sucre. Continuer à mixer jusqu’à l’obtention d’une crème lisse, placer dans une poche à douille. Laisser reposer 10 minutes au frigo.
Pâte à Osmaliyeh
Dressage
Dans une marmite haute ou une friteuse, faire chauffer l’huile à 180°C. Disposer 15g de kadaïf dans une louche de diamètre 6 à 8cm, utiliser une écumoire pour recouvrir la louche et empêcher le kadaïf de sortir. Plonger la louche dans l’huile jusqu’à l’obtention d’une coloration blonde. Ne pas trop colorer. Disposer sur un papier absorbant, répéter l’opération 8 fois pour préparer tout le kadaïf.
Partager la crème sur 8 assiettes dans des emporte-pièces de 8cm de diamètre. Napper de coulis de grenade froid, ajouter le dôme de vermicelles. Terminer en nappant du reste de coulis et parsemer de graines de grenade.
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Un dessert méditerranéen On rencontre l’Osmaliyeh des rives du Bosphore aux forêts de cèdres du Liban. On remplace parfois la fleur d’oranger par de la pistache : il prend alors d’autres noms ou d’autres orthographes sans jamais se déparer de ses cheveux d’ange, empreinte de ce dessert ô combien méditerranéen, à la fois simple et complexe.
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Zut à table.
Histoire de thés Par Marine Mai
Depuis l’ouverture de la Maison de thé en 2004, les Jardins de Gaïa invitent les amateurs à déguster un grand cru ou une de leurs compositions dans un havre zen. Il y a tout juste un an, la marque a décidé de familiariser un peu plus le public avec cette plante sacrée, en confiant à Sarah Albertini la création d’une École du thé. Immersion.
Photos Pascal Bastien
Les Jardins de Gaïa
6 rue de l’Écluse Wittisheim www.jardinsdegaia.com
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La séance s’ouvre par un petit cours. Si elle a renoncé à devenir enseignante pour se consacrer à sa passion du thé, Sarah Albertini n’en reste pas moins un très bon professeur. Elle nous apprend ce qu’est un cultivar (variété obtenue par sélection, pour ses caractéristiques uniques), qu’il existe une surprenante plantation de thé (plante pourtant tropicale) en Écosse, que les dinosaures en ont peut-être brouté puisqu’il est apparu il y a 70 millions d’années, et qu’avant d’en découvrir l’infusion, les Chinois l’utilisait pour agrémenter leurs soupes. Les petites feuilles vertes du camellia simensis, dont on fait la boisson la plus bue dans le monde après l’eau, cachent de nombreuses histoires et légendes.
Dernière étape pour finaliser mon intronisation : apprendre à le servir dans les règles de l’art. Nous voilà prêts pour le Gong Fu Cha (service traditionnel chinois) et le Cha No Yu (son pendant japonais), où il s’agit de se laisser guider par ses sens. Je sens entre mes mains la chaleur du pot à infuser et la douceur de la porcelaine fine. J’écoute le bruit de l’eau qui circule de la bouilloire à la théière et de la théière à la tasse, et le son de cette « petite dinette » qui s’entrechoque. J’observe les feuilles et les bourgeons s’ouvrir dans l’eau.
Après la théorie, la pratique. Devant nous se déclinent toutes les nuances de thés natures, du blanc au sombre (Puehr), en passant par les classiques thés verts et noirs et les méconnus jaunes et bleu-vert. La plante est complexe, et déguster un bon thé ne s’improvise pas. La température est minutieusement relevée, les thés blancs, verts et jaunes se révèlent à basse température (75-80°C) tandis que les thés noirs, sombres et wu-long (thé bleu-vert) ont besoin de chaleur (95°). L’eau ne doit jamais être bouillonnante, au risque de casser et dénaturer la feuille. Le temps d’infusion est scrupuleusement respecté : 3 à 4 minutes pour les thés verts, noirs et sombres, 5 à 7 minutes pour les blancs, jaunes et wu-long. Les gestes sont calibrés. Au son des minuteurs, il faut être rapide et précis pour faire s’écouler la « liqueur » des pots à infuser dans les tasses. Chaque détail compte pour que toutes les saveurs se révèlent. À la manière d’un œnologue, on goûte, compare et tente de mettre un nom sur ses sensations. Je perçois des notes florales ici, iodées là. Ai-je raison ? Là n’est pas vraiment la question, l’important est de percevoir toutes les richesses et les arômes subtils que dégage cette plante.
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J’hume les vapeurs s’échappant des pots. Enfin je découvre les saveurs qui évoluent à chaque gorgée. D’un service à l’autre, les variétés de thés et les noms changent mais le principe reste le même. Les ustensiles sont raffinés et manipulés avec soin, les gestes sont codifiés, mais il ne s’agit pas là d’une cérémonie. Dans la tradition chinoise comme japonaise, tout est pensé pour libérer de nouveaux arômes à chaque infusion. Prendre le thé est un moment de détente et de partage où l’on se concentre sur ses impressions et l’on s’enquiert de celles des autres.
Jusqu’à mon passage par l’École des Jardins de Gaïa, je pensais être amatrice de thé. Et puis j’ai réfléchi à quoi ressemblait mon rituel personnel : mettre la bouilloire en marche ; attendre que l’eau chauffe à mon bureau ; l’oublier ; le constater une heure après ; relancer la bouilloire ; remplir mon mug et laisser flotter ma boule à thé comme un sous-marin ; abandonner l’infuseur au fond de la tasse et la délaisser sur un coin de mon bureau ; boire mon thé 30 minutes plus tard. Morale de l’histoire, je bois bien souvent du thé froid et trop infusé. Je me suis bien gardée de confier cela à Sarah Albertini. Désormais, quand je prendrai le thé, il ne sera plus question que de savourer l’instant, aussi précieux que le liquide au fond de ma tasse !
Il était une fois le thé L’Empereur Shennong, divin patron de l’agriculture et de la pharmacopée, avait décidé de goûter toutes les plantes afin de distinguer les bénéfiques des toxiques. Grâce à son corps transparent, il était capable d’observer directement leurs effets. Un jour que Shennong s’affairait à sa tâche, son corps devint entièrement
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noir et il s’écroula, empoisonné par une plante. Une feuille s’envola alors et tomba dans la marmite qui bouillait en permanence à côté de lui. Dans un dernier effort, il but cette eau dans laquelle la plante alors inconnue avait infusée. Son corps redevint transparent et il put se redresser. Cette feuille qui le sauva provenait
d’un théier sauvage sous lequel il était tombé. Depuis ce jour, le thé est consommé pour ses vertus médicinales, détoxifiantes, stimulantes et apaisantes.
Photo : Henri Vogt
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Le vin
Chez Zut, on aime les vins libres. Lorsqu’on a appris que la coopérative Cave du Roi Dagobert se mettait à sa première cuvée nature, il a fallu qu’on y trempe nos lèvres…
Par Cécile Becker
nous sommes réengagés sur cette voie. » 30 hectares de vignes étaient exploités en bio depuis 2017, 30 autres sont en conversion… et ce n’est pas près de s’arrêter.
Vers le nature Trebogad provient de raisins pinots gris bios vendangés à la main. La vinification, sans ajout de soufre (le principe du vin nature), se fait à partir de levures indigènes – champignons qui se développent à la surface des grains et également sur les charpentes ou pierres des chais – ce qui garantit une certaine typicité au vin, mais ajoute aussi à sa complexité.
Premiers émois
quette-dagobert.indd 1
Pour savoir apprécier un vin, il faut toujours une première accroche : un caviste qui sait le raconter, un repas bien accompagné… S’agissant de la Cave du Roi Dagobert, on aura d’abord remarqué leurs nombreuses démarches de mécénats culturels, dont un riche partenariat mis en place avec la HEAR.
Le bio : pas nouveau Cette coopérative, qui réunit 250 vignerons et travaille 950 hectares de vignes sur le terroir dit de la Couronne d’Or, existe depuis 1952. Christophe Botté, son directeur depuis 2016, explique : « Nous avons été précurseurs du bio au début des années 2000, puis nous avons freiné notre élan par manque de clientèle. Depuis mon arrivée, nous
On en dit quoi ?
29/05/2018 15:45
— L’étiquette : facétie, jeux de mots (Dagobert à l’envers, ça donne… et ça nous rappelle la culotte du roi), et esthétique enlevée. On valide ! — Le vin : sec mais loin d’être insipide. Un vin qui révèle son caractère bien trempé au fur et à mesure de la dégustation (laisser les arômes s’ouvrir en débouchonnant au moins une heure avant) et qui accompagne à merveille une assiette de charcuterie (mais aussi viandes blanches, potées ou risottos).
L’état de nature Dans 5, 4, 3, 2, 1… Mulhouse deviendra votre ville préférée en organisant son premier salon de vins nature, brut(es), avec un programme à faire saliver les bouches averties (mais pas que). Manu Chavassieux (amour pour toujours) y fera griller ses saucisses, Omnino proposera des dégustations de ses superbes cafés, on mangera les huîtres normandes de monsieur Jean-Paul, on participera au banquet des brut(es), on visitera Motoco, on achètera des produits du cru et on croisera une quarantaine de vignerons dont le Clos Fantine (Languedoc), le domaine de La Bohème (Auvergne), Patrick Meyer ou Bruno Schueller de chez nous. En plus, le visuel du salon a été réalisé par notre grande amie Anne-Sophie Tschiegg – comment ça, c’est pas une raison ?
Où le trouver ? À la Nouvelle Douane, rue du Vieux Marché aux Poissons, pour 13,50€ (ce qui reste correct en nature) et bientôt ailleurs… Brut(es) Les 3 et 4 novembre à Motoco Mulhouse
www.cave-dagobert.com
www.brutes.fr
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OUVERT TOUTE L’ANNÉE À 40 MIN. DE STRASBOURG ET COLMAR
Thés, infusions, épices, ateliers ou cours de l’École de thé, cérémonies, instants thé à partager dans notre Maison de thé … pour les fêtes offrez le temps du thé !
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Zut à table.
Le produit Par Cécile Becker
Définition du Larousse : Biscuit (non !) alsacien (polémique n°1) croquant (n’importe quoi), en forme de nœud, parsemé de gros sel (polémique n°2), consommé traditionnellement avec de la bière (pourquoi pas avec un café ?).
Photo Alexis Delon / Preview
Le ou la ?
Le Larousse affirme que le nom est masculin ou féminin, mais vu la définition qu’il en donne (visiblement sponsorisée par Boehli ou Dr. Oetker), pas sûr qu’on puisse s’y fier… En Allemagne et en Alsace, bretzel est un nom féminin. Point.
Pourquoi c’est si bon ?
Les ingrédients de base, levure, beurre, farine, eau, sel, sont modelés puis pochés dans un bain de bicarbonate de soude (lui donnant sa couleur caractéristique). Si elle est réussie, elle ressort du four aérienne à l’intérieur et légèrement croustillante à l’extérieur.
Où ?
La bretzel
Là où les ingrédients de base sont de qualité. C’est-à-dire à la boulangerie du coin (éviter Banette, la farine est surdopée au gluten) ou chez l’enseigne familiale Dreher où on la trouve sous toutes ses formes : salée, sucrée, fourrée, aux graines de courge, au sésame – et même en baguette malicette (notre favorite).
La bretzel selon Benjamin Dreher, co-gérant de Dreher D’où vient la bretzel ? Tout le
monde revendique sa paternité : la Bavière, l’Alsace… je dirais qu’elle vient du Bade-Würtemberg, de chez moi, c’està-dire entre les deux. C’est un bon compromis non ? En vérité, ce pain a beaucoup voyagé, et reflète surtout un amour des traditions. Les gastronomies allemandes et françaises partagent beaucoup.
Comment expliquez-vous son succès ? Bien
souvent, les choses simples et bien maîtrisées sont les meilleures. On peut tout faire avec et la manger à toute heure de la journée.
Votre best-seller ?
La classique. Certains touristes viennent de loin pour la bretzel noisette, notre signature. Toutes formes confondues,
nous fabriquons 5 000 bretzels par jour dans notre laboratoire de Kehl, pour nos boutiques à Kehl et Strasbourg.
Que pensez-vous des gens qui ôtent le gros sel de la bretzel ?
[Rires] Ils ne sont pas drôles !
Maison Dreher 50, rue des Grandes Arcades — 5, place du Corbeau www.drehers.eu
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Zut à table.
L'actu
Nouvelle carte du
Pianogrill Par JiBé Matthieu
Photo DR
Les déjeuners du
Claridge’s Café Photo Henri Vogt
Tourte aux légumes d'automne
Tout l’été, nous avons adoré siroter rosés et Pimm’s à la terrasse du Claridge’s Café. Quand le trottoir d’en face (place d’Austerlitz) était bondé, celle du Claridge’s nous ouvrait les bras. Places disponibles, soleil couchant caressant le feuillage des arbres, et sympathie de l’équipe – emmenée par Olivier Nassany – qui, été comme hiver, vous (re)sert chips et olives à l’heure de l’apéro mais aussi de gargantuesques petits-déjeuners… Alors lorsqu’on a appris que David Vurpillot, chef du feu P’tit Krut (l’un des QG de Zut) était invité à s’emparer de la petite cuisine de ce bar sooo british à l’heure du déjeuner, notre sang n’a fait qu’un tour. Sa cuisine emprunte à l’authenticité bistrot autant qu’à la créativité de la bistronomie. Son fish’n’chips, absolument parfait, se laisse tartiner d’une sauce rémoulade au goût de reviens-y, ses macaroni & cheese revisités au cheddar sont à se damner, et ses bun’s accueillent tantôt poisson ou viande. La carte change régulièrement : c’est simple, fin et précis. Allez-y avant que David ne reparte pour de nouvelles aventures…
1, rue de Berne | 03 88 35 91 71 Ouvert tous les jours de 8h à 22h
Une formule du jour
Par Cécile Becker
Dans le dos du charmeur de mésanges, gamin dont la statue orne la place Saint-Étienne, la belle terrasse d’été a replié ses ailes. Invité à se réfugier à l’intérieur, le visiteur est accueilli par le cadre chic et pop de ce restaurant qui présente un choix pointu de viandes. Ici, les pièces du boucher proviennent des frères Metzger, artisans parisiens qui, depuis 1930 débusquent la carne d’exception partout où elle se trouve : Black Angus d’Australie, Hereford de Nouvelle-Zélande. Les nouveautés ? Noire de Baltique maturée 45 jours puis fumée au bois de hêtre ou autre magret de canard et figues rôties, déclinaison de butternut et sauce Albufera (porto/ foie gras)… Apprêtées au grill, en burger, en tartare au couteau ou en parillada, les pièces proviennent d’élevages raisonnés. Pour escorter ces belles persillées, optez pour l’un des nombreux vins proposés chaque jour au verre et une profusion de sauces… Et si vous ne concevez les vaches qu’au pré, goûtez le risotto ou les Saint-Jacques snackées. La formule du jour est soignée (malgré son appétence pour la viande, le chef sait causer aux légumes et les desserts sont fait maison). Que dire de plus ? Ah, si ! Les fauteuils sont confortables et le service aimable. Passez donc au grill !
8, place Saint-Étienne | 03 74 11 65 21 | www.pianogrillrestaurant.fr Ouvert du lundi au samedi soir et du mardi au vendredi midi, fermé le dimanche
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Ouvert à tous Lundi / Samedi 8h30 / 19h30 Accès et parking gratuits Rue du Marché Gare Strasbourg 03 88 98 80 70 www.theatreduvin.fr
Restaurant végane 43 rue Geiler 67000 Strasbourg Réservation au 09 72 53 07 35
Ouvert du lundi au samedi Restaurant - Lieu de vin 12h - 14h30 & 19h - 22h
Pâtisserie - Salon de thé 14h30 -18h30
Plats et pâtisseries sur place et à emporter Plus d’infos sur www.velicious.fr
50 chambres dont 3 Junior Suites 9 Supérieures et 25 Conforts Canal + | Canal Sat | TNT | Wifi gratuit
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Découvrez Vélicious, le restaurant 100% végétal à Strasbourg - majoritairement biologique et local - options sans gluten - vins naturels - pâtisseries artisanales sans lactose et sans oeufs
Zut à table.
La rédaction aime Par Marie Bohner
Photos Henri Vogt
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Épicerie Iberica Dès la création du restaurant Iberica, Maximilien Cabrera et sa compagne Erika avaient mis les produits d’exception espagnols – huiles d’olive, charcuteries, fromages et vins – au cœur du projet avec une petite vente à emporter. Les clients en voulaient plus : de choix, de découvertes plutôt inédites à Strasbourg, comme la mojama de thon au goût iodé proche de la poutargue ou les conserves vierges de almejas (palourdes), à préparer avec un petit jus de citron et une noix d’aïoli. Un long travail
de sourcing pour aller « mettre un visage sur les producteurs », de nombreux apéros pour tester et ne garder que le sublime, et voici donc venue l’épicerie Iberica, tenue par Denis Niderlender et son équipe. On peut presque tout goûter, des huiles (l’aceite de Cazorla !) jusqu’aux fromages (le brebis à l’ail noir d’Albacete !). Miam les bocadillos (sandwichs préparés le matin même au restaurant), et bientôt du turron à la coupe. Risque sévère d’accoutumance.
On aime Dim Sum Sam depuis son ouverture en 2017. Parce que ces dim sum (« toucher au cœur »), produits de luxe en Chine, à Hong Kong et maintenant à Strasbourg, sont préparés à la main. Avec une infinie patience et un savoir-faire d’horloger (l’ancien métier de Sam, créatrice des lieux). Parce que la carte est tout en retenue et minutieusement élaborée, qu’elle change de saison en saison, comme les suggestions de la semaine. La carte de la rentrée fait la part belle aux amateurs de légumes avec la sortie attendue des baos végétariens – en complément des autres ! La recette vient de Hong Kong et est à base de tofu, « pour la densité », de chou chinois, de champignons noirs et de carottes. Sam est heureuse d’annoncer aussi l’arrivée imminente des xia long bao, bouchées vapeur contenant du bouillon. Après deux ans d’expérimentations infructueuses pour trouver la farine adéquate à la bouchée parfaite. Tout un art.
En + ? Une carte des vins sur-mesure avec L’Oenosphère.
9, rue de l’Abreuvoir 03 88 13 74 67 Facebook : Dim Sum Sam
124, Grand’rue | 03 67 07 47 65 Facebook : Ibérica L’épicerie
Lundi vendredi midi et soir (fermé le mercredi) Samedi + dimanche soir
Mardi samedi 10h à 19h Dimanche 11h à 19h
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4, rue Paul Muller Simonis Strasbourg 03 88 24 63 01 les-innocents.fr
horaires d’ouverture lun.-ven. / 8h30-15h suivez-nous sur
restaurant - CafĂŠ - Boutique - Traiteur
11, rue Brigade Alsace-Lorraine Strasbourg 03 88 35 11 81
Zut à table.
La chronique de Pudlo Par Gilles Pudlowski
Vous cherchez « la » bonne petite table du moment, celle que les amis n’ont pas découverte, où l’on va pour un « plat du jour » à midi ou pour une agape malicieuse entre copains gourmands le soir ? Le 2 Faubourg est pour vous. C’était jadis la Wynmuck (la mouche à vin), une winstub débonnaire, qui a fini par sombrer dans la médiocrité et l’indifférence. Ce fut, brièvement, le Monteleone, une trattoria sarde sympathique mais vite oubliée, fermée après un an et demi. Le duo Christophe Weber et Grégory Taille vient de reprendre le lieu, ouvert au cœur de l’été, peaufinant le style, touchant à peine le décor, sinon pour lui donner l’aspect d’un QG complice. Grâce au bouche à oreille, la maison fait le plein depuis l’ouverture. Il faut dire que Christophe n’est pas un inconnu. On a découvert ce surdoué bourlingueur, qui cuisi-
Illustration Maurane Mazars
na jadis pour Gérard Depardieu, Uma Thurman et Tim Roth lors du tournage de Vatel de Roland Joffé, alors qu’il était quasiment perdu dans une « zone d’activités », celle de Koenigshoffen. Cela s’appelait le Bestial. Si vous l’avez aimé dans ce lieu improbable, qui jouait l’OVNI gourmand et banlieusard, vous allez l’adorer à deux pas des quais. Ce cuisinier imaginatif, qui fut stagiaire de Joël Robuchon, avait créé sa propre enseigne à Barcelone, après être passé au Clairefontaine à Luxembourg, chez Hiertz à Diekirch, par Lyon, accomplissant un tour du monde (Caracas, Athènes, Berlin) en rejoignant le groupe Hilton. Il a fait son retour au pays d’Alsace en empruntant des chemins peu évidents. Le voilà arrimé solidement et sereinement au cœur de Strasbourg, avec son associé de salle, Grégory Taille, qui tint, lui, L’Endroit, rue de Zurich.
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2 Faubourg 2b, rue du Faubourg de Saverne 03 88 35 79 05 Fermé sam. midi, dim. et lundi soir
Tous deux font l’événement chaque midi avec un splendide menu à moins de 20€, qui ne donne que du bonheur. L’autre jour, le carpaccio de canard au chutney de figues, le hachis Parmentier revu à l’italienne avec ses tomates, ses olives, mais aussi ses girolles, avant la soupe de fruits relevée de crème muscat et glace citron gingembre faisaient merveille. On n’oublie pas la plaisante tartine de chèvre à l’huile d’olive, ni la foccacia à la figue en amuse-gueule, ni les mets de l’ardoise que l’on retrouve le soir (comme le tournedos de lotte à la confiture d’échalote, parmesan et truffe). Et l’on craque, in fine, pour le splendide soufflé glacé Folie framboise , avec vinaigre de framboise, menthe, baies passion. Jolis vins au verre, comme le frais muscat d’Armand Hurst à Turckheim et le saint joseph de Laurent Botton à Chavanay. Voilà un lieu de cœur.
OUI POUR DES PRODUITS FRAIS ET DE SAISONS !
Après la rentrée, profitez pauses déjeuner pour éga de vos yer vos journées ! Venez savourer les richesse s du terroirs alsaciens dans un men uà par tir de 22€. Vous auriez tort de vous en priver !
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La collab’ Par Marine Mai
Photo Henri Vogt
Cette saison, Manolya Coffee revient aux fondamentaux des coffee shops et revisite le traditionnel latte machiatto, en proposant une version vegan. La filière du lait de vache représentant 18% des émissions de gaz à effet de serre de la planète, raison de plus pour s’en régaler…
Les alternatives au lait de vache revêtent des vertus nutritives aussi bien qu’éthiques. Le VegaMacchiato, nouvel élixir Zut x Manolya, ravira donc autant les vegans que les écolos… Le + ? Parfait pour lutter contre les premiers coups de froid.
Le café
Un double shot d’espresso Sati, 100 % arabica, pour un goût intense et équilibré. Pourquoi chercher loin quand l’un des meilleurs torréfacteurs de France est à deux pas ?
L’ingrédient phare
Le jus d’avoine est une bonne alternative au lait de vache car il est source de vitamines B et E. Moins sucré et moins gras que les autres boissons végétales, il est également faible en calories pour une pause gourmande sans culpabilité.
La signature du chef
Avec le VegaMacchiato, le Manolya Coffee s’est lancé le pari de proposer la meilleure mousse de lait sans lait de Strasbourg, généreuse et ferme.
Manolya 2, petite rue du Vieux Marché aux Vins Facebook : Manolya-Coffee Instagram : manolyacoffee
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restaurant / bar mixed asian food & beverages Gyozas / Baozi / Okonomiyaki / Dak Gangjeong Pad Thaï ... Bières japonaises / Thés glacés maison Sakés / Cocktails / Whiskeys japonais ...
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ouvert 7j/7 - cuisine en continu de 12h à 23h
Sélections Lifestyle
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EXPOSITION
Darling ! C’est du design alsacien ! Quels points communs entre le grès, le led, le verre, les prothèses dentaires, le laser, la bière ou un kouglof ? IDeE, une association alsacienne favorisant la démarche design dans les entreprises. Un champ d’investigation passionnant à découvrir à la CCI, où une exposition rassemble les huit workshops réunissant la crème de nos designers locaux, et célébrant ainsi 10 ans d’idées et de recherches entre formes et fonctions. (M.C.D) — IDeE, 10 ans d’innovation et d’expériences sur le territoire local, exposition du 1er au 19 octobre à la CCI, place Gutenberg.
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1— Mobilier urbain Bestiaire, design V8 Designers 2— Meule à épices Muhl, design Philippe Riehling 3— Moule Minikoug, design Jean-Luc Weimar 4— Vases, design Thierry Boltz 5— Lampes Culbutos, design Grégoire Ruault
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SALON
Sous influences Cette année, le salon Maison Déco fête son quart de siècle sous le signe du design et regorge de temps forts à ne pas manquer ! Un belle édition mariant histoire et modernité, avec le salon des Antiquaires, La Maison de Caroline, le parcours didactique de Bertrand Klein, fondateur de Quartz, réunissant des icônes du design du XXe et XXIe siècle, la collaboration entre Roche Bobois et Marcel Wanders, des cook shows animés par Nicolas Rieffel, la tournée des créateurs d’ID Art et La Cerise sur le gâteau, Chantal Thomass en marraine chic et glam qui dévoile sa fructueuse collaboration avec Barrisol et Osram. Une collection de plus de 90 motifs romantiques et espiègles et des luminaires papillons féériques. (M.C.D) Salon Maison Déco →19-22 octobre Parc des Expositions Colmar www.maisondeco-colmar.fr
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Sélections Lifestyle
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C’est LA boutique de référence, pionnière à Strasbourg, pour toute l’épicerie bio, l’aromathérapie et autres compléments alimentaires super healthy. Et notamment parce que les hôtes et hôtesses qui y œuvrent sont aussi (très bien) informés que sympathiques et passionnés. Presque 65 ans après sa création, Vitana fait peau neuve, désormais emmenée par Jean-Marie 158
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Son nouveau gérant, amoureux de sa nouvelle échoppe, a déjà prévu un espace restauration fourni en salades, bocaux et autres desserts, et de nombreuses surprises à venir… À suivre. (C.B.)
HOMME - FEMME - SUR MESURE NEW
Beau boulot Un « espace décontracting » en plein cœur de Strasbourg, voilà qui s’annonce plein de promesses ! Un néologisme imaginé et conceptualisé par la sémillante Mylène Debord chez Hello’working, un espace de coworking d’un nouveau genre, qui met l’humain au cœur d’échanges professionnels bienveillants. Ici, la communauté d’Hello’workers a l’embarras du choix
sur les formules proposées. Qu’ils soient peinards ou vagabonds, ils profitent d’un accès illimité à la cuisine et à ses petites douceurs quotidiennes, et peuvent se relaxer dans l’irrésistible espace détente où l’on peut même faire une partie de PlayStation. Si si ! Le + Parce qu’il est modulable, Hello’working peut aussi accueillir des événements en tout genre. (C.L.) Hello’working 20, rue Adolphe Seyboth www.helloworking.com
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Quoiqu’en dise l’adage, peu
Strasbourg et Haguenau
n’importe pas toujours le
viennent rejoindre la
flacon tant qu'on a l’ivresse !
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C’est en tout cas ce que
Lasvigne, avant un
laisse penser la distinction
rafraîchissement début
du caviste le Théâtre du
2019. (C.L.)
Vin, qui vient de remporter le prix du coup de cœur du public Commerce Design
Star light Le spécialiste en éclairage Lumières d’Alsace a décidé de s’ouvrir à l’art contemporain en invitant dans son showroom le street artiste David David. Une mise en lumière de ce Pour parfaire ses sculptures en bronze, sculpteur-plasticien autodidacte originaire de David DAVID s’est créé une palette Lorraine, à travers une expo-vente d’œuvres composé d’une trentaine de couleurs. qui font succès surd’élaboration la scène artistique Cette étapeson méticuleuse des internationale. y retrouve notamment son teintes est celle deOn la patine à chaud. personnage coincé la têteen dans un seau de Pendant de long moisdans de travail atelier, le sculpteur a revêtuune l’apparat d’unpop. (C.L.) peinture, comme signature
Théâtre du vin Rue du Marché Gare 03 88 98 80 70
2018, récompensant l’aménagement intérieur et extérieur de la boutique. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, L’Art du Vin à 160
alchimiste afin de trouver les couleurs qu’il Lumières ajouter d’Alsaceà sa gamme. souhaitait 1, rue du Girlenhirsch Le processus de transformation de la Illkirch-Graffenstaden matière par le maniement des couleurs www.lumieres-alsace.com s’est opéré au rythme des expérimentations, des test et surtout d’une patience sans borne pour voir évoluer les couleurs…
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Chronique
№37
Au bon parfum LES PARFUMS CULTES #15 HABIT ROUGE, GUERLAIN, 1965 PARFUMEUSE : JEAN-PAUL GUERLAIN Par Sylvia Dubost Illustration Laetitia Gorsy
Depuis Diorissimo, neuf années se sont écoulées, et le monde a changé. Le décès de Christian Dior et l’arrivée d’Yves Saint Laurent augurent une nouvelle ère. Il y eût la collection trapèze et la Révolution cubaine, l’élection et l’assassinat de JFK, et l’Angleterre a secoué le cocotier de la vieille Europe et du monde entier en leur envoyant la minijupe et les Beatles. Toujours menée par la France, la planète parfum continue quant à elle de tourner rond, sans révolution majeure. Même si cette décennie a vu débarquer sur les rayonnages quelques jus remarquables. Le De et L’Interdit, créés pour Audrey Hepburn (« Comment, vous voulez commercialiser mon parfum ? Mais je vous l’interdit ! ») chez Givenchy, Cabochard chez
Grès, Calèche chez Hermès, Madame Rochas chez Rochas, chez Jean Desprez Bal à Versailles, merveille d’encaustique et de lourdes tentures de velours. Et puis Diorling chez Dior, Brut de Fabergé et Y de Saint Laurent. On assiste aussi à la naissance de la maison Diptyque, et à l’entrée en scène d’un parfumeur immense, Jean-Paul Guerlain. Petit-fils de Jacques Guerlain (auteur notamment de L’Heure bleue, Mitsouko et Shalimar), qui le forme, on le dit capable de reconnaître trois mille nuances olfactives… S’il s’est distingué ces dernières années par des propos qu’il aurait mieux fait de ravaler, il reste l’un des très grands parfumeurs du XXe siècle, et l’auteur de tous les succès critiques et publics de la maison pendant plus de 20 ans. 162
« Il flottait dans le sillage d’un cavalier, à l’habit rouge, de troublantes senteurs automnales auxquelles se mêlait un sensuel parfum de cuir. » Après un Chant d’arômes (1962) qui n’aura peut-être pas marqué l’histoire mais reste l’un des plus jolis parfums de la maison (et l’un des préférés de votre serviteur.e), Jean-Paul Guerlain s’inspire de l’univers de l’équitation où il excelle pour créer ce qui est, en vérité, le premier oriental masculin de l’histoire de la parfumerie. Peut-être en hommage à son grand-père, il construit ici le pendant viril de Shalimar, dont il reprend la structure. Agrumes solaires et épices en tête, vanille et baumes chaleureux en fond, notes boisées en cœur qui remplacent les fleurs de son ancêtre de 1921, avec une pointe de cuir pour justifier le nom. Habit rouge est un parfum à la sensualité folle, qui semble tomber à point nommé dans une époque qui se libère de ses carcans, y compris de genre. Chaud et rond, doux et piquant, on y retrouve les nuances ambrées et poudrées qui font la signature des parfums de la maison, sans l’excès de vanille qu’on peut reprocher à son ancêtre féminin, ce qui le rend plus subtil et ambivalent. À la fois surprise et évidence, ce jus intemporel d’une belle profondeur évoque plutôt la traversée du Bosphore sur un bateau chargé de vanille et d’épices que celle du Bois de Vincennes sur un équidé bridé. Et témoigne du génie de Jean-Paul Guerlain. Après cela, viendra Chamade, et ça, c’est encore une tout autre histoire…