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Les mains dans la terre

Ànotre arrivée à la Fabrique d’Anaïs à Haguenau, un poêle à bois crépite aux abords du tour, ajoutant à l’atmosphère chaleureuse du lieu. Ici le raffinement se trouve dans l’entremêlement des matériaux bruts, la hauteur sous plafond sublimée de guirlandes lumineuses et le mobilier d’époque qui agrémente l’espace où Anaïs organise des cours de modelage de la terre. Sur les étagères, d’adorables tasses décorées de messages réalisés à l’or liquide véritable, des pichets, des assiettes, des plats à gratin et autres objets utilitaires en grès dont la fabrication faite main dégage un charme organique. « J’adore pouvoir travailler en me disant que l’objet va servir au quotidien. Je suis très inspirée par la culture scandinave et tout ce qui est un peu rustique : les grands plats à gratin dans lesquels on va venir servir toute une potée au milieu de la table », sourit Anaïs. Un goût pour les bonheurs simples que la jeune femme transmet en distillant de la poésie dans les objets de tous les jours et en proposant des moments de partage et de convivialité autour de ses ateliers depuis un peu plus d’un an.

Initiation à la poterie

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Alors créatrice de voyages pour une agence, Anaïs voit son intérêt pour la poterie devenir une véritable passion lorsque le Covid lui impose un temps libre inattendu, qui lui donne envie de faire quelque chose de ses mains : « Avant je faisais des stages de poterie par-ci, par-là, puis quand j’ai eu un peu plus de temps, je me suis équipée, j’ai suivi des formations dans des écoles et je suis allée dans différents ateliers découvrir le savoir-faire des potiers. C’est devenu sérieux. » Après une après-midi d’initiation à la poterie improvisée pour ses amies lors d’un enterrement de vie de jeune fille, l’idée de réaliser ses propres ateliers s’installe puis se concrétise. Aujourd’hui, Anaïs « accueille des petits groupes de quatre-cinq personnes pour une durée de trois heures durant laquelle chacun peut fabriquer ce qu’il souhaite. Il existe des méthodes différentes pour modeler une pièce en fonction du ressenti que l’on veut avoir avec la terre et du résultat souhaité : la méthode du bol pincé, de la plaque, de l’estampage et du façonnage au colombin. » Une fois la pièce réalisée, place à la partie décorative : selon l’inspiration, on peut appliquer un engobe sur la pièce céramique, plus précisément un revêtement mince à base d’argile délayée (colorée ou non) pour modifier sa couleur naturelle, et/ou utiliser différents outils afin de créer des reliefs. « C’est une expérience, un moment d’échanges et chacun est content de pouvoir ensuite utiliser sa création chez soi », raconte Anaïs, qui s’occupe ensuite des phases de cuisson et d’émaillage. Des ateliers ouverts à tous les âges qui proposent de façonner des pièces uniques à la main lors d’une parenthèse où tous les sens sont mis en éveil. Au son de la musique jazz se mêlent les odeurs réconfortantes de la terre, du thé parfumé et des cookies faits maison concoctés par l’artisane aux multiples talents.

Un savoir-faire qui requiert patience et exigence Au tour, Anaïs confectionne des créations uniques qu’elle propose ensuite à la vente dans une petite boutique sur place et en ligne. Elle réalise également sur mesure les commandes de ses clients, personnalisables à souhait. « Je travaille essentiellement différents types de grès : le grès anthracite, le grès noir ou pyrité, sans ajout de couleurs, je trouve que la terre se suffit à elle-même », explique la jeune femme qui joue également sur les textures brutes ou lisses lors de l’émaillage. Pour qu’un simple pain de terre se transforme en une pièce unique, la procédure est longue et demande savoir-faire et attention. D’abord tournée, puis tournassée avant d’entrer en phase de séchage, chaque pièce est ensuite cuite une première fois, puis émaillée, avant d’être cuite une seconde fois. Chaque cuisson dure deux jours pour atteindre des courbes de température très élevées : jusqu’à 1 250 °C par palier de chauffe. La pièce est ensuite dorée à l’or fin, au pinceau de précision, puis cuite une troisième et dernière fois. Il faudra en tout pas moins d’un mois de fabrication pour qu’une pièce voit le jour. Mais le café a bien meilleure saveur dans une tasse unique et singulière qui porte l’empreinte de l’artisan qui l’a conçue et son amour intact de la matière. La Fabrique d’Anaïs en témoigne : les meilleures choses ont besoin de patience.

LA FABRIQUE D’ANAÏS

LA- FABRIQUE- DANAIS.COM 06 59 77 31 44

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