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Maison d’hôtes de caractère
Au cœur du village de Willgottheim, dans le Kochersberg vallonné, la maison d’hôtes
La Cour de Lise incarne un lieu marqué par son histoire, où le temps semble ne pas avoir de prise. Rencontre avec Chantal Henry, maîtresse des lieux depuis 2021.
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Àpeine le seuil franchi, nous voilà transportés ailleurs, charmés par le cachet de cette ancienne ferme du xviiie siècle transformée en maison d’hôtes. Sol pavé, murs de pierres, poutres apparentes, colombages, parfum de la terre et bruits de la nature, à La Cour de Lise, c’est la belle émotion qui prime. Dans les chambres, les matériaux authentiques et le mobilier chiné s’associent avec une rare élégance et mettent en valeur la mémoire de ce lieu chargé d’histoire, tandis qu’à la table d’hôtes on déguste dans une ambiance conviviale les délicieux plats concoctés par Chantal Henry et son fils Timothé, le tout accordé à de très bons vins. Dans ce cadre bucolique propice aux moments inoubliables, impossible de résister à l’appel du vaste jardin fleuri agrémenté de sa piscine ou de l’espace spa qui invite lui aussi à la détente.
Comment est née l’idée de reprendre une maison d’hôtes ?
Chantal Henry : C’est un rêve vieux de plus de dix ans. J’ai travaillé pendant 22 ans dans un grand groupe américain en tant que directrice financière, j’aspirais à autre chose. J’étais consommatrice de chambres d’hôtes et j’ai toujours trouvé que les gens chez qui on allait respiraient un certain art de vivre qui me plaisait bien. Je suis une femme de cuisine, une femme de vin et j’aime les gens. La maison d’hôtes crée des rapports qui sont réels et le partage est mon moteur aujourd’hui. Il y a eu plusieurs tentatives non abouties. En 2020, j’ai 50 ans et je me dis que la vie est davantage derrière moi que devant, que si je veux faire quelque chose, c’est maintenant. Lors d’un voyage en train, j’ai cherché « chambres d’hôtes à vendre dans le Bas-Rhin » sur Internet et je suis tombée sur La Cour de Lise. Le dimanche suivant, j’ai visité le lieu avec mon mari et deux mois après, on a signé.
C’est un lieu chargé d’histoire.
C.H. : Effectivement, cette ferme bâtie au début du xviii e siècle était à l’origine un relais de poste qui se situait sur la route principale qui menait de Strasbourg à Paris. Une halte incontournable pour les voyageurs qui scella historiquement la première rencontre entre Louis XV et Marie Leszczynska, celle qui allait devenir sa femme. L’auberge a été florissante jusqu’à la disparition des relais postaux et la construction des grandes voies, le développement des transports délaissant petit à petit cet axe. En 2007, la maison, devenue alors une maison d’habitation, est rachetée par Isabelle et Jean-Paul Bossée (ancien étoilé de La Cheneaudière). Ceux-ci la transforment en restaurant puis en chambres d’hôtes, le corps de la grange étant réhabilité en mêlant matériaux bruts et mobilier chiné avec la patte d’Isabelle. On s’est installés en juin 2021 et on a repris les chambres telles quelles, puis on a ajouté en 2022 un espace spa avec sauna et jacuzzi. Nous avons également fait le choix de transformer le restaurant en table d’hôtes.

En quoi consiste la table d’hôtes ?
Cela signifie que les gens mangent à la table de l’hôte un repas unique, c’est une tradition qui permet de tisser des liens. Pour nous, le partage est important au même titre que de travailler avec des produits locaux. Notre menu comprend un apéritif, une entrée, un plat, un dessert et l’accord mets et vins. Je me suis rendue sur les domaines, je connais les vins que je sers et j’aime raconter leur histoire et celles des vignerons qui les ont élevés. Si les gens que j’accueille ne sont pas alsaciens, je vais plutôt leur cuisiner une choucroute, un baeckeoffe, un plat régional...tandis qu’hors saison, lorsque les hôtes sont du coin, j’essaye de leur faire découvrir des choses qui sortent un peu de l’ordinaire. Je suis fan du sucré-salé, des plats exotiques, et j’ai transmis ma passion pour la cuisine à mon fils qui travaille à mes côtés. On se fournit beaucoup au Gaveur du Kochersberg, pour la viande, les asperges, certains légumes et le fromage provient de la ferme du Haut Village à Woellenheim. En été, on se sert de notre potager. Nous avons également étoffé notre offre d’une part d’événementiel, en proposant la privatisation du lieu pour les fêtes familiales telles que les mariages ou les anniversaires et nous disposons d’une salle de séminaire. Deux fois par mois (hors période estivale), nous organisons des brunchs thématiques entièrement faits maison et sous forme de buffet. Par exemple, lors d’un brunch aux couleurs de l’Alsace nous proposions des mini-tartes flambées à la truite fumée et des parmentiers au boudin.
D’où vous est venue votre passion pour la cuisine ?

Pendant l’année de mon bac, je faisais la plonge dans un restaurant. La spécialité du chef était une entrecôte sauce pinot noir que je trouvais fabuleuse. Je lui ai dit que je ne partirais pas avant qu’il m’ait montré comment la réaliser et il m’a appris à faire la sauce. Quelques temps après, j’ai cuisiné cette entrecôte au pinot noir à mes parents et lorsque j’ai vu les étincelles dans le regard de mon papa, ça a été le déclic pour moi. J’ai ensuite fait tous les repas de Noël de la famille, puis j’ai cuisiné pour les copains. Quand les gens vous disent que votre cuisine est délicieuse, qu’elle vaut un bon restaurant, on est heureux et c’est valorisant. J’ai été encouragée par les bons retours.
Deux ans après la reprise de ce lieu, quel est votre sentiment ?
C’est un vrai métier, j’avais sous-estimé le temps que certaines choses prennent, mais je n’ai pas de regret, aucun. Faire des rencontres, partager des repas et du bon vin, c’est là la vraie vie.
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La Ferme de Marie-Hélène
Authentique bâtisse de caractère du xviii e siècle, elle va rouvrir ses portes courant mai. Cet ancien petit hôtel est en cours de transformation pour devenir un haut lieu de réceptions et séminaires, tout en proposant ses chambres d’hôtes.

— 11, rue de l’Église à Neugartheim-Ittlenheim
06 47 29 10 60
Restaurant L’Oie Gourmande
C’est un restaurant dans lequel se perpétuent les traditions de la gastronomie alsacienne.
C’est également un cadre extraordinaire, presque un musée dédié aux objets quotidiens d’antan. Une découverte à ne pas rater, tout comme leur terrasse d’été…
— 51, rue Principale à Willgottheim
03 88 69 90 65 oiegourmande.fr
La Ferme du Haut-Village
C’est une ferme laitière en agriculture de conservation des sols, dans la même famille depuis 1865 ! Ils produisent du lait de pâturage, du boeuf de pâturage et du biométhane. Des produits de qualité, respectueux de l’environnement et qui s’inscrivent dans l’économie circulaire de notre territoire !
— 4, grand-rue de l’Église à Woellenheim fermeduhautvillage.com