NUL NE CRAINS n° 113 de Janvier 2016

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NUL NE CRAINS N° 113

Décembre 2015

Bataille de Sidi-Brahim

BULLETIN DE LIAISON DE L'AMICALE NATIONALE Du 22ème B.C.A et des troupes de montagne ; SIDI-BRAHIM de CANNES, NICE, VILLEFRANCHE-SUR-MER.


SOMMAIRE 1. LE PRESIDENT Page 1

Le mot du Président. 2. LA VIE DE L’AMICALE

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Rendez-vous des Associations

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Commémorations de la Sidi-Brahim à Allevard

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11 novembre à Roquefort les pins 3. DEVOIR DE MEMOIRE

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Erratum

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Le 3e RIA

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Commémoration des combats de la Malmaison

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Récits des combats de Sidi-Brahim

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Inauguration du Jardin des Chasseurs Alpins

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Cérémonie à Caucade le 2 novembre

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Conférence Martine Schwartz et JP Martin 4. RELATIONS EXTERIEURES.

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11 novembre à Lunel 5. RESEAU NATIONAL

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Rassemblement des Diables Bleus d’Alsace 6. SOUVENIRS

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Les soldats de papiers

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Un amicaliste à l’honneur

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Le 22 à Merkala

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Robert Griffe, histoire d’instituteur 7. LE CARNET 8. SOLIDARITE 9. REMERCIEMENTS


Le mot du Président Les dramatiques événements qui se sont déroulés à Paris au mois de novembre, au-delà de la légitime horreur qu’ils suscitent, doivent nous inviter à ouvrir notre réflexion sur ces notions aussi essentielles que sont le bien commun, les valeurs nationales, le sens de la vie même. Depuis la fin de la menace soviétique la France, à l’instar des autres pays européens, s’était assoupie dans la douce illusion que l’histoire avait cessé d’être tragique, que nul ne menacerait plus notre quiétude, et qu’à ce compte-là, il était temps de baisser la garde. À quoi bon se crisper dans des postures défensives puisque notre destin ne pourrait plus être qu’un long fleuve tranquille ? Il s’agissait dès lors « d’engranger les dividendes de la paix », une paix à laquelle, d’ailleurs, nous n’avions guère contribué, le mérite en revenant essentiellement à l’hyperpuissance américaine. On conservait pieusement, sans trop savoir pourquoi, peut-être par respect superstitieux de l’ombre tutélaire du général de Gaulle, une force nucléaire, mais pour le reste, chars, avions, bâtiments de guerre, bataillons, on pouvait en faire l’économie. Outre l’abaissement irresponsable ̶ et peut-être irrémédiable ̶ de nos capacités de défense, deux fautes capitales ont été commises, la suppression du service national, remplacé (?) par la pantalonnade de l’appel de préparation à la défense, et la quasi-disparition des réserves, qui a entraîné notamment la dissolution de notre beau bataillon. Observons que les pays qui ont professionnalisé leur armée ont pour la plupart conservé des réserves instruites et significatives. La Garde nationale américaine compte 350.000 hommes, soit plus que les trois armées françaises réunies. Par ailleurs, une entreprise concertée d’une certaine classe médiaticopolitique s’est employée avec efficacité à saper les fondements de notre « vivre ensemble », pour emprunter à la terminologie à la mode. Notre histoire commune et ses grandes figures, nos symboles nationaux, notre culture judéo-romano-chrétienne, étaient vilipendés et tournés en dérision. Il s’agissait de substituer aux vieux gaulois que nous étions un homme (?) nouveau, uniquement soucieux de consumérisme et d’ouverture aux autres, sans racines ni mémoire. Les seules occasions pour nous retourner sur notre passé consistaient à dénoncer les innombrables turpitudes dont nous nous étions rendus coupables au détriment d’autres groupes humains, quant à eux parfaitement irréprochables. Effacer le passé, on le peut toujours ; mais on ne peut éviter l’avenir (Frédéric Nietzche). 1


Pourtant, pendant ce temps-là, le monde poursuivait sa marche chaotique, les nuages s’amoncelaient, mais nos responsables faisaient comme si de rien n’était, regardaient ailleurs, comme ceux que dénonçait Péguy, qui ont les mains blanches, mais qui n’ont pas de mains. Cette entreprise de démolition connait peut-être aujourd’hui son terme. Et une nouvelle fois, c’est par le peuple et non par nos « élites » que viendra sans doute le salut. Jamais on n’a autant arboré nos trois couleurs, chanté la Marseillaise, jamais autant d’intellectuels, d’authentiques et non des batteurs d’estrade, nous ont rappelé qui nous sommes, d’où nous venons, et dénoncé les périls qui nous guettent. Jamais autant de jeunes gens et de jeunes filles n’ont poussé les portes des centres de recrutement des armées. Rarement notre nation n’a à ce point ressenti ce qui fait sa grandeur, mais aussi sa fragilité, et pris conscience qu’elle pouvait disparaître, comme toute construction humaine. Les associations patriotiques comme la nôtre ont toute leur place dans ce processus qui s’engage, et qui vise à régénérer notre nation. Nous cultivons au plus haut degré ces valeurs dont nous sommes les dépositaires, l’amour de la patrie, de son histoire, de ses traditions, valeurs que la société cherche à retrouver en tâtonnant. Portons-nous audevant d’elle pour les proclamer haut et fort. Soyons fiers de ce que nous sommes. Nous sommes, cette fois-ci, dans le sens de l’histoire. Lieutenant-colonel (h) Jean-Pierre Martin

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NOTRE AMICALE À LA CROISÉE DES CHEMINS À l’occasion de la réunion du bureau de l’amicale ce 18 décembre dernier, nous avons enregistré avec le plus grand plaisir l’intégration dans notre équipe, sous réserve d’approbation par l’assemblée générale du 27 février prochain, de Michelle et André Avigdor, respectivement aux postes de secrétaire et responsable informatique et nouveaux moyens de communication. Cela soulagera d’autant notre amie Christine Trémoulet, qui pourra se consacrer entièrement à ses tâches de trésorière. En revanche, nous avons pris acte d’une nouvelle qui nous a profondément attristés, et qui ne sera pas sans conséquence sur la bonne marche de notre amicale, et peut-être à terme sa survie, si aucune solution pérenne n’est trouvée. En effet Alain Barale et Jacques Bonavita nous ont fait part de leur décision irrévocable de se retirer du bureau de l’association. Or tous les deux sont des piliers difficilement remplaçables de notre équipe, le premier comme premier vice-président, rédacteur en chef de Nul ne Crains, porte-fanion, et le second, également porte-fanion, apportant toute son immense disponibilité dans les tâches du quotidien. Nous leur sommes infiniment gré pour tout ce qu’ils ont fait pour l’amicale, mais désormais, il faut penser et préparer l’avenir. Ce problème sera naturellement évoqué lors de l’assemblée générale, mais il s’agit, chacun pour ce qui le concerne, de réfléchir aux solutions possibles. Sérions les difficultés. Il faudrait dans l’idéal trouver deux porte-fanions. Le cahier des charges n’est pas insurmontable, puisque cela ne représente que quelques manifestations patriotiques dans l’année. Il faudrait également pourvoir aux fonctions de rédacteur en chef de notre revue. Il n’est pas exclu que le réalisateur technique Monsieur JP Giabbanelli assure cette tâche, en collationnant les articles. Il resterait à en assurer l’expédition. Enfin il s’agira de trouver un homme ou une femme de bonne volonté pour accepter le poste de premier vice-président, ce qui requiert une certaine disponibilité et une connaissance approfondie de l’amicale.

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Voilà où nous en sommes. Nous avons deux mois, jusqu’à l’assemblée générale, pour dégager des solutions. Je fais donc appel à l’engagement de tous. Il n’en demeure pas moins que si aucune proposition ne survient, cela nous conduira à nous interroger sur la pérennité de notre association. Il ne sera pas éternellement possible d’en assurer la continuité avec des effectifs par trop réduits. Mes amitiés à tous. Lieutenant-colonel (h) Jean-Pierre Martin Président de l’amicale

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2 .La vie de l’amicale RENDEZ-VOUS DES ASSOCIATIONS 2015 A NICE Le samedi 12 septembre 2015 a eu lieu au Palais des Expositions la traditionnelle Journée des Associations qui, cette année, regroupait plus de 300 exposants. Comme d’habitude, l’Amicale Nationale du 22ème BCA y tenait un stand (n°54), dans le « secteur militaire », pour y accueillir le public de 10h à 18h. La veille, de 14 à 18h, l’installation a été effectuée par Alain Barale, Jacques Bonavita et Christine et Georges Trémoulet. A noter que, le matin même, Alain Barale et Jacques Bonavita avaient déjà dû récupérer tous les matériels à la caserne Filley et au bureau de l’amicale, à la Maison du Combattant. Samedi, dès l’ouverture (gratuite) au public, les premiers visiteurs vinrent admirer les objets exposés : casques Adrian, cor de chasse, piolet, cordes d’escalade, fanions, insignes, photos, etc… Deux mannequins attirèrent beaucoup l’attention : l’un portait la tenue blanche des éclaireurs-skieurs en Algérie, avec brelages, pistolet-mitrailleur MAT 49, poste-radio ANPRC 10. L’autre arborait la tenue actuelle (blanc « camouflé ») des commandos montagne.

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A voir également, les 3 vitrines exposant les magnifiques figurines chasseurs et matériels provenant d’un don effectué jadis par feu le colonel Emile Mariani. Jusqu’à 18h, clôture de l’exposition, beaucoup de visiteurs s’arrêtèrent à notre stand. Certains avaient eu des parents ou grands-parents dans les chasseurs alpins, d’autres avaient effectué leur service dans des unités alpines, voire même au 22ème BCA, en Algérie ou en France… Cette journée fut particulièrement riche pour notre amicale qui enregistra 4 nouvelles adhésions ! Pour leur présence active et permanente sur le stand, il faut remercier la « fine équipe » habituelle, à savoir : Alain Barale, Jacques Bonavita, Laurent Icardo, François Patino (avec son bras droit en écharpe), Yves Pellegrin et Georges Trémoulet… Tout ayant une fin, vint le moment du démontage de notre belle installation qui mobilisa tout le monde de 18 à 20h avec un grand nombre de navettes pour gagner les 2 voitures, la sécurité du Palais ayant choisi d’ouvrir les portes extérieures à l’opposé de leur stationnement !!! Pour Alain Barale et Jacques Bonavita, l’opération 2015 n’était pas terminée car il leur a encore fallu réintégrer tous les matériels à la caserne Filley en début de semaine.… Un grand merci à eux. A l’année prochaine, si le dieu des Chasseurs le veut….

Georges Tremoulet

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Le 170ème Anniversaire des combats de Sidi-Brahim à Allevard (Isère) Répondant à l’invitation de Bernard Moncenis, président de l’Amicale des Diables Bleus du Pays d’Allevard, l’Amicale Nationale du 22ème BCA avait tenu à être présente aux célébrations des 26 et 27 Septembre 2015. En effet, en 2013, une importante délégation de chasseurs (en tenue et accompagnés de leurs épouses) était venue en minibus à la Citadelle de Villefranche-sur-Mer pour assister à notre cérémonie regroupant les combats de Sidi-Brahim et de la Malmaison, et profiter ensuite d’une prolongation touristique sur Nice et la Côte d’Azur… Malheureusement nous n’avons pu réunir qu’une « petite équipe » de quatre personnes, à savoir le président (le LCL (h) Jean-Pierre Martin), son épouse Martine, le vice-président (LCL (h) Georges Trémoulet) et son épouse Christine (également trésorière de l’Amicale). Le samedi 26 septembre, vers 18h, les participants furent invités à partager un apéritif de bienvenue, dressé sur la place de Verdun et magnifiquement animé par les cors de chasse de l’Harmonie du Pays d’Allevard, des musiciens revêtus de leur superbe tenue et de leur bombe. A 20h15, dans l’église Saint-Marcel, se déroula un concert exceptionnel donné par le chœur du groupe des Alpins de Canzo, créé en 1998, dirigé par Roberto Fontana comptant 34 chanteurs. A 22h, un somptueux dîner a réuni à « La Pléiade » plus de 150 convives, servis à table dans une chaleureuse ambiance encore égayée par les chants des choristes de Canzo (section de Como). Le lendemain, dimanche 27 septembre, tout le monde se retrouva à 9h45 sur la place de la Résistance, devant l’église Saint-Marcel. A 10h15, une très belle messe y fut célébrée, encore rehaussée par ce même chœur. A 11h20, sous un beau soleil, et précédé par la fanfare de « L’Harmonie d’Allevard », le défilé gagna le Monument aux Morts. Le président de l’Amicale des Diables Bleus du Pays d’Allevard, Bernard Moncenis, superbe dans sa belle tenue chasseur, ouvrit la cérémonie par un très beau discours de bienvenue empli de patriotisme et traduit en italien à l’intention des nombreux alpini de la région de Menaggio avec qui Allevard est jumelée depuis 1991. Il remercia les autorités civiles et militaires, les maires d’Allevard et de Menaggio, les présidents des amicales chasseurs : le LCL (H) Jean-Pierre 7


Martin pour le 22ème BCA et Jacques Vial pour le 6ème BCA de Grenoble, le secrétaire général des Alpini de Menaggio, le groupe du chœur des Alpini de Canzo et leur chef Roberto Fontana. Il remercia également les présidents d’associations d’anciens combattants et civiles, les nombreux porte-drapeaux et fanions, les sapeurs-pompiers, les gendarmes, la police municipale, l’harmonie du pays d’Allevard, sans oublier la population venue nombreuse. Il tint à préciser que son Amicale s’efforce d’assurer pleinement le souvenir et les traditions spécifiques chasseurs d’un des plus beaux corps de troupe qu’ait jamais possédé l’armée française. Il affirma également l’importance de veiller à maintenir le souvenir de nos anciens et d’assurer la transmission de notre patrimoine aux générations futures- et notamment à la jeunesse. Perpétuer les liens de profonde amitié fraternelle avec les Alpini, et ce pour vivre dans une Europe en paix, libre, unie et prospère demeure essentielle. Après lui, un certain nombre de personnalités françaises et italiennes prirent également la parole. Une fois les discours terminés, la cérémonie commença par la lecture des combats de Sidi-Brahim. Il s’ensuivit un dépôt de gerbes ponctué par la Sonnerie aux Morts et une minute de silence. La cérémonie se termina par les hymnes nationaux, italiens et français, sans oublier la traditionnelle Sidi-Brahim. Un défilé en musique conduisit ensuite tout le monde à la Pléiade voisine pour y partager un convivial apéritif. Enfin, toujours sur place, un excellent déjeuner réunit les mêmes participants que la veille au soir, et une fois encore, le chœur des Alpini de Canzo nous régala de ses chants. Alors, pour ne pas être en reste, un petit groupe de français forma une chorale improvisée sous la houlette de Jean-Pierre Martin devenu chef de chœur !! Gros succès ! Un échange de nombreux et très beaux cadeaux vint encore agrémenter cette journée. Notre amicale y contribua également. Notre président félicita tout particulièrement Bernard Moncenis et son épouse MarieFrance (ainsi que toute leur équipe) pour la réussite de ce superbe weekend chasseur. Vers 17h, les convives prirent congé, à l’exception des organisateurs qui s’affairèrent encore un long moment pour remettre en état les locaux de la Pléiade. Georges Tremoulet Reportages photos : Georges et Christine Tremoulet 8


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11 novembre à Roquefort-les-Pins À l’invitation de l’association des anciens combattants et anciens d’AFN de Roquefort-les-Pins, président Henry Mathieu, et de l’amicale des troupes de marine des Alpes-Maritimes, présidée par le lieutenant-colonel (h) Gilles Lecuyer, une délégation de l’amicale du 22e BCA s’est rendue le 11 novembre dernier à l’inauguration de l’exposition consacrée aux chasseurs alpins. Derrière le président Jean-Pierre Martin, on trouvait nos deux fidèles porte-fanions accompagnés de leurs épouses, ainsi que Michel Laugier qui avait exposé ses magnifiques figurines chasseurs. Après un office religieux célébré dans l’église de Roquefort, une imposante délégation s’est rendue devant le monument aux morts, pour y rendre hommage à tous les disparus de la Grande Guerre. Un piquet d’honneur de la préparation militaire marine présentait les armes. Les hymnes nationaux des puissances alliées, conclus par une vibrante Marseillaise, ont fait résonner les cœurs. Puis nous nous sommes rendus dans la salle intercommunale où l’exposition a été présentée par le président Gilles Lecuyer. On y retrouvait des collections provenant du musée des troupes de montagne de Grenoble, d’autres prêtées par l’amicale du 22, ainsi que des dépôts particuliers. Le tout avait fière allure, et on ne peut que complimenter les initiateurs de cette remarquable manifestation. Avant le vin d’honneur, une allocution a été prononcée par le maire Michel Rossi, qui a exprimé tout son attachement aux valeurs militaires et patriotiques. Enfin, un excellent repas convivial, au cours duquel Gilles Lecuyer a pu donner libre cours à ses talents d’animateur, nous a fraternellement réunis, colos, paras, chasseurs, marins, aviateurs.

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L’Amicale représentée par son Président JP Martin, accompagné des porte-fanions A Barale et J Bonavita

Le Monument aux Morts 13


Le Colonel Gilles Lécuyer expliquant l’évolution des troupes de montagne depuis leur création

Discours de Monsieur le Maire avant le verre de l’amitié 14


3 .Devoir de mémoire. Erratum Concernant l’article « L’Amicale du 22e BCA dans les Vosges » paru dans Nul Ne Crains N° 112 du mois d’août, nous avons omis de citer la présence à cette cérémonie de nos amis Daniel Jehel (Alsace) et Pierre Azam (Sanary).

Sur la photo, vous pouvez voir nos amis au cours de la visite du Cimetière du Linge et de Wettstein. Toutes nos excuses à Daniel et à Pierre pour cet oubli indépendant de notre bonne volonté. La Rédaction

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LE 3ème RIA ET LE BATAILLON 21/XV DANS LES COMBATS LIBERATEURS DU PRINTEMPS 1945 Devant le succès rencontré par les deux conférences de Jean-Louis Panicacci proposées au MRA le 22 avril et à la mairie de Roquebillière le 9 mai 2015, nous avons décidé de consacrer un numéro à ce thème en grande partie inédit et qui a suscité l'intérêt des anciens de la 1ère DFL er présents à Saint-Martin-Vésubie le 1 mai 2015.

NOS SOURCES

- CDIHP des Alpes-Maritimes, Commémoration des combats de l'Authion 1945-1985, Nice, CRDP, 1985 - SAPIN (et quelques autres), Méfiez-vous du toréador, Toulon, AGPM, 1987 - Joseph GIRARD, Des combattants sans uniforme aux: combattants en uniforme: les FFI et la libération du département in Jean-Louis Panicacci (dir.), La Résistance azuréenne, Nice, Editions Serre, 1994, p. 103-128 - MRA, DTR N° 13, Le 26 avril 1945, sur les crêtes de la Tinée, le bataillon 21/XV et la Légion forçaient le passage vers l'Italie, 1996. - Maurizio Oldoino, Fronte delle Alpi Marittime (1944-1945), Cuneo, Primalpe, 2004 . - Pierre-Emmanuel Klingbeil, Le front oublié des Alpes-Maritimes (15 août 1944 - 2 mai 1945), Nice, Editions Serre, 2005. ~ - Association AMONT, L'Authion libéré, in Pays Vésubien N° 6, 2005. - Fonds iconographiques Jean Calsamiglia, Georges Foata et Yves Manciet. - Journaux de marche du bataillon 21/XV et de la 1ère section de la compagnie d'éclaireurs-skieurs du 3e RIA. - Journaux de Suzanne Balzan et Roger Monteux. 16


La genèse Après la fin de la libération de la bande littorale (Menton, le 6 septembre 1944), près de trois mille FFI azuréens stationnaient dans des hôtels de Cannes à Menton, où ils occasionnaient de nombreux dégâts, et où plusieurs accidents mortels intervinrent. Afin de mettre un terme à cette situation déplorable, le chef départemental FFI (commandant LécuyerSapin) proposa à ces hommes jeunes et valeureux, mais trop indisciplinés, trois solutions: le retour à la vie civile (ce qui ne fut accepté que par quelques dizaines d'entre eux), l'engagement dans les Forces républicaines de sécurité créées dans la région de Marseille par le commissaire de la République Raymond Aubrac (ce qu'acceptèrent deux cent cinquante d'entre eux, constituant ainsi les 157e et 158e compagnies FRS stationnant à Beausoleil, Nice, Cannes et Grasse), enfin l'engagement pour la durée de la guerre dans une unité de la nouvelle armée française devant opérer dans le seul département maralpin (ce qui séduisit près de deux mille huit cents d'entre eux). Aussi, du 21 septembre au 26 octobre 1944, Sapin mit sur pied sept petits bataillons constitués avec trois compagnies provenant des CFLN, des FTP et de l'ORA, ce qui permettait d'amalgamer, comme en 1792, des éléments variés, et de souder progressivement les bataillons. Antibes vit se former les bataillons Estérel 9 (capitaine du Boisfleury, 20 officiers, 56 sous- officiers, 231 hommes) et Estérel 12 (capitaine Dubeau, 26 officiers, 71 sous-officiers, 429 hommes), Cannes les bataillons Riviera 18 (commandant Moreno, 14 officiers, 412 hommes) et Riviera 25 (commandant Rebattet-Guy, 24 officiers, 64 sous-officiers, 426 hommes), Nice le bataillon Haute-Tinée 74 (commandant Michel, 29 officiers, 63 sous-officiers, 560 hommes), Villefranche le bataillon Corniche 24 (capitaine Schild, 21 officiers, 49 sous-officiers, 302 hommes) et Menton le bataillon Corniche 22 (commandant Imbert-Hochcorn, 20 officiers, 367 hommes). Ce Groupement Alpin Sud, commandé nominativement par le colonel Lanusse (commandant la Subdivision militaire des Alpes-Maritimes) mais réellement par le lieutenant-colonel Lécuyer, ne fut officiellement reconnu que le 11 novembre, et il s'étoffa avec la constitution du Groupement d'artillerie Dubeau-Foncet (18 canons récupérés de Cannes à Toulon, 301 hommes). Signalons que les volontaires étrangers furent répartis prioritairement dans le bataillon 17


Haute-Tinée 74 comme dans le Groupement d'artillerie. Le GAS fut utilisé pour protéger la frontière maralpine dans les secteurs les plus exposés à des opérations ennemies (la Haute-Tinée, la HauteVésubie, le Mentonnais) jusqu'à la fin février 1945, où ses éléments se retrouvèrent à la disposition tactique des unités américaines déployées st dans le département (d'abord les parachutistes de la 1 Air Borne Task Force puis les artilleurs de la 44th Anti Aircraft Artillery Brigade). Tous les jours, par n'importe quel temps, des patrouilles étaient effectuées sur les points critiques (Restaud, Grammondo, Brouis, Turini, Gordolasque, La Madone de Fenestre, Le Boréon, vallon de Salèse, lacs de Millefonts, crêtes du Valdeblore, Vacherie de Rimplas, vallon de la Guercia, Serre du Terrassier, lacs de Vens, vallon du Salsa Moreno) et l’on dénombra déjà des pertes humaines (17 tués, 21 blessés, 16 prisonniers) au cours d'accrochages, d'explosions de mines, d'accidents automobiles et de bombardements allemands, comme le 26 février sur le plateau d'Auron (5 tués et 6 blessés). Une école des cadres fonctionna à Puget-Théniers à compter du 6 octobre, transférée en novembre à Entrevaux; une école de ski ouvrit ses portes à Beuil afin d'entraîner les éclaireurs-skieurs. La réorganisation des unités Au 1er décembre, une réorganisation intervînt avec l'association des bataillons Estérel 12 et Riviera 18 au sein de 20/XV, d'Estérel 9 et Corniche 22 au sein de 22/XV, de Corniche 24 et de Riviera 25 au sein de 24/XV, Haute-Tinée 74 devenant 21/XV ou Bataillon des Volontaires étrangers. Un premier groupe de bataillons (Corniche 22 et Haute-Tinée 74), dirigé par le commandant Gautier-Malherbe, fut déployé dans le Mentonnais afin de contrôler le littoral et de repousser les incursions des sous-marins de poche allemands et italiens concentrés à San Remo. Un deuxième groupe de bataillons (Corniche 24, Riviera 25 et Estérel 9), dirigé par le capitaine de vaisseau Guieu fut déployé en Haute-Tinée afin de repousser les incursions ennemies. Un troisième groupe de bataillons (Estérel 12, Riviera 25), supervisé par le commandant Guy, constitua une réserve d'intervention dans l'agglomération niçoise.

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La constitution du 3eRIA Le 1er mars 1945, le Groupement Alpin Sud se transforma en 3e Régiment d'Infanterie Alpine (une unité ayant tenu garnison à Hyères dans l'entredeux-guerres, avec un bataillon détaché à Nice comme à Sospel), mis à la disposition du détachement d'Armée des Alpes commandé par le général Doyen. Son commandement revint au colonel Lelaquet (ancien chef de l'Armée secrète puis des FFI du Var), assisté par le lieutenant-colonel Gautier-Malherbe (l'ancien adjoint de Sapin dans la clandestinité) comme chef d'état-major ; deux autres officiers ayant été formés par Sapin à l'Ecole spéciale militaire d'Aix-en- Provence et l'ayant rejoint dans l'ORA des Alpes-Maritimes (les capitaines Schild et du Boisfleury) rejoignirent cet état-major.

Entrainement au tir des FFI du 3e RIA er

L'unité comprenait, au 1 avril, 2441 hommes, avec une compagnie de commandement (3 officiers, 31 sous-officiers, 93 hommes), une compagnie d'éclaireurs-skieurs commandée par le lieutenant Montel (avec les lieutenants Baudet, Charmasson, David et Portelatine ayant participé aux combats le long de la frontière italienne en juin 1940, 20 sous-officiers 19


et 170 Alpins), une compagnie du Train (2 officiers, 31 hommes) et trois bataillons d'infanterie alpine: le I/3e RIA (anciennement 20/XV, commandant Rebatet, 26 officiers, 68 sous-officiers , 351 hommes) déployé du Valdeblore au vallon de La Madone de Fenestre avec Sainte Martin-Vésubie comme PC, le II/3 RIA (anciennement 22/XV, commandant de Lestang-Labrousse, 30 officiers, 95 sous-officiers, 397 hommes) déployé dans la Gordolasque avec Roquebillière comme PC et le III/3e RIA (anciennement 24/XV, commandant Lombard, 22 officiers, 77 sous-officiers, 452 hommes) déployé de Saint-Dalmas-le-Selvage à SaintSauveur-sur-Tinée, avec ce dernier village comme PC. Etaient mis à sa disposition le bataillon des volontaires étrangers (qui conserva son appellation de 21/XV), le Groupement d'artillerie Foncet et le Groupement muletier (capitaine Benisti-Lefranc, 80 chevaux, 731 mulets, 618 hommes dont 591 Italiens). Les forces étaient alors exclusivement déployées dans les hautes vallées de la Tinée et de la Vésubie pour l'infanterie alpine, et dans la cuvette de Sospel pour l'artillerie, tandis que le Groupement muletier mettait à la disposition de la 1ère DFL près de 500 animaux, le reste étant réparti entre les trois bataillons devant opérer le long de la frontière. Le colonel Lelaquet inspecta ses diverses unités durant la e première quinzaine de mars. Le 3, par exemple, il passa en revue le III/3 RIA à Saint-Sauveur. Avec le départ des dernières unités américaines (entre le 26 février et le 3 mars), le 3e RIA demeurait le seul défenseur du département, dans l'attente de l’arrivée de la 1ère DFL. e

ère

Le 26 mars le 3 RIA fut mis à la disposition tactique de la 1 DFL, avec comme objectif la fixation de l'adversaire sur les crêtes du Mercantour, alors que l'effort principal de la DFL allait porter sur le massif de l'Authion ; il était prévu des opérations de harcèlement contre certaines positions fortifiées défendues par le 3e régiment de Granatieri de la division fascisterépublicaine Littorio (notamment Barbacane, Colla Longa, Lausfer, Cerise, Fenestre) et une incursion possible dans la vallée de la Stura par le col de la Lombarde encore très enneigé. Le PC du régiment, initialement installé à Nice, fut transféré à Saint-Martin-Vésubie le 8 avril. 20


Les opérations du secteur Nord Elles concernèrent le 21/XV et le III/3e RIA. Le 9 avril le bataillon des volontaires étrangers s'empara, de la Tête de la Gerpe (2208 m) qui constituait une base d'attaque vers les Pas de Barbacane (2587 m) et de Colla Longa (2535 m), où étaient re- tranchés des grenadiers de la division Littorio renforcés par quelques éléments de la 34e division d'infanterie allemande. Le lendemain, l'assaut fut un échec relatif compte tenu des très mauvaises conditions atmosphériques. Les 12 et 17, les assaillants parvinrent à 200 mètres des fortins italiens, qui furent conquis le 20 à Barbacane et le 26 à Colla Longa, l'ennemi perdant 9 tués et 72 prisonniers. Signalons que les assaillants accomplissaient une ascension de 4 heures dans une neige abondante et un froid très' vif, nécessitant le retour au hameau de Douans (1310 m) tous les jours. A partir du 26, les volontaires du 21/XV furent les premiers à descendre dans la vallée de la Stura, parvenant à Pratolungo et à Vinadio le lendemain.

FFI en patrouille sur le plateau d'Auron à l'automne 44 21


Quant au III/3e RIA, s'il échoua le 13 avril devant les ouvrages de Chastellar (1742 m) et de la Tête de L'Autaret (2761 m), il parvînt à s'emparer, quatre jours plus tard, des fortins de Sespoul (2485 m) et de e Lausfer (2430 m) grâce à une manœuvre audacieuse de la 12 compagnie (capitaine Foata-Morgan), occasionnant à l'ennemi 5 tués et 75 prisonniers. A partir de ces positions avancées, victorieusement défendues jusqu'au 20 face à des contre-attaques, la section Pietri parvint sur la crête occidentale de la Lombarde, constatant que les ennemis s'étaient retirés des nombreux fortins et que la route militaire italienne empruntant le col de la Lombarde (2474 m) était impraticable pour cause de congères atteignant quatre mètres. Le Génie de la 1ère DFL, avec le concours de deux bulldozers et d'un millier de légionnaires munis de pelles, mit deux jours pour déneiger la e partie sommitale, permettant au BM 11, à la 13 demi-brigade de la Légion e étrangère et au III/3 RIA de descendre sur Vinadio au cours des journées des 27, 28 et 29 avril, et de parvenir à Borgo San Dalmazzo le dernier jour, au contact des troupes américaines. Compte tenu de la volonté américaine d'empêcher toute ingérence française au Piémont, les 450 volontaires italiens furent démobilisés à Sambuco le 2 mai et défilèrent sans armes dans la ville de Cuneo, applaudis par leurs compatriotes, tandis que les FFI azuréens durent repasser le col de la Lombarde, le4 mai, à bord de véhicules de la 1ère DFL. Les opérations dans le secteur Centre Ce secteur apparaissait comme le plus tranquille des trois couverts par le 3e RIA, compte tenu de l'éloignement des positions ennemies et de la rareté des incursions italo-allemandes. Pourtant, ce fut celui où les pertes françaises furent les plus élevées (12 tués et 33 prisonniers) en raison d'attaques mal préparées et mal conduites par le commandement du 1er bataillon. Après que le caporal Maccario eût été tué dans un accrochage à Gaudissart le 24 mars, deux attaques furent prévues le 10 avril contre les casemates italiennes défendant l'accès aux cols de Cerise (2543 m) et de Fenestre (2474 m). Dans le vallon de La Madone, les assaillants 22


n'insistèrent pas devant le tir croisé et dissuasif des mitrailleuses du 3e Granatieri, parvenant à se replier sans pertes (montant une embuscade un peu plus bas, tuant un grenadier et en capturant trois autres le 14). Il en alla autrement dans le vallon de Cerise, où l'approche de l'objectif se fit dans le brouillard, lequel se dissipa juste avant l'assaut, permettant aux défenseurs de mitrailler la section Le Cam désormais à découvert dans l'éboulis (3 tués dont le lieutenant et le sergent-chef Bernardi) ; neuf jours plus tard, le commandant Rebattet vint en personne commander la seconde attaque, qui ne vit intervenir ni la section d'appui (deux mortiers, une mitrailleuse lourde) ni le barrage d'artillerie de 105, parvenus à trente mètres de l'objectif ; les assaillants furent mitraillés de près, six Alpins étant tués ou mortellement blessés, tandis que trente-trois autres agitèrent leur mouchoir blanc afin de se rendre- parmi lesquels quatre officiers dont le commandant du bataillon. Conduits à la caserne des Alpini de Cuneo ils furent libérés, le 29 avril, par les partigiani Giustizia e Libertà.

Tireur d'élite allemand de la 34e ID 23


Deux lieux de mémoire lapidaires furent inaugurés en 1948 dans le vallon du Boréon à la mémoire des onze Alpins tués en avril 1945 (initiative des anciens du 1er bataillon, avec une allégorie de la France victorieuse regardant vers les cimes frontalières) puis en 1975 dans le vallon de la Madone de Fenestre, au lieu-dit Gaudissart, à la mémoire d'un Alpin mortellement blessé le 24 mars (initiative de la famille Maccario à l'occasion du trentième anniversaire de la mort de son parent, la stèle étant surmontée par un aigle, symbole du 3e RIA, comme par une croix latine). Les opérations dans le secteur Est Le II/3e RIA reçut pour missions de sécuriser la Gordolasque (ce qui fut réalisé à la veille de l'offensive jusqu'à la cascade de I'Estrech), d'occuper les sommets (Capelet inférieur 2419 m, Capelet Supérieur 2637 m, Cime du Diable 2685 m, Macruere 2556 m) dominant à l'ouest et au nord le massif de l'Authion en empruntant le vallon des Graus et le Serre de Clapeiruote-couvrant ainsi la progression des éclaireurs-skieurs du 3e RIA et des fantassins du BM 21 sur le plateau de La Ceva et, le cas échéant, de descendre dans la Vallée des Merveilles. La seconde mission fut accomplie au cours des journées du 10 et du 11 avril, délogeant les avant-gardes allemandes du 107e GR et capturant treize grenadiers sous la Cime du Diable, puis quatorze autres, le 16 avril, en repoussant une contre-attaque sur le, Macruere. La troisième mission fut moins réussie puisque, le 13, la section tenant le Macruere l'abandonna en raison du froid intense, ce qui obligea les éclaireurs-skieurs de la section Baudet à la remplacer provisoirement. La quatrième fut partiellement accomplie le 17, avec une progression limitée dans le Val d'Enfer, toutes ces opérations ne coûtant qu'un Alpin tué et huit blessés. Compte tenu des difficultés de ravitaillement en haute altitude, deux parachutages de vivres furent effectués par des Dakota à proximité de la Cime du Diable mais la plupart des conteneurs tombèrent dans les lignes allemandes… Quant aux éclaireurs-skieurs, ils purent occuper la Cime de Raus le 10, effectuer des reconnaissances sur les Granges de Fromagine et le poste de douane du vallon du Caïros au cours des deux journées suivantes, puis progresser sur le plateau de La Ceva balayé par les tirs croisés des mitrailleuses allemandes jusqu'à l'occupation des Cimes de Causega 24


(1741m)le 16 et de Coss (1680 m) le lendemain- ce grâce à des manœuvres tournantes effectuées par les sections Baudet au nord et Porlelatine au sud, qui forcèrent les défenseurs du 107e GR à se replier vers laCime de Pesourbe de peur d'être encerclés. Ils furent ensuite relevés par le BM 21 et les légionnaires, se transformant en brancardiers jusqu'à la Baisse de Saint-Veran et la Pointe des Trois Communes du 19 au21.Trois éclaireurs furent tués et une dizaine blessés au cours des journées de combat du 10 au 17 avril.

Appui feu de la marine nationale 25


DOCUMENTS « Ordre général n°39 du 5 juillet 1945 Le général de corps d'armée Doyen, commandant le Détachement e d'Armée des Alpes, cite à l'ordre du corps d'armée le 3 bataillon du 3e RlA CITATION: Sur les ordres du capitaine Lombard, par une action de surprise audacieuse, habilement conçue et très bien exécutée, a enlevé le 17 avril 1945, après un bref combat à 2 700 mètres d'altitude, les blockhaus et caserne ennemis du Massif de Sespoul-Lausfer dans un terrain cahotique (sic) et par des conditions climatiques très dures, ouvrant ainsi une brèche dans la position de résistance ennemie. Violemment contre-attaqué le 19, a repoussé l'assaillant après lui avoir infligé de lourdes pertes. Par cette opération, a largement dégagé la seule voie d'accès ouverte sur la Stura, permettant ainsi une rapide exploitation de nos forces vers l'Italie du nord. A capturé au total 76 prisonniers allemands et italiens, dont 5 officiers. Le présent ordre comporte l'attribution de la Croix de guerre avec étoile de vermeil. Signé: DOYEN e

Témoignage du lieutenant PIETRI, du III/3 RlA, sur l'occupation du col de la Lombarde « Fin avril, je suis désigné comme chef du détachement devant stationner sur le plateau de la Lombarde: nous devons surveiller le col et les casemates environnantes. Dès notre arrivée sur la crête, nous inspectons les petits postes italiens d'observation que nous trouvons abandonnés par les soldats en fuite. Nous y découvrons une grande quantité de peaux de moutons qui nous sont d'une grande utilité par le froid intense de ce printemps rigoureux et la quantité de neige tombée. Nous constatons que les passages vers la vallée de la Stura sont impraticables, surtout le col de la Lombarde avec ses imposantes congères. Nous nous déplaçons avec des raquettes car tout autre moyen est impossible. 26


Deux jours plus tard, une patrouille de la 1ère DFL se présente pour franchir le col: nous lui expliquons la situation et leur chef fait appel au Génie. Il faudra plusieurs jours pour que la piste soit dégagée et, le 28 avril, nous regardons passer, entre deux murs de neige gelée, les premiers soldats français avec des mulets, des jeeps et des camions, suivis par notre bataillon. »

Extraits du journal de l'ambulancière Suzanne BALZAN (bataillon 21/XV) « 5 avril : on monte à Douans avec le docteur pour préparer des postes de secours en vue de la prochaine offensive. Le premier poste sera très proche des lignes, à trois heures de marche de l’endroit jusqu'où pourra monter l'ambulance et il y aura deux postes intermédiaires. 6 avril : leçon de secourisme pour les 16 brancardiers du poste de Douans. Au retour des patrouilles, nous avons un mort - deux blessés qui sont soignés ici. Des camions de la DFL et une ambulance chirurgicale nous parviennent, avec 4 tonnes de matériel. 9 avril : nous montons à pied tout le matériel au premier poste situé à 2 h de marche. L'attaque est déclenchée à 13h30 ; du premier poste, nous entendons les mortiers et les mitrailleuses. 10 avril: retour de la patrouille, qui n'a pas réussi à prendre le fort de Barbacane mais a fait dix-sept prisonniers. 12 avril: retour de la patrouille de nuit, parvenue jusqu'à 200 mètres du fort sans pouvoir le prendre ; néanmoins, un obus de mortier a tué deux fascistes et en a blessé un troisième. 17 avril: les troupes reviennent sans avoir pris le fort. La bataille a été très dure mais nous n'avons pas eu de blessés. 20 avril: toute la nuit les compagnies sont montées et ont attaqué à l'aube le fort de Barbacane. A 9 h, le fort est pris (avec huit prisonniers italiens) mais les casernes fortifiées résistent toujours. L'artillerie allemande réagit en tirant sur la crête à partir de midi puis sur Douans à partir de 17 H. 22 avril: nous avons fait vingt-deux prisonniers supplémentaires, dont deux Allemands. 27


23 avril: l'artillerie allemande a tiré toute la nuit sur Douans et Le Bourguet. Nous avons encore capturé dix prisonniers. 24 avril : nous attaquons les casernes de Barbacane et capturons huit prisonniers, dont deux blessés qui mourront au cours de leur transfert. 26 avril: la Légion attaque aujourd'hui Santa Anna di Vinadio et doit faire la jonction avec le 2I/XV qui attaquera Colla, Longa tandis que le génie de la DFL répare la route d'Isola à Vinadio. 28 avril: arrivée considérable de troupes de la DFL avec du matériel. 29 avril: les jeeps peuvent enfin passer sur la route de Vinadio. Nous recevons l'ordre de passer en Italie avec le service sanitaire. »

Extraits du journal de marche de la 1ère section d'éclaireurs-skieurs (lieutenant Portelatine) « 9 avril: les camions de la DFL nous amènent sur la place de Belvédère où l'on nous distribue des vivres. Nous quittons le village à midi, lourdement chargés, 1200 hommes du II/3e RIA et du BM 21 se suivant en file indienne dans la Gordolasque. Vers 15 H, la pente s'accentue et, tout d'un coup, un bruit sourd de pointes métalliques : c'est un mulet qui a dévissé, roulant pattes sur chargement jusqu'au fond du thalweg où il mourra de faim, les pattes brisées. On passe la frontière vers 19 H en contournant le Capelet inférieur. A 21 H on bivouaque sous une crête rocheuse, dans de la neige dure et par un froid glacial. 10 avril: à 4 H, nous franchissons la crête entre les deux Capelets et descendons vers l'ouvrage occupé par les Allemands au col de Raus. A 7 H, l'artillerie ouvre le feu sur Raus et Saint-Véran. A 8H30, nous tirons quelques rafales de FM sur l'ouvrage de Raus, recevant ensuite des tirs de mortiers provenant de Saint-Véran. 11 avril: les mulets arrivent vers 13 H et nous percevons des rations K de l'armée américaine. A 17 H 30 nous recevons des tirs de mortiers provenant du vallon de Cairos, faisant deux blessés. 12 avril: départ à 1 H précédés par deux soldats de la DFL munis de détecteurs de mines. A 3 H, nous arrivons au-dessus des granges de 28


Fromagine et tirons des chargeurs de FM, sans réaction. 13 avril: départ à 14 H vers le plateau de la Ceva. 14 avril: à 6 H, patrouille dans le vallon de Cairos en direction du poste de douane; nous trouvons les traces d'un départ récent dans les granges fouillées: dans l'une, deux cadavres sont roulés dans une couverture. 15 avril : nous partons à midi en direction de la cime de Coss ; les Allemands nous arrosent avec leurs mitrailleuses Maxim et la section Baudet occupe la cime de Causega. 16 avril: nous recevons l'ordre d'attaquer en plein milieu du plateau balayé par les tirs croisés des mitrailleuses allemandes. Je propose au capitaine Oursel (commandant du BM 21) de contourner l'obstacle par la droite en passant par un ravin creusé par le torrent du Mérim. Un soldat allemand en sort les bras levés: interrogé, il nous dit que le bois est occupé par une centaine de grenadiers. Nous perdons le sergent Maisonnave, tué sur place, et l'Alpin Loiseau, décédé durant son brancardage vers SaintVéran. Nous souffrons terriblement de la faim et de la soif. Nous sommes épuisés par les durs efforts accomplis dans un terrain difficile. Nous occupons la cime de Coss et voyons les Allemands se replier vers l'est. Nous sommes rejoints par deux autres SES et une section du BM 2l. On truffe la position de guetteurs avant de dormir. Le plateau de la Ceva est déverrouillé mais il nous a fallu treize heures pour progresser de 5 kms. 17 avril : les 4 SES essaient vainement de progresser vers l'est, clouées au sol par les mitrailleuses allemandes. Nous recevons l'ordre de nous retrancher dans la perspective d'une contre-attaque. 18 avril: nous sommes relevés par le BM 21 qui progresse vers la cime de Pesurbe dominant Fontan. 19 avril: nous subissons un bombardement au Collet d'Albeï avant de partir, protégés par un boyau allemand. L'arrivée de la Légion sur nos arrières attire davantage de tirs de mortiers. La Légion finit de nous relever à 20 H. Nous n'arrivons à la Baisse de Saint-Véran qu'à 2 H du matin. 21 et 22 avril: nous aidons à brancarder en attendant d'être relevés par le 29e RTA. 23 avril : nous regagnons La Bollène-Vésubie à 17 H. » 29


HOMMAGE AU BATAILLON 21/XV ère

Lettre adressée par le général Garbay (1 au commandant Michel

DFL)

Je croyais vous avoir dit avant mon départ de Beaulieu le souvenir que garde la 1ère DFL de la bataille livrée en commun pour libérer les derniers territoires français des Alpes-Maritimes et aider les armées alliées à chasser l'envahisseur allemand d'Italie du Nord. Nous avons souvent admiré le moral de vos volontaires qui, mal équipés et mal ravitaillés, ont magnifiquement tenu leurs positions délicates à la jonction de deux divisions, et sont partis à I ‘attaque avec ardeur dans un terrain particulièrement difficile et malgré les intempéries. Vos combats aux Pas de Barbacane et de Colla Longa, les pertes que vous avez infligées à l’ennemi en tués et prisonniers, votre descente dans la vallée de la Stura ont sérieusement aidé à notre victoire.

Le Général De Gaulle à Nice le 8 avril 1945

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Ordre du jour N° 4 du 9 août 1945 du commandant Michel à ses hommes « Vous tous, volontaires étrangers venant de vingt-trois pays, avez, sous les drapeaux de la France, par votre ténacité et votre courage, contribué à la victoire de la civilisation sur le barbarisme (sic). Chef de votre bataillon, je vous remercie encore une fois, au moment où le bataillon va disparaître à la suite de la démobilisation, de votre conduite et de vos actions. Vous avez servi en bons soldats de la France les armes à la main, avec fidélité et honneur. Je suis sûr que vous la servirez, démobilisés, 'aussi fidèlement comme citoyens en temps de paix. Vive la France ! » Volontaires du Groupement Alpin Sud puis du 3e RIA tués au combat ou en service commandé d'octobre 1944 à mai 1945 : - ASCONE Joseph (Groupement muletier) tué le 16/4/45 à CabanesVieilles (Moulinet). - BERNARDI Joseph (sergent-chef I/3e RIA) tué le 10/4/45 à St-MartinVésubie (Cerise) . - BOURGES Ernest (II/3e RIA) tué le 19/4/45 à Saint-Martin-Vésubie (Cerise) . - CALCAGNO Louis (Groupement muletier) tué dans un accident le 22/4/45 aux Trois-Communes (La Bollène-Vésubie). - CATENACCI Marius (2e Cie/3e RIA) mort dans l'ambulance à L'Escarène le 23/4/45. - CHARRIERE Elie (3e RIA) mort le 15/4/45 à l'ambulance de Lantosque. - CERUTTI Lino, aspirant-médecin 21/XV tué dans le bombardement d'Auron le 26/2/45. - COGNO Georges (sergent Corniche 22) mortellement blessé à Rimplas le 14/1/45, décédé à l'hôpital militaire de Nice le 16. - DALBERA Marcel (Train 3e RIA) mortellement blessé dans un accident de camion à Plan-du-Var le 24/4/45, décédé le lendemain à l'hôpital de Beaulieu. 31


- FlDILLE Vincent (Corniche 24) tué en reconnaissance au Pas de la Roubine (Isola) le 4/11/44. - FRANCONI (22/XV) tué par mine à Saint-Sauveur (Valabres) le 16/2/45. - GANDRA Second (adjudant I/3e RIA) tué le 19/4/45 à St MartinVésubie (Cerise). - GAZAN Pierre (caporal-chef 3e RIA) mort dans l'ambulance à Plan- duVar le 23/4/45. - GERMANO Enzo (sergent 22/XV) tué par mine à Saint-Sauveur (Valabres) le 16/2/45. - LANFRANCHI Jean-Pierre (sergent 1/3e RIA) mortellement blessé à Cerise le 9/4/45, décédé le 21 à Saint-Martin-Vésubie. - LE CAM Louis (lieutenant I/3e RIA) tué à Saint-Martin-Vésubie (Cerise) le 10/4/45. - LOISEAU Lucien (SES/I/3e RIA) mortellement blessé à La Ceva (Fontan) le 16/4/45. - MACCARIO Roger (caporal I/3e RIA) mortellement blessé à SaintMartin-Vésubie (Gaudissart) le 24/3/45, décédé le lendemain. - MARTINI Eugène (II/3e RIA) tué en patrouille à Saint-Martin-Vésubie le 12/3/45. - MAYSONNAVE Yves (sergent, SES/I/3e RIA) tué à La Ceva (Fontan) le 16/4/45. - PALLO Jean (24/XV) tué en patrouille à Saint-Sauveur (Pont-de-Paule) le 28/10/44. - PALMA René (II/3e RIA) tué à Saint-Martin-Vésubie (Cerise) le 10/4/45. - RENAGLIA Joseph (3e RIA) mort à Nice le 1/6/45 des suites de ses blessures. - ROCCHIA Libert (II/3e RIA) tué par mine à Saint-Martin-Vésubie le 21/3/45. - ROSSI Guerriero (III/3e RIA) tué le 23/4/45 en Haute- Tinée. - ROVIS Jean (sergent, I/3e RIA) tué à Saint-Martin-Vésubie (Cerise) le 19/4/45. - TERESE Fernand (3e RIA) mort dans un accident à Beaulieu le 23/4/45. 32


- TRASTOUR.Francis (I/3e RIA) mortellement blessé à St-MartinVésubie (Cerise) le 19/4/45. - TURRA Léon (3e RIA) mort à Nice des suites de ses blessures le 8/3/45. - VIALE François (I/3e RIA) mortellement blessé à St-Martin-Vésubie (Cerise) le 19/4/45. Rappelons que la 12e compagnie du 3e RIA participa au défilé de la victoire sur les Champs-Elysées le 18 juin 1945, et que le général de Gaulle remit la Croix de guerre au régiment rassemblé à Gap, le 14 juillet suivant, avant la dissolution de l'unité. Cet article a été publié avec l’aimable autorisation du Musée de la résistance azuréenne

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COMMEMORATIONS DU 170ème ANNIVERSAIRE DES COMBATS DE SIDI-BRAHIM ET DU 98ème ANNIVERSAIRE DES COMBATS DE LA MALMAISON Comme chaque année, dans la citadelle de Villefranche-sur-Mer l’Amicale ème BCA a perpétué la tradition en organisant, le dimanche 25 Nationale du 22 octobre 2015 une cérémonie destinée à honorer la mémoire de deux combats où s’illustrèrent les chasseurs. Une cinquantaine de membres de l’amicale, en tenue chasseur ou Solférino pour les porte-fanion, étaient présents, beaucoup arborant fièrement leur « tarte ». Dès 10h, en attendant le début des cérémonies prévu à 11h, une visite était possible au musée du 24ème BCA. En effet nous avons dû, la mort dans l’âme, déroger au cérémonial habituel qui débutait par la messe dominicale en l’église Saint-Michel de Villefranche. Nous n’avons pas pu maintenir ce moment de recueillement et d’hommage à la mémoire de tous les soldats de montagne tombés depuis la création des chasseurs en 1888 par le Duc d’Orléans, ainsi qu'à celle de tous ceux tombés plus récemment en opex, sans oublier les compagnons de l’amicale et leurs proches qui nous ont quittés cette année. Tout cela en raison de la décision du nouveau curé, non seulement de ne pas confier son église à un aumônier militaire, mais aussi d’interdire toute cérémonie religieuse dans sa paroisse… !!! Pris qu’il était par d’autres occupations personnelles, certainement plus importantes à ses yeux que notre hommage annuel, qui plus est prévu de longue date…. En conséquence, à 11h, le cortège précédé de la Fanfare de Villefranche-surMer s’ébranla de la citadelle, et des fanions pour rejoindre le monument aux Morts du 24ème BCA, magnifiquement restauré en 2013 par Jean-Frédéric Marchessou, délégué du Souvenir Français de Villefranche. Aux ordres du LCL (h) Georges Trémoulet, la cérémonie débuta par la montée des couleurs françaises par François Patino, membre de notre amicale, le drapeau italien ayant déjà été hissé au préalable. Deux gerbes furent déposées : pour la municipalité par M. André Bezzina, 1er adjoint représentant 34


le maire, le Professeur Christophe Trojani, et pour les chasseurs par le LCL (h) Jean-Pierre Martin accompagné du capitaine de vaisseau Alain Moretti, représentant le DMD 06. Après la Sonnerie aux morts, la Marseillaise et l’hymne italien, la fanfare nous gratifia d’une belle Sidi-Brahim reprise en chœur par l’assistance. Les personnalités civiles et militaires, réunies au pied du monument vinrent saluer les porte-fanions de l’amicale à savoir Alain Barale, Jacques Bonavita, Laurent Icardo et Yvon Improvisi, ainsi que Valério Baroncini pour les Alpini, Georges Vergès pour l’ANAESTM-PACA, et les porte-drapeaux dont Fabrice Ghérardi, porteur du drapeau du Souvenir Français. Redescendues du monument, elles firent de même avec les officiels, civils et militaires, et les présidents et représentants d’associations. Ensuite le cortège, toujours en musique, regagna la citadelle où, sur la place d’armes, devait se dérouler la suite des commémorations. Après quelques mots d’introduction du président, le LCL Georges Trémoulet nous conta les combats de Sidi-Brahim qui se déroulèrent en Algérie du 23 au 26 septembre 1845 dans un marabout situé près de Djemaa-Gazaouet. Là sont tombés, 340 chasseurs du duc d’Orléans après avoir vaillamment résisté aux 6000 soldats de l’émir Abd-El-Kader. Seul un très petit groupe survécut. Ensuite le LCL Jean-Pierre Martin évoqua les combats de la Malmaison au cours desquels, sur le Chemin des Dames, le 24ème BCA perdit plus de 500 hommes du 23 au 25 septembre 1917. Durant ces deux évocations nous avons tous eu une pensée émue pour notre regretté colonel Henri Béraud (disparu le 5 janvier 2015) qui, depuis tant d’années, nous captivait par ses récits vivants, tous effectués sans le moindre écrit… Son épouse Monique, malgré un pied immobilisé par une attelle suite à une mauvaise chute (et donc en fauteuil roulant), nous avait fait le plaisir d’être parmi nous avec l’émotion que l’on devine. M. André Bezzina, représentant le professeur Christophe Trojani (retenu à Beaulieu par une obligation en relation avec le nouveau curé de Villefranchesur-Mer et l’évêque de Nice) prit ensuite la parole et remit à notre président la médaille de la ville. Il reçut en retour quelques présents de la part de l’amicale (Bande dessinée « L’Alsace à tout prix », médaille commémorative du centenaire des Vosges et quelques revues sur les Soldats de Montagne). 35


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L’amicale tint également à remercier le chef du protocole, M. André Polkowski, en lui remettant les mêmes présents. A sa grande surprise, Yvon Improvisi fut appelé pour recevoir la médaille d’honneur des anciens des missions extérieures - échelon or - des mains du président national Michel Vaugarny, également président de l’AEFA (Association Européenne des Forces Alliées). Pour clôre en beauté cette double commémoration, la fanfare municipale nous régala de plusieurs airs. L’assistance fut ensuite conviée à rejoindre le chapiteau pour y partager le verre de l’amitié et échanger des souvenirs à l’occasion de ces retrouvailles chasseurs. Toujours fidèles au poste, William et Marie Amision tenaient la table du « foyer » où ils proposaient divers articles et revues… Avant de passer aux agapes, encore quelques minutes de solennité avec la remise, par Michel Vaugarny, de la médaille d’honneur des anciens des missions extérieures - échelon or- au caporal Gianluca Cicéri, ancien du 22 et membre de l’amicale qui vient régulièrement de Rome chaque année pour cette commémoration. Qu’il en soit félicité ! Puis le secrétaire général de l’AME, le major Guillaume Ribard, remit la médaille commémorative de son association à notre président, le LCL Jean-Pierre Martin. Après avoir partagé le verre de l’amitié (et pour ceux qui avaient réservé), un repas d’excellente qualité fut servi à table par notre ami Pascal Lambert, traiteur à Grasse, qui nous régale fidèlement depuis déjà de nombreuses années. Le traditionnel « SANTE » précéda le début du repas… L’ambiance musicale était assurée comme d’habitude par Darinka et le major Serge Carpentier qui, après avoir sacrifié à la traditionnelle lecture du menu du jour et avec son talent habituel, égrena les refrains des bataillons suivis d’une vibrante Sidi-Brahim reprise par l’assistance. Et c’est avec toujours beaucoup d’émotion que nous écoutâmes un peu plus tard son magnifique poème. Au cours du repas, le colonel (h) André Avigdor se vit remettre également la médaille commémorative de l’AME par Michel Vaugarny. Profitant de la musique d’ambiance, quelques amateurs occupèrent avec plaisir la piste de danse.

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En milieu d’après-midi vint le moment de se quitter et, pour les dames, de partir avec une belle rose. Rendez-vous fut donné pour l’année prochaine à l’assemblée générale du samedi 25 Février 2016. Si cette belle commémoration a pu connaitre cette année encore un éclat tout ème particulier, c’est grâce à « l’équipe de choc » du bureau de l’Amicale du 22 BCA qui, comme d’habitude, n’a pas ménagé sa peine ni son temps. Un grand merci à toutes et à tous ! Georges TREMOULET

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RÉCIT DES COMBATS DE LA MALMAISON 24 et 25 OCTOBRE 1917 Le Chemin des Dames. Un bien joli nom pour une terre chargée d’histoire, de drames, et imprégnée du sang de tant de soldats. On appelle ainsi les hauteurs qui séparent les vallées de l’Aisne et de l’Ailette, entre Laon et Soissons, en souvenir des passages fréquents des filles de Louis XV qui l’empruntaient pour se rendre au château de la Bove. Hauteurs stratégiques, puisque c’est là que César défit les Belges en prélude de la campagne des Gaules, et c’est également là, à Craonne, que Napoléon remporta sa dernière bataille de 1814 contre les Prussiens. On s’y est battu quasiment sans interruption pendant toute la Grande Guerre : - Entre le 13 et le 15 septembre 1914 au cours de la première bataille de la Marne ; - De façon sporadique en 1915 et 1916 ; - Lors de l’offensive Nivelle du printemps 1917, qui nous a coûté 200.000 soldats et les mutineries qui suivirent ; - Le 27 mai 1918 lors de la terrible offensive de Ludendorff, qui menaça une seconde fois d’emporter tout le front ; - Lors de la contre-offensive de juillet 1918, et la seconde bataille de la Marne. Mais les combats qui nous intéressent sont ceux de l’automne 1917, dirigés notamment contre le fort de la Malmaison. A la fin de l’été 1917, le Général Pétain, commandant en chef de l’armée française, veut effacer la fâcheuse impression laissée par la désastreuse offensive de printemps sur le Chemin des Dames. Il ne veut plus d’attaques massives contre des positions intactes mais des attaques ‘’à objectifs limités’’, écrasés sous un déluge d’artillerie. L’infanterie sera accompagnée par les chars précédés de l’attaque en piqué des avions de chasse. On choisit de nouveau le Chemin des Dames, on n’envisage pas la percée mais l’amélioration de nos positions sur la vallée de l’Ailette. La bataille doit se dérouler sur un front restreint de 12 km sur lequel on va engager six divisions choisies parmi les meilleures, dont la 66e division d’infanterie, surnommée ‘’l’Alsacienne’’. Comme les 46 et 47e divisions d’infanterie, c’est une division ‘’bleue’’. Ces trois divisions de chasseurs alpins sont considérées comme des unités de choc et elles ne sont engagées que dans les secteurs sensibles. 39


Parmi les neuf BCA de la 66e division, il y le 6e de Nice, le 27e de Menton, le 24e de Villefranche et son bataillon de réserve, le 64e, mis sur pied à Villefranche. Le détail des opérations est minutieusement étudié et on répète sur des terrains similaires à celui de l’attaque. C’est le 24e qui va attaquer sur le terrain le plus difficile, à droite du vieux fort de la Malmaison qui a donné son nom à la bataille. L’attaque va être précédée par la formidable préparation de 2000 pièces d’artillerie pendant six jours. Mais dans le secteur d’attaque du 24e, elle sera inefficace car le terrain est truffé de "creutes", sorte d’abris naturels dans lesquels s’abritent les Allemands. Le 23 octobre au matin, les chasseurs alpins sont accroupis dans les trous d’obus à moitié remplis d’eau où ils attendent avec appréhension mais confiance l’heure H.A 5h15, les vagues d’assaut s’élancent dans la nuit illuminée par les fusées allemandes, au milieu du vacarme assourdissant des deux artilleries. Dès le début de l’action, le chef de corps du 24e, le commandant de Castex, est tué par un éclat d’obus. Attaquant sur un terrain difficile et rendu boueux par les pluies récentes, les chasseurs n’ont pas pu suivre le barrage roulant de l’artillerie française qui avance suivant le minutage prévu. Après avoir laissé passer le barrage roulant, les ‘’Loups gris’’ du 3e Régiment de la garde prussienne sont sortis des "creutes" et arrêtent quatre vagues successives. Après une nouvelle préparation d’artillerie les chasseurs, ‘’à cheval sur le dernier obus’’, finissent par sauter dans quatre tranchées allemandes et c’est le corps à corps – grenadiers allemands de près de deux mètres de taille, faisant tournoyer leurs crosses, contre les petits chasseurs d’un mètre soixante-cinq, plus lestes pour manier leur baïonnette fixée au bout de leur long fusil. Ce sont les ‘’Diables bleus’’ du bataillon de la Garde contre les ‘’Loups gris’’ de la garde prussienne.Le soir, la progression du 24 a été de 1500 mètres dans le dédale des tranchées sur un front de 400 mètres, dans un terrain jonché de cadavres et de blessés des deux camps. Sur le reste du front d’attaque, les résultats ont été heureusement plus heureux. A gauche du 24, les zouaves de la division marocaine ont enlevé le fort de la Malmaison en une heure. Plus à l’ouest, certaines divisions ont atteint tous leurs objectifs dès le premier jour car elles avaient en face d’elles de jeunes recrues de la classe 18, à peine instruites et démoralisées par les six jours de 40


préparation d’artillerie, et qui n’ont pas tenu devant les tanks précédés de l’aviation qui mitraillait en piqué. Le lendemain, ce sont des statues de boue qui se lèvent des tranchées des chasseurs. L’avance est lente et pénible car les contre-attaques, violentes et brutales, débouchent des abris que les nettoyeurs de tranchées de la deuxième vague sont obligés de traiter à la grenade. Le 25, la progression reprend mais, cette fois-ci les ‘’loups gris,’’ débordés sur leur droite, décrochent lentement. Les chasseurs, galvanisés par ce spectacle, dévalent la pente en courant, baïonnette haute, atteignent leurs objectifs et les dépassent même pour s’offrir un magnifique balcon sur la vallée de l’Ailette. Ayant attaqué sur le terrain le plus difficile, le 24 a subi les pertes les plus importantes de la division, plus de 450 cadres et chasseurs hors de combat, soit plus de la moitié de l’effectif engagé. Le bataillon a obtenu une citation à l’ordre du Corps d’armée. Cette offensive à ‘’objectif limité’’ a redonné confiance à l’armée française car, au contraire de l’offensive désastreuse d’avril, elle a été cette fois-ci minutieusement préparée avec un formidable appui d’artillerie, de chars et d’aviation d’assaut. C’est la tactique qui sera désormais employée et qui mènera l’armée française à la victoire de 1918. Jean Giono, qui a participé à la reprise du fort de la Malmaison au sein du 140e RIA de Grenoble, a exprimé dans Le Grand Troupeau toute l’horreur de ces combats : « Il y avait toujours une trêve du petit matin, à l'heure où la terre sue sa fumée naturelle. La rosée brillait sur la capote des morts. Le vent de l'aube, léger et vert, s'en allait droit devant lui. Des bêtes d'eau pataugeaient au fond des trous d'obus. Des rats aux yeux rouges marchaient doucement le long de la tranchée. On avait enlevé de làdessus toute la vie, sauf celle des rats et des vers. Il n'y avait plus d'arbres et plus d'herbe, plus de grands sillons, et les coteaux n'étaient que des os de craie, tout décharnés. Ça fumait doucement quand même du brouillard dans le matin. » Lieutenant-colonel (h) Jean-Pierre Martin

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RECITS DES COMBATS DE SIDI-BRAHIM 23 au 26 septembre 1845 En 1845, l’émir Abd El Kader, refugié au Maroc depuis la défaite de l’Isly que lui a infligée le Maréchal Bugeaud en 1844, rentre en Algérie et tente de soulever la province d’Oran. Prévenu de la présence des troupes de l’émir et compte tenu de l’arrivée annoncée d’une colonne de secours, le Lieutenant-colonel de Montagnac qui commande le poste de Djemmaa-Ghazaouet (devenu Nemours) prend, le 21 septembre 1845, la tête d’une colonne formée de 354 chasseurs du 8è bataillon de Chasseurs d’Orléans et de 60 cavaliers du 2è escadron du 2è Régiment de Hussards aux ordres de Chef d’Escadron Courby de Cognord. Le 23 septembre au petit jour, laissant au bivouac le 2è Compagnie et la majeure partie de la Compagnie des Carabiniers aux ordres du Commandant Froment-Coste, la colonne s’élance à la poursuite des premiers cavaliers aperçus sur la crête dès le 22 septembre. A quatre kilomètres, elle tombe dans une embuscade et tente vainement de se replier ; mais les 5000 cavaliers de l’émir les entourent de toutes parts et, après trois heures de combats acharnés, Chasseurs et Hussards sont submergés et presque tous massacrés. Alerté par le maréchal des logis chef Barbut du 2è Hussards, le Commandant Froment-Coste qui s’est porté à leur secours avec la 2è Compagnie succombe à son tour. Le Capitaine Dutertre et l’adjudant Tomas sont faits prisonnier. Le dernier et le plus tragique des épisodes allaient commencer. Le Capitaine de Gereaux réunit les derniers combattants du bivouac et se porte au secours de ses Frères d’Armes, pris à son tour dans le piège, ne pouvant percer le cercle ennemi qui l’entoure ni battre en retraite, il regroupe en carré les 80 chasseurs de la Compagnie des Carabiniers.

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Il décide alors de rejoindre, à quelques centaines de mètres de là, l’enceinte du Marabout de Sidi-Brahim qu’il atteindra après une percés sanglante au corps à corps, à la baïonnette. Au cours des combats, tous les officiers sont blessés, un drapeau de fortune confectionné avec une cravate bleu, un mouchoir blanc et la ceinture rouge du Lieutenant de Chapdelaine est hissé sur le sommet de Marabout, sous une pluie de balles, par le Caporal Lavayssiere. Leur résistance va durer trois jours depuis le matin du 24 jusqu’au 26 septembre à six heures du matin. Sommé par trois fois de se rendre, le Capitaine répond à deux reprises qu’il résistera jusqu’au bout. La troisième fois, le Caporal Lavayssiere réplique « Merde à Abd E Kader ! Les Chasseurs se font tuer mais ne se rendent jamais ! » Le Capitaine Dutertre, prisonnier, est conduit face à eux pour les inviter à se rendre. Il leur crie : « Chasseurs, si vous ne vous rendez pas, on va me couper la tête, je vous le dis, faites-vous tuer jusqu’au dernier plutôt que de vous rendre ». Sa tête tranchée sera promenée autour du Marabout. Le Clairon Rolland, prisonnier lui aussi, reçoit l’ordre de sonner « LA RETRAITE » ; il avance et sonne « LA CHARGE ». Toutes les attaques échouent, malgré le manque de munitions, la chaleur intense, la faim et la soif qui torturent les chasseurs. Le 26 septembre au lever du jour, les survivants formés en carrés, les blessés au centre, s’élancent après avoir enlevés leur drapeau improvisé, bousculent l’ennemi et engagent une difficile retraite vers le poste de Nemours. Après une journée de marche épuisante, sous un soleil brûlant, harcelés en permanence par les cavaliers arabes, les chasseurs ne sont plus que trente lorsqu’ils rejoignent l’Oued Marsa à 2 kilomètres du poste. C’est alors l’ultime massacre pendant qu’ils se jettent à l’eau pour se désaltérer enfin. Le caporal Lavayssiere ne réussira à rejoindre le poste qu’avec 16 survivants dont le Hussard Nataly.

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Tel fut le combat où 8 Officiers, et 252 sous-officiers, clairons, caporaux et chasseurs ont été massacrés. Les restes des héros de Sidi-Brahim sont alors rassemblés à Nemours dons le TOMBEAU des BRAVES. En 1962, ils ont été ramenés en France et reposent, depuis 1965, au château de Vincennes, d’abord au Musée des Chasseurs, puis, à partir de 1995, dans la crypte de la Tour du Roi. Depuis 1845, l’expression « Faire Sidi-Brahim » qui est passée dans le langage courant signifie « REMPLIR LA MISSION, EN ALLANT S’IL LE FAUT JUSQU’AU SACRIFICE SUPREME » Les chasseurs et les hussards d’aujourd’hui sont prêts, comme leurs ainés du 8è d’Orléans et 2è Hussards, à suivre cet exemple d’exigence et de fidélité au devoir, exemple maintes fois imité et sous tous les cieux où ont combattu les chasseurs.

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INAUGURATION DU JARDIN DES CHASSEURS ALPINS ET DE LA RUE DU 22ème BCA A NICE Le vendredi 30 octobre 2015, à 15h, face au n°17 de l’Avenue des Diables Bleus et tout près du Quartier Saint-Jean-d’Angély, une cérémonie a été organisée par la DMD 06, la municipalité de Nice et l’Amicale Nationale du 22ème BCA. Il s’agissait d’inaugurer le « Jardin des Chasseurs Alpins » et la « Rue du 22èmeBCA ». La musique des sapeurs-pompiers de Nice, en uniforme d’apparat, rythma les différents moments de cette belle et émouvante cérémonie. La présence d’un piquet d’honneur du 27èmeBCA, en tenue Solférino et venu tout spécialement d’Annecy pour une seule journée, rehaussa l’éclat de cette inauguration. Un grand merci à ces sept chasseurs alpins ! La cérémonie se déroula en présence de nombreuses autorités civiles et militaires : Messieurs Christian Estrosi, député-maire de Nice et président de la Métropole Nice-Côte-d’Azur, Eric Ciotti, député et président départemental des Alpes-Maritimes, Philippe Rossini, conseiller départemental des Alpes-Maritimes et membre de l’amicale, François Rabut, président du Comité d’organisation des cérémonies du Centenaire 1914-1918, Olivier Robaut, conseiller municipal en charge des anciens combattants, Jean-Marc Giaume, conseiller municipal délégué au territoire « cœur de Paillon », à l’histoire et à la transmission de la mémoire, le Colonel Jean-Pierre Bédu, DMD 06, le LCL (h) Jean-Pierre Martin, président de l’Amicale Nationale du 22èmeBCA et des Troupes de Montagne, et des membres de la police nationale, du SDIS 06 et du PGHM. Une vingtaine de drapeaux et fanions étaient sur les rangs dont cinq portés par des membres de notre amicale à savoir : Alain Barale, avec le fanion du 22ème BCA (Nice), Jacques Bonavita avec celui du 24ème BCA (Villefranche/Mer), Fabrice Ghérardi avec le drapeau du Souvenir Français, Laurent Icardo avec le fanion de la Sidi-Brahim (Cannes) et enfin «l’indestructible » et toujours fidèle Yvon Improvisi avec le fanion de Menton. Ces quatre porte-fanion portaient eux aussi la tenue Solférino. Le LCL (H) Georges Trémoulet (vice-président de l’amicale), en tenue chasseur, tint son rôle de photographe habituel. Cette cérémonie entrait 45


dans le cadre des commémorations du centenaire de la guerre 19141918, dont plus particulièrement celle des chasseurs alpins, et les 100 ans des « Diables Bleus ». Après la levée des couleurs (par Laurent Icardo), Eric Ciotti dévoila la plaque du « Jardin des Chasseurs Alpins », sur laquelle on pouvait lire : « En souvenir des bataillons de Chasseurs Alpins en garnison à Nice - La ville de Nice reconnaissante ». Il prit ensuite la parole, suivie du discours de Christian Estrosi. Puis trois gerbes furent déposées par l’Amicale du 22ème BCA, le président du département et la ville de Nice. S’ensuivirent la Sonnerie aux morts, la minute de silence, la marseillaise et le salut des autorités au dispositif. Ensuite fut inaugurée l’exposition en hommage aux Chasseurs Alpins, commentée par Jean-Marc Giaume. Les différents tableaux exposés, représentant des chasseurs au siècle dernier, ont été fournis par Madame Arrigo-Schwartz. Toute l’assistance se déplaça ensuite pour dévoiler de la plaque « Rue du 22ème BCA », (enfin !) et pour inaugurer également l’exposition « Les Chasseurs Alpins » à l’espace « l’avant-scène » du Pôle Universitaire Saint-Jean d’Angély (du 30 octobre au 30 novembre 2015 / de 8h à 18h). En ce grand jour pour les chasseurs, de très nombreuses « tartes» se remarquaient parmi la nombreuse assistance. L’Amicale du 22 était fort bien représentée et ses membres trop nombreux (oserais-je dire « pour une fois » !) pour être tous cités nominativement. Tous les anciens chasseurs alpins des Alpes-Maritimes et ceux, très nombreux en France, qui ont servi au 22ème BCA sont honorés et touchés par l'hommage qui leur a été rendu par la ville de Nice et le département des Alpes-Maritimes. A ce propos, il faut remercier très chaleureusement Messieurs Christian Estrosi, député-maire de Nice et président de la Métropole Nice-Côted’Azur, François Rabut, président de la Commission du Centenaire, ainsi qu’Eric Ciotti, député et président départemental des Alpes-Maritimes, pour leur aide permanente et leur soutien envers notre amicale et les chasseurs alpins. Georges TREMOULET 46


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HOMMAGE AUX CHASSEURS DES BATAILLONS DE France MORTS POUR LA PATRIE Comme chaque année l’Amicale Nationale du 22ème BCA s’est rendue, le lundi 2 novembre 2015 à 15h, au carré militaire du cimetière de Caucade, à Nice, devant le Monument national des chasseurs, afin de rendre hommage aux 82.045 officiers, sous-officiers, caporaux-chefs, caporaux et chasseurs morts pour la Patrie de 1914 à 1918. Pendant cette même période le bataillon perdit 1424 hommes (49 officiers, 109 sous-officiers et 1266 caporaux et chasseurs). Cette cérémonie s’est déroulée en présence des autorités civiles et militaires et de nombreux porte-drapeau. Etaient présents, entre autres, messieurs Olivier Robaut et François Rabut, représentant la ville de Nice, le représentant du préfet, le Capitaine de Vaisseau Alain Moretti, représentant le DMD 06, ….. Le Souvenir Français était représenté par le Général (2S) Alfred Morel, délégué départemental pour les Alpes-Maritimes et membre de l’Amicale Nationale du 22ème BCA dont il fut également le président. ème BCA était représentée par son président, Pour sa part, l’Amicale du 22 le LCL (h) Jean-Pierre Martin, accompagné de son épouse Martine, le LCL (h) Georges Trémoulet (2ème vice-président) en tenue chasseur, les portefanion Alain Barale (1er vice-président), Jacques Bonavita et Laurent Icardo en tenue Solférino. François Patino (tarte sur la tête) et les deux éclaireurs-skieurs (tarte blanche) Jacques Davrainville (Vice-président national de l’ANAESTM) et Georges Vergès (Président ANAESTM PACA) porteur du fanion, complétaient le dispositif devant le monument des chasseurs qui avait été inauguré par le maréchal Philippe Pétain le 23 avril 1922.

Le LCL (h) Jean-Pierre Martin déposa une gerbe aux couleurs chasseur et, après la Sonnerie aux morts exécutée par la Musique des sapeurspompiers de Nice et suivie d’une minute de silence, une vibrante marseillaise fut entonnée par toutes les personnes présentes.

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Après le salut des autorités, celles-ci suivirent les porte-drapeaux, passant successivement devant divers points le long du parcours prévu par le protocole. Les membres présents de l’Amicale replièrent leurs fanions, rangèrent leurs tartes et regagnèrent leurs voitures en attendant de participer aux futures cérémonies du 11 novembre…. Georges TREMOULET

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CONFERENCES EN DUO LE 28-11-2015 par le LCL Jean-Pierre MARTIN et Martine ARRIGO-SCHWARTZ Dans le cadre de la commémoration du centenaire de la Grande Guerre, la ville de Nice a organisé une série de manifestations et de conférences que terminaient celles de ce jour, samedi 28 novembre2015, en la salle des associations de Nice place Garibaldi. A 15h Jean-Marc Giaume, conseiller municipal délégué au Patrimoine Historique, présenta les conférenciers en présence de François Rabut, responsable et coordinateur des manifestations niçoises consacrées à ce centenaire : le LCL Jean-Pierre Martin et Martine Arrigo-Schwartz. Un concert ayant pour thème « Chants de chasseurs alpins, chants de guerre et patriotiques » et interprétés par deux chorales du haut-pays niçois, Saint-Martin-Vésubie et Valdeblore suivra les deux orateurs. Le LCL Jean-Pierre Martin, historien et président de l’Amicale Nationale du 22ème BCA entama les « hostilités » avec la conférence qu’il aurait dû nous présenter le samedi 14 novembre (annulée à la suite des tragiques évènements parisiens du vendredi 13) et intitulée : « La guerre en montagne de Jugurtha à la libération des Alpes en 1945 ». La première guerre montagnarde se déroula en -218 avant JC avec la traversée des Alpes par Hannibal, son armée et ses éléphants, expédition au cours de laquelle il perdit les trois quart de son armée en raison de la dangerosité du terrain et de l’hostilité des populations locales. Les propos de notre président, agrémentés de projections très ludiques, nous permirent de découvrir l’évolution des tactiques guerrières au fil des siècles, de cette lointaine époque jusqu’à nos jours, avec les guerres de 39-45 puis d’Algérie et des TOE (Afghanistan entre autres). Puis, Martine Arrigo-Schwartz enchaîna avec sa conférence sur « L’origine des Chasseurs Alpins », accompagnée de gravures et de cartes postales d’époque, dernière d’un cycle entamé au printemps à Valdeblore, Venanson et Saint-Martin-Vésubie. Lui succédaient à chaque 52


fois les excellentes chorales locales du haut-pays, descendues ce jour de leurs montagnes pour notre plus grand plaisir. La chorale de Saint-Martin interpréta des chansons de l’époque de la guerre de 14-18, entrecoupées par les refrains des bataillons dont certains, un tantinet grivois, amusèrent beaucoup les spectateurs qui les découvraient. La deuxième chorale, « La Valdeblourenc », enchaîna avec des chants de la même époque, dont certains en patois. Comme d’habitude, peu de tartes dans l’assistance, on notait la présence des généraux Philippe Chatenoud, Alfred Morel et le LCL Georges Trémoulet, accompagné de son épouse, venus écouter leur président, le LCL Jean-Pierre Martin. La manifestation se termina vers 18h30 par une marseillaise que l’assistance reprit avec ferveur. Christine Tremoulet

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4 .Relations extérieures. 11 NOVEMBRE A LUNEL Lunel a commémoré l’Armistice de 1918 Un office religieux auquel participait le maire, son conseil municipal ainsi que le Commandant de la Brigade de Gendarmerie a ouvert cette journée du souvenir. Plusieurs centaines de lunellois sont descendus dans la rue pour se joindre au cortège venu de l’Hôtel de Ville et qui se dirigeait vers le Parc Jean Hugo, là où se trouve le Monument aux Morts.

Pendant l’office religieux, dirigé par un chef de chœur et sous la responsabilité de l’Adjoint délégué à l’enfance, 200 enfants étaient réunis dans la salle du conseil municipal afin de répéter notre hymne national. En ma qualité de maître de cérémonie, j’ai voulu mettre à l’honneur les 4 établissements scolaires représentés. Les enfants furent acteurs tout au long de la cérémonie-montée des couleurs, lectures du message de l’UFAC ainsi que de la lettre échangée entre un poilu et sa famille, dépôt de deux bouquets de fleurs. Suite à l’appel des 58 poilus lunellois tombés en 1915, ils répondaient : « Morts pour la France ».

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Après la traditionnelle Sonnerie aux morts c’est une vibrante Marseillaise qu’ils ont interprétée, le dernier refrain étant repris par l’ensemble de l’assistance. La municipalité conviait ensuite les participants à un vin d’honneur accompagné de jus de fruits pour la jeune génération. Daniel Thiery

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5. Réseau national. 11e Rassemblement Régional deS D.B. d’Alsace (27 septembre 2015) Le Mémorial du Linge, lieu de mémoire, a servi de cadre à la commémoration du 170 e anniversaire des combats de Sidi-Brahim et du Centenaire des combats du Linge, sanglante bataille, épisode de la guerre de montagne pendant la bataille pour les frontières de l'Est qui coûtera la vie à plus de 17.000 soldats dont 11.000 Français, essentiellement des chasseurs, pour des résultats dérisoires, sans grande avancée de part et d'autre, combats durant lesquels, du 25 juillet au 16 octobre 1915, dixsept bataillons des 3e et 5e Brigades de Chasseurs, confrontés à des Jäger allemands, furent décimés.

Alsaciennes, fanions et drapeaux au Linge

La cérémonie, présidée par le Colonel (h) Gilbert Dollé, Président Régional des Diables Bleus d'Alsace et ancien chef de corps des 31e et 30e B.C.P, a débuté sous la direction de l'officier du protocole le Chef de bataillon (h) Georges Bossler qui a accueilli les autorités et personnalités civiles et militaires, notamment le sous-préfet Daniel Merignargues, représentant le Préfet du Haut-Rhin, la Sénatrice Patricia Schllinger, le Président du Conseil Départemental Éric Straumann le Colonel (h) Olivier Latremoliere, Vice-président de la Fédération Nationale des Amicales de Chasseurs, représentant le Président Fédéral, le Lt-Colonel Christophe Hesry, commandant en second le 152e R.L, représentant le Général de Corps d’armée Paccagnini, Gouverneur Militaire de Metz et la Région 57


Terre-Nord-Est, le Colonel Constant Caylus, commandant le Groupement de Gendarmerie du Haut-Rhin, le Général (2s) Dominique Muller, Président du Mémorial du Linge et Guy Jacquet, Maire d'Orbey. Moment d'émotion avec la lecture du récit des combats de Sidi-Brahim par le Chef de Bataillon (H) Alain Finel. Au cours des refrains, à l'appel de chaque bataillon, une fleur bleu-jonquille était plantée symboliquement dans un grand cor de chasse par Jean-Robert Haefele, un ancien du 22e B.C.A, accompagné de deux Alsaciennes en costume régional. Une vibrante Sidi-Brahim, chantée par les chasseurs, a conclu cette phase de la cérémonie et un dépôt de trois gerbes par les autorités a précédé la sonnerie aux Morts suivie de l’’hymne national et du salut aux emblèmes.

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Le Président Régional, accompagné du Cne Laurent (16 BC), du Colonel Latremoliere (FNAC) et du Lt-Colonel Hersy.

La manifestation mémorielle s’est poursuivie au Monument aux morts, place de l'Eglise à Orbey, où un second dépôt de gerbes a eu lieu. Un défilé de l’ensemble des participants, fanfare, fanions et drapeaux en tête, a rejoint la salle polyvalente pour le verre de l'amitié offert par la municipalité et le Repas du Centenaire qui a réuni 110 convives dans l'habituelle ambiance de camaraderie propre à tous les chasseurs. Dans son allocution, après avoir salué tous les participants et remercié chaleureusement les porte-fanions et porte-drapeaux, le Colonel (h) Dolle adressa ses vifs remerciements aux représentants du 16e Bataillon de Chasseurs de BITCHE et du 152e Régiment d'Infanterie de Colmar qui, malgré les conditions difficiles et les missions nouvelles de nos armées sur le territoire national, ont autorisé le concours de deux détachements en armes pour rehausser nos cérémonies. 58


Puis, redonnant le sens, en 2015, de la commémoration de Sidi-Brahim et de la Bataille du Linge, il mit en exergue le fameux «esprit chasseur» et rappela, en ces temps troubles et mouvementés, la nécessité de continuer à honorer ceux qui sont morts pour la Patrie ou au service de la France, à rendre hommage à leur sacrifice et de respecter le culte du Souvenir et le devoir de Mémoire qui nous incombent à tous, mais aussi de demeurer vigilants pour les temps à venir, en concluant par ces mots qu'Albert Einstein prononça dans les années 1930: «Le monde est dangereux à vivre, non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire».

Fanions et drapeaux ouvrent le défilé à Orbey.

Notre manifestation mémorielle annuelle a rassemblé plus de 200 participants dont 11 fanions et 60 chasseurs de 7 amicales, la plupart en tenue bleue, 47 Présidents et membres d'associations patriotiques du Haut-Rhin et du Bas-Rhin avec 19 drapeaux, 2 piquets d'honneur du 16e Bataillon de Chasseurs et du 152• Régiment d'Infanterie, des représentants du 2e Régiment de Hussards et du Régiment de Marche du Tchad, la clique des sapeurs-pompiers d’Orbey, ainsi que 2 Alsaciennes en costume régional, marque de notre province. Jean-Robert Haefele Secrétaire des D.B. d’Alsace

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6. Souvnirs En mémoire de mon grand ami Henri Béraud. Nous avions une même passion : les figurines. Son grand regret a été de devoir abandonner cette passion suite à de graves problèmes de vue. Michel Laugier Texte écrit en 2002

DU SOLDAT DE PAPIER AU PLAT D’ETAIN Un Noël alsacien C’était chez mes grands-parents maternels, au début des années 1930. Au pied du sapin illuminé, mes yeux d’enfant, émerveillés, découvraient plusieurs rangées de soldats, alignés pour une parade style « Belle Epoque ». J’étais très heureux et fier de ce cadeau car ces soldats de carton avaient été confectionnés par mon grand-père, selon une vieille tradition strasbourgeoise remontant au 18e siècle. Mon grand-père avait acheté plusieurs planches de « petits soldats de Strasbourg » en papier (style planches d’Epinal). Il avait collé la feuille sur un carton léger, avait découpé finement chaque figurine et fixé à chaque socle un petit plot de bois pour mieux stabiliser le petit soldat. J’ai profité de la leçon. Quand j’avais un peu d’argent de poche, j’achetais des planches de petits soldats de Strasbourg ou d’Epinal et je les montais moi-même. Quand j’étais plus fortuné, je m’offrais des planches de soldats « Pro Patria » qui avaient l’avantage de montrer la figurine rectoverso et, pour mieux les stabiliser, j’ajoutais un petit plot de bois. Mes planches préférées concernaient les chasseurs alpins (mon père avait fait la Grande Guerre dans cette arme d’élite) et l’Armée d’Afrique, haute en couleurs. Le soldat de contre-plaqué Entré au collège, je suis passé au stade supérieur : le soldat de contreplaqué, découpé avec une fine petite scie et peint à la gouache. Je décalquais mes modèles dans notre livre d’histoire, le célèbre « Mallet et Isaac »….. Puis vinrent les années de guerre (nous étions réfugiés dans le Jura), le Maquis, le front des Alpes et d’Alsace, l’occupation en Italie et en Autriche, l’Indochine…. 60


Le « Segom » Etant élève à Saint-Cyr-Coëtquidan (1951), je tombai, lors d’un passage à Paris, en arrêt devant la très modeste vitrine de la boutique Segom, qui fabriquait des figurines dans un plastique spécial (le soldat de plomb était alors hors de prix). Je succombai à la tentation devant la garde d’un drapeau de demi-brigade d’infanterie de la campagne d’Egypte, mais il m’a fallu encore de longues années (re-Indochine, Algérie) avant d’être affecté en Allemagne (1963) et de pouvoir meubler mes dimanches d’alerte (nous étions en pleine guerre froide) en montant des figurines Segom, reçues en pièces détachées. Après la recherche passionnante de la documentation, c’était la peinture avec des tubes de peinture à l’huile.

Infanterie 1791 Les collectionneurs français de figurines militaires sont souvent étonnés lorsque je leur annonce que ma période préférée est celle des années de la Révolution. Mais pas par idéologie car j’ai toujours eu en horreur les excès des « révolutionnaires »…. J’avais, en effet, nourri mon adolescence à la lecture des « romans patriotiques » d’Erckmann-Chatrian dont le très bon « Madame Thérèse » qui racontait les périples et le patriotisme d’un bataillon de volontaires vosgiens. Ayant aussi appris, par la légende familiale, qu’un lointain parent avait participé à la campagne d’Egypte dans les rangs d’un bataillon de volontaires des Hautes-Alpes, je me suis plus particulièrement intéressé aux uniformes de l’infanterie de cette époque-qui furent aussi ceux des débuts de l’épopée impériale… Je devais revivre ce patriotisme, cet état d’esprit et aussi ce dénuement vestimentaire au sein d’un bataillon de volontaires du Jura, devenu le I/159e RIA, en 1944/45. 61


Après avoir peint le représentant de chaque arme ou subdivision d’arme, je me suis plus particulièrement attaché aux drapeaux des bataillons de régiments d’infanterie de 1791, complètement éclipsés par la propagande « républicaine » et l’iconographie orientée… Le Plat d’Etain Comme je ne pouvais pas monter des dioramas avec des « Segom » 54mm, j’ai profité de mon séjour outre-Rhin pour commander des figurines « plat d’étain ». J’ai ainsi pu présenter un épisode de la campagne d’Egypte, car il n’y avait qu’en Allemagne que l’on pouvait trouver des soldats de la Révolution française… Les Allemands avaient reproduit leurs anciens « occupants » tels qu’ils étaient vraiment vêtus, avec une précision toute germanique.

Cantinières IIe Empire Ayant aussi eu une arrière-grand-mère cantinière de la Garde impériale au siège de Sébastopol (1855), je me suis procuré, toujours en Allemagne, la série complète des cantinières françaises du Second empire. La retraite venue, je me suis remis à la peinture de figurines mais, il y a une dizaine d’années, ce fut le drame ! Une « dégénérescence maculaire » mit fin à mon « dada » préféré en l’espace de 8 jours…C’est la vie ! Mais je peux encore admirer dans mes deux vitrines, (avec l’aide d’une loupe), des représentants de la lente évolution du « petit soldat de Strasbourg » au « plat d’étain » allemand….. Henri Béraud (2002) 62


A l’Honneur : UN AMICALISTE QUI BAT DES RECORDS Charles Stora, membre de l’Amicale du 22ème BCA depuis début 2010 a fêté ses 96 ans cette année. Né le 1er mai 1919, adjudant-chef, outre les années, totalise également un nombre impressionnant de décorations et médailles (LH / MM / ONM / Croix de Guerre, etc…). 20 au total et sur son tableau d’honneur (ou de chasse ?) il lui en manque une …

Et chaque fois qu’il le peut, il ne manque pas de participer aux principales cérémonies patriotiques à Antibes où il réside, notamment ce dernier 11 novembre où Christine et moi-même eurent le grand plaisir de le revoir et de lui faire la bise. Un bel exemple à suivre ! Chapeau l’Ancien, et longue vie …. Georges Tremoulet 63


Le 22 à Merkala, une bande de copains Nos amis Pierre Azam et Jean Crosera nous ont fait parvenir un petit reportage photos, souvenirs d’une bande de copains durant leur séjour à Merkala, en voici la première partie.

1. Adjudant Gauthier, ancien para d’indo ; 2. Capitaine Gibaut ; 3. Un Caporal-chef ; 4. Un Sergent ; 5. Vota ; 6. Aiperto ou Astrego ; 7. Crosera J-B ; 8. Hugou Hubert ; 9. Moi, Mathieu Jean-Claude.

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1. Lieutenant Chevalier ; 2. Jean-Bruno Crosera ; 3. Vota ; 4. Aiperto ou Astrego ; 5. Della Pietra ; 6. Astrego ou Aiperto ; 7.Moi, Mathieu Jean-Claude ; 8. Hugou Hubert Nous sommes libérés, partis de Merkala, le GMC tombe en panne, nous attendons un autre véhicule. 65


ROBERT GRIFFE : L’HISTOIRE D’UN INSTITUTEUR EN KABYLIE AU 22ème BCA Préambule : cet article a pu être rédigé grâce aux écrits personnels de Robert Griffe et aux divers documents et photos aimablement confiés au rédacteur par sa famille. Qu’elle en soit vivement remerciée car cela nous aura permis de mieux connaître la vie de cet instituteur du siècle dernier, tel que la décrivait Marcel Pagnol dans « La gloire de mon père », ainsi que celle d’un instituteur français, appelé à enseigner à des enfants kabyles durant son service militaire en Algérie au 22ème BCA. ----------------------------------------------------------------------------------Robert Griffe, né le 10 mars 1935 à Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) quitta l’école normale d’Avignon le 14 juillet 1957. En possession de son baccalauréat, il entama son métier d’enseignant dans les Alpes-de-HauteProvence (04). D’après ses dires, le mot « enseignant » signifiait pour lui : « amour des enfants », « envie de leur ouvrir la route vers l’avenir, avec tout ce que cela comporte de moments de doutes, de joies aussi ». C’est aussi « guider les parents qui sont parfois perdus dans les dédales de l’éducation». Toute sa vie fut régie par ces merveilleux principes. Il entama sa première classe début octobre 1957 à Peyroules (04) puis en 1958 obtint son 2ème poste à Saint-Benoît (04). Pendant les vacances d’été, à Cagnes-sur-Mer, sur la plage, il rencontre Nicole, qui allait devenir son épouse en 1962. Sa carrière d’enseignant fut interrompue par son service militaire, et ce pendant 28 mois. Appelé sous les drapeaux le 1er janvier 1959, après ses classes, il fut affecté en Algérie et rejoignit la Kabylie au printemps 59, au 22ème BCA alors commandé par le chef de bataillon Maraval de Bonnery. Il fit quelques opérations comme voltigeur mais sa condition d’enseignant lui valut d’être versé au 3ème Bureau - pacification. A la 1ère Compagnie cantonnée au poste de Merkala (situé à 930 mètres d’altitude, dans la chaîne montagneuse du Djurjura), il put à nouveau exercer son métier d’enseignant… Voici un extrait de sa mission : « j’enseignais en dehors du camp, 50 élèves le matin, 50 autres le soir. J’étais chez les Kabyles, en montagne. 66


Ecole de Tassala

Merkala Noël 1959 Les 2 écoles de Merkala et Tassala réunies pour gouter.

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J’aidais aussi l’infirmier à soigner sommairement les malades. Les populations des deux villages de Merkalla et Tassala m’adoraient. Je prenais souvent le café ou le thé à la menthe et j’étais régulièrement invité à manger le couscous. J’étais parvenu à obtenir des cahiers et des crayons. J’ai même reçu des jouets pour Noël, envoyés par le Touring Club. J’appris aussi à faire des poteries selon des procédés datant de 2 à 3000 ans. Au bout de 28 mois, son temps de service militaire arriva à son terme et il fut rendu à la vie civile en 1961. En avril, il retrouva son poste d’instituteur au petit village de Saint-Benoit (35 habitants seulement, mais 23 élèves de 6 à 14 ans !) Pour son troisième poste, il fut affecté à Annot (04) et, à la rentrée (le 18 octobre 1963), il eut la difficile charge d’enseigner dans une classe double : CE2 et CM1, ce dont il s’acquitta parfaitement grâce à son expérience et à la conception de son métier d’enseignant, dont les trois lignes conductrices ont été définies par lui au début de cet article. A la fin de cette année scolaire, il put enfin réaliser son rêve : obtenir un poste dans sa ville natale de Cagnes-sur-Mer, qu’il regagna dès fin juillet 1964. Et, comble de bonheur, il fut nommé à l’école Jules Ferry, lieu de sa scolarité primaire pendant la guerre, de 1940 à 1944. Il eut en charge une classe de fin d’études de 36 garçons, âgés de 14 ans environ, très turbulents, insolents (les « blousons noirs » de l’époque) et qui n’avaient pas pu ou pas voulu entrer en 6ème. Là encore, il réussit à s’imposer et à leur donner ou à leur redonner le goût au travail et à l’étude. Sur ses 36 élèves, 35 obtinrent leur certificat d’étude (le 36ème avait décrété en début d’année qu’il ne l’aurait pas !) et se disputèrent les différents prix du canton….Beaucoup d’entre eux connurent, grâce à lui, la réussite professionnelle. Il apprit plus tard qu’un fils de métayer arménien était devenu milliardaire en montant une société de production de films. Un autre développa une exploitation de roses. Et beaucoup devinrent de bons artisans…. Pendant plus des vingt années où il exerça dans les écoles de Cagnessur-Mer, Robert Griffe resta fidèle à ses principes éducatifs et fut un précurseur en promotionnant les sports et les activités culturelles. Il le dit fort bien lui-même dans ses mémoires : « Mon métier d’enseignant m’a toujours procuré un immense bonheur, mais je crois que c’est moi qui en 68


suis l’artisan car j’ai toujours pensé qu’il fallait donner aux enfants du savoir avec art, avec amour, comme un peintre, comme un compositeur. Les chères petites têtes, c’était pour moi une partition vivante. J’ai voulu non pas modeler cette matière vivante à ma manière, mais développer leur intelligence, leur sociabilité, leurs aptitudes physiques et artistiques, les aider dans leur recherche du bien et du mal. Ce fut mon rôle éducatif ! Dans leur quête du bonheur quotidien, il fallait qu’ils se sentent bien à l’école, qu’ils viennent volontiers dans ce cadre de vie qui, je l’avoue, n’était pas adapté à eux… » Son dernier poste, il l'obtint à l’école de la Pinède, de 1974 au 30 juin 1990, date où, après 33 ans d’enseignement, il prit sa retraite à Cagnessur-Mer. Il put ainsi se consacrer à sa famille : sa femme Nicole, (décédée le 4 Juin 2006), ses deux enfants, Roland (né en 1963) et Magali (née en 1968), et ses trois petits-enfants : Tom, Laura et Antoine. Il s’est également investi dans le monde associatif et militaire. Sur son diplôme n°3107 du 10 octobre 1977 lui attribuant la Croix du Djebel (échelon Bronze) figurait la citation suivante : « Président fondateur de la section UNCAFN de Cagnes-sur-Mer, dont il a assuré la direction durant 3 années, avec un dévouement et un dynamisme exemplaires. Ayant dû se retirer de la présidence de la section pour raisons de santé, il n’en a pas moins continué à œuvrer pour elle en qualité d’administrateur. A bien mérité de l’UNCAFN ! » Pour sa période militaire en Algérie, il s’était vu décerner le « Diplôme de la Médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l’ordre avec agrafe Algérie » signé le 22 décembre 1959 par le chef de corps du 22ème BCA, le chef de bataillon Maraval de Bonnery. Il avait également reçu le Diplôme de reconnaissance des services rendus à la Nation (n°06.2535), décerné le 19 avril 1971 par l’ONAC de Nice. Robert Griffe, après cette vie bien remplie, a posé son sac le 23 Août 2012, dans sa 78ème année. Hommage lui soit rendu car « Au 22, on s’estime ».

LCL (h) Georges Tremoulet

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7. Le carnet. NOUVEAUX ADHERENTS Jean Crosera, Jean-Charles Pourchier, Eric Tron, Gilbert Rodière, Jacques Visconti, Marc Fossoud. Nous leur souhaitons la bienvenue

NOS PEINES Nous faisons part des décès de : Serge Pépino, survenu le 4 septembre Dominique Twitchin, survenu le 29 novembre Aux familles, aux amis, aux proches, nous présentons nos très sincères condoléances.

ENCOURAGEMENTS Pascal Bois, Georges Vergès, Pierre et Mireille Azam, William Amision, Marcel Héraudet, Henri Pommier, Fabrice Ghérardi, Florent Meyer, Maurice Bévillard, Mme. Veyrat-Parisien, Mme. Baysang, Mme. Hallé, Michel Vaugarny, Yves et Dominique Pellegrin.

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8. Solidarité. LISTE DES DONATEURS (2eme liste) Bonavita, Crosera, Mouriès, Nardini-Roux, Y. Pellegrin, Petitot, Pintos, Stora, Barre.

Solidarité Edouard Fournier La tombe d’un ancien du 22e bataillon de chasseurs à pied retrouvée et restaurée ; Edouard Fournier est tombé en 1916, durant les rudes combats d’Alsace.

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9. Remerciements. Nous remercions vivement l’Amicale du 6e BCA ainsi que la Fédération des Soldats de Montagne pour leur aide apportée à la restauration de la plaque commémorative du 6e BCA, apposée sur la façade du bâtiment de l’officier de permanence de notre ancien quartier.

La plaque avant et après restauration

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En ce début 2016, le Président et le Comité Directeur vous présentent leurs meilleurs vœux pour cette nouvelle année.


NUL NE CRAINS ______________________________________ Association n° W062000495 du 25/02/1958 Régie par la loi du 01/07/1901 N° Siren 522821651 Affiliée à la Fédération Nationale des Amicales de Chasseurs sous le n° 1905 et à l’Union des Troupes de Montagnes. Reconnue d’utilité publique et affiliée à la Fédération Nationale André Maginot sous le n° 30

Courriel : amicale.22bca@gmail.com Directeur de la publication : Jean-Pierre MARTIN Rédacteur en chef : Alain BARALE Comité de correction : Josette et Daniel THIERY Réalisation technique : Jean-Paul GIABBANELLI Impression : FAC COPIES – OFFICE DOCUMENTS – Tél : 04 93 55 20 20 BULLETIN DE LIAISON DE L’AMICALE NATIONALE DU 22ème BCA ET DES TROUPES DE MONTAGNE ; SIDI-BRAHIM DE CANNES, NICE, VILLEFRANCHE-SUR-MER Siège social : Maison du Combattant 36 bis boulevard Risso 06300 NICE


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