~EBEL LASOIF:. ALPINS LA RANDE ABYLIE
CHAINE
22e BATAILLON ALPIN DE CHASSEURS A PIED A la fin de 1888, le 22e bataillon de chasseurs à pied est spécialisé" alpin », et occupe le quartier d'Albertville, en Savoie. En poste aux Chapieux, il va quitter BourgSaint-Maurice le 9 août 1914, pour gagner le front. Durant la Grande Guerre, le 22" BCA combat notamment en Alsace, dans la Somme, au Chemin des Dames, en Italie, en Flandre, en Champagne et en Picardie. Six citotions lUI valent la fourragère aux couleurs de la médaille militaire. Chargé de maintenir l'ordre sm la frontière danoise. il occupe ensuite la Rhénanie. Envoyé en garnison à Nice, il reçoit le surnom de "bataillon des Fleurs », En 1939. il tient d'abord les crêtes des Alpes, puis rejoint l'Alsace, avant de se battre pendant vingt jours sur le canal de l'Oise à l'Aisp-e. puis sur la Vesle et la Marne. M!!IIh8l1u
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~ il forme dans la Résistance les bataillons Esterel 9 et Corniche 22. Il se bat dans le secteur, de la haute Vésubie, au sud du front des Alpes. Dissous en 1945, il est reformé en 1951 à Nice, d'où il est envoyé au Maroc puis en Algérie. Dissous à son retour d'MN. Reformé le 1er mai 1964, à partir du centre d'instruction 22, en tant que 22e groupe de commandos alpins (22e GCA). Redevient BCA le 1er juillet 1969. Dissous le 31 juillet 1976, au grand regret de la population niçoise.
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Sous le soleil brûlant de l'été torride ou dans la neige poudreuse du qlacial hiver, les bataillons de chasseurs alpins, composés dans leur immense me jorité de jeunes appelés du contingent, ont tenu pendant toute la guerre d'Algérie une des régions des plus rudes du pays. Dans un décor de montagnes où certains sommets dépassent les 2 000 m, ils ont af ronté les maquisards kabyles, dont la réputation de guerriers ne s'est jamais démentie depuis les premières années de la conquête française. Intégrés dans la 27" division d'infanterie alpine, qui contrôlait un immense territoire à l'est d'Alger (correspondant à la willaya 3 de la rébellion), ces hommes, pour la plupart originaires de Savoie, du Dauphiné et de Provence, ont porté des coups très rudes à leurs adversaires de l'A LN, l'armée de libération nati:male algérienne. Ils n'ont cessé, jour et nuit, dans le vallées et sur les pitons, d'être présents dans ce paysage grandiose et chaotique, propice aux actions de guérilla. Les 6e, 7e et 27e BCA formaient la 4e demibrigade de chasseurs alpins et les 15e, 22e et 28" BCA, la 5" demi-brigade. L'une et l'autre de ces unités n'ont cessé de se trouver à la peine et à 1honneur .. Le 6" BCA est arrivé en Algérie des le 24 novembre 1954, moins d'un mois après la "oussaint sanglante, qui marqua le début de I'lnsurrection. Le 22" BCA n'a regagné la métropole q le le 30 janvier 1964, près de dix ans plus tard, alors que le cessez-le-feu était interrompu depuis le mo.s de mars 1962. L'histoire de ce« bataillon bleu» en Algérie est révélatrice de ce que fut cette aventure où les troupes, implantées au milieu des populations ndigènes, devaient mener de front les opérations milita ires et les tâches de pacification. Ses effectifs grossis au mois de septembre 1955 par l'arrivée des rappelés, le 22e BCA quitte sa qernison traditionnelle de Nice pour le Maroc, où .1 va stationner dans la région d'Oujda. Quelques "llois plus tard, l'unité franchit la frontière algérienne et rejoint Michelet, sur les pentes nord de la célebre chaîne montagneuse du Djurjura. Dès leur arrivée en Grande Kabylie, les alpins se heurtent à un acversaire très accrocheur qui multiplie embuscades, harcèlements et attentats. Le chef de bataillon Vuillemey, qui vient de succéder au lieutenant-colonel Parisot à la tête du 22e BCA, reçoit peu après l'o-dre de s'établir à Bouira, de l'autre côté de la chaîne montagneuse où il relève le 6e BCA, le bataillon de Grenoble et du Vercors. C'est un quartier part.culièrement difficile que le nouveau chef de corps doit pacifier. Les douars Haizer et Innesmane qui le cornposent s'accrochent le long d'un relief escarpé qui culmine à 2 12301 et porte le nom de Dent du Lon. Au pied de cette paroi, une plaine étroite descend jusqu'au ravin de l'oued Ed Douss en une suite de collines recouvertes d'un maquis très dense. Le quartier de Bourra a une superficie de 300 km2 e se trouve peuplé par environ 15 000 Kabyles, vivent dans une trentaine de villages et hameaux.
Les compagnies se répartissent le terrain : P CCAS (compagnie de commandement, d'app des services) à la ferme Porcher, à le. sortie es Bouira : 4" compagnie à la ferme Marcellin, au de la montagne; 1re compagnie à Merkalla, en d sous de la Dent du Lion, 3e compagnie à Allouane, à la même altitude mais plus à 1'1 2e compagnie à Tikjda, une station de montagne connue des Algérois. Cette région montagneuse et farouche se trou alors sous le contrôle des rebelles. Les fellagha, 0 les communiqués officiels nomment HLL ou_horsloi/ tiennent solidement en main la population qré à l'organisation politico-administrative, l'Op. qu'épaulent plusieurs compagnies ou katibas l'ALN. Les alpins doivent donc courir la montag poursuivre les insurgés et tenter, en même tem] d'identifier et de détruire les cadres politiques de rébellion. Tandis que les compagnies et les sections se répi tissent dans des petits postes, afin de quadriller mieux ce quartier de la Grande Kabylie, leurs advi saires tentent de maintenir leur emprise sur la pop lation des douars en liquidant systématiquement to leurs compatriotes susceptibles de se laisser tent par la solution française du drame algérien. Les ur tés du 22e BCA reçoivent l'ordre de multiplier 1 sorties -et de disputer sans cesse à l'ennemi le te rain et la population, véritable enjeu de cette guer impitoyable. Opérations et accrochages se mul plient. Très vite, les jeunes du contingent vont pro ver que leurs qualités guerrières ne le cèdent en rie à celles de leurs aînés de la bataille des Vosges E 1914-1918, où les bataillons de ch~sseurs alpins 0' gagné leurs lettres de noblesse.
L'embuscade Une simple ouverture de route, opération banek peut parfois tourner au tragique. Le 16 mai 1956, pe après 8 heures du matin, une patrouille de la 4" con pagnie quitte le poste de Tizi N'Djemaa. que con mande le lieutenant Vincent. Il s'agit d'aller-« ouvr la route» jusqu'au col de Tirourda. Le sergent SOt lignac commande la demi-douzaine de chasseur alpins chargés de cette mission. Ils avancent sur 1 piste de cette région très montagneuse; à l'oues l'énorme masse de l'Azerout Tidjer les domine de SE pierrailles rongées par le vent, le gel et le soleil; l'est, le regard plonge vers la vallée, en contrebas où se nichent les villages kabyles de Summeur, Ta} licht N'Ait Alsou et Tirourda. Il fait beau, quelque brumes de chaleur s'accrochent sur les somme! déchiquetés. Le sous-officier marche en tête. Se hommes le suivent à bonne distance, de part E d'autre de la route, prêts à se couvrir mutuellemer du feu de leurs armes en cas de mauvaise rencon tre. On compte un caporal, Aurensan, et cinq chas
montre. Lau sent comme une claque sur la joue. Il vient d'être atteint par un ricochet ou un éclat de pierre. Son visage ruisselle de sang. Il se met à insulter ses adversaires : - Salauds! lance-t-il. Il a crié ça, un peu pour se donner du courage, car il sent bien que la situation devient dramatique. L'alpin aperçoit des ombres qui quittent les couverts à quelques dizaines de mètres devant lui et bondissent pour trouver un autre abri et tenter d'encercler les survivants de l'embuscade. Lau possède des grenades à fusil. Il fixe le manchon à son arme, choisit une cartouche spéciale et expédie les projectiles en direction de ses adversaires. Les explosions retentissent dans la montagne. Sur les rochers, les éclats d'acier rebondissent et n'en sont que plus meurtriers. Les rebelles ne se dévoilent plus, mais ils sont toujours là, menaçants. Lau se rend compte qu'il va bientôt manquer de munitions. Il se retourne vers ses camarades et voit Aubert qui rampe pour lui passer un pistolet mitrailleur et quelques chargeurs. Il s'agit de tenir jusqu'à l'arrivée des renforts. Les fellagha continuent à tirer sur les alpins, les clouant au sol. Soudain, on entend des rafales de fusil mitrailleur. 224
C'est un 24/29 français. Le lieutenant Vincent arrive avec tous ceux qu'il a pu récupérer dans le poste de Tizi N'Djemaa. Les rebelles décrochent à toute allure, en emmenant leurs blessés. Presque seul face a une bande bien armée, Lau a tenu le choc et a repris la vieille tradition des chasseurs de « faire Sidi-Brahim ». Il sera promu caporal et décoré de la raédaille militaire. Ce sera le président de la Hép rblique. René Coty, qui lui remettra cette décoration aux Invalides, lors de la prise d'armes du 14-Juillet. En Grande Kabyli ., ses camarades du 22e BCA continuent à affronter leurs invisibles et coriaces adversaires. Le 19 septembre, la 3e compagnie accroche, dons le Bou M'Charof, en pleine montagne, la section rebelle locale et met onze de ses hommes hors de combat. Le 12 mars 1957, u e patrouille de la 1re compagnie est reçue à COUpEde feu entre Tanagount et Aït Haouari. Rapidement, la compagnie entière se trouve au contact avec une bande importante. Le commandant Vuillemey alerte toutes ses compagnies qui viennent rapidement assurer le bouclage de la zone. La katiba de l'A N laissera sur le terrain vingt-
La guerre en Kabylie réunit des éléments bien différents, le soleil et la neige, la forêt et le maquis. Au sein d'une population partagée, il faut savoir gagner la confiance du plus grand nombre. La multiplicatio de petits postes (ci-dessu celui de Tirilt) permet à des hommes menés par ( officiers de qualité (en médaillon, de gauche à droite, le capitaine Gibo' le commandant Giraud E le capitaine d'obtenir de brillants résultats. Page suivante: en haut, les chasseurs recommencent l'entraînement aux missions de montagne; au centre, des fusils sont distribués aux unités locales d'œutodéfense.
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deux cadavres, sans même pouvoir récupérer leurs armes. Cette victoire des alpins provoque un véritable retournement de la population. Des Kabyles se déclarent prêts à constituer des sections d'autodéfense, et vont recevoir des armes. On verra même se rallier un commissaire politique local! Trois cent quatorze fusils de chasse sont distribués. Chargés à chevrotines, ce sont des armes redoutables en combat rapproché. Aux villageois armés s'ajoutent les harkis formant quatre grosses sections sur pied de guerre, équipées d'armes automatiques. Ce ralliement de la population berbère se marque par l'ouverture des premières écoles et de plusieurs SAS, sections administratives spécialisées. Le 23 décembre 1957, un convoi rebelle d'hommes et d'armes; en provenance de Tunisie, est intercepté par la 4e compagnie dans la région boisée de Telernine. au sud de l'oued Ed Douss. Les maquisards perdent une douzaine d'hommes. Mais l'implantation rebelle reste très forte. Un bataillon de choc de l'ALN, à trois compagnies, continue à multiplier coups de main et embuscades. Au début de l'année 1958, un convoi d'artilleurs tombe dans une embuscade à l'est de Bouira, et les équipages
de deux Jeep sont massacrés. Le 22e BCA se doit, plus que jamais, de riposter. Le hef de bataillon Giraud succède au commandant Vuillemey et va poursuivre son œuvre. Il ordonne !i la 2e compagnie de quitter son poste de montagne ::leTikjda et va en faire une unité entièrement opérationnelle, basée dans la maison cantonnière de Dr s El Khémis, près de Bouira. Les événements alqérois du 13 mai, la venue au pouvoir du général de Gaulle, la nomination du général Challe comme co mandant en chef marquent le succès des partisans ::lel'Algérie française et le début d'un grand effort c.e pacification qui ne peut manquer de toucher la Grande Kabylie, un des foyers incontestables de la rébellion. Les alpins mènent de front opérations milita res dans la montagne et ouvertures d'écoles dans les douars. Le commandement rameute les unités de plusieurs quartiers pour mener des opérations de secteur. Une des plus importantes à laquelle participent les alpins du 22e BCA se déroulera au mois d'octobre 1959 sur les pentes du Lalla Khedidja. Cette montagne, qui porte le no d'une des « saintes» de l'Islam, culmine à 2 309 "TI, sur le versant sud de la chaîne du Djurdjura. Cette région a tou-
jours servi de refuge aux bandes rebelles. La 2e compagnie du 22e BCA fait partie du sous-groupement C, une des quatre unités composites formées en vue de cette opération par le commandement du secteur. L'objectif des alpins, situé au centre du dispositif, est constitué par le versant sud du Lalla Khedidja et les villages de Belbarra et de Tala Rana. Le 2 octobre 1959, à 6 heures du matin, le sousgroupement C quitte le bivouac de Saharidj où se trouve le PC opérationneL La 2e compagnie du capitaine Chaquin, après avoir laissé un groupe de combat à la garde des sacs, marche en tête et se dirige vers Tala Rana qui sera atteint peu avant 9 heures du matin. Dès l'arrivée dans ce village, les alpins repèrent des traces fraîches se dirigeant vers le sommet du piton 1566. Le capitaine lance rapidement ses sections dans la montagne : - La 2e vers 1566 et la 1re. vers 1829. Entre les deux, dans le ravin, la 3e. Je garde avec moi la 4e comme réserve. Le temps est gris et le ciel très bas. Les nuages enveloppent le sommet du Lalla Khedidja qui disparaît parfois aux regards. En cours de progression, les éclaireurs de la 1re section sont pris à partie par des hommes, habillés de treillis verdâtres, qui
L'AFFAIRE
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remontent par le fond du ravin, à environ 200 m devant eux. Le sergent Labbé et trois chasseurs sont blessés presque aussitôt. Non loin de là, la 2e section du sergent Mausset est accueillie par le feu violent des rebelles, bien installés dans les rochers de 1566. Très rapide ent, l'accrochage devient meurtrier. On en vient au corps à corps. Un harki est étranglé par un des rebelles, tandis qu'un autre est blessé ainsi que le chasseur qui progressait avec lui. Le jeune sergent Meusset - un appelé du contingent - lance aussi ôt une contre-attaque. Ses alpins reprennent le contrôle du terrain, portent secours à leurs camarades blessés et récupèrent leurs armes. La 3e section tente alors de manœuvrer par la droite et se fait prendre à son tour sous le feu des partisans installés sur 1566. Le sergent musulman Arfouni et un de s s harkis sont blessés. Cette fois, toute la compagnie est engagée. Le capitaine Chaquin pousse un groupe de la 4e section de réserve et la mitrailleuse de sa compagnie vers la droite pour tenter une manœuvre de débordement. Un autre groupe est envoyé en renfort à la 3e section. Le troi-. sième groupe rest sur place pour baliser la zone d'atterrissage de l'Féltcoptère demandé pour l'évacuation des blessés Le capitaine Chaquin envisage
SI SALAH
En abattant le colonel Si Salah, chef FLN de la willaya 4, le 20 juillet 1961, sur la ligne de crêtes du Djurdjura, en Grande Kabylie, les alpins du commanda Partisan 4 du capitaine Gaston ont mis un tragique point final à une affaire qui devait alimerter bien des polémiques. Le rebelle tué par les chasseurs du 22" BeA passait pour le premier chef militaire algérien tenté par la fameuse « paix des braves », Né en 1928, Zamoun Mohamed Ben Rabah dit Si Salah, Kabyle grand et mince, fils d'un instituteur nationaliste, commandait en maître absolu la willaya 4, celle de l'Algérois, entre l'Oronie et la Kabylie. Deux officiers français des services spéciaux ont « intoxiqué» des cadres de la rébellion, suggérant qu'un compromis est préférable à une lutte sans espoir. Leur chef, Si Salah, est décidé à prendre contact avec le général de Gaulle, malgré l'opposition des hommes du GPRA, le gouvernement provisoire de la République algérienne, établi à Tunis. Ils'agit de négocier un cessez-le-feu. Legarde des sceaux Edmcnd Michelet est choisi comme intermédiaire. A la fin du mois de mai 1960, un protocole d'accord est établi. Et de Gaulle demande à recevoir à l'Élysée - dans le plus grand secret - trais émissaires de la willaya 4, dont Si Salah lui-même. On ne se serre pas la main, on se salue ... Seulement, dé Gaulle veut traiter avec le GPRA tout entier. Seul Mohand Ou el-Hadj, chef de la willaya 3, la Kabylie, soutient Si Salah. La néç 0ciation de Melun est un échec et le rêve d'une paix des braves débouche sur la guerre puis sur l'indépendance.
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Ci-dessus : des chasseurs alpins font une pause durant une poursuite de « hors-la-loi », Cest au cours d'une opération de ce type que les alpins d commando Partisan 4 ont tué le célèbre combatta nationaliste algérien Si Salah. En haut : les poua sont aussi le moment consacré à l'occupation préférée des militaires en opérations, le cassecroûte. Celui-ci est amené par des bêtes de somm qui se moquent des terrains les plus difficiles. En effet. pour parvenir jusqu'à des postes isolés et particulièrement inaccessibles, tel celui de la « Tc Sud» (page suivante. en haut), il faut faire preuv de solides qualités de montagnard.
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l'appui de l'artillerie et même, si possible, de l'aviation, malgré le plafond très bas qui rend son intervention difficile. Le mortier de 60 du groupe de commandement est à peine en batterie qu'il se trouve pris sous le feu d'une arme automatique adverse, et doit changer de position. Non loin de là, le radio du capitaine est blessé à la cuisse. L'antenne de son poste SCR 300 a été sectionnée à la base par une balle. Les fellagha tiennent solidement le sommet de 1566, mais le mortier de 60 s'efforce de les déloger. Le tir adverse diminue d'intensité. Les alpins reprennent leur progression par petits groupes vers les hauts. A 13 heures, le sommet est atteint mais, cette fois, c'est du piton 1784 que les rebelles clouent les chasseurs au sol par le feu d'une arme automatique. Peu après 15 heures, deux sections, regroupant une cinquantaine d'artilleurs à pied, viennent renforcer les chasseurs. Le capitaine Chaquin les dirige vers 1784. Avec ces nouveaux venus progressera la section Mausset. Contre les Français qui s'avancent vers le sommet de 1784 par un large mouvement tournant, les fellagha lancent à l'assaut une soixantaine des leurs, revêtus de tenues camouflées. Ils bondissent de rocher en rocher, chantant et criant: « Amis, ne tirez pas! ». Les artilleurs, surpris par la violence du choc, subissent de lourdes pertes en tués et en blessés. Les survivants sont forcés de se replier. La section Mausset, un peu décalée, reste seule pour réagir. Un accrochage très sévère va durer une dizaine de minutes, puis le jeune sergent fait replier ses chasseurs à l'abri des rochers où il va ancrer sa résistance en attendant les camarades. La 1re section du sergent-chef Patrone arrive sur les lieux vers 17 heures. Le sous-officier fait mettre ses fusils mitrailleurs en batterie et, sous leur couverture, lance ses voltigeurs à l'assaut. Le terrain perdu est repris, deux rebelles abattus et les morts et les blessés amis portés à l'abri. L'adversaire décroche. La 1re section occupe le sommet de la barre rocheuse de 1784 et le capitaine Chaquin arrive à son tour avec les 3e et 4e sections. La 2e section, la plus éprouvée, est renvoyée sur Tala Rana avec son chef le sergent Mausset. Elle constituera le renfort du groupe laissé à la garde des sacs. Le capitaine Chaquin décide de renvoyer vers l'arrière les deux sections d'artilleurs et de s'installer en point d'appui sur 1784. Il n'a plus avec lui que trois sections. La nuit tombe
rapidement, très sombre sous le ciel bas. Les alpins se trouvent par moments isolés dans la couche nuageuse. Il fait un froid qlacial. mais il est impossible d'allumer le moindre feu et les sacs sont restés à Tala Rana. L'attente de l'aube sera longue et pénible. Les chasseurs veillent sur les corps ::les artilleurs tombés dans l'après-midi. Dès le pet t jour, les renforts arrivent. Tout le versant sud du Lalla Khedidja est occupé. La fouille du terrain pe-rnet de découvrir quatre cadavres de rebelles et ce récupérer deux fusils. Après ratissage de la pente en dessous de 1566, la 2e compagnie regagne Tala Rana et Saharidj, où elle bivouaque en réserve opérationnelle jusqu'au 9 octobre. Ce combat es. la dernière manifestation importante dans le secte.ir de Bouira de ce qui reste du fameux bataillon de choc de la willaya 3 qui alignait près de cinq cents hommes au début de 1958. Ils ne sont maintenant ;ruère plus daôû. Le 5 novembre 1959, le chef de bataillon Maraval de Bonnery succède au commandant Giraud à la tête du 22e BCA dont la mission reste inchangée. En face, les rebelles de la katiba régionale ne comptent plus que trente hommes et un fusil mitrailleur. Cette arme automatique sera capturée peu après par les hussards parachutistes, qui mettront aussi hors de combat quatorze fellagha. Le temps des grandes opérations militaires semble terminé, et les alpins, dans le quartier du 22· BCA, peuvent intensifier les tâches de pacification : écoles, infirmeries, villages de regroupement. La « guerre» laisse même le loisir de créer un centre d'escalade à la Grotte aux Pigeons près d'Aïn Allouane. Pour donner la chasse aux de niers rebelles, la 2e compagnie devient le commando de chasse Partisan 4, sous le commandement du capitaine Gaston. La paix semble revenue, et le 29 septembre 1960, le pélerinage musulman à la .Jent du Lion, supprimé depuis le début des « événements», est rétabli. Officiers et chasseurs y pa-ticipent pendant vingt-quatre heures, sans armes, ous la seule protection de harkis et de civils berbères des groupes d'autodéfense! Une des dernières opérations, nenée par le commando de chasse Partisan 4 sur la ligne de crête du Djurdjura entre le col de Tirourda et le col de Tizr N'Kouilala connaîtra un succès indéniable. Les alpins ont quitté leur base dans la nuit du 17 au 18 juillet. Il fait une chaleur épouvantable. Après des jours et des nuits passés en embuscade, 1 ur chef décide le 20, vers midi, le retour pour le lendemain à l'aube. En fin d'après-midi, les quette irs signalent un
·groupe d'une vingtaine d'hommes armés, vêtus de tenues disparates, qui montent en colonne par un sur la piste de l'Irzer. Toutes les embuscades des commandos sont alertées par radio. Les fellagha, sans se douter de rien, arrivent à la hauteur du groupe où se trouve le capitaine Gaston. Celui-ci donne le signal de l'attaque en faisant éclater à l'arrière de la colonne ennemie un obus de 81 piégé. Malgré la rapidité de leur réaction, les rebelles survivants sont pris au piège. La nuit est maintenant tombée. Le chef du commando Partisan 4 décide d'attendre le petit. jour pour aller aux nouvelles. En attendant, ses chasseurs restent en embuscade. La nuit sera relativement claire. Un des alpins, blessé, est soigné sur place par ses camarades. Le chef du commando envoie par radio un compte rendu au PC du 22e BCA. Au lever du jour.Tes commandos ratissent le terrain et découvrent six cadavres. Un homme qui tente de fuir est abattu d'une rafale. Il sera le premier identifié: c'est le célèbre Si Salah, le chef de la willaya 4, celui-là même qui avait offert le ralliement de ses troupes au général de Gaulle. Son escorte se composait d'offi-: ciers et de sous-officiers de l'ALN, et il se rendait en Tunisie où il devait passer en jugement! Le corps de Si Salah, qui avait cru un moment à la « paix des braves» offerte par la France, sera inhumé à Bouira avec les honneurs militaires. Si la situation militaire se rétablit, l'atmosphère politique s'alourdit. Le mois d'avril 1961 a vu la révolte des quatre généraux d'Alger et leur échec a donné naissance à l'OAS, cet ultime sursaut des pieds-noirs et de quelques officiers pour sauver l'Algérie française, sans de Gaulle et même contre lui. Les dernières opérations militaires se déroulent dans une atmosphère étrange, car on sait que le pays s'achemine inéluctablement vers son indépendance. Le chef de bataillon Bely succède à la tête du 22e BCA au lieutenant-colonel Maraval de Bonnery. Le PC s'installe à Maillot, et la superficie que doit occuper le bataillon s'en trouve pratiquement doublée. Le 21 décembre, la cache où se réfugie le responsable FLN de la ville de Bouira est découverte et ses occupants abattus. L'organisation poli ticoadministrative de la ville sera aussi détruite. Au début de l'année 1962, l'ancienne katiba régionale qui comprenait naguère près de deux cents guerriers est réduite à six hommes qui n'ont plus avec
Mais la montagne demeure. la principale préo cupation des chasseurs alpi s. La paix les trouvera pratiquant l'escalade dans les plus belles mo tagnes de Kabylie (ci-con el.
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liki , en G,a1de Kabylie, était uae ,tatia~ de montagne bie connue des Algérois. Ce village da berbère allait evenir, ou milieu des derniers soubresauts des « ~vénements» d'Algérie, le haut lieu de l'alpinisme militaire. Dès le 20 mai 1962, sous l'égide du 22e BCA qui y avait sa compagnie de montagne, fLt inauguré le premier stage d'instruction montagne de la 27" division d'infanterie alpine. Un fficier de cette unité se souvient: « 1iki , c'est le sanctuaire d'un temple, la crypte d'uneda cath drale à l'architecture impressionnante, puisque le porche se troUve distant de la nef d'envir:>n 25 km, longueur de M l'écart qui sépare les deux cols de 1izi-Bou-EI- a et du 1izi-N' Kou'lal entre lesquels s'élève une voûte gigantesqLe culminant entre 1 800 et 2 308 m. Curieuse cathédrale dont chaque pilier, support de lo voûte, a un nom: la Dent du lion, le ane Reyrou gnier, le Ras 1imedouine, ,'Aze OUCoug , l' Aze "'halat OU Main du Juif. De cette immensité, rou 1iki est le sanctuaire. » Dans cette école de hauteda montagne de Grande Kabylie, on a formé d s centaines d'éclaireurs et des dizaines de chefs de cordée. les meilleurs obtiendront la fameuse
étoile bleue.
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