TRADITIONS CHASSEUR

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Cahiers
tradition
Chasseurs


Petits
rappel 
 Un Chasseur ne dit pas : La musique du Bataillon, mais la Fanfare, Le Tambour, mais la Caisse Claire, La Caserne, mais le Quartier, La Capote, mais le Manteau, L'Uniforme, mais la Tenue, Le Béret, mais la Tarte, Jaune, mais Jonquille, Rouge, mais Bleu Cerise ( Sauf celui du DRAPEAU, de la Légion d'Honneur, des lèvres de la femme qu'il aime). La Fanfare ne joue pas, mais elle Sonne, Un refrain n'est pas chanté, mais Sonné. Quelques qualificatifs: - les vitriers: les chasseurs sont affublés de ce surnom dès 1840 à cause de leur havresac brillamment astiqué sur lequel se reflète le soleil. Plus tard, ce qualificatif fait également allusion aux chasseurs du 6°BCP qui en 1848 avaient tiré dans les vitres à Paris. - chass'bit: surnom argotique donné aux chasseurs à la belle époque. - les rapieds: surnom des chasseurs à pied. - les chass'pins: surnom des chasseurs alpins. La tenue de tradition est appelée « Tenue SOLFERINO », elle est réservée aux unités soumises aux traditions des chasseurs. Pour les alpins, elle comprend : le béret avec son insigne d'arme le knickers bleu à passe-poil jonquille la chemisette ou le blouson bleu selon la saison, orné des insignes régimentaire, divisionnaire, des décorations, des fourreaux de galons ainsi que de la fourragère. les bas blancs les chaussures de montagne Le béret, est adopté comme coiffe des chasseurs en 1891 par le Ministère de la Guerre. Son origine est béarnaise. La « tarte », comme certains l'appellent, devient vite l'emblème des chasseurs alpins, suffisamment grande pour protéger les pieds lors des longues gardes en montagnes, et en plus elle protège du soleil.


Lors de la Première Guerre Mondiale, les chasseurs abandonneront même le casque réglementaire pour porter leur emblème, la tarte, durant les combats.. Le Cor de Chasse : hérité de l'infanterie légère du 1°Empire, cet instrument est le symbole des Chasseurs Diverses tradi tions : Couleurs : L'usage du mot « rouge » est interdit et remplacé par bleu-cerise sauf pour désigner la couleur des lèvres de la femme aimée, la légion d'honneur, la fourragère de la légion d'honneur dite « la rouge », et le rouge du DRAPEAU. Cela provient de l'époque où Napoléon III voulut imposer le port du pantalon garance. Cela provoqua un blocage au sein des troupes de montagne, d'où l'interdiction de parler de rouge depuis cette époque. En ce qui concerne les couleurs, le chasseur a le sang vert car le sang vert, c'est pour la France (le sang versé pour la France, jeu de mots) Refrains et so nnerie Un chasseur se met au garde-à-vous quand il entend le refrain de son bataillon ou des bataillons où il a servi durant sa carrière, quand il entend la Protestation, créée en 1873 au camp de Châlons au moment où la loi des cadres mit en cause l'existence des bataillons de chasseurs. Le chasseur alpin est au garde-à-vous également lorsque les Allobroges sont sonnés. Un chasseur salue quand sonne la Sidi Brahim. (CHANT) La PROTE STATIO N : Ce chant date de 1875 : les chasseurs à pied sont alors prêts d’être supprimé par le gouvernement républicain. Ils l’apprennent pendant qu’ils manœuvrent au camp de Chalon et créent ce chant ce chant en guise de protestation… ce sera donc La Protestation. T. Bouzard rapporte que « les vitriers dont il question est le surnom donné aux chasseurs par les biffins à cause du sac à dos en toile cirée qui brillait au soleil et les faisait ressembler de loin à des vitriers. » D’autres couplets ont été ajoutés ensuite, notamment le 5e. Ils ne figurent pas dans toutes les versions. Ce 5e couplet a été ajouté après la Grande Guerre et le 6° alors que l'on prévoyait de changer leur tenue.( voir les chasseurs de DRIANT)

Refrains Chass eurs : Chaque bataillon a un refrain qui lui est propre.


Ces refrains sont complètement différents entre eux aussi bien au niveau du ton que du texte. En effet, à l'heure des combats d'infanterie sans moyen de transmission, le clairon sonnait son refrain au cor. De ce fait, les généraux supervisant les combats connaissaient la position de leurs troupes. Chaque nouveau chasseur doit connaître les 32 refrains conservés pour passer son « baptême chasseur ». La tradition veut que chaque numéro de jour corresponde à un refrain chasseur. C'est pour cette raison qu'il y a 31 refrains, des 31 premiers bataillons, et on a conservé celui du 40eme bataillon qui était stationné à Madagascar. Il est de coutume de sonner chaque matin le refrain du jour avant l'appel de la compagnie.

Le 1er peloton de la 6ème compagnie du 27ème BCA en 1902 à Sospel. On remarque à gauche les deux télégraphistes avec leurs persiennes.


Nice

Antibes

Villefranche sur mer

Sospel


Les Bat ail lon s d e C has seur s A lpi ns … ils ét aie nt 71

En effet, contrairement aux idées reçues, l’origine des troupes alpines ne date pas de la IIIème République. Des inscriptions romaines établissent l’existence de cohortes alpines sous Vespasien , ayant pour emblème le chat, symbole d’agilité et de vigilance. Au XVIIème siècle, Vauban avait envisagé « quelques compagnies franches composées de gens du pays qui en savent bien mieux sur les chemins ». Le maréchal de Catinat n’applique pas cette théorie mais assure à la France une maîtrise des Alpes dans la guerre de la ligue d’Augsbourg en laissant l’Infanterie s’infiltrer dans les montagnes. Le maréchal de Berwick , dans la guerre de Succession


d’Espagne , recrute en 1709 des « fusiliers de montagne » pour les opposer aux troupes du duc de Savoie. Enfin, le 22 octobre 1793, Kellermann obtient l’autorisation de la Convention de créer des chasseurs des Alpes qui, en reconnaissance de leur vaillance, forment, quelques années plus tard, la Garde consulaire. Toutefois, la vie de ces corps était éphémère, n’étant formés que le temps de la guerre. Après la déchéance de Napoléon, l’Europe diplomatique reste stable de 1815 à 1870. Le besoin de troupes de montagne ne se fait plus sentir. Mais la guerre franco-prussienne et l’instauration de la IIIème République changent les données diplomatiques avec l’Allemagne et l’Italie. La diplomatie de Bismarck tend à empêcher la France de prendre sa revanche sur le nouvel empire allemand et donc de récupérer l’Alsace et la Lorraine ; pour y parvenir, Bismarck entreprend d’isoler diplomatiquement la France et l’encourage à poursuivre son expansion coloniale, à s’intéresser davantage à l’Afrique qu’aux Vosges. Pendant ce temps, l’Armée italienne se modernise, sous l’impulsion de son ministre de la Guerre, le général Ricotti. Elle renforce son dispositif face à la frontière des Alpes. En 1872, le budget militaire italien consacre la moitié des crédits de modernisation des fortifications aux forts voisins de la France. Cette même année, le 15 octobre, quinze compagnies alpines sont créées dont neuf sont implantées face à la France. Leurs effectifs s’accroissent rapidement au point de devenir une subdivision d’arme recrutant localement. Les « Alpini » reçoivent un équipement spécifique. En 1882, le nombre de ces compagnies passe à soixante-quinze, réparties en vingt-deux bataillons, sur toutes les crêtes de l’arc alpin, de Vintimille à Trieste. Les choses s’enveniment lorsque l’Allemagne de Bismarck et l’Angleterre , qui évince discrètement la France d’Egypte, encouragent la France à pénétrer en Tunisie, ce qu’elle fait avec ses troupes en 1881. Le 12 mai, malgré la présence de plus de 10 000 colons italiens, le Bey de Tunis signe le traité du Bardo qui place son pays sous protectorat français. Ulcérée, l’Italie, qui convoitait ce territoire tout proche, passe outre ses prétentions irrédentistes et réagit en signant, le 20 mai 1882, la Triplice, alliance militaire rapprochant ostensiblement pour cinq ans l’Italie, l’Allemagne et l’Autriche - Hongrie . Comme il l’avait prévu et souhaité, Bismarck voit ainsi l’ouverture possible d’un front italien de revers en cas de nouvelle guerre franco-allemande. L’organisation des Alpini s’améliore rapidement et leur nombre s’accroît jusqu’en 1888. La France doit réagir face à ces quelque 45 000 Italiens. Une telle troupe, si bien adaptée à sa mission et si nombreuse, ne pouvait qu’inquiéter ses voisins. En 1873, le député des Hautes-Alpes et fondateur du Club alpin français, Cézanne, signale à l’Assemblée nationale le danger pour la France d’avoir des corps italiens alpins à sa porte et propose la création de corps semblables. Mais, obnubilés par l’Allemagne et la frontière du nord-est, les députés repoussent la motion. Elle n’a pas plus de succès, en 1876 : l’on pensait qu’il serait difficile de modifier le fonctionnement de notre organisation militaire encore fragile et mal affermie. Face à ces refus, l’action du lieutenant-colonel Zédé, commandant un groupe de bataillons d’infanteries à Briançon en 1878, est déterminante. En 1879, il propose au général Bourbaki, gouverneur de Lyon, de


faire exécuter des manœuvres dans la haute montagne par un bataillon de chasseurs à pied. Le 12ème Bataillon de chasseurs à pied est alors choisi pour cette mission à caractère novateur afin de s’entraîner à défendre un nouveau front, très différent de la frontière traditionnelle du Nord-Est. Assez rapidement, ce nouveau mode d’action défensif est appliqué par les 13ème et 14ème BCP qui peuvent ainsi prétendre être les premiers corps alpins. En 1882, le ministre de la Guerre, le général Billot, qui vient de quitter le commandement du XVème Corps d’armée, se rend compte de la gravité de la situation. À peine nommé ministre, il prescrit des marches de dix jours pour les régiments d’infanterie et un séjour de trois mois en montagne à quelques bataillons de chasseurs, officialisant au 13ème BCP une pratique déjà courante. Le général Ferron, alors sous-chef d’état-major du ministre de la Guerre et qui reçoit la direction de la frontière des Alpes met en oeuvre la décision du général Billot en ordonnant systématiquement tous les ans des manœuvres Les 12ème, 13ème et 14ème BCP organisent donc des séjours en montagne de trois à quatre mois, en cantonnant dans les villages. A ces manœuvres et séjours en montagne s’ajoutent maints travaux de terrassement pour créer routes et accès et apporter ainsi aux endroits les plus reculés un peu de progrès. Sous l’impulsion du général Boulanger, ministre de la Guerre, et du lieutenantcolonel Arvers, un uniforme, différent de celui des Alpini, est réalisé. Le projet initial du 4 février 1887 comporte la capote des chasseurs à pied, le pantalon serré dans de longues bandes molletières, des brodequins à semelle débordante, la ceinture de laine des zouaves, le tricot en laine type Jersey et le bâton ferré. Rapidement, cette tenue, qui connaît quelques modifications, donne au chasseur sa silhouette légendaire. En 1886, apparaissent les premières « escouades franches » commandées par un sergent et composées d’un caporal, d’une quinzaine de chasseurs rompus aux exercices d’endurance, robustes physiquement et moralement, excellents tireurs et capables de recevoir des missions individuelles. Ces escouades ont pour mission essentielle de renseigner le Bataillon en avant-garde et sur ses flancs ; elles sont donc confrontées à des itinéraires inconnus et partant plus difficiles. Leur capacité à se déplacer rapidement, leur habileté au tir, leur aptitude à exécuter des missions particulières permettent leur utilisation pour les coups de main ; ce sont, en fait, les précurseurs des commandos français. Une batterie de montagne est bientôt adjointe aux bataillons. Elle lui est rattachée pendant la manœuvre car les expérimentations ont fait ressentir le besoin d’un appui direct. Ces batteries sont équipées du canon de 80 mm, démontable en cinq fardeaux portables sur un bât de mulet. Toutefois, la qualité de cette arme est malheureusement atténuée par son encombrement et il faudra attendre le canon de 65 mm de montagne, modèle 1906, pour disposer d’une artillerie vraiment efficace. Le général Ferron décide d’octroyer à chaque vallée un bataillon accompagné de sa batterie et d’un petit élément du génie, constituant alors ce que l’on appelle le « groupe alpin ». Le 13ème BCP se voit donc attribuer la défense de la vallée de la Maurienne, formant ainsi le 3ème Groupe alpin. Toutefois, cette organisation, définie en 1887, ne dure pas : elle n’a pas de statut officiel, ce qui provoque un débat à l’Assemblée. Plusieurs études avaient été présentées aux députés. Déjà en 1887, au moment où l’Italie complétait l’organisation de ses compagnies alpines, deux projets de loi


portant sur la création de troupes spéciales de montagne avaient été présentés en vain au Palais Bourbon. L’un prévoyait la création des petites compagnies pour tenir les cols ; l’autre, du général Ferron, envisageait la transformation des bataillons existants. Le rejet de ces projets procède surtout de la crainte de voir apparaître une scission entre « chasseurs de montagne » et « chasseurs de plaine » et ainsi de fragiliser le corps des chasseurs . Le Sénat finit par adopter, le 10 juillet 1888, le projet Reille qui, « modifiant l’organisation des chasseurs à pied », institue officiellement les chasseurs alpins. Ce dossier, préparé de nouveau par le général Ferron, est voté par l’Assemblée nationale, le 24 décembre 1888, sous le ministère Freycinet ; il est publié au journal officiel, le 27 décembre 1888 Le lendemain, les batteries alpines sont officiellement créées.

Cette création s'inscrit dans un contexte d'augmentation de la tension l'Italie et permet de compenser le manque de moyens de défense des Alpes.

avec

Douze bataillons alpins sont rapidement mis sur pied et rattachés aux deux corps frontaliers bordant les Alpes : 14e Corps (Lyon) : 11e BCA (Annecy), 13e BCA (Chambéry), 14e BCA (Embrun), 22e BCA (Albertville), 12e, 28e et 30e BCA (Grenoble) 15e Corps (Nice) : 6e et 7e BCA (Nice), 23e BCA (Grasse), 24e BCA (Villefranche) et 27e BCA (Menton). Chaque bataillon comprend 6 compagnies de 154 hommes. Les compagnies (commandé par un commandant ou un lieutenant colonel) voient leur nombre passer de quatre à six, augmentant sensiblement les effectifs. Afin d’apporter une certaine stabilité à ces groupes alpins au moins à leur fondation, les chefs de corps sont maintenus en fonction pour une durée plus longue. Enfin, le ministre de la Guerre est autorisé, par le président du Conseil, à apporter des modifications aux tenues des nouveaux chasseurs alpins, afin de les rendre plus aptes à affronter le climat des régions où ils devront à manœuvrer. Ils sont notamment équipés du bâton de montagne de hauteur d'une canne à main ordinaire à poignée en forme de bec de corbin. Toutefois, par souci d’économie, l’habillement propre aux bataillons de chasseurs à pied reste encore en service dans les bataillons alpins trois années après le vote de la loi de 1888. Vers 1891-1892, la vareuse dolman et le manteau à capuchon, nouveaux effets spécifiques des chasseurs alpins, font leur apparition et sont introduits progressivement. L'uniforme particulier du chasseur alpin (Béret, ceinture de laine) est aussi porté par les trois régiments de la brigade de Lyon (157, 158 et 159 RI), par le régiment de Chambéry (97e RI) et par les artilleurs des batteries alpines rattachées aux deux corps d'armée des Alpes (2e et 19e RA).


Vers 1914, les officiers du 27ème BCA à Menton. Le commandant Renié est au centre du 1er rang.

Historique" 27e Bataillon de Chasseurs Alpins "

Les traditions des Chasseurs, confrontées aux réalités de la montagne (photo 27e BCA) 27e BCA Annecy ; bataillon des Glières ; fourragère aux couleurs de la


Légion d’honneur. sa devise “vivre libre ou mourir “ Refrain: « Si vous avez des couilles, il faudra le montrer! » A menton en 1888; Grande Guerre (9 citations); Corps expéditionnaire Haute-Silésie (1921); Tunisie (1925) puis Maroc ; en 1939, combat dans les Vosges puis sur le canal de l’Ailette ; Armée d’armistice ; encadre le maquis des Glières ; campagne des Alpes (1944-1945) ; Autriche puis Algérie de 1955 à 1962. Le 27eme bataillon de Chasseurs n'a pas eu, comme certains autres BCP, de vocation alpine précoce. Le 27eme BCP, crée le 30 janvier 1871 à Rochefort, s'illustre en 1871-1872 en Algérie, puis de 1881 à 1887 en Tunisie. Puis, comme les autres BCA, il devient officiellement bataillon alpin par la loi du 24 décembre 1888. Il prend garnison à Menton et Sospel, et a pour mission de couvrir le secteur de la Roya. Au cours de la Grande Guerre, il combat principalement dans les Vosges, et l’excellente réputation qu’il y gagne, notamment au Hatsmannwillerkopf, conduit à l’engager lors de combats décisifs, notamment dans la Somme et au Chemin des Dames. Les Vosges (1915-1916). L'heure de gloire des Alpins remonte à l'année 1915, avec les combats pour la possession de l'arête sommitale des Vosges, des combats d'une violence extrême. Les Alpins y furent engagés sous la forme de deux divisions bleues, les 47e et 66e DI, qui constituèrent ce que l'on nomma l'armée des Vosges. Impressionnés par leur valeur, les Allemands les nommèrent les Schwarze Teufel, les "Diables bleus". Les troupes s'efforçaient chacune de prendre le contrôle de pitons dont le seul but était de maîtriser l'observation. De terribles combats eurent lieu pour la conquête de ces sommets anodins, comme la Tête des Faux, l'Hilsenfirst, le Braunkopf où le Hartmannswillerkopf (également connu sous le nom du "Vieil Armand") où, du 7 au 9 janvier 1916, les 7e et 47e BCA perdirent 1.500 hommes. Au total cette bataille vit la mort de 20.000 hommes. On citera aussi le Lingekopf qui reçut le nom de "tombeau des chasseurs". De tels drames ne peuvent que faire penser à ces paroles de Guillaume Apollinaire (18801918): Si je mourrais là-bas sur le front de l'armée Tu pleurerais un jour, ô Lou, ma bien-aimée, Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt Un obus éclatant sur le front de l'armée, Un bel obus semblable aux mimosas en fleurs. C'est un Chasseur Alpin, Albert Severin Roche(1), qui fut nommé premier soldat de France à la fin de la Guerre. Le 27 novembre 1918, Foch apparut au balcon de la l'hôtel de ville de Strasbourg avec à ses côtés un humble soldat, le chasseur Roche, du 27e BCA qu'il présenta à la foule avec ces mots: "Alsaciens, je vous présente votre libérateur, le premier soldat de France !" L'homme


reçut alors la croix de la Légion d'honneur des mains du commandant de l'armée des Vosges, le général de Maud'huy. Blessé neuf fois, le chasseur Roche fit à lui seul 1.180 prisonniers et détruisit tout seul un nid de mitrailleuses. Victime de sa modestie, personne ne songea en temps de guerre à lui donner du galon. Son fanion sort de la guerre décoré de la fourragère rouge de la Légion d’Honneur, avec neuf citations. Visité par Clémenceau au lendemain de l’armistice, le bataillon hérite du surnom de l’illustre homme d’Etat (« le Tigre »), et traduit cette évocation sur son premier insigne. Il fait alors de la montagne de Haute -Savoie un terrain de prédilection qu’il utilisera à la perfection pour enrayer l’invasion italienne en juin 1940, puis encadrer des maquis entre 1942 et 1944, notamment celui des Glières. Il est reconstitué en décembre 1944 à partir de résistants de Haute-Savoie et intégré à l’armée du général de Lattre pour participer à la libération du territoire national. L’armistice survient alors qu ’il est engagé dans les Alpes autrichiennes. Comme tous les régiments de la 27e Brigade d’Infanterie de Montagne, le 27e BCA est un outil opérationnel apte à s’engager sur tous les théâtres d’opérations sur court préavis, en particulier dans le cadre d’une opération en milieu difficile. Il occupe le quartier Tom Morel à Annecy. Son refrain chasseur est : « si vous avez des couilles, il faudra le montrer ». À l’instar des autres régiments d’infanterie appartenant aux brigades interarmes, le 27e BCA se compose de : 1 état-major, 4 compagnies de combat, 1 compagnie d’éclairage et d’appui, 1 compagnie de commandement et de logistique, 1 compagnie de base et d’instruction, et 1 unité de réserve de régiment professionnel. Il dispose des mêmes équipements majeurs (VAB, missiles antichars MILAN et Eryx…). Son aptitude au combat en montagne est soulignée par sa dotation en matériels spécifiques (chenillettes BV206, équipements individuels…), et par sa participation à des échanges avec les infanteries des pays nordiques.

En 1939 Danielle Darrieux est nommée marraine officielle du 27 ème BCA.


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Albert Roche Enfant turbulent, Albert Roche devient un adolescent qui s'ennuie à la ferme de ses parents. Il s'engage en 1914, à 19 ans, et obtient de se battre en première ligne. Affecté au 30ème Bataillon de Chasseurs, puis au 27ème, il se porte volontaire comme agent de liaison... "baraka" ou inconscience? Mu par l'une, protégée par l'autre, il allait stupéfier ses proches et ses supérieurs. En novembre 1918, le général Foch le nomme "Premier Soldat de France". Médaille Militaire, Chevalier puis Officier de la Légion d'Honneur, Croix de Guerre, 12 citations à l'ordre de l'Armée, de la Division et du Bataillon, 9 fois blessé, Albert Roche fit partie de la délégation conduite par le général Gouraud qui représenta l'Armée à Londres aux obsèques du Maréchal French. Le soir, 5 personnes furent invitées à la table du Roi Georges V, dont Albert Roche! En 1920, il fait partie des 7 soldats qui escortent le soldat inconnu jusque sous l'Arc de Triomphe. Albert Roche meurt tragiquement, renversé par une voiture, en 1939, à l'âge de 44 ans. En 1971, la petite ville de Réauville a fait mettre en place une stèle devant sa maison natale.


Devise d es Cha sseurs Alpi ns, à Pied, Territorial, Mont agne * 1er Groupe de Chasseurs : "Le Premier partout" * 2e Groupe de Chasseurs : "Toujours servir gaiement" * 4e Bataillon de Chasseurs à Pied : "Qui s'y frotte, s'y pique" * 6e BCA : "Serrer les dents" 7e BCA "Emules de Sidi-Brahim" ou « DUC IN ALTUM », (Par les sommets) * 8e Groupe de Chasseurs : "Toujours debout" * 9e Bataillon de Chasseurs Alpins : "Je brise tout" et "ne recule ni ne dévie" * 10e Bataillon de Chasseurs à Pied : "Faire face toujours" * 11e B.C.A. "Bataillon de Carency" * 13e BCA : "Sans peur et sans reproche" * 14e BCA : "Noblesse oblige" * 15e Bataillon de Chasseurs Alpins : "Aussi digne d'être montré à nos ennemis qu'à nos amis" * 17e B.C.P. "Le bataillon de fer" ou « Il n'y a pas de dernier effort » * 19e Groupe de Chasseurs : "En avant toujours, repos ailleurs" * 20e Bataillon de Chasseurs à Pied : "Sans tache" * 21e bcp Qui s'y frotte s'y pique ! 22e BCA : "Nul ne crains" * 23e bataillon de chasseurs alpins : "Lou souleou mi fa canta" * 24e G.C. "Bataillon de la Garde" * 25e BCA « En avant, Toujours en avant ! » * 26e BCP « je grogne » * 27e BCA : "Quarens praedam" ou « Vivre libre ou mourir » devise du bataillon des Glières. et « Toujours à l'affût » * 28e BCA : "Allant et agilité" * 29e Bataillon de Chasseurs à Pied : "Allons-y-Gaiement" * 30e Groupe de Chasseurs : "En pointe toujours" * 41e B.C.P. "Le beau bataillon" * 49e Bataillon de Chasseurs Alpins : "Tels pères, tels fils"


* * * * * * * * * * * * * * * "Elan

55e Bataillon de Chasseurs à Pied : "Toujours victorieux" 51e B.C.A. "Bataillon de Verbranden Molen" 52e B.C.A. "Bataillon de Clezentaine" 54e B.C.A. "Bataillon d'Elite" 55e B.C.P. "Toujours victorieux" 56e BC.P. "Chasseurs de Driant" 59e B.C.P. "Chasseurs de Driant" 61e Bataillon de Chasseurs à Pied : "Ego nominor leo" 66e Bataillon de Chasseurs à Pied : "Repos plus lon" 67e BCA : "Ne pas subir" 68e BCA : "Fiers et tenaces" 90e Bataillon de Chasseurs à Pied :"Tenir" 91e Bataillon de Chasseurs Alpins :"Neuf et un" 96e Bataillon de Chasseurs à Pied : "Biques-les" 102e Bataillon de Chasseurs à Pied : "Elan et confiance" et et constance" 116e B.C.A "Bataillon de Schonholtz" * 199e Bataillon de Chasseurs de Haute Montagne :"Tot dret" * 3e Bataillon Territorial de Chasseurs Alpins : "Le passé répond de l’avenir" * 7e Bataillon Territorial de Chasseurs Alpins : "Nous veillons" 199ème Bataillon de Chasseurs de Haute Montagne et EMHM "Tot Dret"

leurs su rnoms 2e BCP : "Bataillon de Palikao" 3e B.C.P. "le Bataillon sans peur et sans reproche" 5e BCP : " Bataillon de Borny" 6e BCA : "Bataillon du Vercors" 7e B.C.A. : "Emules de Sidi-Brahim" 8e G.C. : "Bataillon de Sidi-Brahim" 11e B.C.A. : "Bataillon aux yeux bridés" et "Bataillon de Carency" puis "Bataillon de l’Ubaye" 13e BCA : "Bataillon de Maurienne" 14e BCA : "Les Bleus de la mort" et "Bataillon d’élite"


16e BCP : "Bataillon de piocheurs" et "Bataillon d’Acier" 17e B.C.P. "Le bataillon de fer" ou « Bataillon Taureau » 19e BCP : "Les enfants de Gayant" et "Bataillon de chasseurs de Grivesnes" 21e BCP : "Bataillon du Donon" 22e BCA : "Bataillon des fleurs" 24e G.C. "Bataillon de la Garde" 32e BCA : "Bataillon Seppois" 40e BCP : "Bataillon malgache" 41e B.C.P. "Le beau bataillon" 51e B.C.A. "Bataillon de Verbranden Molen" 52e B.C.A. "Bataillon de Clézentaine" 54e B.C.A. "Bataillon d'Elite" 56e B.C.P. "Chasseurs de Driant" 59e B.C.P. "Chasseurs de Driant" 102e BCP : "Bataillon de merckem" 107e BCP : "Bataillon Meuse et Champagne" 116e B.C.A. : "Bataillon de Schonholtz" 7e BTCA : "Bataillon d’Alsace"



Les origines de nos refrains En adaptant des paroles aux sonneries, le troupier aime à vanter le corps auquel il appartient, et aussi à rire de ses propres misères. Il lui plait également d'exercer sa verve aux dépens des corps voisins ou bien en grivoiseries. Les refrains des


bataillons n'échappent pas à cette coutume. Il en est qui ont un caractère historique, parce qu'ils rappellent un chef devenu célèbre, ou qu'ils se rapportent à un fait mémorable, mais c'est l'exception et trouver l'origine des autres serait une entreprise difficile. Pour un bon nombre, du reste, il y a de multiples versions, et la fantaisie des improvisations n'a pas encore cessé de s'exercer.

Premier bataillon Le Bataillon des Tirailleurs prit la sonnerie de la visite médicale comme refrain du bataillon "Les malades en bas, le major est là ! Les malades en bas, le major est là !" Après la création du Premier, ces chasseurs à qui l'on avait promis beaucoup de choses chantèrent : "Je t'l'avais bien dit qu'il n'y aurait pas de gras !" ou "Je t'l'avais bien dit qu'y'en aurait pas gros !" En Algérie, il fut sonné : "Le Premier Chasseurs n'a pas mal aux pieds, Tout le monde il le fait à pieds !"

Mais c'est à la guerre de Crimée que remonte l'origine de l'actuel refrain, qui témoigne de l'entrain de ce bataillon dépassant les rangs des corps placés devant lui pour aller enlever la batterie Gervais lors de l'assaut de Sébastopol, le 8 Septembre 1855. "Si l'Septième de ligne a des couill's au cul C'est qu'le Premier Chasseurs les lui a foutues !"


dont la variante "propre" est : "Si l'septième de ligne a du poil au nez, C'est l'Premier Chasseurs qui lui a fourré !"

et enfin l'actuel : "Le septième de ligne n'a pas d'couilles au cul, Le Premier Chasseurs lui en a foutu !"

DEUXIEME BATAILLON Les origines de ce refrain sont obscures. Deux hypothéses : -Le Commandant aimait porter et faire porter la jugulaire. -Souvenir des souffrances d'un chef de Bataillon.


" Le Commandant a mal aux dents, mes enfants. Le Commandant a mal aux dents, mes enfants !" Et la variante de cet actuel refrain : "Not' Commandant a mal aux dents, mes enfants !"

TROISIEME BATAILLON Ce refrain évoque l'ardeur du Bataillon de Sébastopol. "Le troisième, le troisième, au rapide au galop ! Le troisième, le troisième, au rapide au galop !" Un peu moins glorieux : "Au troisième Bataillon, l'ordinaire n'est pas bon ! Au troisième Bataillon, l'ordinaire n'est pas bon !"


L'actuel est : "V'là l'troisièmeme, v'là l'troisième qui rapplique au galop ! V'là l'troisième, v'là l'troisième qui rapplique sac au dos !"

QUATRIEME BATAILLON D'illustres Chefs de Corps sont rappelés dans les refrains de ce Bataillon : "Quatrième Biribi, Commandant CHANZY Qui marche jour et nuit" ou "Quatième Bataillon, Commandant SCHNEIDER Toujours en arriére !"

et maintenant l'actuel "Quatrième Bataillon, Commandant CLINCHANT, Toujours en avant !"


CINQUIEME BATAILLON "Cinquième Bataillon, ventre à terre, Commandé par le grand CANROBBERT, en avant !" ou "Cinquième Bataillon ventre à terre, Commandé par un vieux camembert, en avant !" ou encore "Cinquième Bataillon ventre à terre, Ventre à terre commandé par l'fameux CANROBERT !"

Et maintenant "Cinquième Bataillon, ventre à terre, Commandé par Certain Canrobert, en avant !"


"Certain" étant le prénom du Maréchal CANROBERT.

SIXIEME BATAILLON Premier refrain : "Encore un carreau !" Encore un carreau !" Il s'agit dans cette version d'une réminiscence laconique de la mache des vitriers. Les Chasseurs d'Orléans avaient été Surnommés les "vitriers" à cause de leurs havresacs de cuir si bien astiqués qu'ils brillaient tels des miroirs. Plus tard, en Algérie (1853) "Nous sommes un peu là ! Le Sixième est là, il est un peu là !" En 1935, on a pu entendre : "Nous n'sommes pas des bleus, au Sixièm' Alpin !" et l'actuel


Le Sixième est là ! Il est un peu là !

SEPTIEME BATAILLON Plusieurs refrains furens sonnés à l'origine de ce Bataillon rustre et robuste : "Si le cul m'démange, c'est qu'il fleurira Et s'il produit des pommes, c'est toi qui en auras" ou la variante : "L'trou du cul m'démange,c'est qu'il fleurira,

S'il produit des pommes, c'est toi qu'en mangera" Après l'Algérie (1854), la Crimée (1855) et le Mexique (1862

1867),les gloires de ce Bataillon lui valurent ces paroles actuelles su l'air de son refrain : "Bataillon, bataillon, bataillon de fer ! Bataillon, bataillon, bataillon d'acier !" Ces paroles n'ont pas été dèmenties en 1914-1918 au sein de la


66ème Division de Fer. En 1935, il fut chanté : "Le Septième Bataillon de Chasseurs rapid' Le Septième Bataillon de Chasseurs Alpins !"

et le refrain actuel 7ème Bataillon, bataillon de fer! Bataillon, bataillon d'acier!!

HUITIEME BATAILLON Bataillon de Sidi Brahim "T'as beau courir, tu n'me rattrap'ras pas ! T'as beau courir, tu n'me rattrap'ras pas !" ou "T'as l'air d'un con, tu ne t'en aperçois pas" C'est le refrain du Bataillon d'avant-garde de la Petite Armée Maréchal BUGEAUD à Isly. Autre version : "Tu peux courir, mais tu ne me rattraperas


Pelote-moi les couilles tu auras du chocolat !" Ce dernier refrain date de l'occupation en Italie après Solferino.

Refrain actuel 8ème T'as beau courir, tu n'me rattrap'ras pas ! T'as beau courir, tu n'me rattrap'ras pas !!

NEUVIEME BATAILLON "Marie, j'ai vu ton cul tout nu ! Marie, j'ai vu ton cul poilu !" ou "Marie, j'ai vu ton cul tout nu ! Marie, je l'ai bien vu tout nu !"

et l'actuel


"Marie, j'ai vu ton cul tout nu ! Cochon, pourquoi l'regardes-tu ?" Paroles gauloises inspirées, parait-il, aux Chasseurs du 9ème Bataillon en campagne par la vue matinale d'une de leurs cantinières répondant au nom de Marie. Ce refrain un peu cru a reçu un baptême de feu qui l'a immortalisé. A Lorcy, en 1871, les clairons d'un détachement du 9ème de Marche avaient été mis hors de combat. Mais qu'importaient, les jeunes Chasseurs s'élancèrent à l'assaut en chantant, à défaut des accents du clairon, les paroles de leur mâle refrain.

DIXIEME BATAILLON

"Dixième Bataillon, commandant MAC-MAHON, N'a pas peur de canon, nom de nom !" Hommage rendu par les Chasseurs à leur Chef intrépide, le Véritable inspirateur de ce célèbre refrain.


ONZIEME BATAILLON "Si tu n'en as pas six pouces de long, T'auras pas ma soeur Suzon" ou "Onzième Bataillon de Chasseurs à Pied, Onzième Bataillon de purée" Ce Bataillon vient à la montagne vers 1885. "Au Onzième Bataillon d'Chasseurs Alpins Ce sont des braves garçons"

et enfin "Onzième Bataillon d'Chasseurs Alpins, Onzième Bataillon d'lapins !" Ces refrains illustrent les exploits de cette belle unité dans les riantes avallées alpines.


DOUZIEME BATAILLON "Ah quel est donc, quel est donc celui qu'on aime ? C'est le beau, c'est le beau, c'est le beau douzième !" dont la variante est : "Mais quel est donc, quel est donc celui qu'on aime ? C'est le plus doux, c'est le beau douzième !" ou "C'est le gentil douzième Bataillon de Chasseurs, C'est le gentil douzième Chasseurs !" de 1935.

"Ah, c'qu'il est con , c'qu'il est con l'douzième, Ah, c'qu'il est con, c'qu'il est con, c'con-là !" Refrains dont les origines n'ont pu etre déterminées.


TREIZIEME BATAILLON Le refrain de ce Bataillon illustre bien au sein de la 66ème Division de Fer, les privations endurées au Chemin des dames et à l'Hilsenfirst :

"Sans pain, sans fricot, Au treizième on n'boit que d'l'eau !"

QUATORZIEME BATAILLON Ce Bataillon partage à jamais l'honneur, avec le Septième, d'avoir fait inscrire le nom de Maroc (1612) sur la soie de notre Drapeau? De cette époque date son refrain : "La peau de mes roupettes au cabot trompette, La peau de mes rouleaux aux autres cabots !" ou "La peau de mes roupettes au cabot trompette,


La peau de mes rouleaux au sergent clairon !" ou encore "La peau de mes roulettes pour une casquette La peau de mes rouleaux pour un shako !" On a pu entendre vers 1935 : "On n'a pas peur d'bouffer des kilomètres Au Quatorzième Chasseurs Alpins !" ou

"La peau d'mes roupettes pour un' casquett', La peau de mes rouleaux pour un chapeau !"


QUINZIEME BATAILLON Sans doute quelques réminiscences de la vie dans les vallées alpines. La pipe était une tradition dans les bataillons alpins.

"Je fum'rais bien un' pipe, Mais je n'ain pas d'tabac !" Mais on a chanté aussi : "Un jour la p'tite Aline, Disait à sa Maman..." Ou "Je baiserai bien la fille, Mais la mére ne veut pas !"


SEIZIEME BATAILLON

"Seizième Bataillon de Chasseurs à pied, Seizième Batillon d'acier !" Ce refrain a été immortalisé par les héroiques défenseurs du Bois des Caures du Colonel DRIANT. Vers 1860, d'autres bataillons ont chanté : "Le Seizième Bataillon de Chasseurs à Pied Seizième Bataillon d'piocheurs !" (ou d'purée") En 1936 : "Au Seizième Bataillon de Chasseurs à Pied On n'a pas peur d'aller à pied !"


DIX-SEPTIEME BATAILLON L'attaque de Solferino a inspiré les paroles de ce refrain :

"Cré nom d'un chien, nous voilà bien partis ! ‘Cré nom d'un chien, nous voilà bien !" ou avant 1880 : "Allons Chasseurs, vite au pas de gymnastique Allons Chasseurs, vite en avant !" Variante de 1914 : "Ah ! Sapristi nous voilà donc partis, Crénom d'un chien nous voilà bien !" Avant 1914 : "Il faut avoir un bon oeil et bon pied Pour faire un bon chasseur à pied" en 1935 :


"Crénom de nom, nous voulons bien partir Et je n'sais pas ce qui nous arrêtera !"

DIX-HUITIEME BATAILLON Ces refrains témoignent des campagnes d'Algérie en 1855. "Les bleus m'ont volé mon bidon, tout plein. Les bleus m'ont volé mon bidon !" ou "Si t'as pas d'argent, t'auras pas d'tabac Attends jusqu'au pret t'en auras !" ou encore "Encore un arbi d'enfilé, rompez ! Encore un arbi d'enfilé, rompez !" Prouesse accomplie par le Chasseur Dabylie, a Embroché à lui seul 8 Kabyles dans la même journée.

HERVE

qui,

en


"Encore un biffin d'enfilé, rompez ! Encore un biffin d'enfilé !"

DIX-NEUVIEME BATAILLON La provenance de ce refrain n'a pu être établie.

"Trou du cul, trou du cul plein d'poils sales ! Trou du cul, trou du cul poilu !" Autres versions : "Le beau dix, le beau dix-neuvième, N'est pas le , n'est pas le dernier !" Le Dixneuvième était en effet l'avant-dernier lorsqu'il ni Avait que 20 bataillons.


Refrain de 1935 : "Dix-neuvième, Dix-neuvième barbu, Ils sont tous, il sont tous poilus !"

VINGTIEME BATAILLON Le nom quasi-archangélique de son Chef de Bataillon a immortalisé la fougue de cette belle unité. Avant 1889 : "Sacré nom de nom j'ai perdu mon pompon, Qu'est-ce qui me le rendra nom de nom !" en 1935 : Ils ont tous fait preuve au feu, Les petits vitriers du vingtième Bataillon !"

et l'actuel "Vingtième Bataillon, Commandant CAMBRIELS, Les Chasseurs aux pieds ont des ailes !"


VINGT-ET-UNIEME BATAILLON

"En voulez-vous des kilomètres, en voilà ! En voulez-vous des kilomètres, en voilà !" Un refrain qui en dit long. Il ne se répète que depuis quelques années seulement. En 1914, on a chanté : "Toutes les fois que j't'ai baisée, j 't'ai payée !"

VINGT-DEUXIEME BATAILLON La gaieté de ce Bataillon avait motivé le refrain suivant : "Nous voulons danser, nous voulons chanter Nous voulons danser le tango !"


Un peu plus tard, l'on sonnait : "Encore un biffin de tombé dans la neige, Encore un biffin d'enneigé !" Et maintenant :

"Encore un biffin d'tombé dans la merde ; Encore un biffin d'emmerdé !" Ce refrain est né en aout 1916 sur la Somme, lors de l'attaque du "Chemin Creux" et du Petit Bois".

VINGT-TROISIEME BATAILLON

"V'la l'vingt-toisième, nom de dieu ! Ca va barder !" Les origines de ce refrain remontent à la Commune, et l'on

sonnait alors : "Vive la Commune, nom de Dieu, Vive la Commune !" ou


"Vive la Commune, nom de nom, Vive la Commune !" ou "Vive la Commune, nom de nom, Tout est payé !" ou "On est d'la classe, nom de nom On s'en ira !"

Et enfin "Au vingt-troisième nom de nom, ça va barder !" C'est tout simplement que le bataillon fut formé avec les débris d'un bataillon de Marche qui était passé à la Commune. Faut-il ajouter que ce refrain, tout d'ironie bien entendu, se continuait jadis au 23ème par la Marche des Chasseurs sur laquelle on mettait des paroles particulières et non moins subversives : "En avant mes amis, en avant mes amis, Nous allons fusiller l'Archevêque de Paris ! Nous allons fusiller l'Archevêque de Paris !" Les versions précédemment citées sont des variantes de ce dernier refrain.


VINGT-QUATRIEME BATAILLON

"Tout le long du bois j'ai baisé Jeannette ; Tout le long du bois j'lai baisée trois fois !" Refrain sonné par les Chasseurs du Bataillon de la Garde en Crimée, sur l'air de : "J'ai du bon tabac dans ma tabatière, J'ai du bon tabac, tu n'en auras pas !" Variante de 1854 : "Courez, courez vite Chasseurs de la Garde ! Courez, courez vite Chasseurs de la Garde !"


VINGT-CINQUIEME BATAILLON Premier refrain : "Portez les manquants à l'appel ! Portez les manquants à l'appel !" Après la Bataille de Saint-Quentin (19 Janvier 1871) : "Portez les manquants, nom de Dieu, (ou "nom de nom") Portez les manquants !" ou "Portez les manquants, à l'appel Portez les manquants !"

De nos jours : "Pas plus con qu'un autre, mon ami, Mais toujours content !" et ses variantes : "Pas plus con qu'un autre nom de nom, (ou "nom de dieu") Mais toujours autant !" (ou "content") ou "Pas meilleur qu'un autre mes enfants, Mais toujours autant !"


ving sixième BATAILLON "Toutes les dettes sont payées !" ou "Vu pas pris, pas pris pas vu !" On a rapidement doublé ce refrain "Marche vite Marche bien, L'vingt-sixième ne craint rien !" ou "Couilles au cul c'est pas des pommes, Ta servante en a gouté !" ou "Tu m'emmerdes et tu m'fais chier, Ferme ta gueule et va t'coucher !" ou "Tu m'emmerdes et tu m'fais chier, Prends ta paillasse et va t'coucher !" ou encore "tu m'emmerdes et tu m'fais chier, Ferme ta gueule, laisse-moi chanter !"

et enfin l'actuel "Tu m'emmerdes et tu m'fais chier, Tu m'dis ça, c'est pour blaguer !" Tous ces refrains assez crus ont été conçus dans les tranchées en 1914-1918.


VINGT-SEPTIEME BATAILLON "Si tu le veux, ma chère, Tu seras ma moukère !" ou "C'est la Fanfare qui paie les dettes du Bataillon !" ou "Si vous avez des poches, Vous pouvez vous fouiller !" ou "T'as le cul plein de merde, Tu n't'en aperçois pas !" ou "Baisons la cantinière, Son mari n'est pas là !" ou "Si vous avez des couilles,Il faudrait le montrer !" ou "Si vous avez la rouge,Il faudra le prouver !" ou encore "Si vous avez la rouge,Vous pouvez la montrer !" Le 27ème Bataillon avait adopté ce dernier refrain, parce qu'il est le premier Bataillon de Chasseurs qui eut l'honneur de Porter la fourragère rouge au cours de l a Grande Guerre. Cela dit grandement, quelle ardeur et quel héroïsme ont montré les Chasseurs qui ont sévi dans ce Corps d'élite !


Refrain actuel : "Si vous avez des couilles, Il faudra le montrer !"

VINGT-HUITIEME BATAILLON Le refrain de ce Bataillon date l'Hartmannswillerkopf et de l'Hirtzstein :

des

combats

"Tourne ton cul que je t'arrache une dent ! Tourne ton cul que je t'arrache une dent !" ou "Saut' Putten, t'auras d'la saucisse, Saut' Putten, t'auras du boudin !" Cette dernière formulation reprend le nom d'un Chef de Corps du

Bataillon. "Saut' Marie, t'auras du kiki, Saut' Margot, t'auras du coco !" ou

de


"Saut' Rita, t'auras du rata, Saut' Margot, t'auras du coco !" ou encore "Saut' putain, t'auras du rata, Saut' putain t'auras de la saucisse !"

et enfin l'actuel "Saut' putain, t'auras d'la saucisse ! Saut' putain, t'auras du boudin !"

VINGT-NEUVIEME BATAILLON "Tiens, voilà les bleus, ces cochons d'bleus, Ces salauds d'bleus ces véroles de bleus !" ou "Tiens voilà les bleus, sacrés bleus, Des vilains bleus les cons de bleus !" ou


"Tiens, voilé les bleus, S'ils n'ont pas de pain, ‘cré nom de Dieu S'ils crèvent de faim, tant pis pour eux !" ou "C'est le vingt-neuvième, qui n'a pas d'bite, Qui n'a pas d'couilles qui baise quand même !" ou "C'est le vingt-neuvième, qui n'a pas d'pain Qui n'a pas d'vin qui marche quand même !" ou "C'est le vingt-neuvième, qui n'a pas de pain, Qui crève de faim tant pis pour lui !" ou "C'est le vingt-neuvième, qui n'a pas d'pain Qui crève de faim mais marche bien !"

enfin la version actuelle est : "C'est le vingt-nuvième qui n'a pas de pain, Qui crève de faim, qui march' quand même !"


TRENTIEME BATAILLON Premier refrain : "Le vingt-huitième le pile Et le trentième aussi, mon ami !" Mais son refrain actuel immortalise le terme devenu légendaire des Chasseurs, que les Allemands eux-mêmes avaient només "die

Schwarzen Teufel", Diables noirs, Diables Bleus.

"Il était un p'tit homme Tout habillé de bleu, nom de dieu !" (ou"sacrebleu") vers 1935 : "La Classe s'en ira bientôt, sac au dos ! La Classe s'en ira bientôt, sac au dos !"


TRENTE-ET-UNIEME BATAILLON Le dernier des Bataillons actifs : créé en 1913.

"Franc p'tit Chasseur, tourne ton cul Que j't'arrache une fleur :" ou "Les derniers venus, Ne sont pas les plus mal foutus !"

et enfin le dernier "Trente et unième, l'dernier v'nu. Pas l'plus mal foutu !" QUARANTIEME BATAILLON après,

Créé en 1895, l'éphémère Quarante fut dissous six mois

mis son comportement à Madagascar valut à son refrain de figurer immédiatement à la série des 30. "Où sont-ils ? Ils sont passés par ici !" ou "N'y-a pas de quinine au Bataillon !"


refrain du 40ème Trou du cul de la reine des Hovas

BATAILLONS DE RESERVE

42è BATAILLON « Le quarant’deux mon vieux, n’encaiss’pas les foireux ! » 43è BATAILLON « Le quarante troisièm’qui rapplique au galop ! » (bis) 44è BATAILLON « Quarant’quatrième’rends-toi ! Zut ! Nenni ma foi ! Fier


Quarant’quat’rends-toi !Zut !Nenni ma foi ! » 46è BATAILLON « Les boch’s on les aura quand on voudra ! »

49è BATAILLON « L’quarant’neuvième’c’est pas d’la purée, Quand il marche il fait tout r’culer ! » 51è BATAILLON « Onzièm’Bataillon d’Chasseurs Alpins, Onzièm’bataillon de fiers lapins ! » 55è BATAILLON « C’est le Cinquante-cinquième qui marche toujours en avant ! » 56è BATAILLON « Mad’moisell’voulez-vous du tabac dans une pipe, dans une pipe Mad’moisell’voulez-vous du tabac dans une pipe, dans une pipe en bois ! » 61è BATAILLON Recrutement du Nord et de l’Aisne, même refrain que le 21ème. « Quèque t’as mis din min cul qué con. C’est del bicoque, c’est del bicoque. Quèque t’as mis din min cul qué con. C’est del bicoque sans os. »

65è BATAILLON « Vif, alerte, agile, à l’œil tout comme l’écureuil ! »


67è BATAILLON « Oui, nous avons des couilles et nous l’avons montré ! »

87è BATAILLON « Le Commandant a dit : « Mes enfants vous êtes de sacrés lurons ! » 88è BATAILLON « L’as tu vu l’88 ? L’ai pas vu, passé trop vite ! »

91è BATAILLON « Les piafs ont bien vu ma figure, Mais ils n’ont pas vu le trou de mon cul ! »

93è BATAILLON « La tranchée perdue le... qui déborde le 93 a donné l’assaut ! »


95è BATAILLON « Notre écureuil a une belle queue comme tous les diables bleus ! » (mais la nôtre est bien mieux)

100è BATAILLON « Les gars du cent ont le cou qui remonte, Les gars du cent ont le gosier qui descend ! »

102è BATAILLON « Il est jeune le 102, mais il marche aussi bien que les vieux ! »

104è BATAILLON Celui du 24ème BCA.

107è BATAILLON « Au p’tit bois de Bagneux Qu’on est


heureux quand on est deux ! » « L’Commandant Jouvelet a du poil quelques part, pas dans la main ! L’Commandant Larue a du poil au cul ! »

109è BATAILLON « Le 109 quoique neuf est chasseur dès la première heure ! »

110è BATAILLON « V’la l’Cent-dix qui rapplique, Qui s’y frotte s’y pique ! » 120è BATAILLON « Il n’ y a qu’un Cent-vingt parmi les Chass’bis, Ceux de l’An Deux, ouvrez vos yeux Ce sont eux, les voici ! » 6è GROUPE DE CYCLISTE « Bon d’nom de Dieu, j’ai creuvé mon pneu ! » 1RE BRIGADE DE CHASSEURS « T’en fais pas vieux frère tout s’arrange à la première »

7è 1⁄2 BRIGADE DE CHASSEURS « 7ème demi-brigade, la meilleure des Chasseurs Alpins, 7ème demi-brigade de chauds


lapins ! »

1re 1⁄2 BRIGADE DE CHASSEURS DE LORRAINE (19441945) « La 1ère 1⁄2 Brigade est commandée par un con ! »

TRADITIONS ET SYMBOLIQUE MILITAIRES Les 12 premiers bataillons de Chasseurs

6e BCA - Varces ; bataillon du Vercors ; fourragère aux couleurs de la Légion d’honneur. Refrain : « Le 6e est là! Il est un peu là! ».


Créé à Nice ; Grande Guerre (7 citations) ; expédition Narvik ; Armée d’armistice ; maquis du Vercors ; campagne des Alpes, hiver 1944-1945.

7e BCA - Bourg-Saint-Maurice ; bataillon de Tarentaise ; fourragère aux couleurs de la croix de guerre 1914-1918. Refrain: « Bataillon, bataillon, bataillon de fer ! Bataillon, bataillon, bataillon d’acier! ». A Antibes en 1880 ; Maroc (1912-1913) ; Grande guerre (3 citations) ; en 1939, quitte Albertville pour l’Alsace puis le canal de l’Ailette (Pinon). Recréé en 1944 ; campagne des Alpes 1944-1945 ; Algérie de 1955 à 1962.

11e BCA - Barcelonnette; bataillon de l’Ubaye ; fourragère aux couleurs de la Médaille militaire et de la croix de guerre 19391945. Refrain : « 11e Bataillon d’chasseurs alpins! 11e Bataillon d'lapins». En 1888 à Annecy; 1ère compagnie à Madagascar (1895); Grande Guerre (4 citations); Lorraine (1939); à Barcelonnette : l1e BCA, campagne d’Algérie.


12e BCA - Fourragère aux couleurs de la Médaille militaire. Refrain : Ah c’qu’il est con, c’qu’il est con le 12e! Ah c’qu’il est con, c’qu’il est con, c con là! ». A Embrun en 1888 ; 1re compagnie à Madagascar (1895) ; Grande Guerre (4 citations) ; dissous en 1929 ; recréé en 1939 : expédition de Norvège (27e demibrigade alpine) ; Vercors 1944; recréé en 1954 comme BCP puis en 1955 comme BCA ; de 1954 à 1957. Tunisie ; puis en Algérie jusqu’en 1962 ; dissous en 1962.

13e BCA - Barby; est en partie professionnalisé ; bataillon de Maurienne; fourragère aux couleurs de la Médaille militaire. Refrain: « Sans pain, sans fricot, au 13e on n’boit que de l’eau! . France-Italie (7 citations) ; expédition Haute-Silésie (1921) ; Tunisie, Norvège en 1940 avec la 5e demi-brigade alpine ; Armée d’armistice ; campagne de l’hiver 1944-1945 ; Chambéry en 1952 : CI du 13e BCA pendant la campagne d’Algérie.


14e BCA - Fourragère aux couleurs de la Médaille militaire. Refrain: « La peau de mes roulettes pour une casquette! La peau de mes rouleaux pour un shako! ». A Embrun en 1888 ; expédition de Madagascar en 1895 ; Maroc de 1912 à 1914 ; Grande Guerre Italie (6 citations) ; dissous en 1929 ; recréé en 1939 ; Narvik (27e demibrigade alpine) ; dissous en 1940 ; recréé en 1954 à Chambéry ; Tunisie puis Algérie (57 à 62) ; dissous en juin 1962.

22e BCA - Unité de réserve de la région niçoise; « bataillon des fleurs »; fourragère aux couleurs de la Médaille militaire. Refrain : « Encore un biffin d’tombé dans la merde! Encore un biffin d’emmerdé! ». Garnison : Albertville ; fournit une compagnie à l’expédition de Madagascar ; Grande Guerre France-Italie (6 citations); 1921 : corps expéditionnaires du Scheswig ; occupe la Rhénanie ; à Nice en 1939 ; Maroc (55-56) puis Algérie (56-64) ; dissous en 1964 et recréé en 1969 (17e BCA) ; dissous en 1976.


23e BCA - Fourragère aux couleurs de la croix de guerre 1914 1918. Refrain: « V’là le 23e nom de Dieu, ça va barder! ». A Grasse en 1888 ; guerre 1914-1918 (4 citations) ; Corps expéditionnaire Haute-Silésie (1921) ; Maroc 1925; dissous en 1929 ; recréé en 1939 ; dissous en 1940 ; non recréé.

24e BCA - Tubingen (RFA) ; fourragère aux couleurs de la Médaille militaire. Refrain: « Tout le long du bois, j’ai baisé Jeannette! Tout le long du bois, j'lai baisé 3 fois ! ». Conserve les traditions du BCP de la Garde Impériale (1856-1870) ; Grande Guerre France (6 citations) ; Corps expéditionnaire Haute-Silésie (1921) ; Maroc (1925) ; Armée d’armistice ; recréé après guerre comme BCP, porté puis mécanisé.

27e BCA - Annecy ; bataillon des Glières ; fourragère aux couleurs de la Légion d’honneur. Refrain: « Si vous avez des couilles, il faudra le montrer! » A menton en 1888; Grande Guerre (9 citations); Corps expéditionnaire Haute-Silésie (1921); Tunisie (1925) puis Maroc ; en 1939, combat dans les Vosges puis sur le canal de l’Ailette ; Armée d’armistice ; encadre le maquis des Glières ; campagne des Alpes (1944-1945) ; Autriche puis Algérie de 1955 à 1962.


28e BCA - Fourragère aux couleurs de la Médaille militaire. Refrain : « Saut’putain, t’auras d'la saucisse! Saut’putain, t’auras du boudin! ». A Grenoble en 1888 ; Grande Guerre (8 citations) ; dissous en 1929 ; recréé en 1939 ; combat en Lorraine et Soissonnais ; dissous en 1940 ; recréé en 1952 à partir du 13e BCA ; Briançon de 1953 à 1955 ; Algérie jusqu’en août 1962 puis dissous.

30e BCA - Lunéville ; fourragère aux couleurs de la Légion d’honneur. Refrain : « Il sacrebleu! ». A citations) ; en devient 30e BCP

était un p’tit homme tout habillé de bleu Grenoble en 1888 ; Grande Guerre France-Italie (8 Allemagne jusqu’en 1929 ; revient à Metz et y ; ne sera plus jamais BCA.


La sidi

Brahim

Djemmaa Ghazaouet, Fin de journée... ...Seize hommes épuisés sont recueillis par la garnison venue à leur rencontre : le Caporal LAVAYSSIERE, 14 Chasseurs et le Hussard NATANLY. Tous bouleversés, les écoutent ... Ils racontent leur marche terrible de trois lieues, constamment harcelés par les Arabes, contre lesquels ils luttent à la baïonnette, faute de munitions. Ils étaient 80, formés en carrés, les blessés au centre dont l'épuisement obligeait à de fréquents arrêts. La fatigue était immense, mais surtout la soif les torturait, lorsqu'ils parvinrent dans le lit de l'oued Mersa, à 2000 mètres de leur objectif. C'était l'endroit et le moment où les attendait la tribu des Ouled Ziri. Ce fut un carnage. Le Capitaine de Géreaux et le


Lieutenant de Chappedelaine, déjà blessés, ont été achevé les premiers... De cet affreux massacre, voici les survivants... Tout avait débuté le 21 Septembre... Depuis le début du mois, l'Emir ABD EL-KADER, du Maroc où il s'était réfugié, avait entrepris de soulever les tribus Algérienne dont beaucoup, s'étaient déjà ralliées à nous. Ce jour-là, le caïd Trari, sous prétexte de nous appeler au secours, nous entraîna dans un traquenard. Le Colonel de Montagnac, commandant les troupes basées à Djemmaa Ghazaouet, se mit à la tête d'une petite colonne, composée de 60 Cavaliers du 2em Hussard et 350 Chasseurs du 8em d'Orléans, le tout avec 6 jours de vivre. L'on partit le jour même à 22 heures et l'on bivouaqua à 15 kilomètres, à l'ouest, de Djemmaa Ghazaouet. Le 22 au matin, Trari orienta Montagnac vers le sud, et l'on campa vers 13 heures le long de la piste en plein bled. A ce moment, quelques cavaliers Arabes sont visibles sur les crêtes . On échange à distance les premiers coups de feu. Le 23 à l'aube, Montagnac décide de se porter vers les cavaliers ennemis aperçus la veille. Il laisse à la garde du bivouac, le Commandant Froment-Coste, le Capitaine de Géreaux et des éléments de sa compagnie, la 8em, le Capitaine Burgard et sa 2em Compagnie. Ils font 4 000 mètres vers l'ouest et c'est le drame. Surgissant des crêtes environnantes, 5 à 6 000 cavaliers Arabes, menés par Abd el-Kader, fondent sur la petite colonne. Les Hussards chargent. Courby de Cognard est blessé. Les cavaliers sont submergés et bientôt anéantis. Les trois Compagnies de Chasseurs forment le carré et font face. Au milieu d'elles, Montagnac est tué. La lutte va durée 3 heures. Puis les unités du 8e d'Orléans succombent sous le nombre et sont massacrées.


Averti au bivouac par le Maréchal des logis Barbut, du 2eme Hussards, le Commandant Froment-Coste se précipite avec la 2eme Compagnie vers le combat, situé a 4 kilomètres, il ne fera pas 2 000 mètres, les Arabes qui ont vu le mouvement, l'interceptent et l'assaillent de toute part. Froment-Coste est tué, le Capitaine Dutertre, Adjudant major est fait prisonnier... Bientôt, il ne reste qu'une douzaine de Chasseurs que l'Adjudant Thomas, au moment de tomber aux main de l'ennemi, exhorte à se battre jusqu'au bout. Le Capitaine de Géreaux qui a la responsabilité du bivouac, après un vain essai de se porter au secours de ses compagnons, assiste impuissant à la lutte désespérée.

A 1 000 mètres de là, se dresse le petit édifice de la Kouba du Marabout de SIDI BRAHIM. C'est là que Géreaux décide de se porter et de s'installer pour se battre, en attendant du secours.


Géreaux rameute alors le reste de sa compagnie, les 3 escouades de la 3eme compagnie, et le Caporal Lavayssière, qui sont à la garde du troupeau et des bagages, soit environ 80 fusils. Le mouvement est rapidement exécuté, dans la chaleur accablante de ce début d'après-midi. Il n'échappe pas à Abd el-Kader dans cette grande plaine rase, l'Emir pense qu'il va facilement écraser les restes de la colonne Française, mais il va se heurter pendant trois jours et trois nuits à la résistance des 80 Chasseurs du Marabout de SIDI BRAHIM. Dans l'après-midi du 23, les Arabes sont en masse autour de la Kouba et c'est le siège. Les assauts des troupes de l'Emir se succèdent, les harcèlements sont permanents, les munitions et les vivres commence à manquer.

Dès le début, le Capitaine de Géreaux a fait confectionner un drapeau tricolore de pour attirer l'attention de la colonne de Barral qui, avec le 10em Bataillon de Chasseurs d'Orléans, opère non loin à partir de Lalla-Marnia. Lavayssière, aidé du Chasseur Strapponi, hisse le drapeau au sommet d'un figuier qui se dresse près du Marabout... et là, dans la lunette, il voit la colonne de Barral, attaquée à son tour, s'éloigner dans la plaine.


Les Arabes vont tout faire pour faire céder la résistance inattendue que leur opposent les Chasseurs de la Sidi-Brahim. Par trois fois ils les sommes de se rendre. A la première sommation, Géreaux répond que ses Chasseurs préfèrent mourir. A la seconde, assortie de menaces contre les prisonniers, il répond encore que ses Chasseurs et lui sont à la garde de Dieu et attendent l'ennemi de pied ferme. A al troisième, Géreaux blessé, ne peut répondre lui-même. Lavayssière s'en charge et ayant emprunté le crayon du Capitaine, écrit : "MERDE POUR ABD EL-KADER ! LES CHASSEURS D'ORLEANS SE FONT TUER MAIS NE SE RENDENT JAMAIS". Après les sommations viennent les menaces et les sévices. C'est d'abord le Capitaine Dutertre, fait prisonnier le 23, qui est amené devant la murette, crie à ses camarades : "Chasseurs, si vous ne vous rendez pas, on va me couper la tête. Moi, je vous le dis, faites-vous tuer jusqu'au dernier plutôt que de vous rendre". Quelques instants plus tard, sa tête tranchée est promenée par les Arabes autour de la Kouba. Ce sont alors les prisonniers de combats précédents qui sont traînés de même les mains liées, afin d'ébranler la détermination des hommes. "Couchez vous ! hurle Lavayssière. Et il fait aussitôt déclencher une fusillade sur l'escorte d'Abd el-Kader qui se trouvait à proximité, et est lui même blessé à l'oreille. Enfin c'est le Clairon Rolland, lui-même aux mains de l'ennemi qui reçoit l'ordre, sous la menace, de sonner la "retraite". Il s'avance et vient, à plein poumon sonner "la charge". Les jours passent et la résistance ne faiblit pas. Mais les secours n'arrivent pas. Géreaux, de plus en plus affaibli, mais qui a gardé la tête froide et le commandement, se rend compte que la situation ne peut durer. Il décide alors, de percer et essayer de regagner Djemmaa, à près de 15 kilomètres. Le Caporal Lavayssière, homme d'action, prendra le commandement du détachement. Les Officiers, Géreaux, Chappedeleine, Rozagutti, blessés, ne sont plus en état d'assurer cette mission. Le 26 Septembre, à l'aube, ils escaladent la face nord de la Kouba, ils bousculent les petits postes Arabes, et formés en carré, blessés au centre, ils marchent dans la plaine sous le soleil qui monte. L'épreuve va durer toute la journée. Nous connaissons la


suite et l'issue douloureuses de cette marche héroïque, qui va connaître un dénouement tragique dans le lit de l'oued Mersa, à 2 kilomètres de Djemmaa. Dans la journée du 26 et les jours qui suivent, quelques rescapés de la colonne Montagnac parviendront à rejoindre Djemmaa, mais plusieurs succomberont à leur épuisement et à leurs blessures. Dès le début, le nom de SIDI-BRAHIM connut un retentissement extraordinaire. Ce qui frappa, ce fut la volonté, la cohésion de cette troupe, l'accord intime et la communauté de réaction des cadres et des chasseurs dans leur farouche résistance à la faim, à la soif, aux menaces, témoignant d'un état d'esprit bientôt connu comme l'ESPRIT CHASSEUR. Ce fut aussi l'extraordinaire autorité d'un Caporal, dénotant la qualité d'une instruction et d'une formation morale : "le Style Chasseur". Les restes de nos Héros de SIDI-BRAHIM furent rassemblés à Djemmaa Ghazaouet dans le "Tombeau des Braves" et déposés au Musée des Chasseurs, au vieux fort de Vincennes en 1965.

Le c lai ron Ro lan d L E C LAIR ON DE SIDI - BR AHI M Le clairon français Guillaume Rolland (1821-1915) qui sonna la charge lors de ce combat.


En 1913 Le petit bourg de Lacalm, dans l'Aveyron, a été le théâtre d'une cérémonie qui laissera dans la mémoire de ceux qui en furent les témoins émus une durable impression. L'ancien clairon de chasseurs à pied Rolland agé de 92 ans, le dernier survivant de Sidi-Brahim, était, à l'occasion du 14 juillet dernier, Chevalier depuis 1846 a été promu au grade d'officier de la Légion d'honneur. Le gouvernement avait tenu à donner à ce premier geste élégant une signification plus profonde encore en entourant d'un éclat inusité la remise, à ce vieux vaillant Chasseur, de l'étoile d'or : le général de Castelnau, sous-chef d'état-major général de l'armée, et Aveyronnais comme Rolland, avait été délégué par la Grande Chancellerie de la Légion d'honneur pour accrocher sur la poitrine de ce vieux paysan, qu'auréole un si fier passé, son nouvel insigne, et le ministre de la Guerre avait eu la délicate pensée d'envoyer dans ce village perdu le drapeau, l'unique drapeau des chasseurs à pied, avec sa garde. Plusieurs députés étaient présents et notamment M. Massabuau, qui prit l'initiative de signaler à l'attention du ministre de la Guerre les titres de Rolland à la promotion dont il vient d'être l'objet, M. le commandant Driant, etc., etc. D'autre part, Mgr de Ligonès, évêque de Rodez, lui-même ancien capitaine des mobiles de la Lozère, en 1870, associait l'Eglise au patriotique hommage rendu à Rolland en célébrant en son honneur une messe solennelle. Guillaume Rolland a quatre-vingt-douze ans. Il demeure vigoureux, l'oeil clair. Le général de Castelnau agrafa sur la poitrine du vieux brave, à côté de la médaille coloniale, le ruban à rosette et la croix, la décoration en diamants avait été offerte après une souscription limitée à 0,10 cts par personne ; elle avait rapporté 553 F. Puis lui donna l'accolade, s'adressant à lui en patois, et,


familièrement, le tutoyant, en frère d'armes. Mais un mouvement spontané de Rolland mit le comble à l'émotion dont vibraient déjà les spectateurs de cette scène. Il vit soudain le drapeau : " Et alors, dit le commandant Driant, une pensée lui vint, profondément touchante, parce qu'il ne l'avait puisée dans aucune lecture. Il ignorait que, dans des circonstances officielles, des présidents de la République avaient embrassé le drapeau ; il demanda au lieutenant-colonel Valentin, un ancien commandant du 8e bataillon, que le ministre avait délégué à cette fête du souvenir, la permission d'approcher, prit timidement l'extrémité de la soie, s'inclina en la baisant pieusement et ce geste, d'une noblesse incomparable dans sa sincérité, arracha des larmes aux plus sceptiques. " Un bataillon du 7° R.I avec drapeau et musique rendait les Honneurs.

L' Illustration du 6 septembre 1913 Légende de la photo : Celui qui sonna la charge de Sidi-Brahim Derrière Rolland, le général de Castelnau, qui vient d'épingler sur ses autres décorations la croix d'officier et le ruban à rosette


Monument du Clairon ROLLAND de Lacalm

Pour le 142ème Anniversaire Les Anciens Chasseurs Au Clairon ROLLAND Héros de SIDI-BRAHIM 1845 - ¤ - 1987


LA SIDI-BRAHIM

Francs Chasseurs, hardis compagnons, Voici venir le jour de gloire, Entendez l'appel du clairon


Qui vous présage la victoire,

Volez, intrépides Chasseurs, La France est là qui vous regarde, Quand sonne l'heure du combat, Votre place est à l'avant-garde !

II Quand votre pied rapide et sûr Rase le sol franchit l'abîme, On croit voir à travers l'azur L'aigle voler de cime en cime, Vous roulez en noirs tourbillons Et parfois, limiers invincibles, Vous vous couchez dans les sillons Pour vous relever plus terribles !

III Aux champs où l'oued Had suit son cours Sidi-Brahim a vu nos frères Un contre cent lutter trois jours Contre des hordes sanguinaires. Ils sont tombés silencieux Sous le choc comme une muraille. Que leurs fantômes glorieux Guident nos pas dans la bataille !


IV Héros au courage inspiré, Nos pères conquirent le monde, Et le monde régénéré

En garde la trace féconde. Nobles aïeux, reposez-vous, Dormez dans vos couches austères, La France peut compter sur nous, Les fils seront dignes des pères.

V (1) Surprise un jour frappée au coeur, France, tu tomberas expirante. Le talon brutal du vainqueur Meurtrit ta poitrine sanglante. Oh France, relève le front Et lave le sang de ta face, Nos pas bientôt réveilleront Les morts de Lorraine et d'Alsace.

VI (2) Oh Morts, nous vous avions promis De libérer le territoire. Ils sont chassés, les ennemis, Nous vous apportons la Victoire,


Sous vos lauriers, dormez en paix Face au vaincu qui nous regarde, C'est au bord du Rhin, désormais, Chasseurs, que nous montons la garde.

Refrain En avant, braves Bataillons, Jaloux de notre indépendance, Si l'ennemi vers nous s'avance, Marchons, marchons, marchons ! (BIS) Mort aux ennemis de la France ! (BIS)

(1) - Créé après la guerre 1870-1871 (2) - Créé après la guerre 1914-1918


LA PROTE STATIO N DES CHASSEURS

La "PROTESTATION DES CHASSEURS" est, après la "Sidi-Brahim", une chants de base des Chasseurs à pied. Il a pris naissance vers les


années 1880, période où eut lieu une première offensive sérieuse contre la tenue bleue des Chasseurs. Il auait eu comme auteur un Lieutenant du 25ème BCP, mais il est certain que, très vite, il fut adopté et connu dans tous les Bataillons. Il exprime l'attachement des chasseurs à leur tenue bleue et leur vigilance permanente à l'endroit de tout ce qui pourrait la menacer.

I Nous sommes trente mille braves Au képi sombre, au manteau bleu, Et nous voyons même les zouaves Derrière nous, courir au feu. Vous qui voulez qu'on nous supprime, Qu'avez-vous à nous reprocher ? En guerre, en paix, notre seul crime C'est d'avoir su trop bien marcher. Ne touchez pas au corps d'élite : Chasseurs, chasseurs, pressons le pas, Qu'on nous fasse marcher plus vite, Mais qu'on ne nous supprime pas.

II Voyez un peu notre démarche, Essayez de nous suivre au pas, C'est notre bataillon qui marche, Allons, ne vous essoufflez pas. C'est le clairon qui nous entraîne ; Notre clairon, c'est notre amour.


Fi du biffin qui lent se traîne, Trébuchant derrière un tambour. Place aux Chasseurs ; la route est large, La route qui mène au combat.

Vous les verrez pousser la charge, Si vous ne les supprimez pas.

III Visez-vous à l'économie ? Des cinq milliards qu'on dut verser, Nous vous offrons tous notre vie Pour vous les faire rembourser ! Si vous tenez au drap garance Qui coûte autant sans valoir mieux, Notre sang versé pour la France Rougira nos pantalons bleus. A nous les coups de main dans l'ombre Qu'il faut exécuter tout bas. Notre tenue est assez sombre Pour qu'on ne la supprime pas.


Refrain Encore un carreau de cassé, Voilà le vitrier qui passe, Encore un carreau de cassé, Voilà le vitrier qui passe ! IV Vous avez vu nos frères d'armes Tomber au loin pour le pays ; Vous leur avez donné vos larmes, Epargnez donc leurs vieux débris. Serez-vous donc plus durs que la guerre ? Ne voulez-vous pas ménager, Aux chasseurs dormant sous la terre Quelques chasseurs pour les venger ? Que le canon Krupp nous décime, Il a sur nous droit de trépas Et, s'il le peut, qu'il nous supprime, Mais vous, ne nous supprimez pas.

V (1) Vous avez vu la Grande Guerre Faire de nous des diables bleus ;


Ce nom, ceux qui nous le donnèrent, Allez, s'y connaissaient un peu? Sur tous les fronts, Verdun, la Somme, Plus de cent fois renouvelés, Nos bataillons, comme un seul homme, Devant la mort se sont dressés. Chez nous pas de paroles vaines, Les chasseurs de Driant sont là ; Qu'à leur tombeau on nous enchaîne, Mais qu'on ne nous supprime pas.

VI

Notre tenue, c'est le symbole Du dévouement de nos aînés ; Nous l'adorons plus qu'une idole, Car elle est leur linceul sacré. Pourquoi nous battre en drap moutarde ? Les chasseurs ne meurent qu'en bleu. Voulez-vous perdre une avant-garde Qui fut toujours première au feu ? Si vous respectez la mémoire Des chasseurs qui, par leur trépas Ont couvert la France de gloire Vous ne la supprimerez pas.


Le chant des Allobroges : À l’occasion de cérémonies officielles mais aussi de soirées amicales, les Savoyards se plaisent à entonner le chant des "Allobroges", leur hymne "national"... au même titre que la "Coupo Santo" pour la Provence ou "O Breiz ma bro" pour la Bretagne. L'origine de ce chant n'est pas très ancienne. On la situe au milieu du 19ème siècle. En 1855, en effet, la Musique militaire sarde joue pendant la guerre de Crimée l'air entraînant du chef Conterno. En 1856, Joseph Dessaix, neveu du commandant de la légion des Allobroges de 1792, écrivain populaire, compose les couplets. Cette cantate est d'abord connue sous le nom de "La Savoisienne" puis de "Chant de la Liberté", avant de s'intituler "Les Allobroges". Elle est chantée à Chambéry en 1856. Les Allobroges furent les ancêtres des Savoyards (de "allos" = "autre" et "brog" = "pays", soit les gens venus d'un autre pays). Cette peuplade celte envahit l'actuelle Savoie et le nord du Dauphiné en 500 avant Jésus-Christ, développant la capitale de Vienne. C'est en 121 avant J.C., que l'Allobrogie, sous le règne de Jules César, deviendra définitivement romaine. Quant à la "Liberté" évoquée dans le texte, il s'agit de celle des proscrits venus chercher refuge dans les Etats de Savoie après le Coup d'Etat de Louis-Napoléon Bonaparte qui établit le Second Empire, en 1851, en France. La Savoie connaît alors, en effet, un régime libéral avec une monarchie constitutionnelle à deux chambres, instaurées par le souverain savoyard de Turin, le roi Charles-Albert. Cette nouvelle Constitution s'applique à l'ensemble des Etats de Savoie, de part et d'autre des Alpes. Dans les couplets sont évoquées également les révolutions européennes de 1848 (mention des peuples de Pologne, Italie, Hongrie...). D'autres versions des textes seront composées au fil du temps, rappelant notamment certains évènements historiques, la perte de l'Alsace-Lorraine par exemple... Les prémices du chant des Allobroges, qui fait des montagnes de Savoie le refuge de la liberté et un tremplin vers un monde plus


beau, semblent être plus anciennes. Jean-François Ducis dans une lettre adressée à Héraut de Séchelles écrivit : « Quel piédestal pour la liberté, que ce mont Blanc ! [...] Je l'avoue, je donnerais vingt mondes en plaine pour douze lieues en rochers et en montagnes. »

Les Allobroges Je te salue, ô terre hospitalière Où le malheur trouva protection D'un peuple libre arborant la bannière Je vins fêter la constitution Proscrite hélas! J'ai dû quitter la France Pour m'abriter sous un climat plus doux, Mais au foyer a relui l'espérance En attendant en attendant je suis fière de vous.* Refrain Allobroges vaillants! dans vos vertes campagnes Accordez-moi toujours asile et sûreté Car j'aime à respirer l'air pur de vos montagnes: Je suis la Liberté! la Liberté!


Au cri d'appel des peuples en alarme, J'ai répondu par un cri de réveil Sourd à ma voix ces esclaves sans armes Restèrent tous dans un profond sommeil Relève-toi ma Pologne héroïque Car pour t'aider je m'avance à grands pas, Secoue enfin ton sommeil léthargique Et je le veux, et je le veux, tu ne périras pas. (refrain) Un mot d'amour à la belle Italie Alsaciens vers vous je reviendrai, Un mot d'amour au peuple qui supplie, Forte avec tous et je triompherai. En attendant le jour de délivrance Priant les dieux d'écarter leur courroux Pour faire luire un rayon d'espérance Bons Savoisiens, bons Savoisiens, je resterai vers vous. (refrain) Déjà j'ai fait, oh! beau pays de France Sur les sillons briller mon arc-en-ciel J'ai déjà fait pour ton indépendance Le premier pas pays béni du ciel, Ecoute bien mes leçons salutaires, En confiant en ta grande cité, Réveille donc les grands mots de tes pères Fraternité, fraternité, amour, égalité. (refrain) Chez les humains toujours je fais ma ronde; Mon but unique est de tous les unir J'espère bien faire le tour du monde Et triompher dans un prompt avenir Je veux raser ces murailles altières Qui des tyrans abritent le courroux Je veux bientôt tomber les frontières La terre doit être libre pour tous. (refrain)

* on trouve également "Et maintenant et maintenant, je suis fière de vous" ou bien encore "En attendant, en attendant, (je suis fière de vous/je m'arrête chez vous)"

HISTORIQUES


LES ALPINS Les zones montagneuses ont toujours constitué un environnement très particulier pour les opérations militaires, mais la création d’unités adaptées à ce milieu est assez récente. Suite au rattachement à la France de la Savoie et du Comté de Nice, le déplacement de la frontière dans les Alpes exige la réorganisation de sa défense. S’inspirant de la création en Autriche puis en Italie de troupes consacrées à la protection de leur nouvelle frontière dans le Tyrol, le ministre de la guerre décide en 1888 de consacrer en permanence à la défense des frontières alpines 12 bataillons de chasseurs à pied, chacun renforcé d’une batterie de canons démontables de 80 mm et d’un petit élément du Génie.


Les « groupes alpins » se distinguent très vite du reste de l’infanterie par un équipement adapté aux nécessités du climat montagnard. Ainsi apparaissent les attributs caractéristiques des unités de montagne, notamment le béret béarnais, rebaptisé « tarte », qui protège aussi bien des intempéries que du soleil ou des chutes de pierre, l’ample ceinture bleue pouvant se substituer à une corde, la canne recourbée, ou encore les chaussures ferrées aux semelles débordantes. L’armée des Alpes se développe en englobant certains régiments d’infanterie régionaux, comme le 97e de Chambéry ou le 159e de Briançon, qui deviennent ainsi des régiments d’infanteries alpines (RIA). Les bataillons de chasseurs alpins (BCA) effectuent le plus souvent des manœuvres estivales en haute altitude avant de regagner leurs vallées pour l’hiver, tandis que les RIA défendent des positions plus statiques. Cette répartition conduit au développement de techniques originales, afin de se déplacer sur la neige et les parois rocheuses. Ainsi, le capitaine Clerc, du 159e RIA est à l’origine de l’adoption en complément des raquettes à neige d’un « patin norvégien » qui va devenir inséparable de l’image des alpins : le ski. Les troupes alpines feront la preuve de leur accoutumance au terrain montagneux en étant appelées par Lyautey en 1912 pour affronter les guerriers berbères dans leurs villages fortifiés du haut Atlas marocain.


Puis ce sera la Grande Guerre, au cours de laquelle les alpins seront principalement engagées dans les Vosges, qu’ils défendront pied à pied en des lieux de sanglante mémoire : la tête des Faux, le Hartsmannwillerkopf, le Linge… Le qualificatif de « diables bleus », emprunté à leurs adversaires, résonnera encore en juin 1940 lorsqu’ils interdiront le passage à l’opportuniste armée d’invasion de Mussolini. Les unités constituant de nos jours la 27e Brigade d’Infanterie de Montagne sont les dignes héritières de cette épopée baptisée dans le sang.

Le colonel commandant le 16e bataillon de Chasseurs, stationné à Saarburg (RFA), vient de demander officiellement à ce que son régiment soit rebaptisé 16e Bataillon de Chasseurs, afin retrouver son appellation originelle. C’est l’occasion d’évoquer brièvement le passé des Chasseurs. En 1838, un bataillon provisoire de chasseurs à pied est créé par le duc d’Orléans, fils aîné du roi Louis Philippe. Il est doté d’une nouvelle carabine (la Delvigne-Pontcharra), sa tenue est allégée et ses équipements sont simplifiés pour faciliter la rapidité dans l’action. Après une expérimentation concluante en Algérie, il devient en 1840 le 1er Bataillon de Chasseurs à Pied et neuf autres bataillons sont créés. En 1853, Napoléon III porte le nombre à 20, puis en 1871 il passe à 30 et 31 en 1913. Progressivement, certains bataillons ont évolué au gré des circonstances. Ainsi, en 1888, 12 des bataillons sont constitués en


bataillons alpins de chasseurs à pied, puis en 1913 sont créés des groupes de chasseurs cyclistes. En 1937, 2 bataillons deviennent bataillons portés de chasseurs à pied (futurs chasseurs mécanisés), et, enfin, est formé en Indochine le 10ème Bataillon Parachutiste de Chasseurs à Pied. Pendant la Grande Guerre, le nombre de bataillons est porté à 78 (31 d’active, 31 de réserve, 7 bataillons alpins territoriaux et 9 bataillons de marche). Depuis ce nombre n’a cessé de décroître, et il ne subsiste aujourd’hui que 3 bataillons de chasseurs alpins (7, 13 et 27e BCA) et 1 bataillon de chasseurs mécanisés (16e BC). Les chasseurs ont un seul drapeau, dont chaque bataillon assure la garde à tour de rôle. Il est décoré de la médaille militaire (le premier à l’avoir obtenue), de la croix de commandeur de la Légion d’Honneur, de la croix de guerre 1914-1918 avec palme, de la croix de guerre 1939-1945 avec palme, de la croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs, de la médaille Italienne du mérite de guerre, de la croix de guerre Norvégienne avec épées et de la fourragère de la Légion d’Honneur. Il porte dans ses plis les noms de douze batailles. Les chasseurs se déplacent au son des cors de chasse, symbole hérité de l’infanterie légère du Premier Empire, et se distinguent des autres fantassins par une tenue bleue, directement dérivée de la tenue d’origine. Tout les ans les chasseurs commémorent la bataille de SIDI BRAHIM, qui eut lieu en Algérie en 1845 contre les bandes d’Abd-el-Kader, et qui symbolise la résistance acharnée et la cohésion entre les hommes et leurs cadres, au travers de ce que l’on appelle toujours « l’ESPRIT CHASSEUR ». En 1878, à Briançon, le lieutenant-colonel Zédé prend l'initiative de reconnaissance et de séjours en montagne.


Dès 1879, le commandant Arvers entraîne le 12e Bataillon de Chasseurs à Pied durant 4 mois de séjour alpin et le consacrent comme première troupe de montagne. Les 7e, 13e, 14e et 24e BCP participent avec lui à des marches manoeuvres en montagne. En 1884, la traversée du col Lombard par une compagnie du 12e est considérée comme une « première militaire » et ouvre vraiment la haute montagne aux activités militaires. En 1885, le 12e Bataillon de Chasseurs à Pied est nommé membre honoraire de la Section Lyonnaise du Club Alpin Français. La loi du 14 décembre 1888 désigne « douze bataillons de Chasseurs plus spécialement chargés d'opérer dans les régions montagneuses ». Ce sont les 6e, 7e, 11e, 12e, 13e, 14e, 22e, 23e, 24e, 27e, 28e et 30e qui prennent la dénomination de « Bataillons Alpins de Chasseurs à Pied ». Henri Duhamel écrit dans son ouvrage « Au pays des Alpins »paru en 1898 « ... et les 12 bataillons ont formé comme une élite dans l'élite par le choix du Ministre. Ils n'oublient pas qu'ils sont Chasseurs à Pied avant d'être Alpins et regrettent seulement que les 18 autres ne soient pas de la fête. » En 1889-1890, le général Berge, Gouverneur de Lyon, décide l'occupation permanente des postes de la frontière. Le 11e BCA


fut le premier à hiverner aux baraquements des Chapieux, mais bientôt, les « hiverneurs » occupèrent également Seloges, la Redoute Ruinée, Sollières, la Turra, le Fréjus, la Chaux d'Acles, les Fourches (ces derniers à partir de 1897). Si l'équipement est encore rudimentaire (« quelques sous officiers et chasseurs sont munis de piolet »), les marches se multiplient. On peut citer : la « première hivernale » au Pic de Belledonne, le 27 février 1891 par la 3e compagnie du 12e et, en 1895, comme l'une des premières « grandes collectives », la traversée du glacier du Mont de Lans par trois compagnies du 12e. Le Bataillon fut d'ailleurs reçu collectivement comme membre du Club Alpin Français le 3 octobre 1895. On peut considérer que la fin de l'époque des «précurseurs» est marquée par la grande revue de cinq bataillons alpins de Chasseurs à pied que le Président Félix Faure passa, en présence du Drapeau, le 5 août 1897, au Replat des Canons, au pied des postes de la Turra et de Sollières.




LES GROUPES ALPINS extraits de la causerie " la vie militaire dans les Alpes Maritimes à la Belle Epoque " du 18 octobre 2000 -Colonel Henri Beraud Deux ans après la création des troupes de montagne Autrichiennes, en 1870, les Italiens mettent sur pied 15 compagnies d'Alpini à 250 hommes (dont 9 sur la frontière française). Ces soldats ne vont pas tarder à parcourir les crêtes frontières sur lesquelles se profilent leurs légendaires chapeaux à plumes de corbeau. En France, où l'on est braqué sur la " ligne bleue des Vosges ", c'est le grand vide des Alpes. Entre 1878 et 1890, avec la construction des forts " Seré de Rivières " deux unités dites de " forteresse ", chargées d'une défense statique, sont constituées dans les Alpes-Maritimes: un régiment d'artillerie à pied et le 159° RI, qui passera bientôt à 4 bataillons.


En 1882, à la suite de la "Triple Alliance ", le nombre des compagnies d'Alpini étant passé à 72 (dont 43 sur notre frontière), le Commandement français s'émeut et affecte progressivement, dans les Alpes, 12 bataillons de chasseurs à pied (dont 5 dans les Alpes Maritimes).


le 6ème BCA défilant sur la place masséna à Nice en 1891

La création des Groupes Alpins La loi qui organise les " Groupes Alpins " sera, enfin, signée le 24 décembre 1888 notre Commandement n'aura attendu que 16 ans pour réagir à la création des Alpini). Cet acte de naissance des Troupes de Montagne françaises est un beau cadeau de Noël. Le Groupe Alpin est composé d'un Bataillon Alpin, à 6 compagnies, de Chasseurs à Pied, d'une batterie d'artillerie de montagne, à 6 pièces, à dos de mulet, et d'un détachement du Génie. Le recrutement est essentiellement montagnard et un décret fixe la tenue des Alpins, du béret au " bâton ferré ". Dans les Alpes Maritimes, le béret sera baptisé " la socca ". Chacun des 5 Bataillons de Chasseurs Alpins (BCA) des AM (le 6ème à Nice, le 7ème à Antibes, le23ème à Grasse, 24ème à Villefranche, le 27ème à Menton) est affecté à une vallée de couverture (Haute Tinée, Vésubie, Authion, Roya et Mentonnais) dont il assure la défense mobile. De 1889 à 1914, notre département est le plus militarisé des Alpes avec les 5 BCA, 3 bataillons du 111ème de Ligne (Antibes), 4 bataillons de forteresse, un régiment d'artillerie à pied, un régiment d'artillerie de montagne (Nice) et des détachements du 7ème Génie d'Avignon .... Il en sera de même entre les deux guerres. La vie en montagne d'été


Dès la fin du mois de mai, les Groupes Alpins quittent leur ville de garnison pour passer les quatre mois d'été dans leur secteur de couverture. On traverse les localités, fanfare en tête. On anime la bourgade d'étape pendant quelques jours et c'est enfin la répartition des compagnies dans les villages d'altitude, qui vivent en autarcie. Depuis le Moyen-Age, l'habitat et l'hygiène n'ont guère progressé. Les Alpins commencent par inculquer quelques règles d'hygiène aux montagnards. Ils encouragent l'amélioration de l'habitat grâce aux primes de logement: 1 franc par jour par officier, 50 centimes par sous-officier, 10 centimes par homme de troupe, 5 centimes par cheval ou mulet. Les montagnards prennent l'habitude de n'être malade que l'été car consultations et soins par médecins et infirmiers militaires sont gratuits. La montagne est une excellente école pour faire des Alpins une troupe légère, mobile et rustique. Ils vont effectuer des marche-manoeuvres, des tirs, des reconnaissances à la frontière et surtout des travaux de pistes, d'adduction d'eau ... C'est aussi la construction des routes stratégiques pour pouvoir balancer les réserves d'une vallée dans l'autre,- (routes du col d'Allos, de la Cayolle, de Restefond dans les Alpes Maritimes, routes du col de Vars, d'Izoard, du Galibier et de l'Iseran plus au Nord), avec les moyens de l'époque : la pelle, la pioche et la barre à mine. Elles prendront, plus tard, le nom de " Route des Grandes Alpes ". L'Armée est ainsi devenue un puissant outil d'intégration qui fait oublier à ces populations, françaises que depuis une trentaine d'années, les exactions commises par les troupes de la Révolution et de l'Empire, qui vivaient sur le pays. La vie de garnison A l'automne, après le départ des Alpins, les Maires de certaines bourgades, comme Breil, Sospel,... demandent des garnisons permanentes. Mais, comme les épouses des cadres ne veulent pas quitter la ville pour " s'enterrer dans ces trous perdus de montagne ", on y envoie des compagnies tournantes. Revenus dans leur ville de garnison, fanfare, en tête, les Alpins continuent leur entraînement. A Nice, pour les manœuvres de Bataillon, le 6ème BCA utilise les hauteurs et le vallon de Magnan. En février, c'est la participation active aux festivités du Carnaval, aux batailles de fleurs (ouvertes par la fanfare du bataillon) à Nice ou Villefranche. C'est la " Belle Epoque " de l'Armée qui jouit alors d'un prestige qu'elle ne retrouvera jamais. C'est la symbiose Armée -Nation car les Français d'alors sont élevés dans l'esprit patriotique par la famille, l'école, les moyens d'information et même la littérature.


Origines des troupes alpines L’exemple étranger : L’Autriche joue un rôle de précurseur, elle possède depuis le milieu du XIXème siècle une troupe de chasseurs tyroliens spécialisés dans le combat en montagne, comme le demandait leur territoire national. Fervent partisan de l’unité italienne, le niçois Giuseppe Garibaldi, dit Pepin, lève sa propre troupe. Agissant en franc tireur, il dirige une véritable armée « parallèle » à celle du roi de Sardaigne. Et pour cause, républicain convaincu, Pepin eut toujours de l’aversion pour le régime proposé par le roi. Les nécessités de la guerre contre l’Autriche emmenèrent Pepin à organiser, en 1859, une troupe entraînée pour évoluer dans la montagne, les « Chasseurs des Alpes » [1]. Ce sont ces trois milles hommes qui offrirent l’ossature des fameux ‘Mille’, héros de l’unité italienne. Parmi les compagnons de Garibaldi on retrouve un certain nombre de niçois originaires du haut-pays et notamment Giuseppe TARDEGLIO de Saint-Martin-Vésubie [2]. Les succès militaires remportés par les chasseurs tyroliens autrichiens en 1866 font prendre conscience aux Italiens que les Alpes ne constituent plus une fortification naturelle suffisante. Cette obligation stratégique impose au jeune royaume d’Italie la formation d’unités préparées aux opérations en zone

les Alpini. Crées en octobre 1872, les Alpini s’imposent rapidement comme le corps d’élite de l’armée italienne.


Alpini et mitrailleuse Maxime


La répercussion sur la France est immédiate. La présence des Alpini sur la frontière oblige l’Armée française à s’adapter et à former des troupes pour la montagne.

Évolution des troupes alpines françaises Le terme de « chasseur » apparaît en France au cours du XVIIIème siècle, il sert à désigner les unités chargées de missions de reconnaissance et de coups de mains. Toutefois, c’est en 1837 qu’une compagnie de chasseurs à pied est formée pour expérimenter une arme nouvelle, la carabine à canon rayé. Ainsi, dès l’origine, les chasseurs sont conçus comme une troupe d’élite dont la qualité première est la mobilité. Les bataillons de chasseurs à pied sont « testés » sur tous les fronts : Algérie, Crimée, Italie, Chine... Mais c’est dans les Alpes que les chasseurs scellent définitivement leur mythe. Le rapprochement entre l’Italie et l’Allemagne inquiète l’Etat-major français. À la fin des années 1870, les chasseurs expérimentent des marches de reconnaissance dans les vallées alpines. Le constat est sans appel : Bien que parfaitement entraînés, les hommes éprouvent les pires difficultés à se déployer. Il apparaît impératif de former des unités adaptées aux conditions particulières de la montagne et disposant d’une plus grande autonomie. Ces exercices permettent la mise en place des groupes alpins interarmes, associant chasseurs, artilleurs et sapeurs du Génie. Toutes ces observations aboutissent à la loi du 24 décembre 1888 qui désigne « douze bataillons plus spécialement chargés d’opérer dans les régions montagneuses » [3]. Les nouvelles unités sont stationnées face à la frontière italienne dans les XIVème (Grenoble) et XVème (Marseille) régions militaires [4]. Ce positionnement explique que l’appellation officieuse d’Armée des Alpes s’impose rapidement dans tous les esprits. Pour servir de point d’appui à ces unités, une formidable ligne de fortifications


est mise en place conformément aux directives du général RaymondAdolphe SERE DE RIVIERES responsable du comité de défense entre 1874 et 1880. En une vingtaine d’années les Alpes-Maritimes sont transformées en un véritable camp retranché. L’Authion, le Tournaïret, la Bonnette, le Mont Agel, le Mont Chauve, la Drette, la Revère,... toutes les hauteurs entourant Nice sont mises en défense[5]. Les ouvrages sont confiés aux Régiments d’Infanterie Alpine qui voient le jour en 1889. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, l’Italie restant neutre, les bataillons alpins sont envoyés sur le front de l’Est. Les chasseurs alpins participent à tous les combats et se distinguent plus particulièrement dans les Vosges. Les Allemands, impressionnés par tant de bravoure, leurs attribuent le surnom de « Diables bleus ». Repris à l'envie par les documents de propagande ou simplement de souvenir, ce surnom contribua à forger l’immense popularité des chasseurs alpins. Le prestige des chasseurs est tel que le qualificatif de chasseur alpin est attribué à toutes les unités qui portent le béret, la taïole et évoluent en montagne. L’opinion publique est très attachée à ses alpins et en oublie que la défense des Alpes est répartie entre plusieurs unités spécifiques complémentaires (BCA, RIA, BCA...).

La présence militaire dans la région niçoise se renforce après l’arrivée au pouvoir de Mussolini en Italie en 1922. Les revendications fascistes sur la Savoie, Nice et la Corse poussent l’Etat-Major français à organiser le Secteur Fortifié des AlpesMaritimes en construisant des ouvrages de type Maginot. De formidables travaux sont entrepris dans le Haut Pays pour moderniser et compléter les anciens forts Séré de Rivières, prolongeant ainsi la Ligne Maginot jusqu'à la Méditerranée. Le premier chantier est ouvert à Rimplas en septembre 1928, avant même que la loi-programme soit définitivement adoptée par le Parlement [6]. Les ouvrages de la Ligne Maginot sont servis, à partir de 1933, par des unités spécifiques, les Bataillons Alpins de Forteresse. La Seconde Guerre mondiale renforce la renommée des troupes alpines. En 1940, les chasseurs alpins participent activement au succès du corps expéditionnaire de Narvik. De même, la parfaite connaissance du terrain, la maîtrise du matériel et la complémentarité des unités alpines (B.C.A., R.I.A., B.A.F.,...) permettent à l’Armée des Alpes de bloquer l’invasion italienne et de rester invaincue sur ce front.

[1] - BARELLI H. Giueppe Garibaldi, Pépin, Serre, 1995 [2] - Cf Annexe n° 3 [3] - MARTIN J.-P. Les troupes alpines, montagnards et soldats, Editions Le Dauphiné, 1999


[4] - XVème Région (Décret du 16 décembre 1891) - Basse Alpes (moins 3 cantons) ; Alpes-Maritimes ; Var ; Bouches-du-Rhône ; Gard ; Vaucluse, Ardèche ; Corse. Quartier Général – Marseille. [5] - Cf. Annexe n° 4. [6] - En 1925 le Ministre de la Guerre Paul PAINLEVE crée un Commission de Défense des frontières pour faire un état des lieux des ouvrages existants. En 1927 cet organisme est remplacé par la Commission d’Organisation des Régions Fortifiées (CORF) qui se charge d’étudier localement les travaux à entreprendre. En janvier 1930 le Parlement vote la loi de financement des travaux défendus par André MAGINOT qui a succédé à P. PAINLEVE.

Surveiller et protéger la frontière Dans les montagnes en été... Avec l’arrivée des beaux jours, les troupes en garnison sur le littoral se mettent en mouvement. Peu à peu les bataillons gagnent leur quartier d’été et sillonnent en tous sens l’arrière-pays. Les montagnes connaissent alors de juin à septembre une grande effervescence. Dès que les conditions le permettent, les bataillons s’installent dans les camps d’altitude : Brouis, Turini, Cabanes Vieilles, La Brasque, les Fourches... Les alpins logent alors dans des baraquements en bois ou des casernes en pierre aménagées par le Génie. Les villages des vallées ne sont pas pour autant délaissés. Aussi, l’administration militaire tient-elle à jour une liste des logements disponibles dans chaque commune. Dans les villages les capacités d’accueil étant réduites, le logement chez l’habitant est essentiellement réservé aux officiers et sous-officiers. Chaque été, un bataillon vient prendre position à Moulinet : « Il y avait un monde incroyable au village à cet époque-là. Aujourd’hui, on ne peut pas imaginer. Il y avait beaucoup d’estivants. Et puis, il y avait les militaires. Lorsque le bataillon restait un moment, les familles des officiers venaient les rejoindre. Les gradés logeaient


un peu partout au Paradisio, au Beau Site, chez ODDO. Là où il y en avait le plus, c’était aux Tilleuls. Quand les militaires étaient là, ils réquisitionnaient toute la pension. Les soldats montaient des tentes. Il fallait voir tous ces marabouts alignés au Pra le long du boulevard, c’était beau » [1] .

Les propriétaires des appartements occupés sont indemnisés par un loyer (1 franc par jour pour un officier, 0,20 fr pour un sousofficier), qui forme rapidement un revenu convoité. Le reste de la troupe installe le campement sur les prés réservés à cet effet à proximité des villages, loués aux communes, ou par leur intermédiaire, à des particuliers (cantinière 1fr par jour, soldats 0,03 fr) [2]. Les « marabouts », ces tentes en forme de tipi, font alors parties du paysage commun de nos Alpes.

Tout l’été, les exercices se multiplient pour familiariser les soldats avec le terrain et le matériel. Les marches de reconnaissances vers les cols et les sommets de la frontière assurent un entraînement sportif quotidien. Dans les zones escarpées, l’approvisionnement (ravitaillement, munitions, matériel,...) se fait essentiellement à dos d’hommes et de mulets. Au cours des manœuvres, des champs de tirs temporaires sont ouverts dans des vallons isolés pour permettre l’utilisation d’armes individuelles et de canons dans des conditions réelles. Pour les batteries alpines, la période des « écoles à feux » constitue un temps fort.


Les alpins s’habituent à monter, à démonter, à transporter et à manier les canons de montagne dans toutes les situations. Les chasseurs alpins expérimentent toutes sortes d’équipements. Télégraphe, appareil de transmission optique, téléphone de campagne, armements... sont testés en conditions réelles avec plus ou moins de succès. Ces observations aboutissent notamment à la mise en service à partir de 1901 du canon de 65 mm mieux adapté aux réalités de la guerre en montagne. Simultanément, des campagnes de relevés géodésiques et topographiques sont menées pour parfaire la connaissance des éventuelles zones de combats [3].



L’hivernage dans les Alpes : Après d’intenses manœuvres estivales, les unités alpines avaient l’habitude d’abandonner les montagnes et de regagner leurs garnisons sur le littoral pour passer l’hiver « au chaud ». Cette pratique disparaît à partir de 1889 avec les premières expériences d’hivernage ordonnées par le baron BERGE, commandant de l’Armée des Alpes. Pour parfaire leur connaissance du milieu et du terrain,

les alpins occupent la montagne en toutes saisons. Postes d’hiver et écoles de ski sont implantés à Plan Caval, aux Fourches, à Beuil, Peïra Cava... les effectifs concernés se multiplient rapidement. A l’Authion, avant la Grande Guerre, le poste d’hiver


de Plan Caval est tenu de novembre à mai par une vingtaine d’hommes. Relevés météorologiques, travaux d’entretien, corvées de ravitaillement et surtout missions de reconnaissance rythment la vie du poste. Le nombre d’hivernants augmente considérablement dans l’entre-deux guerres.

Avec la création en 1930 des Sections d’Eclaireurs Skieurs, chaque unité envoie une section s’initier à l’école de ski de Cabanes Vieilles. Plusieurs centaines d’hommes hivernent et toutes les casernes sont occupées : il y avait « 5 ou 600 types, c’était une sacrée organisation.


Tous les régiments de la Côte d’Azur avaient une section qui allait là haut » [4]. L’hivernage n’est pas une mince affaire et une solide préparation est nécessaire. Les volontaires pour l’école de ski sont soumis à un entraînement spécifique. Pour le Maréchal des logis Labadie de la 57ème brigade du 94ème Régiment d’Artillerie de Montagne,

caserne d’artillerie à st roch


les exercices commencent à la caserne Auvare à Nice. Marches, courses à pied, gymnastique... permettent de « faire les jambes ». Les skis sont distribués à Auvare « les volontaires apprenaient en caserne à chausser et à déchausser les skis avant de monter, les cintrer avec des spatules pour pas qu’ils se déforment, mettre des étais. On s’entraînait pour se débrouiller tout seul si on cassait une courroie, ou autre chose ». Le prestige des S.E.S. s'affirme rapidement. Soldats d'élite, les membres de ces unités bénéficient d'un traitement de faveur, ils sont dispensés des services de semaine, de garde et autres corvées.


caserne de Riquier ou quartier st Jean d’Angely 1907

quartier st Roch (artillerie) caserne Auvare


les écuries autres vue des écuries l’ordinaire



batterie alpine en place pour le dĂŠfilĂŠ


En novembre, les apprentis skieurs sont envoyés au Camp de Cabanes Vieilles. Sur place, ils passent leur brevet à l’école de ski. La formation consiste à familiariser les hommes aux différentes techniques de ski, mais aussi à les sensibiliser aux dangers que peuvent représenter les avalanches, les plaques à vent et autres phénomènes naturels auxquels ils pourraient être confrontés. De nombreuses stèles funéraires jalonnent la montagne et rappellent la


mémoire des militaires victimes d’accidents aux cours de manœuvres [5]. Les consignes de sécurité sont strictes car le danger est omniprésent. Lorsque les conditions météorologiques sont trop difficiles (tempêtes de neige, brouillard), les hommes sont consignés dans les cantonnements. Les précipitations sont parfois telles que les soldats creusent des tunnels dans la neige pour passer d’une chambrée à l’autre. Les cadres s’efforcent de sensibiliser les hivernants à la notion de risque.

L’utilisation du traîneau de secours, la pratique des premiers soins, la construction d’un igloo, l’allumage d’un feu... font partie du programme d’entraînement. Ainsi, outre le niveau de ski des candidats, l’examen évalue aussi la capacité des hommes à survivre en milieu hostile. Les meilleurs éléments sont sélectionnés pour participer à un stage de perfectionnement à la prestigieuse Ecole Militaire de Haute Montagne de Chamonix.

Une fois le diplôme obtenu, les hommes sont autorisés à s’éloigner des abords du camp et à prendre part aux exercices en haute montagne. Les marches de reconnaissance s’apparentent parfois à de véritables raids. En 1912, par exemple, les hommes du poste d’hiver de Plan Caval quittent l’Authion le 15 avril, font étape à Beuil, puis Saint-Etienne-de-Tinée pour atteindre le refuge du Rabuons le 18 avril. Le lendemain, le détachement prend le chemin du retour. Il passe par Saint-Etienne-de-Tinée, Valdeblore, Roquebillière, Turini et arrive à Plan Caval le 22 avril [6]. Isolés en pleine montagne, les commandants des postes d’hiver sont investis de lourdes responsabilités. En plus de leurs attributions militaires, ces officiers doivent s’employer à maintenir le moral


de leurs hommes. Afin d’animer les veillées, les postes d’hiver sont dotés de livres et de jeux pour que « durant les longues heures de l’hiver alpin, ils oublient un peu la monotonie, la tristesse et le danger de leur existence » [7]. Instruments de musique et phonographes sont également très appréciés. Tous les moyens sont bons pour occuper les hommes. « On joue à tout âge et en toute saison, on peut dire ici que l’on joue à toute altitude (...) Avec les longues soirées d’hiver, la monotonie et la tristesse seraient vite venues, si l’on ne s’ingéniait à varier les plaisirs. Aussi tout y est passé : loto, dominos, cartes, lecture, concerts, danse enfin (...) C’est la danse qui a réuni le plus d’amateurs et qui a le mieux résisté au temps ! » [8].

Camp des Fourche


Autre vue du camp des fourches Le poste d’hiver du Camp des Fourches, dans la vallée de la Tinée, conserve un étonnant témoignage sur le besoin d’évasion que devaient ressentir les soldats. En effet, un des bâtiments est décoré de peintures qui illustrent avec humour les occupations des hivernants [9]. Sur les murs, on découvre des frises présentant des pas d’escalade, des alpins évoluant en cordée ou à ski. Plusieurs scènes évoquent avec ironie les

fresques du camp des Fourches mésaventures des apprentis skieurs Le ton est à une certaine autodérision. Un chasseur enfoncé dans la neige jusqu’au cou, après avoir lourdement chuté, est accompagné de la mention « poudreuse 100 % ». A l’arrière-plan, au-dessus de lui, on devine le téléphérique militaire qui reliait le hameau du Pras au camp des Fourches et permettait ainsi le ravitaillement du poste d’hiver. Une autre pièce, faisant probablement office de foyer, est décorée de scènes montrant des danseuses légèrement vêtues. Ce type de revue était très à la mode dans l’entre-deux guerres. Un des tableaux évoque Joséphine BAKER et sa célèbre ceinture de bananes. L’imaginaire des alpins s’exprime, dans ces lieux isolés, par les thèmes choisis (les femmes, la revue, la bouteille...), mais aussi par leur quotidien (le ski et l’alpinisme).


telepherique du Camp des Fourche De même, les postes d’altitude disposent souvent de chiens qui accompagnent les soldats pendant les reconnaissances et rendent de menus services.

Ainsi, H. MOUTON [10] se souvient de son affectation au 74ème BAF dans la Vésubie en 1939 : « On avait notre quartier général à Lantosque, mais notre groupe d’éclaireurs surveillait le vallon de la Madone. On était installé dans une villa sur la route de


Venanson, on avait deux chiens avec nous. Une équipe montait chaque jour en face, au-dessus du village. On avait aménagé un observatoire sur un piton. Ils prenaient toujours le chien mâle avec eux. Nous, on gardait la femelle avec nous. Et tous les soirs, le chien revenait trouver sa femelle en nous rapportant le message du jour attaché autour du cou. Il y avait un motocycliste qui venait de Lantosque et qui le transmettait... ». Toutefois, le mérite principal des chiens est de servir d’animaux de compagnie. Ces bêtes sont affublées de surnoms affectueux et s’imposent comme de véritables mascottes. Chaque année, les hivernants se félicitent de la présence au poste de chiens qui permettent de distraire et d’amuser les hommes.

L’hivernage est une expérience unique qui marque profondément les jeunes gens. Les hivernants doivent faire preuve des qualités physiques mais aussi mentales pour faire face à la solitude, à la promiscuité, aux conditions climatiques. M. LABADIE garde un excellent souvenir de ses séjours à l’Authion « là bas il y avait du bien être, déjà la nourriture n’est plus la même, tu avais tous les trucs qui te dopaient : figues, dattes, chocolat, café au lait, tu avais le thé à 16 heures (...) On redescendait au printemps et on rejoignait nos unités, on redevenait militaires. Là haut, on était civil. Il y avait personne, il y avait que nous, même pas les renards » [11]. Isolés en pleine montagne, à 2000 mètres d'altitude, les hommes sont loin des réalités quotidiennes de la caserne. Ainsi, malgré la rigueur du séjour, l'hivernage est perçu comme une parenthèse magique. « N'a rien vu celui qui n'a pas vu Cabanes Vieilles enneigé au soleil levant de la Côte d'Azur, avec ses vues sur la mer et selon les postes d'observation, sur la Corse enneigée. On avait Nice à nos pieds, on repérait le casino de la jetée » [12].


Le Ski, haute technologie fin XIXème siècle : Ce furent tout naturellement les Chasseurs Alpins qui testèrent cette technique nordique appelée « le ski », dans les conditions extrêmes de l’hivernage. Les « premiers pas » furent laborieux, mais la technique était appelée à connaître un grand succès. L’équipement restait rudimentaire, les spatules, en bois, avaient une fâcheuse tendance à se briser. Les fixations étaient de simples lanières de cuir. Un seul bâton servait à se guider… En 1903, le poste d’hiver de Plan Caval tenu par le 6ème BCA, ne possède, pour tout équipement, que deux paires de ski qui sont jugées bon « pour une excellente gymnastique »[13]. Le chef de poste avoue son ignorance face à ces nouveaux outils et remarque que « peut-être de plus habiles que nous ou de plus expérimentés pourront-ils faire rendre aux skis des services que nous n’avons pu obtenir ». La dotation en matériel augmente et la pratique du ski se développe rapidement. Le rapport d’hivernage 1912-1913 signale déjà que « le ski est indispensable à un poste d’hiver pour les facilités qu’il offre ». Rapidement les skis imposent leur supériorité sur les raquettes à neige. Le chef de poste d’hivernage de Plan Caval dans son rapport d’activité de 1936-1937 note : « l’emploi des raquettes ne présente aucun avantage, c’est un mode de déplacement lent et très pénible » [14]. En fait, il n’existe avant la Grande Guerre quasiment aucun matériel à usage spécifiquement militaire. Les unités se fournissent auprès de sociétés civiles et n’hésitent pas à utiliser du matériel de tourisme. Pendant leurs séjours, les hivernants expérimentent et testent crampons, piolets, carres, fart... De même, les soldats doivent se débrouiller eux même pour réparer et entretenir le matériel. Aussi, la présence au poste d’hivernage d’un soldat menuisier ou cordonnier de formation est des plus utiles [15]. Les choses vont évoluer avec la création en 1932 de l’Ecole de Haute Montagne de Chamonix, dont la vocation est de former les cadres des troupes alpines et de mettre au point le matériel adapté aux combats en montagne. Il n’en demeure pas moins que les « alpins » se familiarisent avec le ski et en deviennent les principaux ambassadeurs. La mode est lancée et au début du XXème siècle des concours de ski sont organisés. Les chasseurs alpins participent activement à ces réunions et se révèlent souvent


de brillants concurrents. Dans les Alpes-Maritimes, le premier concours de ski se déroule à Camp d’Argent, le 7 février 1909 [16]. Beuil, Peïra Cava, Plan Caval deviennent par la suite des rendezvous réguliers. A partir de 1912, le challenge du XVème Corps d’Armée permet aux différentes unités militaires de mesurer les talents de leurs skieurs. Très courus, les concours de ski sont l’occasion d’un échange de mondanités entre l’aristocratie du département et l’élite militaire basée dans notre région.

Chasseurs du 23ème BCA à Beuil les Launes (coll.V de Cessole) La personnalité emblématique du Chevalier Victor de Cessole est indissociable de l’essor des « sports » de montagne dans notre région [17]. Courses en montagne, escalade, patinage sur glace, ski... le Chevalier de Cessole et ses invités sillonnent en tous sens les vallées alpines. Le chevalier de Cessole séjourne régulièrement à Peïra Cava et à Beuil où il se montre l’inlassable promoteur du ski.Les compétitions de ski permettent aux participants de confronter leurs expériences.


Cessole)

habitation des officiers célibataire ( coll v.de

Ainsi, le chef de poste de Plan Caval note au cours de l’hiver 1908-1909 que « Tous les chasseurs du poste s’y sont adonnés avec entrain, la plupart même, à la suite des concours qui ont eu lieu cet hiver à Peïra Cava, où ils ont eu devant les yeux la véritable méthode norvégienne, ont acquis une grande assurance et se sont déjà bien affermis dans la pratique de ce sport » [18]. En effet, cet hiver là Peïra Cava accueille les champions de ski DURBANHANSEN et JUNOD ainsi que le champion de France de patinage MAGNUS. Touristes étrangers, notables et militaires se retrouvent autour des « skiodromes ». Un grand nombre de cartes postales et de photographies immortalisent ces événements.

Dans les années trente, la pratique du ski commence à se vulgariser. D’importants travaux sont engagés pour transformer les « champs de neige » en véritables stations de ski. Beuil-Valberg s’équipe de téléluges et de monte-pentes à partir de 1936, Auron inaugure le téléphérique de Las Donnas en janvier 1937 [19]. L’aménagement des routes d’accès aux stations permet d’accueillir un public de plus en plus nombreux. Le temps d'une permission, les chasseurs alpins deviennent des « skieurs du dimanche » [20] et se mêlent aux civils sur les pistes. « Le dimanche, nous allions nous exhiber au Camp d'Argent, fréquenté par les skieurs civils de Nice, Cannes et Menton. Nous avons eu cet hiver là, la visite du Lieutenant Carignon, avocat Cannois, auréolé d'une course dans l'Himalaya, ainsi que, l'année suivante celle de Paul-Emile Victor » [21]. Le ski se démocratise et les militaires ont eu un rôle déterminant dans ce succès. En février 1938, le XVIIème championnat de France


de ski se déroule pour la première fois dans les Alpes du Sud. Les différentes épreuves de la compétition sont réparties entre les sites de Beuil, Valberg et Auron. Les organisateurs font appel au savoir-faire de la troupe. La main d’œuvre militaire est sollicitée pour tracer et damer les pistes, préparer les tremplins. Parmi les responsables techniques des championnats, il convient de distinguer le capitaine POURCHIER. Natif de Beuil, il œuvre pour le développement de sa commune et fait construire dès 1930 un premier tremplin de saut. Par la suite, le capitaine POURCHIER devient le spécialiste du saut en France et reçoit le commandement de l’EMHM de Chamonix. Personnalité reconnue, il a laissé son nom à une technique d’escalade et à un traîneau pour le secours en montagne. Ce premier traîneau-ski démontable, destiné à évacuer les blessés, a été mis au point avec son frère, ingénieur à Nice [22].

[1] - Témoignage de Mme Marie Antoinette CARENCO, fond Pascal DIANA, mars 2001. [2] - Tarifs du règlement 1890, in Nul ne crains, n° 71, septembre 1999. [3] - Ces exercices de repérage furent décisifs lors des combats du 10 au 24 juin 1940. [4] - Témoignage de Emile dit Marcel LABADIE, fond Pascal DIANA, 1998. [5] - Annexe n° 6


[6] - Rapport d’hivernage 1911-1912 , fond C.E.V. [7] - VALENTIN, Peïra Cava et Thorenc, nouvelles villégiatures, 1905. [8] - Rapport d’hivernage 1908-1909, fond C.E.V.. [9] - Miraculeusement conservées les « fresques » mériteraient d’être valorisées et protégées. [10] - Témoignage de Henry MOUTON, fond C.E.V., juillet 2000. [11] - LABADIE Op. cit [12] - DORY F. « Chronique de la vie du 22ème BCA de 1936 à 1940 », in Nul ne crains, n° 66, septembre 1997 [13] - Rapports d'hivernage du poste de Plan Caval 1903-1904, fond C.E.V. [14] - Rapport d’hivernage du 75ème BAF, SHAT 34 N 188. [15] - Rapport d’hivernage 1912-1913, fond C.E.V.. [16] - LOMBARD J.P. Histoire du ski dans les Alpes-Maritimes, Giletta, 1989 [17] - Fondateur en 1900 de la section des Alpes-Maritimes du Club Alpin Français dont il assure la présidence jusqu’en 1932 et du ski club des Alpes-Maritimes en 1909. [18] - Rapports d'hivernage du poste de Plan Caval 1908-1909, fond C.E.V. [19] - LOMBARD , op. cit. [20] - DORY F. « Chronique de la vie du 22ème BCA de 1936 à 1940 », in Nul ne crains, n° 66, septembre 1997 [21] -Ibidem [22] - MARTIN J.-P. « Jusqu’au bout du devoir . Le LieutenantColonel Marcel POURCHIER », in Les Cahiers des Troupes de Montagne, n° 17, juin 1999, pp. 30-38.


Fraternisation à la frontière Malgré les relations conflictuelles entre les deux Etats, la frontière « artificielle » de 1860 ne joue pas son rôle. Bien moins qu’une barrière, elle est au contraire, un véritable lieu de rencontre pour les voisins , Français et Italiens. Il existe un certain décalage entre les discours ministériels belliqueux et la réalité locale. Les troupes qui séjournent sur les monts, circulent, s’entraînent, sont aussi aptes à fraterniser lorsqu’elles se rencontrent. Ainsi voit-on, avec les douaniers des deux Etats qui se côtoient régulièrement, se réunir les troupes alpines, gendarmes et carabiniers, qui posent souvent pour des photographies souvenirs. L’idée d’affrontement reste longtemps absente de ces lieux, où se croisent les cousins d’hier, peuples des vallées occitanes françaises et italiennes, Nissarts et Piémontais. C’est le cas dans la Gordolasque, le Valdeblore et plus encore au Boréon et au sanctuaire de la Madone de Fenestres. Cette complicité relative permet au lieutenant VAGLIO qui dirige une reconnaissance de la SES du 75ème BAF à la Cime du Diable, de discuter avec son homologue italien alors que la guerre est déclarée depuis trois jours. Les deux hommes prennent toutefois la précaution de rester dos à dos pour que les Chemises noires qui


occupent les positions alentours ne se rendent compte de rien [1]. Cependant, la familiarité a des limites et le lendemain des coups de feux sont échangés sur les mêmes pentes où tant de fois Français et Italiens ont fraternisé [2]. Malgré les tensions accumulées depuis la fin du XIXème siècle, bon nombre de Niçois ne peuvent se résoudre à envisager l’irréparable. Aussi la déclaration de guerre italienne est-elle perçue comme une véritable trahison, un « coup de poignard dans le dos ».

Tombe de l’Alpin Jean Rigot à la Cime du diable premier tué de l’Armée des Alpes en juin 1940 [1] - PANICACCI J.L Les Alpes-Maritimes de 1939 à 1945, Serre 1989. [2] - Le 14 juin 1940, l’Alpin J. RIGOT est abattu, il est le premier français tué du front des Alpes.

La tenue :

Histoire : La tenue des chasseurs a relativement peu changé depuis leur création comparativement à ce que fut l'évolution des soldats des autres armes. Dès 1837, les chasseurs adoptent le fameux bleu qui leur restera et optent pour une tunique de forme nouvelle


différente de l'habit ajusté de l'infanterie. De même un ceinturon de cuir noir supportant la giberne et le porte-baïonnette se substitue aux buffleteries blanches réglementaires des régiments d'infanterie. La coupe et la coiffure suivront l'évolution de la mode militaire mais la couleur de fond bleu foncé, les passepoils et galons de troupe jonquille, les épaulettes vertes à tournante jonquille, les boutons argentés frappés du cor resteront immuables depuis la tenue définie en 1840. En 1842, à la suite du décès accidentel du Duc d'Orléans, leur créateur, les chasseurs prirent le nom de "Chasseurs d'Orléans" et les officiers, en signe de deuil, adaptèrent au képi un manchon de velours noir. En 1888 la transformation de bataillons en bataillons alpins entraînera une première variante dans l'homogénéité de la tenue des chasseurs par l'adoption par ces derniers du béret béarnais (baptisé "tarte" orné du cor) des bandes molletières bleu foncé, de la ceinture de flanelle et du jersey bleu, de la vareuse dolman à col rabattu et de la pèlerine à capuchon. A l'entrée en campagne en 1914, les chasseurs à pied portent le képi, la capote, le pantalon pris dans des jambières en cuir noir, la veste sur le sac ; les chasseurs alpins portent le béret, la vareuse bleu foncé, le pantalon pris dans les bandes molletière, pèlerine sur le sac ; les chasseurs cyclistes portent la tenue des alpins sans le béret remplacé par le képi des chasseurs à pied et le collet à capuchon. En 1932 est adoptée la nouvelle culotte golf bleu foncé et passepoil jonquille. En 1939, les bataillons de chasseurs font la campagne de France en casque et en capote kaki (cape et béret pour les bataillons portés des divisions cuirassées) de différents modèles. A partir de 1944 et parfois jusqu'en 1946, les chasseurs furent équipés de tenues américaines comme la plupart des autres corps de l'armée avec calot bleu foncé à fond et passepoil jonquille pour les chasseurs à pied et béret pour les chasseurs alpins, mais nombreux furent ceux et notamment parmi les officiers qui conservèrent tout ou partie des anciennes tenues françaises. Après 1946, les chasseurs furent dotés des nouveaux effets réglementaires, bleu foncé avec boutons argentés et passepoils, attributs et galons (pour les hommes du rang jonquille). La transformation dès 1937 des 5ème et 17ème, puis en 1940, des 4eme et 16eme bataillons de chasseurs à pied en chasseurs portés n'entraîne pas de changement dans la tenue sauf le casque modèle "blindé" à "frontière" de cuir. On est ainsi revenu au seul particularisme des chasseurs alpins au sein des bataillons bleus tous par ailleurs mécanisés et dotés du même uniforme : béret (plus petit que celui des alpins), tenue


bleue avec boutons, attributs, galons et passepoils traditionnels.


LA TENUE BLEUE Seuls de toute l'Armée de Terre, les Chasseurs ont conservé une tenue particulière directement dérivée de celle de leurs origines. C'est là une conséquence de la réputation et de la popularité acquises par nos Anciens et de l'esprit de Corps si vivement montré par tous durant plus d'un siècle. Par contrecoup, elle est un élèment prépondérant de notre esprit de corps actuel. DE NOS JOURS, CE QUI DISTINGUE, AUX YEUX DE TOUS, LE CHASSEUR,


C'EST SA TENUE BLEUE A PASSEPOIL JONQUILLE. Ce qui frappa les spectateurs de la première entrée des Chasseurs à pied dans Paris, le 4 Mai 1841, ce fut moins la couleur de leur tenue que sa forme. Le Duc d'Orléans voulait en effet d'abord faire des Chasseurs des combattants de choc en les allégeant : substitution du ceinturon noir aux larges buffleries blanches, tunique au lieu de l'habit, équipement simplifié, etc... Mais il voulait aussi en faire un Corps d'élite en les différenciant : tenue sombre, d'aspect sévère mais élégant. Au cours des temps, la tenue des Chasseurs a évidemment évoluée dans la forme de ses divers élèments, la nuance allant du gris fer bleuté au bleu foncé. Les Alpins ont reçu des vêtements spéciaux, notamment la "tarte", en 1889, et le "manteau à capuchon" gris fer, en 1892. En 1914, les chasseurs à pied sont partis en campagne en képi, manteau, pantalon pris dans de courtes jambières noires, vareuse dans le sac. Tous ces effets étaient gris de fer bleuté. Les bataillons alpins portaient le béret, le "pantalon-culotte" gris de fer et les molletières bleu foncé. Le manteau était portéé sur le sac. En campagne, les galons de laine devinrent verts et le restèrent jusqu'en 1920. En 1935, la vareuse redevient bleu foncé, col rabattu. En 1938, apparaissent le col ouvert, la chemise bleu foncé et la cravate "régate" noire pour la troupe, ainsi que la culotte de "golf". En tenue de guerre, la vareuse et la culotte restent bleu foncé, mais le casque et la capote sont "moutarde". Depuis peu, le port de chemise bleu clair est devenu réglementaire en tenue de sortie (Le 24ème a conservé une tradition spéciale du Bataillon de la Garde : les épaulettes vertes et jonquille qui peuvent être portées en tenue de parade. Cette tradition est observée en particulier, encore aujourd'hui, par sa fanfare.) Ce qui fait l'originalité de la tenue des Chasseurs et doit être considéré comme un élèment de leurs traditions, ce sont :


-la tenue bleu foncĂŠ ;

-les passepoils, soutaches et galons de laine jonquille ;

-la cravate noire ;


-le cor de chasse au béret (pavillon en avant) ou parfois sur le col (pour les cadres). En ce dernier cas, attention d'avoir les pavillons à l'extérieur car autrement on "souffle dans ses pavillons" et c'est l'occasion d'une joyeuse amende. Sur la vareuse les galons sont portés sur les épaules.

L'insigne du Corps, dont le motif de base est toujours un Cor de Chasse argent, est porté réglementairement aujourd'hui sur la poche de poitrine droite. Il convient, à ce sujet, de noter que la grande majorité des insignes de Corps des Chasseurs ont le pavillon à gauche, mais certains l'ont à droite.

Par suite de traditions particulières, quelques bataillons ou groupement portent leur insigne sur la fourragère.

Heureux de revêtir la tenue bleue chaque fois que la possibilité lui en est donnée ;


Fier de se présenter alors comme "Diables Bleu", héritier d'un nom et d'une tradition prestigieuse ;

Conscient de la responsabilité qui lui échoit de n'être point "couvert" par l'anonymat de la couleur "moutarde" ; Sensible enfin à son élégance ;

Le Chasseur voit dans sa tenue bleue "le symbole du dévouement de nos aînés" et s'attache à être en toutes circonstances d'une correction dans le droit fil de notre tradition. Enfin il se tient prêt à défendre sa tenue contre tous ceux qui, périodiquement, envisagent de la supprimer. Officier, Sous-Officier, Caporal ou Chasseur, il est fier de se montrer en tenue et recherche toutes les circonstances lui permettant de le faire.


LA TENUE BLEUE DES CHASSEURS EST UN TEMOIGNAGE DE LEUR PASSE, UNE ASSURANCE POUR LE PRESENT ET UN GAGE POUR L'AVENIR.

LES RITES DU REPAS CHEZ LES CHASSEURS La pratique des repas en commun a toujours, dans l'Armée, constitué un domaine favorable à l'établissement de traditions, de tenue et de comportements propres aux différentes armes. En général, elles ont pris naissance dans les "popotes" des Lieutenants célibataires qui, par leur âge, leur disponibilité, leur entrain et leur attachement à leur Corps, marquent leurs repas journaliers d'un climat de gaieté et de dynamisme Avant 1940, il n'était pas rare de trouver, par bataillon, des tables d'une dizaine de célibataires d'active et de réserve ( Actuellement, les cadres se marient souvent fort jeunes et les tables des célibataires sont, de ce fait, réduites en convives. A eux cependant de maintenir "le flambeau"). Ces groupes formaient


un des élèments importants de la vie du Corps et on pouvait dire, sans crainte de se tromper, que "l'ambiance de la popote des Lieutenants était un baromètre de la vitalité et de la tenue d'une formation". Chez les Chasseurs, depuis longtemps, la communauté des agappes quotidiennes a donné naissance à des rites de la table qui leur sont propres. Ces rites ont leur valeur. Ils font partie de l'éducation des jeunes officiers et des sous-officiers. D'aucuns peuvent avancer que l'usage de ces règles risque de faire régner une ambiance de contrainte à un moment où la détente est de mise. Tout est évidemment question d'application. Mais une pareille interprétation est en général fausse : l'expérience prouve que la joyeuse adhésion de tous à ces pratiques est bénéfique du point de vue individuel et collectif, car : -elles donnent un style de vie au groupe qui les applique et marque son originalité, -elles sont un motif de gaieté et d'entrain, -elles constituent une manière élégante et efficace de transmettre les traditions et de conserver une certaine tenue dans la bonne humeur qui ont toujours été de mise chez les Chasseurs. Aussi est-il recommandé que les rites de la table soient connus et entretenus tant dans les popotes d'officiers et de sous-officiers que dans les repas où les cadres du Corps se trouvent réunis : repas de Corps, manoeuvres, etc... Les traditions de la table ont toujours été appliquées dans les popotes d'officiers et de sous-officiers de Chasseurs avec des modalités très variables et très libres. Cependant, nous indiquons ici celles qui paraissent en constituer les élèments de base : -le président de table, -la lecture du menu (le chef de popote), -la calotte (le chef de calotte), -la tenue.


LE PRESIDENT DE TABLE Toute table de Chasseurs (officiers ou sous-officiers) est présidée par l'officier (ou sous-officier) le plus ancien dans le grade le plus élevé. Le Président de table veille à l'ambiance et la tenue sous tous les rapports. IL EST LE MAITRE DE MAISON.

LA LECTURE DU MENU (CHEF DE POPOTE) L'annonce du menu est soumise à des formes bien définies. Elle est faite, à chaque repas, par le chef de popote qui est, en général, le Sous-Lieutenant le plus jeune (souvent officier de réserve), selon les modalités suivantes : "Vos gueules là-dedans ! Menu du déjeuner (du dîner) du... (ici suit le refrain du jour sonné avec les paroles) Messieurs, vous dégusterez.... (suit l'énoncé du menu qui peut être agrèmenté d'astuces plus ou moins brillantes suivant l'esprit du popotier). Bon appétit Monsieur le Président, bon appétit Messieurs !" Cette formule simplifiée est celle couramment employée lorsque les convives sont ceux qui font journellement partie de la popote. Mais le jour dont la date correspond au numéro du Corps ou lorsqu'il y a des invités, et d'une façon générale dans toutes


les grandes occasions (repas de Corps par exemple), la lecture du menu doit être agrèmentée de la "phrase" et doit prendre la forme suivante : " Vos gueules là-dedans ! Menu du déjeuner (ou dîner) du... (suit le refrain du jour sonné avec les paroles). Vous dégusterez... (suit l'énoncé du menu en fantaisie). Bon appétit Monsieur le Président, bon appétit Mesdames, bon appétit nobles invités (et toute autre "huile" s'il y a lieu), bon appétit Messieurs ! Que la première bouchée vous réjouisse ! Que la dernière vous étouffe ! Et ce dans l'ordre hiérarchique inverse afin de faciliter par là le jeu normal de l'avancement dans l'Armée Française, ce dont je serai, d'ailleurs, le dernier bénéficiaire ! Et par le Duc d'Orléans, notre Père, et le Clairon ROLLAND de Sidi-Brahim... !" (Toute l'assemblée reprend)... Vive les Chasseurs ! ... Après quelques secondes, tous les convives remercient le popotier en clamant d'une seule voix : "Gloire et Honneur à ce cochon de popotier !... et qu'il en crève !"

LA CALOTTE (LE CHEF DE CALOTTE) Le chef de calotte est le Sous-Lieutenant d'active le plus ancien (à défaut, le Lieutenant d'active le plus jeune). Son rôle est de détecter et de percevoir les amendes qui ont comme principaux motifs : -inexactitude au repas sans motif valable, -tenue inadéquate, -conversations de service (ceci avant le dessert, moment où le chef de calotte cesse d'exercer sas mission et enlève sa


calottte), -usage d'un vocabulaire contraire à la tradition des Chasseurs (voir la rubrique vocabulaire Chasseurs). Pour marquer son rôle et son autorité, le chef de calotte se coiffe de la "calotte". C'est un bonnet de police chasseur style empire avec rabattant sur l'oreille terminé par un gland d'argent. La calotte porte un cor de chasse avec le numéro du Corps, et un galon en V (certaines ne pouvait portaient 6 galons pour marquer que personne ne pouvait échapper à son autorité). Dans plusieurs Corps, la calotte s'ornait des noms des chefs de calotte successifs brodés en lettre d'argent. Les amendes sont "ad libitum". Elles varient de la pièce de menue monnaie... à l'arrosage partiel ou général. Pour percevoir ces amendes, beaucoup de popotes ont disposé d'une tirelire en forme de marabout de Sidi-Brahim. Les sommes ainsi récoltés finissent toujours, à plus ou moins longue échéance, par "un pot" offert à tous les membres de la popote.

LA TENUE Il convient d'indiquer ici que, très souvent, il est de règle dans les popotes de Chasseurs, d'imposer au repas du soir le port de la tenue de sortie ou le costume civil. Cette excellente habitude tend à éviter le laisser-aller vestimentaire en particulier en manoeuvre ou au camp lorsqu'il n'y a pas d'obligations de service après de dîner qui impose le port de la tenue de combat. Cette règle de tenue évite de voir au repas du soir des cadres ayant gardé, souvent par paresse, des vêtements chargés de la poussière et de la boue récoltées pendant le travail de la journée. C'est, en effet, à ces détails d'éducation militaire, que l'on juge de l'allure et de la façon de vivre d'un corps Chasseurs ont toujours tenu à donner l'exemple et à se distinguer.


Ce comportement fait essentiellement partie des exigences de leurs Traditions.

La Poussière

La poussière est une petite cérémonie qui semble tirer son origine d'une coutume de l'Armée d'Afrique et notamment des colonnes mobiles qui arpentèrent le Sud en tous sens. L'eau était rare, parfois plus que le vin. Aussi, certains soirs, quand on avait le loisir de dresser le couvert, prenait-on le temps de rincer les verres poussiéreux avec une goutte de vin... que l'on se gardait bien de jeter !

Le cérémonial traditionnel correspond aux commandements suivants :


LA POUSSIÈRE Pour peu que des verres et de l'alcool soient à proximité, la tradition de la poussière est un cérémonial incontournable dans une assemblée A l'origine, le but de la manoeuvre est de rincer le verre de sa poussière.

C'est un honneur que de commander une poussière : 1. Préparez vous pour la poussière ! "Ici, il faut remplir son verre de vin (à table, généralement) ou d'alcool. On peut repérer les moins téméraires ou "débiteurs" à la faible quantité de liquide dans leur verre". 2. Attention pour la poussière ! 3. Garde à vous ! (Position : poings fermés et pouces levés) 4. La main au godet (prendre le verre en main) 5. Le godet à 2 doigts des écoutilles (Placer le verre à hauteur du menton) 6. Pour la poussière... 7. Envoyez ! (Cul sec) Chacun fait cul sec


Le baptême chasseur :

En dehors de sa signification symbolique d'intronisation dans la famille des chasseurs, cette coutume participe à l'ambiance d'un corps et constitue une façon précise et efficace de maintenir et de transmettre les traditions. Le déroulement du « BAPTEME CHASSEUR » n'a jamais obéi à un protocole codifié et commun à tous les corps. Le choix et la forme des épreuves sont différents selon les bataillons. Dans les bataillons alpins, il est associé à l'épreuve et au décor de la montagne (baptême en altitude), alors que dans les autres bataillons (B.C.P. ou G.C.) il se déroulait à l'issue d'un épreuve physique (marche ou manoeuvre), au cours d'un repas de corps ou lors d'une réunion particulière réservée à cet effet. Quelque soit la forme des épreuves et des circonstances de leur déroulement, le Baptême obéit à quelques principes de bases : Il a lieu en présence du Chef de Corps et des Officiers ou Sous-Officiers entourant leur Président ; Une commission est désignée pour examiner et poser des questions au candidat. Selon les réponses de ce dernier, la commission propose au Chef de Corps ou au Président des Sous-Officiers, l'admission ou l'ajournement du candidat au Baptême. En tout état de cause les épreuves doivent comporter les points suivants : Vérification de la connaissance des traditions de base, des


refrains et des chants des Chasseurs (SIDI BRAHIM et PROTESTATION DU CHASSEUR) ; Un passage à travers le cor de chasse (introduction par la tête, descente jusqu'aux pieds et mouvement retour). Dans le cas où le candidat a donné satisfaction à l'ensemble des épreuves, le Chef de Corps ou le Président des Sous-Officiers le déclare « BAPTISÉ CHASSEUR » par la formule suivante : ....(Grade et nom).... je te fais Chasseur au..ème de l'Arme. Chasseur...... je te fais....(Officier ou Sous-Officier) au.. ème de l'Arme. Le nouveau Chasseur est alors convié à boire une solide ration de champagne qui est souvent contenue dans le pavillon d'un cor de chasse convenablement nettoyé et aménagé à cet effet. Enfin tout le monde boit à la santé du nouveau « CHASSEUR ». La réussite de cette épreuve peut être sanctionnée par la remise d'un diplôme. La SIDIBRAHIM entonnée en choeur par toute l'assemblée met fin à cette cérémonie.

TOUT CADRE D'ACTIVE OU DE RÉSERVE QUI SERT SOUS LA TENUE BLEUE DOIT ÊTRE BAPTISÉ CHASSEUR PAR SES PAIRS.


LE VOCABULAIRE CHASSEURS Comme tous les groupes à forte personnalité, les Chasseurs ont, depuis très longtemps, manifesté la leur par l'emploi d'un certain nombre de règles de vocabulaire qu'il est impropre de ne pas appliquer lorsqu'on parle de cette Subdivision d'Arme. Un document sur les Traditions se doit de les rappeler. Un Chasseur doit les connaître et les observer. En voici les données essentielles : Les termes qui "impropres" :

n'ont

pas

à

être

utilisés

car

ils

sont

Il n'existe pas de "CASERNE" de Chasseurs car, de même que les cavaliers ou les artilleurs, les Chasseurs vivent dans les "QUARTIERS". -Il n'existe pas de "MUSIQUE" de Chasseurs car ceux-ci n'ont que des "FANFARES".


-Le mot "JAUNE", pour désigner la couleur des passepoils, lisérés, fanions, flammes de clairons, soutaches, etc..., est absolument proscrit. Le mot "JONQUILLE" est le seul convenable chez les Chasseurs qui ne sont "qu'argent, bleu et jonquille". -Le Chasseur ne porte pas un "UNIFORME" mais une "TENUE". Les termes qui n'ont pas à être utilisés car ils définissent des choses qui n'existent pas chez les Chasseurs : -Le terme de "REGIMENT" n'a jamais à être employé avec le mot "chasseur" car, de tous temps, leur formations n'ont été rassemblées qu'en "BATAILLON" ou "GROUPE" ou "DEMI-BRIGADE", mais jamais en "régiment".

-Dans les fanfares de Chasseurs, il n'y a ni "TAMBOUR", ni "GROSSE CAISSE", ni "CYMBALE". Ces termes n'ont donc pas à être utilisés dès qu'on parle de Chasseurs. et un Chasseur ne chante pas le refrain du jour ou du Corps mais il le sonne.

Les termes qu'une "substitution" astucieuse et humoristique a fait passer dans l'usage chez les Chasseurs :


-Le "ROUGE" qui, depuis leur origine, a été proscrit de la tenue des Chasseurs (sauf pendant une très courte période, pour les galons de certains gradés) est appelé "BLEU CERISE". Depuis le sacrifice sanglant des Chasseurs Alpins lors du combat de Sidi-Brahim contre les troupes d’Abd El Kader le 25 septembre 1845 la couleur du sang ne devait plus être prononcée, et le rouge devint « bleu cerise » .

Le terme "rouge" n'est autorisé que pour désigner la couleur du Drapeau, celle de la Légion d'Honneur... et, pour certains, les lèvres de la femme aimée !

Nous rappelons à ce sujet les paroles du chant de la "Protestation des Chasseurs" : " Si vous tenez au drap garance Qui coûte autant sans valoir mieux Notre sang versé pour la France Rougira nos pantalons bleus".


L'étoffe "KAKI", mal vue chez les Chasseurs (mais pas ceux qui la portent) est appelée "DRAP MOUTARDE".

Le sang vert : Enfin, le sang qui coule dans les veines des Chasseurs est « VERT » car dans la « Protestation des Chasseurs » l'on dit dans le troisième couplet : « Si vous tenez au drap garance Qui coûte autant sans valoir mieux Notre sang versé pour la France Rougira nos pantalons bleus. » Un habile jeu de mot et la tradition ont changé la troisième ligne par « Notre sang vert c'est pour la France »





Bon à savoir Les appellations : Sont nommés les grades de Caporal, Caporal-Chef, Sergent et Sergent-Chef dans les armes de couleur jonquille. Sont nommés en équivalence Brigadier (en lieu et place de Caporal, brigadier-chef en lieu et place de Caporal-Chef, Maréchal des Logis en lieu et place de Sergent et Maréchal des Logis-Chef en lieu et place de Sergent-Chef les grades des armes blanches Sauf pour les Chasseurs voir les exceptions plus bas. Les couleurs des armes peuvent se reconnaître suivant la couleur de l'insigne de béret ou du pictogramme d'arme sur les fourreaux d'épaules. À partir du grade d'Adjudant, le préfixe "Mon" devra être mis en avant du grade (ex : Mon Colonel), sauf pour le personnel féminin. Le préfixe "Mon" signifiant "Monsieur". Les personnels ayant le galon de caporal-chef de 1° Classe doivent êtres appelés "caporal-chef". Les personnels ayant le grade de Sergent-Chef doivent être appelés "Chef". Les personnels ayant les grades d'Aspirant ou de souslieutenant doivent être appelés "Mon Lieutenant". Les personnels ayant le grade de lieutenant-colonel doivent être appelés "Mon Colonel". Exceptions : 1) L'artillerie est une arme jaune, mais les appellations seront Brigadier, brigadier-chef, Maréchal des Logis et Maréchal des Logis-Chef. 2) Les Chasseurs à pied servent une arme blanche, mais les appellations seront Caporal, caporal-chef, Sergent et sergent-chef. 3) Le préfixe "Mon" ne se met pas devant le grade de Major. Distinctions : Les galons de 1° classe, de caporal-chef de 1° Classe et de Maréchal de France ne sont pas des grades mais des distinctions.


Les brevets et les insignes de spécialité montagne

Anciens brevets de skieurs et d’alpinisme militaire

BREVET DE SKIEUR MILITAIRE ou D'ALPINISTE MILITAIRE Brevet de Skieur Militaire : Epreuve vérifiant l'aptitude des candidats à exécuter une étape en montagne enneigée, de longueur et de difficulté moyennes, avec un chargement de combat. Brevet d'Alpiniste Militaire :


Epreuve vérifiant l'aptitude des candidats à exécuter une étape en montagne estivale, de longueur et de difficulté moyennes, avec un chargement de combat. Pour les deux épreuves sac de 10 Kg pour les hommes, 6 Kg pour les femmes.

BREVET DE SKIEUR ALPINISTE MILITAIRE Formation de base dispensée à tout le personnel des troupes de montagne. Le brevet est attribué à l’issue d’épreuves organisées conformément à l’instruction sur la pratique du ski et de l’alpinisme. BSAM = BSM + BAM

BREVET DE CHEF D'ÉQUIPE Les stages de chef d’équipe de haute montagne été et hiver ont chacun une durée de deux semaines. Le titulaire du brevet devient alors apte à conduire une cordée de deux ou trois personnes au sein d’un détachement. Il est également aide moniteur dans les domaines où il a été formé. Conditions d'accès : -être titulaire du BSAM depuis au moins un an.


-avoir un potentiel ou un emploi de chef d'équipe possédant une bonne aptitude montagne.

BREVET DE QUALIFICATION DES TROUPES DE MONTAGNE La qualification est la formation technique minimale indispensable à tout cadre devant exercer une formation ou un emploi opérationnel dans les troupes de montagne. Toutefois elle ne lui confère pas l’autonomie dans cet exercice. Deux stages (un été et un hiver d’une durée : de quatre semaines chacun) préparatoires à l’obtention de ce brevet sont effectués à l’EMHM ou au centre d’instruction pour le ski et l’alpinisme de la Gendarmerie (CNISAG). L’instruction est à la fois théorique et pratique. Conditions d'accès : -être âgé de moins de 35 ans à la date du début du stage. -être titulaire du BSM ou BAM. -être lié au service pour une durée d'au moins un an. -être déclaré apte à l'issue d'un test d'aptitude physique durant la première semaine du stage.

BREVET DE CHEF DE DÉTACHEMENT HAUTE MONTAGNE ou DE CHEF D'UNITE HAUTE MONTAGNE Formation de perfectionnement visant à faire acquérir les connaissances et l’aptitude nécessaire aux cadres destinés à


assumer le commandement en montagne. Cette formation est composée de deux stages de sept semaines chacun et ayant une spécialisation été et l’autre hiver. L’instruction est à dominance technique et tactique. Conditions d'accès : -Etre -Etre -Etre organisé à

titulaire du BTQM depuis au moins un an. âgé de moins de 40 ans. déclaré apte à l'issue d'un test d'aptitude physique, l'EMHM, au cours de la première semaine de stage.

BREVET DE MONITEUR GUIDE MILITAIRE Le module final sanctionne un niveau technique, une expérience et une pratique de la montagne, ainsi qu’une maîtrise des techniques de son domaine de spécialité. Les candidats disposent de cinq années après l’acquisition complète du niveau de perfectionnement pour réussir les stages et le module composant le brevet du MGM. Les épreuves d’accès s’articulent autour d’un volet A : " connaissances générales du domaine de la montagne " et B " aptitudes particulières à la pratique des techniques de la montagneConditions d'accès : -Avoir obtenu le brevet complet du niveau de perfectionnement (BCUHM ou BCDHM). -Avoir un niveau d'aptitude de moniteur guide militaire confirmé par l'évaluation manuscrite du jury d'examen. Il n'est délivré qu'aux officiers possédant le BCUHM et ayant commandé une unité élémentaire des troupes de montagne ou unités spécialisées de type SR (Section de Renseignement) ou EOP (Equipe d'Observation dans la Profondeur). Il n'est délivré qu'aux sousofficiers détenant le BCDHM et ayant commandé une section de combat des troupes de montagne ou ayant été sous-officiers adjoints au moins deux ans d'une unité spécialisée de type SR ou EOP, d'un élément organique équivalent ou ayant eu des responsabilités jugées équivalentes.


Brevet Supérieur Technique de l'Armée de Terre : Instructeur montagne + brevet d'état La formation comporte un ensemble de stages et d'examen d'une durée de vingt semaines dont quatorze à l'EMHM et un stage final, d'une durée de six semaines, se déroulant à l'Ecole Nationale de Ski et d'Alpinisme (ENSA). Conditions d'admission : -Etre lié au service pour une durée de cinq ans au moins à la date du début du stage. -Ne pas avoir suivi précédement deux stages préparatoires. -Remplir les conditions d'admission fixées par le ministère du temps libre, de la jeunesse et des sports. -Etre titulaire du BTQM.

LE DRAPEAU DES CHASSEURS


LA CEREMONIE DE REMISE DU DRAPEAU Le 30 décembre 1840, les bataillons reçurent l’ordre de quitter les baraques du camp d’HELFAUT pour s’installer dans les quartiers de la ville. L’instruction continua jusqu’au 14 avril 1841. Les dix Bataillons partirent pour PARIS pour y recevoir leur unique drapeau des mains du Roi : Chaque régiment d’infanterie, composé de plusieurs bataillons, avait alors son drapeau ; il n’existait pas de « régiment de Chasseurs » mais uniquement dix bataillons, il n’y aurait donc qu’un seul drapeau, symbole de l’unité de tous les ChasseursCe premier drapeau fut remis par le Roi lors d’une cérémonie qui eut lieu le 4 mai 1841. Le Duc d’Orléans en parle en ces termes : « Par une belle matinée de printemps (mai 1841) une colonne profonde entrait dans PARIS avec une célérité inconnue ; pas de faux éclat, pas de clinquant, tout était leste et martial ; des clairons pour toute musique, un costume sombre, mais dont la simplicité harmonieuse ne manquait pas d‘élégance. Les Bataillons de Chasseurs traversaient les rues au pas de gymnastique et venaient recevoir un drapeau des mains du Roi » (« Zouaves et Chasseurs à pied ») Voici comment le Journal officiel du 6 mai 1841


rend compte de la cérémonie de remise du drapeau aux dix Bataillons de Chasseurs à pied : « Aujourd’hui, à onze heures et demie, les Chasseurs étaient réunis dans la cour et sur la place du Carrousel, rangés sur dix lignes, clairons en tête, le front au château, sous le commandement supérieur de M. le Duc d’Orléans. S.A.R. avait sous ses ordres le général Rostolan, le général Marbot, M. le Comte de Montguyon et M. le Duc d’Elchingen. On remarquait que le prince montait un très beau cheval arabe, le même qui fut pris, il y a un an, après la mort d’un chef ennemi, au combat de l’Ouest-Ser. A midi, le Roi est monté à cheval. Le Roi des Belges, le Prince de Joinville, le Maréchal Soult, le Maréchal Gérard, les lieutenants généraux Pajol, Delore, Darriule, Jacqueminot, Schneider, le Général d’Houdetot, un des créateurs de l’arme, et avec eux un nombreux état-major, accompagnèrent S.M. La reine, la reine des Belges, madame la duchesse d’Orléans, madame la princesse d’Adélaïde, madame la duchesse de Nemours et madame la princesse Clémentine étaient assises sur la terrasse du pavillon de l’Horloge, Un nombre considérable de dames se pressait aux fenêtres des grands appartements. Le Roi a passé dans tous les rangs et a parcouru successivement dans toute leur longueur, et avec une satisfaction visible, les belles lignes qui s'étendaient dans la cour et sur la place. S.M. a été accueillie partout par les plus vives acclamations. Cependant, les Bataillons rangés dans la cour s’étaient, après le passage du roi et par une évolution au pas de gymnastique, aussi rapide que pittoresque, massés à droite et à gauche, laissant au milieu un espace vide dans toute la longueur du pavillon central. Les bataillons de la place les avaient successivement rejoint par un mouvement non moins accéléré, et au moment où S.M. est venue se placer pour le défilé, sous le pavillon de l’Horloge, ces deux détachements serrés en masse sur dix lignes de profondeur, faisaient, par la gravité de leur uniforme, par l’éclat de leurs armes et par l’allure résolue des officiers et des soldats, un spectacle tout à fait martial et imposant. Les clairons, adossés à la grille de l’Arc de Triomphe, ayant ouvert le ban, l’officier porte-drapeau s’est avancé à vingt pas du roi, escorté de six hommes ; Alors, M le maréchal Soult s’étant fait apporter, par M. le Colonel Foy, le drapeau destiné au corps de Chasseurs à pied, avant de le remettre à S.M., a prononcé d’une voix forte et retentissante la formule militaire du serment, ainsi conçu : « Officiers, sous-officiers et soldats ! - Vous jurez fidélité et obéissance au roi des Français, à la charte constitutionnelle et aux lois du royaume ? Nous le jurons ! »


Le maréchal a ajouté :« Vous jurez de défendre ce drapeau que le roi va confier à votre vaillance ? Vous jurez de périr jusqu’au dernier plutôt que de l’abandonner à jamais ? Nous le jurons ! » Alors le roi pris le drapeau des mains de M. le maréchal de Soult, et M ; le Duc d’Orléans ayant fait sonner un second ban, S.M. a adressé à la troupe une allocution chaleureuse, à laquelle ont répondu des cris unanimes de « : vive le roi ! ». Puis S.M. a remis le drapeau à l’officier chargé de sa garde, et qui a fait le salut militaire au roi et au prince. Le défilé des dix Bataillons a eu lieu ensuite, M. le Duc d’Orléans en tête, avec un ordre et une précision remarquables et aux cris mille fois répétés de : Vive le roi ! Après le défilé, les officiers ont été reçus par S.M. dans la salle de maréchaux. Le soir, tous les chefs de Bataillons ont dîné avec LL. MM. » Le lendemain, afin de bien marquer le but sérieux de l’entreprise, son caractère tout militaire, 4 de ces Bataillons partaient pour l’AFRIQUE.

UN SEUL DRAPEAU... UNE SEULE ÂME Dans une étude sur "les Zouaves et les Chasseurs à pied", le Duc d'Aumale, second fils du Roi Louis-Philippe, écrit ces lignes : "Par une belle matinée de printemps, une colonne profonde entrait


dans Paris avec une célérité inconnue. Pas de faux éclats, pas de clinquants, tout était leste et martial, des clairons pour toute musique, une tenue sombre mais dont la simplicité harmonieuse ne manquait pas d'élégance... Les Bataillons de Chasseurs à pied traversaient les rues au pas gymnastique. Ils venaient recevoir un drapeau des mains du Roi..." Les Chasseurs à pied reçurent donc leur premier emblème, le 4 Mai 1841, dans la cour du Carroussel, à Paris, des mains du Roi des Français, Louis-Philippe. A son avers il portait en lettres d'or : "Le Roi des Français aux Bataillons de Chasseurs à pied". Ce fut le 2ème Bataillon, en garnison à Vincennes, qui en reçut la garde. Les 10 bataillons de Chasseurs existants étaient présents sous le commandement de leur créateur et inspecteur, le Duc d'Orléans, fils aîné du Roi. ... et c'est ainsi que fut créée la Tradition .

DEPUIS LEUR CREATION, AU TRAVERS DES INCESSANTS CHANGEMENTS QU'ILS ONT CONNUS DANS LE NOMBRE ET L'ORGANISATION DE LEURS UNITES, LES CHASSEURS A PIED N'EURENT JAMAIS QU'UN SEUL DRAPEAU, TEMOIGNAGE DE LEUR UNITE ET DE LEUR COHESION. NOTA : De 1855 à 1870, l'Empereur Napoléon III créa, dans sa Garde, un Bataillon de Chasseurs à pied dont la tradition a été depuis conservée par le 24ème BCP, puis BCA et encore après GC. Il remit un drapeau particulier à ce Corps qui se distingua dans les campagnes de Crimée et d'Italie où il reçut la Légion d'Honneur pour avoir enlevé un drapeau autrichien, en 1859, à la bataille de Solferino. Cet emblème fut renouvelé deux fois : en 1861 et 1867. Les deux premiers sont au Musée de l'Armée. Le dernier fut détruit au moment de la capitulation de Metz, en 1870. L'attribution d'un drapeau particulier, autre que le Drapeau


commun des Chasseurs, fut supprimée à la chute du IIème Empire.

LES DOUZE DRAPEAUX SUCCESSIFS Depuis qu'en 1841 le Roi en confia la Garde aux Chasseurs, leur Drapeau, détérioré par le temps et les campagnes, dût être plusieurs fois remplacé. De nouvelles remises de drapeau furent alors accomplies par : La IIème République (1848 et 1852), le IIème Empire (1854), la IIIème République (1872 puis 1880 enfin 1925), l'Etat Français (1941), la IVème République (1945 et 1950), la Vème République (1960 et 1975)... Éloquente image de la pérennité et de la continuité des Armes Françaises à travers les changements de régime de notre Patrie. Dans les drapeaux mains de Celui de

drames nationaux de 1870 et 1940-1942, aucun des des Chasseurs, en service à ces époques, ne tomba aux l'ennemi : 1870 est au Musée de l'Armée.

En 1940, le 8ème Bataillon, qui avait la garde du septième drapeau, le ramena dans sa garnison à Limoges. En Novembre 1942, lorsque les Allemands envahirent le sud de la FRANCE, les septièmes et huitième drapeaux, qui étaient conservés ensemble par les bataillons de l'Armée d'Armistice, se trouvaient à Annecy, au 27ème BCA. Les deux emblèmes furent alors cachés par le commandant en retraite Monnet, dont le fils était lieutenant au 27ème. Ils furent rendus au commandement français en 1944, au mois de Décembre.


Le huitième drapeau est au Musée de l'Armée. Le septième drapeau est déposé au Musée des Chasseurs au Vieux Fort de Vincennes. PREMIER DRAPEAU Le 4 mai 1841, dans la cour du Carrousel, le Roi Louis-Philippe remet au 2° Bataillon stationné à VINCENNES le premier drapeau des Chasseurs. Dix Bataillons sont alors formés. Sur l’avers, du drapeau est inscrit : Le Roi des Français aux Bataillons de Chasseurs à pied.

Jusqu’en 1848, aucune victoire ne figure sur le drapeau. Sur le revers est inscrit : Honneur et Patrie

DEUXIEME ET TROISIEME DRAPEAU Le deuxième drapeau est remis le 20 avril 1848 par le Président du Gouvernement Provisoire. Il y est inscrit : République Française Liberté-Egalité-Fraternité

À l’issue du coup d’Etat de 1851, le Prince Louis Napoléon Bonaparte décide que l’aigle surmontera la hampe de tous les drapeaux. L’inscription : Louis Napoléon aux Bataillons de Chasseurs à pied figure sur l’avers du troisième Drapeau.


Les faces tricolores sont ornées aux angles de couronnes de chêne entourant les initiales L.N. (Louis Napoléon). Le 10 mai 1852, le Commandant du 6° Bataillon de Chasseurs à pied reçoit des mains du « Prince Président » l’aigle des Chasseurs (Aigle romain adopté par l’Empereur Napoléon 1er) Après 1852, à l’avènement du Régime impérial, les lettres R.F. sont remplacées par la lettre N. En 1852, SIDI-BRAHIM ne figure pas encore sur les plis du drapeau, car considéré comme un acte héroïque et non comme une victoire.

Le drapeau des Bataillons de Chasseurs à pied sous le Second Empire. Modèle 1853.


QUATRIEME ET CINQUIEME DRAPEAU En 1854, le Drapeau des Chasseurs est remplacé. En 1859, il est décoré de la Croix de la Légion d’Honneur suite aux combats de SOLFERINO. Ce sera le seul drapeau ainsi décoré jusqu’au premier conflit mondial. Le cinquième Drapeau est remis le 22 juillet 1872 par le Ministre de la Guerre.

L'Aigle des Bataillons de Chasseurs à pied, en service de 1862 à 1870. modèle 1860, en aluminium doré, oeuvre du sculpteur Auguste Barre.

SIXIEME DRAPEAU Remis le 14 juillet 1880 par le Président Jules Grévy, il porte désormais l’inscription SIDI-BRAHIM. Le 20 octobre 1914, le Drapeau est décoré de la Médaille


Militaire ; il est le premier drapeau à recevoir cette décoration. De 1914 à 1939, le Drapeau est confié pour un an aux seuls Bataillons décorés de la fourragère rouge Le Drapeau avec sa Croix de commandeur de la Légion d'Honneur, en novembre 1917.

SEPTIEME DRAPEAU Le 20 septembre 1925, le 30° BCP reçoit le septième Drapeau à l’issue des manœuvres de l’Eiffel, par le Commandant en Chef de l’Armée du Rhin HUITIEME DRAPEAU 65 Bataillons d’active et de réserve sont engagés dans la campagne 1939-1940. 6 Bataillons de Chasseurs alpins s’illustrent en NORVEGE et particulièrement à NARVIK. En 1941, le huitième Drapeau est décoré de la Croix de Guerre Norvégienne.


NEUVIEME ET DIXIEME DRAPEAU Le Général de Gaulle remet le neuvième Drapeau au 27° Bataillon de Chasseurs Alpins après la Victoire de 1945. Le Drapeau est décoré de la Croix de Guerre 1939-1945 avec palmes, exprimant ainsi la reconnaissance du pays aux Chasseurs de la Campagne 1939-1945, à ceux de la résistance et des combats de la libération. En 1950, les Chasseurs reçoivent le dixième Drapeau. Dès 1947, un Bataillon composé de Chasseurs volontaires sert en Indochine. ONZIEME DRAPEAU Le onzième Drapeau est remis le 2 juin 1960 au 31° Bataillon de Chasseurs à pied en ALGERIE. Plusieurs Bataillons de Chasseurs participent alors aux opérations de « maintien de l’ordre » en ALGERIE. DOUZIEME DRAPEAU Le 8° groupe de Chasseurs reçoit le douzième Drapeau en 1975 TREIZIEME DRAPEAU Le 6e Bataillon de Chasseurs Alpins reçoit le treizième drapeau en 1987.

LE DRAPEAU QUI, AUJOURD'HUI, SYMBOLISE LA PATRIE DANS LES RANGS DES GROUPES MECANISES ET BATAILLONS ALPINS EST DONC LE DOUZIEME DEPUIS LA CREATION DES CHASSEURS A PIED.



Les décorations décernées au drapeau des chasseurs A ses plis sont accrochés :

-La Médaille Militaire : gagnée au Drapeau par le "1er" Bataillon de Chasseurs à pied qui s'empara au combat de SaintBlaise (Vosges), le 15 Août 1914, de l'emblème du 2ème Bataillon du 99ème Réserve Infanterie Régiment. Le Drapeau des Chasseurs fut le premier à recevoir la Médaille Militaire. Elle est attachée sur sa cravate avant la Légion d'Honneur. -La Croix de la Légion d'Honneur : conférée au Drapeau à la suite de la prise de l'emblème d'un bataillon de Grenadier Autrichiens du Régiment d'Infanterie Prinz Gustav von Vasa n°60, le 24 Juin 1980, à la bataille de Solférino, par le 10ème BCP.

En 1902, le 26ème BCP, qui avait la Garde du Drapeau, fut


officiellement autorisé à attacher à la cravate de l'Emblème des Chasseurs, au lieu d'une Croix de Chevalier, une Croix de Commandeur.

-La Croix de Guerre 1914-1918 avec palme : qui rappelle, sur leur commun drapeau, l'héroïsme des bataillons d'actives et de réserve qui, pendant la Grande Guerre, ont porté très haut le renom de ceux que leurs ennemis appelaient "schwarzen Teufel". -La Croix de Guerre 1939-1945 avec palme : qui exprime la reconnaissance de la Patrie due aux Chasseurs de la Campagne 19391940, à ceux de la Résistance, des combats de la Libération et de la Victoire de 1945. -La Croix de Guerre des Théâtres d'Opérations extérieures avec palme : qui porte témoignage de la part glorieuse prise par le 10ème Bataillon Parachutiste de Chasseurs à Pied aux combats du Tonkin (INDOCHINE) de 1950 à 1952. -La Médaille Italienne du Mérite de Guerre : qui marque la part éminente que prirent les Chasseurs dans les combats du front italien durant la Grande Guerre. -La Croix de Guerre Norvégienne avec épée : qui témoigne de la magnifique attitude au feu des Bataillons de Chasseurs alpins lors de l'expédition de NORVEGE en 1940. -La Fourragère aux couleurs de la Légion d'Honneur : qui concrétise, en un évident et éloquent symbole d'unité, les centaines de palmes et d'étoiles qui, accrochées à leurs fanions, sont la moisson de gloire récoltée par tous les Bataillons de Chasseurs à pied pendant la Grande Guerre, en 1939-1945 et en INDOCHINE.


Les inscriptions au drapeau des Chasseurs Depuis 1841, les inscriptions au Drapeau ont plusieurs fois changé, notamment avec les régimes qui le faisaient renouveler. De plus, les faits d'armes accomplis sous tous les cieux du monde s'accumulaient. Les règles générales limitant le nombre des inscriptions durent êtres transgressés malgré une sélection qui n'a conservé que quelques combats particulièrement caractéristiques à côté de campagnes ou de guerres lourdes de sacrifices. Mais quelles qu'en soient les variantes, tous les drapeaux portent, sur l'avers, les termes suivants : "CHASSEURS A PIED" précédés ou non, suivant les époques, du mot de "BATAILLONS". Le Drapeau qui est aujourd'hui en service porte les inscriptions suivantes :

sur l'avers REPUBLIQUE FRANCAISE BATAILLONS DE CHASSEURS A PIED sur le revers


HONNEUR ET PATRIE

sur le bleu

LES GLIERES 1944 INDOCHINE 1950 - 1952

sur le blanc

ISLY 1844 SIDI - BRAHIM 1845 SEBASTOPOL 1854 - 1855 SOLFERINO 1859 EXTREME - ORIENT 1885 - 1888 MADAGASCAR 1895


MAROC 1912 - 1914 GRANDE - GUERRE 191 4 - 1948

Sur le rouge

NORVEGE 1940 BLAREGNIES 1940


La garde du drapeau des chasseurs

De tous temps, dans l'Armée Française, chaque Corps a eu son propre drapeau et en assure la garde. Chez les Chasseurs, les Corps de cette Subdivision d'Arme ont toujours eu un drapeau unique et commun à tous, quel qu'en soit le nombre. Les dispositions particulières réglant la garde du Drapeau unique des Chasseurs ont varié suivant les époques : Très longtemps (de 1841 à 1913) l'emblème des Chasseurs resta confié uniquement à divers bataillons qui tenaient garnison à Paris ou à Vincennes. Puis, en 1913, il quitta la région de Paris (aucun bataillon n'y tenant plus garnison) et divers Corps, fixés par le commandement, en assurèrent seuls la garde. De 1918 à 1939, seuls les bataillons à fourragère rouge, 1er et 10ème (qui avaient fait décorer le Drapeau), eurent cet honneur, à tour de rôle, pendant un an. Dans l'Armée de l'armistice (1940-1942) et depuis 1947, tous les Corps de Chasseurs assurent cette garde pour une année, une alternance étant aujourd'hui observée entre les groupes mécanisés


et les bataillons alpins. L'ordre en est établi par le commandement. Le "passage" du Drapeau s'effectue, depuis plusieurs années, lors du Congrès National des Chasseurs, au cours d'une prise d'armes à laquelle participent des centaines d'"Anciens". Depuis 1986, en remettant le Drapeau dans les mains du Chef de Corps du Bataillon qui en prend la Garde, le Général qui préside la cérémonie prononce la formule réglementaire suivante : "Au nom du Général Chef d'Etat-Major de l'Armée de Terre je confie, pour une année, la garde du Drapeau des Chasseurs au n° Bataillon de Chasseurs Alpins (ou Groupe de Chasseurs)". Quand le Drapeau est appelé à défiler à la tête d'un Bataillon qui n'en a pas à ce moment la garde, celle-ci reste fournie par le Corps qui ne est le titulaire et porte évidemment la tenue de ce dernier.

Les honneurs au drapeau des chasseurs Ce sont ceux qui, réglementaires, sont rendus à tous les emblèmes de Corps. Très souvent, ces honneurs sont suivis de l'exécution de la "Sidi-Brahim”


Le fanion du bataillon (ou groupe) Le fait qu'un seul drapeau est commun à tous les Chasseurs, quel que soit le nombre des Corps qui composent leur Subdivision d'Arme a par voie de conséquence, donné très tôt, et en particulier depuis la Grande Guerre, un caractère spécial aux Fanions de leurs Bataillons formant Corps. Ils sont en effet : -La représentation dans leurs rangs de leur unique drapeau. Cela est si vrai qu'avant 1914, de nombreux fanions de Bataillons de Chasseurs étaient tricolores (le 14ème fut le dernier à garder le sien sous cette forme jusqu'en 1919). Il est certain que le "tour de garde" du Drapeau amène de nombreux personnels servant en tenue bleue (en particulier ceux du contingent dans le service à court terme) à ne jamais voir l'emblème commun à tous les Chasseurs. -La marque spécifique de la personnalité de chaque Corps. Depuis 1914, ils portent les citations et les fourragères gagnées par leur Corps sur les champs de bataille et possèdent, brodés dans leurs plis, les noms des plus marquants de leurs combats.


POUR CES RAISO NS, LES FANIONS DE BATAILLO NS OU DE GRO UPE S ONT L'OBJET DE RITUE LS PARTICUL IERS Q UI SON T UNI QUES DANS NOTRE ARMEE ET PROPRES AUX CH ASSEUR S. Nota : Une distinction ne peut être porté que par l'emblème (drapeau ou fanion) auquel elle a été décernée. Ainsi : -Le 1er et le 10ème ne doivent pas attacher à leurs Fanions la Médaille Militaire et la Légion d'Honneur qu'ils ont fait décerner au Drapeau. -Les fanions ne doivent porter que les citations et les fourragères gagnées par leur propre Corps, à l'exclusion de toute autre médaille. -Ces distinctions ne doivent pas êtres portés par le Drapeau ou les fanions d'Amicales d'Anciens.

Les Honneurs rendus aux fanions Fixés par l'Instruction N°2036/DEF/EMAT/EMPL du 15 Juin 1979, du Général Chef d'Etat-Major de l'Armée de Terre, les Honneurs à rendre aux Fanions des Corps de Chasseurs à Pied, quelle que soit


leur spécialité, sont les suivants : -La troupe étant au "présentez armes", au commandement de "AU FANION", la fanfare sonne successivement la ritournelle et le refrain de la Sidi-Brahim. Ces Honneurs sont rendus à l'arrivée et au départ du Fanion sur le front des troupes. (Il est à noter que le refrain du Bataillon ou du Groupe a été auparavant sonné par les clairons à l'arrivée du Chef de Corps). -Individuellement, les Honneurs sont rendus au Fanion en s'arrêtant, faisant face et saluant. -Les Jeunes du contingent sont "présentés au Fanion", en général à l'occasion de la remise de la fourragère. -En ordre de défilé, le Fanion se place en tête du Corps, derrière son Chef. Il est porté par un Sous-Officier et sa garde se compose de deux chasseurs (souvent de Première classe). Mettre cinq chasseurs à la garde du Fanion est contraire à la Tradition. -Le Fanion a sa place normale, sous vitrine, dans le bureau du Chef de Corps.

Couleurs et dimensions du fanion de corps Aucun texte officiel n'a défini, jusqu'à présent, les couleurs et les dimensions des Fanions des Corps de Chasseurs. Cependant la Tradition a, là aussi, joué un rôle d'équilibre et d'uniformité. Depuis 1919, tous les Fanions de Corps sont bleu et jonquille. Seul le 24ème a toujours conservé les couleurs vert et jonquille du Fanion Chasseurs à pied de la Garde Impériale dont il est l'héritier. Les dimensions d'origine de l'emblème de Corps (carré d'étamine de 50 centimètres de côté) ainsi que les ornements d'argent, la nature de l'étoffe et la disposition des couleurs de base varient


suivant les Groupes et Bataillons. Mais les couleurs elles-mêmes et le Cor central encadrant le numéro du Corps sont maintenant des éléments immuables.

Le sort du fanion hors service Le fanion d'un Corps de Chasseurs ne peut, en aucun cas, devenir un objet personnel car c'est un emblème attaché au Corps. Lorsque l'usure du temps ou la dissolution du Bataillon ou Groupe l'amènent à quitter la tête de l'Unité, sa seule place est à la salle d'Honneur du Corps dont il a été le "guide", ou du Bataillon ou Groupe de Tradition qui est son recueil. S'il s'agit d'un Bataillon de réserve, sa place est au Musée des Chasseurs (sauf quelques cas particuliers définis par le commandement). Il s'est parfois produit que le Fanion du Corps a été remis à son Chef, à titre de souvenir individuel, lorsque celui-ci quittait son commandement. Ce geste est totalement à proscrire. Il est contraire à la bonne règle et à la Tradition. En semblable circonstance, le Chef de Corps sortant ne peut accepter et recevoir qu'une copie du Fanion et non l'emblème lui-même.


Quelques mots des fanions de compagnie La généralisation des fanions de compagnie se situe vers 1900 dans les bataillons de Chasseurs à pied. Les bataillons alpins les avaient tous adoptés dès leur création en 1888. Au début de leur existence, les couleurs adoptées pour les compagnies ont été celles qui, réglementaires, étaient fixées pour les bataillons des régiments d'Infanterie : -1er : bleu foncé -2ème : rouge -3ème : jaune -4ème : vert -5ème bleu et blanc L'annexe N°1 à l'Instruction N°685/DEF/EMAT/SH/D du 5 Août 1985 prescrit :

"Dans les Corps de Chasseurs à Pied (Mécanisés et Alpins) les Fanions de Compagnies diffèrent de la règle générale par les couleurs qui sont les suivantes : -L'avers est bleu et jonquille. -Le revers est aux couleurs de l'Infanterie sauf pour : la 2ème Compagnie qui est jonquille ; la 3ème Compagnie qui est vert et jonquille ; la CCS qui est vert et blanc".

Les fanions de compagnie peuvent et doivent porter les citations gagnées par elle, à son échelon, Ils n'ont pas droit à des honneurs particuliers.


Nota : Les fanions de demi-brigade de Chasseurs, sans être conformes à la Tradition, ont toutefois existé. De toute façon, ils n'ont et ne peuvent avoir que le caractère de "fanion de commandement" et non celui "d'emblème de Corps". En général, ils ont été bleus avec un losange central jonquille. Mais la plus grande fantaisie a présidé à leur composition. Ils n'ont naturellement pas droit à des honneurs particuliers. Le fanion rouge de la 2ème Compagnie fut rapidement remplacé, chez les chasseurs, par la couleur blanche ou bleu ciel. Le jaune fut dénommé "Jonquille". L'organisation des bataillons évoluant, on vit apparaître des compagnies nouvelles (Cie mitrailleuse, Cie d'accompagnement, Cie de commandement, etc...). Celles-ci se dotèrent de fanions dont la combinaison des couleurs "chasseur" et leurs dispositions ont été très variables. D'une manière générale, on peut cependant dire que tous les fanions de compagnie des Chasseurs sont de forme carrée, portant le cor de chasse et le numéro de l'unité, parfois aussi celui du Corps.

Les fanions du 1er BCP et du 8ème GC C'est deux Fanions sont actuellement garder par le 27ème BCA (pour le 1er) et le 16ème GC (pour le 8ème) suite à un problème moral qui sorter de mettre tous les Fanions Chasseurs à Vincennes. Après-tout le 1er BCP est le premier de nos Bataillons qui nous sont si chers et le 8ème est notre Bataillon de la Tradition de Sidi-Brahim voilà pourquoi nous pouvons encore voir c'est deux Fanions de nos jours hors de Vincennes


L'ESPRIT CHASSEUR

"L'esprit Chasseur" s'est forgé au long de l'Histoire. De nombreux auteurs (chasseurs ou non) en ont traité. Il n'est que de les relire : "On ne peut comprendre l'esprit des Chasseurs à pied si l'on perd de vue leur origine, le but et les raisons de leur organisation". (Colonel PAYARD 1930) C'est donc dès leur création qu'il faut chercher les premiers signes : "Pour atteindre le but de votre institution, il ne suffit pas d'être brave, leste, rusé et bon tireur, il faut avoir à coeur l'honneur du Corps : il faut qu'entre camarades vous soyez réciproquement solidaires de votre bonne conduite en toutes circonstances, instruits à vous soutenir dans les plus pressants dangers. Des sentiments d'amitié naîtront nécessairement entre vous... Il ne suffit pas de faire juste le devoir : chacun apportera le zèle le plus empressé dans tous les détails du service


intérieur et extérieur et doit tenir à l'honneur personnel que ce nouveau Corps mérite d'être distingué et imité." (le Général HULOT s'adressant, le 14 Novembre 1838, au "Bataillon Provisoire de Chasseurs à pied" lors de son premier rassemblement). Or, ce "nouveau Corps" a été créé dans un but opérationnel tout à fais précis : "C'est à la fois entrer dans l'esprit de la guerre nouvelle et développer les qualités de la race française que de donner à l'infanterie une organisation qui augmente l'influence de l'action individuelle des hommes sur le résultat général obtenu par la masse... La victoire est à celui qui arrive le plus vite et dont le choc est le plus promptement destructeur." (Duc d'Orléans 1840) La solidarité ou l'esprit d'équipe, le sens de la responsabilité, l'amitié, le goût de l'initiative, aller au-delà du "juste devoir", la rapidité dans l'exécution, voilà déjà les grandes lignes tracées. Pour concrétiser ce destin, les moyens sont simples : "Le Duc d'Orléans, leur créateur, en a fait des êtres d'exception recrutés, dressés et vêtus autrement que les autres, pourvus d'une indépendance qui supprimait ce que l'on a appelé la cascade des échelons hiérarchiques et qu'ils ont chanté avec complaisance dans leur refrain guerrier. Ce sont de petites tribus, serrées toutes autour de leur unique drapeau et chacune autour de son fanion et de son chef : le Commandant..." (Colonel PAYARD - 1930) Ce sont ces caractères qui, en 1913, ont frappé LYAUTEY, au MAROC, en constatant l'activité des 7ème et 14ème BCA qui furent mis sous ses ordres pendant deux ans : L'expérience faite depuis un an dans des conditions exceptionnellement concluantes en raison des rudes campagnes menées dans un pays des plus difficiles aux Beni M'Tir, au sud de Mogador, au Talda, contre un adversaire de premier ordre, a fait ressortir avec éclat la valeur et l'instruction de ces unités formées à bonne école, entièrement dans la main de leurs chefs et rompues à la manoeuvre... Il s'est donc produit ceci, c'est que, depuis un an, ce sont les deux bataillons de Chasseurs Alpins qui, l'un au nord, l'autre au sud du MAROC, ont servi d'étalon, d'exemple et de stimulant aux autres troupes blanches et ont acquis très rapidement (et ceci est capital) une véritable légende aux yeux des Marocains."


(Général LYAUTEY - 1913) Ne s'agit-il cependant que de procédés mineurs, artificiels, comme le disent les "opposants" ? Le résultat en est pourtant certain : "Ah, qu'il connaissait bien les Français celui qui a imaginé, pour créer chez nous une troupe délite, de la différencier tout d'abord des autres, fut-ce par des minimes signes extérieurs... Ce qui est vrai pour la tenue l'est aussi par mille détails du service. Que de sarcasmes ont été prodigués à nos camarades de "l'Arme bleue" pour leurs petites manies de singularité ! C'est pourtant à de tels moyens transmis, répétés, codifiés qu'on été dues ces belles unités universellement admirées... ou enviées." (Maréchal FRANCHET d'ESPEREY - 1930).

Car il y a évidemment des "opposants" : en 1872, en 1887 et à d'autres périodes, l'existence des Chasseurs ou de leurs particularités de tenues et de traditions ont été menacées :

"Le phénomène s'explique par l'emprise qu'exerce sur certains esprits les perspectives faciles d'une rigoureuse uniformité par la passion égalitaire du nivellement général."(Général de CASTELNAU) Certes, au long de leur histoire, les Chasseurs ont vu s'estomper (ou se généraliser) beaucoup de traits caractéristiques qui faisaient leur originalité. Mais avec leur tenue bleue et tout ce qui la sublime, l'Esprit est resté, au point que le prestige de leur nom a incité des Unités de nouvelle formation à l'adopter à leur tour :


"Il faut enfin que tous les Corps de nouvelle formation (mitrailleurs, chars de combats) ne viennent pas se parer du beau titre de "chasseur" qu'ils ont reçu sans raisons bien valables". (Maréchal FRANCHET d'ESPEREY - 1930)

De nos jours, il reste, comme bases de l'Esprit des Chasseurs, ce qui les rassemble, leur Drapeau, et ce qui les différencie, leurs tenues et leurs traditions.autrement dit : l'amour-propre et leur image de marque. Ce sont sans doute là les ressorts essentiels qui font qu'il y a effectivement un "style Chasseur" qui est refus de la médiocrité, de l'à-peu-près, du laisser-aller ; style de commandement, dans l'accomplissement du devoir journalier, dans la manière de vivre et de se comporter avec les autres.

le maréchal Lyautey Ce style si caractéristique n'est que le fruit et le reflet de "l'Esprit Chasseur". En 1930, sur demande de la Fédération des Anciens Chasseurs à Pied, le Maréchal LYAUTEY, en son château de Thorey en Lorraine, voulut bien leur en donner une définition lapidaire qui correspondait à l'idée qu'il s'en était fait tout au long de sa carrière, et particulièrement lorsqu'il eut sous ses ordres, au MAROC, en 1912, les 7ème et 14ème BCA. Les termes de cette page étincelante, dédiée aux Chasseurs à Pied par cet illustre cavalier, sont, depuis un demi-siècle, connus et cultivés dans nos bataillons où ils ont, pour tous, force de directives.



L'appellation "chasseur" "Le nom n'est pas indifférent (écrivait le Duc d'Orléans en 1840) Ce sont ces détails qui font l'esprit de Corps, stimulant le dévouement des hommes à leur Drapeau, leur émulation vis-à-vis des autres Corps et leur entraînement aux actes les plus héroïques en développant en eux le point d'honneur et un noble orgueil... Le nom de "Chasseur" rappelle les Chasseurs volontaires de la glorieuse épopée de 1792 et les Chasseurs à pied de la Garde Impériales dont le souvenir est impérissable dans l'Armée Française...". Après la mort accidentelle du Duc d'Orléans, créateur des Chasseurs à pied, les bataillons de Chasseurs prirent le nom de "Chasseurs d'Orléans". Cette dénomination n'a pas subsisté après la chute du Roi Louis-Philippe, en 1848. Seul a été repris le terme de "Chasseurs à pied", demeuré immuable depuis cette date. Parmi leurs frères, les Soldats, les Chasseurs sont donc fiers de s'annoncer comme tels à l'exemple du Général DE MAUD'HUY, que ses hommes avaient surnommé "le père des Chasseurs", et qui signait fièrement : "Chasseur DE MAUD'HUY, Général Gouverneur de Metz". D'ailleurs, notre règlement de discipline générale précise que : "Les hommes du rang sont appelés soldat, chasseur, cavalier, etc... selon leur Arme ou Subdivision d'Arme".

Le Chasseur se présente donc " Chasseur un tel". Éventuellement "Chasseur de Première classe un tel" (jamais "Chasseur de 2ème classe"). Quant aux désignations, qui semblent malheureusement se répandre, telles que "Première classe un tel" ou "2ème classe un tel", elles sont à rejeter absolument dans l'expression tant oral qu'écrite. Ce


ne sont que simplifications des scribes et l'on n'a pas à se plier à ces commodités. La Tradition veut que, pour s'adresser à l'ensemble des hommes d'une formation, la formule soit : "Officier, sous-officier, Caporaux, Clairons et Chasseurs du N°... Bataillon (ou Groupe)". Il n'y a pas lieu d'ajouter les caporaux-chefs. Pour une invitation, des voeux, des condoléances, etc..., adressés collectivement au nom du Corps, la même formule précédée des mots "Le Chef de Corps" (sans désignation nominative) doit être utilisée. Ce libellé est une rémanence du temps où seuls les Chasseurs formaient "Corps" à l'échelon du bataillon. Bien que la commodité d'expression ait rendu réglementaires les dénominations simplifiées de : -Bataillon de Chasseurs Alpins ; -Groupe de Chasseurs Portés ; -Groupe de Chasseurs Motorisé ou Mécanisé (au singulier en ces derniers cas pour bien marquer qu'il s'agit de qualifier le type de l'organisation et non la nature des hommes qui la composent). -Groupe de Chasseurs ; Cette subdivision de l'Arme de l'Infanterie, rassemblée autour de son unique drapeau, est bien celle des CHASSEURS A PIED. Elle ne se confond pas avec d'autres subdivisions d'Arme qui, postérieurement, ont emprunté le nom de "chasseurs" : chars de combat, parachutistes, etc... D'ailleurs l'appellation de "Bataillon Alpin de Chasseurs à pied" était réglementaire jusqu'en 1940 ; de même, de 1947 à 1952, le 10e reçu l'appellation de "Bataillon Parachutiste de Chasseurs à pied".


La 27ème brigade d’infanterie de montagne La 27ème BIM dispose : D'un état-Major. D'une Compagnie de Commandement et de Transmission de Montagne. D'une Unité de Recherche humaine. D'une Escadrille d'Hélicoptère de Montagne. De six régiments ou bataillons : Mêlée : 3 Bataillons de Chasseurs Alpins (7 BCA, 13 BCA et 27 BCA). 1 Régiment de Cavalerie Légère de Montagne (4 RCh). Appuis : 1 Régiment d'Artillerie de Montagne (93 RAM). 1 Régiment de Génie de Montagne (2 REG).

7ème BCA

13eBCA

93ème RAM

27ème BCA

2ème REG

4ème RCH

27ème CCTM


les demi brigades de chasseurs alpins

l es ĂŠtoiles et insignes de compagnie



Historiquement, cette étoile bleue est celle des anciennes sections d'éclaireurs skieurs que tous les bataillons de chasseurs alpins possèdent encore sous le nom de sections de renseignement (SR). Cette étoile à cinq branches est l'insigne des sections d'éclaireurs auxquelles furent attribuée la couleur bleue spécifique aux Troupes de montagne. C'est ce même bleu, couleur de référence chez les chasseurs alpins, que l'on retrouve dans de nombreux insignes, attributs et tenue des chasseurs.


Etoiles et insignes

d’éclaireurs Skieurs

Créées successivement dans chacun des corps alpins depuis 1931, les étoiles sont attribuées aux cadres et militaires du rang les plus qualifiés en montagne. Le titulaire d'une étoile s'engage à guider, conseiller, porter aide et assistance à toute personne isolée ou détachement qu'il serait amener à accompagner ou à rencontrer en montagne.




LES SECTIONS D'ECLAIREURS-SKIEURS

On peut faire remonter l'origine de ces sections spécialisées dans le combat en montagne aux premiers postes d'hiver implantés le long de notre frontière alpine sur l'initiative du Général BARON BERGE, alors Gouverneur militaire de Lyon et commandant le 14ème CA de 1889 à 1893.


Il s'agit alors de répondre à la création sur l'autre versant de la frontière de nombreuses unités d'Alpini (Chasseurs Alpins Italiens). Il apparaît donc nécessaire de rappeler les données et les impératifs tactiques qui ont influencé l'ancienne Armée des Alpes pour expliquer la naissance des SES, un demi-siècle plus tard. Il n'y eut pas de génération spontanée, ni de nécessité brutale, mais une genèse assez lente, interrompue par la Première Guerre mondiale.

A partir de 1920, les troupes alpines rejoignent peu à peu les garnisons qu'elles occupaient avant 1914. Dès l'hiver 1920-1921, le Colonel DOSSE, chef du bureau des écoles à l'état-major de l'armée, fait rouvrir l'école de ski de Briançon. En 1929, sous l'impulsion du Colonel TOUCHON, commandant le 159ème RIA, est créée une école de glacier au Pré de Madame Carle, au fond de la vallée de Vallouise. On y pratique l'alpinisme et le ski de glacier. L'idée sections formées de skieurs confirmés, disposant d'une certaine


autonomie, est dans l'air. Mais ce projet n'a pas l'approbation du 1er bureau de l'état-major de l'armée. Pourtant, plusieurs bataillons des Alpes du Nord (14ème CA -Lyon) créent des pelotons d'éclaireurs chargés des reconnaissances pendant les marches et les manoeuvres d'hiver. Toujours en 14ème RM, un Centre d'instruction de haute montagne (CIHM) est formé dans chaque bataillon d'infanterie. Ce sont, en fait des SES avant la lettre. A partir de l'automne 1922, chaque bataillon de chasseurs alpins de cette même région détache une compagnie près de la frontière avec l'Italie. Ces "compagnies avancées" stationnent à Bourg-SaintMaurice (7ème BCA), Lanslebourg (13ème BCA), Modane (27ème BCA), Briançon puis Plampinet (6ème BCA), Tournoux (15ème BCA), Montdouphin et Fort-Queyras (23ème BCA). Supprimées (en théorie) en novembre 1926, ces compagnies sont remplacées par des "détachements avancés". Mais la notion de compagnie avancée semble avoir subsisté jusque vers 1934.


Les détachements avancés A compter de 1925, les postes édifiés à la frontière entre 1890 et 1900 sont remis en état et réoccupés, d'abord l'été, puis l'hiver. Cette situation ne peut avoir de valeur que si les détachements n'y demeurent pas statiques mais s'entraînent aux déplacements et au combat en montagne. On forme alors dans chaque vallée proche de la frontière un détachement avancé comprenant une ou deux section de combat étoffées par quelques spécialistes (radiotélégraphiste, comptable, muletier). Ces détachements sont en outre chargés de surveiller les petits ouvrages existants ou en cours de construction à la frontière.


Les SES Avec la prise de commandement de la 27ème DI (PC à Grenoble) par le Général DOSSE, en 1930, l'entraînement aux déplacements à ski va être de plus en plus poussé. Les DA et CIHM existant prend alors le nom plus évocateur et plus prestigieux de "sections d'éclaireurs skieurs". Chaque bataillon d'infanterie alpine (RIA), de chasseurs alpins (BCA) et même de tirailleurs (RTA et RTM) stationné sur le territoire de la 14ème RM aura la sienne. Mesure qui s'étendra plus tard aux bataillons des Alpes du Sud (15ème RM - Marseille) puis à certains régiments des Pyrénées (16ème RM - Montpellier) enfin, à partir de 1935, aux bataillons alpins de forteresse (BAF) nouvellement créés. Dès 1930, on peut donc voir dans les hautes vallées des alpins, portant une étoile sur la manche, piolet sous le bras ou skis aux pieds, arpentant la montagne en tous sens et l'animant par leurs manoeuvres et leurs tirs.



Composition et recrutement de la SES Sous les ordres d'un lieutenant expérimenté, la section compte trois groupe de combat et un groupe de commandement renforcé (1 sous-officier adjoint, 1 caporal VB, 2 signaleurs, 1 observateur, 1 infirmier) soit une quarantaine d'hommes armés du mousqueton modèle 1892, les FM 24-29 constituant l'armement collectif. Lorsque la section hiverne dans un poste isolé, les difficultés des communications, et parfois l'impossibilité d'évacuer un blessé grave, nécessitent la présence d'un médecin auxiliaire, excellent skieur mais à la clientèle rare car il y a peu de malades et encore moins de "tire-au-flanc". On y adjoint parfois deux radiotélégraphistes, un cuisinier (et infirmier), un muletier et, lorsqu'un téléférique relie le poste à la vallée, deux sapeurs téléféristes détachés du 4ème Génie de Grenoble. Le recrutement se fait autant que possible sur place avec des


hommes ayant l'habitude de la vie en altitude. Mais avec le développement du ski et de l'alpinisme dans les années trente, des citadins viennent se mêler à eux en apportant un sang neuf. Les cadres sont plus difficiles à trouver. Il faut environ deux ans de spécialisation pour qu'un officier ou un sous-officier puisse satisfaire aux exigences de son rôle. La montagne présentant des dangers réels, il faut absolument éviter l'accident. La création en 1932 de l'Ecole de haute montagne (EHM) à Chamonix va permettre la formation de cadres de valeur et l'étude d'un équipement bien adapté. Le chef de la SES est à la disposition directe du chef de bataillon qui possède ainsi un élément très entraîné susceptible d'intervenir en tout temps et dans un terrain impraticable aux compagnies classiques.


La vie d'une SES en temps de paix Chaque section du 14ème CA occupe un casernement de vallée (à plus de 900 mètres d'altitude) et un poste d'hiver (à plus de 2000 mètres) disposant ainsi de magnifiques terrains d'exercices où elle peut pratiquer le ski, l'alpinisme, le tir et s'endurcir à la vie à haute altitude. Quel magnifique programme pour une quarantaine de jeunes enthousiastes aimant le sport et la montagne ! Pour décrire la vie de ces sections, il faut citer les souvenirs que l'un de ces chefs de section nous avait confiés : "La vie la plus belle pour une SES était celle des postes les plus élevés. Le spectacle quotidien, toujours changeant, des vallées lointaines et des cimes qui nous entouraient, éclairées par les premiers et derniers rayons du soleil, ou plongées dans une nuit lumineuse avec, pour certains postes, le clin d'oeuil lointain des rares lumières de villages plus de mille mètres plus bas, donnait d'inexprimables satisfactions. La tourmente y était la vraie tourmente, fumante de neige tourbillonante, avec les coups de bélier infatigables du vent battant les murailles, grondant et sifflant aux arêtes du fort.

Quelle que sont l'activité à laquelle on s'était livré dans la journée, il fallait toujours remonter pour retrouver l'abri des murs dans ce monde désert et figé et cela donnait plus de prix à cet abri. Il nous souvient de soirs d fin d'hiver et de retours à la nuit tombante, par temps calme, où plus un mot n'était échangé dans la colonne zigzagante de la section, mais où le rythme égal des pas semblait commandé par une seule respiration, cependant que les grands sommets de l'Oisans s'auréolaient encore d'une lumière d'or vert, que les neiges de la frontière, d'abord mauves, passaient au gris perle et que la lune, prenant la relève,


commençait à les faire luire.

Ces postes vivaient presque en autarcie. Tout le ravitaillement non périssable était stocké à l'automne, alors que les routes d'approche étaient envore praticables aux véhicules et les sentiers aux mulets. On faisait chaque jour le pain. L'hiver venu, on allait deux fois par semaine chercher la viande fraîche et de rares légumes verts ou fruits à quelque poste intermédiaire, parfois malgré la tourmente et peut-être en dépit de consignes de prudence qui nous paraissaient excessives.

SES 72eBAF Le printemps s'annonçait par l'assombrissement des fonds de vallée, alors que pour nous les nuits étaient encore glaciales et la neige du petit matin dure comme le marbre. Nous pensions alors que nous étions à skis depuis bien longtemps et que la verdure nous manquait. Alors, justifiant cette escapade par un exercice de combat "au terrain", nous plongions de quelque 500


mètres vers de petites alpes ensoleillées et remontions avec des secs pleins de pissenlit à peine poussé ou d'épinards sauvages infiniment meilleurs que ceux des boîtes. C'était aussi une période extraordinaire de ski de printemps. Partant en pleine nuit à pied, skis sur le dos nous commencions par descendre les met que nous avions choisi. L'horaire était prévu pour que nous commencions la descente convoitée à ce moment fugitif de la neige de printemps où elle est comme un velours. L'après-midi, nous remontions dans la croûte naissante.

Pendant 6 à 7 mois, telle était la vie de ces postes aux portes desquels commençait un désert dont nous étions, en ce temps, les seuls maîtres. Les jours de grande tourmente étaient les seules pauses un peu longues que nous accordait l'hiver. Malgré (ou peutêtre à cause de ) ce régime un peu rude, la santé aussi bien morale que physique des éclaireurs était inébranlable et le rôle des médecins militaires beaucoup plus psychologique que clinique. La plupart d'entre eux trouvaient agréable cette pause après de dures années d'étude. La gaieté classique des "carabins" et leur maturité d'esprit leur permettaient de jouer un rôle d'animateurs, d'intermédiaire neutre, de confident et de conseiller de tous, qui était fort apprécié dans un cadre de tout de même un peu exceptionnel.


Dès le mois de mai, l'entraînement particulier d'été commençait : école d'escalade et, dans la mesure où subsistaient dans le domaine de la section des couloirs et des névés raides et (au moins le matin) glacés, école préparatoire à la glace avec application pratique au cours des deux ou trois grandes sorties de la semaine, de plus en plus longues et, si possible, difficiles mais intialement limitées au secteur propre de la section ou aux secteurs limitrophes.

Chaque SES avait sa physionomie propre qu'elle devait à l'officier qui la commandait, à son recrutement, à ses conditions de vie. Mais dans chacune, on retrouvait le même sens du devoir, la même capacité de dévouement, la même vigueur physique, le même amour de la liberté qui faisait oublier la triste vie de caserne. Les éclaireurs savaient qu'ils seraient amenés un jour à combattre des hommes, mais en tous temps, en paix comme en guerre, ils avaient à lutter contre la nature et les dangers de la montagne. Ce qui amenait parfois un état d'esprit un peu aristocratique à l'égard des "autres"... ceux de la vallée.


A partir de 1933 ou 1934, les sections prennent l'habitude de passer une quinzaine de jours dans les grands massifs alpins, souvent à plus de 3000 mètres, desquels ils rapportent des renseignements qui pourront servir ultérieurement. La durée du service militaire, portée à deux ans en 1935, va permettre d'avoir des sections d'éclaireurs confirmés, aptes à opérer dans la haute montagne. Dans le cadre de la région militaire, des courses de sections sont organisées chaque hiver.

Nos voisins italiens ayant fait en 1937 une démonstration


spectaculaire sur les grands sommets de la frontières, le commandement de la 27ème DIA répondit en juillet 1938 en inondant le massif du Mont Blanc de patrouilles et de cordées chargées de missions particulièrement difficiles pour terminer par un grand rassemblement au sommet du Mont, le 14 juillet. Et peu à peu, la guerre approchait.

Missions de la SES en temps de guerre Chaque SES doit être apte à : -effectuer des patrouilles et reconnaissances à longue distance ; -assurer les liaisons entre vallées ; -assurer la garde des passages élevés ; -dresser des embuscades ou procéder à des coups de main ;


-compléter par un réseau mobile de patrouilles la trame lâche des postes fixes de surveillance. Missions qui furent pratiquées encore plus sérieusement avec l'entrée en guerre de la France en septembre 1939. Elles vont devenir le lot quotidien en juin 1940.

L'entrée en guerre A la mobilisation de 1939, six nouveaux régiments d'infanterie alpine sont créés (55ème, 97ème, 112ème, 140ème, 203ème et 299ème RIA) auxquels s'ajoutent quatre régiments venus des Pyrénées orientales (16ème CA) : 96ème, 215ème, 281ème et 343ème RI. Chacun de leurs bataillons forment une SES. Il en est de même dans les 24 nouveaux bataillons de chasseurs alpins (12ème, 14ème, 23ème, 28ème, 47ème, 49ème, 53ème, 60ème, 62ème, 64ème, 65ème, 67ème, 86ème, 87ème, 89ème, 91ème, 93ème, 95ème, 98ème, 100ème, 102ème, 104ème, 105ème et 107ème BCA). Parmi les trois bataillons de mitrailleurs affectés à l'Armée des Alpes, seul le 6ème BCM forme une SES. Les trois bataillons de la 4ème demi-brigade de chasseurs pyrénéens (5ème, 7ème et 8ème BCPyr.) mise à la disposition, en mars 1940, du Secteur fortifié des Alpes Maritimes (où elle remplace la 2ème DBCA désignée pour le TO scandinave) ont formé une SES qui reste sur les Alpes en juin alors que leurs bataillons partent endiguer l'avance allemande dans la région de Fontainebleau. Enfin, les deux bataillons de la 3ème demi-brigade d'infanterie légère (20ème et 24ème BIL), mise à la disposition du Secteur fortifié du Dauphiné en décembre 1939, mettent aussi sur pied, en mais 1940, une SES qui renforce la défense du Briançonnais un mois plus tard. Soit un total de 60 nouvelles SES.


Les opérations de juin 1940 Le 10 juin 1940, l'Italie déclare la guerre à la France. Le dispositif d'été ayant été pris début mai, les SES sont au plus près de la frontière. Cette campagne de quinze jours a été qualifiée de victoire des éclaireurs-skieurs et des artilleurs. Nulle part la ligne de résistance n'a été entamée. Il est malheureusement impossible dans un tel article de relater les actions d'une centaine de sections. Il faudrait un volume entier ... Contentons-nous de donner les emplacements de ces sections et les noms de leurs chefs en espérant qu'un ouvrage contera un jour les exploits de ces petites unités bien oubliées maintenant. Rappelons tout de même que pour le seul 15ème CA, 3 SES ont été citées à l'ordre de l'armée (24ème BCA, 85ème BAF et I/112ème RIA), 9 à l'ordre du corps d'armée (9ème, 20ème, 25ème, 49ème et 89ème BCA, 76ème, 86ème et 96ème BAF, 5ème BCPyr.), 7 à l'ordre de la division (18ème, 23ème, 60ème, 62ème et 102ème BCA, 94ème BAF, II/112ème RIA).

Les SES du Corps expéditionnaire de Norvège A Brest, l'amiral de Laborde et le lieutenant-colonel


Magrin-Vernerey, alias général Monclar, passent en revue section d'éclaireu rsavant leur départ une pour skieurs Narvik. En février 1940, six bataillons de chasseurs sont prélevés sur les 27ème et 28ème DIA pour entrer dans la constitution d'une Brigade de haute montagne (BHM) prévue à l'origine pour opérer en Finlande. L'évolution des événements, en avril, va amener ces éléments sur le théâtre d'opérations norvégien dans le cadre d'une nouvelle division, la 1ère division légère de chasseurs (DLCh.) renfocée par la 13ème DBLE récemment créée.


Les soldats de la 13e DBLE (Demi-Brigade de la Légion Etrangère)embarquent à bord du paquebot "Général Metzinger".Appartenant au CEFS (Corps Expéditionnaire Français en Scandinavie)


Les chasseurs alpins du CEFS (Corps Expéditionnaire Français en Scandinavie), avec leur mascotte, à bord du croiseur auxiliaire "Ville d'Oran" Les SES qui avaient passé l'hiver sur la frontière des Alpes, loin de leurs bataillon, sont dirigées sur Belley où elles retrouvent leurs corps venant du front Nord-Est. Elles embarquent à Brest à partir du 12 avril.


Equipe de mitrailleurs armés d’un FM 24/29, près de narvik Premières engagées, les SES de la 5ème DBCA opèrent dans le secteur de Namsos, du 19 avril au 2 mai 1940. Celles de la 27ème DBCA opèrent avec les skieurs de la 13ème DBLE dans la région de Bjervick et Narvik, du 27 avril au 7 juin, Victorieuses à Narvik le 28 mai, elles devront évacuer la Norvège pour rentrer en France où la situation commence à devenir dramatique, début juin.


Chasseurs du 27e DBCA revenant

de narvik


13ème BCA Ltn QUENARD 53ème BCA Ltn LESTIEN 67ème BCA Ltn IDIER

SES de la 5ème DBCA

SES de la 27ème DBCA 6ème BCA Ltn BLIN 12ème BCA Ltn ANGLES d'AURIAC 14ème BCA Ltn DELAGE Groupement de skieurs de la 13ème DBLE Ltn GEOFFROY


SES du 140ème RIA 1er bataillon Ltn FOUILLEUX 2ème bataillon Ltn PERONNE 3ème bataillon Ltn BOLLAND

SES du 141ème RIA 1er bataillon Ltn POCACHARD 2ème bataillon S/Ltn VIGEOZ 3ème bataillon Ltn STALLA-BOURDILLON


Les SES formées en Corse en 1939-1940 La 173ème demi-brigade d'infanterie alpine, créée le 29 août 1939 à partir du 173ème RIA, assure la défense de la Corse et chaque bataillon forme une SES, mais elle quitte l'île pour stationner dans la Marne puis dans l'Aube. Ces SES seront aussi employées comme sections franches. La 363ème demi-brigade d'infanterie, formée fin août 1939 à Orange, assure avec ses quatre bataillons la défense du secteur Sud de l'île de Beauté. Son PC est à Corte puis à Sartène. Chaque bataillon a formé une SES, mais nous ne disposons d'aucun renseignement sur leurs activités.

SES de la 173ème DBIA 1er bataillon Ltn BARTOLLI 2ème bataillon S/Ltn ASSENS 3ème bataillon Ltn BAUDON


4ème bataillon Ltn NOARO, Ltn EXEL

SES de la 363ème DBI 1er bataillon S/Ltn ATIANI, Ltn PLOIX 2ème bataillon Ltn GRIFFON 3ème bataillon Ltn POYET


Quelques personnalités qui ont été sont chasseurs... Politiques

Raymond Poincaré Capitaine de réserve au 30ème BCA

et


philippe Herzog Capitaine au 27ème BCA

Jacques Chaban-Delmas Lieutenant au 75ème BAF Militaires

Maréchal François Certain de Canrobert Chef de corps du 5ème BCP


maréchal de Mac Mahon Chef de corps du 10ème BCP

général de Gaulle Chef de corps du 19ème BCP


général Gouraud Lieutenant aux 21ème et 3èmeBCP

maréchal Petain Lieutenant au 24ème BCA et capitaine au 3ème BCP


général Béthouard Chef de corps du 24ème BCA

au 3ème BCP

général Koenig Aspirant au 15ème bca et lieutenant

général Vanbremeersch lieutenant au 2ème et 16ème BCP,


chef de corps du 27ème BCA

Ecclésiastiques

29ème BCP

mgr lustiger aspirant au

Artistiques

Henri salvador Chasseur au 10ème BCP


Aimé barelli Clairon au 22ème BCA

Bernard fresson 199ème Bataillon de Haute Montagne (chamonix)


roger frison roche 199ème Bataillon de Haute Montagne (chamonix)

Henri Genesse Chasseur au 8ème BCP

Jean Amadou Chasseur au 29ème BCP


Tino Rossi Chasseur au 22ème BCA

Luc Besson Chasseur au 13ème BCA

Christophe Lambert Chasseur au 6ème BCA Industrielles


Jean-Marie Messier Aspirant au 24ème GC

Marius Berliet à l'EMHM Sportives

Jean-Claude Killy à l'EMHM

Lionel Terray à l'EMHM

véronique claudel sergent à l'EMHM. médaille olympique 1993 de biathlon.



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