d e s t r o u p e s d e m o n tag n e
Cahiers Les
ISSN 1631-5200
Printemps 1940
la campagne de Norvège
N° 19 - février 2009 / aout 2009
Cold Response
Retex Kapisa
Un exercice interarmes et interalliés en Norvège
Enseignements du 1 mandat hiver afghan er
PrépaOps GTIA13 Préparer l'Afghanistan...
3 - Éditorial 4 - In memoriam 5 - L’actu en bref 8 - Passations de commandement 10 - Retex CFIM 12 - Cold Response 2009
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14 - Le GCM en Uruzgan
17 - Retex GTIA Kapisa
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18 - Introduction
20 - Kapisa : la fonction crée l'organe
23 - SGTIA : du concept à la réalité
26 - Artillerie omnidirectionnelle
28 - TACP : les yeux et les oreilles
30 - ABC : au coeur de la mêlée
32 - Appui génie au combat
36 - Logistique "internationale"
37 - DL ANA au coeur des enjeux !
38 - Kapisa : carnets d'OPEX
40 - Para Bellum, PrépaOps du 13 42 - Opération Boali 44 - L'ERIAC en Martinique 45 - "Choke point" à Canjuers 46 - Glossaire 47 - Cahiers des Troupes de montagne 51 - Bernard
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À Kaboul, le 9 septembre 2009
S
eptembre est bien avancé, la brigade a subi son "lifting" estival, les hommes et les femmes du GTIA Kapisa et des OMLT Uruzgan, de Boali ou d’ailleurs ont repris contact avec le travail quotidien et déjà se préparent l’état-major de la Task Force Lafayette et le GTIA Kapisa 13e BCA pour relever le défi de la contre-insurrection, au sein du nouveau dispositif français en Afghanistan.
L’Afghanistan constitue le cœur de ce numéro de Troupes de montagne, dédié essentiellement au retour d’expérience des opérations sur ce théâtre exigeant et complexe. Il ne doit pas cependant faire oublier les autres missions auxquelles la brigade doit se préparer. Ce double impératif constituera l’enjeu majeur de la 27 pour l’année à venir. La réussite de notre contrat opérationnel passe plus que jamais par le réalisme de notre entraînement, par un principe de subsidiarité bien compris, qui laisse aux corps de la brigade l’initiative d’une préparation décentralisée alors que la base arrière de l’état-major concentre ses efforts sur la montée en puissance du futur GTIA Kapisa 7e BCA et du détachement OMLT Uruzgan. Vous savez, et ce numéro en témoigne, que nous accumulons progressivement une expérience opérationnelle précieuse. Il faut nous appuyer sur ce socle pour améliorer encore et toujours notre capacité, sans jamais croire que le but est atteint. Dans cet esprit, la pratique de la montagne contribue fortement à cet enrichissement : elle nous confronte aux réalités du terrain afghan, elle aguerrit les corps et les esprits, elle forge la cohésion du groupe. Dans un autre registre, elle impose une discipline comprise et partagée ainsi que le souci du contrôle par le chef, à tous les niveaux du détachement. Cette discipline et ce contrôle ne s’arrêtent pas au retour au quartier. Ils doivent imprégner votre action quotidienne dans ce qu’elle a de plus banal. L’objectif doit être fixé et les moyens pour l’atteindre, expliqués. L’exécution doit être vérifiée régulièrement et rectifiée quand il le faut. Inspirez-vous des exigences de notre spécificité pour vous astreindre à la rigueur du quotidien. Vous en apprécierez les bienfaits quand il faudra s’engager dans les vallées afghanes. Enfin, s’il fallait retenir un enseignement majeur de votre lecture, je vous propose de faire vôtre la somme de courage, d’enthousiasme, de fraternité d’armes et d’humilité qui transparaît au fil du récit. Ce sont les vertus cardinales qui conduisent au succès. Elles guideront nos pas pour que la trace soit belle et que toute la 27 fasse honneur à l’armée de Terre !
Directeur de la publication : général Marcel Druart. Rédacteur en chef : lieutenant François Avot. Infographiste : caporal-chef Fabien Pinet. Comité de rédaction : lieutenant Candice Thomassin (7e BCA), lieutenant Caroline Péruchot (13e BCA), lieutenant Aurore Ibouchoukène (27e BCA), lieutenant Leila Petillot (93e RAM), lieutenant Candice Vernoud (4e RCh), sous-lieutenant Philippe Schupp (2e REG), capitaine Joëlle de Céa (EMHM). Illustrations graphiques : lieutenant (R) Philippe Reyt, tous droits réservés. Crédits photos : 7e BCA, 13e BCA, 27e BCA, 93e RAM, 4e RCh, 2e REG, 27e CCTM, EMHM, EM 27e BIM, Adj Drahi (SIRPA Terre), Thomas Goisque. Impression : imprimerie Notre Dame, ZA pré-Millet, 80 rue de Vaucanson, 38330 Montbonnot Photo de couverture : Thomas Goisque Dépôt légal : à parution Cellule communication 27e BIM - BP 08 38761 Varces Cedex 3
In Memoriam
Le caporal-chef Nicolas Belda
(27 BCA) e
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éployé en Afghanistan, au sein de la Task Force Tiger, en novembre 2008, il est détaché à la 4e compagnie sur la FOB Nijrab "Morales Frazier" pour remplir des missions de sécurisation, de contrôle de zone et de bouclage dans la province de Kapisa. Le 14 mars dernier, dans la vallée d’Alasay, une opération d’envergure (Dinner out), à laquelle participaient 900 militaires français et afghans, débute. Son but, déloger les insurgés qui, en tenant ce lieu, permettent le passage des talibans d’une vallée à l’autre. Toute la journée, de rudes combats opposent le GTIA avec les insurgés. Le caporal Belda, comme tous ses camarades ce jour-là, fait preuve d’un courage et d’une détermination extraordinaires, se battant sans jamais faillir. Soudain, un tir de roquette RPG7 frappe son VAB/canon de 20, le tuant sur le coup. Le caporal Nicolas Belda n’est pas mort en vain. Aujourd’hui, la paix et la sécurité sont revenues dans la vallée d’Alasay et l’éclatante victoire que la Task Force Tiger a obtenue, le 23 mars, dans ce bastion de l’insurrection en Kapisa, est aussi la sienne. Lors des honneurs militaires rendus au 27e BCA, monsieur Hervé Morin, ministre de la Défense, l’a promu à titre exceptionnel au grade de caporal-chef et lui a remis, à titre posthume, les insignes de chevalier de la Légion d’honneur afin de témoigner la reconnaissance de la Nation à ce soldat qui, jusqu’au bout, s’est battu pour faire honneur à son pays, son Bataillon et ses camarades. Intégré dans la famille des Troupes de montagne, au sein du 27e bataillon de chasseurs alpins en août 2004, le caporal Nicolas Belda réussit à intégrer la Compagnie d’éclairage et d’appui (CEA). Dès 2005/2006, il est projeté dans le cadre de l’opération Épervier au Tchad. En 2007, il part en mission de courte durée en Guyane où sa générosité, son ingéniosité et son allant sont unanimement appréciés par ses camarades lors du stage survie au Centre d’entraînement à la forêt équatoriale.
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Actu
Entraide Montagne
en bref
Dissolution de l'escadrille de haute montagne
Le 1er juillet est devenu, pour l’aviation légère de l’armée de terre en général et pour le 4e régiment de chasseurs en particulier, une date marquante. Le personnel de l’escadrille de haute montagne et son fanion étaient pour la dernière fois rassemblés aux côtés de l’étendard du 4e régiment de chasseurs pour sa cérémonie de dissolution. Une cérémonie émouvante La cérémonie militaire de dissolution s’est déroulée à 17 h sur le site de l’escadrille à Tallard sous l’autorité du chef de corps, le colonel Lemaire, et présidée par le général de division Tanguy, commandant l’aviation légère de l’armée de terre. Tout d’abord et après deux ans passés à la tête de l’escadrille de haute montagne, le capitaine Sanzari a rendu symboliquement et de façon traditionnelle son commandement. Par la suite, après le dernier défilé, c’est avec une vive émotion que le fanion a été rendu au chef de corps pour être enroulé, notifiant ainsi la dissolution officielle de l’unité. Mutés dans différentes unités de l’ALAT et au 4e régiment de chasseurs, les personnels se sépareront courant juillet jusqu’à la clôture définitive des grilles le 1er août 2009.
À ce jour l'Entraide montagne s'appuie sur 6155 contributeurs dont 5482 pour les seuls corps de la 27e BIM, soit 88,7 % du DUO de la Brigade. Ce résultat est remarquable. Il illustre la générosité et la forte cohésion des Troupes de montagne. 34121 euros ont déjà été accordés aux victimes : - 14044 euros au titre de l'aide immédiate, - 14577 euros au titre de l'aide dans la durée, - 5500 euros remis à la CABAT lors de la Saint-Bernard. Pour ce dernier don, l'entraide répond au souhait du CEMAT d'améliorer le soutien aux blessés et à leur famille et montre la solidarité des soldats de montagne en faveur des victimes de l'armée de terre. Il reste maintenant à se maintenir à cet excellent niveau. La campagne de recueil 2010 est lancée. L'Entraide montagne compte sur vous tous !
Course d'orientation RTSE
À l'occasion de la course d'orientation RTSE organisée par le 3e RPIMa, les orienteurs du 93e RAM se sont montrés une nouvelle fois à leur avantage puisqu’ils ramènent au régiment le titre de champion de la RTSE en Vétéran et le challenge Barbarot (challenge de masse sénior). Félicitations aux participants ! Equipe vétéran : Capitaine Chardet, major Denaix, adjudant-chef Derache.
Soldats de montagne, mais aussi cavaliers
Destinées à exprimer et renforcer la cohésion du 4e régiment de chasseurs, les célébrations de la Saint-Georges se sont déroulées le mardi 5 mai et le mercredi 6 mai 2009. Débutées par un trail sur la crête de Charance le 5 mai, elles se sont terminées par la traditionnelle prise d’armes au cours de laquelle Saint-Georges a été évoqué : C’est sous son patronage que les Cavaliers français se sont battus sur tous les champs de bataille d’Europe et du monde. C’est en l’invoquant -au cri de "Par Saint-Georges, Vive la cavalerie"que les Cavaliers d’aujourd’hui aiment à se rassembler. Ce que nous transmet Saint-Georges, ce sont ces valeurs de courage, d’honneur et de fidélité, poussées jusqu’au sacrifice suprême, que nous retrouvons dans la symbolique de l’étendard.
ERRATUM TDM N° 18
Une erreur de signature d'article s'est glissée dans le Troupes de montagne numéro 18. L'article "PrépaOps le génie façon légion" a été rédigé par le Ltn Hans et non par le Lcl Bonini. La rédaction prie les intéressés d'accepter ses excuses.
Les projections en cours du 7e BCA
À ce jour, la 4e compagnie de combat, la CEA et les éléments OMLT sont tout juste rentrés respectivement de République Centrafricaine, de Nouvelle-Calédonie et d’Afghanistan. La 1re compagnie de combat est actuellement en Guyane et jusqu’à mi-septembre. Au retour de celle-ci, le bataillon sera enfin au complet et se préparera pour le départ à l’automne 2010 en Afghanistan.
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Les Arcs 1950 et 2000 pris d’assaut par l’EMIA et le 7e BCA !
105 élèves officiers de l’école militaire interarmes (EMIA) de Coëtquidan réaliseront leur exercice opérationnel de rentrée, du 31 août au 3 septembre 2009, sur les hauteurs des Arcs 1950 et 2000, en partenariat avec le 7e bataillon de chasseurs alpins, la commune de Bourg Saint Maurice, la station des arcs 1950 et 2000 ainsi que la Société les Montagnes de l’Arc (SMA). Le thème de cet exercice de quatre jours en terrain libre sera les combats, types Afghanistan, de contre rébellion en zone escarpée montagneuse et urbaine.
Le 7 fait son cinéma
Trois jours de tournage en pleine neige comme en plaine verte pour les Chasseurs alpins du 7e bataillon de chasseurs alpins. De mars à mai 2009, huit chasseurs du 7e BCA ont été les acteurs du tournage des films en 360 degrés dédiés au nouveau musée des Troupes de montagne. Après plus de sept années d’âpres négociations, l’installation du nouveau musée des Troupes de Montagne n’est plus un rêve, mais une réalité palpable. Les travaux de mise en conformité de la casemate du fort de la Bastille à Grenoble ont commencé début 2008 et l’inauguration aura lieu le premier octobre 2009. Une immersion totale chez les alpins sera possible grâce à la mise en valeur d'une collection historique, ethnologique et artistique. La découverte des missions d’hier, mais aussi de celles d’aujourd’hui se fera au travers de films projetés sur un angle de 360 ° avec un décor réaliste. On pourra ainsi découvrir les chasseurs du "7" évoluant sur leur terrain de prédilection, la montagne.
Dimanche 4 octobre 2009 : 14e Marche des Diables Bleus
Sommet de l’Aconcagua en Argentine
Féru de montagne et faisant parti de l’association "Ceux d’en haut", le caporal Vincent Laporte de la section transmission du 7e BCA a gravi le plus haut sommet de l’Amérique du sud culminant à 6962 m : l’Aconcagua. Ses départs successifs en Guyane de janvier à mai, puis au Tchad, de juin à octobre 2008, lui ont permis de se préparer au climat et à la rusticité nécessaire pour cette expédition. Dès le 28 décembre 2008, ils étaient quatre au départ de Paris pour l’Argentine. Au total, un mois en Amérique du Sud, 17 jours d’expédition, 38 kg sur le dos, pour quatre minutes trente au sommet du monde et un paysage grandiose à en couper le souffle. Une 1re expérience de la "haute" altitude extraordinaire qui annonçait déjà les prochains sommets : le Kilimandjaro ou le Mc-Kinley.
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L'amicale des Anciens du trente de Réserve organise, avec le concours de la 5e compagnie du 7e bataillon de chasseurs alpins, la 14e marche sportive des "Diables Bleus" le dimanche 4 octobre 2009 à Saint-Amarin le Grand-Ballon. Cette épreuve de 1040 m de dénivelé positif sur une distance de 20 km se déroule dans le plus pur esprit montagne et met en exergue le courage, la camaraderie, la solidarité et l'effort collectif et individuel de ceux qui se sont battus pendant la première guerre dans la région des Vosges. Au plus haut sommet des Vosges (le Grand Ballon), un monument est élevé en souvenir des Troupes Alpines qui ont réussi à conquérir et à maintenir la région durant toute la première guerre mondiale au prix de sacrifices sanglants. Hartmannswillerkopf, Hilsenfirts, le Linge, la Tête des Faux, autant de paysages d’enfer, autant de combats épiques devenus légendaires pour tous les chasseurs, qui seront évoqués durant cette course à travers différents points de passages. C’est à cette période que les Alpins du 7 seront nommés par les Allemands "Die Schwarzen Teufel" ou "Diables Bleus" de part leur difficulté à les distinguer et leur rapidité et leur force au combat. Devoir de Mémoire et épreuve sportive, la course est ouverte à tous et permet également de démontrer et de resserrer les liens entre l’Armée et la Nation. Pour les inscriptions et les renseignements, joindre le Slt Dominique Kirchhoff. Par mail à diablebleu7@aol.com Par téléphone au 03 89 38 71 39 ou au 06 82 41 24 17
Équipe de France militaire de ski : nouvelles recrues
Les trois nouvelles recrues de l’EFMS ont retrouvé leur Ecole. Pendant plusieurs jours, les chasseurs Olivia Bertrand, Tessa Worley et Martin Fourcade ont réalisé leur Formation générale individuelle. Encadrés par les personnels de l’EMHM, les athlètes ont passé leur COVAPI (tests d’aptitude physique), assisté à des cours pratiques sur le fonctionnement de l’armée de Terre. Ils ont appris à marcher en ordre serré et ont effectué une séance de tir au 27e bataillon de chasseurs alpins.
Le GMHM : "7 continents, 7 alpinismes"
Ils sont partis pour la 6e étape du challenge "7 continents, 7 alpinismes". Cette fois-ci, ils s’envolent pour l’Himalaya, à l’assaut du Mukut Parbat, un sommet atteignant les 7242 mètres. L’équipe composée de sept personnes du Groupe, d’un instructeur de la Direction des stages et du médecin principal de l’EMHM mettra à profit une autre facette de l’alpinisme : l’escalade mixte. Une inconnue viendra corser cette expédition éprouvante : la haute altitude. Rendez-vous sur le site de l’EMHM (www.emhm.terre.defense.gouv.fr) pour suivre leur aventure.
Le 7 en folie
Du 11 au 14 juillet 2009, le 7e BCA a vécu à un rythme effréné en raison de l’enchainement d'une multitude d’événements majeurs mobilisant tout ou partie de ses effectifs. Tout commença dès 10 heures le samedi 11 juillet. Durant deux jours, le "7" a ouvert ses portes au quartier Bulle. Pompiers, gendarmes, PGHM, artisans, prévention routière, etc., tous ont été au rendez-vous aux côtés des chasseurs du "7". Animations dynamiques, stands, petit train, les animations ont plu au public. Un public qui ne voulut d’ailleurs pas partir à l’heure de la fermeture des portes. Le 13 juillet, le "7" changeait de chef de corps. C’est sous un soleil de plomb et en présence de nombreuses personnalités publiques et militaires que le lieutenant-colonel (TA) Bruno Gardy prit le commandement du 7e BCA. Deux grandes et principales missions lui sont dévolues : d’une part la mise sur pied du bataillon et la projection en Afghanistan ; d’autre part, la préparation du transfert sur Varces. De son côté, le colonel Laurent Michon est affecté au centre de planification et de conduite des opérations à Paris. Les deux années de son commandement ont été marquées par la projection Eufor Tchad - RCA en 2008. Enfin, le mardi 14 juillet, le "7" a défilé dans Bourg Saint-Maurice. Succès assuré pour le bataillon, mais aussi pour les pompiers, qui attirent toujours autant de monde !
Veillée du 10e anniversaire
Fier de ses 10 premières années, le 2e Régiment étranger de génie a tenu, sous l’impulsion de son 5e chef, à dignement fêter le 10e anniversaire de sa création. Ainsi, après avoir reçu la bénédiction de Mgr Le Gal, évêque aux armées et partagé un remarquable méchoui dans les jardins du mess sous-officiers, le régiment et ses quelques 350 invités se retrouvaient sur la place d’armes autour d’un son et lumière. Retraçant d’abord l’héritage des compagnies de génie d’Extrême-Orient puis évoquant le passé militaire du plateau d’Albion et une page de gloire de la Légion au travers de celui qui donna son nom au quartier, le maréchal Koenig, les hommes de "Rien n’empêche" ont voulu mettre l’accent sur les valeurs du légionnaire sapeur de montagne : l’engagement et la solidarité. Cette veillée emplie d’émotion et de solennité, ponctuée par les brillantes interventions de la Musique de la Légion étrangère restera longtemps gravée dans les esprits.
Les alpins du 7e BCA dans le Pacifique
Du 25 janvier au 27 juin 2009, la compagnie d’éclairage et d’appui du capitaine Mayade s’envole pour Nouméa direction Nandaï et le RIMaP-NC (Régiment d’infanterie de marine de Polynésie - Nouvelle-Calédonie) renforçant, pour cette mission de courte durée les effectifs de ce régiment présent en permanence dans le Pacifique Sud. Les cinq mois ont été composés des services courants à remplir, des tournées de provinces (TP), des exercices compagnies et régimentaires et du centre d’instruction nautique commando (CINC). La MCD s’est déroulée dans une saine ambiance et une forte cohésion. Les TP sont toujours autant appréciées, car riches en échanges. En bref, il n’est pas contre nature de voir des "chasseurs alpins se mouvoir en pleine mer", c’est juste atypique. Mais le moindre caillou est abordé, car il est bien dans la nature des chasseurs alpins de gravir du dénivelé, d’autant plus que tous se préparent petit à petit au prochain départ bataillon vers le théâtre afghan !
Le 27e BCA reçoit le MINDEF
Mardi 7 juillet, le ministre de la Défense, Hervé Morin, accompagné du chef d'état-major de l'armée de Terre, le général d'armée Irastorza, s'est rendu au 27e BCA où il a présidé la cérémonie de dissolution du Groupement tactique interarmes (GTIA) Tiger qui opérait en Kapisa (Afghanistan). Sous les ordres du colonel Le Nen, le 27e BCA a été déployé en Afghanistan en décembre 2008, où il s'est notamment illustré dans la vallée d'Alasay, et a été remplacé par le 3e RIMa après un mandat de six mois.
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Passations
de commandement des corps de la "27"
Cette année, la Brigade a vu arriver cinq nouveaux chefs de corps. - 7e BCA, le lieutenant-colonel Bruno Gardy a succédé au colonel Laurent Michon - 27e BCA, le colonel Pierre-Joseph Givre a succédé au colonel Nicolas Le Nen - 4e RCh, le lieutenant-colonel Thibault de Brebisson a succédé au colonel Dominique Lemaire - 93e RAM, le lieutenant-colonel Éric Mauger a succédé au colonel Roland Margueritte - 2e REG, le lieutenant-colonel Philippe Kirscher a succédé au colonel Benoît Chavanat
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Retex
CFIM
Par le chef de bataillon Philippe Buffard-Morel, commandant le centre de formation initiale militaire (janvier-avril 2009), 4e RCh
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ne structure de commandement efficace travaillant exclusivement au profit des sections d’instruction Si les moyens mis en œuvre pour la réussite de cette expérimentation ont été colossaux, les inquiétudes liées à l’attrition initiale et à la qualité de certaines jeunes recrues demeurent toujours d’actualité. Mais les problèmes pouvant découler d’une mauvaise organisation interne ou d’un enseignement de médiocre qualité ont été clairement identifiés en fin d’expérimentation. La mise en condition opérationnelle de l’encadrement pendant quinze jours en janvier aura été indispensable, voire salutaire. Mais son contenu devra évoluer dès la deuxième expérimentation. Le premier retour d'expérience (Retex) montre indiscutablement que cette centralisation des moyens humains et matériels a permis de donner de
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l’oxygène aux sections d’instruction : - d’établir, au profit des chefs de section, un programme d’instruction efficace parce que facilement modifiable au fil du temps et cohérent, car contrôlable à tout instant, tout en proposant une évolution marquée de la circulaire de référence, - de recentrer l’encadrement de contact sur sa mission de formation, - de redonner tout son sens et toute sa place à la préparation des séances d’instruction, à l’évaluation des connaissances acquises par les jeunes recrues et au contrôle de la qualité de l’enseignement dispensé par l’encadrement de contact. Cette première expérimentation s’est terminée le 29 avril 2009 par une prise d’armes organisée par l’état-major de la brigade à Varces, en présence des chefs de corps, de
leurs commandants d'unité, être proscrites. des présidents des engagés et - Maintenir impérativement le des familles des recrues. brancardier secouriste par section. Retex "organisation du - Les chefs de section et sousCFIM" officiers adjoints doivent être - L’encadrement désigné doit impérativement qualifiés moimpérativement suivre le niteur ISTC et le sous-officier stage de mise en condition adjoint doit être BSTAT. Les opérationnelle et les relèves chefs de groupe doivent être entre personnel, en cours si possible initiateurs ISTC. d’expérimentation, doivent - 1 directeur de mise en oeuvre par section, si le lancer de grenades à main offensives réelles est validé dans le SAIQ. - Ne détacher que des gradés anciens et des jeunes gradés orientés vers le recrutement semi-direct. - Utiliser les compétences des stagiaires "X", EOA et EVSO, en identifiant des stages au CFIM. - Identification de spécialistes (un maître de tir et des moniteurs en éducation physique militaire et sportive (EPMS) référents), qui participeraient à la formation et au contrôle des cadres et des recrues. Ils veillent à la transmission d’une instruction en tir et EPMS standardisée et commune à tous les corps de la brigade.
Retex "MCO" - Remise à niveau des compétences (stages de tir et pédagogie EPMS) soit en amont de la mise en condition opérationnelle (3 jours bloqués consacrés à l’ISTC, par exemple), soit au cours de celle-ci à condition que la durée retenue soit de 15 jours. - Préservation d’une MCO pour les cadres, qui soit différenciée de celle des gradés d’encadrement, simplifiée et concrète pour ces derniers.
l’incorporation par les différents corps à cette cellule. Renfort en véhicules indispensable pour assurer les nombreuses liaisons avec les hôpitaux. Lors des activités de terrain, les "exempts" aptes à y être peuvent être identifiés visuellement (passant particulier), afin de permettre à l’encadrement de les préserver au mieux tout en les faisant suivre l’instruction. Testé au camp de Chambaran, ce système s’est avéré efficace. Retex "incorpo" - Le soutien médical en camp L’incorporation au sein du doit être assuré en partie par corps d’origine doit être limi- du personnel de réserve. tée à une semaine et doit im-
pérativement rester dédiée aux démarches administratives, à réaliser au sein d’un véritable circuit d’incorporation. Les services du régiment doivent tous être sur le pont afin de le réduire dans la durée. - Le circuit d’incorporation doit rester une priorité pour les services du corps. - Une avance de solde doit impérativement être perçue par chaque jeune recrue, pour un montant ne dépassant pas les 200 €. - Le paquetage doit être composé d’articles du modèle le plus récent (fin des survêtements ancien modèle, etc.) - La carte d’identité militaire doit être remise à l’intéressé en fin de semaine. Retex "santé" Création au soutien médical d'urgence (SMU) d’une cellule CFIM à 1/1/1, interface indispensable entre l’encadrement des sections et le SMU. Une fiche informatique de synthèse du personnel incorporé avec les problèmes identifiés doit être adressée à l’issue de
- Le prélèvement des munitions doit être réalisé automatiquement sur les corps, car les délais de demandes d'allocations complémentaires sont trop longs. Retex "attrition" Établir un règlement de service intérieur (RSI) CFIM, définissant le cadre d’action précis et le code de conduite de tout formateur. Sanctionner fermement tout écart de conduite, avec un renvoi dans les corps d’origine si besoin. Imposer le cahier de rapport hiérarchique au sein de chaque section d’instruction.
et le terrain. Un remaniement des heures attribuées (combat, tir et parcours d'obstacle) et des coefficients a été opéré. Les supports pédagogiques de chaque corps ont permis la création d’une banque de données accessible à chaque section sur le réseau du CFIM, qui couvre tous les cours du SAIQ. Les préparations des cours restent de mise. - Création d’un parcours de tradition pertinent (remise de l’arme, marche à la tarte, marche de tradition au monument des troupes de montagne du Mont Jalla). Les apprentissages théoriques ont été réduits à leur plus
simple expression et uniformisés. Priorité a été donnée aux cas concrets et à la mise en situation sur le terrain. - Les chefs de groupe ont été responsabilisés. Leurs fiches de séance et les cours ont été contrôlés, leurs qualités pouvant se révéler inégales. - Les barèmes des épreuves EPMS sont revus pour plus de cohérence. Retex "matériels" Sectoriser le matériel au sein du CFIM, préservant ainsi la semaine d’incorporation dans les corps et facilitant le déplacement et l’arrivée des sections d’instruction au centre (armement, postes de transmission de la gamme 13, optique, génie, matériel de campagne, etc.) - La sectorisation est souhaitable pour les véhicules (P4, TRM et GBC) et le matériel NBC. L’état du matériel, notamment des véhicules, doit être impérativement vérifié avant l’arrivée au CFIM.
Lisibilité des différents entretiens. - Le chef de section, qui a une ligne téléphonique dans son bureau, doit systématiquement associer, dans le cadre d’une dénonciation de contrat, les parents et le recruteur du centre d'information et de recrutement des forces armées du dénonçant. - Le délai de retour à la vie civile du dénonçant doit être impérativement raccourci.
Conclusion L’évaluation et le contrôle ont repris toute leur place dans ce système où l’encadrement peut consacrer 100 % de son temps à la mission de formation générale initiale des jeunes recrues de la 27e BIM.
- Cf. magazine Troupes de montagne nº 18, p.12 : le CFIM de la "27" - Circulaire n° 7532 relative à la FGI des militaires du rang de l’armée de terre du 25 07 2007, en cours de modificaRetex "instruction" tion pour la rentrée 2009. Création d’un nouveau SAIQ à la rentrée 2009, plus cohérent et tourné vers l’opérationnel 11
Cold Response
2009
Par le lieutenant-colonel Cyrille Becker, chef du BOI du 7e BCA
A
lors que la France réintègre cette année le commandement de l’OTAN, la frégate française l’Herminier et un détachement du 7e BCA complété des autres détachements de la 27e brigade d’infanterie de montagne se sont déployés en Norvège, dans la région de Bardufoss au nord du cercle polaire arctique, du 09 au 28 mars 2009, pour le plus important exercice otanien de l’année : "Cold Response 2009". Un exercice d’une envergure exceptionnelle D’une durée de 3 semaines, l’exercice "Cold Response 2009" a déployé près de 7000
militaires d’une quinzaine de nations (norvégiens, finlandais, hollandais, etc.), dont 370 militaires français de l’armée de Terre, le plus gros contributeur terrestre après les Norvégiens. Il permet à chaque nation de s’entraîner dans des conditions réalistes, sur un terrain montagneux et sous un climat arctique froid et contraignant. C’est une opportunité exceptionnelle pour le groupement tactique interarmes du 7e BCA de s’instruire dans le cadre d’une préparation hivernale pour l’Afghanistan. 8 jours intenses Le détachement est arrivé au camp de Setermoen le 8 mars 2009, remarquablement bien
accueilli et logé au sein d’un bataillon de chars norvégien qui l’a soutenu et entraîné sur ses matériels : véhicules articulé chenillés et motoneiges, transmissions, tentes et poêles norvégiens. Après quelques jours d’adaptation aux matériels et au climat, et de préparation tactique (rédaction des ordres, backbriefs, rehearsals), l’exercice a débuté le 18 mars pour se terminer une semaine plus tard, le 25 mars.
Composition du détachement terrestre français : Groupement tactique interarmes du 7e BCA : état-major tactique, 1re compagnie "Sidi-Brahim", compagnie de commandement et de logistique du 7e BCA, 3e compagnie du 27e BCA, peloton de renseignement et d'investigation antichar du 4e RCh, 2e compagnie du 2e REG, équipes d’observation du 93e RAM. Renforcements 27e BIM : officiers et sous-officiers de l’étatmajor de la brigade insérés soit au sein de l'état-major tactique du 7e BCA soit au sein de l’état-major de la brigade Nord norvégienne (dont le poste de colonel adjoint). À cela s’ajoute un détachement du groupement de commandos de montagne (GCM 27). Pendant huit jours de combat, le bataillon s’est remarquablement bien intégré au sein d’une force internationale, et a effectué, comme seule unité d’infanterie légère de la brigade nord-norvégienne, des missions de combat en terrain arctique et montagneux, dans des zones périurbaines et face à une menace hybride (forces régulières et irrégulières), le tout sous des conditions climatiques difficiles (temps couvert, venteux, tempête de neige à -20 °C). Si le thème joué correspond davantage à un engagement dans les Balkans, la direction de l’exercice a néanmoins pris
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en compte les menaces actuelles telles que terrorisme et mines artisanales qui s’approchent dorénavant plus de l’entraînement des unités d’infanterie française et du contexte afghan de contre - rébellion. Le bataillon s’est ainsi entraîné d’emblée sur ses savoir-faire spécifiques, car dès les premiers jours, la manœuvre et les conditions climatiques ont plongé les différentes compagnies dans une réelle am-
biance opérationnelle qui a duré toute la semaine, et ce, malgré un rythme parfois irrégulier. Enfin, la dernière phase tactique a donné une nouvelle fois l’opportunité aux unités de travailler en interarmes avec différents alliés, Norvégiens, Finlandais voire Hollandais, notamment lors de la phase offensive finale pendant laquelle le bataillon français a effectué une opération amphibie de nuit – digne des débarquements des 12e et 14e BCA sur Narvik ou Bjervik en 1940 – et une opération héliportée au petit jour. Franchissant un large fjord de nuit, la compa-
gnie Sidi-Brahim du 7e BCA a conquis une tête de pont (procurant à tous les éléments du bataillon la possibilité de franchir en amphibie dès le matin) tandis que la 3e compagnie du 27e BCA, héliportée dans sa totalité par des hélicoptères Bell, s’emparait à l’aube du dernier bastion ennemi retranché, permettant ainsi à la brigade norvégienne de repousser l’ennemi au-delà d’une frontière fictive. Pour leur part, les équipes du groupement commando montagne des 7e et 13e BCA, détachées au sein du bataillon ISTAR (intelligence, surveillance, targetting, acquisition, reconnaissance), ont renseigné tout au long de l’exercice sur des cibles de niveau opératif ou stratégique. Mises en place par hélicoptère puis en s’infiltrant à ski sur une quinzaine de kilomètres avec huit jours d’autonomie complète, disposant de moyens de télécommunication satellitaires performants de transmission de données et d’équipements grand froid spécifiques, les équipes GCM ont parfaitement rempli la mission qui leur était impartie étant par ailleurs les seules à pouvoir envoyer des photographies depuis leurs caches situées à l’intérieur des lignes ennemies. Ajoutons que, fiers de leur passé, les chasseurs alpins et les légionnaires du détachement ont rendu hommage à leurs grands anciens des 6e, 12e et 14e BCA et de la 13e demi-bri-
gade de Légion étrangère, se rendant le samedi 14 mars à Narvik, et organisant une cérémonie sur la stèle commémorative puis au cimetière militaire en présence du maire de la ville. Le détachement a aussi visité le musée militaire qui rappelle et explique ce que fut la bataille de Narvik, seule victoire française obtenue sur les troupes allemandes en 1940. La 27e Brigade d’infanterie de montagne a une longue expérience de la Norvège, car différents bataillons ont déjà participé à "Cold Winter" en 2002 ou à "Cold Response" en 2006, ainsi qu’au siècle dernier. Brigade d’urgence au cycle opérationnel très élevé, elle a montré durant cet exercice la capacité de ses unités à combattre dans un milieu interarmes, interarmées et interallié dans des conditions extrêmes.
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Le GCM
en Uruzgan
Par le capitaine Patrick Juin, chef opération du détachement OMLT Uruzgan
J
anvier 2009. Province de l’Uruzgan au sud de l’Afghanistan. Le groupement commando montagne (GCM) est de nouveau engagé dans une mission OMLT de conseil d’un bataillon d’infanterie afghan. Cette fois-ci, le groupement est engagé dans la province d’Uruzgan, loin des bases de soutien françaises. 2 villes principales composent cette zone : Tarin Kwot et Deh Rawod. Cette région est frontalière avec 2 poudrières afghanes : les provinces de Kandahar et de Helmand, le berceau des talibans, lieu de naissance du Mollah Omar. Engagé pour 6 mois sur Deh Rawod, le GCM de la 27e brigade d’infanterie de montagne accomplit sa mission, dans un contexte d’isolement très caractéristique de la zone d’engagement.
Isolés Les forces de la coalition de cette province sont sous commandement néerlandais. 72 soldats français, presque tous issus des troupes de montagne, composent le détachement "operational mentoring and liaison team" (OMLT) Kandak 41 Uruzgan, dont 1 infirmier du 1er régiment de Spahis, 1 mécanicien du 515e RT et un infirmier de l’EMHM. Le 4e régiment de chasseurs est le corps support du détachement. Le groupement commando montagne forme, avec 40 hommes, l’ossature de l’unité pour le conseil, la liaison et l’accompagnement au combat. Le détachement est composé de quatre équipes de 6 conseillés provenant des GCM 7e BCA (Coy 1), 2e REG (Coy 2), 13e BCA (Coy 3) et 93e RAM (Coy "appui"). Le détachement dispose de ses propres appuis avec deux VAB T20/13 armés
par des équipages du GCM 4e RCh et d’une équipe JTAC (équipe de guidage des feux des aéronefs) provenant du GCM 93e RAM. Un état-major de 8 personnes issues du 4e RCh et du bureau GCM commande le détachement. Une équipe dédiée au soutien du détachement est composée d’hommes du 4e RCh et du 7e RMAT. L’isolement de cette "OMLT" est constaté par le détachement dès son arrivée le 11 janvier à Kaboul. Il faut près de 10 jours pour atteindre Deh Rawod, destination finale de ces 62 soldats, 10 restants en liaison avec les états-majors néerlandais à Tarin Kwot. Les difficultés s’accumulent : difficultés d’approvisionnement logistique essentiellement et difficulté de déplacement pour l’échelon supérieur entre Kaboul et Deh Rawod.
Un Exemple de stabilisation Les commandos découvrent la mission. L’état-major néerlandais a fait de la zone de Deh Rawod un exemple de stabilisation. Zone sécurisée par de multiples combats survenus un an auparavant. Maintenant, l’heure est à la reconstruction. Les investissements hollandais sont de plus de 800 000 € par semestre. Toute la zone agricole (green zone), zone la plus peuplée, est sous contrôle et est considérée comme globalement sûre. Les objectifs de la force sont d’élargir progressivement cette zone d’influence en évitant au maximum les combats, en y implantant des forces de sécurité afghanes et en gagnant les cœurs par de multiples investissements au profit de la population : l’effet tâche d’huile. Les forces de la coalition restent tout de même très prudentes. Les attaques suicides perdurent, les engins explosifs improvisés (IED) continuent de polluer les axes routiers, mode d’attaque privilégié des insurgés. Rapide mise dans l’ambiance Les 3 vallées qui cloisonnent Deh Rawod sont tenues par les insurgés. Au nord, en suivant la rivière l’Helmand, à treize kilomètres de la base opérationnelle avancée (FOB) Hadrian, une équipe française et une section afghane sont installées dans un poste avancé : c’est la "patrol base" de Jahan Gul. Ancienne maison traditionnelle en torchis, elle a été progressivement transformée en
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petit bastion de 20 mètres sur 30. Les commodités sont loin des standards occidentaux. Les hommes y restent jusqu’à 2 mois consécutifs. Face à eux, à cinq kilomètres, les talibans sont les maîtres du secteur. À l’Est, à sept kilomètres de la FOB Hadrian, le Tiri Rud : second poste occupé par une section Afghane Les OMLT y sont à l’étroit (cinq mètres sur 15), entourés de "bastion wall". Le poste tient l’entrée ouest de la Tangi vallée, une vallée également occupée par les talibans. Au sud, la province de l’Helmand, où les forces anglaises combattent durement les forces insurgées. Des opérations soutenues et une adaptation au terrain permanente Dans un environnement calme, la tâche principale de l’OMLT est d’entraîner son bataillon, un bataillon (ou kandak) qui n’a jamais opéré seul… La formation et l’entraînement suivis par le détachement dans le cadre de sa préparation opérationnelle et l’expérience acquise par le GCM lors d’un précédent mandat OMLT vont permettre un engagement rapide du Kandak. Les équipes en "patrol base" commencent déjà à élargir la tache d’huile. Courant février un enchaînement effréné d’opérations combinées avec les forces spéciales américaines, la compagnie hollandaise et l’OMLT, permet la découverte de plusieurs lieux de fabrique d’IED, de caches d’armes, des tracts et entraîne l’arrestation de plusieurs talibans, dont un "suicide bomber" prêt à passer à
l’action. Une véritable victoire. Une attaque coordonnée des talibans dans l’une des 2 principales villes de la province est déjouée. L’autre n’a pas la même chance : 21 policiers afghans sont tués. Les opérations obligent le détachement à franchir, non sans mal et à plusieurs reprises, la rivière Helmand. Plusieurs VAB se "noient" dans les traversées rendues périlleuses par la montée des eaux en cette saison. L’équipe du 2e REG est mise à contribution pour mener une reconnaissance d’un itinéraire de franchissement. La tache d’huile s’étend encore au fil des mois et multiplie par quatre la zone d’action du kandak. Depuis les "patrol base", les patrouilles vont de plus en plus loin, toujours plus éprouvantes physiquement. Les 40 kg d’équipement et de munitions transportés sur l’homme constituent une charge éprouvante, même pour des soldats de montagne aguerris. Les températures du mois de mai dépassent souvent les 40 °C. Par les hauts, les vallées sont reconnues de plus en plus profondément. Le relief escarpé favorise le combat à pied. Seuls les hommes peuvent passer pour tenir les points clés du terrain. L’équipe du 7e BCA remet au goût du jour le transport muletier. Dans ce pays, les commandos montagne mettent en pratique les techniques mises en œuvre à l’entraînement : l’exercice annuel de combat en montagne au Kirghizstan leur avait déjà permis d’utiliser un type de portage qui reste le mode de transport privilégié des insurgés.
village à 4 km de la Patrol Base Jahan Gul. L’opération est audacieuse, elle repose sur la prise des hauts de nuit pour surprendre l’ennemi. L’équipe du 2e REG est engagée sur les hauts, celle du 7 dans la vallée, la QRF (Quick Reaction Force : force de réaction rapide) est encadrée par l’équipe du 93. Le JTAC a réparti son équipe sur les hauts et dans la vallée. Le PC TAC Le calme avant la tempête est sur l’arrière du dispositif. Alors que les activités talibans Deux compagnies afghanes et se réduisent au profit de la ré- une section néerlandaise sont colte du pavot, le 19 mai, le déployées. kandak est de nouveau enga- À 8 h 30, les hommes en regé en opération, cette fois en connaissance par les hauts direction du nord. Les talibans sont pris à partie. Le terrain viennent de s’emparer d’un est très escarpé. Le feu nourri Cette adaptation au terrain se poursuit. Patrouillant dans des vallées encaissées, les équipiers retrouvent les terrains d’entraînement alpins. Au bout de 4 mois et demi, le détachement OMLT n’a toujours pas eu à ouvrir le feu, mais les résultats sont là : dans la vallée de la Tangi, les talibans se sont repliés face au déploiement des forces afghanes.
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des talibans effraye le commandant d’unité afghan qui préfère redescendre malgré les conseils français. La compagnie est fixée. Des combats successifs s’engagent jusqu'au regroupement des compagnies à 17 h 50, soit après presque dix heures d’engagements sous le feu.
décide de rompre le contact. Décision difficile. Retrait périlleux. La QRF de la Coy 93e RAM et la section néerlandaise appuient le désengagement. Une pluie de métal s'abat sur la montagne pour assurer le retrait des Afghans. La ligne de recueil est mise en place
mage à déplorer. 3 insurgés sont faits prisonniers. L’estimation de cinq à six autres insurgés tués est avancée. D’autres combats se dérouleront en juin dans la Tangi Vallée, dont une prise à partie à très courte distance (50 m) d’une section afghane et de ses mentors du GCM 13 par des insur-
nification est l'effet recherché. L’instruction s’étend de l’apprentissage des formations de combat du niveau section, au cours de premiers secours en passant par l’utilisation des détecteurs de mines. Le programme est riche, mais souvent perturbé par l’absence de planification des activités
par les Néerlandais. 4 avions sont en appui, 2 F16 et 2 Mirages 2000, ainsi que 2 Apaches. Un appui mortier fumigène est demandé par le PC tactique OMLT pour masquer Le combat est rude et éprou- la rupture de contact. vant dans cette vallée en- L’ensemble des éléments est caissée, abrupte. Les soldats regroupé, sans aucun domafghans, encadrés par leurs OMLT français, manœuvrent. Les FAMAS, les MINIMI, les grenades à fusil, les mitrailleuses lourdes, les fusils de précision (PGM) appuient la progression des Afghans… La fouille systématique des maisons permet de s’assurer du contrôle des zones habitées du fond de vallée. Face au déploiement de force, les insurgés tentent de se réorganiser. Une vingtaine de talibans s’accroche à la zone. Ils sont embusqués dans des grottes, des canaux ou derrière les nombreux rochers. Les mitrailleuses 12,7 des VAB TOP, et les canons de 20 mm ciblent les anfractuosités. Les hélicoptères de combat Apache, les F16 ou Mirage 2000, assurent un appui aérien aussi rassurant qu’indispensable.
gés qui seront mis en déroute. Instruction, patience et détermination Face à cet environnement, l’engagement opérationnel repose sur l'entraînement quotidien des soldats afghans. L’autonomie dans les domaines de l’instruction et de la pla-
par les Afghans. La patience est une qualité essentielle pour opérer dans ce pays.
Les talibans sont précis dans leurs tirs, malgré la distance d'engagement. Plusieurs véhicules sont atteints, mais aucun homme touché.
Les talibans occupent parfaitement un terrain cloisonné par la rivière Helmand, peu favorable à la manœuvre. Incapable de relancer l’action avec une réserve suffisamment nombreuse, le chef de kandak 16
Jusqu’à la fin du mandat le 11 juillet, le détachement avec le bataillon afghan exercera une pression permanente sur les talibans. Les insurgés quant à eux intensifieront leur harcèlement. 8 IED seront posés en 10 jours autour du poste d’Anar Juy pour tenter de l’isoler. 4 seront découverts par l’équipe du 13 qui avec sa section afghane arrêtera les poseurs d’engin. Malheureusement, 4 exploseront, blessant légèrement 2 commandos et plus grièvement des compagnons d’armes néerlandais. C’est fatigué que le détachement de la brigade de montagne a accueilli l’OMLT aguerri de la 11e BP. Le détachement peut s’enorgueillir d’avoir fait progresser "son" bataillon afghan. Les commandos montagne ont déjà leur lot de souvenirs marquants. La bravoure et le comportement dans l’action auront marqué les esprits. Tout comme la volonté farouche de faire progresser cette nouvelle armée afghane, malgré tout…
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Retex
GTIA Kapisa (2008-2009)
Introduction par le colonel Nicolas Le Nen, chef de corps du 27e bataillon de chasseurs alpins et du GTIA Kapisa
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ask force Tiger : la spécificité montagne à l’épreuve de la guerre contre insurrectionnelle ! La mission du groupement tactique interarmes Kapisa – task force tiger restera pour longtemps dans les mémoires de ceux qui ont eu la chance d’y participer. Premier engagement des unités de la 27e BIM dans une guerre contre insurrectionnelle depuis la guerre d’Algérie, cette opération extérieure a marqué le grand retour de la spécificité montagne comme capacité de combat à part entière de l’armée de Terre.
Dans un terrain et face à un ennemi taillé à la mesure de nos capacités spécifiques, la valeur au combat de nos soldats de montagne ne s’est jamais démentie. Haut niveau physique et technique, intelligence tactique, volonté de vaincre, toutes ces qualités fondatrices de nos succès en Kapisa ont été forgées au cours d’un entraînement acharné mené principalement dans nos massifs montagneux des Alpes. Situées à des altitudes com-
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prises entre 1 500 et 2 800 m les vallées de la Kapisa présentent toutes les caractéristiques physiques classiques d’une zone de combat montagneuse : relief compartimenté obligeant à adopter des dispositifs morcelés, fonds de vallée très cloisonnés concentrant tous les axes carrossables, versants escarpés offrant une multitude de sites d’embuscade, de caches, de postes de combat et d’observation lointaine. Dans un tel terrain, les deux qualités fondamentales des
soldats de montagne, porter lourd et longtemps et avoir le pied alpin, ont permis de conduire des opérations ambitieuses et efficaces. Chacun s’est rendu compte que la réussite de nos manœuvres dépendait très directement du haut niveau physique de tous nos combattants. Notre capacité à nous emparer et à tenir dans la durée "les grandes et les petites hauteurs" des versants nous a permis de limiter la capacité de manœuvre de notre ennemi. Elle a démulti-
plié l’efficacité de nos effets tactiques principaux que nous avons toujours appliqués dans le fond des vallées. Face à un ennemi natif de ces vallées que l’on peut qualifier de guérilléro montagnard, cette utilisation complémentaire des parties hautes et basses du terrain était indispensable. Raisonnant comme les insurgés de la Kapisa, il était essentiel que nous concevions nos manœuvres dans les trois dimensions du terrain. Ignorer que l’ennemi place ses postes
d’observation et de commandement à proximité immédiate des crêtes, fait transiter la majeure partie de ses renforts et de ses flux logistiques par les cols les plus escarpés, installe les butoirs de ses embuscades sur les parties médianes des versants et applique ses feux dans des "kill zones" situées à leurs pieds, aurait eu des conséquences probablement dramatiques sur nos opérations. En Kapisa comme dans le reste de l’Afghanistan, la moindre erreur tactique se paie au prix fort : celui du sang de nos soldats. La complexité de ce terrain montagneux autant que l’habileté manœuvrière de notre ennemi ont exigé également une coopération interarmes et interarmées développée jusqu’aux plus bas échelons tactiques. Celle-ci a trouvé tout son sens au travers de la remarquable complémentarité des moyens d’acquisition du renseignement, d’observation, de feux et de mobilité offerts par les différentes unités du GTIA. Fantassins, cavaliers, sapeurs, artilleurs, transmetteurs ont su unir leurs capacités particulières pour créer les conditions du succès de nos opérations. Cette véritable symbiose interarmes n’a été possible que par une coopération qui a débuté dès le début de la préparation de notre mission. Elle a aussi été grandement facilitée par une culture tactique, une ouverture d’esprit et un sens de la camaraderie forgés à l’école de la guerre en montagne et qui constituent ce que nos Anciens appelaient "l’esprit montagne". C’est par le biais de cet esprit montagne autant que par la volonté de montrer à nos chefs et à nos alliés toute la qualité des troupes de montagne françaises, que très rapidement les chasseurs alpins, les cavaliers des cimes, les sapeurs légionnaires et les artilleurs de montagne se sont très vite fondus
dans le moule unique des d’Alasay qui a duré plus de tigres de la Kapisa. L’amal- dix jours, nous avons conduit game entre tous fut tel que nos trois opérations CIMIC dont la camarades américains ont mis première eût lieu 48 heures à très longtemps à comprendre peine après la conquête du vilque la task force était une unité lage d’Alasay. De même, cette de circonstance ! conquête des cœurs et des Cette coopération interarmes esprits nous a obligé à ajuster et interarmées a aussi trouvé strictement le degré de viotoute sa raison d’être au tra- lence de nos modes d’action à vers de l’ennos buts opéjeu central de rationnels. cette guerre "Nous savions que ces Nous avons de contre-in- six mois (...) seraient toujours utisurrection : un révélateur de nos lisé la très la conquête capacités large patechniques des cœurs et et tactiques, mais aussi lette de nos des esprits armements de nos qualités spéde la populaet de nos tion. L’objec- cifiques de soldats de munitions tif prioritaire montagne. " qui allait de de toutes nos la bombe opérations a d’avion de donc été de rallier les habi- une tonne à la balle de fusil tants de la Kapisa à la cause de 5.56 mm, en fonction des des forces de la coalition et du degrés de violence que nos gouvernement qu’ils ont dé- contacts avec l’ennemi ont mocratiquement élu. Il a exigé atteints et de la configuration que nous menions de front au du terrain où ils ont eu lieu. En cours des mêmes opérations, effet, dans l’esprit de la popudes actions de coercition et non lation locale, pour des raisons coercitives. Pendant la bataille à la fois culturelles et vénales, GTIA Kapisa ou Task Force Tiger ? Les éléments de la 27e BIM, déployés en Afghanistan de minovembre 2008 à juin 2009, ont armé le "GTIA Kapisa", appellation officielle au sein de l'armée de Terre. Mais le groupement était également inséré au coeur du dispositif américain du Regional Command East. À ce titre, il répondait à la dénomination de Task Force Tiger. La "task force" est un concept anglo-saxon désignant une force constituée en vue d'une mission donnée. Quant à "Tiger", il s'agit là d'une référence au fameux insigne du 27e BCA, qui arbore le tigre, hérité de la Première Guerre mondiale.
tout dégât collatéral était à imputer aux forces de la coalition. Mais tous ces enseignements techniques et tactiques ne sauraient expliquer à eux seuls nos succès. Quel que soit le niveau technologique de ses protagonistes, la guerre reste avant tout un affrontement des volontés selon la définition de la guerre probablement la moins connue de Clausewitz et pourtant la plus vraie. Notre ardeur à nous battre et notre détermination à ne jamais subir le combat ont été les raisons essentielles qui nous ont permis de prendre un ascendant psychologique décisif sur les insurgés. En dépit des risques encourus, des difficultés du terrain et de la perte de l’un des leurs au combat, les soldats de montage de la task force tiger ont toujours su faire preuve des mêmes qualités de courage, d’abnégation et d’endurance que celles que leurs camarades développent au quotidien au cours de leurs longues courses en montagne. Là encore, la rude école de la guerre en montagne a démontré tous ses bienfaits sur les qualités morales du soldat. Nous savions que ces six mois de guerre contre insurrectionnelle seraient un révélateur de nos capacités techniques et tactiques, mais aussi de nos qualités spécifiques de soldats de montagne. Les succès acquis en Kapisa parmi lesquels la victoire d’Alasay est le plus emblématique ont démontré toute la validité de l’entraînement acharné au combat en montagne que nous menons depuis longtemps. Nous nous sommes rendu compte que nos massifs montagneux des Alpes du Sud et du Nord étaient bien plus que de simples terrains d’entraînement. Ils sont d’abord des champs de bataille permanents sur lesquels se forge la spécificité montagne, creuset de nos victoires passées et futures. 19
Kapisa:
la fonction crée l'organe
Par le Lcl Paul Sanzey, chef de BOI du 27e BCA, chef opérations du GTIA Kapisa
L
e GTIA Kapisa, bâti sur une architecture très resserrée, a pu compenser en partie ses manques en réarticulant certaines capacités, en créant de nouvelles entités ad hoc ou en récupérant à son profit des unités américaines évoluant dans sa zone (Psyops, PRT, unités HUMINT, forces spéciales…).
Le "GTIA 700" de Kapisa tel qu’il nous est apparu à la relève était un bataillon limité en capacité de manœuvre - 6 sections d’infanterie, 2 sections du génie et 1 peloton blindé -, mais doté d’appuis internes conséquents. En revanche, l’abondance des moyens RENS en appui direct du GTIA ou les renforts possibles côté Américain augmentaient les possibilités d’appréciation de situation du S2. Les hélicoptères de manœuvre du RC-E étaient disponibles, à condition de pouvoir justifier de leur emploi avec un préavis de trois semaines. Les appuis air-sol étaient couramment employés en appui des unités terrestres, soit après inscription en planification, soit en conduite pour les moyens "taskés" inopinément. Comme nos prédécesseurs, nous avons choisi de solliciter tous ces appuis, mais aussi d’en récupérer d’autres, capables dans une certaine mesure d’amortir nos insuffisances, notamment en infanterie débarquée. Le RC-Est, un réservoir d’appui interarmes et interarmées Le RC-Est, tenu par la 101e Division aéroportée américaine, comprend 4 brigades de combat et des moyens d’appuis organiques de division. La Task Force Thunder, brigade d’hé20
licoptères, regroupe tous les moyens d’aéromobilité, c'està-dire les 4 bataillons hélicoptères placés en "direct support" des brigades de combat et le bataillon d’hélicoptères organique de la division, la TF Eagle Lift qui appuie en "general support" toutes les brigades d’appui ou de logistique. C’est avec Eagle Lift que la Task Force Tiger devait jouer son va-tout pour obtenir les appuis aéromobiles indispensables à des actions fondées sur la surprise. Le général commandant le RC-Est dispose, avec ses 22.500 hommes, d’une petite armée dont près des deux tiers sont placés sous mandat ISAF. Pour le tiers restant, sous mandat OEF, il peut dans certains cas intervenir en appui des opérations conduites par le RC-E sous mandat ISAF : certaines forces spéciales, des équipes C-IED et des moyens d’écoute électronique peuvent occasionnellement être accordés à un bataillon pour une opération d’ampleur. La planification à l’Américaine, condition sine qua non pour des opérations d’envergure Pour obtenir le renfort de ces moyens, nous devions rentrer dans les abaques de la division et satisfaire les critères de la planification américaine, donc assurer une nouvelle fonction permanente au sein du CO. Nous avons réarticulé le CO en confiant aux officiers conduite une deuxième mission de manfut-planification pour toutes nos opérations de GTIA, en nous astreignant à respecter le processus américain que nous avons adapté à nos propres besoins sur 4 à 6 semaines. La double contrainte de ces délais in-
compressibles et d’un rythme d’opérations volontairement très soutenu a très vite imposé de planifier en parallèle deux opérations GTIA, donc d’activer simultanément deux équipes de planificateurs chargés de faire contribuer les différentes cellules du CO à la
mise au point des opérations. Au total, sur 15 opérations de coercition planifiées, 3 seulement ont été annulées, l’une en raison de l’absence des moyens d’appui demandés, l’autre en raison d’une défection de l’ANA, la troisième parce que la situation avait ra-
La cellule "HEAT*" en Kapisa : une innovation qui a fait ses preuves ! La mise sur pied de cette structure de circonstance répondait au besoin identifié durant le premier mois d’une meilleure gestion des populations locales pendant les opérations. Rodée au cours du 2e mois, cette structure est arrivée à maturité début février et a pleinement joué son rôle en "réchauffant" les relations avec la population jusqu’à la fin du mandat. 1 Constat : une prise en compte inadaptée de la population dans les opérations Lassée par des décennies de guerre et souvent déçue par la coalition, la population de Kapisa a besoin d’être rassurée. Elle joue souvent double jeu, oscillant entre la crainte des insurgés qui la menacent et une collaboration timide avec les forces de la coalition dans l’espoir de conditions de vie meilleures. Les vrais interlocuteurs, capables de renseigner avec précision sont les maleks et les personnes instruites. Mais dans un pays où la culture de la parole prédomine et où les liens d’homme à homme sont plus forts que toutes autres attaches, établir le dialogue et s’informer auprès des notables prend du temps... De leur côté, en raison de l’insécurité actuelle en Kapisa, les unités de combat ne peuvent se consacrer pleinement à la prise de contact avec la population. Les capitaines et les chefs de section sont consommés par leur manœuvre dans un environnement où l’identification positive de l’ennemi est un vrai casse-tête. 2 Une solution pragmatique avec le "HEAT" : la fusion des capacités existantes Le GTIA a choisi de créer sous enveloppe, un pion de circonstance regroupant les capacités CIMIC, IO et RENS. Cette équipe d’action et d’influence sur l’environnement humain permet d’engager simultanément ces différents capteurs, puisque : - ils recherchent tous le contact avec les interlocuteurs crédibles des villages ; - en agissant groupés, selon le principe de la "micro shura" improvisée, ils s‘intègrent bien dans le mode de fonctionnement des afghans ; - en constituant un pion tactique de 6 à 10 Pax, ils réduisent à la fois leur vulnérabilité et la facture en force protection.
dicalement évolué en cours de planification et rendait l’opération moins prioritaire. Avec un peu de recul, confier des travaux de planification aux officiers conduite du CO a été profitable parce que nous disposions d’officiers dotés d’une solide expérience interarmes, des officiers DEM ou des commandants d’unité d’armes de mêlée. Agissant par équipe de deux, ils ont pris en charge l’élaboration de chaque opération selon les directives du chef OPS et élaboré chaque planification à travers ses différentes phases. L’ensemble était cadencé selon un calendrier de rendezvous d’état-major permettant : à J-40 le début de la planification avec le choix du lieu, du
moment, du style de l’action et où ils seront partie prenante de l’effet tactique à obtenir ; de l’opération. à J-30 l’orientation de la pla- À chacune de ces étapes, voire nification, sorte de MEDO qui au jour le jour, le renseignedébouche sur le choix d’un ment issu des différents capmode d’action ; teurs est venu incrémenter à J-15 la les données validation initiales, ledu concept "le renseignement issu ver certaines d’opérations des différents capteurs hypothèses, est venu incrémenter par le CDC ; peser sur les choix d’artià J- 8 la pré- les données initiales " culation ou sentation de de procédés, l’opération bref orienter le chef dans un aux CDU ; à J- 5 le backbrief de l’opéra- processus de prise de décision qui aboutit au déclenchement, tion, présenté par les CDU ; à J-2 le rehearsal, répétition ou non, de l’opération le jour géante de l’opération pour J. tous les acteurs, phase ultime Une fois l’opération lancée, de la préparation qui doit in- les officiers planificateurs sont clure les Américains, mais aus- les mieux à même de suivre si les afghans dans la mesure l’action en conduite à partir du
CO ou du PC tactique. La force du GTIA en conduite : sa capacité à concentrer les feux de toute nature dans le temps et l’espace Les insurgés sont organisés, très mobiles, capables de converger rapidement sur une unité pour imposer un rapport de force favorable, l’isoler et la détruire. Étant dilués au milieu de la population, ils sont difficiles à engager tant qu’ils n’ont pas eux-mêmes décidé de venir au contact. En conduite, notre supériorité sur cet ennemi réside dans nos appuis, et notamment les appuis feux sol-sol et air-sol, dans la mesure où nous sommes capables d’assurer en temps réel une identification positive des objectifs, une observation
3 Les modes d’actions du HEAT : Identifier les personnes influentes à proximité de la zone où le GTIA mène une opération, puis provoquer une rencontre imprévue entre ces autorités et les représentants de la force pendant cette opération. Dédramatiser les perturbations occasionnées par l’opération et limiter l’impact négatif de l’opération sur la population locale en faisant effort sur les domaines sensibles : personnels féminins, respect de la religion, dommages collatéraux, etc. Justifier l’opération menée par le GTIA par des messages tels que : "la sécurité procure la prospérité". Évaluer la perception de la force par la population, à travers les discussions ; si possible, réaliser des sondages d’opinion. Évaluer les problèmes de développements économiques et ruraux dans la zone d’action du GTIA. Collecter des informations sécuritaires d’opportunité sur les facteurs empêchant ou limitant ce développement. 4 Le HEAT, avantages – inconvénients Avantages En planification, les cellules parties prenantes au HEAT participent à l’orientation du renseignement, à l’élaboration des modes d’action CIMIC et à celle des messages d’info ops. En conduite, elles délivrent les messages de la force avec une meilleure unité de discours, un gain de temps pour entrer dans le vif du sujet, une meilleure exploitation des contacts individuels et enfin une sécurité accrue des personnels concentrés en un même lieu plus facile à sécuriser. En pratique, pour une opération bataillon, l’équipe HEAT engage souvent le contact avec les elders à proximité du PC TAC déployé par le GTIA, principalement pour économiser un dispositif de sûreté immédiate. En appui d’opérations de niveau SGTIA, le HEAT suit l’unité et reste dans son sillage immédiat. Inconvénients Pas de capacité de production PSYOPS autonome. Certaines capacités CIMIC françaises limitées (en particulier le gel du budget français de mi-décembre à mi-février) : l’équipe tactique US de la PRT a ainsi été très souvent associée à l’engagement du HEAT pour compléter les moyens Français. * (Human Environment Action Team) 21
permanente de la zone d’arrivée des coups, la déconfliction et le guidage des vecteurs (drones, avions, hélicoptères) et des trajectoires. En moyenne, les appuis feux air-sol demandés quotidiennement à la division ont été accordés à raison de 4 heures de CAS par jour, au minimum, permettant l’appui de chaque reconnaissance, chaque opération, avec des pics qui parfois nous ont surpris : pendant l’opération Dinner out, pas moins de 7 couches d’appui air-sol ont été présentes le 14 mars au soir au-dessus de notre dispositif, y compris des capteurs RENS de niveau stratégique comme un avion U2 qui "passait par là" et a été "taské" directement par la division à notre profit. Cette abondance d’appuis disponibles, et notamment des aéronefs évoluant dans la 3e dimension, peut rapidement paralyser la manœuvre des feux du GTIA en bloquant même certains tirs directs : un tir de canon de 105 mm d’AMX 10 RC doit être anticipé pour éviter de toucher un hélicoptère. Le rôle du JTAC, présent auprès du CDU et en liaison permanente avec le CO (réseau ART et réseau FAC), et sa compréhension de la manœuvre terrestre sont donc fondamentaux pour garantir la fluidité des appuis et leur complémentarité. Cette richesse des moyens à coordonner s’est peu à peu banalisée et nous a permis d’attirer progressivement à nous d’autres capacités extérieures, en élargissant notre recours à de nouvelles unités : Psyops US, forces spéciales,
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équipes de renseignement humain ou de guerre électronique, ces moyens ont été progressivement agrégés à nos opérations ; chaque fois, le processus de travail commun a nécessité un effort particulier d’explication et de dialogue,
un quelconque effet tactique. C’est ainsi que le HEAT a vu le jour, par tâtonnements, au croisement d’idées originales testées avec la ferme volonté d’aboutir (cf. Encadré). Une autre capacité nous faisait défaut, celle de fouiller avec
mais après les premières incompréhensions et les nécessaires ajustements, l’efficacité opérationnelle a toujours été au rendez-vous. Les échanges interarmes et interalliés, riches en innovations tactiques Les structures du GTIA n’incluaient pas de capacités ‘Psyops’ ou ‘Info Ops’. En Kapisa, la prise en compte de la population et de ses attentes, le suivi de la propagande insurgée -toujours très prompte à déformer nos opérations sur internet pour dénoncer les méfaits du GTIA- ont rapidement confirmé le besoin d’une capacité d’INFO OPS. Si la population était bien l’enjeu de nos efforts de contre-insurrection, il fallait trouver une solution pour mieux la cibler dans nos opérations, d’abord en planification puis en conduite, et espérer réaliser sur elle
profit des habitations dans le cadre de nos opérations de recherche d’armement, de munitions ou même certaines actions de capture. Au-delà de la fouille technique qui doit aboutir à la saisie de preuves matérielles pour incriminer des insurgés, les remettre aux autorités et désorganiser les réseaux insurgés, ce type d’action suppose une manœuvre interarmes complète. La fouille d’une maison, de nuit ou au petit matin, inclut l’interaction de plusieurs unités chargées, les unes de boucler la zone (la section d’infanterie), les autres d’investir la maison, de séparer puis de fouiller les habitants (les GCM), les troisièmes de fouiller les pièces et les jardins (l’équipe WIT et les sapeurs) et d’autres enfin d’interroger l’une ou l’autre des personnes présentes (les spécialistes RENS). Une telle
action recèle un large éventail de possibilités de dérapage et de "cas non conformes"… Elle nécessite une préparation minutieuse, et le drill de chaque composante pour permettre de faire se succéder dans un même espace, parfois très exigu, et dans un laps de temps très court, des unités très différentes. L’exploitation en temps réel de cette action par le CO nécessite aussi la mise en place de réseaux trans dédiés, l’un pour les résultats de la fouille technique (aboutissant au DLRG), l’autre pour la remontée des informations collectées. La réussite de nos opérations en KAPISA tient en partie à l’unité d’intention et d’action qui a animé les détachements qui composaient la Task Force Tiger. Une telle convergence des volontés pour le succès de la mission est à mettre au crédit de tous et notamment des cadres individuels et des nombreuses unités extérieures à la 27e BIM qui ont eu à cœur de rallier nos efforts dès la MCP, pour une cause qui nous dépassait tous. Les solutions pragmatiques que nous avons trouvées sous contrainte d’effectifs ne représentent pas nécessairement la panacée : le HEAT ne prétend pas être l’alpha et l’oméga des actions Psyops, loin s’en faut. Mais la vertu de ces solutions de terrain réside en particulier dans la petitesse des structures adoptées, qui illustre bien le pragmatisme et la générosité des inventeurs, modestes, qui n’ont jamais perdu de vue la finalité de leur action : appuyer le GTIA et réaliser son effet majeur en KAPISA.
SGTIA :
du concept à la réalité
Par le capitaine Vincent Minguet, commandant la 2e compagnie de combat du 27e BCA et le SGTIA Bravo du GTIA Kapisa
L
ors des opérations en Kapisa, le travail au niveau du sous-groupement tactique s'est avéré particulièrement adapté.
et de domination du champ de bataille, ce sous groupement tactique interarmes rassemble pour cette opération, trois sections d’infanterie de montagne, une section de Pour autant, un certain nombre commandos de montagne, de contraintes inhérentes tant une section de génie de légion, à l'emploi du SGTIA lui-même deux groupes mortiers de qu'au contexte dans lequel 81 (quatre pièces), deux secil est engagé sont à prendre tions de mortiers de 120 mm en compte pour optimiser ses (quatre pièces), un peloton de atouts. char, une équipe JTAC (guiLe 14 mars 2009, aux pre- dage aérien), un groupe tireur mières lueurs du jour, alors d’élite, un PC tactique incluant que le SGTIA DELTA est déposé un élément de liaison avec en hélicoptère sur les crêtes, le l’armée afghane. SGTIA BRAVO de la Task Force La pertinence d’utiliser ce forTiger entame sa reconnais- mat d’unité est particulièresance offensive vers la vallée ment avérée dans les zones d’Alasay aux côtés de quatre montagneuses de l’est de compagnies l'Afghanistan, de l’armée puisque le "Le SGTIA est un nationale SGTIA, enconglomérat tactique afghane afin gagé dans de reconqué- qui regroupe toutes les une zone rir des terres cloisonnée, composantes essentrop long- tielles à la guerre mopeut, grâce temps lais- derne..." au spectre sées à l’imde ses armes, punité des déployer une rebelles talibans de Kapisa. matrice des feux sur toute Le SGTIA, unité de combat au- l’étendue d’un champ de batonome, est un conglomérat taille caractérisé par un cloitactique qui regroupe toutes sonnement prononcé. Les les composantes essentielles armes légères d’infanterie, à la réalisation de la guerre utiles dans les combats de moderne autour d’un noyau contact où la discrimination d’infanterie. Fidèle au principe est essentielle, sont judicieude complémentarité des feux sement complétées par les ca-
nons de 105 mm des chars et les missiles MILAN pour la destruction de postes de combat, ainsi que par l’artillerie et l’appui aérien pour atteindre les ennemis retranchés dans les zones montagneuses, loin des
habitations. Les observateurs, EO et JTAC sont répartis judicieusement sur tout l’espace de bataille, et jusqu’aux plus bas éléments au contact, afin de mailler le terrain de capteurs aptes à déclencher ins-
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conséquent, transformer n’importe quel soldat en capteur qui sera en mesure d’observer et de renseigner. Les tireurs d’élite ou les groupes MILAN, par exemple, peuvent observer dans la durée un village, un mouvement suspect ou un chemin d’infiltration potentiel. D’autre part, le SGTIA possède en son sein un nombre impressionnant de capteurs spécialisés – humains, électromagnétiques, imagerie (drones et avions) – qui peuvent être répartis dans tout le maillage que constituent les sections déployées sur le terrain. Ce renseignement est ensuite traité en boucle courte par le PC, lui-même déployé sur le terrain et directement en liaison avec ses capteurs. La victoire du renseignement est ainsi plus accessible à un sous groupement tactique interarmes qu’à une simple juxtaposition d’unités de combat, d’appui et de renseignement. La seule contrepartie tactique à consentir à un SGTIA engagé dans les vallées d’Afghatantanément des tirs sur l’en- seignement qui est à la base nistan, est de lui pousser au semble du champ de bataille. de toute réflexion tactique. Le plus près la logistique requise Ainsi, le chef tactique garde SGTIA possède une capacité par tant d’éléments différents : l’initiative de la manœuvre impressionnante de moyens la consommation d’un char en conservant la capacité de de renseignement. D’une part, est différente de celle d’un frapper l’ennemi n’importe où cette unité qui évolue en mon- VAB, et le refroidissement des et n’importe quand. tagne, manœuvre significati- bouteilles cryogénique des MIIl en est de même pour le ren- vement sur les hauts et va, par LAN est à prendre en compte
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au même titre que l’approvisionnement en obus d’artillerie. Le soutien sanitaire doit se faire également au plus près des troupes afin de pallier les délais de récupération engendrés par un terrain difficile. La meilleure façon de remplir cette condition est d’insérer la logistique directement au sein du SGTIA, en utilisant, soit des véhicules possédant la même mobilité que les forces de l’avant, le VBHM en version cargo par exemple, ou les hélicoptères. Pendant les combats dans la vallée d’Alasay, des piles et des batteries ont été larguées depuis des hélicoptères KIOWA, originellement prévus pour l’appui feu. Cette contrainte passée, l’emploi du SGTIA comme pion tactique montre sa supériorité face à une unité conventionnelle dans une guerre entreprise dans les vallées montagneuses d’Afghanistan. Le 15 mars à huit heures locales, après une journée de combat, les sous-groupements tactiques BRAVO et DELTA de la Task Force Tiger avaient repris la vallée aux insurgés et la première pierre d’une nouvelle FOB était posée en Alasay.
Le GTIA Kapisa et son environnement civil
Population et démographie :
Située au nord-est de Kaboul, la Kapisa est la plus petite province d’Afghanistan. Elle ne couvre que 1817 km2. Sa population se répartit en 185 400 hommes et 172 000 femmes. Seules 12 200 personnes vivent en ville. La répartition ethnique est assez morcelée et ne facilite pas la stabilité de la province. Il existe une division sociale importante entre Tadjiks et Pachtounes dans l’AOR du GTIA. Les Tadjiks accusent les Pachtounes d'être sans éducation et violents ; les Pachtouns accusent les Tadjiks de dominer les décisions gouvernementales en Kapisa, de s’accaparer les services sociaux et les aides.
Politique :
Dans les districts de Tagab et d’Alasay, le Hizb-e Islami prend une importance croissante dans le paysage politique local. Sous la bienveillance du gouverneur Abubakir, affilié HIG, le chef de shura du district de Tagab et le sous-gouverneur d’Alasay sont des hommes influents qui revendiquent leur appartenance au Hizb-e Islami. Ainsi, la situation actuelle de la province s’oriente vers un équilibre précaire entre les Tadjiks du Nord Ouest, fiers du passé de Jamiat, et les Pachtounes du Sud Est, intimement liés au Hizb-e Islami. La question qui se pose est le niveau de connexion entre HIG et taliban en Kapisa.
Économie :
Il est certain que le chômage dans la province de Kapisa est un facteur aggravant de la situation sécuritaire actuelle. Les Maleks nous expliquent en permanence que les jeunes hommes, ne possédant aucune activité professionnelle, se laissent facilement embrigader par les groupes insurgés qui circulent dans la zone. Le seul rôle que peut jouer le détachement CIMIC dans ce domaine est d’augmenter considérablement les chantiers dans la vallée de Tagab. Ces chantiers, conduits par des entreprises locales, donnent temporairement du travail aux villageois. Il est donc important de participer à la relance économique de la zone, en développant le nombre de chantiers de construction ou reconstruction, en provoquant une mise en concurrence des entreprises disponibles et en contrôlant l’utilisation par ces entreprises de la main-d'œuvre locale.
Agriculture :
Les fermiers des villages aux abords des axes routiers de l’AOR sont incapables de cultiver assez de nourriture pour alimenter leurs villages. Les villageois ne peuvent pas se permettre d'acheter assez de nourriture sur le marché pour compenser la différence, car selon eux le prix du blé a triplé cette dernière année : Les villageois d'Arbabkhel (Tadjik) soutiennent que la situation économique s’est aggravée depuis le départ des talibans, ceux de Joybar (Pachtounes) disent que beaucoup d’hommes sont partis travailler en Iran, mais que certains reviennent témoignant de maltraitance... Les fermiers les plus chanceux en termes de production excessive n’ont pas de capacités de stockage. Ils sont donc forcés de vendre leurs récoltes à la moisson, quand les prix sont les plus bas, et de n'avoir rien à vendre à la basse saison, quand les prix sont les plus élevés.
Drogue :
La contrebande a des racines traditionnelles profondes en Kapisa et a longtemps fourni un revenu important aux tribus. Aujourd’hui, ce commerce continue en dépit des réformes. La contrebande d’armes et de narcotiques est une partie importante de l'économie illicite et les hommes en usant ont peu d'intérêt à voir un gouvernement plus efficace ou une économie plus développée. Les insurgés profitent d’un environnement instable, de la corruption et de l'autorité minimale du gouvernement. Ils peuvent également profiter directement de ce commerce. Le manque d'implication gouvernementale et la difficulté à trouver des cultures de remplacement encouragent la confiance dans le pavot. Cependant, la présence de la Task Force, l'attitude négative envers la drogue des tribus conservatrices de la province, la limitation géographique de la production sur des régions pachtounes empêchent la diffusion du pavot à d'autres parties de la province. 25
Artillerie
omnidirectionnelle !
Par le capitaine Clément Debai, officier système d'armes 93e RAM, DL ART GTIA KAPISA
D
éployés depuis décembre 2008 pour appuyer le GTIA KAPISA, les artilleurs de montagne du 93e RAM, organisés en une équipe de liaison, deux équipes JTAC/EO et deux sections de tir auront délivré près de 1500 coups de 120 mm en 330 missions de feu au profit des chasseurs, des cavaliers et sapeurs légionnaires. Si l’organisation, les missions dévolues et les possibilités offertes par les appuis sont restées globalement conformes aux manuels d’emploi et de mise en œuvre de l’artillerie, les caractéristiques propres au théâtre d’opérations ont entraîné quelques adaptations techniques ou tactiques. Localisation - Identification Une des difficultés permanentes à laquelle ont été confrontés les observateurs réside dans la localisation d’objectifs et dans l’identification positive des éventuelles cibles détectées. En effet, les insurgés utilisent au mieux le terrain très compartimenté et un camou-
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flage rustique, mais efficace. D’autre part, cherchant à se fondre dans la population rurale le plus longtemps possible, ils ne se dévoilent avec leur armement qu’à proximité immédiate des troupes amies en recherchant l’imbrication. Ce mode d’action tend à réduire nos capacités d’appui du fait des risques de tirs fratricides et de dommages collatéraux. Face à cette solution, et afin d’acquérir l’ennemi au plus loin, il est nécessaire de densifier les capteurs et de mettre en place une boucle courte intégrant détection, observation, analyse, décision et moyens d’agression. Le GTIA ne dispose que de deux équipes d’observations qui, en outre, cumulent leur mission d’appui sol-sol avec celle d’appui air-sol et sur lesquelles repose une très grande responsabilité en terme de choix des objectifs, de choix des moyens et de déconfliction 2D et 3D. Éléments indispensables pour l’acquisition de renseignements d’objectif, la coordina-
tion et le dialogue interarmes, ces deux équipes ne peuvent assurer, à elles seules, la permanence de l’observation dans le temps et dans l’espace surtout dans le milieu montagneux et compartimenté des vallées de la Kapisa. D’autres capteurs permettent de densifier l’observation. Ils vont du plus classique, en l’occurrence les chefs de section ou adjoints des unités appuyées, aux équipes GCM, mais également aux équipages d’hélicoptères de combat "Kiowa" ou "Apache" ainsi qu’aux capacités des
drones ou POD avions. Pour ces derniers, l’organisation du TOC (Tactical Operations Center) avec une cellule solsol colocalisée avec le CTA et le DL drone SDTI a permis une exploitation immédiate du renseignement d’objectif. Enfin, une capacité d’observation et localisation d’objectif a été développée sur la ressource interne des sections de tir et mise en œuvre à chaque déploiement en zone d’opération. Cette capacité a permis à plusieurs reprises de traiter des objectifs dans des zones non vues des observateurs. Le
15 avril 2009, la SAM, suite à l’observation de départs de coups de mitrailleuse lourde dans sa ZEF (Zone d’Effort de Feu), a réalisé une demande de tir puis à délivré un tir à moins de 3000 mètres neutralisant l’arme collective ennemie tuant trois servants et en blessant plusieurs autres. La densification des capteurs, leur complémentarité associée à une analyse quasi immédiate par le S2 a permis le traitement par les feux indirects d’un bon nombre d’objectifs participant à la désorganisation du dispositif ennemi. Menace omnidirectionnelle : loin de l’esprit d’artillerie de forteresse. Au fil des missions et de la progression du GTIA au cœur des zones refuges des insurgés le déploiement des SAM en dehors des FOB s’est imposé. La portée du mortier de 120 mm limitée à 8178 mètres théoriques se rapproche le plus souvent des 7000 mètres compte tenu des dénivelées importantes. La recherche de la précision maximale dans les tirs amène à proposer des zones de déploiement permettant de traiter des objectifs dans les trois quarts de la portée et en prenant en compte la dispersion toujours plus importante en portée qu’en direction. De plus, le relief accentué entraîne un déploiement des SAM dans une zone permettant de traiter au mieux les contres pentes importantes de la zone d’opération. Ces contraintes balistiques nécessitant un déploiement des SAM en dehors des FOB ont un impact sur leur sûreté. Dotées de cinq VAB, de deux mortiers de 120 mm et composées de 16 personnels ayant tous une fonction technique à assurer lors des phases de tir, il leur est difficile d’assurer leur dé-
fense rapprochée surtout en cas d’implantation de longue durée. Lors de l’élaboration de chaque opération, il a fallu adapter le triptyque ; capacités ennemies, dispositif ami et zones à battre par les feux afin de déployer au mieux les SAM. Le point clef étant, en terme de défense rapprochée, de former un dispositif suffisamment puissant afin de dissuader les insurgés de mener une action directe. En fonction des missions, on a pu retrouver sur un strong point (point d’appui) deux sections d’appui mortier ou une section colocalisée avec un ou deux groupes mortiers de 81 mm ou avec un peloton blindé sur AMX10RC / VBL. La menace omnidirectionnelle influe sur le déploiement de la SAM avec, le plus souvent un dispositif en étoile offrant des secteurs de tir aux armes de bord et aux armes collectives à terre. Les insurgés ayant prouvé à plusieurs reprises leurs capacités en tir de précision à longue distance, les VAB pièces sont, le plus souvent, disposés en écran face à la direction la plus dangereuse afin de masquer l’équipage de pièce durant les phases de tir. L’aspect psychologique : rassurant et dissuasif. L’un des effets le moins souvent évoqué pour les appuis indirects réside dans l’effet psychologique qu’ils apportent autant du côté ami que sur l’ennemi. Lors de la mise en place des unités, il a été fréquemment réalisé des tirs "techniques" dit d’accrochage. Ces tirs, destinés initialement à prendre en compte un certain nombre d’éléments perturbateurs de la trajectoire afin d’augmenter la précision des tirs, ont, sur le plan psychologique, plusieurs intérêts. Pour nos troupes et
surtout pour l’ANA comme pour les insurgés, ils marquent la présence de nos appuis et la volonté de les mettre en œuvre. Sans vouloir les définir comme tir de semonce, ils sont néanmoins un signal fort visà-vis de l’ennemi. Les insurgés ont besoin de stationner sur les hauts afin d’établir un dispositif de surveillance et de liaison. C’est justement sur ces points que sont généralement demandés par nos observateurs les tirs d’accrochage après un contrôle visuel souvent doublé par des observations aériennes (POD avions ou drones). Là encore, la menace des feux indirects crée un climat d’insécurité pour les insurgés. D’autre part, lors de certaines opérations, des tirs éclairants ont été réalisés dans la profondeur soit en action de dé-
ception, soit en harcèlement sur les cols ou itinéraires permettant les échanges entre les différentes vallées de l’AOR. À plusieurs reprises, ces tirs ont suscité des réactions chez l’ennemi allant même jusqu’à des ouvertures du feu. Enfin, les insurgés ont paru, à plusieurs reprises, désemparés par leurs pertes lors de tirs de neutralisation ; tirs généralement effectués en mode fusant percutant à cause de la configuration du terrain. Ainsi en appliquant les savoirfaire issus de leur formation, de leur entraînement et de l’expérience tout en tirant parti de la richesse des moyens présents sur le théâtre les artilleurs de montagne ont pu fournir les appuis sol-sol rapides précis et brutaux pour le GTIA.
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TACP:
les yeux et les oreilles...
Par le lieutenant Jacques Chevalier, EO 93e RAM, chef d’équipe TACP au sein du GTIA KAPISA
TACP : Tactical Air Control tionnement des instruments de Party. désignation et du matériel de JTAC : Joint Terminal Attack l’équipe : système d’extraction Controller. de coordonnées VIPER (couFAC : Forward Air Controller. plage Vector-plugger), mise en EO : Équipe d’Observation œuvre du DHY 307 (désignaArtillerie. teur laser), IZLID (pointeur IR)… Il seconde largement le JTAC a nature de cette équipe et dans le suivi de la manœuvre son emploi ont beaucoup interarmes. Le fait que deux évolué ces dernières années. Il personnes suivent en permasemble donc important de re- nence la manœuvre permet venir sur la définition et le rôle de ne rien laisser au hasard qu’on accorde aux membres et de savoir avec exactitude ce d'une équipe TACP. que font les sections et où elles Le TACP est se trouvent. une équipe En cas de qui s’occupe " En cas de prise à parprise à partie, de coordonner tie, l’appui que peut l’appui que l ’ e n s e m b l e fournir le TACP est (...) peut fournir des appuis très rapide et très effile TACP est indirects, avi- cace " dès lors très ons, artillerie, rapide et très appui feux naefficace. vals, hélicoptère… Son objectif Ensuite, on trouve un radio est de faire intervenir ensemble "compagnie". Il suit également la totalité de ces vecteurs et de l’ensemble de la manœuvre faire en sorte qu’ils puissent et rend compte au gré de son agir de manière complémen- avancée. Il est responsable taire et en toute sécurité. On de la mise en œuvre et du parle alors de ‘déconfliction’. bon fonctionnement du PRC Le TACP type "armée de terre" 117, poste radio qui permet est une équipe de quatre per- de communiquer directement sonnes. On trouve à sa tête le avec les avions. Sous officier JTAC, chef d’équipe, qui pos- d’une équipe d’observation sède une double qualification : artillerie traditionnelle, il est celle de FAC et celle d'EO. capable de seconder l’adjoint C’est donc lui qui gère toute du TACP dans le domaine la coordination "3D" sur le terrain. Il s’occupe du suivi tactique de la manœuvre, communique directement avec les avions et vérifie l’ensemble des tirs de toute nature qui sont demandés au profit des troupes amies. Il est secondé dans sa tâche par son adjoint, chef d’équipe observation artillerie, qualifié JFO et désignateur laser. Celui-ci s’occupe de mettre en place toute la partie technique et veille au bon fonc-
L
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technique artillerie. Enfin, le radionavigateur "artillerie" s’occupe de faire remonter les informations sur la chaîne artillerie. C’est lui qui envoie les demandes de tir artillerie. Qualifié pilote VAB, il est aussi responsable du VAB OBS. Le rôle de l’équipe TACP en Afghanistan Les troupes de montagnes s’épanouissent véritablement sur le théâtre afghan. En effet, la nature montagneuse de la Kapisa est très favorable à leur emploi. Dans cette optique, le TACP peut bénéficier de la configuration du terrain pour être déployé de façon judicieuse sur les points hauts afin de bénéficier du recul nécessaire et des vues propices à
appuyer et renseigner la compagnie. Son objectif est triple : - renseigner et conserver un œil sur les différentes sections engagées afin de prévenir ou de pouvoir intervenir au plus vite à leur profit en cas de prise à partie. - intervenir sur un ennemi potentiel de "deuxième échelon" (ennemi qui ne serait pas directement à portée de tir des sections d’infanterie). Ainsi, les secteurs d’observations ne se limitent pas aux troupes amies, mais prennent bien en compte les lignes de crête et autres axes d’infiltration potentiels. Dans ce domaine, la capacité de renseignement des avions et des hélicoptères est un atout majeur.
- mettre en place un tir de saturation. Dès lors, la puissance de feu est telle que l’ennemi ne peut plus manœuvrer sans être détruit. Ainsi, dans une sorte de ballet aérien, les tirs mortiers, les passes avions et les roquettes des hélicoptères sont mises en œuvre de manière complémentaire pour venir briser l’élan ennemi. Améliorations potentielles ? Tout d’abord, nos capacités d’observations sont beaucoup trop limitées. Si l’on part du principe que nous sommes les yeux et les oreilles de la compagnie, il est indispensable d’augmenter les capacités d’acquisition de l’équipe, notamment lorsqu’elle est employée en tant qu’équipe d’observation à terre. Au cours du mandat, il est intéressant de noter que nous ne sommes sortis qu'une seule fois avec le VAB OBS. Bien souvent, la nature des missions n’était pas propice à son emploi. Toutefois, l’équipe TACP qui travaille à Tagab utilise le sien très régulièrement et la plupart du temps sa position haute au milieu de la FOB de Tagab et les larges secteurs d’observations sur la vallée d’Alasay que lui offrent cet emplacement en fait un outil de guerre redoutable et indispensable pour la sécurité de leur FOB. Il n’est pas rare non plus que lors des missions menées par notre compagnie dans la vallée d’Alasay, ils travaillent depuis leur FOB avec leur VAB OBS en parallèle de notre équipe, déployée directement sur les points hauts. De même, les très bonnes capacités du VAB OBS pour les missions de nuit sont un véritable atout. La double dotation VAB OBS / VAB INFANTERIE serait un atout majeur pour les TACP. En effet, l’emploi du VAB OBS n’étant pas systématique, l’emploi du VAB INF permettrait de déployer sur le terrain une équipe à 6 organisée et opérationnelle. Le pilote et le gunner restant pendant la durée de la mission dans le VAB, nous aurions une équipe TACP opérationnelle à 8 personnels, exclusivement réservée à un emploi en Afghanistan.
TACP à pied... Tout d’abord, nous disposons uniquement de deux systèmes VIPER avec le grossissement X10 pour la VECTOR. Notre capacité d’acquisition et surtout d’identification est ainsi très limitée... Quel avantage apporte dans ce cas une équipe TACP dont la mission première reste de renseigner ? Nous avons tout de même perçu en cours de mandat une X60 qui complète nos équipements, mais qui restent toutefois trop limités. Ce genre de matériel renforce les capacités du TACP. La PID (positive identification), très difficile à obtenir avec une X60, est presque impossible à obtenir avec une
des coordonnées d’objectifs de nuit. En être doté serait un atout majeur pour notre équipe. Il est important de rappeler que contrairement à Canjuers où il est envisageable de préparer et repérer les tirs à effectuer de nuit pendant la journée qui précède, le théâtre afghan rend ce type de préparation impossible. Les effectifs réduits de l’équipe sont un handicap. Le matériel à répartir dans les sacs, le travail à réaliser sur position indiquent que l’augmentation du nombre d’équipiers est nécessaire, aussi bien pour notre protection rapprochée, que pour pouvoir emmener le DHY avec nous sur position ou
VECTOR. Il n’y a en effet rien qui ressemble plus à un taliban qu’un berger au milieu d’un champ de rochers… De nuit, notre capacité est véritablement réduite, voire nulle. La SOPHIE, ses cinq accus et la VIPER restent inutiles pour désigner des objectifs et en déterminer les coordonnées. Seul l’IZLID permet une désignation visuelle d’un objectif de nuit pour les avions. Il existe un système adaptable sur la VECTOR qui permettrait d’observer et de déterminer
pour répondre en cas de TIC à l’urgence de la situation le plus précisément et opérationnellement possible. Repérer l’ennemi sur le terrain une fois qu’il tire demande du temps… surtout lorsqu’il tire depuis plusieurs endroits en même temps. Un seul observateur par équipe limite véritablement ces capacités. D’un point de vue physique, l’équipe est beaucoup sollicitée. Le poids des effets balistiques et des sacs est responsable de cette sollicitation
alors que les distances et la dénivelée sont loin d’être excessives. La fatigue découle plus de l’effort en rusticité que de l’effort physique. Je pense simplement que l’Afghanistan requiert d’être solide et rustique et pas seulement sportif et athlétique. Ainsi, un bon entraînement et un renforcement musculaire du haut du corps, et principalement de tout ce qui correspond à la zone des épaules, du dos et des abdominaux pour préserver la colonne vertébrale et les reins me paraissent indispensables ; sans oublier les cuisses qui sont largement mises à contribution. Engranger un maximum de dénivelé avant de venir ici ne peut être que bénéfique. Enfin, la présence d’un véritable AUXSAN formé s’avère indispensable pour une équipe TACP. Cette lacune au sein de l’équipe pourrait être un sérieux problème le jour J. Pour conclure, il semble intéressant d’insister sur la notion de complémentarité des feux. En effet, nous l’avons bien compris, le TACP dispose de nombreux moyens pour pouvoir intervenir efficacement lors d’un TIC. Il ne semble donc pas judicieux de vouloir préférer définitivement un vecteur à un autre : à chaque situation doit correspondre un vecteur. Si le but recherché est de détruire de manière chirurgicale une position adverse à proximité des troupes amies, il faudra privilégier une frappe aérienne de A10. En revanche, si l’ennemi observe depuis une ligne de crête, les mortiers de 120 rempliront la tâche avec brio. De même dans l’emploi des vecteurs aériens, l’Apache ou le Kiowa interviendront plus rapidement et de manière plus autonome sur des personnels à découvert non loin d’une section amie qu’un F15E qu’il faudra amener à acquérir l’objectif après une description de la zone. La force de cette équipe réside donc bien dans la multitude de possibilité et de moyens qu’elle a à sa disposition pour intervenir le plus efficacement possible au profit des troupes qu’elle protège. 29
ABC:
au coeur de la mêlée !
Par le capitaine Stéphane Ricard, commandant le 2e escadron du 4e RCh et DL ABC du GTIA Kapisa
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second peloton auraient permis le maintien de cette capacité. Du 14 au 17 mars 2009, le peloton blindé aura contribué à la prise de position sur le District Center d’Alasay et maintenu en permanence deux AMX10RCR et deux VBL Le peloton blindé armé par le sur le point dur de l’opération. 2e escadron du 4e RCh a été Les engins du peloton préparfaitement intégré au GTIA sentent des impacts de 7.62 KAPISA. et certaines Il était comroquettes de posé de 3 " La capacité opérationRPG7 ont A M X 1 0 R C R nelle du peloton X10Rsurvolé ou et 3 VBL CR (protection, mobiliexplosé à 12,7 mm ser- té, moyen d’acquisition proximité des vis par un of- de jour comme de nuit engins. Au total, ficier, 3 sous- et puissance de feu) 11OE, 10 officiers et 17 a sans aucun doute OCC, 4OFL, militaires du contribué à tenir la po1 OFUM, 1 rang. 250 carLa capacité sition du District Center touches de opérationnelle d’Alasay " 12.7, plus de du peloton 1 000 carX10 RCR (protection, mobilité, moyen d’ac- touches ANF1 et 200 5.56 ont quisition de jour comme de été tirées. La plupart des tirs nuit et puissance de feu) a sans ont été effectués à très courte aucun doute contribué à tenir distance (150 m) ou à très lonla position du District Center gue distance (2 500 m). d’Alasay. Les tirs ont pu être effectués sur En repoussant les insurgés re- un ennemi très difficilement tranchés en zone urbaine, où repérable grâce au binôme : l’artillerie ne pouvait frapper télémétrie / TGM 4 pour l’AMX sans risques de dommages 10 RCR et VECTOR / GPS collatéraux et où les munitions ROCKWELL pour le groupe indu VAB canon de 20 n’avaient vestigation. parfois que peu d’effet, les canons de 105 se sont avérés être Ces judicieuses combinaisons un atout majeur, notamment si de moyens ont permis une dél’on ajoute la courte distance signation et un relevé d’inforet la cadence de tir nécessaire mations instantané d’une expour tenir les positions. cellente précision. Les tirs sur des compounds désignés par Cette capacité opérationnelle un tir de traçantes de 12.7 ont a réussi à se maintenir en également démontré leur effigrande partie parce que l’in- cacité : lors d’un accrochage tensité des combats a chuté les transmissions sont souvent le 2e et le 3e jour de l’opéra- saturées et la méthode de détion. Si ce n'avait pas été le cas, signation du bon compound seule la résolution de quelques reste le repérage des tirs amis problèmes et la présence d’un et ennemis. Enfin, la caméra 30 a bataille d’Alasay a été une opportunité unique de mettre en valeur l’actualité du combat interarmes. À ce titre, le peloton blindé vient témoigner de son expérience.
thermique a permis d’anticiper par ailleurs multiplié pour les et de stopper l’infiltration d’in- personnels extérieurs, les jersurgés à longue distance. ricans étant récupérés sur les véhicules de la compagnie L’engagement opérationnel présents sur zone. du peloton blindés amène Le peloton a réussi à parer aux problèmes des 24 h d’autonoplusieurs constats : Le recomplètement du peloton mie en phase de combat en a été assuré par la récupéra- coupant au maximum les motion de jerricans de 20 l pour teurs et en observant de jours remplir les 525 l des réservoirs. en moyen manuel. InconvéCette opération nécessite 1 h nient : cela diminue la réactivi30, avec des équipages expo- té et augmente la vulnérabilité. sés hors des tourelles et des La difficulté d’entretenir les enengins dans l’impossibilité de gins découle du peu de temps se défendre, car le moteur est disponible pour la remise en arrêté. Le risque de blast est condition en cours d’opéra-
tion du fait de la nécessité de maintenir en permanence deux engins sur le terrain et par l’absence de mécanicien qualifié sur zone. La réparation du démarreur d’un des engins sur le district center d’Alasay n’a été possible que parce que le mécanicien de l’ELI de la compagnie, ancien sur AMX10P et AMX30B, a su palier l’absence de spécialiste. La baisse de l’intensité des combats lui a permis de passer de nombreuses heures sur la plage arrière le nez dans le moteur en zone néanmoins toujours potentiellement dangereuse ! Un deuxième peloton permettrait la remise en condition
des personnels et le minimum d’entretien nécessaire à la durée des matériels. Il permettrait à chaque SGTIA d’être autonome sans avoir à attendre la partie du peloton détaché à l’autre SGTIA, limitant l’usure des matériels, les indiscrétions liées au déplacement de ces matériels avant une opération et simplifiant leurs relèves. Il permettrait le ravitaillement des engins groupés hors de la zone dangereuse sans période d’inaptitude au combat. Un deuxième mécanicien spécialiste AMX10RC sur la FOB Tagab éviterait les délais d’attente pour les réparations et permettrait d’éviter les allers-
retours sur la FOB Nijrab pour diverses réparations. Il permettrait d’avoir au moins l’un de ces spécialistes dans l’ELI de la QRF pour une opération. Un triangle moyen lourd emporté par l’un des AMX10RCR permettrait l’évacuation d’urgence d’un engin sans avoir à attendre le seul CLD blindé disponible au sein du GTIA. Un spécialiste tourelle AGC sur l’une des deux FOB éviterait l’indisponibilité d’un engin pour les problèmes de fonctionnement des tourelles.
Cette opération aura permis de confirmer que le peloton blindé fait bien partie des armes de mêlée. De nombreux détails peuvent être résolus, mais la grande capacité des troupes françaises et des troupes de montagnes à s’adapter à leur environnement a réussi à faire triompher un GTIA uni, cette fois-ci non plus sur la même cordée, mais sur un même front !
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L'appui génie
au combat !
Par le capitaine (TA) Paul Pechera du 2e REG, DLRG du GTIA Kapisa
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our appuyer le GTIA Kapisa, le 2e REG a détaché deux sections de combat et un DLRG renforcé d’une équipe WIT et de deux équipes EOD dont une a été fournie par le 1er REG.
Préserver la liberté d’action La composante génie combat concourt à préserver la liberté d’action du GTIA. Ce qui se traduit par la recherche de deux effets : maintenir la liberté de mouvement et minimiser le risque de pertes humaines ou matérielles du fait de toutes les formes de pollution. Les sapeurs ont une action quasi quotidienne d'ouverture des axes. Ces ouvertures d’itinéraire sont faites à pied au moyen des détecteurs de métaux et de l’observation visuelle. Ce procédé devrait être complété à terme par l’arrivée du binôme Buffalo / véhicule tracteur de remorques. Les équipes EOD sont chargées de l’intervention sur les IED après confirmation. L’équipe WIT recueille les éléments sur les lieux des incidents. Elle mène une enquête technique et tactique. Un de ses objectifs est d’analyser les modes d’actions ennemis (ou TTP) afin d’adapter et d’amender les TTP amies. Le DLRG dans son ensemble, en coordination avec le S2 et le S3, participe à l’analyse de la menace de sorte que les actions envisagées collent au risque. Les mesures proposées dépendent de la zone considérée, de l’évolution de la menace, des dernières informations et de l’objectif final de l’opération. Il ne s’agit pas de reconnaître systématiquement les axes, mais de déterminer précisément quand et où cela doit être réalisé. En effet, la reconnaissance 32
d’itinéraire présente deux inconvénients : les délais sont forcément longs et les légionnaires débarqués et en tête de la colonne dans un milieu favorable à l’embuscade sont particulièrement exposés.
mis de penser qu’il y a un lien entre les résultats des fouilles et le très faible nombre d’attaques par IED ou le manque de munitions des insurgés au deuxième jour de l’opération DINNER OUT. Les actions d’attaque des réAttaquer les réseaux : ne seaux insurgés augmentent la pas subir marge d’iniL’ a t t a q u e tiative amie des réseaux "Il s’agit de se mettre en réduisant des insurgés dans la peau du chascelle de l’enconstitue une seur et pas dans celle nemi. marge d’ini- de la proie." Si la prétiative pour le sence d’inGTIA. Il s’agit surgés prêts de se mettre à combattre dans la peau du chasseur et constitue la menace la plus pas dans celle de la proie. marquée, l’entrée en premier La section de fouille opéra- sera effectuée par des fantastionnelle n’étant arrivée sur sins ou par des GCM appuyés le théâtre qu’en fin de man- par une capacité MINEX (4 et dat, les légionnaires sapeurs 3). appuyés par l’interarmes ont Si le minage constitue la me-
Les hommes adultes présents sont regroupés à l’extérieur. Les femmes et les enfants sont regroupés dans une pièce préalablement fouillée et sont laissés sous la surveillance d’un militaire féminin. Cette première phase est appelée fouille tactique. La fouille technique est du ressort du génie qui s’appuie sur sa capacité de détection, d’investigation et sur son équipe WIT.
Articuler et réarticuler pour répondre au besoin. L’emploi du génie doit être pensé en termes de capacité et d’effet à obtenir et non en terme de volume. En dehors des opérations de niveau GTIA ou SGTIA, les sections doivent pouvoir disposer d’un appui génie. Le détachement d’un groupe est donc nécessaire et généralement suffisant. Il permet au chef du détachement interarmes de bénéficier d’une capacité de reconnaissance et d’ouverture d’itinéraire. Lors des fouilles d’opportunité, la compétence MINEX et la capacité de détection procurent sûreté et efficacité. Inversement, le groupe génie en dehors de l’application de ses savoir-faire particuliers permet au chef de section (CDS) de disposer d’un pion de manœuvre supplémentaire. Ce qui nécessite un entraînement approprié pour le naturellement rempli cette nace la plus marquée, l’entrée groupe génie. mission, ce qui a permis de en premier sera faite par les L’intégration du groupe génie priver les insurgés d’une par- sapeurs appuyés par les fan- en DIA offre les avantages suivants : - entraîné et habitué à tie de leurs moyens. Il est per- tassins ou les GCM.
la manœuvre infanterie, il ne constitue pas un fardeau pour le CDS, mais une capacité de manœuvre complémentaire. Il permet de donner au CDS une plus grande liberté d’action immédiate. - Il permet un gain de temps pour ne pas rompre le rythme de la manœuvre en attendant les renforts, ce qui est également un gain en termes de sûreté pour la troupe. Dans le détail, l’intégration offre l’avantage de la reconnaissance et de la confiance mutuelle. Dans un milieu compartimenté où l’ennemi exploite chaque faiblesse, avec des communications gênées par les brouilleurs, ce point n’est pas négligeable. En cas de contact avec l’ennemi, le fantassin et le sapeur sont des camarades qui vont s’aider naturellement jusqu’à devenir frères d’armes. Les DIA sont des structures ad hoc adaptées aux missions les plus courantes. Les sections d’infanterie qui évoluent dans des zones où il est difficile de les renforcer ont besoin d’un appui génie immédiat. De cette façon, la liberté d’action des SGTIA ou du GTIA s’en trouve renforcée. Néanmoins, l’emploi des sections génie d’assaut organiques reste nécessaire. D’où la nécessaire implication des CDS génie et du DLRG dans la conception de toute manœuvre.
particulièrement exposé. Sans la garantie d’une détection efficace, les premiers souffriraient d’un sentiment d’insécurité trop marqué. De fait, des liens de confiance doivent être solidement établis. C’est là le fruit d’une prépaLa solidité psychologique ration minutieuse, mais aussi du lien sapeur / interarmes d'un vécu commun. L’interarmes et le sapeur sont Pour la préparation, la prise interdépendants. Sans la ga- en compte des retours d’expérantie d’un dispositif de sûreté rience est primordiale afin que assuré par les chasseurs al- chacun ne reste pas campé pins, le légionnaire se sentirait sur ses a priori. Le réalisme
des scénarios aidera aussi à amorcer cette intégration qui prendra vraiment corps au contact de la réalité. IED : refuser le fatalisme L’emploi des IED par les insurgés est une menace constante, mais difficile à appréhender. La composante génie doit proposer les combinaisons d’actions adaptées qui vont permettre à la force au mieux, de retrouver sa capacité d’initiative, au pire d’atténuer les
effets des attaques. L’intervention des NEDEX n’est qu’une partie de la lutte. Les fouilles qui visent à priver les insurgés d’une partie de leurs moyens permettent également de recueillir du renseignement sur les capacités et les intentions de l’ennemi dans une zone particulière. Ainsi, la découverte de système de radiocommande a permis au GTIA d’anticiper et de revoir l’emploi des brouilleurs avant qu’une attaque n’ait lieu. Le travail du WIT, en collaboration étroite avec le S2, permet d’échanger des informations et des analyses. Alimentée par le renseignement, la lutte contre les IED alimente à son tour le renseignement. Le DLRG tient à jour une base de données qui sert à l’identification précise de la menace et au choix des modes d’action. Le rôle du DLRG est de préciser la menace selon les zones, le type de mission donné. Dire que le danger IED est permanent est juste, mais insuffisant. La force ne peut se permettre des reconnaissances génie systématiques sauf à réduire sa liberté d’action. Elle ne peut pas non plus se permettre d’avoir des pertes par négligence. Il est important d’identifier les points et les moments où la menace sera particulièrement prononcée. Il est ensuite de la responsabilité des chefs tactiques de diffuser cette information à tous ses subordonnés avant le déclenchement de chaque mission. Sur le terrain, les légionnaires sapeurs peuvent alors recourir aux vérifications de points particuliers ou aux reconnaissances systématiques. Ces dernières, consommatrices
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de délais, offrent l’avantage objectif d’opportunité. Pour sa d’une plus grande efficacité. propre sûreté et pour la sûreté Sur les trois IED relevés au de l’ensemble, le groupe gémois de mars, deux ont été nie est un pion combattant. découverts grâce à ce procédé. Encore une aptitude qui ne L’arrivée du binôme Buffalo se décrète pas. La capacité - VTR en permettant une re- à combattre dans les conficonnaissance et une détection gurations embarquées et déavec des moyens mécaniques, barquées est le fruit d’une permettra d’alléger la charge préparation minutieuse. Pour de travail des groupes génie. être efficace, cette préparation En effet, avec l’augmentation doit se faire au contact de l’indu nombre fanterie. Elle d’incidents, sera compléla reconnaistée par les sance systé- "les sapeurs sont des premières matique est pions de manœuvre missions sur devenue l’une supplémentaires" le théâtre des missions qui doivent les plus coucomporter rantes de ces un niveau de groupes, ce qui a une inci- risque mesuré afin de prendre dence sur l’état de forme des le temps d’affiner la connaissapeurs. Les reconnaissances sance mutuelle. C’est à cette à pied sur plusieurs kilomètres condition que le DIA sera un doivent faire l’objet de relèves outil de combat efficace et entre groupes pour rester ef- utile entre les mains du chef de ficaces, ce qui a des consé- section infanterie. Néanmoins, quences sur l’articulation. De durant la phase de préparaplus, les groupes étant inté- tion, il s’agit de trouver le bon grés aux sections d’infanterie équilibre entre l’entraînement pour certaines phases de la génie et le combat d’infanterie. vie courante (garde) et le man- Pouvoir combattre au même dat étant long, cet aspect doit titre que les chasseurs supêtre bien pris en compte par pose un équipement similaire. les commandants des SGTIA. Or, les sapeurs ne disposent pas du même équipement. Les Le sapeur est un combat- aides à la visée (type FAMAS tant infanterie) sont nécessaires. De fait, en dehors de leurs ac- Bien qu’une section de comtions génie, les sapeurs sont bat génie ne soit pas formée des pions de manœuvre sup- à remplir toutes les missions plémentaires. L’ennemi ne dis- d’infanterie, elle peut être effitingue pas les armes d’appar- cacement employée dans des tenance. Il s’attaquera à tout dispositifs d’interdiction ou
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d’appui. Placée sur un point haut durant l’opération DINNER OUT, une section génie a ainsi repoussé plusieurs tentatives d’infiltration. Les groupes génie ne disposent pas de MINIMI. Des ANF1
ont été perçues pour équiper chaque groupe. Elles se sont révélées utiles. En organique, les sections génie ne sont pas suffisamment dotées d’optiques de nuit. Alors que la force est sensée
disposer de la supériorité tech- Ce type d’action a d’ailleurs nologique sur l’insurgé la nuit, été complété par l’érection de le sapeur deviendrait le maillon la COP Belda au fond de la faible. Pour équiper deux sec- vallée d’ALASAY durant l’opétions et le DLRG, 80 % des op- ration SUNNY DAYS. tiques de nuit du 2e REG ont D’un point de vue matériel, été apportées sur le théâtre... ces constructions nous rapL’inter-opérabilité au niveau du pellent l’utilité et l’efficacité DIA souffre également d’une d’un engin malheureusement insuffisance des transmissions. vieillissant : le moyen polyvaLes groupes d’infanterie dispo- lent du génie (MPG). Souffrant sent de postes radio individuels de faiblesses mécaniques dues (PRI) pour leurs communica- à son ancienneté, il est délicat tions internes. Les sapeurs n’en d’engager cet engin hors des disposent pas. Or, la communi- FOB. Sa vitesse ralentit les cation interne est d’une grande convois et en cas de panne se importance pose le prodans un milieu blème de son compartimenévacuation. apparait que té et cloisonné, "...il Pourtant, il car le chef l'équipement des sas’est révélé de groupe peurs doit s'aligner sur indispenne peut pas celui des fantassins..." sable et a toujours avoir donné envisuel sur l’entière satisfacsemble de ses tion pour la subordonnés. Dans la mesure construction de la COP BELoù il apparaît que l’équipe- DA. Avec ses 24 tonnes, il a ment des sapeurs doit s’aligner pu franchir une piste interdite sur celui des fantassins, les ef- à certains engins de combat forts déjà entrepris doivent être et aux moyens génie de l’ANA. prolongés. D’autant que ces De plus, son godet permet conclusions valables en Kapisa d’élever deux hauteurs de le sont aussi en zone urbaine bastion-wall. En fin d’opéraet s’inscrivent dans la mise en tion, il a aussi été le seul engin œuvre du principe de DIA. Il capable de dégager un VAB s’agit d’équiper les troupes près de basculer en contrebas combattantes dont font partie d’une piste. Aussi cet engin les sapeurs avec les équipe- mérite-t-il toujours l’attention ments les plus adéquats pour des chaînes de commandefaire face aux menaces ac- ment et de logistique. tuelles. Ainsi, les savoir-faire de bâtisseur principalement utilisés Le génie et l’exploitation en pour la protection de la force contre-insurrection : bâtir sur ses propres stationnepour mieux détruire ments trouvent ici une appliL’opération DINNER OUT qui cation tactique de plus grande visait à reconquérir une zone ampleur. tenue par les insurgés a permis de montrer la capacité du génie à favoriser l’exploitation. Engagés aux côtés des chasEn effet après le succès offensif, seurs alpins, les légionnaires le terrain ne pouvait être laissé du 2e REG ont efficacement libre sous peine de voir les in- participé à la lutte contreinsurrectionnelle en Kapisa. surgés y reprendre pied. Le durcissement planifié d’un Fruit d’une longue préparaposte au profit de l’ANA puis la tion et de leçons apprises sur construction ex nihilo d’un deu- le terrain, mais s’appuyant xième poste ont permis d’ins- aussi sur une farouche volontaller durablement les forces té de remplir la mission, cette afghanes. Ces postes forment efficacité repose en partie une tête de pont utile pour sur des éléments maintenant poursuivre les opérations vers connus qui doivent profiter au le fond des vallées ainsi que plus grand nombre. pour cloisonner le terrain et contenir les combattants insurgés dans des zones désignées par le commandement.
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Logistique
"internationale"...
Par le capitaine Brice Bergougnan, CBML du 27e BCA et chef S4 du GTIA Kapisa
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a Task Force TIGER armée par le 27e Bataillon de chasseurs alpins est un Groupement tactique interarmes français intégré dans une brigade américaine. Cependant, le soutien logistique dépend du Soutien national français, dont le principal acteur est le Bataillon de commandement et de soutien basé à Warehouse. Mais le fait d’être subordonné aux Américains nous permet de bénéficier de matériels spécifiques (appareils biométriques, brouilleurs…) dont ils assurent la maintenance. La particularité du soutien logistique US tient à l’externalisation de celui-ci auprès de contractors où les interlocuteurs sont souvent des staffs managers. Tous les mois, un inventaire du matériel américain est demandé. De même, en Afghanistan, l’externalisation de certaines fonctions de soutien auprès de l’économat des armées (EDA) ne cesse de se développer. Ces différents acteurs du soutien logistique entraînent de nombreux flux logistiques qui doivent être pris en compte dans la planification opérationnelle. Nous avons coutume de dire au niveau opérationnel
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qu’après la phase de projection avec le 1er mandat, nous nous sommes installés dans une phase de consolidation avec notre mandat. Mais force est de constater que pour effectuer cette consolidation il a fallu poursuivre une phase de projection et de mise en place de matériels. Ainsi, le début du mandat a été marqué par la projection de 8 VHM et de 4 VAC de la brigade et par leur très attendue autonomie initiale de projection que nous avons dû récupérer et stocker. Dans cette phase de consolidation, nous avons dû achever la sectorisation du matériel projeté soit plus de 200 véhicules. La particularité de cette mission est la multitude des matériels et surtout le soutien des microparcs avec les VAB VIT, VAB OBS, MPG, VTL… d’où une polyvalence nécessaire des maintenanciers et la difficulté de trouver des spécialistes NTI2 pour réparer ces véhicules. Parallèlement à cela, nous continuons à percevoir de nouveaux matériels
comme les VAB TOP et les camions SCANIA blindés. Avant toute perception les spécialistes armement et optiques de la Task Force TIGER ont dû suivre une formation technique à Kaboul sur les VAB TOP, de même que les futurs radios tireurs. À chaque projection de nouveaux matériels, un RETEX est établi dans les mois qui suivent dans le but d’apporter rapidement des changements aux différents matériels. Suite à la projection importante de nouveaux matériels et aux conditions d’engagement de la Task Force Tiger, une mission de la STAT et de la DGA s’est rendue à Nijrab. Ce "Kapisa Satory" a permis de montrer quelques adaptations très utiles apportées à certains matériels, comme des antennes d’ER 328 plus ergonomiques qui s’intègrent au Gilet pare-balles ou de vrais marche pieds pour embarquer lourdement chargés dans un VAB. Un authentique dialogue productif et constructif s’est
créé à cette occasion. Le maintien en condition de nos matériels est un des piliers de la capacité opérationnelle du GTIA. La disponibilité technique opérationnelle minimum des matériels pour le théâtre a été fixée à 90 % pour les matériels majeurs mobilités et à 80 % pour les matériels communs et systèmes d’armes. L’objectif aura été relativement bien atteint selon les périodes, car malgré l’excellent travail de la section maintenance, des paramètres tels que les défauts d’approvisionnement et la périodicité des convois ne sont pas sans incidence. Mais avant tout, il faut fixer des priorités tactiques en fonction des missions et de la menace. Ainsi, une des priorités a été la remise en condition des deux MPG, matériel ancien par excellence, mais qui s’est vu décerner le titre de "véhicule d’or" du mandat pour avoir canalisé l’incendie survenu dans la FOB de Tagab, permis de dépanner des VAB dans des situations très délicates, permis la construction des COP et améliorer la défense des FOB.
DL ANA
au coeur des enjeux !
Par le capitaine Renan Cuzon, officier des sports de l’EAI - DL ANA du GTIA Kapisa
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a Task Force "TIGER", implantée dans la province de Kapisa, sous commandement américain, est répartie au sein des FOB de Moralès-Frazier dans le district de Nijrab et de Kutschbach dans le district de Tagab. L’officier de liaison avec l’armée afghane (DL ANA) du GTIA Kapisa est directement subordonné au "Tactical Operation Centre", et tout particulièrement au chef opérations. Il assure la fonction d’officier de liaison et de coordination avec l’armée nationale afghane, en l’occurrence auprès du 1er et du 3e Kandak (Bataillon) appartenant à la 3e Brigade du 201e Corps, sous couvert de leurs mentors américains (Embedded Training Team). Le 3e Kandak est basé sur la FOB de Nijrab alors que le 1er Kandak est basé à Tagab et dans les différents postes avancés de la vallée d’Alasay. Ces deux Kandaks représentent un volume d’environ 650 hommes. Les ETT, leurs mentors, participent directement à l’instruction, à la planification, à la conception opérationnelle et à la conduite des missions dévolues à l’ANA. L’officier de liaison français ne se substitue donc pas aux ETT, mais au quotidien, joue le rôle d’interface et de facilitateur dans toutes les phases en assurant la liaison entre la Task Force, le Kandak et les ETT afin d’optimiser les relations et les opérations conjointes. Sa connaissance des modes opératoires français permet d’améliorer la coordination, la planification et la conduite ou encore les actions dans les mêmes compartiments de terrain.
Ses missions sont d’assurer la liaison entre la Task Force, le Kandak et les ETT et d’optimiser la coordination pendant la préparation des phases tactiques communes ou des actions dans les mêmes compartiments de terrain. Lors de l’élaboration de la planification, le DL ANA collecte auprès du responsable planification du Kandak et de son officier "mentor" l’ensemble
des informations nécessaires à la planification mensuelle en liaison avec les sous GTIA, le chef du TOC et le chef opérations. Lors des phases tactiques, il est lui-même intégré au détachement du Kandak (bataillon), au contact des ETT et du chef du Kandak, afin d’assurer la liaison et la coordination avec la Task Force et ses unités sur
ceux des insurgés. Les soldats afghans sont très "légers" (peu ou pas de gilets pare-balles) et uniquement équipés d’armes légères ce qui les rends très mobiles et très rapides. Charge est donc donnée au DL ANA de coordonner et de temporiser, si besoin, la manoeuvre pour que les troupes ANA respectent les lignes de coordinations, les phasages etc. Ce faisant, il diminue les risques de tirs fratricides ou les imbrications de l’ennemi dans le dispositif des forces de la coalition en assurant la liaison permanente entre les éléments de la Task Force TIGER et de l’ANA. Cette mission aura été une expérience humaine et professionnelle incomparable. Une opportunité extraordinaire de découvrir un magnifique pays, d’apprendre à connaître et de tisser des liens avec les Afghans et l’ANA. Elle aura également permis d’évoluer dans un environnement interallié au contact d’unités US et en particulier d’ETT rattachés à la 3e Brigade avec lesquels nous avons pu travailler en étroite collaboration, échanger nos points de vue et expériences et lier des liens de fraternité d’armes. Enfin, évoluer au sein d’un GTIA regroupant près de 700 aux modes opératoires choisis personnes et ainsi appréhenpar la Task Force, en rendant der un espace de bataille incompte au commandement tégrant toutes les composantes français de la progression tant de la mêlée, des appuis et des positions des forces sol/sol, mais aussi air/sol, afghanes permettant ainsi une dans une zone d’action des vision précise du dispositif ami plus actives d’Afghanistan et et, en temps réel, de l’avancée d’être plongé au cœur du médes troupes afghanes. En ef- tier des armes pendant plus de fet, les modes opératoires de 6 mois demeure une aventure l’armée nationale afghane, en unique. "essaim", sont très proches de le terrain ; garantir la compréhension des intentions et faciliter la manœuvre. De plus, il est en liaison permanente avec le commandement français afin de coordonner et d’assurer la déconfliction entre les appuis français, US et afghans nécessaires à la manœuvre. Par ailleurs, il est aussi une force de proposition auprès des ETT pour ajuster la manœuvre aux exigences et
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Kapisa
Carnets d'OPEX (suite)
Par le capitaine Grégory Garbin, officier communication du GTIA Kapisa
Mars Février Sans que cela constitue une vraie surprise, on a enregistré, ce mois-ci, une reprise significative des activités insurgées à Kaboul et sa proche région, comme dans une grande partie du pays. En Kapisa, il semble toutefois que les efforts que nous avons déployés depuis notre arrivée portent leurs fruits. Ce regain d’activité n’aura donc pas constitué une gêne trop importante pour la task force Tiger. Les reconnaissances de crêtes remportent ainsi un vif succès. À travers la conduite des patrouilles quotidiennes, la spécificité montagne est sans cesse entretenue et valorisée. Tout d’abord, elles confirment aux yeux des insurgés qui en douteraient encore que les alpins peuvent aller partout. Ces activités en milieu escarpé contribuent ensuite à rassurer la population locale, si reculés puissent être les lieux où elle vit. Cette dernière, souvent étonnée de rencontrer des soldats de la coalition dans des zones habituellement fréquentées par les seuls autochtones (pour toutes sortes d’activités…) réalise très concrètement qu’aucune portion de territoire n’est négligée dans notre mission de sécurisation de la province. Enfin, dernier bénéfice -et non des moindres, notamment avec 40 kilos sur le dos- la satisfaction d’avoir atteint un sommet génère toujours cette puissante satisfaction, celle-là même qui nous unit tous au sein de la communauté des soldats de montagne. L’objectif "Sud Kapisa" est maintenant devenu une réalité. Le sud de la province est à présent une destination régulière pour nos missions. À l’occasion de la reconnaissance qui a rallié Nijrab à Tora, plusieurs vallées ont été identifiées comme autant de centres d’intérêt porteurs. Un subtil cocktail est alors mis en place. L’organisation d’actions civilo-militaires dans ces zones tout en permettant d’établir des contacts sous un jour résolument positif est parallèlement l’occasion de faire au passage une petite démonstration des moyens dont nous disposons. Juste ce qu’il faut pour rassurer les uns… et tant pis pour les autres… Dans le domaine technique, le premier VAB "TOP" est arrivé cette semaine à Nijrab. Le VAB "TOP" est un VAB "classique" équipé d’une tourelle téléopérée qui permet l’utilisation de l’arme de bord tout en restant à l’abri du véhicule blindé et offre une précision de tir accrue grâce à la présence d’optiques dernier cri. À Nijrab, côté vie courante, la semaine aura été marquée par l’ouverture - avec le concours de nos camarades américains, il est vrai - de la toute nouvelle salle de fitness, abondamment pourvue en appareils de cardiotraining. Un complément unanimement apprécié par tous ceux qui, tout en savourant les joies quotidiennes du port des effets balistiques, n’en gardent pas moins le souci d’une pratique sportive plus ludique ! Enfin, d’opération en patrouille, le mandat a atteint, et même dépassé pour certains, la moitié de sa durée. Mais ici, personne ne s’y trompe : il reste encore bien des choses à accomplir en Kapisa avant de penser à des choses plus légères.
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La task force Tiger a organisé une opération sans précédent dans une vallée connue pour être un véritable sanctuaire insurgé. Conjointement avec l’armée afghane et avec l’appui des aéronefs américains, le bataillon s’est ainsi engagé dans la vallée d’Alasay. Après l’héliportage des sections de la "4" sur les crêtes, la "2" et l’armée afghane ont commencé leur progression dans la vallée, avec toute la sérénité qu’offre la garantie d’une chaîne logistique sans faille savamment orchestrée par la CCL. Dès l’aube, la task force s’est heurtée à une farouche résistance qui ne se calmera qu’à la tombée du jour. Les combats ont été rudes, mais la détermination des chasseurs -alliée à toute leur science du combat en montagne- l’a emporté sur l’opiniâtreté d’un adversaire évoluant sur un terrain qu’il connaît pourtant bien. Au final, le bilan s’avère positif : la principale "ville" de la vallée a été atteinte permettant l’édification d’une nouvelle base de l’armée afghane. Notons, dans ce domaine, les miracles d’efficacité réalisés par le détachement du 2e REG. Cette implantation vient du reste concrétiser les progrès réalisés chaque jour dans le rétablissement d’un État de droit en Afghanistan. De même, ce sont plusieurs dizaines d’insurgés et leur armement qui ont été définitivement neutralisés par l’action de la coalition. Enfin, c’est un coup terrible qui a été symboliquement porté à l’insurrection qui croyait jusqu’à présent pouvoir évoluer en toute impunité dans cette zone. En revanche, nous déplorons la perte de l’un des nôtres, fauché en pleine bataille. Nous honorons sa mémoire tout en continuant notre mission en Kapisa. Après cette phase coercitive, il importe de ne pas négliger la population. C’est chose faite avec la conduite d’une première distribution de biens humanitaires à son profit. Outre le bénéfice matériel immédiat que les habitants de la vallée en retirent, cela permet simultanément d’illustrer toute la réalité de notre action qui se veut avant tout dédiée à la mise en place d’un environnement favorable à leur prospérité. Tous les objectifs initialement fixés ayant été atteints. Cela a généré une réelle dynamique vis-à-vis de nos camarades militaires afghans. Et c’est notamment là que réside l’une des plus values les plus symboliques de cette opération ! Plus concrètement encore, le fait d’avoir implanté, en un temps record, une nouvelle FOB à proximité du bourg d’Alasay aura également permis la construction d’une seconde FOB, plus en aval. Au résultat, la task force Tiger peut à présent s’enorgueillir d’avoir très activement concouru à établir dans cette vallée un dispositif permanent qui sera la pierre angulaire du retour de la sécurité dans cette zone. La population locale ne s’y trompe d’ailleurs pas. Un peu timorée lors de nos premiers contacts, elle a désormais pris conscience de la nouvelle donne que la task force vient d’établir. Aussi, au-delà de l’aide matérielle que nous lui apportons maintenant régulièrement, nous n’oublions jamais de la responsabiliser quant au rôle actif qu’il lui appartient de jouer dans l’ébauche d’un futur plus prometteur.
Avril Le printemps afghan déverse ses caprices météorologiques sur nos FOB comme sur le reste de la province. Conséquence immédiate, la végétation, déjà précoce, n’en finit pas de se développer, presque à vue d’œil, tant il est vrai que toute cette humidité se conjugue avec de fortes chaleurs sitôt les nuages dispersés. Parallèlement, orages, pluie et même parfois grêle continuent à nous offrir toute une gamme de nouvelles contraintes avec lesquelles nous devons composer dans la conduite de nos activités, en tenant compte entre autres de l’état des pistes que nous devons utiliser. Les opérations sont toujours conduites selon un rythme à présent bien établi, mêlant systématiquement et judicieusement aspect coercitif et actions vers la population. Pour autant, il est encore parfois nécessaire de lui préciser que rien ne se fera sans la participation active des afghans, tant il est vrai que nous ne saurions nous substituer utilement à un investissement personnel des intéressés. Profitant toujours de la dynamique découlant de son succès militaire dans cette zone, la task force Tiger, qui circule désormais sans encombre jusqu’au fond de la vallée d’Alasay, a commencé à explorer les premières vallées adjacentes. À l’occasion de la nouvelle opération de la task force, nous avons pu, tout en continuant notre mission de sécurisation, aller à la rencontre de populations qui, de fait, manifestent inévitablement un certain étonnement à notre arrivée. Il est vrai que même si le téléphone portable -complété par le bouche-à-oreille- est un moyen de communication particulièrement efficace en Afghanistan, il y a une différence notable entre avoir entendu parler des Français et les voir pour de bon ! Pour autant, la vigilance reste plus que jamais de mise. Nous sommes en effet tout à fait conscients qu’il n’est pas question ici de s’endormir sur nos lauriers. Trois exemples le confirment. Tout d’abord, la dernière mise au jour d’une cache d’armes, si elle n’est pas originale en elle-même, constitue une nouveauté de par la nature de l’armement saisi. Pour la première fois depuis que nous œuvrons dans la province, nous avons pu saisir de l’armement lourd. Fait significatif qui vient simultanément réduire les capacités offensives de l’adversaire tout en lui infligeant un revers psychologique supplémentaire. C’est ensuite la découverte d’un IED à l’occasion d’une patrouille qui s’avère riche d’enseignements. D’une part, cela nous conforte dans le choix fait -et maintenu depuis- d’exercer une vigilance permanente et une rigueur quotidienne dans la conduite des opérations. Alors qu’il serait tentant de céder à la facilité, nous avons préféré répéter encore et encore des procédures qui, si lourdes puissentelles paraître, n’en continuent pas moins de préserver nos vies. D’autre part, cela confirme aussi que le danger -quelle qu’en soit la forme- est toujours présent en Kapisa. Nous avons pleinement conscience de cet état de fait et continuons donc à évoluer en conséquence. Enfin, la reconnaissance d’une nouvelle vallée vient matérialiser nos progrès sur le terrain dans le cadre de notre mission de sécurisation. Nous avançons sereinement vers le sud de la province à la rencontre des populations qui seront les premières bénéficiaires de la stabilité que nous ne manquons pas d’y apporter.
Mai Nous avons fait l'objet d'attaques plus rapprochées dans le temps que d'ordinaire. Il s’avère donc évident que nos postes dérangent de par la pertinence de leur implantation géographique tout autant que nos différentes missions continuent à perturber les plans de l’ennemi. Pour autant, ces attaques n’ont pas généré de gros dommages. Ce bilan positif ne tient pas du simple hasard et s’analyse davantage en un "retour sur investissement" de notre politique quotidienne de vigilance. Cela étant, pour faire face à cette évolution de la situation, la task force Tiger a décidé de remettre en place un dispositif quasi permanent destiné à dissuader toute velléité de reconquête. Ainsi, la "4" puis la "2" se sont succédées sur des sites que ces deux compagnies connaissent bien pour les avoir occupés pendant plusieurs jours déjà lors de la bataille d’Alasay puis lors de la phase de consolidation qui a suivi. Cette décision de redéployer nos forces de manière visible s’avère payante puisque, depuis, l’activité insurgée est en très nette perte de vitesse et ne se manifeste à présent que de manière sporadique. En outre, notre réaction rapide aura démontré que nous sommes plus que jamais capables d’intervenir en tous lieux et en tout temps en Kapisa et que notre volonté de soutenir l’armée afghane demeure inébranlable. Parallèlement aux activités opérationnelles qui conservent leur rythme, les préparatifs relatifs à notre départ vont bon train, tant les formalités à accomplir en vue de notre retour abondent ! Cette fin de mandat nous commande donc d’être capables de mener de front trois activités : - l’acheminement des personnels et des matériels qui nécessite un sens de l’anticipation, de la rigueur, et de la coordination particulièrement affûtée. - l’arrivée échelonnée de nos camarades du 3e RIMa qui impose de savoir conjuguer qualité de l’accueil et efficacité dans la transmission des consignes. - notre mission ici n’étant pas terminée, il nous faut, tout en passant progressivement la main à nos successeurs, continuer à affirmer notre détermination aux yeux des insurgés comme de la population locale pour qui notre relève est au mieux source d’indifférence, au pire un moment de vulnérabilité. Fin juin : épilogue Au terme d’une phase de relève étalée sur plusieurs semaines durant lesquelles toutes les activités ont continué à être conduites normalement, toute la task force Tiger est à présent rentrée en France. Au-delà de l’évidence qui amène à faire coïncider le retour avec les bilans, cette mission exceptionnelle débouche sur deux missions concomitantes, mais bien différentes. D’une part, il nous appartient de partager chacun des enseignements que nous tirons avec nos camarades des troupes de montagne et plus généralement de l’armée de Terre. En effet, que ceux-ci s’apprêtent à partir prochainement sur ce théâtre ou qu’ils aient en charge l’évolution des doctrines et des matériels, tous se nourriront utilement de nos témoignages. D’autre part, il nous appartient de négocier un retour à la "normalité" française de manière sereine et adaptée. L‘esprit de la task force Tiger transcendera sans peine sa dissolution officielle qui sera prononcée au début du mois de juillet par le ministre de la Défense.
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Para Bellum
prépa ops du "13"
Par le lieutenant-colonel Quentin Bourgeois, chef BOI du 13e BCA
"L
a guerre reste un art où la chance a incontestablement guerre spécifiques, dites de sa part, mais le succès d’une opération tient d’abord "contre-insurrection" (COIN). au talent et aux compétences de ceux qui la conçoivent et la conduisent, ces 2 qualités ne s’obtenant qu’au prix d’un Des objectifs majeurs ne entraînement acharné". devant souffrir d'aucuns Colonel Le Nen, chef de corps du 27e BCA et du GTIA amateurisme. KAPISA Le 13e BCA s’est donc engagé dans le parcours de mise en Terre magazine, n° 205, juin 2009, page 43.
L’année 2009 restera dans les annales comme une année phare dans l’histoire de la préparation opérationnelle et la mise en condition pour la projection du 13e BCA. Jamais dans l’histoire contemporaine du bataillon de Savoie, autant de moyens n’avaient été
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concédés pour répondre aux ambitions de l’engagement qui l’attend sur le théâtre afghan à partir de l’hiver prochain : il ne s’agit plus en effet de se préparer à une opération de maintien de la paix ou de simple présence, mais bien à conduire des opérations de
condition pour la projection dans la vallée de la Kapisa, Afghanistan, en relève de la 9e BLBIMa dès décembre 2008 soit bien en amont de son objectif. Le processus de montée en puissance élaboré en liaison avec l’état-major de la
27e BIM s’inscrivait dans la durée et visait à amener les capacités opérationnelles des personnels et unités du bataillon au plus haut niveau. Bénéficiant en permanence live in real time des enseignements tirés des opérations menées sur le théâtre par le 8e RPIMa puis le 27e BCA, un certain nombre de compétences critiques ont été identifiées pour devenir des objectifs majeurs ne devant souffrir d'aucuns amateurisme : c’est pourquoi tous les efforts du bataillon ont d’emblée été portés sur les capacités à : -a bsorber un dénivelé important avec charge lourde, - le tir de combat (qui a laissé bien entendu une part très large à l’ISTC), - l e sauvetage de combat, - l es savoir-faire tactiques des petits échelons. Ces objectifs, atteints ou en passe d’être atteints à l’heure où ces lignes sont écrites, l’ont été à l’aune d’un parcours qui se voulait le plus cohérent possible, émaillé par des temps forts : La manœuvre de tir en mon-
tagne Cerces puis le contrôle opérationnel Antares de l’étatmajor tactique (EMT) ont ouvert le bal en décembre dernier. Antares, conduit dans la vallée de l’Ubaye à partir de Barcelonnette, a confirmé la capacité du bataillon à concevoir et conduire des opérations de contre insurrection en milieu montagneux hivernal.
crant deux semaines au volet manœuvre interarmes. Ce rendez-vous majeur aura semblet-il marqué les esprits en raison, d’une part du volume engagé, mais aussi parce que les sous-groupements y ont obtenu de très bons résultats, validant du même coup les efforts et les choix faits durant l’hiver : s'entraîner au combat en montagne, c’est faire le De janvier à mars, l’effort s’est choix de s'entraîner dans un naturellement porté sur l'en- milieu qui, portant très haut traînement hivernal des unités. le niveau d’exigence, pousse Technique et physique, tel qu’il chacun à donner le meilleur est couramment conduit par de soi-même et donne tout les unités de la 27e brigade son sens à la formule consad’infanterie de montagne crée "entraînement difficile, (27e BIM), cet entraînement guerre facile". a été très logiquement suivi d’une séquence majeure dé- Le cycle de préparation et diée au combat et au tir dans de mise en condition pour la le milieu, conduite par l’en- mission en Kapisa ne s’arsemble des compagnies à par- rête pas là. Ses forces retir des postes de montagne du constituées par la mission de Briançonnais et du massif des contrôle et d’assistance des Cerces. matériels (MICAM) de juin, puis par des permissions atLes fondamentaux alpins af- tendues pour les hommes, le fermis dans les corps et les bataillon reprendra l’ouvrage âmes, le bataillon s’est consa- dès la rentrée, ayant au pascré au tir et à une première sage pris soin d’entretenir ses étape de mise en condition fondamentaux en montagne spécifique pour l’Afghanistan estivale, consolidant ainsi l'enau camp du Valdahon. Béné- traînement foncier nécessaire ficiant pour cela de dotations pour l’engagement en Kapisa. en munitions exceptionnelles Septembre sera en effet l’ocet du renforcement d’interve- casion pour le bataillon de nants spécialisés, il a entraîné relancer le processus de mise derrière lui un volume impor- en condition pour la projection tant d’unités ou d’individuels et de procéder aux derniers identifiés pour renforcer ce qui réglages jusqu’en octobre : doit constituer le groupement camp appuis, stages d’anglais tactique (GT) Kapisa 13e BCA : opérationnel, formations VAC, transmetteurs, cavaliers, sa- semaine de mise en condition peurs, personnels du corps pour la projection avec l’enmédical, maintenanciers et lo- semble des personnels donnés gisticiens de tous horizons ont en renfort, entre autres, laispu acquérir les compétences seront peu de répit aux comexigées par le commande- pagnies. Enfin, un exercice ment avant tout engagement majeur de validation avant sur le théâtre afghan. projection (VAP) organisé dans le Briançonnais tout moyens S'entraîner au combat en réunis sera l’occasion de faire montagne, c'est faire le la synthèse d’une année de choix de s'entraîner dans préparation pour le moins un milieu qui pousse cha- remplie. Le bataillon, "calme cun à donner le meilleur de et droit" s’efforcera de délui-même. montrer qu’il a en effet atteint Enfin, la rotation au centre le niveau d’excellence que les d'entraînement tactique au armées peuvent exiger de lui. combat (CENTAC), qui a regroupé quasiment l’intégralité du GT Kapisa 13, a complété de façon logique et pertinente le cycle de préparation opérationnelle spécifique en consa-
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Opération Boali Par le capitaine Hans Briend, commandant la 4e compagnie de combat du 7e BCA
D
u 1er février au 10 juillet 2009, la 4e compagnie de combat du capitaine Briend a quitté le sol français pour le camp de M' Poko de Bangui, capitale de la République centrafricaine. Relevant la CEA du 110e régiment d’infanterie, elle a constitué la compagnie d’infanterie du détachement Boali armé par l’état-major de la 27e BIM. L’opération Boali se déroule en RCA depuis 2003, date du dernier coup d’État.
ments rebelles, qui se cantonnent pour l’essentiel dans le nord et l’est du pays. Dans ces régions, le retour à la paix est favorisé par la présence d’une force africaine, constituée de contingents tchadiens, camerounais, gabonais et congolais (Brazzaville) : la force multinationale d’Afrique Centrale (FOMAC), bras armé de la communauté économique des états d’Afrique Centrale (CEEAC). Si ces contingents sont déployés en brousse, ceux-ci possèdent
toire commune avec la Cen- curiser l’évacuation de ressortrafrique, depuis la fin du XIXe tissants en cas de crise. siècle. Dans l’ensemble, les populations locales sont favo- Quatre activités principales rables à la présence de troupes Le programme bien rodé françaises dans la zone, no- (Boali en est à son 20e mantamment en raison de la sta- dat dont cinq assurés par les bilité qu’elle troupes de procure au montagne) Deux missions principays, mais est composé pales : l’instruction aux également de de quatre acson impact forces militaires afritivités princinon négli- caines, l’évacuation de pales : l’insgeable sur le ressortissants. truction des commerce loforces africal. L’accueil caines par le est plutôt chaleureux. Jouant biais de DIO, les patrouilles un rôle très important dans le dans Bangui, les tournées de dispositif, le service médical province (TP), la défense du contribue aussi à l’intégration camp de M' Poko. du détachement parmi la po- Les DIO sont des périodes pulation grâce à l’aide médi- d’instruction au profit de la cale aux personnes défavori- FOMAC essentiellement, mais sées à Bangui, mais aussi lors aussi parfois au profit des des tournées de province et FACA. Ils rythment le plus clair aux soins prodigués au profit du temps des compagnies d’indes personnels civils de recru- fanterie en RCA et valorisent tement local.
Deux missions principales La mission du détachement s’est inscrite dans le contexte du processus RECAMP (renforcement des capacités africaines au maintien de la paix). Il s’agit d’assurer au quotidien le soutien de la FOMAC et d’être en mesure de contrôler la zone aéroportuaire. La mission première de la compagnie a donc consisté à effectuer des "DIO" (détachement d’instruction opérationnelle) au profit des quatre Une situation calme également une base arrière contingents de la FOMAC qui La situation de la République colocalisée avec le détache- séjournent alternativement centrafricaine est aujourd’hui ment français dans le camp de d’une à deux semaines à Banassez stable, à l’image de sa M' Poko à proximité de l’aéro- gui entre deux périodes en capitale, Bangui. Le gouver- port de Bangui. brousse. La seconde mission nement du président François de la compagnie a consisté Bozize doit cependant toujours Une population accueillante à être en mesure de contrôler faire face à plusieurs mouve- La France a une longue his- l’aéroport de Bangui et de sé42
la présence des troupes fran- mandat. Trois sections auront çaises sur ce théâtre. Chaque également bénéficié d’un sépériode de DIO dure une à jour au Gabon au 6e bataillon deux semaines. Les sections d’infanterie de Marine au de la compagnie se succèdent cours duquel elles auront pu jour après jour et dispensent effectuer des tirs plus variés des instrucqu’en RCA tions simples et bénéficier du type pardes instalDes rencontres marcours naturel, lations du quantes… entretien de CAOM. l’armement et La sécurisades véhicules, tion du camp conduite automobile, check- de M' Poko est une tache points, réaction à l’embus- certes ingrate pour ceux qui la cade, escorte de convois. remplissent, mais c’est elle qui Les patrouilles dans Bangui garantit la sûreté et la crédibipermettent d’afficher, même lité de la force. Durant le manavec discrétion, la présence dat, la compagnie a fait face française et surtout de maîtri- à trois tentatives d’intrusions, ser parfaitement la géogra- toutes déjouées par la rigueur phie de la ville, ses points clefs, des Chasseurs dans la réalisales axes de circulation, les "iti- tion de leur mission. néraires bis"… en vue d’une Au détour d’un village, la renéventuelle évacuation de res- contre et l’échange avec des sortissants. anciens tirailleurs "indigènes" Les TP quant à elles, sont des qui ont contribué à écrire cerpériodes où les sections séjour- taines pages de l’histoire de nent chacune leur tour durant France sont marquants pour quatre à cinq jours en brousse. les jeunes chasseurs. PersonLeur but est de récolter du nages extrêmement attachants renseignement d’ambiance par leur humilité et leur droidans des régions reculées du ture, marqués par les soufpays, de reconnaître les axes frances vécues, ces anciens routiers et bien entendu d’oxy- des régiments coloniaux apgéner les Chasseurs qui par là, portent enseignements, resquittent la routine de la vie à pect et émotion. C’est avec dignité qu’ils transmettent leurs M' Poko. En immersion totale et au souvenirs. Malgré le poids contact des populations, des ans, leur attachement à la chaque section aura effectué France et à l’armée française trois TP durant l’ensemble du reste intact.
pour les plus jeunes, d’une très bonne première expérience de la projection et de l’Afrique en particulier. Les tournées de province, notamment, auront permis de découvrir la véritable Afrique, sa population et ses modes de vie. Elles auront en outre fait travailler certains dans leur spécialité à l’image des radiographistes section, garants de la liaison et donc de la poursuite de la mission. Il convient enfin de mettre en évidence l’instruction et l’entraînement effectués durant ces cinq mois en RCA que nous n’aurions sans nul doute pas pu réaliser dans le tumulte de la vie au quartier. La remise en condition -des matériels et du personnel- ultime phase de la mission, a débuté dès leur retour, avant les départs en permissions bien méritées pour des chasseurs ayant servi Un bilan positif Au bilan, la mission conduite avec rigueur et bonne humeur par la 4e compagnie aura, il est sans jamais renoncer à leur vrai, été un peu longue et ré- devoir de solidité. pétitive. Il ne serait cependant pas juste de se limiter à cette conclusion. En effet, il s’agira 43 Continuer à se préparer pour les engagements de demain Le déroulement de la mission, les infrastructures dont le détachement disposait, mais surtout la situation sécuritaire dans Bangui, ont permis à la compagnie à effectif complet de réaliser l’instruction et l’entraînement en vue des engagements futurs. Sport, natation, combat en zone urbaine, secourisme, tir, qualification VAB, instructions techniques sur l’armement collectif (en particulier le mortier de 81 mm) en dotation à la compagnie, sont autant d’activités qui auront fait le quotidien de l’unité. La compagnie aura ainsi réalisé un véritable travail de fond, souvent difficile à effectuer au quartier.
L'ERIAC
en Martinique
Par le capitaine Marc Guivarc'h, commandant l'ERIAC du 4e RCh
A
près avoir sillonné jour et nuit les pistes en latérite de Côte d'Ivoire avec ses véhicules blindés légers (VBL) en 2007, mené des investigations difficiles dans les reliefs hostiles d'Afghanistan en 2008, l'escadron de reconnaissance et d'intervention antichar du 4e régiment de chasseurs a été désigné pour partir en mission courte durée en Martinique pour armer la 2e compagnie PROTERRE du 33e régiment d'infanterie de marine du 18 janvier au 30 mai 2009. En laissant derrière eux leurs postes MILAN, leurs VBL, leurs montagnes enneigées des Alpes du Sud et la moitié du personnel en base arrière, les chasseurs de Clermont-Prince se sont retrouvés bien isolés sur ce petit bout de terre entouré d'eau au milieu des Antilles. Après une rapide méthode de raisonnement tactique sur les capacités que pouvaient offrir cette région aux alpins, notre dévolu s'est naturellement porté sur les hauts reliefs de la montagne Pelée, des pitons du Carbet et du rocher Leclerc situé au François. La première semaine du mois de mars a donc été un des temps forts du mandat, car
il a permis aux chasseurs de l’ERIAC de confirmer le brevet d'alpinisme militaire sur la montagne Pelée (1395 m). Après une marche de 13 km sous un déluge de pluie, 1300 m de dénivelé positif et 4 h 30 d’effort, les sections ont été récupérées en hélicoptère pour regagner le quartier sur le Morne DESAIX. Les quinze minutes de vol en PUMA nous ont ensuite permis de découvrir ce département sous un autre angle. Le deuxième temps fort de ce mandat a été marqué par le passage des deux sections au centre d’aguerrissement de l’outre mer et de l’étranger - Antilles (CAOME-A). Ce stage a été l’occasion pour les chasseurs d’apprendre à vivre et à combattre dans un autre milieu hostile (la forêt équatoriale) et de repousser un peu plus loin leurs limites morales et physiques à travers les nombreuses pistes d’audaces et parcours en mer ou en mangrove. Enfin profitant d’une liaison maritime du BATRAL Francis Garnier (navire de la marine nationale conçu pour les opérations amphibies) sur l’île de Saint Martin, la compagnie a pu effectuer un raid de quatre jours en Guadeloupe après
Le mandat en quelques chiffres : - 52 jours de service - 8500 cartouches de 5,56 mm pour valider 55 tireurs ISTC Module Bravo - 2 exercices par section avec PUMA - 1 projection de la compagnie en BATRAL pour se rendre en Guadeloupe - 1 projection par CASA pour effectuer une mission de souveraineté sur l’île de Marie-Galante - 35 jours de grèves - 40 °C d'amplitude thermique entre Gap et Fort-de-France - 2 sommets réalisés : La montagne Pelée et la Soufrière 44
avoir effectué un débarquement amphibie au nord de l’île. Ce raid s’est tout naturellement achevé par l’ascension de la Soufrière (1463 m), premier sommet des Antilles françaises. Les quatre mois et demi de l’ERIAC en Martinique ont
été ternis par les trente-cinq jours de grève qui ont secoué sévèrement ce département. Les éclaireurs antichars sont aujourd’hui heureux d’avoir retrouvé leurs marmottes du Champsaur et leur cher DX143 (simulateur de tir MILAN) "À l'aise partout !"
Choke point
à Canjuers
Par le lieutenant-colonel Xavier Renard, chef BOI du 93e RAM
3
h du matin local. Bleu 15 s’apprête à quitter la FOB de Tagab. Mission : s’emparer d’une crête surplombant la vallée d’Alasay. L’équipement pèse lourd : gilets de protection, munitions, sac de combat et tout l’équipement spécifique d’un observateur d’artillerie. La tension est réelle. Dans l’après-midi, 3 obus sont tombés à proximité de la FOB et un à l’intérieur. Heureusement, les dégâts ne sont que matériels. Toute l’équipe de Bleu 15 a conscience que l’opération qui va se dérouler à vue directe plus bas dans la vallée dépend beaucoup de la réussite de leur mission. À 5 h après 300 mètres d’ascension, l’équipe est en place et les premières lueurs du jour commencent à poindre. Malgré la toponymie calquée sur la Kapisa, nous ne sommes pas en Afghanistan, mais sur le plateau de Canjuers. L’objectif du 93e RAM est de préparer les artilleurs aux missions qu’ils devront mener dans les mois à venir au "royaume de l’insolence" dans des conditions très proches de la réalité. Conformément aux directives du CFT, il s’agit de préparer la guerre, celle de la contre insurrection en Afghanistan. Un principe unique a donc guidé la conduite de l'entraînement : intégrer tout le spectre des missions réellement menées par les artilleurs de montagne sur le théâtre afghan. Le bilan de l’exercice est exceptionnel et dépasse les objectifs fixés initialement. S’appuyant sur l’expérience acquise par de nombreux cadres du 93 sur le théâtre afghan et sur les retours d’expérience des
TOC s’est avérée essentielle, car elle a contribué à donner l’ambiance interarmes et multinationale de l’exercice. La mise en place d’une FORAD, forte d’une vingtaine de soldats ayant déjà une expérience du théâtre, a sans aucun doute apporté une remarquable plus value. Outre la création d’une ambiance d’insécurité, la FORAD a surtout eu un rôle pédagogique. Chaque incident a en effet été évalué, débriefé à chaud puis rejoué. Point d’orgue de l’exercice, l’opération Stars Night a débuté à 18 h locale lors du battle update briefing journalier. La mission consistait à appuyer la reconnaissance de Rouge et de Bleu dans la région de Jurasti (Grand Plan). Après la rédaction des ordres, les sections ont débuté leurs mouvements dans l’obscurité totale. Les positions occupées en pleine nuit étaient équipées dans la journée au cours de missions de reconnaissance. Les tirs et les mouvements de sauvegarde se sont enchaînés toute la nuit et une partie de la matinée. Rompant avec les procédés habituels d’entraînement, le régiment "de roc et de feu" est pleinement tourné vers ses engagements à court et moyen termes : le combat de contrerébellion. Nul doute que le personnel qui sera à nouveau engagé en Afghanistan à l’hiver 2009 aura déjà connu avec deux mortiers en batte- soit en défense de la FOB à un avant-goût de ce théâtre rie, les autres sections rayon- partir de positions embossées, marqué par les contraintes de opérationnel naient à partir de la FOB pour soit en force de réaction ra- l’engagement remplir leurs missions d’appui pide pour appuyer des unités permanent. feux, mais aussi de reconnais- au contact, soit lors d’opérasance d’axes en véhicules, de tions planifiées. L’animation reconnaissance d’itinéraires du réseau infanterie par le
deux SAM engagées au sein du GTIA Kapisa, l’exercice "Choke point" a permis de mettre en œuvre l’ensemble des savoir-faire artillerie et des savoir-faire particuliers liés à l’engagement sur le théâtre. Rompant avec les schémas classiques d’une manœuvre conventionnelle ou légèrement asymétrique, l’exercice a recréé précisément les conditions d’emploi du théâtre afghan. Organisé autour de deux détachements de liaison et de commandement l’un à trois sections de mortier à deux pièces et l’autre à une section TRF1 à trois pièces et une section CAESAR à quatre pièces, le groupement tactique d’artillerie sous le commandement d’un centre opérationnel de GTA a vécu quinze jours dans la FOB de Guent. Alors qu’une section était chargée de la protection et de la défense de la base jour et nuit
à pieds, de contrôle de zone ou pour réaliser des procédés particuliers comme l’escorte de convoi ou la mise en œuvre de check point. La règle fondamentale de fonctionnement était intangible : toute activité sans exception était réalisée dans un contexte opérationnel. Évoluant en multinational, les procédures OTAN et l’anglais opérationnel ont été imposés à tous. Le cadre d’emploi et les structures étant définis, l’opération a débuté. Les missions se sont enchaînées jour et nuit. Les chefs de section de tir ont découvert l’immense variété des missions, passant de l’appui feux à la reconnaissance d’itinéraire, détruisant sur un champ de tirs aux armes légères un groupe ACM repéré ou réalisant des demandes de tirs artillerie à partir d’un point haut rejoint à pied. Les moyens feux ont été employés
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Glossaire ANA : Afghan National Army : armée nationale afghane. AOR : Aera of responsability, zone de responsabilité. ART : Artillerie. BSTAT : Brevet de Spécialiste Technicien de l'armée de Terre. CAOM : Centre d'aguerrissement de l'outre mer. CAS : Close Air Support, appui aérien rapproché. CDC : Chef de corps. CDU : Commandant d'unité. CEEAC : C ommunauté économique des états d'Afrique centrale. CENTAC : Centre d'entraînement tactique. CFIM : Centre de Formation Initiale Militaire. CIMIC : Civil military cooperation, coopération civilo-militaire. CO : Centre des opérations. COIN : Contre insurrection. COP : Avant poste de l'armée nationale afghane. COY : Company, compagnie. CTA : Contrôleur tactique aérien. DGA : Délégation générale pour l'armement. DHY : désignateur laser. DIA : Détachement Interarmes. DLRG : Détachement de liaison du régiment de génie. EDA : Economat des armées. EMT : État-major Tactique. EO : Equipe d'observation. EOD : Équipe Opérationnelle de Déminage. ERIAC : Escadron de Renseignement et d'Intervention antichars. ETT : E mbedded Training Team, équipe d'entraînement tactique. FAC : Forward Air Controller, contrôleur aérien avancé. FACA : Force armée centre africaine. FOB : F orward Operating Base, base opérationnelle avancée, en général, un carré protégé de 100x100 mètres. FOMAC : Force multinationale d'Afrique centrale. FORAD : Force adverse. GCM : Groupement Commando Montagne. GTIA : Groupement tactique interarmes. HEAT : H uman Environnement Action Team, équipe d'action sur l'environnement humain. HIG : Parti islamique de Gulbuddin Hekmatyar. HUMINT : Human Intelligence, renseignement humain. IED : I mprovised Explosive Device, engin explosif improvisé (EEI). IO : Opérations d'information. ISAF : I nternational security assistance force, force d'assistance et de sécurité internationale. 46
ISTC : Instruction au Tir de Combat. JFO : Joint Fire Observer. JTAC : Joint Terminal Air Controller, contrôleur aérien avancé interarmes. mcd : Mission de Courte Durée. MCO : Mise en Condition Opérationnelle. MCP : Mise en condition avant projection en mission extérieure. MEDO : Méthode d'élaboration à la décision opérationnelle. MICAM : Mission de contrôle et d'assistance des matériels. MPG : Moyen polyvalent du génie. NBC : Nucléaire Bactériologique et Chimique. OEF : Opération "Enduring Freedom". OMLT : Operational Mentoring and Liaison Team : équipe opérationnelle de liaison et de conseil. PCTAC : Poste de commandement tactique. PID : Identification Positive. PSYOPS : Opérations psychologiques. PRT : P rovincial reconstruction team, équipe de reconstruction provinciale. QRF : Quick reaction force, force de réaction rapide. RC-E : Regional command est, commandement de la région est. RECAMP : Renforcement des capacités africaine au maintient de la paix. RENS : Renseignement. RTSE : Région terre sud-est. S2 : Bureau renseignement. SAIQ : Système d'aide à l'instruction de qualité. SAM : Section appui mortier. SDTI : Système de drone tactique intérimaire. SGTIA : Sous groupement tactique interarmes. STAT : Section technique de l'armée de Terre. TACP : Tactical Air Control Party : équipe de contrôle aérien avancé. TIC : Troups in contact, troupes au contact du feu. TOC : Tactical operation center, centre des opérations tactique. VAB TOP : Véhicule de l'avant blindé à tourelleaux téléopérés. VAP : Validation avant projection. VBHM : Véhicule blindé à haute mobilité. VBL : Véhicule blindé léger. VTR : Véhicule tracteur de remorque. WIT : W eapon investigation team, équipe d'analyse technique liée aux engins explosifs improvisés. ZEF : Zone d'effort de feu.
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n décembre 1994, le colonel (H) Charles Dubois propose à l’Union des Troupes de Montagne et à l’Association des Amis du Musée la création d’une revue historique "qui ferait connaître l’histoire des troupes de montagne à ceux qui l’ignoraient et la rappellerait à ceux qui l’auraient oubliée". C’est ainsi que paraît en mars 1995, le premier numéro des Cahiers des Troupes de Montagne dans le cadre du cinquantenaire des combats de la Libération. Les articles sont signés général Le Ray, général Costa de Beauregard, lieutenant-colonel Jean-Pierre Martin… Dix ans plus tard, en janvier 2005, le général Guy Giraud, directeur des Cahiers, publie le dernier numéro de cette longue série dans lequel le colonel (H) Dubois signe un article "Là où il y a une volonté, il y a un chemin" en appelant à une renaissance, un jour ou l’autre, des Cahiers. Les Cahiers renaissent donc avec ce feuillet paraissant dans la revue "Troupes de montagne". Ils sont bien sûr modestes, mais le but défini par le colonel Dubois reste toujours le même. Il y aura bientôt 70 ans, les troupes françaises et en particulier les troupes de montagne écrivaient en Norvège une des pages les plus glorieuses de leur histoire rapidement occultée par le désastre de juin 1940. Aussi l’Union des Troupes de Montagne a souhaité, dans le cadre des manifestations devant célébrer en 2010 le 70e anniversaire de la campagne de France, rappeler le rôle joué par les troupes de montagne dans la campagne de Norvège, en tirer des enseignements pour les engagements futurs et mettre en valeur le rôle actuel de ces troupes spécialisées dans le combat en montagne et par conditions climatiques extrêmes au sein d’une coalition comme elles le prouvent actuellement en Afghanistan. Sensibiliser… Informer… Manifester… seront les maîtres mots de notre action tout au long de ce premier semestre 2010. Mais d’abord place à l’histoire avec "Norvège 1940" du lieutenant-colonel (ER) Benoit Deleuze. Général Martre Président de l’UTM
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Printemps 1940
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n pleine "drôle de guerre", alors qu’Allemands et Français se regardent de part et d'autre de la ligne Maginot, un corps expéditionnaire franco-britannique va intervenir à plus de 2500 km de la France et après le premier débarquement de la Deuxième Guerre mondiale va emporter dans le Grand Nord l'une des seules victoires de ce printemps 1940 si néfaste aux armes de la France. Comme sur les Alpes, les troupes alpines seront aussi les artisans de cette victoire.
En janvier la France et la Grande-Bretagne mettent sur pied un premier corps expéditionnaire, la Brigade de Haute Montagne (BHM) à base d'alpins pour la France, afin d'intervenir en Finlande que les Soviétiques, encore alliés des Allemands, viennent d'attaquer, mais le temps que celuici soit rassemblé le courageux petit pays a déjà été dévoré par "l'ogre russe". Cette organisation va cependant servir de base à une autre intervention. En effet, après s'être emparée du Danemark par surprise en mars, l'Allemagne envahit la Norvège le 9 avril 1940. Les Alliés décident alors de venir au secours des Norvégiens et de s'emparer du port de Narvik par lequel transite le minerai de fer suédois indispensable à l'effort de guerre allemand.
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Préparation de l'intervention : Pour "couper la route du fer" la France prévoit un "corps expéditionnaire en Scandinavie", aux ordres du général Audet formé de trois divisions légères de chasseurs (DLC), à base de troupes alpines renforcées d'éléments de Légion étrangère et d'une brigade polonaise (de montagne), ainsi que de bâtiments de transport et de combat de la Marine. Les Britanniques participeront avec moins de troupes à terre, mais plus de bateaux et surtout d'aviation. En fait une seule partie de ces troupes vont intervenir en Norvège : la Brigade de Haute Montagne (BHM), commandée par le général Béthouart le plus grand spécialiste français du combat en montagne, déjà rassemblée pour partir
Par le lieutenant-colonel (ER) Benoit Deleuze
en Finlande, plus la 13e demibrigade de Légion étrangère (DBLE) et la Brigade Polonaise. En effet une fois rassemblés, les deux autres DLC vont devoir se battre dans le Nord de la France face à l'attaque allemande de mai. Cette 1re DLC est formée de la BHM à deux demi-brigades de chasseurs alpins : la 5e de Savoie (13e, 53e et 67e BCA) et la 27e du Dauphiné (6e, 12e et 14e BCA) renforcés d'éléments de soutien et d'appui, il s'y rajoute la 13e DBLE à deux bataillons qui arrive d'Afrique du Nord et la Brigade de Chasseurs du Podhale (chasseurs de montagne polonais) à deux demi-brigades de deux bataillons chacune (5000 h environ) formée en France avec des Polonais y travaillant et des officiers res-
capés de l'envahissement de leur pays. Soit environ 17000 hommes au total. Cette organisation permet d'avoir des troupes de choc de qualité et jusqu'aux plus petits échelons des cellules de commandement spécialisées dans le combat décentralisé en montagne, mais peu d'appuis. En outre, l'équipement est d'une grande modernité, en particulier à la BHM, il a été mis au point par le capitaine Pourchier commandant l'École de Haute Montagne de Chamonix (qui est affecté à l'état-major de Béthouart). Très en avance sur tous les matériels des autres troupes de montagne il est conçu pour le combat en altitude et se trouve donc également bien adapté au climat très froid que
la campagne de Norvège le CEFS va rencontrer en Norvège du Nord. Les Alpins et la Légion sont déjà rassemblés à Belley et les Polonais à Coëtquidan, ils sont dirigés vers Brest pour embarquer vers l'Écosse (la BHM le 18 avril, la DBLE le 26 seulement) où se regroupe le corps expéditionnaire franco-britannique. Malheureusement, la logistique n'est pas à la hauteur de la qualité des hommes et des matériels, et beaucoup des équipements si bien adaptés sont mal répartis sur les bateaux et feront défaut sur le terrain (skis sur un bateau, fixations sur un autre par exemple, les vêtements chauds et imperméables ne sont pas sur les mêmes navires que les troupes de première intervention).
santes attaques aériennes détruisent la plus grande partie des matériels en cours de débarquement, privant nos forces de l'indispensable. Les difficultés de coordination s'ajoutant à ces problèmes de logistique, le commandement britannique, le 3 mai, ordonne le rembarquement en laissant derrière nous le peu d'équipement que l'on avait réussi à sauver. Cette opération ne permet pas d'obtenir un réel résultat tactique sauf à maintenir dans le centre du pays les troupes allemandes attendues plus au Nord à Narvik, particulièrement des unités de montagne. Débarquée en Écosse la 5e DBCA est prévue pour repartir renforcer les troupes de Narvik, mais elle va devoir rejoindre la France pour être Première intervention à employée dans le Nord et Namsos : sur la Somme face aux AlleLa traversée entre la Grande- mands qui ont enfoncé le gros Bretagne et la Norvège n'est de l'armée française dans les pas une croisière d'agrément, Ardennes et qui se ruent vers la car les bateaux transportant mer. Elle y retrouve la 2e DLC les troupes sont soumis à de qui revient également d'Anglepermanentes attaques mari- terre et la 3e qui n'a pas encore times et aériennes de la part quitté le territoire national, et des Allemands qui occupent se couvriront de gloire dans déjà presque tout le pays et y disposent des avions et des navires qui leur ont servi pour l'envahir. Afin de s'emparer en liaison avec l'armée norvégienne de l'important port de Trondheim, au centre de la cote Ouest de la Norvège, les Britanniques débarquent largement au sud de celui-ci et les franco-britannique au Nord, à Namsos. La 5e DBCA y est engagée et, malgré l'absence de la plupart de ses équipements, parvient à établir la liaison avec la 5e division norvégienne, mais les Anglais subissent de fortes pertes. Les violentes et inces-
une défense acharnée sur la Somme et l'Ailette.
les dix destroyers qui les ont amenés sont coulés par la marine britannique. La plupart La prise de Narvik : des équipages sont saufs et les Narvik, au nord du cercle po- 1200 marins rescapés renforlaire, est le port, débouché cent les troupes allemandes de la voie ferrée, qui permet de la garnison bloquées sur l'embarquement du minerai place et qui ne peuvent plus de fer suédois de la région de désormais compter que sur les Luela. Les 1500 Gebirgsjäger avions pour leur approvisiondu 139e régiment (autrichiens nement et leurs renforts (paraet tyroliens) y ont débarqué le chutistes et alpins). Ils dispo9 avril, commandés par géné- sent encore de solides appuis ral Dietl le grand spécialiste d'artillerie et surtout d'aviation des troupes de montagne al- d'assaut. lemandes, mais le lendemain Le 28 avril, le général britannique Mackensie, qui refuse un débarquement de vive force (les Anglais se souviennent du désastreux débarquement de Gallipoli durant la Grande Guerre), décide de débarquer très au nord les 6e et 14e BCA qui, faisant jonction avec la 6e division norvégienne, doivent encercler la ville très largement et par les sommets. Au Sud les Britanniques et le 12e BCA doivent faire de même après une mise à terre elle aussi fort loin de l'objectif. L'encerclement commence, mais le 6e BCA rencontre une très vive résistance allemande, de plus son matériel spécialisé 49
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grand froid n'ayant pas rejoint, il souffre énormément du froid et des éléments (neige, pluie), il subit de lourdes pertes par le feu ennemi, mais également par gelures (la moitié de son effectif est victime de celles-ci) et ne s'empare du sommet du Roasme qui domine la baie que le 8 mai. Au sud, l'avance est également ralentie, mais bien moins meurtrière. Le 29 avril, le général Béthouart arrive de Namsos et obtient, grâce à son opiniâtreté et à l'appui de l'amiral anglais Cork, l'autorisation d'organiser un débarquement au plus près de la ville. Celui-ci va s'exécuter en deux temps : tout d'abord la prise du port et de la presqu'île de Bjervik au Nord puis la prise de la ville elle-même et de la voie ferrée, ce qui va exiger deux débarquements successifs. La brigade polonaise, renforcée du 12e BCA attaquera à revers par le Sud. Le 13 mai Bjervik est enlevé au prix de durs combats : les 6e et 14e BCA avec les Norvégiens mènent une attaque terrestre le long du fjord au Nord tandis que la 13e DBLE débarque sur le port lui-même. Du 13 au 15, la presqu'île est nettoyée et le prochain bond se prépare. Le 28 mai la 13e DBLE s'empare de la ville et de son port par un débarquement de vive force, soutenue au Nord par les Norvégiens et le 14e BCA et au sud par les Polonais. Si Narvik tombe le jour même, il faut se battre durement encore une semaine le long de la voie ferrée qui mène en Suède. Le 6 juin, les Allemands qui se sont défendus avec acharnement au sol et dans les airs sont acculés à la frontière. Mais la France est à moitié envahie et sous la pression bri50
tannique (le général Béthouart avait déjà obtenu un sursis pour s'emparer de Narvik) les Alliés rembarquent la mort dans l'âme, laissant les Norvégiens seuls face aux Allemands qui vont mettre quelques jours à réaliser qu'il n'y a plus de troupes face à eux, et le 10 ils sont de retour à Narvik, criant victoire. Durant le retour, le torpilleur Bison ainsi que le porte-avion britannique Glorious sont coulés par la Luftwaffe entraînant la mort de nombreux marins. La 1re DLC est débarquée en Bretagne pour tenter de participer au ralentissement de la déroute, mais il est déjà trop
tard pour intervenir efficacement et une grosse partie de ses effectifs (6e BCA, 13e DBLE et une partie des Polonais et du 12e BCA) réussit à rembarquer pour l'Angleterre. Là, les destins vont diverger : les 6e et 12e BCA rentrent dans les Alpes après avoir transité par Meknès et le 21 août défilent sous les acclamations à Grenoble. En revanche, la majorité des légionnaires et une cinquantaine de chasseurs restent en Grande-Bretagne où ils vont former les premières troupes des Forces françaises libres. Les chasseurs de Narvik seront le noyau du "bataillon de Chasseurs de la
France libre", unité d'instruction qui va former les cadres des unités de la France Libre. Conclusion Cette victoire alliée, la seule de 1940 avec la bataille des Alpes, reste sans lendemain du fait de l'effondrement des autres fronts en France. Cependant, les troupes qui y ont participé restent prêtes pour la suite de la guerre, soit dans les FFL pour les légionnaires et les chasseurs de la France Libre, soit dans l'Armée d'Armistice des Alpes pour les alpins qui y fourniront l'encadrement et l'âme de la Résistance. Plus à la qualité des matériels, peu nombreux, car ils n'ont pas tous rejoint, c'est à celle des hommes qui ont combattu loin de chez eux et dans des conditions très rudes face à des soldats aux mêmes qualités qu'eux qu'il faut attribuer cette victoire. Les unités engagées, en particulier Alpins et Légionnaires, avaient un entraînement, un moral et un esprit de corps très largement au-dessus de la moyenne du reste de l'Armée française. Leur adaptabilité au combat décentralisé et dans des conditions difficiles (en montagne ou Outre Mer), leur organisation en demi-brigade avec à tous les niveaux des cadres nombreux, qualifiés et combattant au plus prés de leurs hommes furent déterminant pour ce type d'intervention. Vingt ans après la fin de la Grande Guerre, ils ont été dignes de la moisson de décorations et de fourragères que l'héroïsme de leurs pères avait value à leurs unités.
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27e brigade d'infanterie de montagne Etat-major - Cellule communication Quartier de Reyniès 38761 Varces-Allières et Risset