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La Fondation Pestalozzi

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une aide bienvenue

Pour des millions d’enfants à travers le monde, parvenir jusqu’au bâtiment de leur école est un défi chaque matin renouvelé, à cause du manque d’argent ou de nourriture, du risque d’être attaqué par un animal sauvage (comme un fauve ou un éléphant) ou encore de l’insécurité. Dans ces régions épineuses, l’école est un havre périlleux à atteindre et un espoir vite brisé.

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La moitié des enfants non scolarisés vivent dans des zones de conflit. Aux risques liés aux combats s’ajoute, surtout pour les filles, le danger de viol sur le chemin de l’école. Selon les statistiques de l’Unesco, 258 millions d’enfants et de jeunes n’étaient pas scolarisés en 2018, principalement en Afrique subsaharienne, que ce soit pour l’école primaire ou secondaire. Ces chiffres sont certainement sous-évalués, car bien souvent un enfant qui se présente en classe à la rentrée est considéré comme scolarisé durant toute l’année, même s’il n’y retourne plus au bout de quelques jours. De plus, être assis sur un banc d’école ne suffit pas pour être instruit. Bien des enseignants de par le monde ne se présentent que sporadiquement dans la salle de classe, souvent parce qu’ils ne sont plus payés depuis des mois ; les enfants, qui ont parfois marché durant des heures pour venir apprendre, se retrouvent ainsi délaissés. Or, l’école est souvent le seul espoir d’échapper au cercle de la misère et de la violence. Ne pas avoir accès à l’instruction enferme chacun dans sa situation et engendre la désespérante reproduction des inégalités économiques et sociales.

Et en Suisse ?

Mais, me direz-vous, tout ceci ne nous concerne pas, nous ne vivons pas en Afrique subsaharienne et l’accès à l’instruction est garanti dans notre pays opulent. Notre société démocratique est construite sur l’idée que « la place de chacun doit être le fruit de ses compétences, de son talent et de ses mérites, et non de sa naissance ou de ses origines. C’est ce que l’on nomme communément la méritocratie. »1 La Suisse, paradis de l’égalité des chances… Vraiment ? Malheureusement, de profondes inégalités subsistent quand on examine de près l’accès à l’instruction. Ainsi, à Zürich, 92% des élèves suivant des études gymnasiales de six ans proviendraient de familles aisées ou plutôt aisées et 8% seulement de familles plutôt défavorisées. Selon le Conseil fédéral, « le rapport 2018 sur l’éducation relève de fortes disparités dans les compétences scolaires des élèves selon leur origine sociale, et ce, dès le début de la scolarisation. »2 Mais n’y a-t-il que l’origine socio-économique de la famille qui soit source d’inégalité ? Un habitant d’une vallée reculée de montagne a-t-il le même accès à l’instruction post-obligatoire qu’un jeune d’une grande ville ?

Vivre en Anniviers et étudier en plaine

Pour les parents qui vivent en Anniviers et dont l’enfant est au cycle d’orientation, la fin de la scolarité obligatoire marque souvent un tournant qui peut apporter beaucoup de questionnements. Ma fille, mon fils devra-t-il partir en plaine pour poursuivre sa scolarité ? Vais-je devoir vivre son absence et son éloignement ? Où le loger et comment financer ces coûts? Est-il assez mûr pour sortir si tôt du cocon familial ? Vaut-il mieux qu’il effectue chaque jour les trajets, même si ses journées seront longues? Et pourquoi ne pas plutôt l’orienter vers un apprentissage dans la vallée ? Les difficultés soulevées par une poursuite de la scolarité en plaine peuvent parfois peser lourd dans le choix de l’orientation future du jeune.

Consciente que « habiter en montagne coûte, aux parents, plus cher quant aux transports, ainsi qu’aux logements »3, la Fondation Pestalozzi aide déjà financièrement plusieurs jeunes dans le val d’Anniviers. Son but est de soutenir les populations de montagne pour promouvoir l’égalité des chances, afin que le financement ne soit plus pour certains un obstacle sur le chemin de la formation. « Cette fondation est vraiment admirable pour aider les jeunes qui en ont le plus besoin. Elle ne se base pas sur les mêmes critères que les bourses cantonales, mais bien sur la situation financière de la famille. »3 Les jeunes issus de régions de montagnes suisses peuvent ainsi faire une demande de soutien pour la formation initiale et pour celles qui s’inscrivent dans son prolongement jusqu’à l’obtention du diplôme de master au degré tertiaire. La Fondation Pestalozzi « entend aider des jeunes aux moyens financiers modestes, issus de régions montagneuses ou de contrées reculées de Suisse, dans leur projet de formation ou de perfectionnement. De sa création en 1961 jusqu’à fin 2020, la Fondation a alloué au total plus de 43,2 millions de francs à 8856 jeunes. Elle apporte ainsi une contribution essentielle à la formation et au perfectionnement en Suisse. [Elle] octroie des bourses et des prêts sans intérêts à des jeunes avides d’apprendre un métier et leur ouvre les portes des écoles et universités. Elle n’octroie ces bourses et ces prêts que lorsque toutes les

Johann Heinrich Pestalozzi, éducateur et penseur suisse pionnier de la pédagogie moderne

autres sources financières sont épuisées.»4 En 2021, grâce à des dons généreux, la Fondation a soutenu 283 jeunes, dont 59 Valaisans, à hauteur de CHF 968 950.-. Comme l’explique Sina Bellwald, membre du jury du prix pour l’encouragement précoce dans les régions de montagne suisses, « je trouve important de mettre en place des mesures de promotion précoce ciblées en dehors des grands centres, et notamment dans les zones de montagne et les contrées reculées, pour que les enfants de ces régions aient les mêmes chances d’apprendre et de se développer. »

Comment demander une bourse à la Fondation Pestalozzi ?

Quatre conditions sont à remplir pour pouvoir faire la demande. Il faut avoir grandi dans une région de montagne suisse et y avoir effectué sa scolarité obligatoire ; être citoyen suisse ou étranger titulaire d’un permis C ; être âgé de moins de 30 ans au moment de la première demande et terminer sa formation avant 35 ans ; et enfin, la formation pour laquelle la bourse est demandée doit être reconnue par la Confédération (pas en école privée, sauf si une formation dans une école publique est impossible ou plus coûteuse). Le soutien financier sera refusé pour la scolarité obligatoire, pour une deuxième formation, pour une formation d’une durée de moins d’un an ou pour une année d’échange à l’étranger. Afin d’effectuer une requête de soutien financier, il faut tout d’abord faire une demande de bourse d’étude à l’Etat du Valais, attendre la décision, même si c’est long à obtenir, puis remplir le formulaire disponible sur le site www.pestalozzistiftung.ch, l’imprimer et l’envoyer par courrier postal à la correspondante locale de la région, pour le val d’Anniviers, c’est : Chantal Epiney, La Goletta 30, 3961 Grimentz. Comme l’explique le site, « les correspondants locaux bénévoles constituent la base de la Fondation Pestalozzi. Bien implantés au niveau des régions et possédant une parfaite connaissance du terrain, ils entretiennent le lien de proximité avec les régions de montagne et répondent aux besoins de formation des jeunes. Ils examinent les demandes de bourses en tenant compte des décisions des services cantonaux chargés des bourses d’études et dressent un plan de financement prenant en considération les possibilités financières des jeunes et de leurs parents. »4

La Fondation fonctionne grâce aux dons des particuliers et des entreprises. Les dons ponctuels sont bienvenus, et il est aussi possible de soutenir durablement le projet en intégrant le cercle des mécènes et en s’engageant à verser au minimum CHF 1000.- par année pour financer à long terme des bourses octroyées sur plusieurs années.

Pauline Archambault

1 www.socialchangeswitzerland.ch 2 www.parlament.ch, étude publiée en 2013 par la direction de l’instruction publique de Zürich 3 propos de Chantal Epiney, correspondante locale bénévole d’Anniviers pour la Fondation

Pestalozzi depuis plusieurs années 4 www.pestalozzi-stiftung.ch

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