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L’invité

Jean Fluck

Jean Fluck a le verbe précis, l’œil pétillant et une impressionnante mémoire des dates; résident à l’année à Grimentz, il est le troisième plus âgé du village !

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Sa première rencontre avec le val d’Anniviers eut lieu juste après la guerre, en 1945, alors qu’il avait douze ans. Il monta en car postal jusqu’à St-Luc par une route non goudronnée. A l’époque, la piste passait encore par les étroits vieux tunnels des Pontis ; les cars étaient bien plus petits qu’aujourd’hui ! St-Luc marquait la fin de la route. Pour rejoindre Chandolin, il fallait monter à pied par le chemin muletier. Jean, ses parents et son frère marchèrent jusqu’à la cabane Illhorn, puis grimpèrent le lendemain jusqu’en haut de la Bella Tola. Jean grimpa comme un chamois ! Il se souvient que St-Luc était alors un tout petit village et que toute la partie moderne de Chandolin n’existait pas encore.

Huit ans plus tard, Jean revint passer deux semaines à St-Luc à l’occasion de son école de recrue. Tous les soldats montèrent à pied depuis Noës en passant par Vercorin, chargés de leurs lourds paquetages militaires.

Dix-sept ans s’écoulèrent avant que Jean revienne dans la vallée. Il était alors enseignant à Lausanne. On était en 1970, et les touristes étaient encore peu nombreux dans la vallée ; pendant le creux de janvier, ils étaient même très rares. L’hôtel de Moiry proposait ses chambres aux écoliers venus en camp de ski, pour remplir un peu cette basse saison. C’était les débuts du développement touristique de Grimentz, et le domaine skiable était alors modestement composé d’un télésiège et de trois téléskis. A l’époque, les moniteurs de ski étaient tous des Grimentzards ; de temps à autre, il y avait juste quelqu’un d’un autre village de la vallée, et il était considéré comme un étranger ! Hors du village, il n’y avait que des granges-écuries, excepté un seul et unique chalet d’habitation. La modernisation ne commença qu’avec le développement des remontées mécaniques. Jean revint à Grimentz chaque année durant dix ans, en organisant les camps de ski pour ses élèves. Mais en 1979, la situation changea, et les touristes commencèrent à remplir même les périodes creuses de l’hiver. Il ne fut plus possible pour les écoliers de loger à l’hôtel, et ils se déplacèrent au Bouquetin, un logement pour groupes. Jean organisa des camps de ski pendant encore dix années supplémentaires, jusqu’à sa retraite. À la mi-octobre de cette année, il invita des élèves d’une ancienne classe et organisa pour eux une journée toute spéciale pour leur rassemblement annuel (auquel il est chaque fois convié, signe que ses élèves ont un bon souvenir de lui comme enseignant !). La réunion de classe débuta par un tour des ruelles du vieux village -avec un crochet par la cave bourgeoisiale-, suivi d’une raclette au feu de bois au restaurant, puis par la visite d’autres points d’intérêts après le repas.

En 1981, Jean acheta un appartement au cœur du vieux village de Grimentz. L’année suivante, il consacra tous ses weekends et ses vacances à le rénover lui-même. Puis il s’installa dans la vallée à l’année lorsqu’il prit sa retraite il y a trente-deux ans.

Le seul instituteur lausannois à avoir une vache d’Hérens

S’étant lié d’amitié avec Robert Vianin, Jean donnait chaque année un coup de main à la famille de celui-ci pour les foins. Un jour, Clément, le fils de Robert, interpella Jean : « Dis donc, il faudrait quand même que tu saches pourquoi tu fais les foins… Tu ne veux pas acheter une vache ? ». Un peu réticent au départ, Jean accepta, à condition que ce soit un veau, pour pouvoir la connaitre dès les premiers instants de sa vie. Pendant neuf ans, il vécut avec elle un lien très fort : « Elle reconnaissait ma voix et quand j’allais lui rendre visite à l’étable communautaire, elle tournait la tête tout de suite quand je saluais le vacher en arrivant. C’était une magnifique expérience. Elle était très affectueuse, mais elle aimait bien lutter. En 1999, elle a

alpé pour la première fois. Elle a combattu pendant vingt minutes contre la reine d’Urbain Kittel, et elle a bien sûr perdu. Ensuite, elle n’a plus donné un seul coup de corne pendant tout le reste de l’été ! ». Avoir une vache permit à Jean de rencontrer beaucoup d’habitants de la vallée et de déguster de bons fromages. Il en reçut dix la dernière fois que sa vache passa l’été sur l’alpe.

La création des Rencontres de chœurs d’hommes sur l’alpe

Depuis vingt ans, Jean fait partie de la chorale de Grimentz et il l’a même présidée durant quelques années. Ce n’est pas chose commune qu’un protestant vaudois soit président d’un chœur paroissial catholique en Anniviers ! Son amour pour le chant lui fit découvrir les chorales d’ici et d’ailleurs et lui donna envie d’inviter à Grimentz le Coro CAI de Novara, un chœur alpin qu’il avait entendu en Italie. Rempli d’enthousiasme, Jean forma un comité et de fil en aiguille le projet s’étoffa. JeanPierre Salamin proposa de faire venir trois chœurs en même temps et d’organiser une veillée sur l’alpage à Bendolla. Les concerts furent suivis d’une soirée chantante lors de laquelle « les chœurs se lèvent spontanément et entonnent une chanson, certains lancent un air en fond de table et sont suivis par d’autre… » On organisa une messe, puis un concert sur la place du village et une raclette à la bourgeoisie pour les chœurs. Les Rencontres de chœurs d’hommes sur l’alpe étaient nées, et cette expérience magique se poursuivit chaque dernier weekend de septembre durant vingt et un ans. Les chanteurs furent chaque fois très satisfaits de l’accueil chaleureux et authentique reçu. Le bouche à oreille aidant, il devint très facile de trouver de nouvelles chorales pour les années suivantes, si bien qu’aucun chœur convié ne refusa l’invitation. Le projet se construisit autour de rencontres personnelles, de partage de musique et d’amitiés. Malheureusement, le covid surgit et le chant s’éteignit durant deux trop longues années, marquant l’arrêt définitif des Rencontres de chœurs d’homme sur l’alpe.

Propos recueillis par Pauline Archambault

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