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GRAND ANGLE

GRAND ANGLE

Chemises, bijoux, slips et même carrés de soie : le savoir-faire français en matière de textile imprimé s’étoffe. Née à Perpignan en 2016, la jeune marque PAYOTE œuvre aujourd’hui pour rapatrier la production d’espadrilles en France. Personnalisation, innovation, automatisation de la production… Olivier Gelly, son fondateur, est sur tous les fronts. Son objectif : produire un million d’espadrilles imprimées par an, à l’horizon 2024.

Par Cécile Jarry

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TEXTILE IMPRIMÉ : PAYOTE

SAUTE LE PAS !

Tous visuels © Payote

© Les Storistes

Le saviez-vous ? Chaque année, il se vend en France près de 12 millions d’espadrilles. Mais à peine 1,5 million de paires sont effectivement fabriquées dans l’Hexagone, tandis que la concurrence chinoise en produit 9 millions. Une fatalité ? Par pour Olivier Gelly, fondateur de la marque Payote, qui s’est donné pour mission de relancer, en France, la production de la célèbre chaussure de toile. Nous sommes en 2016 lorsqu’il décide de se lancer. Pour ce natif de Perpignan, qui porte des espadrilles hiver comme été, il est inconcevable que ce savoir-faire disparaisse. « Cela fait partie de notre patrimoine », dit-il. De fait, l’histoire raconte que les fantassins espagnols du roi d’Aragon portaient déjà ce type de sandales au XIIIe siècle. Il faudra cependant attendre le XVIIIe pour qu’une véritable fabrication d’espadrilles s’organise et que la célèbre chaussure de toile gagne ses galons dans le monde entier. Yves Saint Laurent en fera même un accessoire de mode incontournable, en la dotant d’un talon. UNE BELLE HISTOIRE À PERPÉTUER Vendeur dans le prêt-à-porter, Olivier Gelly cède sa voiture pour acheter son premier stock. Son idée : créer la différence en proposant des collections personnalisées et fabriquées en France. Et c’est à Mauléon, capitale de l’espadrille, dans le Pays Basque, qu’il décide de faire fabriquer ses collections. Il choisit de travailler avec l’atelier Megam, fabricant d’espadrilles depuis plusieurs générations. Carrefour achète le premier stock, puis les commandes s’enchaînent. « Les galères aussi », tient à préciser Olivier Gelly. Mais le jeune chef d’entreprise maintient le cap. « Ce sont les années débrouille », précise-t-il. En 2017, le site web de Payote voit le jour. En 2018, la marque lance « l’espadrille qui sent bon » à base de microcapsules parfumées, développées avec un laboratoire de Montpellier. En 2019, Olivier Gelly choisit de travailler avec la toile de polyester recyclé Seaqual (créée à partir du recyclage des déchets plastiques gisant au fond des mers, ndlr) pour confectionner des espadrilles encore plus vertueuses.

© Payote « NOUS DÉVELOPPONS TOUJOURS PLUS DE COLLECTIONS PERSONNALISÉES. NOTRE NOUVELLE SOLUTION D’IMPRESSION NOUS DONNE LA SOUPLESSE POUR LE FAIRE ET NOUS PERMET D’IMPRIMER PLUS FACILEMENT NOS MOTIFS, AVEC UN BON NIVEAU DE QUALITÉ »

Olivier GELLY, fondateur de Payote

DES ESPADRILLES DANS L’AIR DU TEMPS GRÂCE À LA PERSONNALISATION En 2020, pour renforcer le développement de la personnalisation dans les collections, une nouvelle étape est franchie, avec l’achat d’une imprimante textile en sublimation. Après un premier pilote en mars, l’investissement est conclu en juin avec l’acquisition d’une machine HP Stitch S500, en 64 pouces, distribuée par ID Numérique. « Nous développons toujours plus de collections personnalisées, en collaboration avec des graphistes ou via la signature de licences. Cette nouvelle solution d’impression nous donne la souplesse pour le faire et nous permet d’imprimer plus facilement nos motifs, avec un bon niveau de qualité. Nous les fixons ensuite sur nos toiles de coton contrecollées en polyester via une calandre, explique Olivier Gelly. Nous avons également investi dans une table Summa pour découper nos pièces destinées à la confection, en attendant d’autres investissements pour automatiser davantage encore notre production et maintenir un bon niveau de compétitivité ». Des investissements qui paient. L’an dernier, Payote a signé des partenariats avec le XV de France et l’Élysée, et cette année avec la marque OMY, pour une collection estivale colorée et coloriable avec des feutres textiles ! OBJECTIF : UN MILLION D’ESPADRILLES PAR AN Seize personnes travaillent aujourd’hui chez Payote pour assurer la logistique, le suivi de production, le SAV, le marketing et l’administratif. Un effectif appelé à doubler dans les mois à venir. « Nous voulons augmenter la cadence, avec comme objectif de produire 800 000 à un million d’espadrilles par an à horizon 2024, contre 50 000 aujourd’hui », annonce Olivier Gelly, qui vient d’acheter un terrain de 8000 m2 à proximité de ses bureaux actuels, pour concrétiser ce développement. Y seront implantés ses nouveaux locaux, dans lesquels prendront place son atelier du futur avec un site de prototypage pour accompagner le développement des séries limitées et une équipe dédiée à l’amélioration des performances de l’entreprise via l’automatisation des flux. « Un site unique, dans lequel nous ferons le pont entre le passé et le futur, le patrimoine que nous défendons et son histoire, et l’innovation que nous y apportons pour qu’il continue à exister ». Et cela semble plutôt bien parti pour Olivier Gelly et son équipe. Partie de 12 000 euros de chiffre d’affaires en 2016, la jeune marque a dépassé le million en 2020.

UN APERÇU DE L’UNIVERS DE L’IMPRESSION NUMÉRIQUE – UN LIVRE BLANC MONDI

Les agences de création utilisent depuis longtemps les supports imprimés pour optimiser leurs campagnes, mais face au déclin global de son usage, certaines d’entre elles sont passées de l’analogique au numérique pour leurs ressources de campagne, renonçant largement à l’impression.

Est-ce la fin de l’imprimé ? Absolument pas ! L’imprimé ne va nulle part et constitue plus que jamais une excellente option pour donner vie aux campagnes créatives. Nous avons interrogé des imprimeurs et des agences pour en savoir plus sur leur expérience et leur collaboration mutuelle.

Plus de la moitié des personnes interrogées (58 %) ont affirmé que l’impression fait souvent partie des campagnes créatives, un quart d’entre elles (26 %) affirmant que les supports imprimés en font toujours partie.

Lorsque les créatifs optent pour de tels supports, l’impression offset reste toutefois l’option privilégiée par rapport à l’impression numérique. Nous avons entrepris des recherches plus poussées pour mieux comprendre ce clivage et nous pencher sur les raisons qui peuvent influencer cette décision.

En réfutant certains des mythes les plus répandus à propos de l’impression numérique – comme les couleurs et la qualité d’image, les facteurs de coûts et la perception du manque d’options de finition – et en soulignant les avancées réalisées dans le monde des machines professionnelles d’impression numérique, nous espérons vous informer sur la multitude d’options disponibles aujourd’hui.

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Notre livre blanc couvre toutes les possibilités, des encres liquides spécialisées et toners secs capables de reproduire les couleurs Pantone, jusqu’à l’estampage numérique, en passant par les finitions spécialisées, sans compter un large éventail de types de papiers adaptés à tous vos besoins d’impression numérique.

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Le festival de La Gacilly accueille chaque année plus de 300 000 visiteurs, qui s’immergent et déambulent au cœur d’une trentaine de galeries à ciel ouvert, présentant des œuvres en grand format dans les rues et les jardins du village.

© Jean-Michel Niron

Chamboulé par le passage de l’argentique au numérique, uberisé par l’émergence de cinq milliards de photographes armés de leurs smartphones, le marché de la photographie professionnelle retrouve aujourd’hui une forme de stabilité et même une vigueur qui se traduit par un foisonnement inédit d’évènements (rencontres, festivals) autour du 8e art. Un nouveau panorama que l’on doit notamment aux progrès de l’impression numérique jet d’encre et au succès du grand format, terrain d’expression désormais privilégié d’un art qui se démocratise en sortant des galeries,

à la rencontre du grand public. Dossier réalisé par Florent Zucca

Attirer des gens dans un petit village du fin fond du Morbihan pour y découvrir des expositions photographiques grand format, en extérieur : une gageure ? Nombreux sont ceux à l’avoir pensé lorsque Jacques Rocher, président de la Fondation Yves Rocher et directeur du développement durable du groupe de cosmétiques, a décidé de créer un festival photo dans son village familial de La Gacilly, en 2004. Dix-sept ans plus tard, plus de 300 000 personnes font chaque année le déplacement dans cette petite commune de 4000 habitants située à mi-chemin entre Vannes et Rennes, pour y découvrir le meilleur de la création photo contemporaine ! Au cours des quatre mois que dure le festival de La Gacilly (de juillet à octobre), les amateurs de photo s’immergent et déambulent au cœur d’une trentaine de galeries à ciel ouvert, qui présentent des œuvres en grand format - les toiles avoisinant parfois 70 m2 - habillant les rues, les jardins et les venelles du village breton. L’espace public devient ainsi un espace scénique, partagé et accessible à tous, gratuitement, le festival attirant un public, fidèle, de connaisseurs, comme de néophytes. « À ses débuts, le festival de La Gacilly a été snobé et même dénigré par le milieu. Il est aujourd’hui copié de partout, car c’est concept éminemment démocratique », précise Denise Zanet, directrice du laboratoire photo Initial Labo, partenaire de l’évènement depuis 2015.

« À SES DÉBUTS, LE FESTIVAL DE LA GACILLY A ÉTÉ SNOBÉ PAR LE MILIEU. IL EST AUJOURD’HUI COPIÉ DE PARTOUT, CAR C’EST CONCEPT ÉMINEMMENT DÉMOCRATIQUE »

Denise ZANET, directrice d’Initial Labo

DES TECHNOLOGIES À LA HAUTEUR…

Cet incroyable succès est donc celui d’un parti pris - rendre accessible l’art photographique au plus grand nombre - mais aussi celui d’une technologie qui rend possible l’expression photo en grand format : l’impression numérique jet d’encre. « Lorsque les photographes se sont rendus compte que l’impression numérique grand format avait atteint un niveau de qualité suffisant, ils ont envisagé de faire des expositions en extérieur. On peut désormais sortir les photos hors des murs des galeries, habiller les villes avec des œuvres photographiques, car la technique est aujourd’hui au rendezvous », explique Denise Zanet. « La variété des techniques d’impression jet d’encre (UV, piézo, latex, éco-solvants) et la diversité des supports en grand format apportent de nouveaux champs d’interprétation. L’approche, en matière d’exposition, est beaucoup plus vaste aujourd’hui : on fait beaucoup d’extérieur, on peut faire du multi-supports... Sans compter la réduction de temps de production et la baisse des coûts qu’offrent l’impression numérique, confirme Philippe Gassmann, Pdg des laboratoires Picto. Pour en arriver là, il a fallu que les technologies progressent, pour se montrer à la hauteur des exigences de la photo. Si les premiers imageurs et imprimantes jet d’encre sont arrivés en 1995, c’est avec les machines Epson pigmentaires que le marché a décollé, au début des années 2000 ».

© Jean-Michel Niron

« ON PEUT DÉSORMAIS SORTIR LES PHOTOS HORS DES MURS DES GALERIES, HABILLER LES VILLES AVEC DES ŒUVRES PHOTOGRAPHIQUES, CAR LA TECHNIQUE EST AUJOURD’HUI AU RENDEZ-VOUS »

Denise ZANET, directrice d’Initial Labo

© Jean-Michel Niron

Pour son exposition Ceux de Corbeil, le photographe Yan Morvan a travaillé avec Initial Labo sur des tirages de 2 mètres de haut sur plaques de Dibond.

© Yan Morvan

… DES PHOTOGRAPHES QUI S’EN EMPARENT

Petit à petit, les photographes ont appris à s’emparer des tirages jet d’encre grand format. C’est notamment le cas du célèbre photographe et photojournaliste Yan Morvan qui, depuis 2020, a produit trois expositions en impression numérique grand format avec Initial Labo. Hexagone (co-réalisée avec Eric Bouvet), qui aurait dû avoir lieu aux Rencontres photographiques d’Arles 2020, annulées à cause du Covid-19, et finalement installée - grâce à Gare & Connexions - sur le parvis de la Gare de Lyon à Paris et en gare d’Avignon TGV. Ceux de Corbeil, des portraits d’habitants de Corbeil-Essonnes, imprimés sur des plaques de Dibond de deux mètres de haut, avec pelliculage anti-graffiti - « en photo on dit “finition extra-brillante” », plaisante Denise Zanet. Et Larzac 1978, condensé de la célèbre lutte du Larzac, présentée sur les quais Sully Chaliès à Millau. « Pour cette dernière, nous étions sur un format 80 cm : le rendu était parfait, alors que mes clichés datent de 1978 ! J’étais surpris de la qualité des tirages, par rapport à l’ancien monde, et les visiteurs aussi étaient surpris. On pouvait compter les poils du nez dans les portraits, s’amuse Yan Morvan. En impression numérique, je travaille donc sur Dibond avec un vernis qui donne une image glacée, avec de la profondeur. Et c’est un procédé bon marché, de l’ordre de 3000 euros pour 25 tirages à Millau, par exemple. Pour moi, l’impression numérique grand format est une révélation. C’est une nouveauté, et je sais désormais que j’ai ça dans ma besace ».

Lui aussi loue les vertus de l’impression jet d’encre grand format en matière de démocratisation de son art. « C’est un vrai plus pour la photo. On entre dans un cadre évènementiel : les gens veulent bien se déplacer pour voir du grand format. C’est ludique et on amène un public plus amateur à la photo, qui est un moyen pédagogique formidable, surtout à une époque où les gens ne lisent plus. Comme le prêt-à-porter pour la mode, c’est du prêtà-voir de qualité, analyse le photographe. À Corbeil-Essonnes, les habitants se sont redécouverts plus grands que nature à travers mes portraits de deux mètres de haut. C’est un outil convivial, qui sort de la photo encadrée et un procédé complémentaire du platine-palladium. La bonne solution, c’est les deux, argentique et numérique : il faut simplement des prestations de qualité ».

« LA VARIÉTÉ DES TECHNIQUES D’IMPRESSION JET D’ENCRE ET LA DIVERSITÉ DES SUPPORTS EN GRAND FORMAT APPORTENT DE NOUVEAUX CHAMPS D’INTERPRÉTATION. L’APPROCHE, EN MATIÈRE D’EXPOSITION, EST BEAUCOUP PLUS VASTE AUJOURD’HUI »

Philippe GASSMANN, Pdg de Picto

© Jean-Michel Niron

UN MARCHÉ QUI S’ADAPTE

Ces prestations de qualité, ils sont peu nombreux aujourd’hui à pouvoir les fournir. Mais les laboratoires qui ont su s’adapter, conservant ainsi leur légitimité sur le marché, continuent d’accompagner les photographes dans leur travail. « Peu de photographes sont autonomes en matière de tirage jet d’encre, notamment en raison de la diversité des techniques et de la multiplicité des supports. C’est notre savoir-faire, explique Philippe Gassmann. Comme avec l’argentique, la relation entre le photographe et le laboratoire est primordiale. Le marché se régule, mais une chose ne change pas : les photographes ont besoin de conseil et nous sommes à leur service ». « Nous apportons une réponse aux photographes pour toute exposition, qu’elle soit intérieure ou extérieure. Notre parc machines est extrêmement performant, mais notre rôle est aussi de traduire le langage artistique et le langage industriel, confirme Denise Zanet. Nous avons ainsi une personne exclusivement dédiée à ce marché, qui a le discours photographique et qui reçoit les artistes pour faire tous les tests nécessaires avec eux ».

© Initial Labo

De l’argentique au numérique, les laboratoires qui ont su s’adapter, conservant ainsi une grande légitimité sur le marché, continuent d’accompagner les photographes dans leurs projets. I I 27

© Initial Labo

En 2018, à La Gacilly, Stéphane Couturier a exposé un travail portant sur la cité Climat de France, un ensemble d’habitation monumental situé à Alger : un seul tirage, pour cercler le lieu-dit du Garage, dans une sorte d’immense traveling latéral. Un projet qui a nécessité un travail spécifique de composition du fichier, d’impression et de pose, en fonction du lieu.

Face à la disparition de la pellicule argentique 24x36, marquant la fin de l’âge d’or des grands laboratoires dont la rentabilité était basée sur le développement, les acteurs ont dû se réinventer, fermer certains laboratoires de proximité, réorganiser la production. « L’arrivée d’imprimantes numériques jet d’encre à moins de 15 000 euros a démocratisé l’accès à ce marché, notamment pour des acteurs qui n’étaient pas de grands laboratoires photo. On a connu des problèmes de rentabilité, puis on s’est organisé de manière à ce que les photographes puissent continuer à avoir accès à nos imprimantes et on s’en est sorti, décrypte Philippe Gassmann. Chez Picto, nous avons accompagné nos tireurs de talent pour qu’ils évoluent, de l’agrandisseur vers le jet d’encre. Nous ne les avons pas laissé partir. C’est très important, car on ne mesure que trop peu la complicité qui unie un photographe et son tireur. Certains photographes n’hésitent pas à dire que plus de la moitié de la valeur ajoutée d’un travail photographique est l’œuvre du tireur ». Et aujourd’hui des techniques anciennes reviennent à la mode, même s’il s’agit de niches. Picto a ainsi lancé, fin 2019, l’Atelier Filippo, qui propose des tirages au platine-palladium. « Mais ce regain d’intérêt pourrait être menacé par une disparition possible du papier argentique, dont il n’existe plus que trois fabricants », explique le Pdg de Picto. Depuis 2005, l’usage de l’argentique, pour les expositions photo, baisse de 5 % par an. Aujourd’hui le marché utilise à 70 % du jet d’encre, contre 30 % pour l’argentique. Cette menace qui, malheureusement, pèse sur le papier argentique, est en creux la preuve de la vitalité de l’impression numérique jet d’encre, tirée également par des fournisseurs de matériel à l’écoute. « Il y a cinq ans, les ingénieurs d’Epson sont venus nous voir et nous ont demandé ce qui ne marchait pas assez bien à nos yeux. Un an après, la marque sortait le modèle SureColor SC-P20000, qui répond encore aujourd’hui à 95 % de nos besoins », révèle Philippe Gassmann.

© La Gacilly

© Initial Labo Partenaire du festival Planches Contact, Initial Labo a réalisé et installé les deux expositions très grand format sur la plage de Deauville : un hommage au maître de la photographie américaine Joel Meyerowitz et le travail photographique produit en résidence par les artistes de la fondation photo4food.

LA POSE, VALEUR AJOUTÉE EN GRAND FORMAT

Au-delà des tirages, les laboratoires ont également assis leur nouvelle légitimité grâce à leurs savoir-faire en matière de pose et d’installation, un enjeu stratégique en grand format. En 2018, au festival de La Gacilly, Stéphane Couturier expose son œuvre Climat de France, résultat d’un travail de quatre ans portant sur la cité Climat de France à Alger, un ensemble d’habitation monumental en pierre de taille de 233 mètres de long par 38 mètres de large, abritant 5000 appartements, construit en 1957 par l’architecte Fernand Pouillon et qui héberge aujourd’hui 60 000 habitants. Pour illustrer ce phalanstère démesuré, Stéphane Couturier ne fait qu’un seul tirage, pour cercler le lieu-dit du Garage, à La Gacilly, dans une sorte d’immense traveling latéral. « Mais la pose initiale ne prenait pas en compte les spécificités du lieu et notamment les angles de cette cour intérieure. Nous avons repris les choses en main, afin de recomposer le fichier d’impression en fonction de l’endroit, puis nous avons été installer l’œuvre avec nos équipes », rappelle Denise Zanet. Résultat : un rendu parfait.

« LES GENS VEULENT BIEN SE DÉPLACER POUR VOIR DU GRAND FORMAT. C’EST LUDIQUE ET ON AMÈNE UN PUBLIC PLUS AMATEUR À LA PHOTO, QUI EST UN MOYEN PÉDAGOGIQUE FORMIDABLE, SURTOUT À UNE ÉPOQUE OÙ LES GENS NE LISENT PLUS. COMME LE PRÊT-À PORTER POUR LA MODE, C’EST DU PRÊT-À-VOIR DE QUALITÉ »

Yan MORVAN, photographe

« Au festival Planches Contact de Deauville, où nous réalisons la quasi-totalité des tirages grand format et leur installation, nous avons conçu et fabriqué, pour l’Établissement des Bains de Mer, un mobilier urbain capable d’intégrer des tirages et donc de recevoir une exposition. On a l’impression qu’ils ont toujours été là, car on ne se contente pas des cotes d’architectes, on se rend sur place et on fait tout sur-mesure », poursuit la directrice d’Initial Labo. Et cette année encore, le laboratoire de Boulogne est à la réalisation des deux expositions très grand format sur la plage de Deauville : un hommage au maître de la photographie américaine Joel Meyerowitz et le travail photographique produit en résidence par les artistes de la fondation photo4food (qui finance des repas pour les plus démunis grâce, entre autres, à la vente de photographies d’art réalisées par de jeunes artistes, ndlr).

DES FESTIVALS CONVERTIS AU GRAND FORMAT

Et si un festival comme La Gacilly s’est fait une raison d’être du grand format, d’autres, parmi les évènements les plus « nobles » de la profession, s’y mettent sur le tard. C’est notamment le cas des Rencontres de la photographie d’Arles qui, pour la toute première fois de leur histoire, ont installé cette année deux expositions extérieures dans le cadre de leur programme officiel : l’une du photographe français Stéphan Gladieu et l’autre du duo Chow et Lin (Stephen Chow et Huiyi Lin, ndlr). Deux expositions tirées et posées par Initial Labo, qui avait déjà beaucoup produit pour le off d’Arles par le passé. Et quand des rendez-vous comme les Rencontres de la photographie d’Arles ou Visa pour l’Image (Perpignan) font appel à l’impression numérique grand format, la légitimation est grande. « Aujourd’hui, la photo devient un outil de partage et de communication culturelle. Avec le grand format, la photo est au cœur de l’espace, le public autour. Certains festivals amateurs se créent, puis vont voir les collectivités pour se proposer. Nous, laboratoires, jouons un rôle dynamique dans cet écosystème, car les collectivités ont besoin de notre expertise », complète Philippe Gassmann. Aujourd’hui indissociable de l’évènementiel, de la muséographie et, bien sûr, des expositions extérieures, le grand format photographique est en revanche beaucoup moins associé aux galeries. « C’est très rare, confirme Denise Zanet. On propose le tirage au format pour des acheteurs qui souhaiteraient spécifiquement de grandes dimensions, mais c’est un marché encore très peu mature ».

© Jean-Michel Niron

© Jean-Michel Niron

« AVEC LE GRAND FORMAT, LA PHOTO A, D’UNE CERTAINE MANIÈRE, FAIT LA PAIX AVEC LE NUMÉRIQUE. TOUT LE MONDE EST EN TRAIN DE (RE)TROUVER SA PLACE »

Denise ZANET, directrice d’Initial Labo

© Jean-Michel Niron

Néanmoins, le grand format permet aujourd’hui à la photo de se retrouver, après la chute des grands laboratoires argentiques, après l’avènement du numérique, sans parler des cinq milliards de photographes nés avec l’arrivée des smartphones. « Avec le grand format, la photo a, d’une certaine manière, fait la paix avec le numérique. Même l’amateur a désormais assimilé qu’il n’est pas véritablement un photographe. Un photographe professionnel magnifie une pensée photographique, qu’il va répercuter dans tout son travail. En grand format, ce travail est à son tour magnifié. D’un autre côté, le grand format permet aux collectivités d’assimiler la photographie et d’offrir cet art aux citoyens. Il y a une forte émulation dans le milieu photo actuellement. Tout le monde est en train de (re)trouver sa place », analyse la directrice d’Initial Labo.

DES LABORATOIRES QUI RETROUVENT LEUR INFLUENCE

Partenaire de nombreux festivals et évènements photographiques, des plus grands (Rencontres photographiques d’Arles, Visa pour l’image à Perpignan), aux plus modestes (Rencontres photographiques des Amis du Musée Albert-Kahn à Boulogne-Billancourt), en passant par les concepts les plus récents (Photo Days à Paris, lancé en 2020), Initial Labo produit également beaucoup de contenus liés à la photo. Blog, Instagram, newsletters personnalisées (envoyées à 10.000 adresses) et même, depuis l’été dernier, un podcast maison (baptisé Mandarine) réalisé par un tout jeune journaliste passionné de photo : au-delà de son écrin de BoulogneBillancourt (laboratoire, espace d’exposition, librairie, photothèque, boutique), Initial Labo contribue donc à nourrir la communauté du 8e art.

© Jean-Michel Niron

« Il est très important pour nous de faire savoir aux photographes que nous sommes à leur service. Tous ces outils et partenariats que nous mettons en place sont faits pour le bien-être des photographes chez nous, précise Denise Zanet. On est encore en recherche d’équilibre, mais je sais ce que l’on dit d’Initial Labo dans le milieu et ça me rend très heureuse ». Même chose chez Picto. Le laboratoire, partenaire des plus grands évènements de la planète photo, accompagne également le marché à travers de multiples initiatives : résidences (Picto Lab), rencontres (Picto & Guests), bourse pour les photographes résidents en France (en partenariat avec à l’Union des Photographes Professionnels), prix (de la photographie de mode), newsletters, librairie (La Comète), sans compter la Picto Foundation qui soutient de nombreuses actions (prix Picto de la Mode, Carte blanche Étudiants, Bourse du Talent, Prix Niepce Gens d’Images, Estée Lauder Pink Ribbon Photo Award…) : le laboratoire fondé en 1950 par Pierre Gassmann est aujourd’hui, plus que jamais, incontournable dans le milieu de la photo.

L’ENJEU DE L’ÉCORESPONSABILITÉ

Fort de leur influence retrouvée, les laboratoires s’attaquent désormais à l’enjeu incontournable du marché : l’éco-responsabilité. Mais au sein d’un milieu artistique aux exigences de qualité élevées, la tâche ne s’annonce pas des plus faciles. « Bâches recyclées et recyclables, supports sans PVC : on préconise ces matières-là, mais il faut une volonté du photographe, car le rendu n’est pas le même que sur un Dibond, qui reste le support le plus qualitatif pour un tirage grand format destiné à l’extérieur »,

Pour la première fois de leur histoire, les Rencontres de la photographie d’Arles ont installé cette année deux expositions extérieures dans le cadre de leur programme officiel, dont celle du photographe français Stéphan Gladieu, République Populaire Démocratique de Corée, Portraits.

© Aurore Valade/Rencontres d’Arles 2021

explique Denise Zanet. « Aller vers des supports recyclés est aujourd’hui un objectif fort, même si nous devons encore faire face à de petites contraintes techniques, comme le fait que les papiers recyclés soient des supports un peu moins blanc », complète Philippe Gassmann. Les acteurs de l’impression photo devront néanmoins travailler de concert sur ce sujet, afin que le grand format puisse continuer à prendre la lumière, au service d’un art photographique toujours plus dans l’air du temps.

« CERTAINS PHOTOGRAPHES N’HÉSITENT PAS À DIRE QUE PLUS DE LA MOITIÉ DE LA VALEUR AJOUTÉE D’UN TRAVAIL PHOTOGRAPHIQUE EST L’ŒUVRE DU TIREUR »

Philippe GASSMANN, Pdg de Picto

Spécialiste de la sublimation grand format, le laboratoire francilien Pacific Colour travaille avec une cinquantaine de photographes. Parmi eux, l’artiste Manolo Chrétien, dont le travail sort ici de la presse Monti Antonio acquise par Pacific Colour en 2019.

© Pacific Colour

Le jet d’encre n’est pas la seule technologie d’impression numérique à servir le marché de l’impression photo grand format. Plus LA confidentielle, la sublimation dispose néanmoins de nombreux atouts et séduit de plus en plus de photographes. SUBLIMATION,

L’AUTRE PILIER DE LA PHOTO GRAND FORMAT

ÀBonneuil-sur-Marne (94), au sud-est de Paris, se niche un petit atelier d’impression qui s’est fait une spécialité d’une technique bien particulière : la sublimation. Si Pacific Colour travaille pour les marchés de la signalétique et de la personnalisation d’objets, la société reprise en 2014 par Rodolphe et Isabelle Bonamy a également développé, depuis cinq ans, une activité de tirage photographique. « Nous faisons du tirage pour des photographes bien sûr, mais également pour des galeristes, des agenceurs, des architectes d’intérieur », précise le Pdg, Rodolphe Bonamy. Depuis 2016, l’atelier est certifié Chromaluxe Certified Lab. Pacific Colour est donc habilité à imprimer sur les panneaux d’aluminium laqué de la marque Chromaluxe, leader des médias d’impression pour la sublimation. En France, seuls trois laboratoires disposent de cet agrément exigeant (le laboratoire Picto sous-traite d’ailleurs ses impressions en sublimation à Pacific Colour). « La sublimation sur support Chromaluxe offre une précision, une profondeur des couleurs et un contraste hallucinant. Quand les photographes prennent leur tirage en mains pour la première fois, il y a un véritable effet wahou », assure Rodolphe Bonamy.

IMPRESSION PHOTO : LE GRAND FORMAT PREND LA LUMIÈRE LA SUBLIMATION, L’AUTRE PILIER DE LA PHOTO GRAND FORMAT

UNE TECHNOLOGIE IDÉALE POUR L’EXTÉRIEUR

En 2019, Pacific Colour acquiert une presse Monti Antonio en 1,5 x 2,5 mètres, pour du tirage grand format sur Chromaluxe, support haut de gamme, fabriqué aux Etats-Unis, mais aussi relativement cher. Depuis, l’atelier propose donc deux autres types de plaques aluminium : la SubliLaque, développée par Pacific Colour elle-même, et la SubliLight, en entrée de gamme. Après une découpe sur-mesure sur une table de fraisage mécanique (pas de laser, qui pourrait brûler le vernis du Chromaluxe), les plaques sont donc imprimées en sublimation. Avec la sublimation photographique, les pigments sont infusés directement dans l’épaisseur des plaques aluminium, l’image faisant donc partie intégrante du support. Cette technique offre de nombreux avantages : il s’agit d’un procédé éco-responsable (encres pigmentaires aqueuses, matériau entièrement recyclé et recyclable), offrant des images profondes et lumineuses, d’une netteté exceptionnelle, avec de nombreuses finitions possibles (fond métallisé ou non, aspect brillant, mat ou satiné, grainé ou même texturé). Sa grande longévité (deux à quatre fois supérieure au papier photo argentique) et sa très forte robustesse (résistance aux griffures et aux frottements, inaltérable au feu, à l’humidité, à l’eau, à la lumière et aux produits chimiques) sont aussi plébiscitées, notamment pour des expositions en extérieur.

« EN SUBLIMATION, ON TRAVAILLE EN RVB, QUI EST LE PROFIL COLORIMÉTRIQUE DES PHOTOGRAPHES : LE RENDU COULEUR EST DONC TOUJOURS FIDÈLE »

Manolo CHRÉTIEN, photographe

© Pacific Colour

UN PROFIL COLORIMÉTRIQUE ADAPTÉ AUX PHOTOGRAPHES

Des caractéristiques qui séduisent de plus en plus d’artistes. Deux ans après l’arrivée de la presse Monti Antonio, Pacific Colour travaille avec une cinquantaine de photographes, dont Yann Arthus-Bertrand ou encore Nikos Aliagas, pour lequel l’entreprise a réalisé les tirages de son exposition Parisiennes, installée en extérieur sur les grilles de l’Hôtel de Ville de Paris, entre avril et mai derniers. Et parmi les photographes les plus fidèles à la sublimation et à Pacific Colour, l’artiste Manolo Chrétien admet l’impact de l’impression numérique sur son travail : « Aujourd’hui, mon sujet numéro un, c’est la gravité. Je travaille actuellement sur des photos de vagues, en vitesse lente. On dirait de la peinture et, plus on démesure les clichés, plus cet effet de peinture est saisissant, donc oui, l’impression numérique grand format change ma manière de travailler. J’aurais sûrement été beaucoup moins audacieux en tirage argentique. De plus, en sublimation, on travaille en RVB, qui est le profil colorimétrique des photographes : le rendu couleur est donc toujours fidèle. Enfin, le tirage, en sortie machine, est protégé par un vernis. J’obtiens donc un produit fini, c’est un confort total pour le photographe comme pour le galeriste ». Bien plus confidentielle que l’impression jet d’encre, la sublimation possède encore un beau potentiel de croissance dans l’impression photo grand format.

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