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RATIO IONIS
Laboratoire expérimental d’agriculture urbaine
SOMMAIRE N°0 / RATIO IONIS / DÉC 2012
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ÉTAT DES LIEUX: QUELQUES PROJETS D’AGRICULTURE URBAINE ICONOGRAPHIE CONTEMPORAINE
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L’UTOPIE ÉCOLOGIQUE: INTRODUCTION À LA DYSTOPIE
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DÉMARCHE UTOPIQUE: CONCLUSION DYSTOPIQUE
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RATIO IONIS: PROCESSUS MULTISCALAIRE
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ETATS DES LIEUX : QUELQUES PROJETS D’AGRICULTURE URBAINE
Cet atelier d’architecture est un laboratoire expérimental ayant pour objet l’agriculture urbaine. Bien que le concept de métropole agricole soit par définition paradoxal, tant les deux termes se contredisent (Ville, par opposition à la campagne, Larousse), cette problématique a été soulevée à de maintes reprises.
ill.: Garden City, Ebenezer Howard, 1898
Aujourd’hui, les citadins veulent du vert, la question de l’agriculture urbaine est en vogue. Jamais auparavant nous n’avions vu autant de végétal, qu’il pousse sur les toits-terrasses ou même sur les murs des plus grandes villes. Le design et la mode ne sont pas non plus épargnés. Tous les créatifs semblent s’inspirer du nouveau dogme écologique. C’est pourquoi une vision rétrospective est indispensable. Il est nécessaire de prendre conscience des concepts et essais architecturaux préexistants, pour mieux saisir le concept de l’agriculture urbaine. Un bref tour d’horizon permettra de saisir la valeur de quelques projets, aux contextes, objets et stratégies variés. Accompagnant la révolution industrielle et l’expansion des villes, les jardins ouvriers de la fin du XIXème ont été une première expression de cette ruralité urbaine. Les objectifs étaient de permettre l’autosuffisance alimentaire aux travailleurs, et par la même occasion de leur fournir un nouveau lieu de sociabilisation. Ce mouvement est à mettre en parallèle avec le développement des théories hygiéniste, et les premiers essais sur la diététique. L’ouvrier en plus de travailler, doit maintenant être en bonne santé. Au même moment naissait le concept de cité-jardin, basé lui aussi sur le rejet de l’industrialisation des villes. Théorisé par Ebenezer Howard, l’idée consiste à associer les qualités urbaines à celles de la campagne sans les désagréments des deux. Son principe urbanistique va se répandre dans le monde et servira de base théorique pour le développement de certaines villes telles que Londres ou Paris suite à la première guerre mondiale. Dans les années 1970, les Community Gardens NewYorkais apparaissaient. Les parterres de fleurs et carrés de légumes devaient servir de la même manière que les jardins ouvriers à fabriquer des liens sociaux dans les quartiers défavorisés et accroître le communautarisme et les liens avec l’environnement.
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The Disappearing City (1932) de l’architecte
américain Frank Lloyd Wright est fondé sur un grand déploiement égalitaire de petites propriétés. Wright préconisait : « de petites fermes, de petites maisons pour l’industrie, de petites usines, une petite université et de petits laboratoires pour différentes professions sur leur terrain propre. » Il propose de ruraliser la ville et d’urbaniser la campagne. Il la préfère diffuse, aux limites imprécises, en opposition à la cité compacte. Ce qui rend possible Broadacre City et son étalement infini, ce sont les moyens de transport modernes, leur accessibilité généralisée, leur vitesse potentielle. Ce projet utopique de ville douce et verte l’occupera durant une grande partie de sa vie. Le style futuriste et décomplexé du projet accentue son apparence fictive, sans pour autant alléger sa force. Il est un symbole majeur de l’expérimentation architecturale et urbanistique autour de notre thématique de l’agriculture urbaine. La notion d’échelle apparaît ici comme une composante essentielle du projet. L’imbrication du petit dans l’infiniment grand, du local dans le global est la clé du projet. C’est une approche complète, multiscalaire. ill.: Broadacre City, Frank Lloyd Wright, 1928
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Les ravages de l’industrialisation se fai-
saient pressentir dès la fin du XIX. Il faudra cependant attendre près d’un siècle avant de voir s’esquisser les prémices d’une prise de conscience écologique. Detroit semble être l’incarnation de cette catastrophe évidente. Mais ce désastre économique a été le générateur d’une agriculture urbaine non planifiée. Suite à l’effondrement de l’industrie automobile, la nature est progressivement revenue investir les espaces laissés vacants par le départ des usines. Detroit, ancienne capitale de l’automobile, dont la population est passée de près de 2 millions d’habitants à moins de 900 000, est en train de fonder le plus vaste projet de ferme urbaine au monde. Après avoir connu l’abondance dans les années 1950 et 1960, Détroit fut frappée par des crises économiques répétées qui finirent par mener à l’abandon et à la dégradation de son centre-ville. Pourtant, à l’heure actuelle, des activistes, des fermiers urbains et des artistes sont en train de se réapproprier les quartiers, bâtissant les fondations de la ville de demain, une ville « fertile » dans laquelle problématiques architecturales et environnementales semblent finalement coïncider. ill.: Feral House, James D. Griffioen, 2009
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ICONOGRAPHIE CONTEMPORAINE
FERME VERTICALE 1 2 3 4 5 6
capture the rain dragonfly farm tour vivante Ă Rennes locavore fantasia sea tree pyramid farm
H3AR Vincent Collebaut SOA work A C waterstudio.NL Eric Ellingsen
CITY FARMING 7 8 9 10 11
la ferme musicale ferme urbaine huntington gary comer youth center harvest green project le plus grande serre
SOA Tim Stephens Hoerr Schaudt romses architects Brooklyn
URBANISME 12 13 14 15
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PETITE ECHELLE 16 17 18 19 20
la ferme-fenĂŞtre compost shed PF 1 hedron rooftop farm brickworks welcome hut
groves raines archi work A C conceptual devices LewittGoodman archi
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Cette première familiarisation avec l’agriculture urbaine a fait naître plusieurs
pistes de réflexions. D’abord, nous avons vu que depuis l’industrialisation, la question de mutualiser la ville et la nature est récurrente mais est introduite de différentes manières. Aux cités-jardin et leur vision hygiéniste s’est substituée la nécessité de faire face à la crise économique actuelle, avec la désindustrialisation de Détroit comme principal exemple. Ensuite, l’étude iconographique des projets contemporains révèle plusieurs attitudes : les projets icônes de fermes verticales high tech, l’investissement de nouveaux lieux comme les toits et les vides urbains ou bien les projets d’échelle réduite à l’esprit naïf et amusant. Nous nous sommes d’abord attardés sur l’échelle démesurée de certains projets qui ont engendrés une prise de position critique. Est-il vraiment justifié de construire des tours végétales sous prétexte de ramener la production alimentaire au sein des villes? Nous avons donc décidé d’adopter une démarche collective pour questionner la métropole rennaise et son développement actuel.
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L’UTOPIE ECOLOGIQUE : INTRODUCTION A LA DYSTOPIE «C’est notre survie même qui dépend de l’utopie écologique, sans laquelle nous serions détruits.»
Richard Buckminster Fuller
Quelques temps après Broadacre City, les groupes d’architecture radicale ont repris le thème de la ville-campagne comme une critique de l’urbanité contemporaine. L’introduction de nature est perçue comme la solution à la morosité des espaces urbains dont le visage et l’atmosphère sont meurtris par l’industrie et les dogmes du travail capitaliste. Les réflexions de ces groupuscules fleurissent dans un contexte politique où la pensée marxiste, l’idéologie hippie et les événements de mai 68 rêvaient l’avenir meilleur. «Ne travaillez jamais»1 qu’ils disaient! Même Archigram, au début des années 70, abandonne les mégastrcutures et la «vision conquérante de l’aménagement du territoire pour une recherche de préservation narrative du paysage. La nature, le territoire dans toutes ses géographies, se révèle comme l’espace public par excellence, que chacun possède et partage avec tous.»2 La nature prend alors des airs de révolution et se pose comme salvatrice de la ville altérée par l’orgueil du capital. Dans un décor de fin du monde, les moutons s’invitent et ouvrent le champ des possibles. Campagne et ville s’affranchissent alors de l’architecture pour former une planète sans frontière, disponible aux besoins d’une société fluide, jusqu’à devenir dans les années 90, un projet d’ «urbanisme faible» dans Agronica «où le sol agricole et la ville coexistent en toute intégrité»3. Mais qu’en est-il aujourd’hui de la transposition de ces idées radicales dans la réalité des villes contemporaine? 1 2 3
Guy Debord, grafitti rue de Seine Dominique Rouillard dans Superarchitecture Andrea Branzi
ill.: «Parigi sera sempre Parigi», Jacques Famery, 1972
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La révolution verte que l’on pouvait attendre s’est développée à côté des ambitions situationnistes. La ville est toujours le lieu du travail et de sa pénibilité tandis que la nature s’est installée dans l’imaginaire commun sous la forme d’une campagne rêvée, loin des réalités de la production agroalimentaire. Cette reconstitution mentale d’une nature, influencée par le bilan anxyogène de la situation climatique et économique, est maintenant très présente dans les nouveaux développements urbanistiques, qui, pour la plupart, ne prennent pas en compte la notion d’agriculture mais seulement le désir croissant d’une nature retrouvée. Les réponses multiples à cette problématique ont fait naître de nouvelles formes de pratiques ou de typologies urbaines comme par exemple en Chine, dans la métropole de Xi’an, où se développe le concept de «Nong Jia Le»4 (Nong = agriculture ; Jia = famille ; Le = plaisir) et d’agrotourisme ou, plus près d’ici, à la Courrouze, où la plannification du quartier s’est élaboré autour du concept de fusion de la ville et du parc. Ces deux exemples, bien sûr, ne couvrent pas la totalité des expériences contemporaines de ville-nature mais sont néanmoins très représentatifs de la volonté politique actuelle en matière de développement urbain : la synchronisation de la métropole et de la campagne régit par des motivations économiques sous couvert des notions de confort, de santé et de plaisir. Voir l’article de Yueting Cui «L’agriculture urbaine dans la construction métropolitaine de Xi’an», Cahier Thématque n°11, Edition de la Maison des sciences de l’homme 4
ill.: «Vivre en ville habiter dans un parc», La Courrouze, 2012
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DEMARCHE UTOPIQUE : CONCLUSION DYSTOPIQUE «C’est que l’utopie, par son goût de l’idéal et du normatif, vise un double défi : faire disparaître toute forme d’incohérence dans les relations sociales, intellectuelles et affectives pour laisser libre cours aux désirs de chacun enfin non réprimés ; construire une société homogène selon un ordre régulier et irrécusable qui détermine en détail et par avance toutes les relations possibles entre les hommes.»
Bruce Bégout, Zéropolis
En considérant la volonté politique d’introduire ville et nature dans une démarche ludique et sanitaire, nous avons d’abord tenté de mener une stratégie globale à l’échelle de l’agglomération rennaise tout en répondant à la problématique de l’agriculture urbaine. Les réflexions qui ont nourri l’avancement du projet nous ont conduit plusieurs fois à en questionner les fondements. Les pages suivantes présentent l’évolution de notre pensée et les étapes qui ont été nécessaires à l’éboration de notre nouvelle méthode de projetation.
ill.: concours «Le sauvetage de Venise», 9999, 1972
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Carte des établissements fonctionnant en circuit court dans l’agglomération rennaise. Premièrement, Rennes est une
ville à proximité des lieux de productions alimentaires. La prise en compte des établissements qui fonctionnent en circuit cours et leurs structures de diffusion a redéfini la problématique d’agriculture urbaine. L’objet de cette expérience n’était plus de mutualiser l’espace urbain et les sols agricoles mais plutôt de mieux acheminer les denrées de la campagne vers la ville.
magasins collectifs multiproduits magasins collectifs magasins légumes.fruits &collectifs dérivés.céréales multiproduits porc multiproduits légumes.fruits légumes.fruits & dérivés.céréales viande bovine & dérivés.céréales porc volailles.oeufs porc viande bovine bovine lait viande volailles.oeufs volailles.oeufs lait lait 13
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Carte de principe.
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Envisager l’utilisation des réseaux écologiques, fluviaux et ferroviaires, a révélé la position idéale à l’entrée de la ville des trois zones industrielles. Leur faible densité et le coût moindre du foncier permettaient d’imaginer de futurs lieux de stockage et de transformation avant que le cycle ne se termine par la distribution des produits prêts à consommer dans une nouvelles structures d’échoppes disposée le long du canal et des rails. Cette manière de vendre des produits frais nécessitait la création d’un système de transport ou de promenade pour rapprocher les quartiers éloignées de cette colonne d’échange en plus de la création d’exploitations domestiques dans les espaces à faible densité. La ville alors, opérait sa boboïsation généralisée tandis que les zones industrielles prenaient la forme de «reins», assurant la confection de produits sains tout en se gardant de montrer les mécanisme de modification des matières premières.
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production agricole périphérique zones industrielles potagers & jardins urbains
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zones de chalandage
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super échoppe échoppe
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ill.: La «ville sous cloche», Adrien Conq, 2012
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Cette première intention de projet
a fait naître des sentiments plus personnels quant à la planification du monde, compris ici dans le sens d’aplanir. L’idée que la ville mourrait a peu à peu germé. En effet, la transformation verte des villes semble compléter par l’éviction latente des nuisances urbaines. Malheureusement, cette ligne de conduite façonne les bases d’une société plate où toute forme de conflit est évitée. La métropolisation durable est une nécessité mais elle s’accompagne de phénomènes parallèles et prive l’urbain de la richesse de sa complexité.
dans ce décor apocalyptique attirera les masses en proie à leur désir de fausse émancipation. L’expérience urbaine, dans les deux zones géographiques, ne sera interprétée qu’au travers d’images traitées par le subconscient et assimilées à des moments extraordinaires, toute réflexion disparaîtra dans ce monde consommé instantanément.
Nous avons donc décidé, par la méthode d’héroïsation ironique du développement métropolitain actuel, de mettre en lumière les incohérences et la dangerosité de cet idéal de ville sublimée par la nature angélique. Dans un futur dessiné par le refus de subir ou de voir le stress urbain et l’unique acceptation du plaisir, deux entités s’affirmeront: la ville-nature du bien-être et les zones industrielles de jouissances. En centre ville, un grand nettoyage maniaque sera entrepris pour permettre la recherche raisonnée d’équilibre urbain. La nature et la tranquillité seront les priorités. Tout ce qui rappellera les souffrances d’un passé pénible, usines, décharges, traitement des déchets, prisons, centres commerciaux, publicités... sera déplacé vers les zones industrielles. L’espace généré permettra de densifier la ville et toute la population se concentrera dans ces réserves de nature tandis que les activités considérées comme polluantes auront désormais sa place aux entrées de villes. Même les voitures seront relayées à ces zones dans des grands silos, libérant le centre de cet inconvénient. La ville du futur se construira, et se construit déjà, en fonction de ces deux oppositions. Tandis que le centre, «sous cloche», sera le théâtre d’une obsession écologique et hygiénique, certaines zones de la périphérie le fortifieront avec ce que les habitants ne voudront pas voir et ce que les dirigeants ne voudront pas montrer. Pendant que les boulevards seront libérés de l’asphalte et que poussera de nouveau sur cette terre si longtemps condamnée, une culture du vice et du divertissement dévergondé se développera dans les zones nuisibles. En faisant preuve d’un laxisme exagéré, la ville aura ghettoïsé les comportements déviants dans ces pôles hallucinogènes où la réalité industrielle sera déformée par les injections du fun. Les situations produites par les nouveaux aménagements de cet environnement hostile feront croire à une liberté presque totale et la mise en scène de la fête
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ill.: Dystopie, les champs libres
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ill.: Dystopie, route de Lorient
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Le scénario dystopique est une sorte de ca-
ricature à ne pas suivre, une approche non raisonnée de ce que pourraient devenir nos villes si nous nous laissions guider par la facilité d’une réflexion manichéenne. Il est certain que pour beaucoup, entendons par là les concepteurs et décideurs politiques, ce type de démarche présente l’avantage d’être rapidement compréhensible par le plus grand nombre. Une prairie, ou une vache broutant paisiblement son fourrage au pied d’un immeuble ont le mérite de véhiculer des messages efficaces. Elles créent des iconographies qui inspirent les architectes et font rêver le chaland. Alors après tout pourquoi pas? Pourquoi ne pas se contenter d’appliquer ces images, en y ajoutant un discours de bonne conscience ecologico-spirituel, à la ville de demain? C’est exactement ce qu’il faut éviter. Ne pas retomber dans un énième plan voisin certifié BBC ou dans une approche purement théorique ayant pour toile de fond l’an 2070. La ville doit refuser de devenir un simulacre de campagne, elle doit s’assumer en tant que puissance urbaine, elle doit être conflictuelle car c’est ce qui fait sa richesse. En 2050 nous passerons de 2,5 milliards à 5,3 milliards de citadins, soit plus du double. Il est évident que l’accroissement des populations urbaines, et la raréfaction des matières premières vont modifier profondément la structure des villes. La véritable évolution doit se faire de l’intérieur même, des entrailles de la cité. Elle doit puiser son énergie là où elle se trouve,c’est à dire dans la richesse même des conflits qu’elle génère. ill.: Soleil vert, Richard Fleischer, 1973
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RATIO IONIS : PROCESSUS MULTISCALAIRE
La démarche entreprise se veut une expérimentation, une approche non systémique, qui aborde la question de la ville en trois étapes, chacune d’entre elle ayant sa propre échelle : Le Global - C’est l’analyse de la ville à grande échelle, de ses réseaux, ses équipements, sa production, etc... Grâce à cette étape on peut identifier clairement la manière dont est organisée l’agglomération et comment elle fonctionne. C’est un processus en évolution, où les analyses se rajoutent tout au long de l’exercice suivant les problématiques abordées. Le Local - La seconde étape est celle du choix des sites à traiter. La démarche veut qu’ils soient volontairement restreints et à une échelle réduite. Les emplacements sont définis au hasard, pour éviter tout aprioris ou préjugé sur la manière d’intervenir. Cette méthode laisse la part au jeu et à la cohésion du groupe car chacun appréhende de tomber sur un site qu’il n’aurait pas forcément choisi naturellement. En effet une zone pavillonnaire en bordure de la rocade paraît toujours moins attrayante que le centre historique, ou qu’une zone industrielle offrant un vaste champ de possibilités. C’est l’occasion de poursuivre l’analyse de la ville mais à une échelle réduite et de définir un projet totalement ancré dans son site. Le projet se veut hypercontextualisé. Le générique - La dernière étape est celle de la synthèse des données. C’est l’occasion de voir si le projet proposé permet une ouverture plus vaste à l’échelle de la ville, si sa multiplication ou son adaptation paraît possible dans d’autres secteurs de l’agglomération.Cette approche ne se veut pas systématique, c’est plutôt l’opportunité de de tester la réponse apportée. On peut tout à fait imaginer qu’un projet ne puisse se situer que dans un seul lieu, et que sa démultiplication n’apporte rien à la ville. C’est donc également une étape de critique et de retour sur le projet.
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La carte qui a servi au tirage au sort des sites.
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ENSAB 2012 Atelier Patrick Chavannes Pierre Arnou Adrien Boucicaud Antoine Conor Adrien Conq Franรงois-Xavier Curis Pierre-Alexandre Deconinck Adrien Jacquet Zuzana Kucerova