La maladrerie Renée Gailhoustet à Aubervilliers
diagnostic patrimoniaL réalisé par Abigail ERENATI et Clément AQUILINA
LA maladrerie Renée Gailhoustet à Aubervilliers
diagnostic patrimonial réalisé par Abigail ERENATI et Clément AQUILINA
Cette étude patrimoniale et historique, réalisée par Abigail ERENATI et Clément AQUILINA (architectes diplômés d’état) a été demandée par le représentant de l’ANRU sur le département de la Seine Saint-Denis, dans le cadre des études du protocole de préfiguration de la zone Maladrerie-Emile-Dubois à Aubervilliers (93). Étude suivie par le chef de projet renouvellement urbain de l’Office Public de l’Habitat de la ville d’Aubervilliers, Tristan LINDEPERG. Octobre 2016
À l'’intention du lecteur Les auteurs de cette étude sont deux architectes arrivés à la Maladrerie par leur diplôme de fin d’étude. Ce travail a consisté en l’élaboration d’un scénario de rénovation de la Maladrerie en plaçant l’habitant au coeur du processus. Notre rapport au site nous a rapprochés de plusieurs habitants et artistes, qui nous ont poussés à venir exposer notre travail sur le site. Parallèlement, l’OPH d’Aubervilliers a pris connaissance de notre intervention et de nos méthodes. C’est à la suite de ce travail qu’ils nous ont proposé de réaliser cette étude, peut-être attendant une pointe d’utopie quant aux recommandations pour la rénovation urbaine sur le point de débuter. Comme le montrent les photos qui illustrent et rythment cette étude, prises au cours de nos passages à la Maladrerie entre février 2015 et octobre 2016, le caractère exceptionnel de cette architecture est encore intact, magnifié par la croissance de la végétation sur les terrasses, et vibrant des interventions de ses habitants. Les photos d’archives des années 70 nous montrent un quartier flambant neuf à la végétation balbutiante presque inexistante, et un béton neuf et lisse, peu expressif matériellement. En une quarantaine d’années le béton s’est patiné naturellement et les plantes ont habillé les façades pour donner à la Maladrerie le visage qu’on lui connaît. Il y a des désordres techniques, mais surtout une perception parfois négative, pleine d’incompréhension, qu’ont les habitants de leur propre cité. Cette étude cherche à mettre en lumière les points fondamentaux de l’opération pour le NPNRU et à expliquer les idées que l’opération porte, afin de donner les clés du futur de la Maladrerie.
Contenu de l’'étude L’approche du quartier de la Maladrerie vient d’une part des informations générales accessibles (journaux, publications architecturales contemporaines) et des dires des habitants ; d’autre part d’une série d’entretiens menés dans le cadre de l’étude avec les acteurs du projet dans les années 70-80 (maîtrise d’ouvrage, maîtrise d’oeuvre) et avec des acteurs de la patrimonialisation ou de la rénovation ; enfin de recherches poussées aux archives publiques municipales, départementales, régionales, les fonds d’archives sur l’architecture et les archives de l’OPH d’Aubervilliers ainsi que dans les archives personnelles d’artistes, habitants, et architectes de l’époque. De cette masse d’information, écrite et iconographique, nous pouvons tirer cette étude dont les documents graphiques ont une importance égale à celle des textes. L’étude comporte des informations générales sur le contexte de l’opération, une courte biographie de l’architecte Renée Gailhoustet et un rappel de la pensée architecturale qui précède la construction de la Maladrerie, essentielle à la compréhension de l’opération. L’écrit porte ensuite plus spécifiquement sur la cité de la Maladrerie, et les détails des éléments qui la composent urbainement et architecturalement. Une troisième partie est consacrée de la condition actuelle, la conservation de la cité au regard du projet d’origine. Enfin l’étude survole les différentes sources qui illustrent la postérité de l’oeuvre architecturale et s’achève sur une série de recommandations quant à la sauvegarde et la rénovation de la Maladrerie.
TABLE DES MATIÈRES présentation du projet
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La maladrerie - Aubervilliers (93) 9 Contexte historique et géographique 15 Une politique communale engagée du logement social La Sodedat 93, un outils d'’aménagement Renée Gailhoustet - architecte en chef 21 Parcours Chronologie du travail de Renée Gailhoustet Cadre historique architectural La Pensée '' Renaudienne '' Acteurs du projet 30 Programme et financements 31 Genèse 32
Constituantes du projet d'origine 35 Influence de l'architecte sur le programme 39 Les Équipements Sur les logements d’'artistes Caractéristiques urbaines et paysagères 49 Articulation avec le site Quartier piétonnier, labyrinthe et cœur d'îlot planté Aménagements paysagers, sculptures labyrinthiques Caractéristiques architecturales 55 Des logements uniques : une pensée humaniste permise par des dispositifs architecturaux Les trames Les collaborateurs Éléments architecturaux de l'enveloppe : façade, menuiseries et toitures Préfabrication des allèges et gardes-corps : Un quartier-jardin de terrasses plantées : une pensée écologique avant l'heure
État de conservation du projet d'origine
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Évolution du contexte 79 Contexte social Mutations urbaines en cours et à venir Équipements Projets architecturaux modificatifs Évolution des logements d'artistes
Espaces extérieurs 85 Cheminements Architecture végétale Clôtures Dispositions architecturales 89 Passages couverts Menuiseries et incidences sur la qualité des façades État des logements État sanitaire des ouvrages 93 Performance énergétique État des terrasses plantées Dispositions administratives 98
Postérité
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Réception 104 Reconnaissance tardive 104 Réception des habitants 106 Les points fondamentaux 107 Postérité intellectuelle et historique 108
Recommandations 111 Annexes 115 Fonds concernant Renée Gailhoustet et la Maladrerie 117 Documentation générale Archives Municipales d’Aubervilliers Archives Départementales de Seine-Saint-Denis Centre d’Archives de la Cité de l'Architecture Fonds d’Archives Administratives de l’OPH d’Aubervilliers Synthèse des Entretiens 145 Jack Ralite Renée Gailhoustet Serge Renaudie Bruno Mengoli Jean-Pierre Lefèbvre Gérard Chireix Yves Euvremer Synthèse de l’état des tranches 163
prĂŠsentation du projet
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Diagnostic patrimonial de la Maladrerie
Š Archives municipales d’Aubervilliers
Présentation de l’opération
La maladrerie - Aubervilliers (93)
L’opération de la Maladrerie est réalisée entre 1975 et 1989 dans le cadre des opérations nationales RHI. Cette opération, par sa taille, se voit scindée en 10 tranches dont Renée Gailhoustet est l’architecte en chef. • Maîtres d’ouvrage : OPHLM d’Aubervilliers, Office départemental, SODEDAT 93, ville d’Aubervilliers, SA “Coopérer et habiter” • Architectes et concepteurs (bâti et espaces extérieurs) : R. Gailhoustet, architecte en chef • Bureau d’études : BERIM pour l’ensemble des tranches de la Maladrerie • Concepteurs du programme : ville d’Aubervilliers, Sodedat 93, Renée Gailhoustet • Technicien en économie : J.P. Tohier • Entreprises : SAE (Société Auxiliaire d’Entreprise Électrique et de travaux publics) • Acteurs politiques : maire d’Aubervilliers André Karman (portant le projet de 1975 à sa mort en 1984) puis Jack Ralite (portant le projet de 1984 à la livraison de la tranche 10 en 1989)
Le programme reflète la diversité des acteurs intervenant sur l’opération : 865 logements locatifs dont 81 logements1 pour personnes âgées, 51 logements en accession, une quarantaine de logements d’artistes, le tout mêlé en rez-de-chaussée à des commerces, bureaux, locaux d’activités, de plusieurs parkings souterrains, mais également des équipements socio-culturels : foyer de personnes âgées, microcrèche, centre de petite enfance, médiathèque, studio d’enregistrement, centre d’arts plastiques et salle de spectacle (Espace Renaudie).
1 / Le décompte varie entre la livraison et les chiffres fournis par les gestionnaires : 865 logements selon les permis de construire, 886 selon les documents actuels de l’Office Public de l’Habitat Aubervilliers.
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Diagnostic patrimonial de la Maladrerie
Auvervilliers en Île-de-France et position en première couronne parisienne
Boulevard Edouard Vaillant
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Plan de la Maladrerie, ainsi que les tranches 9 et 11
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Présentation de l’opération
Site L’appellation Maladrerie désigne dès 1206 la zone de l’hôpital pour lépreux, en ruine en 1351. À l’orée du XIXè siècle, c’est encore un vaste champs. À partir de 1922, il se couvre progressivement d’habitat informel jusqu’à former une communauté de chiffonniers. Les conditions d’hygiène et d’altération du quartier font qu’il est désigné au début des années 70 pour une opération nationale de RHI, concernant alors une zone tout autour du cimetière d’Aubervilliers. Le périmètre de la “Zone RHI la Maladrerie”, déterminé en 1974, comprend toute l’opération de Renée Gailhoustet (tranches 1; 3 à 8 et 10, construites de 1977 à 1989), mais également les opérations périphériques des logements pour travailleurs immigrés (bâtiments cruciformes), des “toits-bleus” (tranche 9, rue Charles Tillon, K.Fiumani et G.Jacquemot, 1985) et le projet non construit (projet désigné comme tranche 11, rue de l’Abeille, Yves et Luc Euvremer) remplacé par un autre foyer de travailleurs. Aujourd’hui l’appellation Maladrerie réfère dans l’esprit des albertivillariens au quartier piétonnier délimité par l’ensemble architectural en béton brut, et est référencé dans les espaces verts de la ville comme tel. Cette étude patrimoniale porte sur un ensemble aux caractéristiques architecturales unies portant la signature de l’architecte Renée Gailhoustet. Ainsi dans le cadre de cette étude, le terme Maladrerie ne concerne donc que le quartier piétonnier ouvert signé par Gailhoustet (tranches 1; 3 à 8 et 10, construites de 1977 à 1989).
Plan de la ZAD Maladrerie © FRAC Centre
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Diagnostic patrimonial de la Maladrerie
Tranche 3, vue depuis le bassin Š Archives municipales d’Aubervilliers
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Présentation de l’opération
Tranche 1 & 2
Tranche 3
Tranche 4
Tranche 5a
Tranche 5b
Tranche 6
Tranche 7
Tranche 7bis
Tranche 8
Tranche 10
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Diagnostic patrimonial de la Maladrerie
Photos du quartier insalubre de la Maladrerie © “ Robert “ © Archives municipales d’Aubervilliers
Présentation de l’opération
Contexte historique et géographique Le département de la Seine-Saint-Denis est meurtri par son histoire. Longtemps laissé pour compte et souillé par la Capitale et son indifférence envers ses banlieues, il se façonne à travers les activités servant à alimenter et enrichir Paris et est ainsi défiguré par les infrastructures attenantes aux industries qui s’y sont installées. Cette situation résulte du décret impérial de 1810, à partir duquel l’activité industrielle est rejetée hors des limites de Paris. À la moitié du XIXème siècle, la Révolution industrielle engendre un flux migratoire des populations rurales et immigrées vers les villes. Engrenage imprévu, la banlieue s’urbanise et se densifie de manière précipitée autour des activités polluantes qui permettent le bon fonctionnement de la Capitale. Pourtant, elle fait face seule à une population toujours croissante, amassée autour d’ateliers insalubres. La législation concernant les territoires du département de la Seine a longtemps été avantageuse pour l’implantation des usiniers et autres activités industrielles au dépens du bon développement urbain des communes. Le clivage entre banlieue résidentielle à l’Ouest et banlieue industrielle et prolétaire à l’Est s’accentue alors durablement, accumulant des séquelles. En remontant la législation on constate de larges écarts entre les dates relatives à l’amélioration des conditions de vies, liées aux sites d’industrie de la périphérie parisienne, et de réelles mises en œuvre d’actions. Ainsi, le moment où l’on prend note de l’insalubrité et la pollution des sols, des cours d’eau et leur impact indéniable sur la santé de la population (1892), est espacé de près d’un siècle du moment où l’on agit (années 70) malgré la mise en alerte et les protestations majeures (les “mal lotis” de l’après guerre 1920-1922 ; 1945)2. Une politique de Résorption de l’Habitat Insalubre (RHI)3 lancée par l’État en 1970 complète la construction des Grands Ensembles d’après-guerre. Pour les industriels, une fois les réglementations modifiées, les entreprises se délocalisent, et les difficultés se sédimentent pour les populations habitant ces secteurs. Même si la qualité de vie s’améliore progressivement grâce au départ des industries polluantes, nocives et bruyantes, leur délocalisation est synonyme de réduction des ressources financières municipales et responsable de l’augmentation du taux de chômage. Au nord-est de Paris, la commune d’Aubervilliers s’est développée à l’écart des grandes voies de communication. Elle est initialement un territoire rural nourrissant Paris de sa production maraîchère. Cette situation change en 1821 à l’ouverture du Canal Saint-Denis, autour duquel s’installent les industries, recouvrant progressivement les terres agricoles. La population ouvrière miséreuse s’y amasse dans les taudis. À la sortie de la deuxième guerre mondiale, la ville d’Aubervilliers est, et reste jusqu’à aujourd’hui, la seconde ville la plus pauvre de France métropolitaine. En première limite de Paris, elle est une illustration probante de la mémoire du département et, marquée par son histoire et les flux migratoires, la commune revendique son caractère populaire. Avec l’urbanisation rapide et incontrôlée de la commune et de ses franges, l’insalubrité des habitations s’accroît d’années en années. En janvier 1970, l’asphyxie de cinq travailleurs migrants dans un foyer relance les débats sur l’habitat “digne”. La même année se lance le programme national de RHI dans lequel s’inscrivent plusieurs secteurs d’Aubervilliers. Le quartier de la Maladrerie, extrêmement vétuste et excentré, connaît une 2 / LEFORT-PROST Anne-Cécile, Paysages industriels en proche banlieue parisienne (1860-2000) : de l’usine à la requalification des friches ?, Chargée de mission CDHT, CNAM 3 / Les opérations RHI sont issues de la loi Vivien de 1970.
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Diagnostic patrimonial de la Maladrerie
Évolution du tissu urbain
1936
1974
1980
1986
2015
Présentation de l’opération
urbanisation spontanée entre 1922 et 1936, passant d’un tissu rural à un tissus urbain dense en l’espace de quinze ans. Quartier de chiffonniers, il sera la cible principale des politiques de RHI à Aubervilliers, avec le secteur Villette/Quatre Chemins.
Une politique communale engagée du logement social “ Fournir à chacun le toit dont il a besoin, avec des loyers accessibles pour tous, a été le premier souci des élus d’Aubervilliers. Bilan éloquent surtout lorsque l’on se souvient des conditions de logement des travailleurs de notre localité au lendemain de la guerre, et lorsque l’on connaît les difficultés rencontrées, fruit d’un ‘urbanisme sauvage’, legs d’un capitalisme alors en plein essor ”4.
Depuis la période de la reconstruction, la ville d’Aubervilliers favorisée et défavorisée par sa position géographique, subit les pressions financières du développement urbain et économique de Paris. Face à des problématiques migratoires (exode rural français, migration de populations étrangères) et des demandes de logements de toutes catégories sociales en difficulté, la municipalité communiste défend le droit au logement lié à une politique sociale et économique. La France entière essuie les conséquences de la décentralisation et du désengagement de l’État dans le subventionnement des aménagements urbains. Ce tournant économique pour les villes à des conséquences lourdes sur les budgets locaux et sur la maîtrise financière du foncier. En s’opposant à la pression tutélaire de l’État concernant la législation d’urbanisme à travers les discussions sur le Plan d’occupation des sols (POS), Aubervilliers parvient à limiter sa croissance, son foncier étant mis à l’épreuve à l’arrivée de l’extension de la ligne 7 du métropolitain jusqu’au Fort d’Aubervilliers (1979) et le projet national des RHI. La population ne veut plus des grands ensembles, craignant la “sarcellite” et en écho les élus expriment le désir de faire du logement social différent - la circulaire Guichard de mars 1973, interdit d’ailleurs la construction de masse. L’architecte communal indique que pour le projet à venir le coefficient de densité doit être de 1, ce qui est assez exceptionnel5. Partant de ce constat, la Ville affirme la mise en place d’une politique du logement social correspondant à son échelle. La ZAD6 de la Maladrerie créée en 1972 est ainsi porteuse d’un projet ambitieux visant à démontrer la position de la municipalité et incarnant un progrès social et humain. “ Un des piliers forts de notre politique du logement est de construire pour les familles qui vivent dans notre ville. Les familles ouvrières de revenu modeste ont droit à un beau logement. Il serait temps d’arrêter de parler de “logement social” mais de parler de “logement” tout naturellement, et d’annoncer une grande politique sociale du logement. Comment en tant qu’élus, avons-nous vécu la rénovation de la Maladrerie ? C’était un quartier pauvre où il y avait énormément de taudis : 70%, lorsqu’il s’est agi de le réaménager, nous nous étions donné comme objectif, d’une part la satisfaction de la population d’Aubervilliers parallèlement à la critique de ce qui avait été fait auparavant non pas une critique “liquidatrice” parce qu’effectivement nous avons amélioré le confort des gens mais une critique constructive qu’on peut situer au niveau de l’étude architecturale, il fallait quand même arrêter de faire des barres et des tours et chercher autre chose.. C’est ainsi que nous avons pris connaissance d’autres opérations et ainsi nous nous sommes engagés résolument dans une recherche en ayant le souci de rompre avec ce qui se faisait. Ces constructions en elles-mêmes expriment cette critique de notre propre travail. De tous les côtés nous étions alertés sur l’impossibilité de vivre dans de 4 / FLEURY André – Président de l’OPHLM d’Aubervilliers en 1974, in. Logement, bilan et perspectives – Bulletin édité par les élus d’Aubervilliers – budget 1974, p. 9 5 / Entretien avec Jean-Pierre Lefèbvre, le 08/07/16 - voir en annexes. 6 / Zone d’Aménagement Différé (ou ZAD) est un secteur où une collectivité locale, un établissement public y ayant vocation ou une Société d’économie mixte (SEM) titulaire d’une convention d’aménagement dispose, pour une durée de 6 ans, d’un droit de préemption sur toutes les ventes et cessions à titre onéreux de biens immobiliers ou de droits sociaux
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Diagnostic patrimonial de la Maladrerie
tels logements. La gestion irréalisable, les difficultés auxquelles nous nous exposions pour l’avenir, les coûts etc. Nous avons finalement réussi à sortir cette opération qu’il ne faut pas considérer comme un “modèle”. C’est une école d’architecture de qualité, il y en a d’autres, mais maintenant il est certain que l’on aurait du mal à revenir en arrière ”7. Jean Sivy - président de l’OPHLM d’Aubervilliers
La Sodedat 93, un outils d'’aménagement Pour l’opération de la Maladrerie la ville s’associe avec la Sodedat 93, créée fin 1974, une SEM départementale soutenue par l’État. Elle a à sa tête Claude Bargas et l’incontournable Jean-Pierre Lefèbvre, directeur-adjoint et par la suite auteur d’un ensemble conséquent de publications sur les productions réalisées par l’aménageur. L’opération de la Maladrerie, la première de la Sodedat, est décisive pour son avenir. Malgré ses débuts difficiles, la SEM s’engage dans l’expérimentation architecturale avec le projet d’Aubervilliers. La rencontre avec l’architecture de Renée Gailhoustet, singulière et engagée, se fait par un “pèlerinage” à Ivry-sur-Seine qui convertit l’aménageur.
Maquette d’intention du projet de la Maladrerie © Archives municipales d’Aubervilliers
7 / SIVY Jean, Maire Adjoint d’Aubervilliers, Président de l’OPHLM, in. Revendiquons l’architecture, Archivari n°3 (mai 1984)
Présentation de l’opération
En commun accord avec la ville d’Aubervilliers, la Sodedat 93 choisit Renée Gailhoustet pour l’opération. La présentation de l’avant-projet architectural de l’architecte désarçonne les investisseurs. La Caisse des Dépôts déconseille fortement au Maire, André Karman, de concrétiser le plan masse piéton dessiné par Renée Gailhoustet. Après un moment de suspense, et le soutien au projet du Président de l’OPHLM Jean Sivy, la Mairie confirme la réalisation de l’opération par décision du Bureau Municipal. Après d’autres attaques sur le plan économique et sur les sujets de relogement des habitants du site, contrées par l’économiste Jean-Pierre Tohier “fidèle à l’école renaudienne”8, la municipalité tient le cap et le chantier commence en 1977 avec la construction de la première tranche. La Sodedat dégage le terrain au fur et à mesure en rachetant dans tous les cas les parcelles bâties appartenant à des particuliers. “On a fait la Maladrerie. Il y avait des chiffonniers. Il a fallu obtenir qu’ils s’en aillent. Cela a été fait au porte à porte. On n’envoyait pas un fonctionnaire ou un courrier, on y allait avec le maire. L’accueil était en général très très bon”9. Jack Ralite, maire-adjoint de l’époque
Cette opération nécessitant le relogement des habitants présents sur place avant les démolitions, l’Office sollicite l’architecte Henri-Pierre Maillard et son “système modulaire” “adoubé par l’industrie”10 qui érige un ensemble d’immeubles rue Rechossière entre 1975 et 1976 et permet la mise en place d’opérations tiroir. Après un travail de prospection, la SEM se spécialise dans les opérations de Résorption de l’Habitat Insalubre de financements publics ouvrant la commande à de jeunes architectes pratiquant une architecture différente, désignée plus tard comme expérimentale. Renée Gailhoustet fait partie de ceux-là. Elle va proposer, avec Jean Renaudie son ex-compagnon, une architecture organique et complexe à l’encontre de la production des grands ensembles. Jean-Pierre Lefèbvre résume : “Cette action menée vingt années par la Sodédat 93, peut être qualifiée d’expérimentation car elle a opposé aux règles ambiantes, économiques, politiques, idéologiques, esthétiques, une pointe avancée de la réflexion urbaine issue du mouvement historique de mai 68 et de ses sources plus lointaines, débouchant sur des propositions spatiales fortement utopiques, voire provocatrices, érigées dans un corps à corps tenace parfois naïf avec le terrain. Comme un révélateur”11.
8 / LEFÈBVRE Jean-Pierre, Une expérience d’écologie urbaine, Édition du Linteau (1999), p. 80. 9 / Entretien avec Jack Ralite, le 23/06/16 - voir en annexes 10 / Contribution au diagnostic du patrimoine de la Commune d’Aubervilliers, Département de la Seine-Saint-Denis, Direction de la Culture, de la Jeunesse et du Sport, Bureau du Patrimoine, Pantin, novembre 2004, p.145 11 / LEFÈBVRE Jean-Pierre, Faut-il brûler les HLM?, L’Harmattan, 2007, p. 42
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Diagnostic patrimonial de la Maladrerie
Visite de chantier - Jean Sivy à gauche, Renée Gailhoustet à droite © Archives municipales d’Aubervilliers
Visite de chantier - Jack Ralite à gauche, André Karman à droite © Archives municipales d’Aubervilliers
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Présentation de l’opération
Renée Gailhoustet - architecte en chef
“ À l’heure où les constructions de logements collectifs semblent enfermées dans leur cadre normatif et n’être que des produits de représentations sociales et fonctionnelles étriquées, Ia poésie, Ia rareté et Ia qualité des réalisations de Renaudie et de Gailhoustet incitent plus que jamais à les revisiter ”12. Bénédicte Chaljub
Parcours Renée Gailhoustet, nait à Oran (Algérie) en 1929. Après l’obtention d’une licence en littérature à Paris où elle ne trouve finalement pas sa voie, elle s’oriente vers une formation d’architecte. “C’est l’époque de la décolonisation, des grandes manifestations. Renée Gailhoustet s’engage politiquement dans les Jeunesses Communistes”13. Elle travaille dès 1952 au sein de l’atelier Lods (un des seuls, à l’époque, qui accepte les collaboratrices) et y rencontre Jean Renaudie. Commence avec lui une relation de connivence intellectuelle, un partage de convictions architecturales. Elle termine sa formation dans l’atelier de Faugeron où elle met peu les pieds et travaille en autonomie sur son projet de diplôme de rénovation du quartier du canal Saint Martin. À la suite de son diplôme en 1961 ‑ un des rares diplômes de ces années à s’intéresser au logement collectif - elle est engagée dans l’agence de Roland Dubrulle pour le projet de rénovation du centre-ville d’Ivry-sur-Seine. Peut-être parce qu’il a confiance en la jeune architecte, Roland Dubrulle lui propose bientôt de “reprendre le bébé”, comme elle dit elle-même, et elle lance sa propre structure en 1962 au moment de commencer la tour Raspail d’Ivry. Elle deviendra architecte en chef de l’opération de rénovation du centre ville en 1969. Dans sa pratique et son engagement personnel, Renée Gailhoustet répond principalement à des commandes publiques de logements sociaux, avec équipements, pour des villes communistes. De 1962 à 1975, elle met essentiellement en œuvre des bâtiments d’esprit post-corbuséens qui restent des cellules d’habitations imbriquées, parfois de manière complexes. Dès 1971, du fait de sa proximité intellectuelle avec Jean Renaudie et de la rupture idéologique de mai 68, elle développe des bâtiments pyramidaux, avec l’idée que chaque logement doit être différent dans un “droit à la différence”. Ce système d’organisation des logements et de la volumétrie des bâtiments dérivé des projets de Renaudie sera par la suite décliné par Renée Gailhoustet dans sa production, rejetant sa propre démarche “corbuséenne”. L’approche de Renée Gailhoustet est qualifiée plus tard de ‘renaudienne’ (voir plus bas), car elle est semble parfois n’être que l’application des théories de Renaudie. Souvent positionnée en retrait face au travail de Jean Renaudie, l’œuvre de Renée Gailhoustet n’en reste pas moins une recherche architecturale personnelle. Ils ont toujours travaillé de façon indépendante. Renaudie développe une architecture théorique avec les notions de “combinatoire”, de “complexité” et de “ville par le vide”. “Il énonce même que “ sans théorie, il ne peut y avoir de pratique ”. Or, il paraît reconduire à chaque fois le même édifice. A l’inverse, l’oeuvre de Renée Gailhoustet est extrêmement diversifiée mais peu loquace, semblant davantage s’affirmer dans un 12 / CHALJUB Bérénice, “Renée Gailhoustet en ses terrasses”, AMC n°180, juin-juillet 2008 13 / HARTMANN Véronique, Renée Gailhoustet : une pionnière, Architecture intérieure CREE n°291 (1999), p. 43
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Diagnostic patrimonial de la Maladrerie
chronologie du travail de renĂŠe gailhoustet
Présentation de l’opération
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Diagnostic patrimonial de la Maladrerie
savoir-faire que dans un savoir-dire”14. Bérénice Chaljub, auteure d’une thèse de doctorat en architecture sur le travail de l’architecte en relation à celui de Jean Renaudie, estime que la mort prématurée de ce dernier en 1982 “constitue un héritage lourd à porter pour Gailhoustet qui se place dans Ia position d’assumer sa postérité, de rendre compte de son oeuvre, au détriment de Ia sienne”15. Bien que Renée Gailhoustet elle-même rappelle à quel point la figure de Renaudie a été “tutélaire”, au travers de son œuvre, elle ne copie pas les propositions typologiques mises en place par Renaudie, elle revendique des bâtiments gardant une grande marge d’interprétation. Une fois la piste typologique exploitée et aboutie, elle cherche une autre démarche de production ou “ chacune des expérimentations […] est l’occasion d’en épuiser les possibles ”16. À partir des années 80 le travail de Renée Gailhoustet évolue et elle semble revenir à une conception architecturale plus portée sur la coupe - vue d’un bâtiment coupé dans un plan vertical. Sans quitter ses convictions sociales et restant dans une image pyramidale, son oeuvre se rapproche en même temps de celle de l’immeuble. Elle délaisse le béton brut pour introduire d’autres matériaux dans ses constructions, réinventant sans cesse “ à partir du détournement d’un ensemble de règles données par lui [par Jean Renaudie, nda] ”17.
Cadre historique architectural Dans le cadre de la politique de construction du logement après guerre en France, la majorité des architectes se soumettent à la cadence productiviste dictée par l’État, produisant le corpus architectural désigné comme les “grands ensembles”. Face à la crise du logement, les procédés techniques d’assemblage sont développés afin de répondre rapidement aux demandes. Ainsi, la préfabrication d’éléments de construction est une réponse technique performante à ce moment de la production du logement en France, sous-entendant ici la répétition d’un plan d’étage courant suivant un chemin de grue. Cette rapidité d’exécution est un renversement dans la réflexion urbaine et architecturale, répétant à souhait la même barre et la même “cellule de vie”. C’est une innovation sans précédents et une amélioration radicale des conditions de vie pour les populations qui y sont logées. De grands architectes français se sont emparés de la problématique de la production de masse en tentant d’innover autrement, jouant ainsi sur la diversité des typologies de logements, la qualité d’exposition à la lumière, l’ingéniosité des espaces de distribution et de l’utilisation des matériaux - par exemple Fernand Pouillon, Émile Aillaud, Georges Candilis, etc - contrairement aux architectes inféodés aux grandes industries du bâtiment. Dès le début des années 60, un revirement s’opère. Matériellement, les cités se dégradent rapidement de part le manque d’entretien et le retour d’expérience de la technique constructive. Socialement, leur “enclavement” combiné à la fin progressive de l’essor économique des trente glorieuses amorce une “ségrégation sociale par l’habitat”18 dans les banlieues. Mai 68 est une rupture idéologique définitive avec le modèle social en crise des grands ensembles et par conséquent une remise en question pour beaucoup d’architectes. “ De la construction des grands ensembles, ce qu’il en reste c’est la quantité et pas la Renée Gailhoustet qualité ”19 14 / CHALJUB Bérénice, Réinventer les modes d’habiter : L’oeuvre insolite de Renée Gailhoustet Tracés n° 07, 03 avril 2013 15 / CHALJUB Bérénice, “Renée Gailhoustet en ses terrasses”, AMC n°180, juin-juillet 2008 16 / Ibid. 17 / Ibid. 18 / Circulaire du 21 mars 1973, dite “Circulaire Guichard”. 19 / RIZZO Anne, Renée Gailhoustet et le projet d’Ivry, documentaire - 2008
Présentation de l’opération
La Pensée" ' Renaudienne ' “ L’architecture de Renaudie et Gailhoustet se repose sur ces notions d’être un patrimoine social [...], une architecture profondément sociale. Non pas parce qu’elle s’adressait aux plus pauvres, mais parce qu’au contraire elle s’adressait à tout le monde indifféremment, qu’ils soient pauvres ou riches, à travers des éléments qui dans l’architecture étaient offerts et qui étaient inhabituels par rapport à l’histoire de l’architecture ”.20 Serge Renaudie
La ville
Parmi les mouvances contestataires à la production des grands ensembles, chez Renaudie et Gailhoustet s’opère une révolution culturelle, liée à leur rejet de la production majoritaire architecturale, et permise par la révolution de mai 68. Casser le bâtiment pour en faire une pyramide à terrasses, une ziggourat, n’est pas fait par hasard. Ce renouvellement architectural résulte d’une recherche, une responsabilité et une éthique que se sont fixés mutuellement Jean Renaudie et Renée Gailhoustet. Dans leur démarche, ces architectes rejettent la doctrine alors en vogue, marquée par le “zoning” : c’est une critique des grands ensembles et de la pensée de l’habitat social. C’est un rejet de l’aménagement de quartiers puis de villes entières qui constitue un moule social emprisonnant l’individu dans des ensembles standardisés, des “machines à habiter”. À l’opposé de cette conception de la ville, pour les architectes Renée Gailhoustet et Jean Renaudie, l’idée du projet urbain est de retrouver une complexité dans la manière de vivre la ville qui existait dans la ville “historique“ (construite au fil du temps) et qui disparaît avec l’implantation de barres de logements identiques. On parle souvent de l’inspiration de Jean Renaudie venant de l’habitat vernaculaire du Limousin, mais il faut rappeler l’enfance et l’adolescence de Renée Gailhoustet à Oran, une ville portant les traces des andalous, des dynasties arabo-berbères, des espagnols, des Ottomans puis de la colonisation française. Les deux architectes entament un travail sur la qualité de vie apportée aux habitants par la diversité de formes architecturales, influençant ainsi le volume des pièces et leur agencement à l’échelle du logement. Puis, à une plus grande échelle, ils 20 / RENAUDIE Serge, entretien mené le 24 juin 2016 - voir en annexes
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Présentation de l’opération
en viennent à proposer un projet de vie de quartier. Le duo d’architectes était d’une part convaincu de la nécessité d’entretenir des relations conviviales de proximité, c’était pour eux une question de respect envers les usagers de leur architecture. D’autre part, selon eux, la vie du quartier était entretenue par une offre de services et de commerces de proximité, loin du zonage entretenant une relation avec le système de supermarché “grande surface” et la consommation de masse. Ils ont systématiquement travaillé à instaurer une mixité des fonctions dans leurs opérations. Les ateliers d’artistes en étant un exemple inventif: créer du dynamisme et de la surprise par l’introduction de l’art dans les HLM. “Bien sûr on peut me reprocher d’inventer des artifices pour aboutir à une organisation complexe dans les programmes que je réalise. En réalité, j’essaie d’offrir une solution possible, et il me semble avoir montré que les formes urbaines, de même que le logement, ne sont pas définies une fois pour toutes par l’histoire ”21. Jean Renaudie
Les logements différents
La partie la plus remarquable de leur travail imprégné d’humanisme, est leur invention de logements tous différents. Le postulat est si simple qu’il ferait passer la production architecturale moderne pour absurde. Chacun est différent, il n’y a donc aucune raison pour que tous les logements ne le soient pas aussi. Renée Gailhoustet affirme que “ Jean Renaudie à remis en cause l’idée de plan type du logement ”22. Les architectes se tournent alors vers la complexité. La trame se décale, et le carré en revient à son essence : la diagonale. Ils se poussent eux-mêmes à l’utilisation d’une géométrie riche de cercles, triangles, hexagones, etc. ; à se confronter en tant qu’architecte à des formes imprévues et des compositions complexes. En habitant un logement de Renaudie ou Gailhoustet, on se demande comment sont les appartements voisins, autant que comment habiter le sien. Ce que Serge Renaudie - fils de Jean Renaudie, lui-même architecte, urbaniste, paysagiste et défenseur du renaudisme - décrit comme une attitude de “ proposer aux habitants d’intervenir de façon forte sur l’acte d’habiter”23. Habiter un logement inhabituel pousse à l’appropriation. “ Il y a bien quelques surprises dans l’utilisation des coins à angle aigus et l’imagination est certes sollicitée pour qui voudrait tirer tout le parti innovant de cette richesse d’espace ”24. Jean-Pierre Lefèbvre
Renaudie et Gailhoustet font appel à l’imagination de l’habitant pour qui, tel un jeu, l’installation n’est pas des plus aisée, et où les possibilités d’appropriation de l’espace sont dans l’ingéniosité. Avec débrouillardise, un angle aigu habité ou une boîte quelque peu atrophiée vient transcender l’espace et décupler l’impression de superficie. Cette démarche témoigne d’un travail d’architecte extrêmement poussé. Tous les collaborateurs de Renaudie et Gailhoustet sont formels dans l’évocation de l’exigence des deux concepteurs. Chaque logement est dessiné, revu, et est recommencé patiemment. Jean Patrick Desse, collaborateur de Gailhoustet sur l’opération de la Maladrerie, parle de la démarche comme celle d’un besoin un peu masochiste de rentrer le soir avec un mal de crâne mais la sensation d’avoir réussi un logement unique. 21 / RENAUDIE Jean in. BUFFARD Pascale, Jean Renaudie, 1993, Sodedat 93 / Institut Français d’Architecture / Edizioni Carte Segrete, p.152 22 / CHALJUB Bénédicte, La Politesse des maisons, mai 2009, Actes Sud L’impensé, p.12, Entretiens avec Renée Gailhoustet. 23 / RENAUDIE Serge, entretien mené le 24 juin 2016 - voir en annexes 24 / LEFÈBVRE Jean-Pierre, Faut-il brûler les HLM?, L’Harmattan, 2007, p.70
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Le langage et la technicité architecturale
L’unicité de chaque logement vient faire opposition avec les réalisations des architectes des CIAM25 et leur standardisation et la normalisation de l’habitat et de l’habiter. Mais plutôt que d’être en rupture totale avec les modernistes, Renaudie et Gailhoustet s’emparent du travail effectué par les mêmes architectes sur les villas et maisons durant toute la première moitié du siècle. Ils mettent alors au service du logement social les terrasses, le patio, la loggia, la double hauteur, le duplex, triplex, les ouvertures zénithales, etc… L’architecture de Renaudie et Gailhoustet est finalement un usage des procédés constructifs des grands ensembles: le système poteau-dalle qui permet un gros-oeuvre simple, une trame qui correspond à celle des parkings, des panneaux de façade qui préfabriqués permettent des bandeaux filants de fenêtres et une rationalisation des descentes de fluides dans le bâtiment. “ Ici, aussi bien qu’à la Maladrerie, la structure est très très simple. C’est une grille avec des poteaux et c’est cette grille qui définit les volumes d’ensemble. Et comme c’est une grille on peut définir des volumes qui sont très très différents d’un endroit à l’autre ”26. Renée Gailhoustet à propos de la promenée du Liégat à Ivry-sur-Seine.
Renée Gailhoustet et Jean Renaudie complexifient donc la construction tout en gardant les élément préfabriqués et la mise en oeuvre rapide. Les coûts de construction sont à peine plus élevés que ceux d’une barre avec le même nombre d’habitants, Jean Renaudie évaluant la différence de prix de 10%. Renée Gailhoustet complète en racontant que les entreprises ne se sont jamais plaintes car ce système simple correspond tout à fait à leur manière de construire. Les terrasses plantées
Le bâtiment qui s’élève en pyramide permet sur ses surfaces libres de ses retraits d’installer des terrasses. Pour Renaudie et Gailhoustet, les terrasses sont plantées : novateurs une nouvelle fois, ils proposent une terrasse avec une étanchéité, et entre 30 et 40 centimètres de terre végétale. La première intention est liée à la recherche d’une qualité de vie - de la nature à sa fenêtre, même en HLM. L’air est purifié par la présence des plantes, le quartier se porte mieux, et vit au gré des saisons. Les deux architectes travaillent le “plaisir d’habiter et de disposer d’un jardin dans un bâtiment collectif”27. C’est la seconde intention : permettre de prendre du recul, littéralement. Elle permet de contempler son propre chez-soi depuis l’extérieur, comme dans une maison ; là ou la barre ne permet que de voir sa fenêtre parmi une multitude d’autres. “La terrasse en tant qu’espace complémentaire prend alors tout son sens. Elle n’est pas simplement un balcon mais une surface qui est entre le logement et la ville”28. Mais le fait d’offrir des terrasses à chaques logements va plus loin : cela permet aux habitants d’intervenir sur l’aspect extérieur de leur bâtiment, chose rarissime proposée par un architecte. “La terrasse, lorsqu’elle est plantée, va permettre de transformer cette architecture, d’y intervenir. Pour Renaudie et Gailhoustet, l’architecture n’est terminée que dès lors qu’elle est plantée, couverte de végétation. Ce qui permet aussi à cette végétation de changer l’aspect de l’architecture”29. Serge Renaudie 25 / Les Congrès International d’Architecture Moderne (CIAM), de 1928 à 1956, sont des congrès importants visant à promouvoir l’architecture moderne et fonctionnaliste. Ils ont largement inspiré la construction et reconstruction après-guerre. 26 / GAILHOUSTET Renée, Entretien mené le 24 juin 2016 - voir en annexes 27 / RENAUDIE Serge, À propos des terrasses de Jean Renaudie, écrit personnel, non daté 28 / RENAUDIE Serge, entretien mené le 24 juin 2016 - voir en annexes 29 / RENAUDIE Serge, entretien mené le 24 juin 2016 - voir en annexes
Présentation de l’opération
Par conséquent, l’aspect final du bâtiment dépend de l’habitant et de son rapport à la terrasse. S’il s’en occupe, elle est vivante, colorée et évolue avec les saisons ; s’il ne s’en occupe pas, elle est morne au yeux de tous. Au delà du plaisir que l’habitant prend à cultiver sa terrasse, il offre un paysage à ses voisins. '' Proliférant ''
Cette architecture, dans sa complexité architecturale et sociale, son humanisme et son rapport au végétal, a été qualifiée de “renaudienne” par Jean-Pierre Lefèbvre à l’époque le directeur adjoint de la Sodedat 93. Ce dernier contribue à la véhiculation idéologique du mouvement et à la réalisation de nombreux équipements publics et de logements. Dans la mouvance renaudienne, on peut citer principalement comme architectes pratiquants en plus de Jean Renaudie et Renée Gailhoustet : les frères Luc et Yves Euvremer, Iwona Buczkowska et Jeronimo Padron-Lopez. Ces personnalités ont toutes été des figures majeures de l’aménagement urbain et de l’incarnation du progrès social par le logement en Seine Saint-Denis dans les années 70 et 80. D’un autre côté, le mouvement a été qualifié de “proliférant”. On retrouve ce terme dans les ouvrages d’architecture généraux mais également aujourd’hui dans des contextes divers. Actuellement, la notion de proliférance est plutôt associée au végétal et des plantes grimpantes, tandis que le terme est utilisé dans les années 70 de façon malveillante par les détracteurs de cette architecture, en voulant signifier qu’elle “se multiplie rapidement et excessivement”. D’après Serge Renaudie, les bâtiments renaudiens n’ont rien de proliférants : ils ont été attaqués de proliférants parce qu’ils donnent l’impression d’être une reproduction systématique d’un même mode constructif dupliqué. Alors que d’une part, il s’agit de composer avec la trame et de ne pas s’y enfermer. La trame émancipe ces architectes des idées préconçues du logement et pour preuve, ils tous différents. D’autre part on note, au delà de la trame, que tous les projets renaudiens répondent très spécifiquement et de manière très pointue à leur contexte. En ça, pas un seul projet ne se ressemble. Quand on interroge Renée Gailhoustet sur la qualification de son architecture sous le terme de proliférante, elle y oppose tout le poids de sa recherche architecturale. “ Quand on disait architecture proliférante ça voulait dire qu’on refaisait toujours les mêmes choses, qu’on tricotait toujours les mêmes choses. Moi j’ai toujours trouvé que le terme n’était pas convenable parce que le parti principal de cette architecture c’était que ça se renouvellait tout le temps. Par exemple vous faites 70 logements, ce sont 70 logements différents. Quand c’est proliférant c’est normalement répétitif. Il me semble que dans l’idée de proliférant il y a l’idée qu’on rabâche les même trucs, finalement Renée Gailhoustet, ni amère, ni dépitée, balaye la question d’un revers de la main, enfin ceci dit ils peuvent l’appeler comme ça s’ils veulent “30.
30 / GAILHOUSTET RENÉE, entretien mené le 24 juin 2016 - voir en annexes
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Acteurs du projet • OPHLM d’Aubervilliers :
Président : André Fleury, puis Jean Sivy Directeur : Claude Biedermann Vice-Président : Jean Cherbonnier Suivi de chantier Mr. Quetier
• SODEDAT 93 :
Directeur : Claude Bargas Directeur-adjoint : Jean-Pierre Lefèbvre Chargée d’opération : Renée Le Doare Technicien en économie : J.P. Tohier
• Architectes et concepteurs :
Architecte en chef : Renée Gailhoustet Collaborateurs : Vincent Fidon, Yves et Luc Euvremer, Magdalena Thomsen, JeanPatrick Desse, Katherine Fiumani, Gilles Jacquemot Espaces extérieurs : Gérard Chireix
• Bureau d’étude BERIM
Ingénieur chargé de projet et du suivi de chantier : Bernard Lours
• Municipalité
André Karman, Maire (1957-1984) Jack Ralite, Maire-adjoint (1959)1984), Maire (1984-2003), Conseiller régional IdF (1986-1992) DGST : Mr. Bonnel Services Techniques : Mr. Grenier Commission communale de sécurité : Gérard Delmonte Directrice des services sociaux : Mme. Gonzales
• Ministère de la Culture Bernard Anthonioz, Directeur de la Création Artistique
Présentation de l’opération
Programme et financements Les RHI sont des opérations publiques, sous maîtrise d’ouvrage locale, bénéficiant de financements substantiels de l’État qui subventionne officiellement 80% des opérations. Dans la réalité, selon Jean-Pierre Lefèbvre, il s’agit plutôt de 50% à 60% 31. Ce dernier affirme “la réalisation d’une telle opération que nous pensons de qualité a exigé une participation de la puissance publique (État et commune) à de 50 000F par appartement”32. En définitive, d’après les délibérations du Conseil Municipal d’Aubervilliers dont la trace est conservée aux Archives de la commune, il est possible d’évaluer la liste des montants empruntés et des subventions reçues par la ville pour financer l’opération de la Maladrerie à un total de 37 881 700 F en 1975, l’équivalent suivant inflation à 25 913 067,40 € en 201633. Résumé des emprunts s’étalants de 1972 à 1989 : • Caisse des dépôts - 26 481 700 F ( 18 114 870,16 €) • Caisse d’aide à l’équipement des collectivités locales - 6 000 000 F (4 104 314,34 €) • Banque française de crédit coopératif - 2 800 000 F (1 915 346,69 €) • (réalisation de commerces) • Caisse d’épargne de Paris - 2 600 000 F ( 1 778 536,21€) • (réalisation de parkings supplémentaires) Jean Pierre Lefèbvre, de la société d’aménagement Sodedat 93, notifie en 1980 que pour la construction de la Maladrerie le dépassement de budget est, de façon légale, à hauteur de 8% : “Les logements H.L.M. entrent dans les prix plafonds. Ils ont bénéficié d’une autorisation de dépassement d’environ 8% par le Plan Construction financée par un prêt supplémentaire.”34
31 / Entretien avec Jean-Pierre Lefèbvre, le 08/07/16 - voir en annexes. 32 / Sodedat 93, Urbanisme Seine-Saint-Denis : Sodedat 93, six ans d’activité, Sodedat 93 (1980), p. 11 33 / Compte tenu de l’érosion monétaire due à l’inflation, le pouvoir d’achat de 37 881 700 francs en 1975 est donc le même que celui de 25 913 067,40 euros en 2015 - http://www.insee.fr/fr/service/reviser/calcul-pouvoir-achat.asp, consulté le 14/10/16 34 / LEFEBVRE Jean-Pierre in. En bref, Le long sentier: école maternelle, Archivari (octobre 1994)
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Extraits du livret de l’habitant fourni par le bailleur aux habitants arrivant à la Maladrerie
Présentation de l’opération
genèse • 1972-10 - Création de la ZAD par arrêté préfectoral • 1974-06 - ZAD de La Maladrerie : définition du périmètre insalubre par délibération du Conseil municipal • 1974-06 - Début des acquisitions des propriétés par délibération du Conseil municipal • 1974-12 - Îlot insalubre de la Maladrerie inclu dans la ZAD délimitée par arrêté préfectoral • 1975-04 - Approbation de la convention d’exécution à passer avec la Sodedat 93 par délibération du Conseil municipal • 1975-mois inconnu - Renée Gailhoustet est contractée par la Sodedat 93 pour le projet Maladrerie • 1976-03 - Prêt de la Caisse des dépôts et consignations de 4 000 000 à la Sodedat • 1977-09 - dépôt du PC tranche 1 par Renée Gailhoustet architecte DPLG • 1977-10 - dépôt du PC tranche 3 par Renée Gailhoustet architecte DPLG • 1978-07 - dépôt du PC tranche 2 par Renée Gailhoustet architecte DPLG • 1978-07 - dépôt du PC tranche 4 par Renée Gailhoustet architecte DPLG, Vincent Fidon architecte • 1979 - Livraison Tranche 1 • 1979-05 - dépôt du PC tranche 5A par Renée Gailhoustet architecte DPLG • 1979-05 - dépôt du PC tranche 5B par Renée Gailhoustet architecte DPLG, Yves et Luc Euvremer architectes • 1980 - Livraison Tranche 3 • 1980 - Livraison Tranche 4 • 1981 - Livraison Tranche 5A & 5B • 1981-09 - dépôt du PC tranche 7 par Renée Gailhoustet architecte DPLG • 1982-02 - dépôt du PC tranche 7bis par Renée Gailhoustet architecte DPLG, Vincent Fidon architecte • 1984-08 - dépôt du PC tranche 8 par Renée Gailhoustet architecte DPLG • 1985 - Livraison Tranche 7 • 1985 - Livraison Tranche 7bis • 1986-05 - dépôt du PC tranche 6 par Renée Gailhoustet architecte DPLG, Vincent Fidon architecte • 1987 - Livraison Tranche 8 • 1988-11 - dépôt du PC tranche 10 par Renée Gailhoustet architecte DPLG • 1989 - Livraison Tranche 6 • 1989 - Livraison Tranche 10 • 2010 - Résidentialisation de “l’Ilot Daquin” dans le cadre de l’ANRU - 104 logements concernés, agence Virtuel architecture
“Utopie urbaine réalisée, emblématique des années soixante-dix, la Maladrerie mérite une attention particulière parce qu’elle nous propose une autre idée du logement social et de la ville”35.
35 / Contribution au diagnostic du patrimoine de la Commune d’Aubervilliers, Département de la Seine-Saint-Denis, Direction de la Culture, de la Jeunesse et du Sport, Bureau du Patrimoine, Pantin, novembre 2004, p.145
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Constituantes du projet d'origine
© Archives administratives de l’OPH d’Aubervilliers
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Constituantes du projet d’origine
Influence de l'’architecte sur le programme La maîtrise d’ouvrage de l’opération a choisi Renée Gailhoustet car les valeurs humanistes qu’elle défend dans la pratique de sa discipline correspondent à la ville d’Aubervilliers dans leur propre recherche politique d’une émancipation de l’homme. “ Il faut traiter l’homme dans le pauvre et pas le pauvre dans l’homme. Il faut traiter l’homme émancipé. Il faut que le logement social permette cette émancipation ”36.
Dans ce cadre d’une recherche sociale, l’architecte va avoir une influence considérable sur la programmation de la Maladrerie. Le programme reflète la diversité des acteurs intervenant sur l’opération mais principalement les propositions de l’architecte qui, en débattant avec la municipalité et la nourrissant de ses idées, enrichit le projet : Renée Gailhoustet est convaincue que son architecture doit refléter la ville historique, sa complexité urbaine, économique et sociale. Initialement, c’est une programmation plus réduite qui est proposée pour le site - logements et équipement socio-culturel - or Renée Gailhoustet affirme dès son premier plan masse l’introduction de nouveaux usages appuyés par une morphologie urbaine et architecturale. En pensant l’architecture de la Maladrerie avec un programme plus étoffé : des équipements et commerces en périphérie d’îlot, puis des artistes au coeur du site, Renée Gailhoustet créé plus qu’une cité HLM, elle créé la cité, la polis. “ Elle refuse de traiter le logement collectif de manière isolée à l’image des grands ensembles, pour l’envisager dans une imbrication avec des équipements publics et des commerces et constituer un morceau de ville ”37. Dans les années 70, le quartier de la Maladrerie est excentré du centre-ville. Peu de commerces et de services sont présents sur place. Après la destruction de l’habitat insalubre, les quelques rues traversant la zone RHI disparaissent au profit de la création d’un îlot unique situé entre les rues Jules Guesde, Danielle Casanova, Jules et Martin Lopez, Maladrerie et l’Abeille. Le plan masse proposé par Renée Gailhoustet occupe le site de manière homogène par des édifices, tout en créant des diversités : des pyramides en coeur d’îlot, mettant en valeur le rapport au ciel, et des bâtiments de façade du côté des grands axes, connectant l’ensemble au quartier élargi. Le travail des rez-de-chaussée porte sur la variation entre l’implantation de commerces et de services bordant les axes, et ceux de logements d’artistes au centre du site. Elle imagine le projet globalement, en traitant de manière égale le rapport aux commerces sur les axes de passage, et la vie “intérieure” de l’îlot, dynamisée par la présence des artistes. En effet ceux-ci dès la livraison de l’opération prennent une “part active à la vie culturelle locale : organisation d’expositions, créations, animation permanente”38. En bref, elle cherche à obtenir une concordance entre les degrés d’activités en rez-de-chaussée et leur position géographique - hiérarchisant ainsi agitation et tranquillité dans l’unicité de l’opération.
36 / Entretien avec Jack Ralite, le 23/06/16 - voir en annexes 37 / CHALJUB Bénédicte, La Politesse des maisons, mai 2009, Actes Sud, L’impensé, p.76, Renée Gailhoustet, une architecte engagée. 38 / LAROUSS Kim, Les artistes dans leurs meubles - Heureux peintres d’Aubervilliers, Le Monde, le 8 janvier 1980
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Projet de la Tranche 8 et projet non réalisé de réhabilitation de la zone Émile Dubois, jusqu’au métro Fort d’Aubervilliers © FRAC Centre
Plan du Foyer Soleil de la tranche 1 © FRAC Centre
Constituantes du projet d’origine
Axonométrie de la tranche 1 © FRAC Centre
Élévation de la tranche 7 depuis la place Jean Renoir © FRAC Centre
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Projet de la maison de la Petite Enfance © FRAC Centre
Photographies de la maquette et du chantier de la Maison de la Petite Enfance Saint-Exupéry (en haut), livraison de la passerelle du CAPA - © Archives municipales d’Aubervilliers
Coupe de la passerelle franchissant la rue Jules et Martin Lopez © FRAC Centre
Constituantes du projet d’origine
Les Équipements “Cette unité, que nous ressentons si fortement quand nous pénétrons le tissu de villes anciennes, est pour nous le garant de l’urbanité”39.
Renée Gailhoustet souligne dans ses ouvrages l’harmonie de l’architecture de Jean Renaudie, pourtant constituée d’un programme mixte. De fait, l’équipement au “ statut dominateur ” n’est pas différencié du logement et l’ensemble de l’opération et des usages complexes qui s’y tiennent prennent une dimension symbolique. C’est “le refus des hiérarchies et des signes du pouvoir”40. “ Enjeu difficile, […] la pratique démocratique elle-même. Peu d’architectes l’ont abordé de front. Jean Renaudie s’y est attaché ”41. C’est tout le pari des quartiers qu’elle dessine, où le logement lui aussi devient symbolique, griffé d’une architecture de qualité, cette même qualité qui est habituellement destinée aux équipements. La Maladrerie illustre cette architecture démocratique. Entre deux îlots piétons, le centre culturel ne se démarque que parce qu’il enjambe la rue. En voulant créer un passage reliant les deux îlots du projet sans avoir à être au même niveau que les voitures, Gailhoustet parvient à signaler la présence de l’espace Renaudie et du centre d’art plastique. Cette passerelle est incontournable, tout en étant écrite dans le même langage architectural que les deux parties de l’opération qu’elle relie. Par ailleurs, le travail par la coupe des différents espaces d’arts qui s’imbriquent en enjambant la rue est remarquable. La tranche 10, la plus tardive (1989) comporte un équipement de la petite enfance. Le projet était à la base une école maternelle, de plus grande ampleur mais a été réduit pour des questions budgétaires. Renée Gailhoustet y développait un projet où son travail de la trame s’adaptait à l’échelle des enfants. On retrouve dans la maison de la petite enfance réalisée la volonté du dialogue entre l’architecture et le parc urbain. Renée Gailhoustet écrit, à propos de l’école que “l’espace extérieur a lui-même été redivisé afin que les enfants puissent plus facilement se l’approprier. Les lieux de récréation sont prolongés au sud visuellement [...] par un jardin public déjà aménagé”42. L’activité et le succès qu’ont tous ces équipements est à mettre en relation avec le dessin de Renée Gailhoustet. Sa réponse fine dans la répartition des structures dans le quartier est en accord avec l’idée architecturale que l’on se fait de la ville historique complexe. Au sein du quartier sont présents plusieurs échelles d’équipements. D’emblée, on peut noter ceux, culturels, qui rayonnent sur la commune et au-delà : • L’Espace Renaudie 30 rue Lopez et Jules Martin “Une salle de spectacles pluridisciplinaire au cœur du quartier de la Maladrerie d’Aubervilliers : L’espace Renaudie est une salle de spectacles avec des gradins amovibles contenant 194 places. Un espace de rencontre entre l’art et la population accueillant une programmation Jeune Public, de la musique, du théâtre, de la danse, des résidences de compagnies de spectacle vivant et les associations de la ville. Mis à disposition prioritairement pour les manifestations culturelles, d’abord 39 / GAILHOUSTET Renée in LEFÈBVRE Jean-Pierre, Banlieue 93, Sodedat 93, Messidor (1989) 40 / GAILHOUSTET Renée, Des racines pour la ville, 1998, Les Éditions de l’Épure – Paris, p.72 41 / GAILHOUSTET Renée, Des racines pour la ville, 1998, Les Éditions de l’Épure – Paris, p.72 42 / GAILHOUSTET Renée in. Le long sentier: école maternelle, Archivari (octobre 1994)
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Les artistes de la Maladrerie : installation de portraits (en haut), les Rita Mitsouko (à droite), journée portes ouvertes (à gauche) © Archives municipales d’Aubervilliers
Lecture de la présence des ateliers d’artistes en façade © FRAC Centre
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municipales (Conservatoire), puis scolaires, puis d’associations locales.”43. • Le CAPA - Centre d’Arts Plastiques d’Aubervilliers 27 bis rue Lopez et Jules Martin Le CAPA conduit à la découverte et la pratique de l’art contemporain et propose des ateliers réguliers de peinture, dessin, sculpture, gravure et photographie. • Le studio d’enregistrement John Lennon Puis les équipements socio-culturels à l’échelle du quartier : • Maison de l’enfance Saint-Exupéry 4, allée Gustave Courbet • Médiathèque Henri Michaux 27 bis rue Lopez et Jules Martin • Micro crèche Bruno Munari (12 places) 26 rue du Long Sentier • Le foyer pour personnes âgées Edouard Finck (foyer Soleil) Allée Henri Matisse • Les salles de quartier pour les activités associatives • Les divers locaux commerciaux, et la supérette. Puis viennent les services dédiés aux locataires, comme les loges de gardien. Initialement, le président de l’Office met en place brièvement un système de gardiennage-maintenance afin de rentabiliser la présence des gardiens sur le quartier. “ La mise en place d’une gestion adaptée à cette architecture a failli se mettre en place grâce à Sivy, mais l’ensemble des bailleurs ne sont pas prêts à le faire et lui sont tombés dessus. La lutte contre la bureaucratie est quasiment impossible et ça a fini par tomber à l’eau ”44.
Sur les logements d’'artistes Renée Gailhoustet intègre une quarantaine de logements d’artistes à l’opération de la Maladrerie avec le soutien de Jack Ralite, député et chargé des affaires culturelles à la Mairie d’Aubervilliers. Une partie des ateliers sont subventionnés par le Ministère de la Culture, à hauteur d’environ 33% dans l’ensemble, après vérification que les ateliers répondent aux normes exigées : surfaces, exposition et luminosité, installations spécifiques (bac à eau). Dans les dernières tranches, des logements équipés d’une cave servent à réaliser des studios pour musiciens. Les attributions de logement sont gérées par la Maison des Artistes d’Aubervilliers et par le bailleur public. Dans les années 70, la création de logements d’artistes vient du constat d’une pénurie de logements d’artistes à Paris. Les ateliers logements sont soit délabrés soit trop chers pour les artistes, qui quittent la capitale. Pourtant cette dernière avec ses grandes galeries, reste l’épicentre de l’art en France. Il y a près de mille demandes de logement-atelier sur les listes d’attentes du Ministère de la Culture. C’est dans ce cadre que Renée Gailhoustet intègre ce type de logement dès 1968 dans sa programmation architecturale du centre ville d’Ivry-sur-Seine, et qu’elle propose d’en faire de même à Aubervilliers. À l’époque de la livraison de l’opération, les artistes en résidence à la Maladrerie organisent avec l’aide de la ville trois journées portes ouvertes de leurs ateliers, qui 43 / Description de l’Espace Renaudie de la page officielle de Plaine commune - http://www.tourisme-plainecommune-paris.com ; consulté le 18/10/2016 44 / Entretien avec Jean-Pierre Lefèbvre, le 08/07/16 - voir en annexes.
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Diagnostic patrimonial de la Maladrerie
Les artistes dans leurs ateliers © Nicolas Fremiot
Alex Jordan (graphiste membre de Grapus) 28 septembre 1986
Irina Katz (peintre) 11 avril 1987
Jean-Pierre Clément (sculpteur) 3 juillet 1986
Jacques Daniel (peintre, graphiste, illustrateur) 7 mai 1987
Henri Guédon (peintre) 9 mai 1987
Marc Pataut (photographe, enseignant aux Beaux-Arts de Paris,
Wang Keping (sculpteur) 17 juillet 1986
Jocelyne Santos (graphiste) 11 mai 1987
membre du collectif Ne Pas Plier) - 28 septembre 1986
Constituantes du projet d’origine
drainent à cette occasion des milliers de visiteurs venant de Paris. Le quartier à ses débuts est un espace de création et d’intervention, initiant les autres habitants lors de stages et de cours. Par la suite, le Centre d’Arts Plastiques d’Aubervilliers, s’installe au sein du quartier. “ Cette volonté de créer une vie dans la cité avait été une des idées maîtresses du projet. C’est en partie pour cela aussi que la municipalité et en particulier son maire, Jack Ralite, a voulu insérer les artistes dans le tissu social de façon à éviter un divorce avec la population et à ne pas créer de ghettos d’artistes. Leur seule présence, a pour beaucoup d’esprit, quelque chose de dérangeant ”45.
L’intégration de ces ateliers en rez-de-chaussée, avec les autres commerces et équipements, a permis à Renée Gailhoustet “d’aborder sous un angle intéressant la problématique urbaine”. En plaçant les ateliers en cœur d’îlot, l’architecte leur donne une place primordiale dans l’intimité du quartier, et le rôle de moteur qu’ils prennent dans les premières années de la Maladrerie créé la dynamique de quartier. Architecturalement, la composition des façades permet de constater cette présence : de manière générale, les bandeaux de fenêtre de 2,5m de hauteur laissent place à une fenêtre dessinée finement, qui apporte de la lumière grâce à ses 5 mètres de hauteur. Le jeu d’utilisation de la trame structurelle permet une multitude de typologies d’ateliers-logements, répondant aux besoins des diverses disciplines. “ Soit l’atelier commande le logement, le séjour s’ouvrant sur un jardin privatif. Soit l’atelier est très haut sans plafond et un petit escalier le relie à une passerelle menant au niveau supérieur ; le logement disposant d’un accès nettement différencié par la cage d’escalier. Dernier cas de figure, le logement est toujours au rez-de-chaussée mais l’atelier lui est en contrebas et possède un accès indépendant sur le jardin ”46.
Malgré les trois journées portes ouvertes, les artistes rencontrent des difficultés financières, des “ périodes creuses ”, les plaçant dans l’incapacité de régler leur loyer. Le bailleur, bienveillant, échange des œuvres d’art contre les loyers impayés et constitue une collection visible pour les élus, architectes et chefs d’entreprises de passage dans les bureaux afin de promouvoir les artistes et le quartier. Le siège de l’OPH reste aujourd’hui une administration particulière, où les oeuvres de toutes sortes, accumulées durant ces années, s’observent comme dans un cabinet de curiosité. Les recueils de photos d’époque nous enseignent une vibration dans le quartier, une vie de voisinage entre les habitants des HLM et les artistes. Les fenêtres travaillées des ateliers d’artistes ne sont pas les murs d’aujourd’hui - leur production est documentée et présentée dans la presse. Les murs de la Maladrerie, portent alors la marque expressive de ce quartier d’exception pour le département.
45 / Du côté des Artistes, HLM Aujourd’hui n°4 (nov.-déc. 1986), p.126 46 / Du côté des Artistes, HLM Aujourd’hui n°4 (nov.-déc. 1986), p.128
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Place Renoir vue depuis la rue Danielle Casanova © Archives municipales d’Aubervilliers
Enfants sur les “ pyramides “, fresques des artistes en fond, salle du bassin (vitrée à l’époque) © Archives municipales d’Aubervilliers
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Caractéristiques urbaines et paysagères La Maladrerie est un large parc, où ont poussé pyramides de béton, arbres et plantes. Qualifiée aujourd’hui de cité-jardin, elle propose une déambulation au travers des bâtiments, multipliant la perméabilité des circulations publiques. Les entrées se font sous les bâtiments de part et d’autre du site, et ces rez-de-chaussée sont équipés de commerces, d’établissements culturels, qui assurent une fréquentation du site. Cette promenade labyrinthique urbaine est un réseau “organique”, et vit de son ouverture totale - tournée à la fois vers l’intérieur et l’extérieur. Dès le premier plan masse, l’architecte démontre une lecture fine du contexte. La volumétrie évolue en s’enrichissant au fur et à mesure des dessins du projet.
Articulation avec le site Renée Gailhoustet joue avec ce qu’elle appelle les “données du site” pour concevoir la volumétrie du projet. L’ensemble de la Maladrerie s’est façonné de manière à respecter les continuités urbaines et à s’intégrer au contexte bâti. Le bâti atteint au maximum le R+7, soit deux étages de plus que les barres de la cité contiguë d’Émile Dubois, avec une densité aussi importante, pour un effet nettement moins massif et avec plus de perméabilité. Les différents bâtiments de l’opération s’appuient sur des bâtiments limitrophes harmonisant ainsi les hauteurs, créant une continuité visuelle en reprenant le rythme de l’épannelage existant, et faisant cohabiter les différents tissus urbains. Le point le plus spectaculaire de cette continuité urbaine est la mitoyenneté avec le bâtiment de 8 étages au 120 rue Danielle Casanova. Le projet est façonné selon une volumétrie généreuse et la superposition des fonctions. Au sol, elle détermine la porosité des rez-de-chaussée, les lieux de passage, en prenant en compte l’arrivée imminente du métro au Fort d’Aubervilliers, et la possibilité de rejoindre les équipements et services de plusieurs manières, encourageant la promenade aléatoire.
Quartier piétonnier, labyrinthe et cœoeur d'’îlot planté Les façades de l’îlot donnant sur les rues principales Danielle Casanova et Jules et Martin Lopez se dressent emblématiquement sur la rue tout en offrant des passages au rez-de-chaussée. La visée de cette caractéristique urbaine est de conférer au projet un coeur d’îlot calme, en rupture avec la circulation des véhicules sur les axes périphériques. Renée Gailhoustet opère ce rejet de la “bagnole” de façon tout à fait délibérée, et reprend ainsi près de 9 hectares aux voitures dans la ville. On peut compter près d’une trentaine de passages piétonniers pour pénétrer dans le quartier. Du côté de la rue de la Maladrerie, où la densité urbaine et la fréquentation sont plus réduites, on peut entrer dans le quartier entre les bâtiments, pour découvrir une large pelouse et un petit équipement sportif et des jeux pour enfants. La séquence d’entrée est différente de celle Rue Danielle Casanova, elle présente une entrée plus intime et plus calme, directement dans un univers végétal. Le coefficient d’occupation des sols fixé par la municipalité et la densité que propose l’architecture de Gailhoustet permettent de laisser une large surface disponible pour la création d’espaces verts. Sur l’ensemble de l’opération, la surface de terre végétale annexée par les cheminements est restituée par les terrasses en pyramide. La présence de ce grand jardin intérieur fait du quartier de la Maladrerie
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Livraison de la tranche 7 et 7bis © Archives municipales d’Aubervilliers
Pavage en cours devant la tranche 1 © Archives municipales d’Aubervilliers
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un des parcs officiels de la commune (5Ha) mais aussi un espace emblématique de l’opération, elle-même désignée a posteriori comme une cité-jardin. La porosité des bâtiments au rez-de chaussée, couplée avec un travail topographique sur les espaces extérieurs façonne ce jardin à l’échelle de l’îlot avec plus d’un kilomètre et demi de cheminements piétons, ponctués de signaux permettant de se repérer visuellement. C’est un labyrinthe géant où les enfants jouent, et où l’on s’égare pour apprendre à se retrouver. Selon Renée Gailhoustet, se perdre est nécessaire pour l’assimilation d’un lieu : pour le connaître, il faut s’y être perdu. “Chacun peut pratiquer la ville à sa façon : un quartier ne nécessite pas les critères de lisibilité d’un circuit d’exposition ou d’un centre commercial. Ses habitants ne s’y perdront pas si la diversité des centres d’intérêts et des repères leur fournit des références personnelles, audelà de la présence des bâtiments publics, de sculptures ou de bassins, sans parler des commodités d’une signalétique”47.
Expérimenter la complexité urbaine à l’échelle du quartier fait écho à celle de la ville. Elle revendique le labyrinthe, et il est parfaitement illustré lorsque l’on voit le plan des allées de l’intérieur de l’îlot. Les habitants deviennent les seuls connaisseurs de leur propre labyrinthe, une rareté opposée à la ville rationnelle et épurée au possible, rêvée des modernistes et des administrateurs. “Lorsque j’entend dire : on ne se retrouve pas dans ce quartier, on ne sait pas où on va ou comment numéroter les logements…, je réponds : autour de la cathédrale de Chartres ou bien dans certains quartiers de Nevers, il y a la même incohérence. Une ville est faite pour être pratiquée [...]. C’est pourquoi nous refusions une architecture basée sur des axes, nous raisonnions en parlant de réseaux, concevant plusieurs possibilités pour aller d’un point à un autre”48.
De l’espace public à l’intimité du logement, Renée Gailhoustet et ses collaborateurs travaillent sur plusieurs séquences graduelles de transition vers les parties privées. L’ambition est toujours de donner à l’habitant le sentiment d’être unique. L’opération comprend une soixantaine de halls d’entrée, desservant moins d’une quinzaine de logement par vestibule une fois soustraits les 27 accès particuliers des pavillons. Et de fait, les habitants passent de l’agitation de la rue aux parcours piétonniers en cœur d’îlot. Au détour de l’allée se trouve l’entrée de leur immeuble, et en montant dans les étages leur palier n’est partagé qu’avec le moins de logements possible. De cette façon, on ne se sent pas perdu dans la masse, comme on peut l’être dans un couloir interminable et bordé de portes des Grands Ensembles. Une nuance réside dans la conception de l’îlot Daquin, où un caractère plus résidentiel se perçoit par le traitement des passages, accès et escaliers, sans pour autant “ enfermer les logements dans des îlots privatisés ”49, ce dont Gailhoustet refuse l’idée.
Aménagements paysagers, sculptures labyrinthiques Tous les aménagements extérieurs publics ou privatifs sont dessinés et réalisés par Gérard Chireix, sculpteur de formation, sous la supervision de Renée Gailhoustet. Le site, à la pente peu remarquable, est ainsi modelé par les jeux de topographie et la mise en valeur des cheminements entre les différents niveaux par la création de rampes et d’emmarchements. Une attention toute particulière est portée aux matériaux naturels et leur unité apporte une cohérence visuelle à tout l‘aménagement paysager. Hormis les passages couverts sous les bâtiments, qui sont quant à eux 47 / Renée Gailhoustet in. Lefèbvre Jean-Pierre, Banlieues 93, Sodedat 93, Messidor (1989), p. 82 48 / CHALJUB Bénédicte, La Politesse des maisons, mai 2009, Actes Sud L’impensé, p.16, Entretiens avec Renée Gailhoustet 49 / Aubervilliers – la Maladrerie, Carré Bleu n°4 (1986), p. 16
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Photos des aménagements extérieurs et des interventions plastiques des artistes dans l’espace public © Nicolas Fremiot (colonne de gauche) © Archives municipales d’Aubervilliers (colonne de droite)
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bétonnés, tous les chemins du quartier sont réalisés avec des matériaux perméables permettant l’écoulement et l’infiltration naturelle des eaux dans le sol. L’intégralité de la Maladrerie est donc pavée de brique ou de parpaings et le goudron, matériau en vogue à l’époque, est totalement exclu. Chireix décline ces matériaux avec une grande diversité, créant ainsi sculptures (les “cylindres”, les “pyramides”), garde-corps en claustrat, murets, calepinages au sol, etc. Les bonnes relations qu’il entretient avec le président de l’Office Public de l’Habitat, Jean Sivy, font qu’il se voit confier l’aménagement des espaces publics de la cité Émile Dubois. Le sculpteur s’occupe également des essences plantées et équilibre l’impression végétale à travers les saisons en intégrant des arbres persistants pour l’hiver, des fleuris pour le printemps, et d’autres à feuilles caduques afin de voir chavirer les couleurs à l’automne. Il expérimente différentes manière d’aborder la présence de la nature en ville. L’inclusion d’un bassin est pour lui un moyen d’introduire les plantes aquatiques en eau stagnante dans un aménagement urbain et paysager. Il plante arbres et arbustes par centaines. Par la suite, il aménage également le jardin potager en lien avec le Foyer Soleil (Club Finck) sur la première tranche (en face de l’actuel parking des Joyeux). Les jardins publics et les jardins privés ne sont initialement dissociés que par la présence des murets de briques ou parpaings, sans être grillagés. Cette absence de distinction concrète est un jeu posé par l’architecte afin de créer des espaces de rencontre et de convivialité. Après la livraison, les artistes du quartier s’approprient les murs de rez-dechaussée et peignent d’immenses fresques, couvrant la grisaille de noir, de blanc et d’ocre. À l’occasion des portes ouvertes des ateliers, l’espace public est investi par les performances graphiques. Sous certains hall, des chantiers collectifs de mosaïque sont organisés - par une initiative habitante ? du bailleurs ? on ne sait plus. Cage d’escalier collectif Entrée individuelle
Allée Georges Braque
Place Jean Renoir
Allée Georges Braque
Allée Gustave Courbet
Allée Nicolas de Staël Passage Louis Daquin Rue de la Maladrerie Rue du Long Sentier Rues - Danielle Casanova - Allée Georges Leblanc - Rue Jules Guesde - Rue Jules et Martin Lopez - Allée J. Decker
Matériaux utilisés pour aménager l’espace public
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Diagnostic patrimonial de la Maladrerie
Typologies variées, possibles par une trame libératrice
Le patio Le simplex
Le simplex à demi-niveau Le duplex
Le triplex Le pavillon à plusieurs demi-niveaux
Constituantes du projet d’origine
Caractéristiques architecturales Des logements uniques : une pensée humaniste permise par des dispositifs architecturaux À Aubervilliers Renée Gailhoustet prolonge l’idée développée avec Jean Renaudie d’une architecture humaniste, pour mettre en avant l’individualité des habitants. La mise en oeuvre de cette pensée est permise par un travail simple et intelligent, alliant morphologie et dispositifs techniques. De cette façon, la Maladrerie s’est construite avec un travail évolutif et notable sur un jeu de différentes trames. Chaque trame marque une nouvelle approche de la volumétrie des logements : en plan avec le système poteau-dalle, qui produit un plan libre, et par la suite, en coupe avec la trame en voile parallèle. “La solution idéale, théoriquement et techniquement idéale, consiste à avoir un cloisonnement complètement indépendant de la structure. C’est la logique de la très belle invention du plan libre 50.
On rend état de l’ampleur de la recherche qualitative de Renée Gailhoustet sur les logements quand elle évoque pour ceux-ci une succession d’espaces, plutôt qu’une organisation fonctionnelle. En travaillant la volumétrie, elle exploite les possibilités offertes par le développement des façades : leurs orientations multiples, puis le rapport créé avec l’extérieur au fur et à mesure des retraits dans les étages, tant au niveau de l’éclairage qu’au niveau des relations entretenues avec les terrasses. “ Nous cherchions à obtenir une fluidité de l’espace intérieur et à tordre le cou aux couloirs. La dimension compte quand il s’agit du logement social mais il faut reconnaître qu’à l’époque nous dessinions en dépassant sereinement les surfaces imposées ”51.
Elle se joue des logements types, et son architecture se permet de tels changements d’un niveau à l’autre, qu’elle ironise: “ si je veux engueuler un voisin bruyant, je ne sais pas chez qui frapper! ”52. Son architecture surprend et désoriente, elle pousse à se questionner. Renée Gailhoustet introduit au logement social de nouveaux dispositifs modernes : cuisines ouvertes, adaptées à un changement de mode de vie des années 70, chambres ouvertes pour développer l’espace de jeu des enfants, et elle étire les logements pour agrandir l’espace. Elle travaille les continuités visuelles dans le logement, supprimant par exemple la porte entre l’entrée et le séjour. L’ensemble de ces dispositifs est accompagné par les dernières innovations techniques. Elle multiplie les orientations, encore une fois grâce au plan libre, et fait entrer la lumière dans les logements en allongeant les fenêtres jusqu’aux limites des règlements d’isolation thermique. Les jeux de hauteur et l’entrée de la lumière dans les appartements apportent une qualité indiscutable aux intérieurs. Il arrive que certains logements aient une composition malheureuse, mais dans tous les cas, ils font appel à l’ingéniosité de l’habitant pour qu’il parvienne à s’approprier les espaces difficiles. Le travail de Renée Gailhoustet nous rappelle que l’architecture est un travail intellectuel et spatial et le logement n’est pas à part dans ces réflexions. Elle s’extrait 50 / CHALJUB Bénédicte, La Politesse des maisons, mai 2009, Actes Sud L’impensé, p.26, Entretiens avec Renée Gailhoustet. 51 / CHALJUB Bénédicte, La Politesse des maisons, mai 2009, Actes Sud L’impensé, p.27, Entretiens avec Renée Gailhoustet. 52 / CHALJUB Bénédicte, La Politesse des maisons, mai 2009, Actes Sud L’impensé, p.26, Entretiens avec Renée Gailhoustet.
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TYPOLOGIES DE TRAMES STRUCTURELLES
Le réseau dit “tranches d’ananas”
Constructions à gradins sur la base de trames de points d’appui hexagonales.
Constituantes du projet d’origine
de l’idée que c’est un bien immobilier dont le prix s’évalue au mètre carré. Elle le démontre en produisant des logements d’une très grande recherche qualitative pour des logements dans le parc public.
Les trames Pour mettre en place les ambitions sociales de leur architecture, Renée Gailhoustet et Jean Renaudie emploient un système constructif pyramidal induisant la différence de tous les étages et de tous les logements. Chez Gailhoustet, le questionnement et l’expérimentation de différentes typologies architecturales donnent lieu en plus à des réponses structurelles que l’on peut partitionner en plusieurs périodes, identifiables par deux cycles typologiques principaux. Le premier, une construction en gradins sur la base de trames de points d’appui triangulaires ou hexagonales. Décrites respectivement comme “réseau en étoiles” et “gradin en tranches d’ananas”, que l’on retrouve dans les tranches 1, 2, 3, 5A, 5B et 10 de la Maladrerie. Elles sont dans chaque cas de 5m de côté entre-axe - que l’on parle de carrés ou de triangles. “ Les trames poteaux-dalles offrent une liberté et une grande variété dans la division des logements, qui ne fonctionne absolument pas, sauf en façade, sur la trame constructive ”53.
Le second, une construction en voiles parallèles, est basée sur une conception de l’espace en coupe pour la création de logements en plusieurs niveaux : semi-duplex, duplex, triplex, situés dans les tranches 4, 6, 7, 7bis et 8. En utilisant ce système, elle peut échanger la terrasse plantée contre le patio, planté lui aussi, modifiant ainsi les rapports de voisinage (de la recherche du lien social à la promiscuité de voisinage). Elle utilise ce mode constructif dès 1978 à Villejuif et Ivry-sur-Seine, en complexifiant progressivement sa recherche architecturale qu’elle finit par parfaire à la Maladrerie. Pour les constructions en voiles parallèles, les distances entre-axes de la trame ne sont pas toutes identiques. Les pavillons de la tranche 4 sont basés sur une trame carrée de 3,53m, tandis que ceux de la tranche 7 sur un espacement des voiles de 3,6m se voulant initialement être un multiple de 0,2m pour l’emploi de parpaings. Pour les bâtiments rue du Long Sentier, les voiles béton sont espacés de 5,6m. Enfin, sur l’ensemble de l’îlot Daquin, l’écart est de 5,5m. La géométrie est la base de la recherche architecturale de Gailhoustet, et support de toute innovation. C’est un système rigoureux qui d’une part permet une mise en œuvre optimale, d’autre part qui libère l’architecture et révèle un panel de richesses spatiales. Les voiles parallèles autant que la trame de poteaux sont des systèmes rigoureux mais fonctionnels au possible. C’est ce que l’on constate en superposant le plan à première vue chaotique du bâti avec celui des parkings souterrains. Le choix de la dimension de la trame témoigne de la rationalité de de la construction : 5 mètres correspondent à la dimension standard de deux voitures garées côte à côte. Au début du chantier, une première étude n’indique pas de contrainte particulières dans la tenue géologique des sols, désignée comme plutôt homogène. La réalisation des premières fondations découvre à certains endroits, des sous-sols renfermant des poches de gypse, c’est à dire des cavités dont le volume est difficilement estimable. Pour éviter tout surcoût en tentant de remplir les poches de ciments, les fondations sont réalisées sur pieux. Ainsi, il faut descendre chercher “ point par point 53 / CHALJUB Bénédicte, La Politesse des maisons, mai 2009, Actes Sud L’impensé, p.26, Entretiens avec Renée Gailhoustet.
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Le réseau en étoile
Constructions à gradins sur la base de trames de points d’appui triangulaire.
Les voiles parallèles
Constructions orthogonales. Conception de l’espace en coupe.
Constituantes du projet d’origine
un sol portable pour asseoir le bâtiment ”54. La structure des bâtiments donc assise sur des semelles ponctuelles.
Les collaborateurs Pour la réalisation de la Maladrerie, Renée Gailhoustet s’entoure de jeunes collaborateurs qui dessinent les premières tranches sous sa supervision. Ils ne sont jamais plus de 6 à 8 au sein de l’atelier. Pour la suite du projet, elle donne l’occasion aux plus aguerris de proposer des variations sur les tranches suivantes tout en respectant les principes fondamentaux du projet : parti pris urbain, trame constructive, qualité d’espaces et de lumière, terrasses plantées. Ainsi, Vincent Fidon et Magda Thomsen travaillent sur les pavillons de la tranche 4 et 7bis adossés en limite de propriété, sur une trame à 45° par rapport aux murs de l’usine voisine. Cette contrainte de terrain implique que les logements ne prennent la lumière que d’un côté. Une première phase de 20 logements sur deux niveaux est érigée. La contrainte pousse les architectes à choisir une trame étroite afin de pouvoir jouer au maximum sur l’implantation des bâtiments et de diversifier les ouvertures. Une deuxième phase de 7 logements donnant sur la place Jean Renoir montre d’autres caractéristiques. Les logements se développent en montant ou en descendant dans des volumes étroits sur parfois jusqu’à cinq demi-niveaux de 1,4m, profitant ainsi d’éclairages en hauteur. Fidon a également l’opportunité de prendre en charge les bâtiments de la tranche 6 du Long Sentier de 137 appartements, créant une transition entre l’opération de la Maladrerie et le tissu urbain pavillonnaire. Toujours sur le principe de logements en gradins, et en introduisant des volumes cylindriques verticaux, les logements sont en duplex ou semi-duplex superposés dans les étages les plus hauts. Luc et Yves Euvremer sur un bâtiment de la tranche 5 de d’environ 60 logements, basé sur une trame carrée où ils expérimentent un décroché de façade, le bow-window. “ Le bow-window, c’est une manière d’observer discrètement ses voisins, de ne pas faire une architecture coercitive ”55. Jean-Patrick Desse participe à l’ensemble du projet et assure une bonne partie du suivi de chantier. Dans la même veine, Katherine Fiumani et Gilles Jacquemot travaillent pour Gailhoustet et prennent en charge la dernière tranche de la RHI, de l’autre côté du cimetière. Sous la tutelle de Gailhoustet, le projet évolue et les architectes collaborateurs intègrent des principes qu’ils conserveront tout au long de leur pratique, le plus souvent en partenariat avec la Sodedat 93.
Éléments architecturaux de l’'enveloppe : façade, menuiseries et toitures Pour les trames en étoile et en ananas, les façades sont constituées de trois éléments. Les bandeaux vitrés ; puis des garde-corps et allèges préfabriqués en béton brut, formant des bandeaux ponctués par les verticales des poteaux. Les panneaux préfabriqués de façade sont montés sur l’ossature du bâtiment en poteau dalle. C’est une articulation rapide d’un processus de montage à sec, dissocié du coulage de la structure. Cette technique donne lieu à une grande souplesse et variation dans la volumétrie, et une grande rapidité d’exécution. La trame se combine avec le rythme des panneaux de béton horizontaux qui laissent voir les poteaux, rendant la structure visible et compréhensible depuis l’extérieur. Le développement des façades depuis l’intérieur offre à l’habitant plusieurs 54 / LEFEBVRE Jean-Pierre, Une expérience d’écologie urbaine, Édition du Linteau (1999), p. 82 55 / Entretien avec Yves Eubremer, le 04/10/16 - voir en annexes
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Diagnostic patrimonial de la Maladrerie
Plan meublé au 1/50e © Archives administratives de l’OPH
Constituantes du projet d’origine
Trame poteau-dalle en étoile Exemple d’un plan d’un étage
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Trame poteau-dalle en “ tranche d’ananas ” Exemple d’un plan d’un étage
Diagnostic patrimonial de la Maladrerie
Constituantes du projet d’origine
Trame en voile parallèle Exemple d’un plan d’un étage
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Diagnostic patrimonial de la Maladrerie
Tranche 3 et 10 / Tranches 1 et 5A - variations des gardes-corps
Tranche 5B - variations des bow-windows
Tranches 1, 3, 5A et 10 Rez-de chaussées / Ateliers d’artiste
Tranches 7 et 8 - modénatures sur béton coulé
Constituantes du projet d’origine
vues, et la place donnée aux panneaux vitrés théâtralisent l’angle et sa colonne. Pour les trames en voiles parallèles, le béton est banché sur place. Les coffrages reprennent les modénatures en creux dessinées par les architectes, conférant à chaque tranche un rendu de matière particulier. La tranche 4 en béton lisse est enduite ; la tranche 6 a des moulures en creux verticales ; la 7bis est parée des marques des planches en bois du coffrage et des séparateurs ; et les tranches 7 et 8, très riches sur leurs différents motifs creux en touche de piano. Le choix du béton brut part d’une affinité forte qu’a l’architecte avec ce matériau. Cette présence minérale est faite pour être en interaction avec l’habitant qui l’habille de végétal. Ce n’est pas une architecture visant à rester décharnée, mais à articuler deux éléments qui peuvent paraître dissonants : béton et nature. En rez-de-chaussée, les murs et pignons sont réalisés en parpaing de ciment. Chaque détail d’exécution des panneaux de façade et d’arrangement des éléments vitrés sont dessinés par l’équipe, depuis les matériaux composants au positionnement précis des ferraillages. Une composition aussi riche pourrait paraître hétérogène. C’est pourtant la matérialité affirmée du béton brut qui octroie une grande cohérence l’ensemble de la Maladrerie. Toutes ces typologies induisent des déclinaisons des éléments de vitrage. Pour chaque tranche, la question de la lumière est primordiale. Les réponses architecturales à l’éclairage des intérieurs sont multiples. Elles passent par la mise en œuvre des bandeaux vitrés, le dessin sur mesure des panneaux de fenêtre, différents pour chaque bâtiment, mais elle comprend aussi l’introduction de velux en toiture, de panneaux vitrés zénithaux sur les décrochés de façade, de fenêtres-bandeaux en hauteur ou en trapèze, de baies vitrées droites ou en demi-cercle, meurtrières. Tous les panneaux de menuiserie sont dessinés avec des parties ouvrantes et des parties fixes. Ces dispositions donnent au logement une surface vitrée maximale selon la réglementation de l’époque, sans imposer au locataire de manipuler des ouvrants encombrants. La schématisation des façades ci-contre illustre ces disparités. Enfin, concernant les toitures, la majorité sont horizontales pour accueillir des terrasses-jardins accessibles quelles que soient les tranches. Les pavillons sont également à toitures plates en demi-niveaux. Pour les autres variations, on observe d’emblée les tranches 7 et 8 qui se distinguent par leurs toits en double pente inversées, visant à aller chercher la lumière en hauteur. Ces toitures sont coulées sur place. Et pour finir, les toitures rue du Long Sentier à double pente à 45°, sont élaborées avec une charpente bois classique et couvertes de tuiles en terre cuite rouges.
Préfabrication des allèges et garde-corps Détails techniques d’époque ( détail poteau, détail garde-corps et coupe sur un élément sandwich de façade). La préfabrication concerne la partie des tranches utilisant le plan libre et le système constructif poteau-dalle. Elle relève des éléments d’enveloppe : les allèges et les garde-corps, sont préfabriqués pour être ensuite accrochés à la structure. C’est un procédé qui permet d’avoir un béton de meilleur qualité, car traité en usine et pas sur place, et donc de garantir l’aspect du produit fini. Étant donné la complexité volumétrique de l’architecture de Renée Gailhoustet, c’est aussi le moyen de mise en œuvre le plus simple. Puis sont préfabriqués également les différents composants des bandeaux de fenêtre : panneaux pleins, panneaux double fenêtre, panneaux de fenêtre simple. Cette indépendance permet d’adapter le bandeau à la position intérieure des cloisons. Avec l’achèvement du plan libre béton, les éléments de façade viennent se monter
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PHOTOS DE CHANTIER
© Gérard Guillat - Archives administratives de l’OPH
8 mars 1978
22 mars 1978
29 juin 1978
28 décembre 1978
25 janvier 1979
25 janvier 1979
30 mars 1979
29 juin 1979
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simplement sur l’ossature. Ce mode d’action permet l’avancée rapide des travaux et un laps court entre le coulage du béton et la mise en place de l’enveloppe. Toutes ces pièces sont dissociées de la structure des planchers en béton. À l’époque, les grands industriels proposent des catalogues de produits préfabriqués qu’une partie des architectes emploient pour composer leurs bâtiments. Ce n’est pas tout à fait le cas de Renée Gailhoustet et de ses collaborateurs, qui vont aller en usine discuter avec les fabricants pour faire modifier les moules ou même en créer des adaptés au projet56. Entre les différents bâtiments, les changements portent avant tout sur les garde-corps, avec la présence de modénatures en creux plus ou moins larges suivant les tranches. Dans l’ensemble, les panneaux sandwich des allèges sont composés d’une membrane béton à l’extérieur de 7cm, d’un isolant de 6cm, et d’une membrane béton intérieure de 12cm. Les garde-corps sont entièrement en béton et complétés de pissettes pour l’évacuation des eaux pluviales et des trop-pleins de terrasses. Le diamètre des piliers de structure est calculé individuellement et de fait, il varie entre 48cm pour les colonnes le plus au centre de la trame et 40 cm pour celles en périphérie. Pour chaque diamètre, un plan de ferraillage est dessiné. Une fois les poteaux réalisés, les ouvriers de chantier s’aident de poutres de soutènement pour maintenir le coffrage des dalles. Celles-ci sont coulées en intégrant tout le réseau électrique. Les seuls éléments verticaux réalisés en béton banché sur ces tranches sont les colonnes de distributions verticales, escaliers et ascenseurs, qui servent de contreventement à l’ensemble. Ensuite, les panneaux d’allèges et de garde-corps sont fixées mécaniquement aux poteaux par un chevillage et des équerres métalliques sur des joints de calfeutrement, additionnés de joints de dilatation absorbant les variations de dimensions et la dilatation thermique. À l’intérieur et selon le livret d’accueil de l’habitant délivré par le bailleur aux locataires, la finition béton des panneaux de façade préfabriqués est doublée avec un “polyplac”. “Ce matériau comporte une épaisseur de polystyrène (6cm) protégée par 1cm de plâtre”57. Cette information indique une épaisseur totale des façades de 32cm. Pour le second oeuvre, les murs séparant les logements des parties communes sont des éléments préfabriqués de plâtre de type Samiex, l’ancêtre du placoplatre. Les murs séparatifs entre logements sont composés de “deux plaques de plâtre de 3cm entre lesquelles se trouvent 8cm de laine de verre”58. “Pouvez-vous me parler des particularités du chantier de la Maladrerie par rapport à vos expériences antérieures ? Le chantier de la Maladrerie est un chantier singulier. Quand on déplie les plans pour la première fois, on hésite à y croire. C’est une structure peu commune, des pièces qui ont des angles curieux. Quand il s’agit de construire, c’est assez paniquant parce que ordinairement, on a le choix entre plusieurs méthodes de construction : ou bien on fabrique les façades, ou bien on coffre les planchers. Ce sont toujours les critères économiques qui disent qu’il faut en employer une méthode plutôt qu’une autre et pas tellement les critères techniques. À la Maladrerie, le choix ne se posait pas. Avec la structure des poteaux fondée sur une trame de carré, de losange ou de triangle équilatéraux, on ne peut pas coffrer les planchers sur place et il faut forcément des pré-dalles. Autre phénomène curieux, c’est qu’il n’y a pas de murs porteurs. Le bâtiment s’en va en pyramide avec des terrasses plantées qui ont des surcharges différentes de celles que l’on trouve à l’intérieur des logements, et cela conduit à des plans compliqués car de niveau en niveau rien n’est répétitif. Pour chaque morceau de bâtiment, on avait un cas de figure différent tous les cinquante mètres carrés, et, au début, le bureau d’études s’est arraché les cheveux. Une autre difficulté spécifique de ce chantier, c’est la présence de poteaux circulaires en 56 / Entretien avec Yves Euvremer, le 04/10/16 - voir en annexes 57 / Tranche 1 de la Maladrerie, Livret d’accueil de l’habitant (1979), p. 5 58 / Tranche 1 de la Maladrerie, Livret d’accueil de l’habitant (1979), p. 5
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Photos de chantier © Archives administratives de l’OPH
Fixation des panneaux préfabriqués sur la façade Enboîtement et chevillage
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façade. Les façades sont préfabriquées pour des raisons économiques, et accrocher une façade qui est très grossièrement un mur en béton plan à un poteau rond, ça n’a rien d’évident. La solution c’est qu’on relie le poteau à la façade par une cornière métallique mais on se demande comment ça tient. Quand on fait le calcul, il n’y a aucun problème. Là aussi on a inventé quelque chose. Quant aux corps d’état, ils se sont heurtés au problème des cloisons. Comme il n’y a pas de voile, on a un plateau presque nu. Il a fallu séparer les logements par des cloisons de plâtre avec au milieu de la laine de verre. Le coût est correct mais tout ceci est très nouveau. Mais sur le chantier lui-même, comment cela s’est-il passé ? On a retrouvé ces difficultés mais multipliées. Il a fallu manipuler beaucoup de papier, car à chaque niveau les plans sont très différents. Sur un chantier normal, le chef de chantier, le matin regarde son plan et puis en gros, il a dans la tête. Là, c’était absolument impossible. La seconde chose, c’est qu’en dessous du chef de chantier, ça a demandé aux ouvriers de faire constamment attention à ce qu’ils faisaient. On a heureusement retrouvé les gens du bâtiment d’il y a vingt-cinq ans, qui avaient un métier et qu’on a transformé pour des raisons que nous connaissons en exécutants purs et simples : on coule du béton non des coffrages métalliques très industrialisés et il n’y avait plus à réfléchir. Là il a fallu de nouveau se mettre à réfléchir à ce que l’on faisait, à regarder, à faire attention, à ne pas faire de bêtises. Mais après coup, on se rend compte qu’on a fait un chantier plus intelligemment qu’un autre”59. M. Leconte, chef de chantier de la SAE
Un quartier-jardin de terrasses plantées : une pensée écologique avant l'’heure Renée Gailhoustet explique qu’en suivant une volumétrie complexe de l’ordre du gradin on permet d’installer des jardins : “30cm de terre végétale sur un complexe d’étanchéité et vous avez un terrain ”. Les choses poussent, y compris des arbres. Ils étendent leurs racines, répartissent leur poids et ça marche. Les terrasses plantées introduisent un rapport au temps : prendre le temps de planter, de cultiver et de regarder pousser. La mise à disposition d’un vrai jardin suspendu est possible grâce à la morphologie architecturale. Dans le contexte de l’opération, les préoccupations environnementales liées à la ville ne sont pas aussi exacerbées que celles que nous connaissons aujourd’hui. Pourtant la présence de ces terrasses à la Maladrerie en fait un écoquartier avant l’heure, un exemple d’écologie urbaine novatrice. “ Le traitement de la terrasse joue un rôle essentiel. Un dallage n’a rien à voir avec un lopin de terre arable. Jamais les bacs à plantes ne créeront l’ambiance de plantations renouvelées par les saisons sur un terrain envahi par le végétal, ne feront entrer dans un appartement au cinquième étage l’odeur d’un jardin sous la pluie ”60.
La majorité des logements de la Maladrerie profitent d’une terrasse ou d’un patio, planté lui aussi. Et quand ce n’est pas le cas dans les étages les plus bas, l’appartement a une loggia. Quelques rares logements n’ont ni l’un ni l’autre. Les ateliers et habitations en rez-de-chaussée disposent d’un jardin de plain-pied, souvent en bande étroite de quelques mètres, longeant la façade. “ [Les logements patio] s’éloignent pourtant de leurs références méditerranéennes, et du savant tissage horizontal des villes arabes. Ils ne répondent pas non plus à la même recherche d’intimité. Ils sont insérés dans des immeubles collectifs et tentent d’y reproduire un certain silence, au cœur de l’agitation des centres urbains animé. Un morceau de nature, aussi petit soit-il, est pris au piège du logis ”61.
Si à Ivry-sur-Seine, Renée Gailhoustet introduit en 1985 des logements à patio, 59 / Sodedat 93, Urbanisme Seine-Saint-Denis : Sodedat 93, six ans d’activité, Sodedat 93 (1980), p. 21 60 / GAILHOUSTET Renée, L’Éloge du logement, 1993, Massimo Riposati Éditeur, p.27 61 / Renée Gailhoustet – les logements-patios, Carré Bleu n°4 (1986), p. 18
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DÉtail de conception pilliers de structure © Archives administratives de l’OPH
Ferraillage des attentes des allèges préfabriquées
Ferraillage du béton des têtes de colonnes
Ferraillage des poteaux des colonnes
Position des fixations
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Mesuiseries colorées, caractéristique de chaque tranche © Archives administratives de l’OPH
Détail de conception des terrasses : rapport à la façade et au garde-corps - protection des étanchéités par une bande de graviers © FRAC Centre
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Extraits du livret de l’habitant fourni par le bailleurs aux habitants arrivant à la Maladrerie
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ils sont principalement composés en triangle ou en trapèze. Ce n’est qu’à Aubervilliers qu’elle tente l’introduction de la courbe dans son architecture. Les terrasses en gradin et les patios sont des espaces où chacun expose une certaine intimité. Ils restent un espace de liberté où, comme dans les logements, il est possible de donner libre cours à l’appropriation. Ils sont livrés avec un monticule de terre entouré d’une bande de graviers délimitant une zone de protection des étanchéités. Les descentes d’eau pluviales et sont protégées par un feutre, prévenant le bouchage des évacuations. Le seuil entre le logement et la terrasse est important, un peu plus de 40cm, mais il évite les décrochés de béton onéreux. Comme le souligne le livret d’accueil de l’habitant, c’est un détail qui se résout simplement par l’installation d’une marche devant les baies vitrées.
Renée Gailhoustet insuffle engagement et ambitions à son œuvre, respectant des promesses tacites au même titre que Jean Renaudie. Cette recherche d’une nouvelle urbanité revisite les théories du CIAM, ne reléguant pas les questions du logement collectif à un sort de seconde zone. La Seine-Saint-Denis est marquée par les politiques de construction de logement de masse. Force est de constater que peu d’architectes se sont lancés dans le risque de l’expérimentation durant cette période. En cherchant différentes mises en œuvre des procédés techniques industriels de leur époque, l’école de la pensée Renaudienne, largement véhiculée par Renée Gailhoustet, s’illustre dans cette part d’histoire du département. La Maladrerie est l’incarnation du projet politique et social dans la production architecturale. Avec le centre-ville d’Ivry-sur-Seine, elle est une oeuvre majeure de l’architecte, de par son ampleur et par ses qualités urbaines, architecturales, paysagères et programmatiques.
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2 mai 1985 - Photographie de chantier de la phase 7 © Archives administratives de l’OPH
Coupe Élévation Est - Tranche 1 - Foyer Soleil © Archives administratives de l’OPH
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2 mai 1985 - Photographie de chantier de la phase 7 © Archives administratives de l’OPH
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État de conservation du projet d’origine
Évolution du contexte Contexte social “ Alors que la mixité sociale était une richesse du quartier, le risque de ghetto se profile ”62, annonce un article du journal l’Humanité en 2000 à propos de la Maladrerie. Depuis les années 2000, les complications du contexte social et économique français ont rattrapé l’utopie architecturale initiale de la Maladrerie; si bien que malgré sa singularité dans la production de logement social, elle accueille au même titre que toutes les opérations d’habitation d’ampleur des problèmes sociaux et un sentiment d’abandon des politiques économiques. Les problèmes financiers du bailleur rendent difficile l’entretien du bâti et des espaces publics. Ajouté à cela, l’arrivée progressive des réseaux incontrôlables de squat et de trafics illégaux, font que certains des habitants ayant vécu les années heureuses du quartier se découragent et le quittent. Les changements de législation sur le logement social sont un autre facteur d’aggravation de la situation. Le seuil de revenu d’éligibilité pour l’obtention d’un appartement dans le parc social ont baissé à plusieurs reprises. Par conséquent, les familles avec des revenus moins modestes se sont vu proposer deux choix : quitter le logement social ou payer le sur-loyer, laissant les logements à des familles défavorisées – ce qui est totalement légitime. Force est de constater que quinze ans après, les quartiers se paupérisent et que l’équilibre social n’existe plus. S’il n’existe pas de dossier de presse sur le quartier de la Maladrerie, une recherche dans les archives de journaux nationaux représentatifs (L’Humanité, Libération, Le monde, Le Parisien, Le Figaro) permet d’isoler deux périodes claires d’apparition de la Maladrerie dans la presse nationale. Les articles d’avant 1996 parlent des ateliers d’artistes, des portes ouvertes et de la vie de la Maladrie. Et les articles d’après 2000 parlent des expulsions de famille de squatteurs ou de faits-divers violents aux alentours de la cité. Les dix dernières années, la Maladrerie a globalement subi les mêmes dénigrements que la ville d’Aubervilliers et les villes du 93, suivant une image médiatisée de banlieues délinquantes et violentes. Mais il est intéressant de voir que pendant presque 10 ans les journaux ont tu les événements locaux, alors qu’entre les années 80 et le milieu des années 90 les articles spécialisés se font élogieux du contexte et du dynamisme local. L’explication de ce retournement total de point de vue n’est pas à chercher dans les journaux, même si leurs gros titres attisant la violence ont eu un rôle à jouer dans l’image négative qui est renvoyée aux habitants et la stigmatisation de ces quartiers.
62 / Une quarantaine d’appartements sociaux situés dans un quartier populaire d’Aubervilliers sont occupés depuis le début du mois de mai - Société & logement, L’Humanité, 18/05/2000 - http://www.humanite.fr/node/227648 [consulté le 05/10/16]
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Occupation actuelle des rez-de-chaussée d e au s âg s lle rés ich es ve ue me die e ri M tag ou mig tiq ck isiè n au é r s nc n e n i n e a s o l e s N d’Im F ti H e tr ie ien r P l R e nfa s e d a d r s s u d r r n l’E éry ard qu qu ’Art illie ga ns ou ua s d ea on de xup ug àt thè do nne ati ratio e J ie de tre d berv e du d n i a E E n c i i c d u g iso int g n ge né pa rd lle rso so Mé Ré Ce d’A Lo Ja Es Lo Sa Pe Ma Sa As Gé
Équipements de quartier Équipements petite enfance Associations Commerces et services
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Équipements de quartier Équipements petite enfance Associations Commerces et services
État de conservation du projet d’origine
Mutations urbaines en cours et à venir Les politiques du Grand Paris donnent lieu dès 2008, au même titre que l’extension du métro en 1979, à une spéculation sur les territoires en première limite de Paris et une pression foncière intense sur les municipalités. L’arrivée de la ligne 15 du Grand Paris Express est l’occasion de relancer la machine de la Rénovation Urbaine d’une part, et de reconsidérer des terrains sous-occupés comme le site du Fort d’Aubervilliers d’autre part. En espérant faire du métro Fort d’Aubervilliers une nouvelle centralité, le récent projet du Fort ne peut être conçu en laissant pour compte les habitants des opérations de la Maladrerie et d’Émile Dubois. Le quartier Maladrerie-Émile Dubois jouit de la présence d’activités et de commerces, dont le tiers environ sont à Maladrerie. C’est loin de l’effervescence du centre-ville, où restent cantonnés les équipements phare et des services publics. Au demeurant, le quartier reste desservi très convenablement par la ligne 7 du métro et près d’une dizaine de bus. On constate que que depuis la livraison de la Maladrerie, rien n’a été construit de majeur dans le quartier, hormis la “Tour Européenne” d’une soixantaine de logements sociaux, livrée fin 2015, premier signe des changements à venir sur le territoire.
Équipements L’Espace Renaudie attire toujours du public mais son rayonnement reste limité, entre le manque de financements publics, l’essoufflement des dynamiques artistiques du site et la réputation malmenée d’Aubervilliers et du 93. Les autres structures d’origine sont toujours en place : médiathèque, maison de l’enfance et micro-crèche. L’association CAPA (Centre d’Art Plastique d’Aubervilliers) a même développé une dynamique, avec le support de l’OPH d’Aubervilliers, en installant temporairement des expositions dans des logements en cours d’attribution, valorisant ainsi le caractère unique de chaque appartement. La visite du logement, surprise renouvelée, vaut autant que l’exposition qu’il accueille. En revanche, on note une baisse de vitalité du côté du Foyer Soleil, beaucoup moins actif et ouvert à des activités inter-générationnelles qu’à l’origine. Le potager collectif a disparu et la salle Edouard Finck équipée d’une grande cuisine collective et de salles d’activités attenantes, est sous-occupée alors qu’elle représente un fort potentiel de solidarité pour le quartier. Les commerces le long de la rue Danielle Casanova et Jules et Martin Lopez sont pour la plupart occupés et actifs, subsistant tant bien que mal dans ce quartier où les problématiques économiques et sociales sont fortement présentes.
Projets architecturaux modificatifs En 2002, un projet urbain de l’agence Daune-Praxis proposait un projet drastique sur le quartier, donnant l’accès aux véhicules automobiles en coeur d’îlot par la création de “ l’allée de la Maladrerie ”, et rasant une partie de la tranche 7 pour l’agrandissement de la place Jean Renoir jusqu’à la rue Jules et Martin Lopez. Les grands espaces qui constituent le parc intérieur de la Maladrerie étaient transformés et réduits, afin d’accueillir de nouvelles chaussées et une petite opération immobilière près de la rue de la Maladrerie. Cette proposition, en opposition totale avec les principes urbains et architecturaux de Renée Gailhoustet, se heurta à une opposition forte des habitants pour être finalement abandonnée. Elle démontre une autre époque et une autre manière de faire de l’urbanisme. Entre 2010 et 2012, une réhabilitation a eu lieu sur l’îlot Daquin. Sujette aux
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Š Archives municipales d’Aubervilliers
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squats et aux trafics illégaux, cette partie du site a été l’objet d’un test de réhabilitation afin d’entamer une réflexion sur plusieurs points pour la rénovation urbaine. Dans un premier temps, la redéfinition du statut des espaces extérieurs privé ou public. Ainsi, certains passages à travers l’îlot ont été retirés de l’espace public et partagés en terrasses et jardins privatifs. Cette nouvelle répartition s’ajoute à la résidentialisation du secteur, empêchant ainsi la circulation des trafiquants. Dans un deuxième temps, une intervention technique a visé à la réfection des étanchéités, à la protection des bétons par une peinture, et à un traitement des rez-de-chaussée (mise en valeur et réhabilitation lumineuse). Enfin, dans les logements touchés par la réhabilitation, l’ensemble des terrasses sont remises à neuf en transformant la terrasse initiale : une bande stérile de 40 centimètres est installée pour protéger les relevés d’étanchéité et une partie des terrasses sont recouvertes d’un plancher sur plots. Note à propos de la co-propriété
Initialement, il n’existait aucune différence d’aspect entre la partie locative et la partie en copropriété, tranche 2 de l’opération. Cette dernière a connu il y a quelques années la pose de grilles pour résidentialiser. Un ravalement de façade par l’application d’une peinture sur le béton a été réalisé. L’entretien du bâti et les aspect patrimoniaux sont abordés de manière différente dans cette partie privée, et on peut noter sa bonne conservation. On note par ailleurs la mise en vente de certains logements par le bailleur. Ce changement de statut des appartements donne à une partie du parc social une situation de co-propriété.
Évolution des logements d’'artistes Aujourd’hui les journées publiques d’exposition ne se tiennent plus. Les portes ouvertes des ateliers sont pour les artistes les portes ouvertes de leur logement, et la constatation de plusieurs vols a mis fin à cette dynamique même s’ils sont toujours présents au sein du quartier. Depuis début 2015, une nouvelle action des artistes et habitants a pris place, le Malabyrinthe, tentant ainsi de faire renouer les différents réseaux de locataires, et d’éviter le repli sur soi dans le quartier. “ Malabyrinthe est un collectif d’initiatives composé d’habitants, d’artistes et d’associations de la Maladrerie. Conscient de vivre dans un lieu atypique et utopique, les membres de Malabyrinthe proposent par leurs actions de faire rayonner la cité et de révéler la magie de ses espaces publics. Les actions de Malabyrinthe sont motivées par le désir profond de favoriser les rencontres, les échanges, le dialogue pour que dans un esprit de convivialité les espaces publics de la cité redeviennent des lieux de vie et de partage ”63.
63 / Charte du collectif d’initiatives Malabyrinthe, mai 2016
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© Association Jardin à tous les étages
© Association Jardin à tous les étages
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Espaces extérieurs Cheminements L’ensemble des cheminements de la Maladrerie est inchangé, exceptés ceux qui ont été supprimés lors de la rénovation de l’îlot Daquin. Les circulations qui mènent aux halls sont toujours un peu plus que cela, à savoir un parc et une promenade entre béton et nature, une proposition poétique. On glisse sous les immeubles pour découvrir une succession d’espaces : la place Renoir, aux allures d’amphithéâtre minéral, la pelouse ou ”prairie” selon les plus jeunes, les cylindres et labyrinthes du sculpteur Gérard Chireix et enfin l’incontournable bassin, le “lac” des enfants, avec ses poissons rouges, ses tortues et son héron timide. En revanche, les pavés en brique ou en parpaing des allées sont partiellement détériorés. On observe de légers tassements différentiels du terrain à certains endroits occasionnant des irrégularités au sol, ainsi que la disparition d’éléments de pavage. L’ensemble du site ayant été travaillé avec les parpaings du sculpteur, le nettoyage et la réhabilitation de cette scénographie unique constitue un point important de mise en valeur de la Maladrerie. Du même ordre, le travail initial de mosaïques et céramique sur les murs des halls et passages couverts, en partenariat avec les artistes locaux, mérite un ravalement ou un renouvellement de l’action initiale: un chantier participatif et d’insertion professionnelle, avec un dessin proposé par un artiste du quartier.
Architecture végétale La Maladrerie se tient aujourd’hui avec ses terrasses en pleine terre où la végétation a partiellement habillé les façades. La nature s’élève à la fois du sol et des jardins, et déborde des terrasses. Elle vient contraster avec la brutalité du béton et l’ensemble nous transporte dans une cité modèle où la relation ville/nature semble presque trouver un équilibre. La Maladrerie oppose l’horizontalité conventionnelle de ses bandeaux d’allèges et de ses garde-corps en béton avec la prolifération des végétaux. Apercevoir un arbre poussant sur une terrasse rompt poétiquement la silhouette du bâtiment tout en donnant lieu à des scènes insolites pour un quartier de logements collectifs. La pensée d’une architecture qui évolue avec sa biodiversité relève d’une grande sagesse architecturale. Au sol, les arbres, arbustes et plantes hautes créent de nombreux écrans protégeant partiellement les premiers étages de la vue des passants, tout en respectant la perméabilité et les continuités visuelles pensées par l’architecte en rez-de chaussée.
Clôtures Prise de position forte d’une ouverture sur la sphère publique dans années 70, les jardins publics et les jardins privés au rez-de-chaussée, étaient initialement distingués par de simples jeux topographiques et des murets de briques et de parpaings. On constate aujourd’hui qu’ils ont été séparés physiquement. L’ambiguïté privé/public devait se résorber subtilement par la croissance d’écrans végétaux. Cependant, parce qu’elle complique les questions de gestion et d’entretien entre les différents services territoriaux, la distinction a été faite par la suite. Ce changement a probablement aussi été lié à des usages quotidiens différents et le besoin de s’adapter à l’évolution du contexte. Si dans certains cas le gain de privacité est évident pour des locataires
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Š Archives municipales d’Aubervilliers
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bénéficiant d’un jardin bien orienté, d’autres situation montrent des terrains délaissés, coupés de la lumière. Le dispositif technique mis en place pour cette séparation consiste dans un premier temps en un simple grillage, qui préserve la continuité visuelle et l’aspect de parc. Cependant l’installation des grilles a permis aux locataires d’obstruer la vue en ajoutant divers tissus, canisses bon marché, plastiques et bâches. Désormais l’aspect global de ces installations, généralisé à presque tout le quartier, conforte à une ambiance où les logements et ateliers en rez-de-chaussée sont isolés des espaces publics. Il faut noter que d’autres opérations (Givors, Ivry) qui ont intégré l’ambiguïté public/privé comme un élément essentiel architectural ont des problèmes de gestion et d’entretien. À la Maladrerie les services du bailleurs jouent un rôle crucial dans la propreté. Les terres-pleins fleuris sont entretenus par la communauté d’agglomération Plaine Commune. La qualité du travail sur les espaces publics est remarquable et est appréciée des habitants.
Changements progressifs de statut et d’esthétique des jardins de rez-de-chaussée
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1995 Le dispositif d’ouvertures à l’origine en bois a été peint, suivant un schéma de couleur mettant en valeur le béton brut et la volumétrie. Élévation et photos de l’état en 1995 - photos issues de l’étude Diagnostic enveloppe BERIM 1995.
2016 Le dispositif d’ouvertures a été remplacé par des menuiseries PVC pour un confort thermique. La colorimétrie a été réduite au blanc standard du PVC. Élévation et photo de l’état actuel.
État de conservation du projet d’origine
Dispositions architecturales Passages couverts La volumétrie de la Maladrerie reste inchangée, mais les passages couverts portent particulièrement les marques de l’âge. Le cheminement continue de faire son effet de transition entre deux espaces publics scénographiés mais l’ambiance donnée par l’état des sous-faces et des murs est plutôt anxiogène: matériaux dégradés, lumières partiellement aveuglées. Le plafond, à l’origine simple couverture rivetée protégeant le béton, a depuis la livraison été complété d’une isolation sur l’ensemble des tranches. Cette intervention ultérieure s’est dégradée rapidement et est aujourd’hui à reprendre sur toute l’opération avec une isolation thermique performante. Son remplacement devra être effectué avec la sensibilité d’un projet architectural qui vise d’une part à aider à la compréhension de ces espaces complexes, et d’autre part à améliorer la qualité esthétique de son rendu fini. L’ambiance lumineuse est particulièrement frappante de nuit : l’éclairage de ces passages couverts est médiocre. Les luminaires posés à l’installation sont protégés par des coques plastiques, peu esthétiques. Si le dispositif lumineux est correctement entretenu, il ne rend pas hommage au travail global de l’ensemble de l’opération, le budget limité de l’époque pouvant être une explication. De surcroît, la pose d’une surépaisseur d’isolant sans ajustements de l’éclairage a dénaturé l’amplitude et l’aspect des luminaires, en réduisant le faisceau lumineux. Aujourd’hui il faut ré-envisager cet éclairage comme un levier pour mettre en valeur la promenade, les variations entre espaces ouverts, plantés, et les passages couverts. L’intervention d’un artiste-plasticien scénographe peut être envisagée pour transformer cette ambiance créée de volumes complexes et permettre de transmettre une expérience d’architecture nocturne plus sereine.
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Illustration du travail en coupe de Renée Gailhoustet à la Maladrerie, et du profil caractéristique propre à l’oeuvre de l’architecte. Documents issus de Carré Bleu n°4 (1986) p. 10
1985 Le dispositif d’ouvertures à l’origine, qui comporte un bandeau de fenêtres incliné, un “bow-window vers le ciel” d’après Renée Gailhoustet. Élévation, coupe et photos de l’état en 1985.
2016 Le dispositif d’ouvertures aujourd’hui où l’ensemble des tranches 7 et 8 le bandeau a ajouré et couvert d’une étanchéité. Élévation, coupe et photos de l’état actuel.
sur été
État de conservation du projet d’origine
Menuiseries et incidences sur la qualité des façades Les menuiseries d’origine, en bois, ont été remplacées dans toute l’opération entre 1995 et 1996 par des menuiseries industrielles PVC avec double vitrage. Si le changement en terme d’isolation améliore énergétiquement le bâtiment, le PVC a une incidence claire sur la qualité esthétique de la Maladrerie. La pauvreté visuelle du plastique blanc contraste trop violemment avec le béton, et les modénatures des fenêtres se lisent différemment. Les photos du début des années 90 montrent un jeu de couleurs en fonction des tranches, et un panel colorimétrique heureux sur les ouvrants/dormants et les panneaux pleins des bandeaux de fenêtres. La mise en place du PVC blanc a standardisé toutes les tranches, et tous les bandeaux de fenêtres. Ce jeu de couleurs et de composition appartient pourtant au travail de l’architecte, la mise en valeur du béton brut, sur la même facette du volume, signifie le jeu des retraits et le “facétisme” du bâtiment. Ce contraste discret et cette mise en valeur de la volumétrie sont perdus avec le PVC blanc et terne. Dans l’évolution future du bâtiment, un retour ou une invention autour du jeu des bandeaux de fenêtre est impératif, plutôt que de reposer de simple fenêtres PVC. Sur les tranches 7 et 8, le travail en coupe de Renée Gailhoustet a été malmené par l’obturation de fenêtres. Au cours des 20 dernières années, certainement durant le changement de menuiseries, pendant une réhabilitation des étanchéités, le parti pris a été d’obstruer une partie des fenêtres. Les bâtiments des tranches 7 et 8, à la silhouette caractéristique, comportent un retrait de la façade où s’installe une fenêtre en face supérieure de ce volume. Toutes les façades sont originairement en béton, dont cette surface. Aujourd’hui, ce pan incliné est recouvert, ainsi que la fenêtre, par une étanchéité. Cette ouverture, bandeau de lumière zénithal, a été retirée. L’apport de lumière dans les logements se trouve ici amputé d’un tiers. Le travail qualitatif de Renée Gailhoustet sur les logements et leur lumière est dégradé par cette opération.
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État des logements Adaptabilité
Le contexte social rend difficile l’identification des problèmes intrinsèquement liés aux logements. Pour autant, il convient de noter que du fait de la volumétrie complexe et de la difficulté des superpositions de niveaux, certains logement ne bénéficient pas d’une orientation solaire heureuse, ou d’une luminosité suffisante. Et certaines pièces sont exiguës, ou dans une disposition non optimale. Cependant le système de plan libre permet de transformer ces défauts, sous réserve d’une étude architecturale approfondie des possibilités d’adaptation des typologies des logements. “Plan libre signifie liberté, changement des cloisonnements, contraires à la mode actuelle”64 Renée Gailhoustet
appropriation dans les logements
Les logements de la Maladrerie sont conçus par Renée Gailhoustet comme des habitats largement ouverts, qui poussent à l’appropriation. Cette appropriation peut revêtir plusieurs formes : la fabrication d’un meuble sur mesure, l’usage spécifique d’un espace en angle ou même une cloison installée pour répondre au besoin d’un habitant. Cette réalité de l’interprétation du logement par les habitants pose difficulté au gestionnaire. Lors du changement de locataire, le bailleur peine à identifier quels changements ont été mis en place et la remise en l’état d’origine n’est pas faite de façon optimale pour la conservation de l’oeuvre. Concrètement, certains logements comportent des cloisons supplémentaires parfois maladroites, des pièces ajoutées en second jour, des obturations de la double hauteur, etc… qui sont du domaine des possibilités offertes au locataire. Cependant le locataire suivant devrait bénéficier d’une lisibilité de ce qu’est le logement initial et des modifications qui lui ont été apportées au fil du temps - induisant un suivi individualisé de ces appartements. Les qualités architecturales de la Maladrerie, confirmées par le label Patrimoine XXè siècle, impliquent jusqu’à décision contraire concertée avec un Architecte des bâtiments de France, une responsabilité du bailleur des plans d’époque de Renée Gailhoustet. La logique actuelle du logement social est de concevoir des habitations pouvant accueillir n’importe quel locataire, n’importe quelle situation. Quarante ans de mise en pratique montrent que la Maladrerie ne suit pas cette logique. Les appartements, tous différents, nécessitent un peu de finesse dans l’aménagement de l’espace. Aujourd’hui, les problématiques économiques dans l’appropriation des logements par certaines familles soulèvent la question de l’adaptabilité et des modes d’accompagnement dans cette adaptation. Comment trouver des dispositifs architecturaux donnant une réelle traduction de la maîtrise d’usage des habitants ? Quels dispositifs pourraient être mis en place pour que les plans évoluent et s’adaptent au locataire ? Le système est à inventer à la Maladrerie. Des démarches comme l’auto-réhabilitation accompagnée avec des travaux de second œuvre légers des Compagnons Bâtisseurs donnent des pistes de proposition.
64 / CHALJUB Bénédicte, La Politesse des maisons, mai 2009, Actes Sud L’impensé, p.26, Entretiens avec Renée Gailhoustet.
État de conservation du projet d’origine
État sanitaire des ouvrages Terminées entre 1977 et 1989, les façades nécessitent aujourd’hui un ravalement et une curation. Ce travail d’entretien maintenant inévitable doit être considéré comme normal. Le béton comporte avec le temps des marques de moisissures et d’attaques fongiques (cryptogamique), des poussées des fers à béton dues à l’oxydation, des joints entre panneaux détériorés pour les tranches en préfabriqué (1, 3, 5A, 5B, 10) et des éclatements au droit des ponts thermiques pour les tranches aux façades coulées sur place (4, 6, 7, 7bis, 8). Le diagnostic du bureau d’étude BERIM en 1995 faisait déjà état des dégradations du béton dues au temps. Il est à noter que les parties couvertes par les végétaux grimpants en façade sont les mieux conservées. Le traitement des façades doit faire l’objet d’une action curative, lavage, résorption des bétons éclatés par oxydation des armatures et d’un regarnissage des joints, puis d’une action préventive, vernis ou vitrificateur, qui conserve le matériau brut (hors tranche 4). La transformation du béton brut par une peinture est à proscrire, suivant le choix de l’architecte. Le diagnostic de 2012 de l’agence Gorka-Piqueras Architecte & Associés spécifie l’état des tranches 1 et 4. La première tranche comporte un niveau de désordre du béton important, “probablement due à une mauvaise réalisation des panneaux préfabriqués”65. La tranche 4 a pour finition une peinture de façade, mais sa volumétrie multipliant les surfaces implique aujourd’hui une curation poussée. Il est important que les travaux de façade soient pensés comme un projet valorisant les spécificités de l’architecture de Renée Gailhoustet plutôt qu’une simple opération technique.
Performance énergétique Bâtiment des années 70-80, la Maladrerie ne correspond pas aux normes contemporaines en isolation. Renée Gailhoustet, avec Renaudie, fait pourtant le don d’une caractéristique performante thermiquement : la terrasse en pleine terre. 30 centimètres de terre protègent le béton, en plus de la couche d’isolant. La terre, si possible additionnée de végétation, apporte une véritable inertie thermique qu’il faut prendre en compte dans l’évaluation des performances thermiques. L’opération a d’ailleurs démontré à plusieurs reprises que la présence de végétation constitue un îlot de fraîcheur en période chaude66. Avec le diagnostic de l’agence Gorka-Piqueras architecte & associés67 vient une étude thermique réalisée par l’entreprise FACÉA68 en 2012. Cette étude met en évidence une importante perméabilité thermique de l’enveloppe de l’ensemble des tranches. Il est regrettable qu’elle ne comporte pas de spécificité d’étude sur les performances des terrasses plantées. Il faut préciser que la réglementation française ne dispose pas d’une évaluation de l’isolation thermique de la pleine-terre. L’étude globale sur l’économie d’énergie porte également sur la multiplicité des types de chauffage au sein de la Maladrerie. Le diagnostic montre l’action nécessaire de remplacement des convecteurs et du passage à un chauffage collectif, complétée 65 / Atelier Gorka Piqueras Architecte & Associés, dossier “ Cahier diagnostic béton ”, Phase diagnostic – impression (2012), p. 4 66 / Témoignage de plusieurs habitants, qui commentent notamment l’été caniculaire de 2003, où les jardins de la Maladrerie ont permi d’éviter l’effet d’îlot de chaleur urbain. Ils évoquent 2 à 3 degrés de différence entre le coeur de l’îlot et le reste d’Aubervilliers. 67 / Architecte DPLG 68 / Bureau d’Étude Technique et Économiste de la Construction
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par une réfection des isolations de façades pour opérer un changement significatif. À propos de patrimoine du XXème siècle, il est utile de rappeler à quel point notre regard est biaisé pour ces bâtiments, entre recommandations normatives des bureaux d’étude et une méconnaissance du patrimoine : “ Loin d’être traité comme une “ ressource”, le patrimoine contemporain existant souffre d’une pratique qui, de manière péremptoire, privilégie des stratégies drastiques d’amélioration thermique avant même qu’aient été vérifiées les performances réelles des bâtiments, indépendamment de leur valeur de témoignage. Tout se passe comme si l’architecture moderne avait ignoré les questions énergétiques et de confort ”69.
Pour la Maladrerie les enjeux thermiques sont conséquents : passer l’ensemble des bâtiments de la Maladrerie à l’étiquette énergétique C permettrait d’économiser jusqu’à 100 unités de consommation d’Énergie Primaire /m²/an ce qui rapporté aux 82000m² de surface habitable de la Maladrerie, représente un gain énergétique de plusieurs milliers de KWhEp/m²/an. Mais une partie de ce gain peut, peut-être, remplie par la réféction des convecteurs, et un passage général de toutes les tranches en chauffage collectif. Le projet d’amélioration thermique des façades, toitures et terrasses, doit être l’aboutissement d’une mise en équilibre de tous les intérêts, afin de pouvoir satisfaire les enjeux de sauvegarde du patrimoine par la conservation de la matérialité et de la végétalisation, et de répondre aux enjeux énergétiques. La démarche doit être remarquable, et inscrite dans une “méthode d’évaluation multicritères, fondée sur la connaissance exhaustive de l’objet construit, sur sa matérialité et ses caractéristiques intrinsèques”70. Ainsi connaître avec précisions les composantes techniques et matérielles du préfabriqué par tranche permettrait d’appliquer des solutions de rénovation thermique adaptées.
État des terrasses plantées Les terrasses en pleine-terre sont une caractéristique identitaire de la Maladrerie, elles prodiguent une ambiance spécifique au lieu. La problématique de la pollution dans les métropoles est devenue une problématique locale en Île-de-France mais face aux particules fines, les plantes agissent en filtre et captent une partie de l’air vicié. Il est prouvé que les plantes contribuent à l’amélioration de la qualité de l’air, et les projets de toitures végétalisées fleurissent partout dans Paris. Au delà de l’aspect écologique, la végétation en terrasses est un apport qualitatif. Serge Renaudie rappelle d’ailleurs à propos des plantes qu’elles sont une couche protectrice du béton : “En recouvrant les façades, les plantes grimpantes, telle la vigne vierge, protègent les enduits et le béton de l’acidité des pluies et des surchauffes en été ”71. Toutefois, la théorie confrontée à la qualité de vie du quartier souffre de ses propres limites : lieu d’appropriation par les habitants, la terrasse demeure un lieu extraverti. Dans un contexte de repli sur soi généralisé, l’ouverture de son logement vers l’extérieur n’est pas un mode de vie où chacun se retrouve. Le fait est que des terrasses sont occupées comme une pièce de stockage, un dépôt sauvage qui anéantit la visée environnementale des jardins. Des locataires se plaignent de la présence de terre, et on peut observer des cas de terrasses dallées partiellement ou totalement. 69 / GRAF Franz in La cité du lignon 1963-1971 Étude architecturale et stratégies d’intervention, Patrimoine et architecture, cahier hors série, janvier 2012 p.13 70 / GRAF Franz in La cité du lignon 1963-1971 Étude architecturale et stratégies d’intervention, Patrimoine et architecture, cahier hors série, janvier 2012 p.14 71 / RENAUDIE Serge, À propos des terrasses de Jean Renaudie, écrit personnel, non daté
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“ Avec l’architecture de Jean Renaudie et de Renée Gailhoustet, on voit sur la façade même des bâtiments les ennuis des locataires, aussi bien qu’on voit leur plaisir ”72.
Plus que leur ennui on distingue leur situation. Les cas de logements suroccupés peuvent expliquer l’utilisation des terrasses comme de pièces de service. Néanmoins les terrasses entretenues par leur locataire sont nombreuses, et même dans les terrasses laissées en friche, la végétation se développe, colonisée naturellement grâce à la biodiversité de la cité. Concernant les terrasses, les plus grandes problématiques du bailleur sont les désordres d’étanchéité. Les problèmes de fuites viennent majoritairement de cas où la terre déborde au dessus du relevé d’étanchéité et/ou d’une très mauvaise évacuation des eaux pluviales à cause du dispositif initial défectueux. Certains cas sont recensés de percements de l’étanchéité elle-même ou des défauts d’étanchéité dans les angles complexes. Le bailleur a un engagement décennal sur toute rénovation apportée au bâtiment, garanti par les bureaux d’étude et les entreprises intervenantes. On peut avec regret observer que dans la partie de l’îlot Daquin réhabilitée en 2012 les fuites et les évacuations d’eau défaillantes se multiplient déjà - et que le problème ne réside pas uniquement dans la question de la bande stérile. Aujourd’hui les préconisations quant aux terrasses plantées sont de deux ordres : l’étanchéité et l’appropriation. La reprise totale des étanchéités doit être envisagée. Cette opération passe par une mise à nu du revêtement bitumineux, et doit être faite avec l’assurance de tout mettre en oeuvre pour sauvegarder les plantes présentes. Le dispositif technique destiné à pérenniser cette étanchéité et particulièrement le relevé d’étanchéité, doit faire l’objet d’une recherche poussée, tant en terme technique que législatif. La question de la zone stérile de 40 centimètres autour du relevé d’étanchéité doit être approfondie et pas tenue pour acquise. Des systèmes de type Acodrain peuvent être envisagés. Ils permettent de réduire la bande stérile de protection des relevés d’étanchéité à une quinzaine de centimètres, pour une protection efficace. À propos de l’appropriation et de la problématique du dallage des terrasses pour faciliter leur usage, il faut rappeler qu’une terrasse dallée est plus facilement transformable en pièce de stockage extérieur qu’une terrasse en pleine terre. De plus, aucun locataire ne pensera en l’état à prendre une initiative contre un dallage extérieur posé par le bailleur. Les locataires souhaitant limiter le sol en terre peuvent envisager un dallage posé à même la terre, sous la forme de dalle, de pas ou de caillebotis, pouvant être fournis par le bailleur. La solution est ainsi réversible et permet au locataire suivant de replanter intégralement sa terrasse, s’il le souhaite. Serge Renaudie, architecte, urbaniste, paysagiste et fervent défenseur de l’héritage du patrimoine Renaudien est formel : “En aucun cas le dallage ne peut être total car cela dénaturerait totalement l’architecture de Jean Renaudie et surtout les potentialités qu’offrent ces terrasses, potentialités pour les locataires ou les propriétaires à venir. Mais aussi cela fragiliserait l’étanchéité car celle-ci ne serait plus aussi bien protégée qu’avec la terre.”73
Après la remise à neuf des étanchéités, le dispositif choisi pour la remise en terre doit garantir la conservation des terrasses, qui sont la “signature qualitative du projet de la Maladrerie”74. Un projet pensé à l’échelle de la Maladrerie qui traite indifféremment toutes les terrasses est difficile. Le projet proposé par Gorka-Piqueras 72 / RENAUDIE Serge, entretien mené le 24 juin 2016 73 / RENAUDIE Serge, À propos des terrasses de Jean Renaudie, écrit personnel, non daté 74 / Atelier Gorka Piqueras Architecte & Associés, dossier “ Diagnostic impression”, Phase diagnostic – impression (2012), p. 3
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Schématisation de l’idée des terrasses en plein-terre: rendre au sol la surface prise par le béton. L’ensemble des terrasses couvre une surface de 15 317m² selon les surfaces enregistrés par l’OPH d’Aubervilliers. Un projet, s’il traite uniformément les terrasses par surface, ne doit pas perdre de vue l’impact écologique.
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Repport de la surface nette des terrasses dallées par un projet qui supprime 60% de la terre soit 8842m². Schéma à l’echelle sur le quartier de la Maladrerie, et pour comparer sur le square Stalingrad, square principal du centre ville d’Aubervilliers.
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en phase APS propose rationnellement de daller75 les terrasses inférieures à 20m², de daller à 50% les terrasses comprises entre 20 et 50m² et à 30% pour une surface >50m². Cette prise de position impose de daller près de 0,9 hectare76 de terre et végétaux. Même en végétalisant en contrepartie les toits accessibles (tranches 1, 3, 5A, 5B et 10), ce qui pose la question de l’entretien, la surface perdue reste de l’ordre de 0,6 hectare. L’impact environnemental est significatif, et sensible à l’échelle de la ville en terme de température, de qualité de l’air et de biodiversité - mais avant tout en qualité architecturale retirée au projet d’origine. La préconisation majeure est peut-être que ces opérations de réhabilitation des terrasses plantées doivent impérativement être conjointes avec une éducation populaire des locataires tant sur les possibilités d’appropriation que sur les conseils d’entretien. L’accès aux dispositifs d’évacuation des eaux pluviales doit être simplifié, afin que le locataire puisse les déboucher directement, au même titre qu’il le ferait dans ses toilettes. Dans le cadre de la rénovation d’un des immeubles de Jean Renaudie à Ivry-sur-Seine, Serge Renaudie a rédigé un cahier des charges, clair et illustré qui donne clé en main les instructions pour les terrasses et les plantations. Il faut également rappeler le livret de l’habitant qui était distribué aux premier locataires de la tranche 1 de la Maladrerie, qui à l’époque donnait toutes ces informations.
75 / Sauf dans certaines typologies de terrasse en arc de cercle, sur le tranche 6 uniquement 76 / Calcul suivant les pourcentages de dallage donnés par l’APS de Gorka-Piqueras, appliqués aux surfaces de terrasses enregistrés par les documents de l’OPH.
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Dispositions administratives L’Office Public de l’Habitat d’Aubervilliers est le dépositaire d’un patrimoine architectural complexe, d’une œuvre intellectuelle, au coût d’entretien important. Les inconvénients dans la gestion se retrouvent dans les difficultés de suivi des situations dans les logements, la maintenance, et le coût de revient - le bailleur étant surchargé sur l’ensemble de son patrimoine. Rappelons ici que l’OPH d’Aubervilliers loge près du quart de la population de la commune . Suite à cette complexité administrative, la volonté d’ores et déjà affichée de l’OPH d’Aubervilliers à remettre à plat une partie de son fonctionnement pour renouveller le dialogue avec les locataires. Cette intention allant de pair avec le NPNRU de l’ANRU2, c’est l’opportunité de porter une nouvelle réflexion sur la gestion et l’appropriation d’un patrimoine tel que la Maladrerie. Des années après la livraison et la retombée de l’utopie initiale, une forme de pédagogie est à proposer aux nouveaux arrivants de compositions familiales et d’origines sociales de toutes sortes qui ne sont pas accompagnés à l’installation ni à l’adaptation de leur logement, rendant délicate toute possibilité d’appropriation par les locataires. Le jeu dans l’aménagement, mis en avant par Gailhoustet et Renaudie n’est pas perçu par les nouveaux habitants. Le livret d’accueil de l’habitant à la Maladrerie, distribué dans les premières années de l’opération est peut-être à rééditer pour les habitants dans une version mise à jour. Ce dernier permettrait de mettre en lumière dès le départ la qualité architecturale du bâti, les propriétés techniques du bâti (circulation de l’air, composition des murs, etc), les inconvénients posés par la forme architecturale, les bons tuyaux pour faire des économies, l’apport des végétaux et des terrasses-jardin, les bons gestes pour sauvegarder le bâti, etc. L’Office s’engage aujourd’hui sur la résolution des problèmes d’étanchéité et la précarité thermique, qui sont beaucoup plus expertisés qu’à l’époque de la construction des édifices. Près de quarante ans après leur livraison, ces éléments usés sont les premiers facteurs de nouvelles formes d’insalubrité, d’inconfort, et synonymes d’un montant de charges élevées pour les locataires - et représentent un gouffre financier pour le bailleur. Dans ce volet technique de la gestion de ce patrimoine, l’innovation peut porter sur une délégation de tâches en multipliant des actions de réparation locales, du type régie de quartier ou compagnons bâtisseurs, où les désordres peuvent être traités au cas-par-cas avec un rapport au locataire bénéfique et pédagogique qui limiterait intermédiaires entre le locataire et les actions portées pour la rénovation de son logement. Ce processus permet également d’engager un partenariat de rénovaiton et d’entretien sur le long terme, permettant de répartir l’échéancier de manière optimale sur plusieurs années. Enfin, on note que la forme architecturale de la Maladrerie ne permet pas de faire correspondre des paliers de surfaces/nombre de pièce dans le logement en vigueur dans les critères d’attribution du logement social. Le travail qualitatif de Renée Gailhoustet en opposition aux barres et tours doit probablement faire l’objet d’un calcul à part. Ainsi, utiliser un coefficient réduisant la surface habitable - en enlevant les surfaces dans les angles de moins d’un mètre de large, par exemple - peut permettre de redéfinir des typologies de logement dans le quartier plus adaptées au nombre de personnes à accueillir. C’est une manœuvre qui affine l’appropriation.
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En définitive, on peut regretter le regard porté sur cette opération, qui est difficilement considérée comme un patrimoine de qualité, tant physiquement que sensiblement. Et l’impression est donnée qu’il y a un délaissement de la part du gestionnaire face à toutes les difficultés rencontrées, alors que son engagement financier indique plutôt l’inverse . La Maladrerie reste un patrimoine exceptionnel, qu’il ne faut toutefois pas sanctuariser. Cependant il est important que tous les acteurs intervenant sur le bâti doivent être sensibles à la revendication politique et sociale l’opération : les habitants dans leurs usages, les « rénovateurs » dans la réversibilité de leurs interventions, et le gestionnaire dans les critères de préservation du bâti, le tout en en appuyant l’idéologie initiale. Le patrimoine de cette œuvre étant avant tout idéologique.
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Réception Lors de sa construction, la Maladrerie est peu publiée hormis localement. Dans les années 80, elle est mentionnée par les magazines spécialisés pour l’innovation technique et architecturale dont elle fait preuve. À sa livraison, elle est surtout citée pour l’intégration des logements d’artistes et la dynamique qu’ils insufflent au reste du quartier. Pendant la même période, l’aménageur, conscient que la production architecturale du logement social dans son ensemble lui fait vent contraire, prend l’initiative de publier massivement les biographies de ses architectes et les monographies de leurs opérations principales pour la postérité. On trouve plusieurs ouvrages publiés par la Sodedat 93. Plus tard, dans les années 90 et au delà, la Maladrerie et l’œuvre de Renée Gailhoustet sont rappelées à tous dans un premier temps pour leur caractère pionnier en écologie et en biodiversité urbaine. Dans un deuxième temps, c’est la singularité de la qualité des logements qui est avancé. Depuis les années 2000, plusieurs recherches universitaires ont pour objet l’oeuvre de Gailhoustet, principalement le corpus dense produit par la thèse en trois volumes et les ouvrages annexes de Bénédicte Chaljub. Cette dernière, entamant sa recherche sur le travail de Renaudie, découvre fortuitement l’oeuvre de Renée Gailhoustet dans l’ombre son compagnon idéologique. Son emménagement dans un des logements de l’architecte à Ivry-sur-Seine, et enfin leur rencontre, la pousse a réorienter le sujet de sa thèse sur la production de la femme architecte. La Maladrerie a en outre fait l’objet de recherches sociologiques notamment celle de Marie-Hélène Bacqué, professeure en études urbaines et spécialiste des quartiers. Les services du tourisme du Conseil Général de Seine-Saint-Denis ont longtemps organisé des visites patrimoniales. Celles-ci sont maintenant organisée par Hocine Ben, natif de la cité et slameur.
Reconnaissance tardive Les premières opérations de l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine, ont mis un coup de projecteur sur la production du logement social d’après guerre en France, en soulevant avec vigueur la question patrimoniale. La production des ensembles de logements sociaux, longtemps reniée par les architectes et bannie des bancs des Écoles, se révèle enfin comme patrimoine de notre histoire, en même temps que s’avance l’imminence de sa démolition. C’est à ce moment là que le ministère de la culture met en place le label “Patrimoine XXème siècle” en 1999. La labellisation du quartier de la Maladrerie “ Patrimoine Architecture XXème siècle ” en 2008 met en lumière le caractère novateur et exceptionnel que revêt ce programme, en tant que “ témoin matériel de l’évolution technique, économique, sociale, politique et culturelle de notre société ”. L’œuvre de la Maladrerie est ainsi récompensée par le label d’architecture pour son ensemble – contrairement à Ivry-sur-Seine où parmi l’ensemble du plan masse coréalisé avec Jean Renaudie, seuls la tour Raspail de Gailhoustet et l’ensemble Jeanne Hachette de Renaudie sont labellisés. C’est seulement dans cette opération de Renée Gailhoustet que l’on retrouve un corpus représentatif des différents cycles techniques et constructifs que l’architecte a
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pu expérimenter, qu’elle a alimentés par une prise de position forte quant à l’utopie sociale autour d’un projet de quartier, de vie. On y trouve les inspirations de Renaudie relatives à la volumétrie et aux aménagements des logements, les influences corbuséennes du Mouvement Moderne, les ambiances de l’enfance de Renée Gailhoustet à Oran et son travail personnel. En connaissant aujourd’hui la portée de l’acte architetural que Renée Gailhoustet a mené dans le développement et la mise en œuvre de la pensée renaudienne, le label attribué à la Maladrerie représente une importance pour l’Architecture du logement social du XXè siècle en France. On note parallèlement, qu’à l’occasion du versement de son fonds d’archives en 1998, Renée Gailhoustet met en lumière l’ensemble de sa production, réalisée ou non, jusqu’ici peu publié ; pour deux causes à la fois pour le sujet de son oeuvre - le logement collectif - et sa place en tant que femme dans un métier très masculin. Selon Bénédicte Chaljub, c’est le moment où l’œuvre de l’architecte peut enfin être découverte par tous et dissociée de la production de Jean Renaudie. À travers ce phénomène, B. Chaljub questionne aussi la place de la femme dans la profession, souvent novatrice et éclipsée par des compagnons idéologiques qualifiés de charismatiques. “ [Le fonds de pièces graphiques contractuelles donné par Renée Gailhoustet est, nda] exceptionnel par le fait qu’il aborde le thème du logement collectif, honni de l’enseignement officiel, son diplôme posait déjà les premiers jalons de sa quête. Sa production ultérieure, extrêmement variée, révèle le caractère inépuisable que l’espace du logement représente pour elle, car elle n’a de cesse, tout au long de son exercice et de façon pragmatique, d’en réexplorer les géométries et systèmes constructifs pour le réinventer ”77.
Même aujourd’hui, Gailhoustet se place en retrait pour laisser le devant de la scène à Renaudie et juge, comme beaucoup d’autres femmes architectes, que ses dossiers “ seraient de peu d’intérêt pour les autres ”78. Pourtant, elle exerce dans son domaine et transfigure l’œuvre de Renaudie, réinterprétant sans cesse leur affiliation. “ Lorsqu’on l’interroge, Gailhoustet ne cesse de souligner le caractère tutélaire que joue pour elle la figure de Renaudie. […] En revanche, Renaudie, mort prématurément, n’a jamais fait référence à l’œuvre de Gailhoustet ”79.
Ainsi, Renée Gailhoustet a travaillé sous l’influence de la pensée ‘renaudienne’ et l’a sans cesse traduite à travers ses œuvres. Ces dernières sont par ailleurs largement publiées par le Programme Architecture Nouvelle (PAN)80, dans lesquelles s’inscrivent les opérations du Liégat et de la Maladrerie. C’est une architecte à part entière qui est une “figure majeure de l’histoire du logement social au XXè siècle en France”81. Son travail est aujourd’hui salué par le Prix français des Femmes Architectes, lancé par l’Association pour la Recherche sur la Ville et l’Habitat (ARVHA) en 2013 avec le soutien du Ministère français de la Culture et de la Communication, du Ministère français des Droits des femmes et de l’Ordre des architectes de France. Elle est lauréate de ce prix en 2014, avec mention “pionnière”. 77 / CHALJUB Bénédicte, Les fonds de l’architecte Renée Gailhoustet : cheminements vers la transfiguration de l’œuvre de Jean Renaudie, Colonnes n°26 (juin 2010), p. 80 78 / CLAUSEN Meredith, “L’École des Beaux-Arts : histoire et genre”, eaV n°15 (2009-2010), p.54 in. CHALJUB Bénédicte, Les fonds de l’architecte Renée Gailhoustet : cheminements vers la transfiguration de l’œuvre de Jean Renaudie, Colonnes n°26 (juin 2010), p. 80 79 / CHALJUB Bérénice, “Renée Gailhoustet en ses terrasses”, AMC n°180, juin-juillet 2008, p. 125 80 / PAN, concours créé en 1971, est le prédécesseur de l’EUROPAN, concours majeur de l’architecture française qui se pose comme un acteur des enjeux contemporains sociétaux à travers l’architecture et l’urbanisme 81 / CHALJUB Bénédicte, Les fonds de l’architecte Renée Gailhoustet : cheminements vers la transfiguration de l’œuvre de Jean Renaudie, Colonnes n°26 (juin 2010), p. 81
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Réception des habitants C’est avec enthousiasme que les habitants du quartier réceptionnent l’oeuvre de Renée Gailhoustet et l’utopie sociale imaginée par l’architecte prend vie durant les premières années de la Maladrerie jusqu’au milieu des années 90. Au cours de cette période, de multiples brochures, affiches et articles municipaux suivront les activités des artistes. Le sentiment d’appartenance est présent chez tous les habitants, que l’on accepte ou que l’on rejette l’architecture, que l’on se pose des questions la concernant ou pas, que l’on se sente de passage ou non. Une association locale est à noter pour son implication dans la sauvegarde du quartier : Jardin à tous les étages (JTE) créée en 1995 dans le but de protéger le devenir des terrasses-jardins plantées. Se mobiliser pour la préservation de l’espace cultivable privé est une forme d’attachement à l’identité du quartier et à ses valeurs. Dans tous les cas, la morphologie architecturale continue de frapper les habitants et les visiteurs de tous horizons confondus, et à piquer les curiosités. “ L’architecture de la Maladrerie ne laisse pas indifférent : on est violemment pour, ou violemment contre, à la limite sans raison. Ça ne s’explique pas, c’est presque épidermique. Quand des amis viennent me voir, parfois ils disent tout de suite, dès qu’ils sont entrés “ c’est horrible ” … Mais si on leur demande pourquoi, on s’aperçoit qu’ils ne savent pas très bien. Bien sûr ils disent qu’il y a des angles, il y a des poteaux, mais c’est irrationnel… C’est la même chose pour ceux qui la trouve formidable du premier coup. On est pour ou on est contre, c’est tout… ”82.
Aujourd’hui, le souci des habitants de préserver le cadre de vie n’est pas uniquement motivé par l’architecture et l’urbanisme de qualité, mais surtout par le potentiel offert par la Maladrerie de pouvoir vivre-ensemble dans des logements certes biscornus, mais d’exception. Dans une ville marquée par sa pauvreté, la Maladrerie représente un patrimoine distinct, une trace de l’avant-gardisme dont faisait preuve Aubervilliers dans ses tentatives d’expérimentation du logement social, parallèlement à son développement urbain. Avec l’évolution du contexte économique, social, etc. que nous avons évoqué plus haut, la réception des logements par les habitants n’est plus la même. Certains restent convaincu de par l’utopie, qu’ils soient des pionniers du quartier, des personnes gravitant dans des cercles culturels ou ayant juste une sensibilité pour les beaux espaces. Cependant, il semble que certains habitants ne trouvent pas chaussure à leur pied à la Maladrerie lors des attributions, et ça au delà de la corrélation entre des grilles de surfaces et des situations familiales singulières - concernant la Maladrerie. Une étude des usages, des modes de vie et de l’appropriation est peut-être à faire pour appuyer ces informations et avoir de réelles données et pour mettre en place un outil d’ajustement adapté. Trente ans après sa livraison, les dysfonctionnements dans le quartier sont nombreux mais pas insolubles. À l’heure de la rénovation urbaine, la Maladrerie reste un outil pour la municipalité permettant d’encourager l’habitant à transcender sa condition. Tout est encore possible.
82 / ROLLAND Dominique, Enquête sociologique, juillet 1981 in. Aubervilliers – Quartier de la Maladrerie, LEFÈBVRE Jean-Pierre, Banlieue 93, Sodedat 93, Messidor (1989)
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Postérité
Les points fondamentaux La Maladrerie est un patrimoine du XXème siècle, et il est intéressant de voir à quel point l’acte architectural et social est visible pour ses contemporains. L’agence Gorka-Piqueras architecte & associés diagnostique avec une grande justesse les qualités architecturales du site : “Il nous semble clair que les éléments remarquables, les fondamentaux du quartier sont bien : L’ambiance du quartier, générée par : • Une architecture organique rompant avec la production industrialisée rigide du logement social et faisant la part belle aux usages, à l’échelle humaine, à la diversité et la domesticité. - Le béton, matériau minéral, noble et riche (couleur, lumière, variations, etc.), d’une matérialité remarquable et variée ; - Une architecture végétale remarquable intégrée et contrastée, complément du minéral et signature indissociable de l’ambiance et de l’esprit du quartier ; - Une mixité d’occupation, permettant des articulations et des transitions des espaces urbains ; • Les logements, qui dans leur conception proposent une façon d’habiter singulière. Où les prolongements extérieurs (terrasses) sont autant de richesses et d’éléments d’appropriation que d’appartenance à un lieu d’habitat à l’échelle humaine (forme d’individualisme collectif)”83
“On ne peut pas retirer à Gailhoustet et Renaudie d’avoir été des militants politiques dans le sens de leur architecture.“84
Il est utile de rappeler que les points remarquables de la Maladrerie viennent d’une pensée architecturale riche, expérimentale et portant un projet de vie, un projet de ville. Ces qualités ne peuvent pas être soustraites au quartier sous peine d’appauvrir une oeuvre complète qui tend à un équilibre. Ces points sont : • L’îlot piétonnier : un îlot coupé de la voiture où les cheminements piétonniers se lient à la ville et offrent des niches aux commerces de proximité. Renée Gailhoustet parvient à rappeler à nous la ville ancienne, organisée de façon complexe. Le travail du sculpteur Gerard Chireix sur la scénographie des espaces et des niveaux de sols est une richesse supplémentaire à ce quartier. L’ambiance générale, labyrinthique et végétale est unique, jeux pour les enfants ou îlot de calme pour les adultes. • Le logement unique : mettre au service du logement social une richesse dans les formes, volumes, agencements architecturaux, apports en lumière et la diversité des logements proposés. Signifier à l’habitant qu’il est unique, même dans la masse. • Les terrasses plantées : une pièce supplémentaire qui permet de sortir et prendre du recul sur son propre logement, un autre rapport à l’extérieur, mais aussi la possibilité de transformer la façade en la végétalisant. “À la place du vide qui vous isole, c’est un lieu qui prolonge votre domaine.”85 • L’unicité du quartier : un site expérimental par sa taille, et représentatif d’un travail intellectuel par son unité architecturale au travers d’une expérimentation unique de trames.
83 / Atelier Gorka Piqueras Architecte & Associés, dossier “ Cahier résumé ”, Phase diagnostic – impression (2012), p. 9 84 / RENAUDIE Serge, entretien mené le 24 juin 2016 - voir en annexes 85 / CHALJUB Bénédicte, La Politesse des maisons, mai 2009, Actes Sud L’impensé, p.67
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Diagnostic patrimonial de la Maladrerie
“La Mala c’est d’abord une couleur. Qui saute aux yeux. Qui explose aux yeux. Couleur béton, couleur bêtise. Ce gris qui dévore le regard des adultes du quartier ; mais qui épargne pour un moment celui des enfants que nous étions alors, prenant possession de notre nouvelle aire de jeux. Ce gris qui me faisait penser que la cité n’était pas finie, qu’elle était en devenir. Ce gris nous avons maintes fois tenté de l’apprivoiser, de le domestiquer ; chacun sa manière, ses moyens, pour dégriser ses murs qui ne demandaient que ça. Tout le quartier ou presque s’y est mis.” Hocine Ben Slameur de la Maladrerie, Périphérie - La cité du poète, France Inter, 4 mai 2014
Postérité intellectuelle et historique La liste des mémoires, études, articles, monographies et toutes oeuvres ayant abordé ou concerné l’opération de la Maladrerie, son auteur, en lien avec le contexte contemporain ou actuel du projet, sont disponibles à la fin du diagnostic.
Postérité
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Recommandations
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Diagnostic patrimonial de la Maladrerie
“ Puisque cette ville est leur ville [aux citoyens ordinaires, nda], ils ont bien quelques droits sur ces lieux. Quand la communauté des habitants constitue un objectif politique fermement reconnu, faute d’être une réalité vécue. Il paraît naturel de n’exclure personne, de brouiller les limites entre privé et public, de laisser les promeneurs traverser les jardins, emprunter les passages, escalader les terrasses. Comme on sait, l’heure est plutôt aux barrières, aux alarmes et aux digicodes, le moment n’est guère favorable à cette volonté d’ouverture. Mais il serait bon de ne pas trop la perdre de vue. L’architecture, aujourd’hui comme hier, n’a pas pour vocation à résoudre les difficultés de la vie. La moindre des choses pourtant est qu’elle ne se soumette pas sans réflexion à une idéologie peureuse. En multipliant les grilles et les exclusions, on ne peut que détruire la ville. Ce n’est pas une utopie sinistre, c’est déjà une réalité qui met en jeu la responsabilité des architectes : pourront-ils impunément accepter, comme ces occupants des villes-forteresses pour riches en Californie, enfermés derrière leurs cordons de vigiles, un nouvel apartheid urbain ? ”86 Renée Gailhoustet
Les quelques remarques qui suivent ne sont pas les recommandations d’un architecte du patrimoine. Elles se veulent un guide réflexif, à la fois appuyé sur des recherches sur la genèse et l’essence de la Maladrerie et une observation de son vieillissement, pour envisager un projet de rénovation urbaine bienveillant et vertueux. La Maladrerie bénéficie d’un label “Architecture du XXème siècle” et est publiée en tant qu’oeuvre. Se pencher sur son avenir c’est établir ce que représente ce patrimoine. “Un patrimoine c’est quelque chose qu’on partage ensemble, et c’est cet ensemble qui s’impose un peu aussi à nos actions, nos réactions individuelles ”87, nous dit Serge Renaudie. La Maladrerie souffre des secousses économiques et sociales de notre temps, d’où découlent un repli sur soi et qui ébranlent cette utopie construite. Dans ce contexte global qui est décrit jour après jour comme une mauvaise phase à dépasser, il est nécessaire préserver le patrimoine, l’héritage, qui pourra avoir une valeur dans quelques années. Si la situation est présentement complexe, il ne faut pas que des changements dérèglent les éléments fondateurs de la Maladrerie, ou surtout pas de façon irréversible. L’enjeu de la sauvegarde de ce patrimoine est de lui permettre d’évoluer et de passer cette époque de crise, pour en sortir nouvelle - au même titre que ceux qui l’habitent. Construite entre 1977 et 1989, La Maladrerie va fêter ses 40 ans. Elle a besoin aujourd’hui d’une réhabilitation, tant du point de vue architectural que thermique. La Maladrerie fait partie de la zone de rénovation urbaine de Aubervilliers et l’arrivée du NPNRU88 permet de mettre en branle à la fois une démarche de reconnaissance de la richesse architecturale, et une amélioration technique du bâti. Le projet de rénovation thermique de la Maladrerie doit inventer une démarche qui permet de respecter les dispositions architecturales d’origine. “[En Suisse, nda] Pour les objets protégés au titre patrimonial - et uniquement pour ceux-ci les recommandations pour l’amélioration du bilan énergétique des monuments historiques, élaborées conjointement par la Commission fédérale des monuments historiques et l’Office fédéral de l’énergie en 2009, reconnaissent que “l’enjeu patrimonial et l’enjeu énergétique sont tous deux légitimes, ils répondent, fondamentalement, à la même préoccupation et poursuivent le même but: soutenir le développement durable, par la préservation des ressources naturelles et culturelles irremplaçables”89 ”90.
Le patrimoine contemporain doit être traité comme une ressource. Il doit être 86 / GAILHOUSTET Renée, Des racines pour la ville, 1998, Les Éditions de l’Épure – Paris, p.77. 87 / RENAUDIE Serge, entretien mené le 24 juin 2016 - voir en annexes 88 / Nouveau Projet National de Rénovation Urbaine 89 / Cité par GRAF Franz: Office fédéral de l’énergie/Commission fédérale des monuments historiques, Recommandations pour l’amélioration du bilan énergétique des monuments historiques, Berne, juillet 2009 90 / GRAF Franz in La cité du lignon 1963-1971 Étude architecturale et stratégies d’intervention, Patrimoine et architecture, cahier hors série, janvier 2012 p.13
Recommandations
reconnu pour ne pas être si facilement re-habillé d’une isolation extérieure et d’un parement de briquette. Et il doit être pensé car les possibilités de réhabilitations sont énormes et pas limitées à un bilan thermique de l’enveloppe du bâtiment.
L’invention de ce projet de rénovation doit lier les recommandations patrimoniales, énergétiques, économiques et sociales. Toutefois la plus grande inventivité se situera dans le choix d’une réponse aux enjeux sociaux de la Maladrerie. Cette réponse doit être le point fort de l’opération ANRU et faire ce chantier de rénovation un levier d’innovation et d’articulation entre patrimoine et contraintes contemporaines ; donc intelligente, sociale, expérimentale et pragmatique. Le projet de rénovation doit faire société. “ On ne remettra pas d’aplomb ces banlieues, telles qu’elles ont été construites, par un acte technique d’architecture, mais par un acte de culture et de démocratie ”91. Patrick Bouchain
Serge Renaudie, intervenant récurrent auprès des bailleurs du patrimoine renaudien, explique que les bailleurs peuvent apprendre à connaître Gailhoustet, à connaître Renaudie. Il faut aujourd’hui dénouer les problèmes et se rendre compte que l’OPH d’Aubervilliers possède un patrimoine dont il doit être fier, qu’il doit apprendre à valoriser dans sa spécificité, en revenant à une situation où le quartier est une avantgarde des réussites du logement social. En définitive, c’est en travaillant avec les gens qui l’habitent, en particulier les personnes les plus en difficultés et les plus déracinées, que la Maladrerie retrouvera la dimension sociale qu’elle incarnait, visant l’émancipation de l’Homme. L’ensemble du quartier constitue un outil, et les possibilités d’appropriation - le travail des terrasses, les logements, les locaux d’activité et les lieux de solidarité - sont des leviers, et il appartient au bailleur de les actionner. “ Pour les logements collectifs, regardons ce qui ne marche pas et agissons. D’abord, on ne les as pas entretenus, ensuite, on n’a pas permis à la ville de s’installer [...]. Il faut laisser s’installer les nouvelles formes de rencontre et de vie, laisser s’exprimer la diversité, ne jamais la détruire, transformer par la libre expression démocratique locale sans peur et cesser de vouloir tout contrôler ”92.
91 / BOUCHAIN Patrick, dans un entretien avec ‘A’A’, n°387, janvier - février 2012 92 / BOUCHAIN Patrick, Construire Autrement, Actes sud, 2006.
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Annexes
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Diagnostic patrimonial de la Maladrerie
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Annexes
Fonds CONCERNANT RENÉE GAILHOUSTET ET LA MALADRERIE
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Documentation générale Les fonds d'archives du cabinet d'architecture de Renée Gailhoustet ont été versés au FRAC Centre d'Orléans
Monographie • •
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ALBA Dominique (sous la direction de), Œuvres construites 1948-2009 – Architectures de collection – Paris Île-de-France, Centre Pompidou, Pavillon de l’Arsenal (2009) ; Architectures expérimentales [Texte imprimé] : 1950-2000, collection du Frac Centre : [expositions, 11 juin-12 octobre 2003, Orléans, Site des subsistances militaires, FRAC Centre, Médiathèque d’Orléans, Musée des beaux-arts d’Orléans, Collégiale Saint-Pierre Le Puellier], Collection du FRAC Centre – Rencontres Internationales d’architecture d’Orléans, Éditions HYX (2003) ; Architectures expérimentales, 1950-2012 : collection du FRAC Centre, Collection du FRAC Centre – HYX (2013) ; BEDOS Françoise, Formes nouvelles d’habitat (1977) ; BERLAND-BERTHON Agnès, La démolition des immeubles de logements sociaux : histoire urbaine d’une non-politique publique, Collection Débats, CERTU (2009) ; Béton Pluriel : Minéral/Végéral : quelle alliance ?, Paris-la-Défense, Syndicat français de l’industrie cimentière (2014) ; CHALJUB Bénédicte, La politesse des maisons : Renée Gailhoustet, architecte, Actes Sud, 2009 ; DE MAZIERES François, Le logement social en France : des archives au patrimoine, Cité de l’Architecture et du Patrimoine (2010) ; ELEB Monique et Châtelet Anne-Marie, Urbanité, sociabilité et intimité : des logements aujourd’hui, Éditions de l’Épure, Collection Recherche d’architecture (1997) ; ELEB Monique et BENDIMERAD Sabri, Vu de l’intérieur : habiter un immeuble en Île-deFrance 1945-2010, Archibooks + Sautereau (2010) ; GAILHOUSTET Renée, Éloge du logement, Massimo Riposati Editeur (1993) ; GAILHOUSTET Renée, Des racines pour la ville, Éditions de l’Epure (1998) ; GAZEAU Philippe, Œuvres construites 1948-2009 : architectures de collection, Paris, Île-deFrance – Exposition, Centre Pompidou, Pavillon de l’Arsenal (2010) ; JOLY Pierre, L’art, l’architecture et le mouvement moderne : textes critiques 1958-1990, Les Éditions de la Villette – Collection Penser l’espace (1994) ; La ville à livre ouvert : regard sur cinquante ans d’habitat, Documentation française (1980) ; LEFÈBVRE Jean-Pierre, Banlieue 93, Sodedat 93, Messidor (1989) ; LEFEBVRE Jean-Pierre, Une expérience d’écologie urbaine, Édition du Linteau (1999) ; Saint-Denis : Chroniques d’architectures, Saint-Denis : PSD (1994) ; Ivry : rénovation centre ville, Architecture et construction – Editeur scientifique (1975) ; Sodedat 93, Vingt architectes pour la plaine, Mairie de Saint-Denis (1991) ; PENA Michel, Petite histoire du jardin et du paysage en ville, Paris : Cité de l’Architecture et du Patrimoine, Editions Alternatives (2012) ; Sodedat 93, Urbanisme Seine-Saint-Denis : Sodedat 93, six ans d’activité, Sodedat 93 (1980) ; VAYSSIÈRE Bruno, Gailhoustet Renée et Grandval Gérard – Conférence, Ed. du Pavillon de l’Arsenal (1998) ; ZAC Basilique à Saint-Denis, S.I. (1994) ; ZEIDENBERG Yves, Échafaudages : pratiques architecturales en France 1970-80 – Exposition, Éditions du Moniteur (1982) ;
Annexes
Articles • • • • • • • • •
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Recherche (thèses, mémoires) • • •
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Études • •
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GENZLING Claude, Les rapports individuels à l’espace chez les architectes : rapport de recherche : 1er chapitre, ENSA Paris-La Villette (1988) ; GENZLING Claude ; Direction de l’Architecture et de l’Urbanisme ; ENSA Paris-La Villette ; Ministère de L’Equipement, du Logement, de l’Aménagement du Territoire et des Transports ; Bureau de la recherche architecturale, Les rapports individuels à l’espace chez les architectes : rapport de recherche : 2ème chapitre, Paris : Ministère de l’Équipement (1988) ; CHAVERNEFF Olga et Lefevre Pierre ; Les rapports individuels à l’espace chez les architectes : rapport de recherche : 3ème chapitre, ENSA Paris-La Villette (1988) ;
Annexes
Vidéographie • •
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ARVHA Association, Interview de Renée Gailhoustet (2015), 27mins ; BACQUÉ Marie-Hélène, Fabrique du commun dans la Cité, Les Laboratoires d’Aubervilliers (2013), 80mins ; ELEB Monique, Le confort au XXè siècle, Collection : Architectures de l’habitat, Lieurac Production : Tigre productions : La Cinquième (2000), 26mins ; ELEB Monique, Évolutions du collectif, Collection : Architectures de l’habitat, Lieurac Production : Tigre productions : La Cinquième (2000), 26mins ; ELEB Monique, Innovations, Collection : Architectures de l’habitat, Lieurac Production : Tigre productions : La Cinquième (2000), 26mins ; FRAPIN Marie, LE BAYON François, SOYON Chantal, ELEB Monique, Architecture de l’habitat, le confort au XXème siècle, Paris Strasbourg : Lieurac productions ; La Cinquième (2000), 26mins ; MERLHIOT Christian, L’art de faire la ville, Renée Gailhoustet : architecte urbaniste, ADAV/ Périfilms, (1996), 23mins ; NEGRONI Jean-Marc, Ivry Cités : une histoire d’HLM, Ivry-sur-Seine : A Casa Films (2013), 52mins ; PINATEL Flavie, Gameplay (2008), Installation vidéo de 3 projections simultanées ; PINATEL Flavie, La Mala Enchantée (2016) ;
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RIZZO Anne, Renée Gailhoustet, le projet d’Ivry, Paris : Grabuge production (2008), 60mins ;
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Audio • •
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Andreu Sylvie, La Politesse des Maisons, Émission « Vivre sa ville », », Paris : Radio France, France-Culture (27/09/09) ; 58mins ; Chaslin François, Retour sur deux quartiers de logements sociaux de Seine-Saint-Denis à l’architecture exemplaire et néanmoins en difficulté, Émission « Métropolitains », Paris : Radio France, France-Culture (15/02/06), 60mins ; Laurentin Emmanuel, Histoire des Intérieurs ¼, Émission « La Fabrique de l’Histoire », Paris : Radio France, France-Culture (07/03/11), 54mins ; Paquot Thierry, Femmes Architectes, Émission « Permis de construire », Paris : Radio France, France Culture (1999), 55mins.
Webographie (non exhaustive) •
Renée Gailhoustet, biographie – Cité de l’Architecture et du Patrimoine – Consulté le 17/06/16
http://www.citechaillot.fr/ressources/expositions_virtuelles/portraits_architectes/biographie_GAILHOUSTET.html
• • •
Renée Gailhoustet, architecte – Archiguide – Consulté le 17/06/16
http://www.archi-guide.com/AR/gailhoustet.htm
Renée Gailhoustet, architecte – FRAC Centre – Consulté le 17/06/16
http://www.frac-centre.fr/collection-art-architecture/gailhoustet-renee-58.html?authID=74
Réinventer les modes d’habiter : l’œuvre insolite de Renée Gailhoustet – Bénédicte Chaljub, publié le 02/04/13, actualisé le 23/10/15 – Consulté le 10/10/16
https://www.espazium.ch/reinventer-les-modes-dhabiter-loeuvre-insolite-de-renee-gailhoustet
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Votez Renée Gailhoustet ! – L’Abeille et l’Architecte, publié le 03/04/13 – Consulté le 23/09/16
https://labeilleetlarchitecte.wordpress.com/2013/04/03/votez-renee-gailhoustet/
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Témoin – Secours Populaire Français, publié le 14/11/13 – Consulté le 23/09/16
https://www.secourspopulaire.fr/temoin-33#.V_YDHiQSyTs
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Diagnostic patrimonial de la Maladrerie
ARCHIVES MUNICIPALES D'’AUBERVILLIERS 31-33, rue de la Commune de Paris 93300 Aubervilliers 01 48 39 52 89
Quartier de la Maladrerie : création d’une Zad, acquisition des propriétés, conventions, îlots insalubres, foyer pour travailleurs migrants…, 1972-1997
Série W. – Délibérations du Conseil municipal 1972-5-2-6 Délibération du 23/05/1972 Création d’une ZAD dans le quartier de la Maladrerie Cote du registre - 1D68 – 1972-7-3 Délibération du 26/07/1972 Garantie communale accordée au foyer du fonctionnaire et de la famille pour un emprunt de 190 000 francs que cet organisme se propose de contracter auprès de la Caisse des dépôts Programme de 40 logements rue de la Maladrerie. Cote du registre - 1D69 1974-4-46 Délibération du 01/04/1974 Prêt de 6,000,000 frs sollicité auprès de la caisse d’aide à l’équipement des collectivités locales en vue de l’acquisition de divers terrains pour l’aménagement d’une ZAD dans le quartier de La Maladrerie. Cote du registre - 1D72 1974-6-4 Délibération du 24/06/1974 ZAD de la Maladrerie - emprunt de 6,000,000 frs réalisé auprès de la CAECL - ouverture d’un crédit de 6,000,000 francs. Cote du registre - 1D72 1974-6-52 Délibération du 24/06/1974 ZAD Maladrerie - acquisition d’une propriété sise à Aubervilliers, 28 passage Boudier appartenant à M et Mme Niderkorn cadastrée section AQ n°98 - coût : 49 542 frs Cote du registre - 1D72 1974-6-55 Délibération du 24/06/1974 ZAD de La Maladrerie - définition du périmètre insalubre Cote du registre - 1D72 1974-6-99 Délibération du 24/06/1974 ZAD Maladrerie - périmètre de résorption de l’habitat insalubre - approbation de la convention passée entre la ville d’Aubervilliers et la société d’étude pour l’équipement de la Seine St Denis Cote du registre - 1D72 1974-6-7b Délibération du 24/06/1974 Zad «Maladrerie» - acquisition d’une propriété appartenant à M, Ala sise 13 impasse J, Guesde à Aubervilliers cadastrée section AO 34 - coût : 92.000 frs Cote du registre - 1D72 1975-3-7 Délibération du 17/03/1975 ZAD de la Maladrerie - acquisition d’une propriété à l’amiable sise à Aubervilliers : 72, rue Danielle Casanova, appartenant à Mme Delasalle, immeuble cadastré AO n°79 - cout : 123 000 F Cote du registre - 1D74 -
Annexes
1975-3-10 Délibération du 17/03/1975 Périmètre d’insalubrité - ZAD Maladrerie - demande d’UP - engagement financier de la commune Cote du registre - 1D74 1975-3-101 Délibération du 17/03/1975 RHI du secteur de la Maladrerie - convention de relogement entre la commune et l’OPHLM d’Aubervilliers Cote du registre - 1D74 1975-3-88b Délibération du 17/03/1975 Approbation de la convention passée avec la Sodedat relative au reversement de prêt RHI et ZAD de la Maladrerie Cote du registre - 1D74 1975-6-65 Délibération du 09/06/1975 Zone d’aménagement différé «ilot insalubre» - RHI dit la «Maladrerie» - approbation de la convention d’exécution à passer avec la Sodedat 93 - 8 à 22 rue du Chemin Vert à Bobigny Cote du registre - 1D74 1975-12-1-19 Délibération du 01/12/1975 Ilôt insalubre dit «La Maladrerie» délimité le 18.12.74 par arrêté préfectoral et inclus dans la ZAD créée le 11.10.1972. Approbation du cahier des charges de cession de terrains inclus dans la RHI par la Sodedat 93, 8 à 22 rue du Chemin Vert à Bobigny. Cote du registre - 1D75 1976-9 Délibération du 18/03/1976 RHI La Maladrerie. Prêt de la Caisse des dépôts et consignations de 4 000 000 à la Sodedat. Demande de garantie d’emprunt. Cote du registre - 1D76 1976-73 Délibération du 24/05/1976 Programme d’emprunt 1976. Approbation d’un emprunt de 1 500 000 Frs auprès de la Caisse des dépôts et consignations pour le financement de la participation communale dans le cadre de l’aménagement de l’îlot insalubre dit «Le Long Sentier» anciennement dénommé «La Maladrerie». Cote du registre - 1D76 1976-9bis Délibération du 18/03/1976 Opération Aubervilliers «La Maladrerie». Foyer pour travailleurs migrants. Demande de garantie d’emprunt. Cote du registre - 1D76 1980-10 Délibération du 04/02/1980 Garantie communale accordée à l’ODHLM pour deux emprunts de 5 000 000 Frs et 1 500 000 Frs pour la construction des 172 HLM «la Maladrerie». Cote du registre - 1D83 1980-77 Délibération du 28/04/1980 Garantie communale accordée à l’ODHLM pour un prêt de 443 000 Frs pour la construction des 172 HLM et 28 logements «La Maladrerie» : financement des travaux complémentaires de fondations spéciales. Cote du registre - 1D83 1980-99 Délibération du 28/04/1980 Dénomination du Foyer soleil «la Maladrerie». Cote du registre - 1D83 1980-345 Délibération du 15/12/1980 RHI Le Long sentier-La Maladrerie. Construction d’une école maternelle de 8 classes. Approbation de l’avant-projet sommaire. Demande de subvention. Cote du registre - 1D85 -
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Diagnostic patrimonial de la Maladrerie
1981-214 Délibération du 05/10/1981 Construction de la viabilité rue de la Maladrerie. Approbation du dossier technique. Cote du registre - 1D87 1982-168 Délibération du 03/05/1982 Garantie communale accordée à l’OPHLM pour un emprunt contracté auprès de la Caisse des prêts aux organismes d’HLM pour l’opération de construction 141 logements 1ère tranche rénovation Long Sentier Maladrerie - Allée Henri Matisse - Modification du montant de l’emprunt. Cote du registre - 1D88 1982-370 Délibération du 22/11/1982 Garantie d’emprunt de 7 000 000 Frs. Sodedat 93. RHI «Le long Sentier». La Maladrerie. Cote du registre - 1D88 1985-37 Délibération du 26/03/1985 Travaux d’aménagement du Centre socio–culturel de la Maladrerie. Marché négocié à commande avec l’entreprise SAEP. Cote du registre - 313W29 1985-101 Délibération du 28/05/1985 Aménagement de la salle polyvalente de la Maladrerie. Approbation du marché d’ingénierie passé avec Monsieur DUBREUIL. Cote du registre - 313W29 1985-146 Délibération du 28/05/1985 Cession par l’ODHLM de Seine–Saint-Denis à l’OPHLM d’Aubervilliers de l’ensemble immobilier « La Maladrerie ». Avis du conseil municipal. Cote du registre - 313W29 1985-175 Délibération du 24/06/1985 Bail d’entretien de l’éclairage public – Années 1985-1986-1987. Prise en charge de la RHI «La Maladrerie – Le Long Sentier ». Avenant n° 1 au marché avec la société ENTRA. Cote du registre - 313W29 1985-208 Délibération du 24/06/1985 Garantie communale accordée à l’OPHLM pour un emprunt de 2 800 000 F auprès de la Banque française de crédit coopératif pour la réalisation de commerces dans la RHI «Le Long Sentier » - Maladrerie 7e et 8e tranches. Cote du registre - 313W29 1985-250 Délibération du 14/10/1985 Garantie accordée à la SODEDAT 93 pour un emprunt de 2 500 000 F destiné à l’opération RHI « La Maladrerie ». Cote du registre - 313W29 1985-329 Délibération du 25/11/1985 Centre socio-culturel de la Maladrerie. Approbation des dossiers de consultation des entreprises : aménagements intérieurs ; équipement de la salle polyvalente. Cote du registre - 313W29 1986-161 Délibération du 26/05/1986 Acquisition d’une parcelle de 1759 m2 17 rue de la Maladrerie et 21 à 27 rue Lopez et Jules Martin. Cote du registre - 313W30 1986-179 Délibération du 26/05/1986 Réalisation d’une bibliothèque annexe à la bibliothèque centrale. Centre socio–culturel de la Maladrerie. Demande de subvention au département Cote du registre - 313W30 -
Annexes
1986-299 Délibération du 24/11/1986 RHI La Maladrerie – Parking du Centre socio-Culturel. Cote du registre - 313W30 1986-348 Délibération du 15/12/1986 RHI « La Maladrerie ». Approbation du bilan financier prévisionnel d’aménagement révisé au 31 juillet 1986. Cote du registre - 313W30 1986-372 Délibération du 15/12/1986 Dénomination de voies nouvelles. Quartier de la Maladrerie - Le Long sentier, pour la desserte de la 6ème tranche de la RHI Maladrerie : Place Jean RENOIR ; passage Louis DAQUIN ; galerie François TRUFFAUT ; allée Jean GREMILLON ; passage Jean BECKER ; coursive Georges MELIES. Cote du registre - 313W30 1986-64-a Délibération du 17/02/1986 Garantie communale accordée à l’OPHLM pour un emprunt de 2 600 000 F auprès de la Caisse d’épargne de Paris pour la réalisation de parkings supplémentaires pour les 146 logements, 7ème et 8ème tranches de la Maladrerie. Cote du registre - 313W30 1987-199 Délibération du 29/09/1987 Acquisition d’une parcelle de 1 759 m2 sise 17, rue de la Maladrerie et 21 à 27 rue Lopez et Jules Martin. Modification du montant de la soulte à verser par la commune. Cote du registre - 313W31 1987-200 Délibération du 29/09/1987 Cession par l’OPHLM à la SCI La Maladrerie d’un local commercial sis 5 allée Georges Braque. Cote du registre - 313W31 1988-40 Délibération du 21/03/1988 Transfert de garantie d’emprunts de l’OPHLM du 93 à l’OPHLM Aubervilliers pour la réalisation de 200 logements à la Maladrerie. Cote du registre - 313W32 1988-203 Délibération du 03/10/1988 Garantie à l’OPHLM pour un emprunt de 4 326 000 F. auprès de la CDC pour la réalisation de 10 logements à la Maladrerie (10ème tranche). Cote du registre - 313W32 1988-304 Délibération du 19/12/1988 Convention de mandat avec l’OPHLM pour la construction d’un équipement de quartier pour l’enfance à la Maladrerie. Cote du registre - 313W32 1989-166 Délibération du 29/05/1989 Garantie à l’OPHLM pour un emprunt complémentaire de 22 700 F. auprès de la C.D.C. pour la réalisation de 10 logements à la Maladrerie. Cote du registre - 507W1 1989-172 Délibération du 29/05/1989 Construction de l’allée G. Leblanc et de la rue de la Maladrerie (partie est) aménagement des espaces et d’un square. Approbation du DCE. Cote du registre - 507W1 1990-66 Délibération du 19/02/1990 Avenant n° 1 à la convention de mandat avec l’OPHLM d’Aubervilliers pour la réalisation d’une maison de l’enfance dans le quartier de la Maladrerie. Cote du registre - 507W2 -
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1990-207 Délibération du 28/06/1990 Avenant n° 2 à la convention de mandat avec l’OPHLM d’Aubervilliers pour la réalisation d’une maison de l’enfance dans le quartier de la Maladrerie. Cote du registre - 507W2 1990-213 Délibération du 28/06/1990 Demande de subvention CAFRP. Maison de l’enfance de la Maladrerie. Cote du registre - 507W2 – 1990-230 Délibération du 24/09/1990 Reconstruction de la viabilité et des espaces verts allée G. Leblanc / rue de la Maladrerie. Avenant n° 1 au lot de viabilité S. Joyeux. Cote du registre - 507W2 1990-285 Délibération du 12/11/1990 RHI La Maladrerie. Avenant n° 3 à la convention d’exécution avec la SODEDAT 93. Cote du registre - 507W2 1991-45 Délibération du 26/03/1991 Approbation de la convention avec la C.A.F.R.P. concernant l’aide financière pour la réalisation de la maison de l’enfance de la Maladrerie. Cote du registre - 507W3 1991-56 Délibération du 26/03/1991 Maison de l’enfance quartier de la Maladrerie : compte définitif. Cote du registre - 507W3 1991-84 Délibération du 07/05/1991 RHI La Maladrerie. Avenant n° 4 à la convention d’exécution avec la SODEDAT 93. Cote du registre - 507W3 1992-288 Délibération du 17/11/1992 R.H.I. Maladrerie Long Sentier. Règlement de la participation 1992 au bilan. Cote du registre - 507W6 1993-44 Délibération du 15/02/1993 R.H.I. La Maladrerie 9eme tranche. Réalisation de locaux d’activités par la SODEDAT 93 garantie à 80% d’un emprunt de 16 000 000 F Cote du registre - 507W7 1993-152 Délibération du 04/05/1993 R.H.I. La Maladrerie. Avenant n° 5 à la convention d’exécution avec la SODEDAT 93. Cote du registre - 507W8 1993-181 Délibération du 01/06/1993 R.H.I. Maladrerie - 9eme tranche. Réalisation de locaux d’activités par la SODEDAT 93. Garantie à 80% d’un emprunt de 16 000 000 F. Cote du registre - 507W8 1993-237 Délibération du 29/06/1993 R.H.I. Maladrerie. 9eme tranche. Réalisation de locaux d’activités par la SODEDAT 93. Garantie à 80% d’un emprunt de 12000000 F. Cote du registre - 507W9 1993-246 Délibération du 29/09/1993 Maladrerie - 6eme tranche. Cession à la ville par la SODEDAT 93 des espaces publics. Cote du registre - 507W9 -
Annexes
1993-247 Délibération du 29/09/1993 Approbation du bilan « F.A.U. » de la R.H.I. du Long Sentier - Maladrerie. Demande de solde de subvention. Cote du registre - 507W9 1994-70 Délibération du 29/03/1994 R.H.I. Le Long Sentier / La Maladrerie - 4eme tranche. Acquisition de la parcelle AQ 352. Espaces plantés et circulations publiques. Cote du registre - 507W10 1994-132 Délibération du 10/05/1994 Transfert de deux garanties communales d’emprunt de la LOGIREP à la SONACOTRA pour le foyer « La Maladrerie » 11, rue de l’Abeille. Cote du registre - 507W10 – 1995-258 Délibération du 12/07/1995 ZAC du Long Sentier. RHI de la Maladrerie. Approbation du bilan prévisionnel actualisé au 31/12/1994 présenté par la SODEDAT 93. Cote du registre - 507W13 1995-371 Délibération du 15/11/1995 Halte Jeux « La Maisonnée » 7 b, rue A. Domart. « La Pirouette » 38 rue Bordier. « La Maladrerie » 27 rue Lopez et Jules Martin. Fixation du prix des déjeuners et goûters à compter du 01/12/1995. Cote du registre - 507W14 1995-DEC175 Délibération du 14/12/1995 Halte-Jeux « La Maladrerie » 27, bis rue Lopez et Jules Martin. Création d’une régie d’avances Cote du registre - 507W35 1996-155 Délibération du 07/05/1996 Classement dans le domaine privé de la ville d’Aubervilliers d’un sol de voie de 242 m2 situé rue Lopez et Jules Martin (sous la passerelle de la cité de la Maladrerie). Cote du registre - 540W29 1996-195 Délibération du 26/06/1996 ZAC du Long Sentier. RHI de la Maladrerie. Approbation du compte rendu annuel à la collectivité locale arrêté au 31/12/1995. Cote du registre - 540W29 1997-63 Délibération du 26/02/1997 R.H. I. Maladrerie. Cote du registre - 540W31 1997-176 Délibération du 26/06/1997 RHI Maladrerie. Avenant n° 6 à la convention d’aménagement. Cote du registre - 540W32 -
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Bibliothèque historique AUB/1657 Aubervilliers - Emile Dubois et Maladrerie - Etude diagnostic des équipements commerciaux et propositions de restructuration : synthèse de l’étude Etude. Sté Ville et Commerce, 2002 : [n] p. ; 30 X 21 Document à communicabilité restreinte (demande d’autorisation préalable) AUB/1658/1-3 Etude diagnostic des centres commerciaux Emile Dubois et la Maladrerie Etude Sté Ville et Commerce, 2001 : [133] p. ; 30 x 41 Document à communicabilité restreinte (demande d’autorisation préalable) Tome 1 - Marchés théoriques et enquêtes commerçants, mai 2001, 83 p. Tome 2 - Enquêtes consommateurs, 21 juin 2001, 30 p. et annexes Tome 3 - Rappel des tomes 1 et 2 et propositions pour la restructuration du centre commercial Emile Dubois, 12 décembre 2001, 20 p. AUB/121 Ateliers ouverts - Exposition - A la Maladrerie. Catalogue Ville d’Aubervilliers, 1987 ; 18 p. ; 18 x 12 Portes ouvertes du 16 au 17 mai 1987 et exposition à l’Espace Renaudie du 16 au 27 mai 1987. AUB/367 Ateliers d’artistes ouverts à la Maladrerie, à Aubervilliers, 6-8 juin 1986 Dossier de presse Ville d’Aubervilliers, 1986 ; [41] p. ; 30 x 21 Présentation générale et notices biographiques des artistes AUB/497 Aubervilliers (artistes à la Maladrerie) Recueil de documents La Maladrerie - Service culturel municipal d’Aubervilliers, (1983) ; [42] p.; 15 x 11 Cartes postales illustrées (plan de la Maladrerie et œuvres d’artistes) AUB/1612 Du côté des artistes (ateliers d’artistes à la Maladrerie) In : «HLM aujourd’hui», n° 4, décembre 1986 Revue 1986 ; [3] p. ; 30 x 22 pp.126-128 AUB/1656 L’intervention de la prévention spécialisée sur le secteur Maladrerie - Emile Dubois : étude d’opportunité et de faisabilité Etude. Persh : l’Atelier, 2002 ; 31 p. ; 30 X 21 Document à communicabilité restreinte (demande d’autorisation préalable) AUB/59 La Maladrerie, logements à Aubervilliers GAILHOUSTET Renée Article de presse (ca 1980); 4 p.; 30 x 21 AUB/88 Rénovation du quartier de la Maladrerie (RHI La Maladrerie - le Long Sentier) et du centre d’Aubervilliers (ZAC Commune de Paris). DEVILLERS Christian ; GAILHOUSTET Renée Article de presse s.d. ; 13 p. ; 30 x 21
Annexes
AUB/104 Quartier de la Maladrerie, Aubervilliers. In : «Architecture d’aujourd’hui», n° 215, GAILHOUSTET Renée Article de presse, 1981 ; 2 p.; 30 x 21, p. 86-87 AUB/341 Aubervilliers - R.H.I. La Maladrerie - le Long Sentier : présentation de l’opération Etude Sodedat 93, Bobigny, 1980; [58] p.; 30 x 21 Chronologie, bilan financier global révisé en octobre 1978, proposition de plan de masse par Renée Gailhoustet (1975), évolution du plan de masse (1979), l’habitat insalubre et réalisations (photographies), extraits de presse AUB/358 Aubervilliers - La Maladrerie - Rue des Cités In : «Archivari», revue trimestrielle d’architecture, n° 3, mai 1984 Revue 1984 ; [7] p.; 30 x 21 Copies AUB/1413 Prédiagnostics urbains des quartiers - 10 - La Maladrerie à Aubervilliers ASSI Soraya Etude Direction départementale de l’Equipement de Seine Saint-Denis, 1999 ; 65 p.; 30 x 42 Document à diffusion interne (communicabilité sous réserve d’autorisation préalable) AUB/1654 Diagnostic partage des acteurs sociaux. Maladrerie - Emile Dubois. Habitants, services publics, associations, élus. Ensemble pour leur quartier Etude Ville d’Aubervilliers - Vie des quartiers, 2000 ; 22 p.; 30 x 21 Document à communicabilité restreinte (demande d’autorisation préalable) AUB/1655 Renaudie, 13 janvier 2001 - Rencontres pour l’avenir du quartier (Collectif d’habitants des cités Emile Dubois et Maladrerie) Rapport d’activité 2001 ; 32 p.; 30 x 21 Retranscription des débats AUB/1660/1-6 Etude urbaine des quartiers La Maladrerie et Emile Dubois Etude Praxis et SARL F. Daune, Avrillé - Paris, 2002 ; [n] p. ; 30 X 41 Projet non abouti, suite à la consultation des habitants. 1 - Phase 1 : diagnostic, janvier 2002 2 - Elaboration du plan général de référence, volet 1 de la phase 2, scénarii d’actions, 8 mars 2002 3 - Phase 1 : diagnostic compléments, mars 2002 4 - Projet urbain : plan général de référence, variante 1, octobre 2002 5 - Projet urbain : état existant, novembre 2002 6 - Projet urbain : zoom Daquin, rez-de-chaussée existant, décembre 2002 AUB/1781/1-2 Enquête auprès des habitants du quartier Maladrerie-Emile Dubois : rapport final et synthèse Etude Ville d’Aubervilliers - Act consultants, 2005 ; [87] p.; 30 x 21 1- Rapport final, février 2005 : commande et méthode proposée, méthode adaptée, enquête professionnelle, enquête menée par les jeunes habitants d’Aubervilliers, enquête menée par les habitants adultes, tableaux annexes. 81 p. 2- Synthèse, novembre 2005 : principaux enseignements et compte-rendu synthétique de l’étude réalisée par les professionnels, [6 p.]
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Diagnostic patrimonial de la Maladrerie
Aubermensuel AD808 Art de fondre le talent - Art : un spécialiste des métaux crée ses collections depuis 10ans Atelier Art de Fondre, de Jean-Jacques Ruddy, dans le quartier de la Maladrerie MAY Carine Aubermensuel (AUB/PER/6-a), 00/05/2004, n°139, p.5 AD819 O fabuleuse Maladrerie - Parcours : Hocine Ben, slameur, rappeur, conteur en mythologie urbaine GAU Alexis Aubermensuel (AUB/PER/6-a), 00/05/2004, n°139, p.15 AD1186 L’Angi donne des ailes à la cité - Arts plastiques : une association qui s’implique à la Maladrerie Que ce soit avec Art’o son lieu d’exposition ou en menant un certain nombre d’actions dans le quartier, l’Angi occupe une place importante dans le quartier pour resserrer les liens au sein de la population GUIGNET Eric Aubermensuel (AUB/PER/6-a), 00/05/2005, n°150, p.19 AD1213 A la découverte de l’art contemporain africain - Arts plastiques : un projet mené par l’association La part de l’art L’association entreprend avec des jeunes des quartiers Cochennec-Robespierre et Landy un travail de sensibilisation autour de cet art venu d’Afrique. Un artiste de la Maladrerie prête son concours à cette action culturelle. LOMBARD Frédéric Aubermensuel (AUB/PER/6-a), 00/06/2005, n°151, p.18 AD1422 Tristes tropiques - Henri Guédon, artiste de la Maladrerie. Musicien, peintre et sculpteur, l’artiste martiniquais Henri Guédon est décédé le 12 février dernier à la suite d’une opération de chirurgie cardiaque. GUIGNET Eric Aubermensuel (AUB/PER/6-a), 00/03/2006, n°159, p.9 AD1564 Culture en contrebande - Initiative : l’association La Part de l’Art donne des couleurs à la cité. Encadré par des artistes, les enfants de la Maladrerie, de Cochennec et du Landy se sont initiés à différentes techniques d’impression et ont découvert tout un patrimoine. MEDEIROS Frédéric Aubermensuel (AUB/PER/6-a), 01/09/2006, n°164, p.7 AD1988 Retour de femme(s). - Djo-Art, artiste de la Maladrerie, ouvre les portes de son atelier en décembre. Voilà une femme qui depuis deux ans s’est installée à la Maladrerie. Dans ce petit atelier où s’entreposent huiles et dessins représentant des femmes, on va entendre comment l’artiste est revenue en banlieue.... GUIGNET Eric Aubermensuel (AUB/PER/6-a), 01/12/2007, n°178, p.19 AD513 A la découverte de la Maladrerie - Initiation à l’urbanisme pour une classe du lycée Henri Wallon MEDEIROS Frédéric Aubermensuel (AUB/PER/6-a), 00/06/2003, n°129, p.9
Annexes
AD35 L’OPHLM joue la carte des habitants - Projet sur les parties communes du 1-7 allée Henri Matisse En vue de la réhabilitation complète des parties communes du 1-7 Henri Matisse, à la Maladrerie, l’Office associe étroitement les habitants à l’élaboration du projet des architectes MEDEIROS Frédéric Aubermensuel (AUB/PER/6-a), 00/02/2002, n°114, p.4 AD423 Quel avenir pour le quartier ? - Urbanisme : discussions sur le réaménagement de la Maladrerie et d’Emile Dubois Le 12 mars, les conclusions de l’étude urbaine sur la Maladrerie-Emile Dubois commandée par la Ville et l’OPHLM ont été présentées aux habitants. MEDEIROS Frédéric Aubermensuel (AUB/PER/6-a), 00/04/2003, n°127, p.5 AD424 Plus modernes et plus fiables - Patrimoine HLM : rénovation des ascenseurs à la Maladrerie MEDEIROS Frédéric Aubermensuel (AUB/PER/6-a), 00/04/2003, n°127, p.5 AD501 On remet tout à plat - Urbanisme : débat sur le réaménagement de la Maladrerie et d’Emile Dubois MEDEIROS Frédéric Aubermensuel (AUB/PER/6-a), 00/06/2003, n°129, p.4 AD553 Des résultats rassurants - Maladrerie : pas de trace de radioactivité venant du Fort Cet été, un institut spécialisé s’est chargé d’expertiser le groupe scolaire Joliot Curie et ses alentours, à la recherche d’un éventuel excès de radioactivité GAU Alexis Aubermensuel (AUB/PER/6-a), 00/09/2003, n°131, p.9 AD626 Deux jours pour un rallye de la propreté - Environnement : A la Maladrerie, les enfants ont montré l’exemple, les adultes aussi. DOMINGUES Maria Aubermensuel (AUB/PER/6-a), 00/11/2003, n°133, p.11 AD848 Des perspectives d’avenir pour la ville - Urbanisme (16 projets : Landy-Cristino Garcia, le Parc canal, jeux olympiques 2012, place Proudhon Gardinoux, prolongement de la ligne 12, quartier Canal-Porte d’Aubervilliers, avenue Victor Hugo, pont Pierre Larousse, les berges du canal, avenue de la République, Villette-Quatre Chemins, les quartiers nord, Fort d’Aubervilliers, Quatre-Chemins-RN2, Centre ville, Maladrerie-Emile Dubois) De nombreuses opérations d’aménagement sont prévues sur la ville. La municipalité s’est engagée dans l’élaboration d’un plan local d’urbanisme (PLU) concerté avec la population. MEDEIROS Frédéric Aubermensuel (AUB/PER/6-a), 00/06/2004, n°140, p.12-13
AD897 300 habitants consultés - Projet urbain : enquête sur la Maladrerie et Emile Dubois MEDEIROS Frédéric Aubermensuel (AUB/PER/6-a), 00/09/2004, n°142, p.5 AD996 On a fait du beau travail - Travaux : rénovation de halls à la Maladrerie Septs halls d’entrée de l’allée Henri Matisse ont été rénovés par l’OPHLM qui a su tenir compte de l’avis des locataires DOMINGUES Maria Aubermensuel (AUB/PER/6-a), 00/12/2004, n°145, p.5 AD1997 Les halls stars - Aménagement : réhabilitation de halls et parties communes à la Maladrerie. Le 12 décembre dernier, s’est déroulée l’inauguration de halls et parties communes récemment réhabilités cité de la Maladrerie. LANDOLSI Mehdi ; MOGES Karl-Evans Aubermensuel (AUB/PER/6-a), 01/01/2008, n°179, p.4
133
134
Diagnostic patrimonial de la Maladrerie
Série Fi. – Documents figurés Affiches 1Fi1612 Réfection du pavage du chemin vicinal ordinaire n° 5 (rue du Fort) Entre la rue de la Maladrerie et la route nationale n° 2 (avenue Jean Jaurès). Adjudication le 29 septembre 1933. Avis. Affiche Ville d’Aubervilliers, Imp. administrative centrale, 8 rue de Furstenberg Paris, 1933, Impr. en coul., 42x 61, Affiche signée par le maire d’Aubervilliers (Laval), le 4 septembre 1933 (à Aubervilliers) 2 exemplaires 1Fi2757 Avis d’enquête parcellaire. Changement d’affectation d’une parcelle de terrain. Acquise par voie d’expropriation pour l’édification d’HLM et destinée à la construction d’un groupe scolaire. Enquête ouverte sur le terrain, cadastré AR N° 2 d’une contenance de 1872 m2 compris dans un groupe d’immeubles sis à Aubervilliers, avenue Jean Jaurès et rue de la Maladrerie. Affiche Ville d’Aubervilliers, s.n., s.l., 1954, Impr. en noir, 60 x 40, Affiche signée par le maire d’Aubervilliers (Dubois), le 25 octobre 1954 (à Aubervilliers) 2 exemplaires 1Fi2760 Projet d’acquisition de 11 immeubles (construction d’un groupe d’HLM) Sis rues de la Maladrerie, Danielle Casanova et place de la Division Leclerc (immeubles cadastrés section AR N° 47, 52 à 54, 56 à 61 et 68). Avis d’enquêtes d’utilité publique et parcellaire. Affiche Ville d’Aubervilliers, s.n., s.l., 1954, Impr. en noir, 80 x 60, Affiche signée par le maire d’Aubervilliers (Dubois), le 25 novembre 1954 (à Aubervilliers) 6 exemplaires 1Fi2802 Projet d’acquisition de terrains (7e groupe scolaire et rue de la Motte) Quartier de la Maladrerie, en vue de la construction d’un 7e groupe scolaire et du prolongement de la rue de la Motte (terrains cadastrés section AQ n° 16 à 18 et section AR, n° 1 à 23). Avis d’enquêtes d’utilité publique et parcellaire. Affiche Ville d’Aubervilliers, Imprimerie, 15 rue Pasteur Aubervilliers, 1955, Impr. en noir, 80 x 60, Affiche signée par le maire d’Aubervilliers (Dubois), le 23 décembre 1955 (à Aubervilliers) 1Fi2921 Fourniture de mobilier scolaire Adjudication restreinte sur concours, le 2 juin 1958 destinée à l’équipement du VIIe groupe scolaire dans le quartier de la Maladrerie. Avis. Affiche Ville d’Aubervilliers, Imprimerie, 15 rue Pasteur Aubervilliers, 1958, Impr. en coul., 80 x 60, Affiche signée par le maire d’Aubervilliers (A. Karman), le 25 avril 1958 (à Aubervilliers) 1Fi2960 Inauguration (cité Emile Dubois) et dénomination (groupe scolaire Joliot-Curie). Dimanche 21 septembre 1958. Invitation de la population par la municipalité et le conseil d’administration de l’Office public d’HLM à l’inauguration de la cité Emile Dubois (à 10h, 156 rue Danielle Casanova) et à la pose d’une plaque honorant la mémoire de deux grands savants au nouveau groupe scolaire Irène et Frédéric Joliot Curie (à 11h, 14 rue de
Annexes
la Maladrerie). [Illustration : photographies d’Emile Dubois, de Frédéric et Irène Joliot Curie. Illustrateur : s.n.] Affiche illustrée Ville d’Aubervilliers, Imprimerie, 15 rue Pasteur Aubervilliers, 1958, Impr. en coul., 83 x 64, Affiche signée par le maire d’Aubervilliers (A. Karman) et le président de l’office d’HLM, maire-adjoint (James Blanc). 2 exemplaires dont 1 entoilé 1Fi4140 Aubervilliers. Banlieus’arts. Mai 85. Ateliers ouverts. 11 et 12 mai de 14h à 20h : Amara... Grapus... Jordan... Ouzani, Marc Pataut...Terrasson. Oeuvres monumentales à l’extérieur du 4 au 31 mai : Banlieue-banlieue... Reportage vidéo : Pegard-Laigre. Accordéon fou à Aubervilliers : 8 mai à 19h, etc. La Maladrerie, métro : Fort d’Aubervilliers. Entrée rue Lopez et Jules Martin. Accueil tous les jours (sauf lundi) de 14 à 19h. [Illustration : dessin non figuratif. Illustrateur : Ouzani III 85]. Affiche illustrée s.n., Les Imprimeurs libres, Paris, 1985, Impr. en coul., 40 x 60, 5 exemplaires 1Fi3932-2 Portes ouvertes dans les ateliers d’artistes non-alignés de la Maladrerie. A Aubervilliers. 5 et 6 décembre 1981 à partir de 15h. Juan-Francisco peintre, Marest scénographe décorateur, Ouzani peintre, Pataut photographe, Daumas peintre, Grapus graphistes... Allée Georges Braque, Allée Gustave Courbet, rue Jules Guesde. [Illustration : dessin de flèches. Illustrateur : Grapus 81] Affiche illustrée s.n., ITOD Imprimerie, 15 rue Pasteur Aubervilliers, 1981, Impr. en coul., 69 x 92 2Fi401 [Aubervilliers]. Rénovation de La Maladrerie. Plan d’immeuble réalisé à la Maladrerie sous la direction de l’architecte Renée Gailhoustet. Plan [s.n.], [Vers 1975], Impr. en noir, 43 x 60, [Ech. ?], Plan d’immeuble réalisé dans le cadre des travaux de RHI (Résorption de l’habitat insalubre) dans le quartier de la Maladrerie. Immeuble type avec ses terrasses-jardins. Plan coloré. 10Fi1150 Portes ouvertes dans les ateliers d’artistes non-alignés de La Maladrerie A Aubervilliers. 5 et 6 décembre 1981 à partir de 15 h. [Dessin de Grapus] Affiche illustrée Grapus, s.n., s.l., 1981, Impr. en coul., 69 x 92, Signée et datée en bas à droite Estampe 14 exemplaires 11Fi1150 Portes ouvertes dans les ateliers d’artistes non-alignés de La Maladrerie A Aubervilliers. 5 et 6 décembre 1981 à partir de 15 h. [Dessin de Grapus] Affiche illustrée Grapus, s.n., s.l., 1981, Impr. en coul., 69 x 92, Signée et datée en bas à droite Estampe 15 exemplaires 3Fi065/2-1 Construction de la cité de la Maladrerie. Chantier
135
136
Diagnostic patrimonial de la Maladrerie
Photographie GĂŠrard GUILLAT, 29/06/1978, Photogr. pos. : n. e, 18 x 24, Photographie de chantier brochĂŠe en livret.
3030-2820 93 001 A 0561 3073-2886 93 001 81 A 0136 (DDE)
2843-2689 avis n°56 194
2898-2706 93 78 59 424 3179-2934 Avis DDE 93 001 81 A 3592 2934 b Avis DDE 93 001 81. A 3592/1 2954-2757 93 79 62 656
2955 et 2955 b 2759-2759 b Avis préfectoral 62 655 62 655/1 PC 93 001 84 A 2048
3303-3303 bis-3116 N°93 001 83 A 3880
3
3
4
5
5
5
5
4
3
2
1
0
2669 47 581 préfectoral 2683 2555 2555bis PC 2649 n° préfectoral Dossier 2812 93 76 52281 2848 et 2690 avis n°56 250
N° PERMIS
0
TRANCHE
29/02/1984
20/11/1984
19/08/1979 16/07/1981
03/09/1979
01/02/1981 11/05/1989
27/10/1978
12/07/1987
14/05/1981
12/05/1980
12/07/1978
? 31/12/1975 06/01/1976 03/10/1977
27/02/1976
DATE
Maladrerie (7-9)
Maladrerie (7-13)
Maladrerie (9-15)
Jules Guesde (2-4), début impasse Coq
Danielle Casanova (122)
Danielle Casanova (104)
Georges Braque (2-8 et 17)
Danielle Casanova (96) angle Jules Guesde (24) Maladrerie angle Georges Braque
Danielle Casanova angle Jules Guesde
Lopez et Jules Martin (2935)
Lopez et jules martin (2a2d) et Réchossière (139) Maladrerie ( sans numéro)
RUE
SCM Para Médical Réchossière Association ANGI
OPHLM Aubervilliers
OPHLM Aubervilliers
OPHLM Aubervilliers
OPHLM Aubervilliers
MAIRIE D'AUBERVILLIERS SODEDAT
SCI LA MALADRERIE Mme TOHIER
"COOPERER POUR HABITER" SODEDAT 93 Isidore SOH
OPHLM Aubervilliers
SANACOTRA puis LOGIREP
OPHLM Aubervilliers
PROPRIETAIRE
75 logements dont 420m² d'ateliers d'artistes et 125m² pour CLAE de l'école maternelle projetée 1- 60logements, 2- modifications pour remplacer les surfaces à usages artisanal par 4 logements (64 logements) Aménagement d'un cabinet de kinésithérapeute Aménagement intérieurs extérieurs d'un local artisanal pour association.
7 logements individuels
Aménagement d'un bureau et construction d'une devanture Aménagement intérieurs et façades dans un local à usage de bureaux 10 logements dont 5 studios Soleil, 6 ateliers d'artistes, 75m² de LCR, 350m² de locaux sociaux, 253m² de commerces. 20 logements.
2 bâtiments : 51 logements.
Foyer pour travailleurs célibataires 3 bâtiments, 231 logements. 88 logements et 53 Foyer Soleil pour personnes âgées
100 logements PLR
OBSERVATIONS
270 W 16
270 W 16
427 W 5
427 W 5
427 W 5
427 W 5
427 W 4
2 T 376
2 T 365
427 W 3
427 W 3
2 T 339
COTE ARCHIVES 2 T 339
Annexes
137
Liste des permis RHI Maladrerie / Le Long Sentier
PC 3111 avis DDE 83 1 2029 PCM 93 001 83 A 2029/1 3344-3111 PCM 93 001 83 A 2029/1
3145 2912
PC 93 001 85 A 2111
PC 93 001 84 A 2005 PCM 84 A 2005/1
93 001 85A 2190 SUITE A PC DU 02/08/1984 (DECLARE SANS SUITE PAR DDE.) PC 93 001 86 A 2253 PC 93 001 86 A 2272
DT 93 001 86 A 2374
93 001 86 A 2366
DT 93 001 88 A 2601
DT 93 001 88 A 2601
6
7
7
8
8
8
8
8
8
8 8
6
93 001 88 A 2750
N° PERMIS
5
TRANCHE
18/04/1988
18/04/1988
02/04/1987
04/02/1987
26/05/1986 16/07/1986
18/07/1985
02/08/1984
06/06/1985
28/09/1981
10/02/198429/ 09/1989
10/02/1984 29/09/1986
12/06/1989
DATE
Danielle Casanova (130)
Danielle Casanova (130150) angle Lopez et Jules Martin (38)
Danielle Casanova (132)
Danielle Casanova (130)
Lopez et Jules Martin (31) Lopez et Jules Martin (31)
Lopez et Jules Martin (3440) angle Danielle Casanova (130 a –150) Danielle Casanova (130150) angle Lopez et Jules Martin (24-30)
Lopez et jules Martin (2935 et 24-30) Danielle Casanova (122-146) Lopez et Jules Martin (2931)
Long sentier (26-42 et 2143) angle Jules Guesde (1 a 5) Long sentier (26-42) angle Jules Guesde (1-5)
Gustave Courbet (4) accès par Jules Guesde (2-4)
RUE
Sté NETCO SARKISSIAN
Sté Expo Karim BELKEBLA Sté NETCO SARKISSIAN
Sté I.M.A.
Claude BLAU Mariano ALDA
SODEDAT 93
OPHLM Aubervilliers
M et Mme TRUONG
OPHLM Aubervilliers SODEDAT 93
OPHLM Aubervilliers
OPHLM Aubervilliers
OPHLM Aubervilliers
PROPRIETAIRE
Vitrine et aménagement d'une "Laverie"
Commerce RHI: pharmacie. Travaux d'aménagements intérieurs et extérieurs Vidéo Club. Travaux d'aménagement d'un supermarché "CODEC" Aménagement d'un local commercial " Bar Brasserie" Vitrine et aménagement local commercial " Laverie"
Construction d'une superette
Aménagement intérieurs et extérieurs d'un local commercial : pharmacie Et commencement 7eme tranche (parkings)
1- 100logements+surfaces commerciales et ateliers, 2- Modification PC du 10/02/1984 surfaces commerciales et ateliers remplacés par 37 logements 153 logements et équipement culturel
Extension de la 5eme tranche construction d'un bâtiment de 10 logements et une maison de l'enfance Immeuble 100 logements puis modifications 137 logements
OBSERVATIONS
412 W 7
412 W 7
409 W 5
427 W 6
408 W 12 408 W 11
406 W 5
408 W 12
406 W 12 520 W 157
427 W 6
408 W 18
408 W 17
COTE ARCHIVES 520 W 31
138 Diagnostic patrimonial de la Maladrerie
Liste des permis RHI Maladrerie / Le Long Sentier
DT 93 001 88 A 2657
DT 93 001 87 A 2535
VOIR PERMIS 93 001 88 A 2750 TRANCHE 5 EXTENSION
DT 093 001 94 A 0091
DT 093 001
DT 93 001
8
10
/
/
/
N° PERMIS
8
TRANCHE
30/06/1988
13/01/1995
03/1/1994
12/06/1989
30/06/1988
25/07/1988
DATE
Lopez et Jules Martin (31)
Danielle Casanova (68)
Danielle Casanova (68)
Gustave Courbet (4) accès par Jules Guesde (2-4)
Lopez et Jules Martin (34)
Lopez et Jules Martin (36)
RUE
Philippe MILIA
Meyer SELLAM
Jean Jacques TOMARINE
OPHLM Aubervilliers
Solange ATLAN SARL CARSOL
William NATHAN
PROPRIETAIRE Aménagement devanture d'un salon de coiffure Modification de façade. Aménagement d'un local commercial Extension de la 5eme tranche construction d'un bâtiment de 10 logements et une maison de l'enfance Modification de l'aspect extérieur d'un laboratoire d'analyses médicales Installation d'un cabinet paramédical Aménagement intérieurs et extérieurs d'un local commercial " Poissonnerie"
OBSERVATIONS
412 W 19
498 W 7
498 W 7
520 W 31
412 W 19
COTE ARCHIVES 412 W 19
Annexes
139
Liste des permis RHI Maladrerie / Le Long Sentier
140
Diagnostic patrimonial de la Maladrerie
ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE SEINE SAINT-DENIS 54, avenue du Président Salvador Allende 93000 Bobigny Tél. : 01 43 93 97 00
Les Archives départementales de la Seine-Saint-Denis conservent un fonds d’archives sur le chantier du quartier de la Maladrerie (1720W boîtes 21 et 142) ainsi que des films documentaires sur l’architecte René Gailhoustet (2AV 16310 à 16340)
141
Annexes
CENTRE ARCHIVES DE la cité de l'architecture 127 rue de Tolbiac 75013 Paris Tél. : 01 45 85 12 00
Rouleau 41 « Aubervilliers, La Maladrerie, 2è tranche, 10è tranche » 2è tranche • • • • • • • • • • • • • • •
La Maladrerie, Aubervilliers, janv.1979 : perspective (tirage calque ; fait par J.P. Desse) ; La Maladrerie, Aubervilliers, juil. 197 (d.m. fév. 1988). PC : bât. 2 cage E : niveau RdC, éch. 1/50è (encre sur calque) ; La Maladrerie, Aubervilliers, n.d. : implantation, éch. 1/200è (encre sur claque) ; La Maladrerie, Aubervilliers, n.d. : plan partiel de RdC n.i., éch. 1/50è (tirage calque) ; La Maladrerie, Aubervilliers, n.d. : RdC (logements rue Jules Guesde), éch. 1/200è (encre sur tirage calque) ; La Maladrerie, Aubervilliers, n.d. : niveau 2 (logements rue Jules Guesde), éch. 1/200è (encre sur tirage calque) ; La Maladrerie, Aubervilliers, n.d. : niveau 3 (logements rue Jules Guesde), éch. 1/200è (encre sur tirage calque) ; La Maladrerie, Aubervilliers, n.d. : niveau 4 (logements rue Jules Guesde), éch. 1/200è (encre sur tirage calque) ; La Maladrerie, Aubervilliers, n.d. : niveau 5 (logements rue Jules Guesde), éch. 1/200è (encre sur tirage calque) ; La Maladrerie, Aubervilliers, déc. 1977 (juin 1979) : menuiseries, détails garde-corps, éch. 1/50è (encre sur tirage calque) ; La Maladrerie, Aubervilliers, mars 1980 : éléments de terrasses, éch. 1/20è (encre sur calque) ; La Maladrerie, Aubervilliers, mars 1980 : éléments de terrasses, 1ère proposition, éch. 1/1 (encre sur calque) ; La Maladrerie, Aubervilliers, mars 1980 : éléments de terrasses, 2ème proposition, éch. 1/1 (encre sur calque) ; La Maladrerie, Aubervilliers, mars 1980 : éléments de terrasses, éch. 1/20è et 1/50è (encre sur calque) ; La Maladrerie, Aubervilliers, avril 1979 : boîte aux lettes, éch. 1/20è et 1/50è (encre sur calque).
10è tranche • La Maladrerie, Aubervilliers, janv. 1986 (d.m. oct. 1987) : plan du RdC, éch. 1/200è (encre sur calque) ; • La Maladrerie, Aubervilliers, déc. 1985 (janv. 1986) : loge centrale n°3, LCR, éch. 1/50è (encre sur calque).
142
Diagnostic patrimonial de la Maladrerie
FONDs D'’ARCHIVES ADMINISTRATIVES DE L’'OPH D'’AUBERVILLIERS 122 rue André Karman 93300 Aubervilliers Tél. : 01 48 11 54 81
Études techniques sur la Maladrerie Étude BERIM 1995 Diagnostic enveloppe A la demande des Services Techniques de I’OPHLM de la Ville d’AUBERVILLIERS, le bureau d’études techniques BERIM a été missionné pour établir un diagnostic sur les façades de l’ensemble immobilier de la Maladrerie. Cette étude comprend : • Des éléments d’étude sur la constitution architecturale et technique des éléments de façade de la Maladrerie ; • Un diagnostic de façade des 9 tranches 1, 3, 4, 5A, 5B, 6, 7, 8 et 10. Les désordres constatés qui apparaissent dans l’enquête photos sont pratiquement toujours du même ordre, à savoir : - Armatures insuffisamment enrobées ; - Salissures microbiologiques ; - Porosités des parements ; - Détérioration des étanchéités ; - Épaufrements des bétons ; - Joints entre panneaux de façades détériorés ; - Carbonatation des bétons ; - Trop-pleins de terrasse défaillants ; - Rebords d’étanchéité insuffisants ; - Détériorations des becquets et couronnements. • Une proposition de traitement des façades comportant une action curative (lavage à haute pression, enlèvement des bétons éclatés, mise en place éventuelle de nouvelles armatures, rebouchage et reconstitution des bétons) et une action préventive (traitement algicide et fongicide). Suivis d’une phase de finition (joints, couronnements, mises-en place d’un dispositif pour les rejets d’eaux pluviales et l’application d’une couche de finition hydrofuge) • Le chiffrage d’une opération de ravalement des façades pour un total de 6,461,000F (marge basse) à 8,325,800F (marge haute) comprenant : - Un traitement fongicide et hydrofuge des bétons ; - La résorption des poussées de fers à béton et des fissures ; - Le regarnissage des joints défectueux et la remise en état de la gestion des eaux pluviales (remise en état des becquets, création de pissettes et remise en état du réseau d’évacuation) ; - Le couronnement des garde-corps ; - La réfection des serrureries ; - La réfection des peintures des murs des circulations et le nettoyage des carrelages. Cette étude n’a pas eu de suite.
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Étude Daune-Praxis 2oo2 Ce document est la première phase d’étude pour une restructuration urbaine du quartier Maladrerie-Émile Dubois. Un premier dossier d’étude comprend : • Un point sur la situation urbaine et architecturale, explicitant les morphologies de bâti, la trame viaire, les réseaux de transports, les éléments notables dans le paysage urbain (espaces verts, équipements sportifs), les discontinuités dans le bâti, et les origines historiques de tous ces points ; • Le bilan des usages du quartier : les différents types de circulations et de cheminements utilisés, le stationnement, les commerces et activités, les accès aux logements, l’emplacement des locaux techniques, le statut foncier, les vacances dans les logements ; • Un diagnostic sociologique. Un second dossier de scénarii d’actions sur le quartier de la Maladrerie comprend : • Des propositions de transformation du réseau viaire ; • Des propositions de requalification et de hiérarchisation des espaces privés et publics. Enfin, un dernier dossier de projet propose : • La création de grands percements à travers le quartier pour établir des accès et passages pour automobiles - occasionnant la démolition de l’îlot planté et de près d’un tiers de la tranche 7 ; • La densification du bâti (notamment en fond de parcelle, dans le prologement de la rue Marcelin Berthelot). Ce projet rencontrant une forte opposition des habitants n’a pas eu de suite.
Projet VIRTUEL ARCHITECTURE 2oo9-2o1o Réhabilitation/résidentialisation de l’îlot Daquin Pour la réhabilitation de l’Ilot Daquin, l’OPH d’Aubervilliers a passé un marché de maîtrise d’œuvre complet (loi MOP - décret de 1993) au cabinet VIRTUEL ARCHITECTURE. Ce dernier avait établi les pièces du marché de travaux (CCTP – plans). Ce projet avait fait l’objet d’une autorisation de travaux de la part de la mairie, suite au dépôt d’une déclaration préalable, consultable au service urbanisme réglementaire de la mairie d’Aubervilliers. Cette étude a eu pour suite le projet de réhabilitation/résidentialisation de l’îlot Daquin.
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PHASE Étude - GORKA-PIQUERAS 2o12 Diagnostic impression En octobre 2012 est lancée par I’OPHLM de la Ville d’AUBERVILLIERS une étude diagnostic générale sur la Maladrerie, confiée à Atelier Gorka PIQUERAS Architecte et Associés (architecte DPLG) et FACEA (Bureau d’Étude Technique et Économiste de la Construction). Cette phase d’études débouchera sur une phase d’avant-projet sommaire en 2013. Cette étude comprend : • Un rappel sur les qualités de la Maladrerie, son échelle humaine et ses intentions humaniste, ainsi que la nécessité de travailler sur la précarité énergétique en respectant l’architecture originale labellisée patrimoine XXème. • Une étude sur l’état des logements, réalisée via une visite de 160 logements sur les 789 logements que comporte la Maladrerie. Les désordres constatés proviennent de défaillances d’éléments de la construction et de l’usure générale. L’usure technique (plomberie générale, chauffage, ventilation, état des cuisines, revêtement des sols) amène l’agence à conclure que 0,75% des logements sont en très mauvais état et 18% des logements en mauvais état technique, et que le changement de la robinetterie et des WC devra être quasi systématique ; • Une étude sur les terrasses plantées, qui rappelle leur importance dans l’identité de la Maladrerie et leur apport significatif à la qualité architecturale et environnementale du lieu. Les désordres identifiés sont similaires à ceux de l’étude de 1995 : débordement de la terre au dessus des relevés d’étanchéité, très mauvaise évacuation des eaux pluviales à cause du dispositif initial de pauvre qualité. Sont pointés des désordres supplémentaires comme l’interruption de la continuité de l’isolant, des défauts d’étanchéité au droit des angles aigus et les enracinements importants de végétaux ; • Une étude sur les toitures qui comporte une identification des types de toitures et une mise en évidence des désordres identiques aux terrasses : défaillance des collecteurs des eaux pluviales, faible isolation thermique et altération de la continuité des isolants ; • Une étude sur les façades, corrélée avec une recherche d’économie énergétique. Sont évoqués la possibilité de mise en place d’une Isolation Thermique Extérieure (ITE), la matérialité du béton comme élément remarquable et fondamental du quartier, l’intégration du végétal comme complément du minéral de façade, une analyse des bétons par le LERM et un premier avis d’intervention curative pour presque toutes les tranches ; • Une recherche des moyens d’action pour l’économie d’énergie dans les logements via le renforcement des isolants et le remplacement des convecteurs. Le diagnostic des spécialistes de FACEA met en évidence l’importante perméabilité thermique de l’enveloppe, les pathologies de l’enveloppe. Elle conclut sur des premières préconisations : isoler les tranches 1 et 4 par l’extérieur, et restaurer les bétons sur les autres tranches en renforçant l’isolation intérieure ; • Une estimation du coût des travaux de 28.858.800€ à 47.021.600€ (le premier prix comprenant les isolations minimum, le second correspond aux opérations nécessaires pour atteindre l’étiquette énergétique C) ; • Une série de photos d’ambiance végétale et lumineuse de la Maladrerie, de l’état de ses bétons et de ses désordres ; Cette étude a eu pour suite à un Avant Projet Sommaire
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PHASE Avant-Projet Sommaire - GORKA-PIQUERAS 2o13 En janvier 2013 est lancé l’APS pour le projet de rénovation de la Maladrerie. Il repose sur le diagnostic de 2012. Ce projet comprend : • Une synthèse des attentes thermiques : le projet avec la mise en commun d’un chauffage électrique, et le projet plus coûteux où s’ajoute la mise en commun de
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l’eau chaude sanitaire au gaz et l’isolation extérieure pour les tranches 1 et 4 ; Un projet de traitement des rez-de-chaussée comprenant une synthèse de l’analyse urbaine et un projet qui s’inscrit dans la démarche d’isolation des plafonds du RDC et la rénovation des façades. Le projet a l’objectif de changer l’image « pathogène » du quartier et de permettre aux habitants de s’orienter via un jeu de couleurs en guise de signalétique et une réfection des éclairages est aussi proposée ; Un projet de traitement des façades qui repose sur les conclusions du diagnostic sauf pour la tranche 1, à laquelle est ajoutée une lasure. La méthode de traitement du béton est similaire aux propositions de 1995 : analyse, nettoyage, sondage, purge, traitement anticorrosif et réfection des collectes des eaux pluviales. S’ajoute un traitement des sous-faces au RDC, et une isolation thermique extérieure pour la tranche 4 ; Une étude sur le traitement des logements signifiant que les désordres identifiés en phase diagnostic semblent être majorés, en tous cas cumulés sur les tranches 1, 4, 7 et 8. Les travaux impliquent systématiquement le traitement de la ventilation et des cloisons 2nd œuvre, et un changement de certaines pièces d’eau ; Un projet de dallage partiel des terrasses. Les terrasses sont distinguées selon 3 typologies : « angles complexes », les formes « rectangulaires » et les formes « arrondies » et trois tailles (-20m², 20-50m² et + de 50m²). Les terrasses de -20m² sont dallées systématiquement (sauf terrasses arrondies), dallées à 60 à 70% pour les moyennes et dallées à 30% pour les plus grandes (+ de 50m²). Le dallage correspond à un DALLAGE TOTAL DE PRES DE 60%. Soit 0,9 HECTARE de pleine-terre qui est REMPLACÉE PAR DU BÉTON, avec son impact environnemental ; Un phasage et planning des travaux, pour une durée de 40 mois, répartis en 3 phases ;
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Un avis technique de BTP Consultants ;
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- Le chiffrage de l’opération de la réhabilitation des logements du quartier de la Maladrerie, estimé à 25 894 500€ et qui comprend : - Installations de chantier ; - Traitement des Rez-de-chaussée ; - Traitement des façades ; - Travaux dans les logements ; - Travaux en toitures et terrasses. Ce diagnostic a été établi dans le cadre d’un marché de maîtrise d’œuvre complet, en vue de poursuivre la réhabilitation de la Maladrerie, après la première opération de l’îlot Daquin par l’agence Virtuel Architecture.
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synthèse des entretiens
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Jack Ralite 4, allée Henri Matisse – Aubervilliers – 23/06/16 à 15h – Durée 1h05
« Il faut traiter l’homme dans le pauvre et pas le pauvre dans l’homme ». Il faut traiter l’homme émancipé. Il faut que le logement social permette cette émancipation. »
En le suivant lentement dans son appartement, nous découvrons le décor du logement de cet ancien maire d’Aubervilliers : une suite de livres sur la politique et le théâtre. Nous sommes dans un logement de la Maladrerie, cette même Maladrerie qu’il a permis de construire en tant qu’adjoint du maire André Karman, et où il s’est ensuite installé et n’en est jamais parti.
Ceux qui veulent un HLM de type HLM sur la Maladrerie, il faut leur résister. Le logement social ne doit pas, comme de nouveau aujourd’hui, voir le pauvre dans l’homme.
Sur son parcours... En 75, au début de la Maladrerie, Ralite est adjoint au maire élu à la culture. En 84 il devient maire d’Aubervilliers à la mort de Karman. L’année 1984 correspond aussi à son entrée dans son premier logement de la Maladrerie. « Être maire d’Aubervilliers c’est difficile car c’est une ville qui n’a jamais rien obtenu sans protester, sans se battre. C’était la même bataille pour le logement ».
Dans une cité comme celle-ci on ne traite pas économiquement le capital humain et c’est une bonne chose. Il parle toujours dans le sens de trouver des perspectives.
Il faut rappeler pour les barres et tours de HLM que de rentrer dans ces logements, avoir accès à l’eau et à l’électricité a été un bonheur incommensurable pour ces nouveaux habitants. Il fallait réfléchir à des alternatives, cependant. On a fait la Maladrerie. Il y avait des chiffonniers. Il a fallu obtenir qu’ils s’en aillent. Cela a été fait au porte à porte. On n’envoyait pas un fonctionnaire ou un courrier, on y allait avec le maire. L’accueil était en général très très bon. On voulait que les logements changent. Ça a été un changement décisif. Avec un contentement chez certains et une perplexité chez d’autres. Les gens venaient par choix, tous les ouvriers qualifiés venaient là. La chance s’était de pouvoir faire du neuf, de causer avec les architectes et c’est là qu’on a rencontré l’équipe de Gailhoustet. Sur la Maladrerie... « moi je fais partie des gens qui aiment les logements pas au carré. » De l’importance de faire rentrer la végétation dans le logement social, et pas en mettant de « simples rustines de verdure devant la porte ». Il avait de très bon rapports avec Gailhoustet, il ne se souvient pas de conflits avec elle. « Elle avait dans l’idée de faire du vraiment nouveau, alors elle avait la cote dans notre équipe ». Ralite nous parle avec émotion des ateliers d’artistes et des journées portes ouvertes, où la mairie dépêchait un attaché de presse. Il faut sauvegarder la Maladrerie.
« Nous avons tous un héritage et nous devons le défendre. Autrement nous aurions un retard d’avenir, nous serions inaccomplis. »
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Renée Gailhoustet 5, Promenade du Liégat – Ivry sur Seine – 24/06/16 à 15h – Durée 1h20
Il y a des moments que l’on vit en sachant que ce sont des occasions marquantes pour soi-même ; une entrevue avec un étranger éminent peut être de ces instants là. En pressant la sonnette de Renée Gailhoustet nous sentons que c’est une rencontre qui nous marquera. Elle nous reçoit avec énergie dans son appartement perché dans les hauteurs d’une des “pyramides” d’Ivry-sur-Seine. Rares sont les architectes qui vivent dans leur propre production - elle est de ceux-là. Ses logements et ceux de Renaudie sont fait pour que tous s’y épanouissent, et en la voyant sur sa terrasse on comprend le sens et l’enjeu de leur démarche. Cet entretien est retranscrit tel quel. Certaines phrases ont été reformulées pour une meilleure compréhension.
« Pour moi la Villette c’est Castro ». L’entretient débute par quelques mots sur l’école de la Villette, une présentation orale rapide du diplôme. Suit un échange de nouvelles sur la Maladrerie, Jack Ralite, Katherine et Gilles, l’association Jardin à Tous les Étages, etc... Votre production architecturale rentre-t-elle dans une pensée « renaudienne » ? Décrite par exemple par Jean-Pierre Lefèbvre en décrivant la production architecturale de ces années 7080. « On peut dire ça. D’autant plus qu’avec Renaudie j’ai fait deux enfants avec lui, alors ça m’a un peu occupée. Je le connaissait bien, alors autant que les choses soient claires ; mais je n’ai jamais travaillé avec lui. » Elle rappelle qu’ils n’ont jamais eu d’agence commune, ni collaboré sur un projet, malgré tout ce qui est écrit allant dans ce sens. Elle voyait ce qu’il faisait, et viceversa. Elle nous raconte un peu la biographie de Renaudie et comment elle l’a amené à travailler à Ivry en lui présentant Raymonde Laluque, la directrice de l’OPH d’Ivry et responsable de la zone de rénovation qui comportait ces terrains là. Elle raconte une première phase architecturale de Renaudie avec l’atelier de Montrouge, ses inspirations Corbuséennes avant qu’il ne rompe avec son atelier et se retrouve à Ivry. Votre architecture a souvent été qualifiée de proliférante – quelle réaction face à cet adjectif ? « Ça s’est beaucoup dit et c’était plutôt malveillant. Quand on disait architecture proliférante ça voulait dire qu’on refaisait toujours les mêmes choses, qu’on tricotait toujours les mêmes choses. Moi j’ai toujours trouvé que le terme n’était pas convenable parce que le parti principal de cette architecture c’était que ça se renouvelait tout le temps. Par exemple vous faites 70 logements, ce sont 70 logements différents. Quand c’est proliférant c’est normalement répétitif. Il me semble que dans l’idée de proliférant il y a l’idée qu’on rabâche les
même trucs. Enfin ceci dit ils peuvent l’appeler comme ça s’ils veulent. » Elle parle ensuite de son appartement, dans cet ensemble de 70 logements, justement. Qu’en suivant une volumétrie complexe de l’ordre du gradin on permet d’installer des jardins : « 30cm de terre végétale sur un complexe d’étanchéité et vous avez un terrain ». Les choses poussent, y compris des arbres. Ils étendent leurs racines et ça marche. Que pensez-vous que votre architecture a pu apporter dans le paysage de l’architecture française ? « C’était très en réaction contre les grands ensembles, ce qu’on faisait. Il y avait un côté militant contre les grands ensembles. » Elle ne se permet pas de juger l’impact sur l’architecture française, mais émet la remarque que chaque fois que des personnes viennent visiter ses immeubles d’Ivry ce sont souvent des étrangers, curieusement. Que la reconnaissance relative vient de l’international. Elle a fait son diplôme sur une restructuration urbaine autour du canal SaintMartin et vient présenter son travail à Roland Dubrulle qui l’engage tout de suite pour travailler sur Ivry, celui-ci estime que le projet est d’une importance similaire. Elle travaille un an chez lui sur Ivry puis il lui « repasse le bébé », elle connaît bien le sujet et continue le projet. La rénovation du centre ville d’Ivry lui prend alors 5 ou 6 ans. La Maladrerie est un quartier piétonnier, quelle intention derrière ça ? « C’est tout à fait délibéré, on voulait pas que les bagnoles entrent. » Elle décrit les voies périphériques, la rue Lopez et Jules Martin allant même jusqu’à passer sous le centre culturel de la Maladrerie. Elle rappelle l’ampleur et l’importance de ce quartier piéton dans la ville : presque 9 hectares repris aux bagnoles. Est-ce vous qui avez proposé la mixité du programme : équipements et ateliers d’artistes ? Oui c’est elle qui propose, et l’OPHLM d’Aubervilliers qui accepte, en la personne de Jean Sivy le maire-adjoint et président de l’OPHLM et la ville, un peu plus loin, qui supporte avec Jack Ralite. Mais le maire et la mairie n’ont pas été très présents à Aubervilliers. Les ateliers d’artistes viennent de l’intention qu’il se passe des choses à la Maladrerie, que ce ne soit pas exclusivement résidentiel. Elle souhaite des activités mais il est difficile de mettre des commerces à l’intérieur de l’îlot. Sur la Maladrerie, elle dirige toute l’équipe et est l’architecte. Elle propose à Vincent Fidon les logements individuels le long des industries. Elle travaille avec le plasticien Gerard Chireix qui fait de très bonnes propositions pour les jardins et les espaces ouverts, le bassin ou la pelouse sont par exemple ses propositions. Les interventions des plasticiens sont petites,
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parce qu’il faut trouver le moyen de les payer mais Gailhoustet estime que l’OPH avec Sivy a été très arrangeant sur toute la tenue du projet. À propos de la Maladrerie Les tranches viennent des temporalités de démolition des habitats des chiffonniers présents, qui sont partis petit à petit. Le phasage de la Maladrerie correspond au calendrier de démolition de l’habitat insalubre suivit par les opérations RHI. À chaque tranche correspond des détails différents sur les gardes-corps, les allèges, etc... C’est parce que les tranches sont étudiées les unes après les autres, qu’il n’y a pas de raison que tout soit traité de la même manière. La SAE est l’entreprise de construction qui a travaillé sur la Maladrerie. Elle a pu travailler avec la SGCI à Ivry et Bouygues à Saint-Denis. À propos du béton Renée Gailhoustet a été « élevée » avec le béton. Elle a travaillé avec des gens qui ont eux-mêmes travaillés avec « Corbu » : Candilis, Schwartzy et Kutz. C’était l’époque de la reconstruction, une époque de béton. Elle a toujours travaillé le béton. À la Maladrerie « on travaille le béton brut, pour des raisons de principe. Comme c’est un matériau il n’y a aucune raison de le cacher donc on le laisse brut et on apprend à l’aimer tel qu’il est. Pourquoi le béton brut ? Peut-être par hommage à Corbu, aux grands bâtiments de Corbu. ». Elle parle de ses inspirations corbuséennes, de cette école des Beaux-Arts où tout le monde délaisse les cours pour apprendre les ouvrages de Le Corbusier. Elle parle aussi d’Auguste Perret, un autre architecte chez qui elle puise ses inspirations. Elle évoque ses années d’atelier chez Lodds puis chez Faugeron. À propos de ses collaborateurs Vincent Fidon était un employé « grattepapier » chez Gailhoustet. Il propose et dessine les pavillons et leur orientation en diagonale par rapport au mur mitoyen. Les frères Euvremer on travaillé à la Maladrerie, d’abord Yves comme employé de Gailhoustet puis les deux frères comme collaborateurs sur la Tranche 5. Jean-Patrick Desse a été employé sur une large partie du projet. « J’ai souvent dit que je travaillais le béton brut parce que ça faisait une économie de peinture mais ce n’est pas vrai, c’est parce que je préférais le béton brut. » « c’est un matériau qui vieillit assez bien » [Intervention historique lors d’une conférence de Claude Parent au pavillon de l’Arsenal. Elle demande à prendre la parole et expose que Bouygues à Saint-Denis ne voulait pas construire ce qu’elle avait dessiné, après avoir signé.]
À propos de la résidentialisation C’est vrai qu’il y a une défense du privé. À propos de la promiscuité On peut communiquer, il n’y a pas trop de promiscuité. Mais c’est une question politique. Dans les années 70 tout le monde se parlait, mais ça s’est vite tassé. Et ça reviendra à un moment donné sans doute. Qu’est ce que le logement social ? C’est un logement pour ceux qui n’ont pas les moyens de se payer un logement. C’est un financement public. Pas riche ou pauvre, c’est le contraire de privé. Mais ce qui est intéressant c’est le mélange des gens. À Ivry il y a des gens de moyens différents qui se côtoient, se parlent, se respectent. À propos des terrasses « Ils en font ce qu’ils veulent, s’ils veulent planter des choux ils plantent des choux. Il y avait un voisin qui s’était approprié une terrasse haute. Une terrasse qui n’était pas accessible, il avait ramené une échelle, quelques sacs de terre et qui avait colonisé la terrasse haute et puis finalement ça se passait très bien. » « Il faudrait faire une enquête sur les terrasses, pour savoir ce que les gens en pensent. » À propos de la structure « Ici, aussi bien qu’à la Maladrerie, la structure est très très simple. C’est une grille avec des poteaux et c’est cette grille qui définit les volumes d’ensemble. Et comme c’est une grille on peut définir des volumes qui sont très très différents d’un endroit à l’autre. » Les entreprises ne se sont jamais plaintes car ce système simple correspond tout à fait à leur manière de construire.
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serge renaudie Atelier de Serge Renaudie – Tour Casanova à Ivry-sur-Seine – 24/06/16 à 9h30 – Durée 2h
Tout en haut de la tour Casanova du centre ville d’Ivry-sur-Seine, réalisée par les architectes Renée Gailhoustet et Jean Renaudie, se trouve le logement atelier en triplex. C’est là que nous reçoit Serge, autour d’un café et des rouleaux de calques d’archive de Jean Renaudie, dans le calme de la cime des tours. Cet entretien est retranscrit tel quel. Certaines phrases ont été reformulées pour une meilleure compréhension.
Serge Renaudie n’est pas ayant-droit de l’architecture de Renée Gailhoustet mais il l’est, et est également signataire, de celle de Jean Renaudie. Pour lui ces deux architectures sont d’ailleurs les même, issues d’une philosophie. Elles sont patrimoine. Qu’est ce qu’un patrimoine ? « Un patrimoine c’est quelque chose qu’on partage ensemble, et c’est cet ensemble qui s’impose un peu aussi à nos actions, nos réactions individuelles ». On reconnaît comme faisant partie de soi quelque chose qui fait partie de tous. Ça impose quelques responsabilités. Ce qui va à l’encontre du contexte général où chacun s’occupe plutôt de soi. « Or l’architecture de Renaudie et Gailhoustet se repose sur ces notions d’être un patrimoine social [...], une architecture profondément sociale. Non pas parce qu’elle s’adressait aux plus pauvres, mais parce qu’au contraire elle s’adressait à tout le monde indifféremment, qu’ils soient pauvres ou riches, à travers des éléments qui dans l’architecture étaient offerts et qui étaient inhabituels par rapport à l’histoire de l’architecture ». Casser le bâtiment pour un faire une pyramide à terrasses, une ziggourat, n’est pas fait par hasard. C’est fait par rapport à une révolution culturelle menée dans les années 70, une recherche, une responsabilité et une éthique que se sont fixés Jean Renaudie et Renée Gailhoustet. « Cette architecture est basée sur un premier paramètre essentiel qui est que tout le monde est différent, chaque habitant est différent ». Le second paramètre est la responsabilité de l’architecte, d’intégrer leurs différences : « proposer aux habitants d’intervenir de façon forte sur l’acte d’habiter ». « La terrasse en tant qu’espace complémentaire prend alors tout son sens. Elle n’est pas simplement un balcon mais une surface qui est entre le logement et la ville ». Elle permet de contempler son propre chez-soi depuis l’extérieur, comme dans une maison ; là où la barre ne permet que de voir sa fenêtre parmi une multitude d’autres.
« La terrasse, lorsqu’elle est plantée, va permettre de transformer cette architecture, d’y intervenir. Pour Renaudie et Gailhoustet, l’architecture n’est terminée que dès lors qu’elle est plantée, couverte de végétation. Ce qui permet aussi à cette végétation de changer l’aspect de l’architecture ». En cela, d’après Serge Renaudie, cette architecture n’est pas très appréciée de beaucoup d’architectes qui eux, pensent que l’architecture est liée à une écriture architecturale et à un vocabulaire architectural sur la façade. Renaudie et Gailhoustet sortent de ce débat là : relier l’architecture et les usages. Les usages sont ceux que les gens vivent. Cette architecture est sociale dans la mesure où elle doit être choisie. Mettre des gens à habiter dans des logements ouverts sur la terrasse, des gens qui n’ont pas envie de l’utiliser et vivre derrière des rideaux ou des plaques opaques, c’est une catastrophe. Tout dysfonctionnement est un fonctionnement. Ce type d’architecture devant être choisi ; il remet en cause le mode d’attribution des logements des Offices Publiques pour l’Habitat. Au départ de cette aventure, les gens choisissaient d’y habiter. Certains refusaient, d’autres étaient enchantés. « On ne peut pas punir ceux qui n’en voulait pas en leur disant : c’est ça ou rien ! Car si on les met en leur disant cela, obligatoirement ils ont une réaction négative. Y’a quand même peu de logements de Renaudie et Gailhoustet dans toute la France, il ne faut pas exagérer sur le fait que les OPHLM qui ont un patrimoine important ne puissent pas gérer un minimum les types d’attribution ! » Les architectes ont fait en sorte de se préoccuper de ce que les gens peuvent apporter. Serge Renaudie réfute l’idée que l’architecture de Renaudie et Gailhoustet soit une architecture finalement plus adaptée à un contexte de classe moyenne. Plein de familles de toutes origines se partagent les jardins familiaux, les jardins ouvrier. Alors pourquoi pas sur des terrasses ? Pour Serge Renaudie, les démonteurs de cette architecture cherchent à trouver des explications, des justifications parce qu’on a simplement du mal à comprendre que les gens ont envie de choisir leur logement et qu’on ne peut pas leur imposer. Que les logements ne peuvent pas être réduits à des colonnes Excel, sinon l’architecture deviendra une architecture de colonnes Excel. Les usages ont évolué en 50 ans. On a une augmentation de gens qui veulent jardiner, tout le monde ne jure qu’avec les plantes et le vert. Mais la mise en pratique, paradoxalement, est inverse. On a du mal à passer à l’acte. Ça nécessite une mobilisation, une intention sociétale de créer du lien via ce biais là. Dans une architecture comme celle de Renaudie et Gailhoustet, le social se voit. Les
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gens ont la responsabilité de l’architecture. On parle aujourd’hui de la nécessité de faire participer les gens, mais pour Serge, ce qui a été fait avec les habitants ou sans eux, ça ressemble toujours à la même chose. Chez Gailhoustet et Renaudie, non. Les habitants font leur façade. Mais les gens ne sont plus habitués à ça, ils n’y croient plus quand on a fait passer le reste de leur vie pour une série d’échecs. Serge Renaudie pense que les bailleurs doivent mettre en place une gestion différenciée. Le terme est emprunté au jardinage : laisser revenir des plantes de prairie, pour ne pas imposer que des pelouses. Et c’est apprécié. Le désordre est social, et c’est une responsabilité politique. La polis réunit, créé du lien – et elle est interpellée. Cette architecture offre des solutions, mais elle n’est pas la solution. Le politique c’est pas donner raison ou tort, c’est trouver où la raison permet le mieux de vivre ensemble. Et quand on sent que la majorité devient négative, il faut lui redonner du sens pour qu’elle redevienne positive. Parce que des gens qui commencent à se renfermer sur euxmêmes, ce sont des gens qui à un moment donné, vont mordre leur voisin. Point Patrimoine « Renaudie a prétendu donner des outils pour que les gens s’en saisissent à un moment donné ou à un autre. Ce qui est important dans ce patrimoine, et c’est là que je reviens sur le côté patrimonial, c’est qu’on ne remette pas en cause des éléments qui demain pourront retrouver une utilité si aujourd’hui ils ne le trouvent pas. » « La patrimonialisation c’est prendre en compte tout ce que cette architecture peut offrir et qui aujourd’hui était bloquée pour des questions de mauvais usages. Et que justement cette architecture, parce que c’est un patrimoine commun qu’on construit tous les jours en la faisant planter, en faisant de la relation avec ses voisins […] ». Point technique Serge Renaudie affirme, de façon empirique, à propos des bandes stériles de 40 cm autour des relevés d’étanchéité qu’un différentiel de recouvrement d’étanchéité est néfaste pour celle-ci. Cela créé un vieillissement inégal et des ruptures entre les parties toujours sèches et celles, couvertes de terre, toujours protégées et humides. Dans le cas où la terre naturelle déplaît au locataire, le système de dallette posées directement sur la terre naturelle permet à tout moment dans le temps de rajouter ou enlever des dalles pour pouvoir être évolutif quant à la terrasse. Il ne faut pas par contre que la terrasse entière soit dallée, toujours dans l’idée d’influer sur la façade. Ce que font Renaudie et Gailhoustet c’est qu’ils réintroduisent l’individu, non pas comme l’individu face à la société mais l’individu sur la terre. Parce qu’en sortant sur la terrasse, l’individu est mis en balcon sur la terre, sur la
ville. La question ne se pose pas tous les jours, mais en récoltant quelques framboises par an, ça créée quelque chose d’autre. Cette architecture repose la question de pourquoi et comment on vit ensemble. Elle pousse à poser un autre débat que celui de savoir la religion de son voisin. Point Béton Le béton est préféré à d’autres matériaux d’abord parce que le Renaudisme appartient à une époque, celle du brutalisme, les postcorbuséens, ensuite parce qu’il permet de réaliser toutes les formes simplement, et de réaliser le système poteau-dalle. Maintenant on sait que le béton se détériore. Il y a un cristal qui a été construit. La partie cristalline c’est la partie béton et il y des terrasses, de quoi faire pousser, et de quoi recouvrir tout ça. Quand l’immeuble de Renaudie Jeanne Hachette à Ivry-sur-Seine a été découvert de sa végétation parce qu’il a fallu le réhabiliter, on s’est rendu compte que c’étaient les endroits les plus protégés par la végétation qui avaient été le mieux conservés. Il n’y avait pas de fer à béton qui avaient étés attaqués. C’est une architecture qui est faite pour être recouverte de végétation. Garder une bande verte le long des gardes corps, une garantie pour le bâtiment, couvrir tout de vigne vierge (qui n’abîme pas les bétons ni l’étanchéité). Point étanchéité L’étanchéité est bonne horizontalement, l’asphalte, si on ne le perce pas, ne laissera pas de fuite. Le DTU impose par contre un relevé d’étanchéité de 15cm, qui lui, est soumis aux différences de températures et n’est pas protégé et donc se décolle. Serge Renaudie recommande la pose d’un solin contre, en plus du becquet (qui doit être entretenu). Dans l’immeuble Danielle Casanova d’Ivry-surSeine, les 5 premières années, l’OPH fait appel régulièrement à un artisan couvreur, qui avec un petit chalumeau réalisait des interventions sur des zones limitées. Il n’y avait pas d’autres travaux. Dès que son contrat s’est arrêté, faute d’argent, des fuites minimes sont survenues, et 5 ans plus tard l’OPH missionnait des experts qui recommandaient de retirer toute la terre et l’étanchéité. Parce qu’il fallait l’assurance décennale. À propos de l’architecture « proliférante » : C’est un combat idéologique. Rentrer dans la trame, se jouer d’elle et ne pas y être enfermé. Se jouer de la trame pour pouvoir produire des logements tous différents. Trouver la complexité du carré. Ce qui fait le carré ce ne sont pas ses côtés mais ses deux diagonales, qui tiennent le cassé. Quand on introduit la diagonale, on introduit √2. Un carré de côté 5m a une diagonale de 7,07m. Et à partir de là construire quelque chose qui ne soit pas absurde. Introduire des demi-diagonales pour
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se marrer. On travaille la ville et le bâti par le vide. « Le plein, c’est ce qui restait de tout ce qui pouvait se passer dans le vide ». « Ca n’a rien de proliférant. Ils ont été qualifiés de proliférants parce qu’ils utilisaient une trame ». Ce que Renaudie veut dire aux bailleurs c’est qu’ils ne connaissent pas Gailhoustet, ils ne connaissent pas Renaudie, ils ne rentrent pas dedans. Ils ne sont pas fiers d’avoir ce patrimoine. Qu’il faut aller maintenant dénouer les problèmes et se rendre compte qu’ils possèdent un patrimoine. Que oui en travaillant avec les gens les plus pauvres et les plus déracinés, il y a des problèmes mais qu’ils ont un outil pour travailler avec. Avec l’architecture de Jean Renaudie et de Renée Gailhoustet, on voit sur la façade même des bâtiments les ennuis des locataires, aussi bien qu’on voit leur plaisir. Quand un mec met un ginkgo biloba et une vigne vierge sur son balcon et qu’on passe devant, c’est un bonheur à voir ! Et si toute terrasse fait ça, les choses changent dans la société. « On ne peut pas retirer à Gailhoustet et Renaudie d’avoir été des militants politiques dans le sens de leur architecture ».
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bruno mengoli Bureau du Directeur à l’ENSA Paris-La Villette – Paris 19e – 01/07/16 à 15h – Durée 2h
Au dernier étage réservé à l’administration de l’ENSA, Bruno Mengoli nous reçoit à la table de réunion de son bureau, porte fermée et ambiance silencieuse. En sa qualité d’ABF, la rencontre avec cet acteur pointe les éléments importants à saisir lors d’une étude patrimoniale. Cet entretien est résumé.
Bruno Mengoli est architecte de formation. Après avoir passé le concours d’architecte-urbaniste de l’État, il est entré dans la fonction publique au Ministère de la Culture. Architecte des Bâtiments de France en Seine Maritime (Normandie) pendant trois ans, il prend ensuite la tête du service du Patrimoine en Seine-Saint-Denis, pendant une dizaine d’années. Il est présentement Directeur de l’ENSA Paris-La Villette. « Je suis arrivé en 2003 en Seine-Saint-Denis, au moment où l’ANRU1 se mettait en place. La Seine-Saint-Denis était le cœur de cible, on va dire, du dispositif ANRU puisque pour donner une image, il y avait un tiers des budgets nationaux qui étaient en Seine-Saint-Denis et qui devaient représenter la moitié des PRU en Îlede-France. Cela vous donne une idée de la part sur le territoire et la concentration des moyens. Et de fait, quand cette politique est arrivée, en posant la question de la démolition comme un préalable ou une condition de financement des opérations, l’intérêt de cette production qui était plutôt une thématique de spécialiste un peu affuté sur la question ». En effet, la question de patrimoine, dans l’imaginaire, concerne les vieilles pierres française, églises, grands musées et « tout ce qui fait un peu médiéval ». Lors de ces années à la direction du Patrimoine de Seine-SaintDenis, la démolition d’un autre type d’ouvrages architecturaux pousse le service de Bruno Mengoli à se poser de nouvelles questions de patrimoine au sens large – paysager, urbain, architectural. Conservateur de la Basilique SaintDenis, il a donc de fait à s’interroger sur des démolitions qui changent un peu le paysage, une transformation assez drastique du territoire, sur des problématiques axées sur des questions sociologiques. Même architecturalement parlant, personne ne s’était vraiment penché sur la question des grands-ensembles, qui est rejetée par l’ensemble de la profession préférant se souvenir des villas et des équipements. « Quand vous regardez ce qui est consacré aux Grands Ensembles, c’est tout juste s’il y a une image d’Émile Aillaud dans un coin. […] Il y a une part infime infime infime sur cette production là ». Donc d’emblée le service du patrimoine est face à une préoccupation qui n’existe pas, et face à l’émergence d’une problématique : « si on casse tout ça, ça veut dire quoi ? ». La question de la qualité de ce que l’on démolit est
importante dans ce cas là. Or dans le 93, on a tout. Des restes médiévaux, de l’industrie, et des HLM « à première vue sans intérêt ». L’objet de ce Bureau du Patrimoine est justement de monter des études sur ce qui caractérise ce département, c’est-à-dire tout ce qu’on appelle aujourd’hui « patrimoine industriel » et toute cette partie de logement social qui a largement configuré le paysage de ce territoire. Sauf que contrairement aux restes médiévaux, le patrimoine des HLM est habité depuis maintenant trente ou quarante ans. « Ce n’était pas que des marchands de béton. À l’intérieur de cette production massive il y a eu des architectes – que l’on accuse de tous les maux - mais les instigateurs de ces projets venaient tout de même des services de l’État ou des entreprises privées. Les architectes ont tout de même pu briller dans le sens où ils donnaient une réponse drastique au besoin en logement. Il fallait trouver des moyens de loger des gens, ce qui à la base n’est pas indigne en soi, et les architectes ont trouvé des solutions de qualité pour ça. Si vous regardez l’état du logement parisien faubourien qui avait une centaine d’année, en banlieue ou pas, pour voir dans quelles conditions vivaient les gens, on constate que cette production est une innovation sans précédent. Sur les typologies de logements, leur confort, les procédés de fabrication, la planification urbaine, etc . Après, dans cette production là, il y a toujours une part de qualité digne et talentueuse par rapport à une partie qui l’est un peu moins ou pas du tout. Ces choses là avec le temps ont vieilli, se sont abîmées et des usages qui n’avaient pas du tout du tout été anticipés et qui se sont installés – comme la place de la voiture. Quand on imaginait les tours au milieu de grands parcs urbains qui se sont transformés au fil du temps en parkings, c’est parce que l’on n’imaginait pas qu’il y aurait au moins une voiture par foyer. C’est un défaut de conception, on ne pouvait pas imaginer. La dégradation qu’il a pu y avoir de ces espaces là, « l’espace public » autour de ces bâtiments est liée à une usure et à un décalage entre le dessin et la réalité ». Il y a des choses innovantes en terme de construction qui, rétrospectivement, n’étaient pas de bonnes idées, tout ce qui est innovant n’est pas forcément de bonne qualité. Il y a des choses qui ont fui, qui se sont cassées, qui se sont fendues, etc. Et puis, le problème majeur étant celui de l’image totalement dévalorisante qui a fini par s’attacher à cette production là, liée à toute l’histoire socio-économique du pays – la fin des trente glorieuses, et les gens ayant raté la vague économique se sont retrouvés coincés là. L’Architecture, le cadre, se sont retrouvés associés aux problématiques d’absence d’économie, de la délinquance, etc. On parle d’architecture « criminogène », mais on arrive au même résultat partout, peu importe le bâti. « En tout état de cause, il y a des barres et des tours fait par les mêmes architectes à certains
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endroits et qui fonctionnent très bien parce que c’était simplement des copropriétés ». « L’ensemble de Renaudie à Villetaneuse où nous avons contribué au fait que ça ne soit pas démoli, une partie sous forme d’îlot qui était pointée par le bailleur comme étant à démolir a dérogé et a été reversée au privé. Un promoteur a fait le pari de prendre ça et de le dépoussiérer et en a fait une opération privée qui a très bien marché en 2009 en pleine crise. Les logements se sont vendus très rapidement, des typologies de logements que l’on n’a pas habituellement dans le privé, à cet endroit là, avec une architecture griffée, qui fait envie. Ce qui ne veut pas dire que tout grand ensemble est une œuvre architecturale impérissable, ce n’est pas la question, mais dans cette production là qui a fait quand même des millions et des millions de logements en trente ans, ça aurait été étrange de tout tout tout louper ». La question qui se pose au service du patrimoine, c’est justement de dégager les critères qui permettent de discerner ce qui a de la valeur de ce qui n’en a pas. Puis le bureau du Patrimoine au Conseil Général a engagé au début des années 2000 quelques jeunes historiens travaillant sur ces thématiques là, de l’architecture industrielle, XXe, post Seconde Guerre Mondiale. C’est là que commencent à émerger les noms d’architectes, les opérations notables, les styles constructifs particuliers, et a avoir un panorama qui commence à graduer les choses, notamment sur le parcours de certains architectes. « On s’est aperçu par exemple que Lurçat avait construit la moitié de Saint-Denis. Les architectes communaux faisaient tout dans les villes : équipements, écoles, stades, logements, ça n’arrêtait pas, ils avaient une production énorme. Ce qui est intéressant c’est de voir les théoriciens comme Jean-Louis Cohen qui disent que la production de Lurçat ça s’arrête aux villas car après-guerre il ne travaille que pour des bailleurs sociaux, là où il n’y a pas d’argent et que ça ne peut pas être bien. Je la fais court mais le discours à l’époque était celui là, en 2003 ». C’est la mise en tension entre une production très élégante de villas bourgeoises très puristes et les logements populaires d’architectes. Pourtant, les architectes théorisaient sur leur travail dans le logement de masse, en passant des unités d’habitations aux unités de quartier, avec des intentions urbaines. Il y a des logements mais les commerces et équipements qui vont avec, le tout dans une idée collective post années 50, URSS et tout ce qui a pu se développer sur ce territoire, dessinant villes, espaces publics, alignements d’arbres, des parties en copropriétés, d’autres en logement social, etc. Ces architectures, en dessous des faisceaux radar à cette époque là, mal connues, se révèlent aujourd’hui à l’actualité de « il faut péter les barres et les tours ? ». Tous les sites choisis par l’ANRU1 avaient une partie vouée à être démolie. Il y a une injustice à méconnaitre cette production qui avait eu la dignité de loger des dizaines de milliers de français pendant trente ou quarante ans. Aujourd’hui, face à une nouvelle crise du logement, on détruit des barres saines, bien
que jamais réhabilitées, sous prétexte que ça va changer un peu les problèmes sociologiques sur place. Mais ce n’est jamais le cas et on ne reconstruit jamais assez de logements par la suite et qu’on voit réapparaitre les camps de roms. « Dans la salle du Conseil Municipal de la Courneuve, il y a un grande tableau type impressionniste représentant une barre de la Courneuve en perspective, très belle au soleil couchant. Et ça c’est la pièce centrale du Conseil Municipal. Quand vous vous interrogez sur l’essence, l’identité de la Courneuve, c’est ça. Bon il y a aussi une architecture locale d’avant guerre, pavillonnaire et d’industrie. Mais ce qui est marquant dans le paysage et l’identité de la commune c’est le machin qu’on va bombarder. Donc à un moment ça ne peut qu’interpeller si on est normalement constitué et amener à se dire qu’il y a un rapport entre ces bâtiments là et ce qu’est aujourd’hui cette commune, avec la population qui l’habite ». D’un point de vue sanitaire ou d’état général du bâtiment il n’y a pas de raison objective de démolir. On observe ensuite en rentrant dedans qu’avec le jeu des financements et des logiques de bailleurs c’était une bonne affaire, qu’il y avait intérêt de faire ça de leur point de vue, et peut être politiquement pour les élus. Mais en tout état de cause il n’y avait pas objectivement intérêt à le détruire au niveau qualité architecturale et de la qualité intrinsèque de ce que pouvait proposer ces constructions, même face à leurs pathologies constructives, il n’y avait pas lieu à une démolition. C’est là qu’intervient le service patrimonial, afin de mettre en avant la valeur commune du patrimoine construit. Il y a beaucoup d’alternatives à la démolition, surtout quand cette architecture est source d’une certaine fierté et la reconnaissance d’une réelle production de qualité et valorisant une ville et ses habitants. La réaction du Ministère de la Culture est d’inventer un outil qui au delà de sa connaissance, appuie sa reconnaissance par le dispositif « Label du XXe siècle » autour de 2010. Suite à ça, une cartographie d’Ile-de-France a permis de voir quels territoires était riches. « Le centre de Paris est plus pauvre en grands ensembles que la banlieue. Culturellement c’était nouveau de dire qu’il y avait quelque chose de riche en dehors du centre de Paris. En tout cas, on s’aperçoit à ce moment que lorsqu’on dit « grands ensembles », il y a une foultitude de typologies, de manière de construire, de matériaux, de taille, d’échelle... Grand ensemble, mais qu’est-ce qu’on appelle grand ensemble finalement ? C’est quoi, un nombre de logement, une échelle de production, une typologie ? Quand on s’interroge dessus, on se rend compte que cela démontre une variété immense, qui couvre plusieurs décennies et qui évolue et se dégrade différemment en fonction des endroits. Il y a des endroits où on vous dit selon quel modèle changer une fenêtre ou une poignée de porte. À d’autres endroit on a pulvérisé l’architecture ». Le Label a permis de poser sur ces patrimoines une reconnaissance de l’État, qui est bien une reconnaissance et non une protection. Un certain nombre d’opérations se
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sont révélées comme ça, possiblement éligibles à l’ANRU après la première vague, et après l’apparition des gros cas de conscience vis-à-vis de la destruction de certaines opérations. La Maladrerie se situe dans ces opérations là, comme des opérations pas prioritaires immédiatement comme peuvent l’être les 4000 de la Courneuve au départ mais comme un site à traiter et en attente d’une deuxième enveloppe budgétaire. « La Maladrerie c’est une morphologie à part, d’exception, une architecture organique qui s’est stratifiée en plusieurs opérations mêlant différentes typologies et différents systèmes constructifs, en plusieurs phases, etc. Même les parties qui ont l’air de la même fabrication, on s’aperçoit que c’est lors de phases différentes et que l’on a des états constructifs différents pour les bâtiments de la même typologie, ce qui simplifie encore les choses. C’est pour dire que ce n’est pas n’importe quoi ». Ce qui n’a pas été fait au préalable pendant l’ANRU1 a été mis en place pour l’ANRU2, d’autant plus que l’enveloppe n’est pas du tout la même, les travaux sont à cibler de manière précise. Après l’ANRU1, l’espace où l’on peut poser les questions patrimoniales de manière objective, avant que tout projet soit engagé à une vitesse tonitruante et au pas de course a été retrouvé. L’idée c’est d’évaluer et de voir comment faire évoluer le projet pour réhabiliter et réparer, amener au quartier ce qu’il n’a pas sans effacer d’un coup tout ce qui a précédé. « Avant la politique disait qu’il fallait que ça soit visible et être à ‘fond les moyens’, surtout en Seine-Saint-Denis, il fallait que ça soit la vitrine nationale des Politiques de la Ville, montrer comment régler définitivement le problème des banlieues, donc ça y allait, on démolissait. Il y avait une sorte de précipitation. Et donc le débat sur les investigations et les inventaires sur le patrimoine visé, n’a pas eu le temps d’être inclus dans le processus ». Imaginer des choses un peu plus souples, des scénarios avec des phases successives, laisser la place à la réflexion et laisser entendre la voix au social jusqu’ici un peu mis de côté. C’est pourquoi l’ANRU2 donne lieu à la réalisation de tout un tas de diagnostics. « C’est-à-dire qu’avec l’ANRU1 on a eu une période et la brutalité d’une politique qui était pas loin de la brutalité de la mise en place de ces Grands Ensembles à l’origine. Une politique d’État volontaire qui ne s’est pas trop interrogé. Ceci dit, ça n’a pas été que l’État sur l’ANRU ; ce sont aussi les communes, les bailleurs, tout le monde y était. Ça revenait un peu au même car tout le monde était d’accord sur la manière de faire. C’est tout aussi dangereux. C’est là que la question culturelle était le point discordant sur toute cette démarche. Et nous qui étions dans notre rôle, ce qui n’était pas facile, étions mal vus des services de l’État ». Mais ce n’est pas uniquement les architectes du patrimoine qui se manifestent vis-à-vis des opérations démolies. Les habitants des quartiers se positionnent également afin de protéger leur cadre bâti et questionner les politiques sur les dispositions de relogement.
L’ANRU s’appose sur des quartiers qui parfois sont achevés depuis les années quatre-vingt seulement. C’est le débat sur l’architecture sociale qui s’ouvre, un spectre large de plus de quarante ans de production et de sa mise en critique. Certains architectes se sont illustrés dans cette production en innovant sur la forme architecturale, la matérialité et la polychromie, et la qualité des espaces et les typologies mis à disposition du logement social. L’industrie donnait des capacités inédites dans la technicité de la production, c’était le modernisme. « Aujourd’hui, la production de logements sociaux est à des années lumières de l’intelligence qui était démontrée dans les logements des années soixante/soixante-dix. C’était de l’architecture de très haut niveau ». « Il faut dire aussi qu’à l’époque, pour cette phase là dans la préoccupation sur le logement social et sur ces territoires là, l’ambition était dans le discours politique. On discutait sous la coupole du Colonel Fabien de la définition du logement du peuple. Il était revendiqué comme tel, et le logement social ne devait absolument pas avoir la tête d’un logement pas social. Aujourd’hui, tout le monde est d’accord, il ne faut pas voir la différence. Ça peut être pris dans le bon sens, c’est-à-dire qu’on donne du luxe à tout le monde, mais je n’y crois pas une seconde – c’est plutôt merdique partout ». Il n’y a plus de revendication politique dans le logement social. À l’époque, les architectes de la Sodedat revendiquaient le retour à une ville historique de petites rues, de placettes et de commerces – en voulant revenir à une « domesticité de la ville », juste après l’expérience de Sarcelles. L’important, c’est d’avoir des auteurs de cette architecture qui sont encore vivants et qui peuvent nous donner leur vision de leur travail et de ce contexte historique et politique. L’ANRU a précipité la reconnaissance de ce patrimoine. « Les reconnaissances patrimoniales passent par de grands sacrifices. Ils ont quand même démoli les halles Baltard avant de se dire que l’architecture du XIXè ça valait peut-être quelque chose. Il n’y a qu’à voir ce qu’ils ont fait à Cluny avant de reconnaître sa valeur...».
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Jean-Pierre Lefèbvre 11, rue Alphand – Paris 13e – 08/07/16 à 15h – Durée 2h30
Dans le salon de son appartement, Jean-Pierre Lefèbvre nous reçoit dans ses canapés, autour d’une table basse recouverte de revues et ouvrages publiés dans les années d’activités de la Sodedat93. Cette dernière est l’aménageur de l’opération de la Maladrerie préparant les terrains (expropriations et achat), et en faisant réaliser et superviser les études techniques.
Sur son parcours Jean-Pierre Lefèbvre est Directeur adjoint de la Société anonyme d'économie mixte d'équipement et d'aménagement du territoire de Seine-Saint-Denis (SODEDAT 93) depuis sa création en 1974 – et dont il devient Directeur général en 1989. Militant engagé dans sa jeunesse, sa formation d’ingénieur alchimiste (obtenu à Rouen) ne détermine pas son orientation professionnelle. Très vite il s’engage dans les politiques publiques auprès des grandes villes gagnées par le Parti Communiste dans les années soixante (le Havre, Dieppe), notamment sur le développement urbain financé par des budgets publics. Il fait appel à des architectes de l’AUA, et à Oscar Niemeyer travaillant en France à ce moment là. Dans cette période de reconstruction où les logements sont produits massivement, il questionne ces méthodes et le manque d’équipements et de services de proximité. À Dieppe il lance avec la municipalité le premier Contrat Ville Moyenne1 national, permettant la construction de plusieurs équipements, une restructuration des voies piétonnes et la réhabilitation de bâtiments, un centre culturel, etc. Suite à la remise en question perpétuelle de la politique du Parti (Tchécoslovaquie), il finit par quitter ces réseaux, et trouve un emploi très brièvement dans la SEM d’Argenteuil. Le préfet de Seine Saint-Denis met en place un office départemental d’HLM (avril 1970). Par la suite, la création de la SEM départementale, la Sodedat 93, est à entreprendre. Jean-Pierre Lefèbvre se voit donc confier le poste de Directeur adjoint, le Directeur général étant Claude Bargas. André Karman, maire d'Aubervilliers a aidé à la constitution du bureau de la Sodedat 93. Pour le début de leur activité, ils se sont beaucoup appuyés sur la DDE et leur groupe d’étude et de programmation qui était leur 1 / « Le dispositif connu sous le nom de « contrats de villes moyennes » a expérimenté, pour l’aménagement, un nouveau mode contractuel de relations entre l’Etat et les villes de taille moyenne, l’Etat apportant son aide (un tiers du financement de l’ensemble) pour la réalisation de projets de développement, de modernisation et d’embellissement définis au départ par chacune des villes contractantes » Reclus, Th. Saint-Julien (Dir), Atlas de France, Territoire et aménagement, Vol. 14, La Documentation française, 2001, 143 p.
service opérationnel. « À cette période, le département pullulait de ZAC, donc on a pu commencer une vague de prescriptions. Post-soixante-huit, après la vague énorme de grands ensembles et leur contestation – notamment par Henri Lefèbvre et les jeunes architectes et urbanistes. La caisse des dépôts couvrait la France de ZUP, et finançait des logements ». Ce qui a déterminé son engagement, après avoir quitté le Parti, c’est la volonté de créer des choses différentes et d’ouvrir la porte à une nouvelle société. Sur la Maladrerie Le projet d’Aubervilliers a été décisif pour le futur de la Sodedat 93. Après un travail de prospection, la SEM se spécialise dans les opérations de Résorption de l’Habitat Insalubre (RHI) de financements publics. Et André Karman, pour des raisons politiques et stratégiques choisit la Sodedat 93 pour l’opération de la Maladrerie, 10Ha, considérable à l’époque. L’architecte de la ville indique que pour le projet à venir le coefficient de densité doit être de 1, ce qui est assez exceptionnel, et insiste pour que la Sodedat s’associe avec Renée Gailhoustet. Malgré les débuts difficiles de la SEM, ils s’engagent dans l’expérimentation architecturale. Le dossier de relogement demandé par le ministère a nécessité la mise en place de logements tiroirs, donnant lieu à la construction des deux bâtiments des Joyeux. Pour la découverte de l’architecture de Renée Gailhoustet, ils se rendent au centre ville d’Ivrysur-Seine en plein chantier de rénovation, que l’architecte à coréalisé avec Jean Renaudie. « Renaudie, c’était une épiphanie. Il avait un talent et un culot extraordinaires – comme les élus de la ville d’Ivry-sur-Seine, notamment Raymonde Laluque ! C’est elle qui a inventé Renaudie ! Elle était directrice de l’office à Ivry ». De voir que tous les logements étaient différents, que l’architecture prône la mixité des fonctions, la mixité sociale, les terrasses plantées, le quartier piétonnier, un coefficient de densité qui exclu la construction de tours, la mise en avant des espaces végétalisés et les rapports entre espaces publics et espaces privés, parviennent à convaincre la Sodedat 93 de faire intervenir Renée Gailhoustet à Aubervilliers. Le projet s’engage. Il faut commencer par vider les sols. La Sodedat a dégagé le terrain au fur et à mesure en rachetant dans tous les cas les parcelles bâties appartenant à des particuliers. Chaque famille délogée a été relogée à Aubervilliers dans des logements neufs, mais peu de gens sont restés sur place. Selon Jean-Pierre Lefèbvre, l’État subventionne théoriquement à hauteur de 80% les opérations RHI, ce qui tourne en réalité autour de 50-60%. Ce qui est tout de même énorme pour l’époque.
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« Renée Gailhoustet fait un plan masse piétonnier, agissant intelligemment sur le programme – quelque chose que l’on ne verrait plus maintenant – c’est à dire qu’elle avait une commande de mille logements HLM et elle a entretenu un débat avec les élus sur la programmation afin d’enrichir ce dernier. Jean Sivy qui était Président de l’OPH était d’une grande ouverture d’esprit et il a permi à l’architecte de développer son projet. Elle a donc complété en ajoutant des activités, des équipements, des ateliers d’artistes, le foyer de personnes âgées, le tout venant s’ajouter au centre commercial et au centre culturel prévus ». La Caisse des Dépôts déconseille fortement au Maire, André Karman, de concrétiser le plan masse dessiné par Renée Gailhoustet. Après un moment de suspens, la Mairie confirme la réalisation de l’opération, et le chantier commence. L’architecte et son équipe de collaborateurs : les frères Euvremer, Magda Thomsen, Vincent Fidon, etc. dessinent l’ensemble de la Maladrerie. Une parcelle industrielle présente sur l’îlot où se tient le projet est camouflée par une suite de pavillons bordant le terrain. La SAE, entreprise générale, s’est adaptée au chantier avec quelques cafouillages au début. À la fin du chantier, Jean-Pierre Lefèbvre retourne plusieurs fois sur le site afin d’observer les dynamiques locales. Il souligne pendant l’entretien le poids de la SAE et de la mauvaise qualité de ses prestations à la fin du chantier. Donc évidemment, il ne faut pas être démago, quand on fait une opération avec des terrasses plantées et un développé de façades un peu plus généreux, c’est plus cher qu’une façade plate. Mais avec des guillemets, « car tout dépend de la marge que l’entreprise se fait ». Est souligné également les problèmes de gestion du bailleur. Jean Sivy avait pourtant mis en place un système de gardiennagemaintenance afin de rentabiliser la présence des gardiens sur le quartier. « La mise en place d’une gestion adaptée à cette architecture a failli se mettre en place grâce à Sivy, mais l’ensemble des bailleurs ne sont pas prêts à le faire et lui sont tombés dessus. La lutte contre la bureaucratie est quasiment impossible ». « Renaudie avait raison. Ceux qui se trompent ce sont ceux qui attribuent les logements. C’est une hostilité envers les populations accueillies. C’est la déchéance de l’institution des HLM qui n’a plus de soutien. Plus les offices qui gèrent mal à la fois leur comptabilité et leur patrimoine. Il faut déléguer et contrôler ; les solutions existent. Et surtout il faut savoir si on construit du HLM pour les promoteurs et les gestionnaires ou pour les gens ! »
Aujourd’hui les promoteurs n’innovent pas du tout dans les logements d’accession, et encore moins dans le logement social ! D’ailleurs, il y a une opération de Renaudie qui s’est fait récupérer par un bailleur privé qui l’a dépoussiéré un bon coup et qui en a vendu une partie. Et ça fonctionne très bien. Voilà ». La Sodedat a la chance d’avoir à ses côtés un très bon économiste, Jean-Pierre Tohier, pour vérifier la viabilité des opérations. Il trouve les bonnes alliances avec les entreprises, souvent avec les entreprises tout corps d’état. Jean-Pierre Lefèbvre déplore gravement l’état actuel des opérations que la Sodedat a réalisées. Pour lui, cette architecture est l’incarnation de son idéologie et la réorientation de son idéal communiste déçu. « Toutes ces avancées sociales, laissées là à se dégrader. Et il y avait la possibilité dans les années quatre-vingt avec l’arrivée de Mitterrand d’étendre la tendance. Mais non ». Concernant la rénovation de ces opérations… « On a complètement régressé, on est partis dans l’autre sens. Les crédits sur lesquels fonctionne L’ANRU sont ceux qui servaient à financer les HLM. Tout est à reconstruire, dont les Écoles d’Architecture aujourd’hui c’est de la répression où on bride la créativité des étudiants ». « Réhabiliter quoi ? Rénover quoi ? Il faut entretenir ! L’aspiration à des logements plus grands c’est normal, ce qui se pose c’est la question des revenus. Ça, ça ne s’arrange pas aujourd’hui ». Selon Jean-Pierre Lefèbvre, on a laissé se dégrader un des principes même de la Maladrerie en déséquilibrant la mixité sociale… « J’attends le coup de pied au fond de la piscine en me disant 'c’est pas possible de continuer à descendre on va finir par remonter…' ».
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gérard Chireix Au téléphone –03/10/16 à 11h – Durée 0h45
Gérard Chireix, sculpteur de formation, a travaillé plus d’une vingtaine d’années sur les espaces publics des projets architecturaux de Renée Gailhoustet et de Jean Renaudie.
Il les rencontre à la fin des années soixante et s’occupe dans premier temps des études préliminaires. Freelance missionné par la Sodedat 93, il dessine et réalise tous les aménagements extérieurs publics ou privatifs, les jeux de topographie et la mise en valeur des cheminements entre les différents niveaux – en cherchant à travailler l’espace de manière à donner des repères visuels aux habitants. Dans son travail à la Maladrerie, supervisé par Renée Gailhoustet, il apporte une attention toute particulière aux matériaux naturels et leur unité apporte une cohérence visuelle à tout l‘aménagement paysager. L’intégralité de la Maladrerie est pavée de brique ou de parpaings et le goudron, matériau en vogue, est totalement exclu. Concernant les essences qu’il a plantées dans tout le quartier, il a tenu à équilibrer en intégrant des arbres persistants pour que la végétation habille le quartier en hiver. La présence du bassin est pour lui un moyen d’introduire les plantes aquatiques en eau stagnante dans un aménagement urbain et paysager. Il a aussi aménagé un jardin potager en lien avec le Foyer Soleil (Club Finck) sur la première tranche. Les bonnes relations qu’il entretient avec le président de l’Office Public de l’Habitat, Jean Sivy, font que ce dernier lui confie l’aménagement des espaces publics de la cité Émile Dubois. Gérard Chireix déplore la paupérisation qui a énormément dégradé les quartiers populaires et revient sur la résidentialisation de la partie en copropriété. Il affirme que la Maladrerie est un ensemble dont les éléments ne sont pas dissociables. Il rappelle l’existence d’une charte explicitant que tous les espaces publics de la Maladrerie appartiennent à la ville afin d’empêcher leur privatisation.
Annexes
Yves euvremer 3, rue des Marronniers, 93310 Le Pré-SaintGervais – 04/10/16 à 10h – Durée 1h30 Yves Euvremer nous accueille dans le salon de son petit pavillon aux murs recouverts de toiles. Ancien collaborateur de Renée Gailhoustet, il a participé à l’opération de la Maladrerie avec son frère, avant d’obtenir d’autres opérations à Aubervilliers et en Seine-Saint Denis via la Sodedat 93.
Le bâtiment qu’il dessine pour la Maladrerie, dans la tranche 5 est l’une de ses premières œuvres signées. C’est par son passage dans l’atelier de Renée Gailhoustet et sa collaboration avec Jean Renaudie qu’il est inclu par la Sodedat dans la « pépinière » d’architectes pratiquant leur discipline différemment. Pour Yves Euvremer, le type d’architecture issue de ce courant de pensée post-soixantehuit est l’incarnation d’une démarche intellectuelle, ce qui n’est pas ou plus pris en compte aujourd’hui lorsque qu’elle est considérée par ses contemporains. Aujourd’hui, ce type d’architecture est désignée comme « criminogène » selon ce qu’on a pu lui rapporter sur son opération de Pierrefitte, démolie il y a quelques années. « À l’époque, dit Yves, la municipalité n’avait pas besoin de logements sociaux à Pierrefitte. Du coup ça n’a pas fonctionné. À Aubervilliers, on se posait de vraies questions sur les moyens à mettre en œuvre pour vivre la ville ensemble, tant sur le plan politique que physique ». « À l’époque, c’était Bouygues qui avait le monopole du P.I.P. ! Du 'produit industriel performentiel'. Du coup on a été à l’usine pour faire modifié les moules de coffrage pour les bow-window et les oreillettes. Et ils ont dit oui ! ». Euvremer affirme que l’idée à la Maladrerie c’était bien que la végétation recouvre les façades, que c’était la contribution du locataire. Le plus gros du travail dans cette opération portait sur les espaces de distribution : le passage de l’espace public à l’espace privé, qui est l’endroit où se joue le relationnel. Le bow-window, c’est une manière d’observer discrètement ses voisins, de ne pas faire une architecture coercitive. Il s’agit d’une sculpture, mais pas que. Comme tous les architectes de la Sodedat, Yves et Luc Euvremer n’ont travaillé qu’avec des communistes car le portage politique est primordial. « L’architecture existe. C’est la part de ce que l’on a à transmettre ».
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Annexes
synthèse de l'Êtat des tranches
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DONNÉES GÉNÉRALES SUR LES LOGEMENTS De manière générale, les désordres sont : • Défaillance des éléments de la construction : collecte des EP, étanchéité des terrasses des toitures et des cloisons dans les pièces humides, isolation thermique, VMC des logements. • Usure et vieillissement : Portes palières, appareillages sanitaires, électricité des logements • En urgence : besoin d’un entretien global des collectes EP (gouttières, évacuations, pissettes, siphons), qui ne sont pas visibles ou protégées. Voici un point sur les logements et la constitution du bâti, tel qu’il a été livré :
TRANCHE 1
TRANCHE 3
1 à 7 allée Henri Matisse
1 à 7 allée Georges Braque / 8 allée Henri Matisse / 6 rue Jules Guesde
Architecte en chef : Renée GAILHOUSTET Économiste : Jean-Pierre TOHIER Bureau d'étude : BERIM Permis de construire du 15/05/1977 Livraison : 1979 141 logements (selon le permis de construire de 1977 : 88 logements HLM, 53 logements foyer soleil pour personnes âgées) 140 logements (selon documents actuels OPH Aubervilliers : 88 logements HLM, 52 logements foyer soleil pour personnes âgées) • Système constructif : panneaux de façade préfabriqués, poteaux, gardecorps et allèges en panneaux sandwichs, planchers – le tout en béton armé ; • Second-oeuvre : cloisons placopan ; • Isolant : 7cm polystyrène ; • Toitures : toits terrasses ; • Chauffage : collectif électrique avec complément individuel dans les salles de bain ; • ECS : Electrique individuelle ; • Travaux réalisés récemment : remplacement de tous les ascenseurs (2002-2004), restructuration des halls et parties communes • Parking : R-1 ; R-2.
TRANCHE 2 / Co-propriété Architecte en chef : Renée Gailhoustet Sur site, opération privée – hors zone RHI Permis de construire du 12/07/1978.
Architecte en chef : Renée GAILHOUSTET Économiste : Jean-Pierre TOHIER Bureau d'étude : BERIM Permis de construire du 25/10/1977 Livraison : 1980 200 logements (selon le permis de construire de 1977 : 172 logements HLM, 28 logements foyer soleil pour personnes âgées), 206 logements (selon documents actuels OPH Aubervilliers : 178 logements HLM, 28 logements foyer soleil pour personnes âgées) • Système constructif : panneaux de façade préfabriqués (type bilame avec isolation incorporée, finition extérieure en béton architectonique), poteaux, garde-corps et allèges en panneaux sandwichs, planchers – le tout en béton armé ; • Second-oeuvre : cloisons placopan ; • Isolant : 8cm polystyrène ; • Toiture : toits terrasses ; • Chauffage : Collectif électrique avec complément individuel dans les salles de bain ; • ECS : Electrique individuelle ; • Travaux réalisés récemment : Remplacement de tous les ascenseurs (2002-2004), restructuration des halls et parties communes.
TRANCHE 4 1 à 20 allée Nicolas de Staël Architecte en chef : Renée GAILHOUSTET Architecte d'opération : Vincent FINDON, Magdalena THOMSEN Économiste : Jean-Pierre TOHIER Bureau d'étude : BERIM Permis de construire du 27/07/1978 Livraison : 1980 20 logements pavillons.
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• Système constructif : béton banché 16cm (coulé en place), avec finition enduit et peinture (couleur terre de sienne clair), structure de poteaux carrés 23x23cm disposés aux sommets des trames carrées d’entr-axe 3,53m, dalles pleines, murs porteurs en parpaings 20cm ; • Second-oeuvre : cloisons placopan ; • Isolant : 7cm polystyrène ; • Toitures : toits terrasses ; • Chauffage : Electrique individuel ; • ECS : Electrique individuelle
TRANCHE 5A (livraison 1981) 1 à 3 allée Gustave Courbet / 2 et 4 rue Jules Guesde Architecte en chef : Renée GAILHOUSTET Économiste : Jean-Pierre TOHIER Bureau d'étude : BERIM Permis de construire du 11/05/1979 Livraison : 1981 75 logements selon permis de construire de 1979, 83 logements (selon documents actuels OPH Aubervilliers) • Système constructif : panneaux de façade préfabriqués préfabriqués (type bilame avec isolation incorporée, finition extérieure en béton architectonique), poteaux, garde-corps et allèges en panneaux sandwichs, planchers – le tout en béton armé ; • Second-oeuvre : cloisons placopan ; • Isolant : 8cm polystyrène ; • Chauffage / ECS 5A - Chauffage : éléctrique collectif 5A - ECS : électrique individuel • Travaux réalisés récemment : Remplacement de tous les ascenseurs (2002-2004), restructuration des halls et parties communes.
TRANCHE 5B 5 à 11 rue de la Maladrerie Architecte en chef : Renée GAILHOUSTET Architecte d'opération : Yves EUVREMER, Luc EUVREMER Économiste : Jean-Pierre TOHIER Bureau d'étude : BERIM Permis de construire du 11/05/1979 Livraison : 1981 60 logements selon permis de construire de 1979, 63 logements (selon documents actuels OPH Aubervilliers). • Système constructif : panneaux de façade préfabriqués préfabriqués (type bilame avec isolation incorporée, finition extérieure en béton architectonique), poteaux, garde-corps et allèges en panneaux sandwichs, planchers – le tout en béton armé. • Second-oeuvre : cloisons placopan, ; • Isolant : 8cm polystyrène ; • Chauffage / ECS 5A - Chauffage : gaz collectif 5A - ECS : gaz collective • Travaux réalisés récemment : Remplacement des menuiseries bois par du double vitrage PVC (1995), remplacement de tous les ascenseurs (2002-2004), restructuration des halls et parties communes.
TRANCHE 6 21 à 49 rue du Long Sentier, 26 à 36 rue du Long Sentier Architecte en chef : Renée GAILHOUSTET Architecte d'opération : Vincent FINDON Économiste : Jean-Pierre TOHIER Bureau d'étude : BERIM Permis de construire du 10/02/1984, modifié par le permis de construire du 07/05/1986. Livraison : 1989
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137 logements (selon le permis de construire de 1986), 136 logements (selon documents actuel de l'OPH Aubervilliers) • Système constructif : béton brut coulé en place (15cm) avec modénature en creux / Dalles béton / Pas de vide sanitaire ; • Second-oeuvre : cloisons placopan ; • Isolant : 8 cm polystyrène ; • Fenêtres : PVC double vitrage / Bois simple vitrage (RdC, ateliers d’artistes, locaux d’artistes) ; • Façades et pignons en voilé banché 19cm isolation par l’intérieur brut de décoffrage. RdC en parpaing ; • Planchers 18cm ; • Toitures : terrasses plates ou couvertures double pente en tuiles béton couleur terre cuite ou brune ; • Chauffage : collectif électrique, individuel électrique dans les sdb ; • ECS : Electrique individuel ; • Parking : R-1. • Travaux réalisés récemment : modernisation d’une partie des halls de la tranche 6 (2007-2008)
TRANCHE 7 122 à 128 rue Danielle Casanova / 1 à 6 passage Louis Daquin / 24 à 33 rue Lopez et Jules Martin / 1 à 2 galerie François Truffaut. Architecte en chef : Renée GAILHOUSTET Économiste : Jean-Pierre TOHIER Bureau d'étude : BERIM Permis de construire du 28/09/1981 Livraison : 1985 153 logements (selon le permis de construire de 1981), 157 logements (selon documents actuel de l'OPH Aubervilliers, après opération sur îlot Daquin) ; Centre socio-culturel 158 selon OPH (description tranches Maladrerie)
• Système constructif : béton brut coulé en place (banché) avec modénature en creux. Éléments porteurs constitués de dalles, poutres, poteaux, voiles, poutrescloisons sont en béton armé. • Second-oeuvre : cloisons placopan ; • Isolant : 7cm polystyrène ; • Toitures : dalles pleines en béton armé, double pente inversée, inclinées avec forte pente ; • Chauffage : Collectif électrique avec complément individuel dans les SdB ; • ECS : Electrique individuelle. • Travaux réalisés récemment : Remplacement de tous les ascenseurs (2002-2004), 2010 résidentialisation de «l’Ilot Daquin» - 104 logements concernés
TRANCHE 7bis Allée N. de Staël et place J. Renoir Architecte en chef : Renée GAILHOUSTET Architecte d'opération : Vincent FINDON Économiste : Jean-Pierre TOHIER Bureau d'étude : BERIM Permis de construire du 01/02/1982 Livraison : 1985 7 logements pavillons • Système constructif : finition en béton banché sur une matrice bois de coffrage ; • Second-oeuvre : cloisons placopan ; • Isolant : 7cm polystyrène ; • Chauffage : Électrique individuel ; • ECS : Électrique individuelle ; • Travaux réalisés récemment : non connus
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Annexes
TRANCHE 8
TRANCHE 1O
2 à 38 coursive Méliès / 2 allée Jean Grémillon / 1 à 17 allée Georges Leblanc / 1 à 22 passage Jacques Becker
4 allée Gustave Courbet
Architecte en chef : Renée GAILHOUSTET Économiste : Jean-Pierre TOHIER Bureau d'étude : BERIM Permis de construire du 02/08/1984 Livraison : 1987 62 logements (selon documents de 1984), 64 logements (selon documents actuel de l'OPH Aubervilliers) ; supérette et commerces. • Système constructif : béton brut coulé en place avec modénature en creux – béton armé (18cm), ou parpaing (20cm), isolation à l’intérieur ; • Second-oeuvre : cloisons placopan ; • Isolant : 7cm polystyrène ; • Toitures : dalles pleines (17cm) en béton armé, double pente inversée, inclinées avec forte pente ; • Chauffage : individuel électrique ; • ECS : Electrique individuelle. • Travaux réalisés récemment : remplacement des menuiseries bois par du double vitrage PVC (mai 1994), remplacement de tous les ascenseurs (2002-2004).
Architecte en chef : Renée GAILHOUSTET Économiste : Jean-Pierre TOHIER Bureau d'étude : BERIM Permis de construire du 07/11/1988 et permis de construire du 12/06/1989 Livraison 1989 10 logements ; Maison de l'enfance • Système constructif : béton préfabriqué, poteaux, garde-corps et allèges en panneaux sandwichs, planchers béton ; • Second-oeuvre : cloisons placopan, ; • Isolant : 8cm polystyrène ; • Toitures : toits terrasses ; • Chauffage : électrique individuel ; • ECS : électrique individuelle. • Travaux réalisés récemment : remplacement de tous les ascenseurs (2002-2004), restructuration des halls et parties communes
TRANCHE 11 / « Les mélèzes » de Yves EUVREMER et Luc EUVREMER (permis de construire 1992 - non-construit)
TRANCHE 9 Opération dite des « Toits-bleus » de Katherine FIUMANI et Gilles JAQUEMOT Hors site, 92 logements, local municipal et surfaces d'activités (1993-1995)
La Maladrerie est l’incarnation d’un projet politique et social dans la production architecturale. Avec le centre-ville d’Ivry-sur-Seine, c’est une oeuvre majeure de l’architecte Renée Gailhoustet de par son ampleur et par ses qualités urbaines, architecturales, paysagères et programmatiques.