Haute Bretagne Privilege 2013

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HAUTE

BRETAGNE Rennes - Saint-Malo - Dinard

De Jacques Cartier à Sophie de Roumanie…

édition 2013



édito

Après Chateaubriand (2011) et Surcouf (2012), nous sommes heureux de consacrer cette troisième “Une” de Haute Bretagne Privilège à la forêt de Brocéliande, haut lieu de la légende arthurienne. Avec la complicité et la gentillesse de Sophie de Roumanie, princesse et maman, installée en Bretagne depuis quelques années et qui y trouve une lumière inspiratrice de ses dernières créations exposées durant l’été à l’Institut de Locarn dans les Côtes-d’Armor. Brocéliande donc mais aussi Jacques Cartier, le Malouin, découvreur du Québec et de la Gaspésie, en 1534, il y aura bientôt quatre cent quatre-vingts ans. Nous sommes allés, là-bas, découvrir pour vous les liens vivants qui nous unissent encore à cette belle province où il fait si bon vivre.

Le bel été breton... Un voyage de souvenances et de re-souvenances qui aide à mieux comprendre ce qui nous unit à ces cousins à la fois si lointains et si proches... La Rance et ses rives, si belles, en toutes saisons, constituent également un trait d’union de ce numéro d’été pour vous aider à passer une villégiature bretonne à la hauteur de vos besoins et de votre espérance. C’est un privilège que celui d’aimer la Haute Bretagne comme nous l’aimons et comme nous avons aussi envie de vous la faire aimer... Kaléidoscope de ces mois attendus, ce troisième numéro estival vous apportera un réel supplément d’âme en vous permettant d’échapper un tant soit peu au quotidien. Quelques bonnes adresses de boutiques et de restaurants, d’hôtels et d’expos, complètent ce condensé de Haute Bretagne au beurre (Bordier) salé et aux fragrances iodées ! Promenez-vous, avec nous, dans ce creuset d’émotions partagées qui vous donnera des envies nouvelles de grand air et de ciels porteurs. En goûtant chaque jour à l’alchimie singulière de la terre et de la mer qui, ici, ressemble à un monde différent bordé par le granit et par le rêve. Une quête du Graal éternelle. Pour un bel été breton... Hervé Louboutin Éditeur

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Institution malouine par excellence, A LA DUCHESSE ANNE, vous propose une cuisine bourgeoise, tournée vers les produits frais et locaux, avec chaque jour la volonté de satisfaire ses fidèles clients et les nouveaux.

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Haute Bretagne Privilège Revue annuelle Directeur de la publication Hervé Louboutin Éditeur Les éditions du Privilège 33, Bd Guist’hau BP 81408 44014 Nantes cedex 1 direction@editionsduprivilege.com TÉl. 02 40 73 31 31 Fax 02 40 73 88 40 SAS au capital de 120 001 e € Associés : Hervé Louboutin et François Barrault Code APE : 7312Z Siret : 523 585 974 00018

Le bel été breton... Quand Cartier découvre le Canada… En Gaspésie, sur les pas de Jacques Cartier La malouinière des Longchamps La Vallée de la Rance Dinard. Une saison contemporaine L’avant-garde de la musique traditionnelle La villa Esprit de famille Saint-Malo. Une saison culturelle La fontaine aux bijoux Le Saison à Saint-Grégoire Bordier, le beurre des Chefs Gastronomie. Les étoiles en bord de mer Style. Les indispensables La Fiancée du Mékong, un rêve en couleurs L’Empire ressuscité Sophie de Roumanie telle qu'elle Prix Combourg-Chateaubriand. Jean-Marie Rouart récompensé Carnet d’adresses

Régie publicitaire MPC Marie-Christine Parichi 74, rue Félibien 44000 Nantes TÉl. 06 19 46 26 18 mpc.ouest@yahoo.fr Redaction Hervé Louboutin Olivier d’Argol Nicolas Boileau Constantin Parvulesco Miguel de Quidico Michel Sénac Stéphanie Roy Hélène Roulet

Photographies Pascal Kyriazis Constantin Parvulesco Stéphanie Roy Crédit couverture : Sophie de Roumanie (exposition tout l’été à l’Institut de Locarn dans les Côtes-d’Armor www.sophiederoumanie.com Conception graphique Pascal Queignec 6, rue Rubens 44000 Nantes Tél. 06 87 01 71 64 keniek@free.fr Impression Imprimé par Label-PPS chez Pollina (Luçon-Vendée)

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Une rencontre de caractère, l’émotion d’un voyage, le temps d’une escale, au cœur de Dinard.

L’hôtel À Dinard, nul besoin de le chercher : l’Hôtel Royal Emeraude offre une position privilégiée, à 50 m de la plage de l’Écluse et de son panorama merveilleux sur les îles. L’évidence s’impose à son approche : le Royal Emeraude fait partie du patrimoine dinardais et révèle l’âme de cette villa Belle Époque en y ajoutant tous les charmes de la modernité. Il suffit de passer le seuil pour avoir envie de s’y arrêter : découvrir au sol ses mosaïques classées peuvent déjà vous conduire à remonter le temps, à vous glisser dans l’âmes des lieux. Sur 4 niveaux, 47 chambres dont 2 suites, chacune unique : l’originalité commence à chaque étage où règne un univers différent. British India au rez-de-chaussée, comme pour rappeler l’influence anglaise et les séjours dinardais de personnalités célèbres : Agatha

Christie, Lawrence d’Arabie, entre autres. Dans les chambres, certaines avec terrasses discrètes, l’ambiance est coloniale par le mobilier et safranée par les coloris. Au 1er, on entendrait presque la rumeur estompée des paquebots et steamers des lignes transatlantique et transmanche. Sur ce pont, une suite, à la proue du Royal Emeraude, avec terrasse bien en vue et salon extérieur bien tentant ! Au 2e, avec son toit bombé et ses portes bleu métal, le couloir semble un rêve d’Orient-Express et certains se souviennent bientôt qu’une petite « colonie » russe s’installa à Dinard, fin 19e, parmi le gotha international. Nul doute que ses illustres représentants auraient apprécié la suite avec sa terrasse privative s’ouvrant sur la mer ou la chambre installée dans l’ancien pigeonnier. Au 3e, l’aviation a inspiré la moquette comme le papier peint, façon métal de l’avion de Roland Garros qui réussit ici quelques records. Aux murs, les toiles originales de Rod Stribley confortent une ambiance plus aéronautique.


LE TEMPS D’UNE ESCALE…

PAUSES GOURMANDES ET SOIRÉES CLUB

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ous la verrière 1900 qui contribue à la distinction du Royal Emeraude, Le Darling vous accueille dans une atmosphère de chaleureuse sérénité : décentré et imposant, le bar gure une nacelle de montgolère en osier vieilli par les ans et les intempéries, la déco joue sur les essences de bois, les cuirs, les rouges et les bruns profonds, mêle les formes des tables et le style des fauteuils comme dans un décor familier, savamment décontracté…Voici le lieu idéal

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pour un petit déjeuner ou une pause tea time gourmande… Accompagné de scones ou pâtisserie maison, vous pourrez d’abord hésiter entre 21 variétés de thé qui vous sera ensuite servi en théière à bascule astucieuse. Le soir venu, Le Darling passe à l’heure des notes bleues et s’organise autour du piano à queue. Vendredi ou samedi, un pianiste vient jouer et le lieu devient le club prisé des amateurs de whiskys, de conversations tamisées et de ballades jazzy.

SWING ON SIX GOLFS : LA BRETAGNE VÉRITABLE PAYS DU GOLF

n bordure de mer, le célèbre Dinard golf « links » de 18 trous construit il y a plus de 100 ans est le deuxième golf né en France. On peut voir la mer depuis chaque trou et la qualité de son parcours sablonneux permet de jouer toute l’année. Le parcours est technique et durci avec le vent. Un carnet écologique accompagne votre jeu pour apprécier la faune et la ore. Son club-house panoramique, totalement restauré, a su préserver le charme originel.

1 boulevard Albert 1 er Tél. 02 99 46 19 19 - Fax 02 99 46 21 22 www.royalemeraudedinard.com


Histoire Saint-Malo

Nous sommes le 10 mai 1534, deux navires voguant de concert après une traversée de 20 jours à la recherche d’un passage nord vers les Indes touchent enfin terre au détroit de Belle-Isle et entrent dans un golfe aussitôt baptisé Saint-Laurent et dont ils commencent l’exploration…

r e i t r a Quand C TEXTE : Miguel de Quidico / PHOTOS : C.P.

découvre le Canada…

L

a longue histoire de la présence française au Québec débute ainsi, mais aussi l’ouverture d’une route fluviale vers la Baie d’Hudson et le Mississippi, le point de départ de l’empire français d’Amérique. À la tête de cette expédition, un Malouin, Jacques Cartier va en effet prendre à Gaspé, le 24 juillet de la même année, possession de ces terres nouvelles au nom de François 1er roi de France. En ce milieu du XVIe siècle, l’heure est au partage du monde et, dès l’année suivante, en 1535, une seconde expédition est armée à Saint-Malo. Cette fois, c’est une petite flotte de trois navires, la Grande Hermine de cent tonneaux, la Petite Hermine de soixante, et l’Émérillon de quarante, qui part pour Terre-Neuve avec pour mission du roi de « parachever la découverte des terres occidentales ». À bord Taignoagny et Domagaya, les deux fils

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du chef Iroquois Donnacona embarqués l’année précédente serviront d’interprètes. Cette fois, les trois navires s’aventurent plus avant, explorant l’estuaire du Saint-Laurent avant d’atteindre, loin en amont, le site de « Québec » où la Grande et la Petite Hermine mouillent leurs ancres tandis que l’Émérillon, plus maniable, continue de remonter le fleuve devenu plus étroit. Nous sommes en octobre, l’automne tire à sa fin et Jacques Cartier songe à hiverner sur place. Il descend alors à terre, accompagné d’une vingtaine de marins et, à deux lieues de la rive du fleuve, il découvre un site idéal, les Iroquois y ont d’ailleurs bâti un grand village d’une cinquantaine d’habitations entouré d’une palissade de bois. « Et parmi ces campagnes est située et assise la ville d’Hochelaga, près d’une montagne aux alentours labourés et


e De la gloir e à l’amertum

fort fertiles et sur laquelle on voit fort loin. Nous nommâmes cette montagne le mont Royal » peut-on lire dans le récit que Jacques Cartier laissera de ses voyages. C’est ainsi que Montréal est né en ce royaume de Kanata qui deviendra le Canada. Mais l’hiver particulièrement rigoureux surprend les Français, le fleuve gèle et emprisonne les navires, le scorbut fait des ravages. Heureusement, grâce à l’aide des Indiens Micmacs qui les soignent d’infusions d’épinette blanche, les guérisons se multiplient. La maladie a tout de même fait périr 25 matelots, soit près d’un quart des marins de l’expédition. Profitant du dégel, alors que la Petite Hermine doit être abandonnée « faute d’un équipage assez nombreux », Cartier quitte le Saint-Laurent avec le reste de ses marins et met le cap sur Saint-Malo toujours fermement persuadé d’avoir exploré une partie de la côte orientale de l’Asie... Il est accompagné cette fois du chef Donnacona lui-même qu’il souhaite présenter à François 1er, de ses deux fils et de sept autres Iroquoiens, et rentre en France en juillet 1536. Jacques Cartier de retour connaît la gloire et figure dès lors parmi les grands noms du XVIe siècle. De l’homme pourtant, l’histoire a retenu peu de choses. Des années précédant ses expéditions l’on sait que Jacques Cartier, issu d’une famille de marins malouins, épouse en 1520 Catherine, fille du Connétable Jacques des Granches. Un beau mariage qui l’inscrit parmi les notables et lui permet de nouer de •••


Festivités du 400 e anniversaire de la découverte de la Gaspégie par Jacques Cartier.

••• solides relations parmi les bourgeois et les officiers municipaux de Saint-Malo. Reconnu dès 1530 comme « Capitaine et pilote pour le Roy ayant charge de voiaiger et allez aux Terres Neuffves », il parle également le portugais, ce qui lui vaut d’être présenté en 1532 au roi François 1er qui vient précisément de déclarer la guerre au Portugal. C’est alors qu’il aurait proposé à Philippe Chabot, amiral de France, qui « fit en sorte que ledit Quartier en eut la charge », d’armer une expédition d’exploration pour ouvrir la route de l’Ouest vers les Indes. Il aura très probablement bénéficié également de l’appui de Jean Le Veneur, évêque de SaintMalo et abbé du Mont-Saint-Michel qui évoque auprès du Roi des voyages que Cartier aurait déjà faits au Brésil et en Terre-Neuve, pour affirmer qu’il était à même « de conduire des navires à la découverte de terres nouvelles dans le Nouveau Monde ». Devant le succès de ses deux premières expéditions, le roi lui renouvellera sa confiance, mettant à sa disposition une petite escadre de cinq navires avec mission de jeter sur cette terre les bases d’une colonisation ; c’est le début de l’épopée de la « Nouvelle-France ». N’étant pas noble, il est alors placé sous le commandement théorique de Jean-François de la Roque, Seigneur de Roberval. C’est ainsi que le 23 mai 1541, Jacques Cartier quittait Saint-Malo avec à son bord une cargaison de bétail et des colons bien décidés à aller peupler cette « Nouvelle France » encore presque imaginaire… Après une navigation calamiteuse de plusieurs mois, il arrive enfin en août sur le site de Stadaconé, près de Québec. Au village iroquoien, après trois ans d’absence, les retrouvailles sont chaleureuses malgré l’annonce de la mort, en France, du chef Donnacona. Il fait alors défricher et labourer la terre et construire deux fortins. Une fois encore, l’hiver est rude, le scorbut fait à nouveau des ravages et au printemps Jacques Cartier retourne en France. Après ce

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troisième et dernier voyage, alors âgé de 51 ans, il se retire sur ses terres de Rothéneuf à quelques kilomètres des remparts de Saint-Malo. Il fait agrandir ce qui n’était qu’un modeste bâtiment de ferme qui devient une petite gentilhommière : le manoir de Limoëlou. Il y reçoit des visiteurs curieux de ses aventures, des hôtes parfois illustres comme Rabelais avant d’être emporté en 1557 par une épidémie de peste. Son corps repose depuis en la cathédrale SaintSauveur de Saint-Malo. Cette première colonisation n’aura été qu’un demi-succès. Il faudra attendre 1603 et la fondation de la ville de Québec en 1608 par Samuel de Champlain, pour voir une présence française significative et l’établissement durable des Acadiens. Les relations avec les différentes « Nations », huronne, micmaque et iroquoise, seront alors plutôt courtoises, pacifiques, et les échanges commerciaux ne vont pas tarder à créer des liens diplomatiques solides entre Français et Amérindiens. Le Saint-Laurent devient ainsi non seulement un précieux centre de pêche morutière, mais aussi une importante zone de traite de fourrures entre Amérindiens et Français « coureurs des bois », faisant commerce de peaux et de fourrures, parcourant à longueur d’année les régions densément boisées des abords du Saint-Laurent, vendant leur butin aux grands négociants de fourrures comme la Compagnie de Montmorency, et plus tard la Compagnie de la Nouvelle-France. Quatre siècles plus tard, le souvenir de Jacques Cartier est encore si vivace au Québec qu’un mécène, David MacDonald Steward, fera, en 1978, l’acquisition du manoir de Limoëlou redevenu une modeste ferme. Le manoir soigneusement restauré, un musée y est créé en 1984. Outre les visites, des conférences y sont organisées et l’association malouine des amis de Jacques Cartier y a son siège.


de on M u a e v ou elles dans le N

res nouv r e t e d e t r e v u o À la déc

Jacques Cartier meurt dans le manoir de Limoëlou en 1557.

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Découverte

Trois hivers passés au milieu des nations Micmac et Huron auront suffi à Jacques Cartier pour établir des liens durables avec la France. Ces liens réaffirmés par la présence et l’engagement de Champlain, l’occupation anglaise et les déplacements de populations, « le grand dérangement » qu’elle a provoqué, n’auront pas suffi à effacer les 100 ans à peine de régime français.

e i s é p s a G En TEXTE : Constantin Parvulesco / PHOTOS : S.R.

R

Sur les pas de Jacques Cartier

etrouver les traces de Jacques Cartier au Québec et en Gaspésie, c’est tout d’abord, comme lui, rencontrer les premières nations. Mais ces liens établis entre la France et ces confins de l’Est canadien sont peut-être plus lointains encore. Certains des Amérindiens que Cartier rencontre sur le Saint-Laurent ne portent-ils pas la croix catholique autour du cou et le symbole basque de la roue solaire peinte sur leurs canots ne témoigne-t-il pas d’échanges réguliers et plus anciens avec nos marins que ceux de l’histoire officielle ? Plus tard, en 1663, la France étendra ses colonies américaines du Québec et Terre-Neuve jusqu’à la Louisiane et au golfe du Mexique en passant par les Grands Lacs et l’Ontario, le long de la voie fluviale et commerciale qui relie le Saint-Laurent au Mississippi. Les « coureurs des bois » commercent avec les Indiens qui leur fournissent quantité de peaux d’animaux et vivent en symbiose avec la nature et les coutumes locales. Ils épousent bien souvent des Micmaques ou des Huronnes, tissant ainsi des liens familiaux avec les différents clans. C’est cette proximité, ce métissage, qui ont aussi assuré la permanence de la présence

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française, diffuse certes, mais bien réelle en Gaspésie, dans le Bas-Saint-Laurent, les Grands Lacs et jusqu’en Louisiane. La tragédie des Acadiens, colons poitevins et saintongeais catholiques déportés par les Anglais protestants et dispersés dans tout le Canada, les États-Unis et même, à l’occasion, renvoyés dans cette Europe qui n’est déjà plus la leur, ont eux aussi assuré, en quelque sorte, la diffusion de la culture française dans les terres canadiennes et au-delà. Destination nature… Mais la Gaspésie ce n’est pas que de l’histoire, c’est aussi une nature sauvage et des parcs nationaux immenses, la mer et le fleuve Saint-Laurent omniprésents où les baleines viennent s’ébattre par dizaines et côtoient les dauphins, les phoques et de nombreuses espèces d’oiseaux. C’est aussi le paradis des pêcheurs avec les très nombreuses rivières à saumons, les pourvoiries, secteurs de pêche sportive gérés le plus souvent par les Innus, les Micmacs, les Malécites ou les Hurons. C’est aussi un art de vivre et des expériences culinaires où le poisson frais ou fumé est roi, où le homard foisonne en saison, où l’on peut se régaler de mets •••


Micmacs, Hurons et Iroquois, hier comme aujourd’hui, ont marqué l’imaginaire des Français.

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sie é p s a G n E Jacques Cartier Sur les pas de

Lobby de l’hôtel Wendake de la nation huronne à Québec.

••• plus exotiques et tenter un carpaccio d’orignal ou boire un cocktail aux palourdes (le Bloody Caesar, une réussite miraculeuse), de l’auberge du Mange grenouille au Bic à la maison Wakehamm à Gaspé en passant par la gastronomie huronne à Wendake aux portes de Québec. Les Hurons relèvent le défi de l’hôtellerie de luxe ! Rejoindre Gaspé où Jacques Cartier a pris possession du Canada au nom du roi de France passe aujourd’hui par Québec ; un vol direct de Paris est assuré par la compagnie canadienne Air Transat. À l’arrivée, l’hôtel musée des premières nations à Wendake offre un dépaysement assuré et un premier contact avec la nation huronne. Immense structure de bois ouverte sur la nature, l’hôtel propose par exemple un bar de plein air autour d’un feu de camp, un spa nature pour se détendre du voyage en avion, de vastes chambres où tout évoque la culture des premières nations. L’architecture reprend la forme des maisons longues que Jacques Cartier a vues pour la première fois à Hochelaga lors de sa rencontre avec le chef Donnacona. Des activités culturelles y sont proposées, ateliers de bâtons de parole, fabrication de canots d’écorce, concerts, grands Pow Wow, une culture vivante, centrée sur les mythes et légendes de la nation Wendat, l’autre nom des Hurons. L’établissement quatre étoiles a vu le jour en 2008, suite aux accords historiques de Wendake où après 230 ans de lutte la Cour suprême du Canada reconnaissait enfin la validité du traité Huron-Britannique de 1760 signé à la suite de la défaite des Français. Reconnue comme nation distincte et autonome, les Hurons se sont alors investis dans l’industrie touristique avec des infrastructures hôtelières originales et de très grande qualité. La route du Nord, entre découvertes nature et gourmandes... L’étape suivante, au parc national du Bic autour du Pic Champlain près de Rimouski, est une immersion totale dans la nature. Sur plus de 30 km2, on observe aussi bien l’aigle royal, le faucon gerfaut et une dizaine d’autres petits rapaces que les phoques, porcs-épics, castors, marmottes et autres loutres, s’y ébattre en toute liberté. L’auberge du

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Mange Grenouille aux portes du parc vaut largement le détour. Dans un décor baroque de chambres somptueuses, intimes et théâtrales avec une vue splendide sur le fleuve, elle propose un hébergement de qualité et une table excellente, saluée par de nombreuses distinctions dont une médaille d’or du ministère du Tourisme. Le chef Ricard Duchesneau y propose, accompagnée d’un fin vin blanc du Québec, une chair de crabe sur une suave crème de chou-fleur citronné tout en légèreté et finesse, ou encore une poitrine de caille, cuisse confite et cake au pruneau subtilement épicé. La table fait honneur aux produits locaux avec un omble de Gaspé d’une cuisson précise et maîtrisée, présentée avec un gel de pommes vertes et billes de moutarde croquante comme du caviar, relevé d’une fine tranche de lard grillée. Pour conclure, un sorbet maison fondant sublime sur un biscuit façon crumble et sirop d’érable, bien sûr. Gaspé, finis terrae Gaspé, enfin, au bout du monde et d’une longue route sauvage bordée ça et là de maisons de bois posées comme au hasard, sans jardin ni palissade. C’est là que tout a commencé. Dans le parc du musée de Gaspésie, une grande croix de bois frappée des trois fleurs de lys de France rappelle celle plantée là par Jacques Cartier en 1534. Une autre croix, de pierre celle-ci, fut érigée plus bas sur le quai en 1934 lors des fêtes du 400e anniversaire à l’initiative de Mgr FrancoisXavier Ross, le premier évêque de Gaspé, ravivant ainsi le souvenir de l’explorateur français. Réunissant plus de 30 000 visiteurs, ce sera l’évènement du siècle et le début de la renaissance de Gaspé comme métropole côtière. L’un des plus anciens édifices de la ville est la maison William Wakeham du nom du médecin et explorateur qui y vécut de 1866 à 1915. Elle est devenue une auberge à l’ambiance de vieille maison familiale et la demi-douzaine de chambres et les deux suites sont décorées de meubles d’époque. La table est certifiée Fourchette bleue, un label de qualité décerné à des restaurants, des poissonneries et des pêcheurs par Exploramer, un complexe scientifique gaspésien en charge d’une gestion responsable des ressources maritimes, soucieux de préserver la diversité des produits •••


le a ot t ion s r e imm e Un

dans la nature

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sie é p s a G n E Jacques Cartier Sur les pas de

••• marins du Québec. La carte propose ainsi du calamar du Saint-Laurent en friture fine, des pétoncles juste grillés, céleri et gingembre d’une très belle présentation, d’une cuisson parfaite et d’un accord élégant. Ceux lassés de poisson ne sont pas oubliés : un foie gras poêlé de SaintNicolas, élevage local près de Québec, pain d’épice maison et girolles fraîches, offre un moment de magie, tout le Périgord au bord d’un quai du bout du monde avec pour paysage la rivière de Gaspé et les bois au loin. Exercice de style un « terre, air, mer », lapin gavroche, volaille et homard sur un plat allongé juste souligné d’une larme de balsamico se veut un hommage aux trois éléments qui fondent la ville avec ce vent sec qui séchait jadis les poissons sur le galet des grèves environnantes. Retour à Québec, la Baie-des-Chaleurs Il y a bien d’autres choses à voir encore, la Gaspésie cache tant de trésors dans son immensité, l’observation de plus de treize espèces de baleines de la baie au parc national Forillon, l’écotourisme, les civilisations anciennes avec le site d’interprétation Micmac de Gespeg, le souvenir de la grande aventure de la morue et les somptueux paysages sauvages de l’intérieur des terres dont le rocher de Percé et sa population de fous de bassan, la traversée du parc national des Chics Chocs, sa forêt immense et ses activités nature de canyoning, de rando, de ski alpin ou de fond. Le retour à Québec par la route du Sud s’impose ; elle longe la mer et la Baie-des-Chaleurs bénéficiant d’un climat plus tempéré que le reste de la région, où se succèdent villages anglophones et francophones. La région est aussi idéale pour découvrir la culture acadienne, sa musique, sa littérature et ses festivals durant l’été.

La Gasp ésie en pratique

Air Transat : Vol direct Paris Québec : www.airtransat.fr Wendake -Québec : www.hotelpremieresnations.ca Auberge du Mange Grenouille Rimouski : www.aubergedumangegrenouille.ca Maison Wakenham - Gaspé : www.maisonwakeham.ca Québec Maritime : www.quebecmaritime.ca Le Québec à Paris : www.destinationquebec.fr

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Cuisine Plaisir au gré du marché des Lices

18, haut place des Lices 35000 RENNES Tél. 02 99 30 25 25 (parking des Lices)

www.lecoursdeslices.fr

En haut de la place des Lices, dans un décor élégant de bois et de verre, Jacques Faby tire le meilleur parti des produits du marché qu'il transforme et sublime, suivant son inspiration.


patrimoine Saint-Malo

e r è i n i ou l a m La s p m a h c g des Lon

Bien-être et vieilles Aux portes de la cité corsaire, cette petite Malouinière en pierre de pays a su faire peau neuve en préservant le charme d’une maison de caractère. Cet hôtel créé en 1990, puis rénové de 2006 à 2008, s’est vu attribuer, l’année dernière, une nouvelle classification trois étoiles. TEXTE : MICHEL SÉNAC / PHOTOS : C.P. ET D.R.

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L

orsqu’il fait l’acquisition des terres pour leur exploitation agricole, le jeune couple de nouveaux propriétaires s’y voit inclure cette ancienne maison de maître, une bâtisse cossue du XVIIIe siècle devenue bâtiment d’exploitation agricole plutôt délabré qui s’avère rapidement impropre à cet usage. La partie centrale du corps de logis avec ses deux cheminées et son toit mansardé est bien d’une architecture malouine classique, et les deux ailes qui lui ont été rajoutées probablement au XIXe siècle ne nuisent en rien à l’harmonie de l’ensemble. Une restauration complète doit cependant être envisagée. Les frais sont colossaux et plutôt que d’habiter le bâtiment, Francis et Blandine Goger décident d’y créer des chambres d’hôtes pour assurer un revenu permettant de


pierres financer sa restauration parallèlement à l’exploitation de la ferme cultivée en agriculture biologique. Un choix pertinent puisque le succès est au rendez-vous. Premiers clients : les Québécois ! Elle est tout d’abord réhabilitée en chambres d’hôtes en 1984 et reçoit comme tout premier client la délégation québécoise conduite par son Premier ministre René Levesque qui y séjourne lors des fêtes du 450e anniversaire de la fondation du Québec par Jacques Cartier. Une piscine est creusée, de chambres d’hôtes la malouinière passe au statut d’hôtel et gagne ses étoiles. Au dernier classement elle a ainsi obtenu assez de points pour en obtenir une quatrième. Avec ses 9 chambres dont une au rez-de-chaussée à accès •••

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De l’agriculture à l’hôtel de charme, une histoire originale. ••• facilité et 5 junior suites, cet hôtel, au décor sobre d’une belle maison de vacances, offre un calme et une sérénité rare ainsi qu’un accueil très familial et chaleureux. S’il ne dispose pas de restaurant, un petit bar permet cependant de prendre ses aises en savourant un cocktail maison et au besoin une tartine ou un plat froid pourra vous être préparé. Classé Châteaux et Hôtels Collection, le site offre également, dans le prolongement de la Malouinière, une longère proposant des gîtes de 2 à 4 personnes. Côté bien-être, la malouinière des Longchamps, outre son Spa, s’est enrichie d’un espace beauté qui prodigue une gamme sélectionnée de soins relaxants, pierres chaudes et bains aux pétales de roses, Balnéo visage et corps… Des soins à la carte proposé par du personnel maison, avec des produits régionaux, Phytomer, Fleur’s et Vie Collection. Un tennis et une piscine extérieure chauffée complètent les équipements de loisirs. Située idéalement à quelques kilomètres de la route de Rennes à Saint-Malo, à Saint-Jouan-des-Guérets, les transferts en hélicoptère sont également possibles et, plus simplement, une navette gare et aéroport est disponible sur réservation.

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Restaurant gastronomique

La Fontaine aux Perles Une bulle de saveurs au cœur de la ville

MANOIR DE LA POTERIE 96, RUE DE LA POTERIE - 35200 RENNES - TÉL. 02 99 53 90 90

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La rencontre entre l’authentique et le contemporain…

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Privilège

Une virée aux accents bretons

L’été, les vacances, les balades… oui mais où la balade exactement ? On a souvent le sentiment d’avoir fait le tour. Justement, cet été, on vous emmène faire un petit tour ou un grand tour, c’est comme il vous plaira. Et peu importe la météo car dans cette vallée, on n’attend pas le soleil pour s’y évader et se dépayser… Petits villages paisibles, villes de caractère, lieux enchanteurs, paysages contrastés et haut en couleur, tout est réuni pour une escapade réjouissante ou un séjour fort en émotions. Suivez le guide…

e d e é ll La Va

… e c n a la R Texte : Hélène Roulet / Photos : pascal Kyriazis


Départ

Lehon

Commune de Dinan où il fait bon s’attarder. Un château, une abbaye, une écluse… et on y respire la douceur de vivre. Commune chargée d’histoire, on s’y promène avec plaisir. C’est aussi un lieu privilégié pour les amoureux de la pêche à la mouche…


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Dinan

Prenez le temps de flâner dans le centre-ville de Dinan pour y découvrir son architecture et son ambiance rêveuse par le biais de petites boutiques telles que la boutique du livre de Davy Amaury sur la place Saint-Sauveur. On remonte le temps… N’oubliez pas d’aller jusqu’à la tour, la vue sur la Rance du haut des remparts ne vous laissera pas indifférent.

26 I Haute Bretagne Privilège 2013

info gourmande

Dinan l’Atelier Gourmand : ne manquez pas leur purée maison, un vrai bonheur ! Chez Bongrain, une autre très bonne adresse.


taden

INFO pratique Croisière sur le canal d’Ille-et-Rance avec le Jaman IV au départ de Dinan www.vedettejamaniv.com Possibilité de location de bateaux sans permis de 1 à 8 personnes chez Danfleurenn Nautic de Pâques à la Toussaint.

Retrouver les cartes des circuits rando ainsi que toutes les informations pour les balades sur l’eau sur www.dinan-tourisme.com et www.port-dinan-lanvallay.com

Sortant de Dinan, nous sommes passés rive gauche, par la Hisse, et nous arrivons à Taden. C’est le manoir de La Grand-Cour qui a retenu notre attention. Des artistes s’y invitent pendant l’été et animent la quiétude de ce petit village où les jardins privés retiennent notre regard. À savoir, un marché nocturne s’y installe tous les vendredis de juillet et d’août. Puis, nous sommes venus nous perdre à la cale de Mordreuc… À marée basse, nous profitons d’un paysage sauvage où d’anciens moulins nous racontent une autre époque…

Mordreuc Haute Bretagne Privilège I 27


Juste en face, de l’autre côté de la berge, nous apercevons le Château de Pehou, sur la commune de Plouër-sur-Rance. L’invitation aux rêves d’un ancien temps est lancée… Nous suivons alors la direc-

tion de Pleudihen. Ici, vous ne trouverez pas de cidre mais bien du champagne breton. Son activité maritime passée, Pleudihen se tourne vers une agriculture locale en développant des

vergers à pommes qui fait aujourd’hui sa renommée nationale. Par ailleurs, ce village ne manque pas de charme ; prenez le temps de visiter l’église Notre-Dame, elle est de toute beauté.

Château de Pehou

En poussant un peu plus loin, nous avons découvert Saint-Suliac. Vrai petit village de pêcheurs, aux ruelles étroites qui dégagent une atmosphère

conviviale. Ses maisons habillées de filets où l’on trouve à chaque coin de rue de vraies cartes postales bretonnes. Nous ne sommes pas

surpris d’apprendre qu’en effet, en plein été, notamment le premier week- end d’août, on y fait la fête comme nulle part ailleurs !

Saint-Sulliac 28 I Haute Bretagne Privilège 2013


Nous continuons notre route jusqu’à Dinard : le joyau de la Rance. C’est LA ville séduction… Les belles demeures qui jonchent les falaises la rendent majestueuse. Le long de la côte, d’une crique à l’autre, on se laisse surprendre par des vues panoramiques renversantes qui suscitent soudain des envies de voyage quand le ferry quitte la côte pour les îles anglaises. Si vous ne devez venir qu’une journée dans la Vallée, Dinard comblera toutes vos attentes tant il y a à découvrir… et serait bien capable de vous y retenir plus longtemps.

Nous nous dirigeons à présent vers Saint-Malo, terminus de cette balade, qui s’impose au loin comme une forteresse et nous nous arrêtons à « la porte de la rivière » : c’est SaintServan Solidor. Un peu d’histoire : la Tour Solidor est la gardienne de Saint-Servan depuis 1382. Elle a été construite par Jean IV de Bretagne pour défendre l’estuaire, contrôler Saint-Malo et empêcher le commerce avec Dinan. Plus tard, elle sera transformée en prison ; aujourd’hui elle est devenue

Dinard

le musée des Cap-Horniers que vous pouvez visiter. Le lendemain matin, un moment privilégié nous attend à l’hôtel Royal Émeraude à Dinard. Une prestigieuse véranda aux accents de voyages d’antan nous invite à prendre notre petit déjeuner, qu’il nous plaît de faire durer tellement il nous tarde peu de quitter l’endroit, de quitter cette vallée aussi séduisante qu’attachante… et notre promenade n’était jamais qu’un échantillon de ce joli coin de Bretagne.

Saint-Malo La tour Solidor

info gourmande

Saint-Servan Solidor (juste avant Saint-Malo) :

Le Solidor, notre coup de cœur !

Ça ne se raconte pas, ça se déguste. Rendez-vous sur le site

valderance.free.fr

pour retrouver tous les villages qui accompagnent cette vallée.

Haute Bretagne Privilège I 29


Art Dinard

TEXTE : Stéphanie Roy / PHOTOS : D.R.

Une

raine tempo saison con

Entre sable et mer se dévoile L’amour atomique Dinard fête en 2013 ses 1 500 ans d’existence et renoue cette année avec l’art contemporain une relation initiée en grande pompe en 2009 avec l’exposition "Qui a peur des artistes" ? qui fit alors grand bruit. Cette fois, c’est le commissaire d’exposition Ashok Adicéam qui préside aux destinées d’un nouveau rendez-vous estival d’art contemporain, un immanquable baptisé « Dinard, L’amour atomique », Du littoral, des œuvres, de la pensée… « Dinard, L’amour atomique » voilà bien un titre qui suscite la curiosité. Pourquoi ne pas y céder ? Des œuvres d’artistes stars comme Claude Lévêque, Takashi Murakami ou Agnès Varda y côtoient celles de jeunes artistes talentueux comme le Cubain JR et l’Israélienne Sigalit Landau. Photos, sculptures, vidéos ou installations présentées au sein du Palais des Arts ou hors les murs, en pleine ville, la quarantaine d’œuvres sélectionnées avec soin et provenant des quatre coins du monde, de Shanghai à Istanbul, d’Abou Dabi à Cuba sont organisées en un parcours de 6 étapes qui se répondent et s’interrogent mutuellement. Ils ont en commun une réflexion sur la notion du rivage. D’évidence, le littoral est pluriel : lieu de la rêverie possible, de l’ailleurs accessible au regard, le territoire amniotique et originel, la matrice de la vie entre l’univers liquide et ses limites sableuses, effrangées ou abruptes… Car il s’agit aussi d’un espace frontière ambivalent, un univers limité et tendu vers l’illimité, fragile, en permanente redéfinition, soumis à de sombres contraintes visibles et invisibles. Le littoral, enfin, est-il le point de départ ou l’arrivée, l’espace où l’on échoue ou celui de l’abri ? Tout au long de cette exposition en 6 actes, le visiteur est finalement interrogé sur sa relation à la nature et la nature de cette relation… Dinard, L’amour atomique Palais des arts et du Festival de Dinard Jusqu’au dimanche 1er septembre (fermé le lundi)

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Les « Merveilles » d’un collectionneur… Autre grand rendez-vous artistique de l’été à Dinard, l’exposition « Merveilles » qui présente, à la Villa des Roches Brunes, une sélection d’œuvres provenant de la collection du mécène et collectionneur Bernard Magrez. Place aux jeunes talents ! Un mot, d’abord, de l’homme à l’origine de cette exposition. Bernard Magrez, grand propriétaire viticole du Bordelais et amateur éclairé d’art contemporain a créé en 2011 son propre institut culturel à Bordeaux au sein duquel il accueille, entre autres, des artistes en résidence et organise de grandes expositions. La ville de Dinard a ainsi souhaité honorer l’action de ce dénicheur de talents dont la volonté première est de « donner une chance et de promouvoir des jeunes artistes qui ont du talent » et propose ici un parcours de découverte artistique reflétant ses propres rêves, ses émerveillements, les valeurs qu’il défend ou les doutes qui l’assaillent. Un bon point pour cette exposition et comme il n’est jamais trop tôt pour exercer son œil et son sens critique, elle est accessible aux enfants qui pourront bénéficier d’une visite guidée conçue spécialement pour eux les mercredis et vendredis à 10 h 30. Merveilles Villa des Roches Brunes à Dinard Jusqu’au dimanche 1er septembre (fermé le lundi)

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La quintessence du drame antique

Les Opéras d’été, Purcell à l’honneur Pour leur 15e édition, les Opéras d’été de Dinard proposent quatre représentations et quatre apéritifs musicaux autour de l’œuvre baroque de Purcell, ”Didon et Énée“, drame inspiré de ”l’Énéide“ de Virgile. Cet opéra, très court et organisé en trois actes d’une durée totale de 45 minutes, relate les amours contrariées de Didon, Reine de Carthage, et Énée, Prince de Troie contraint, par l’action de sorcières maléfiques, de renoncer à l’hymen pour se jeter dans les affres de la guerre. En première partie, l’œuvre est interprétée dans son intégralité, puis, ainsi qu’on le pratiquait du haut MoyenÂge jusqu’au XVIIIe siècle, un intermède plus léger compare avec humour les personnages d’Énée et d’Arthur autre héros fondateur à l’origine même, selon la légende, de la ville de Dinard en 513. Enfin, les poètes Virgile et Dante convieront le public à les suivre en une descente aux enfers ponctuée de morceaux de bravoure du répertoire baroque et à la recherche des deux héros au destin tragique... Didon et Énée Auditorium Stephan Bouttet Du 15 au 26 juillet 2013

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Kate BARRY, photographie, Villa Greystones, 8 exemplaires

Ze Art Galerie Deux galeries : Paris et Dinard ? Après quatre ans d’existence à Paris, c’est un bonheur d’avoir en plus ce nouvel espace à Dinard. Plus vaste, très contemporain, accueillant pour les collectionneurs comme pour les simples visiteurs qui prennent ici le temps de la rencontre avec les œuvres, il nous permet d’exprimer la cohérence de nos choix éclectiques. Pourquoi cet éclectisme ? Parce que pour nous le voyage artistique n’est pas un séjour en hôtel club mais une aventure à la découverte de tous les espaces, de toutes les cultures. Galeriste, une passion ? Il faut être passionné en tous cas ! La transmission est au cœur de notre métier. Comme l’enseignant est passeur de connaissance, le galeriste est passeur d’émotion. Présenter des artistes émergents est une gageure. C’est un parti pris difficile mais tellement passionnant ! Nous choisissons nos artistes et nos œuvres comme on choisirait les auteurs et les textes d’une anthologie littéraire des jeunes écrivains : en retenant ceux qui d’après nous passeront à la postérité parce que, plus que d’autres, ils nous touchent, nous bouleversent, sortent du lot. Nous avons à ce titre déjà quelques belles confirmations : Virginie Bassetti, dont nous soutenons le travail depuis le début et qui présente ses créations, du miniature au monumental, en exclusivité chez Ze Art Galerie. Elle a été choisie pour réaliser les sculptures des huit nouvelles cloches de Notre-Dame de Paris. Pour elle, la postérité, c’est déjà gagné ! Sylvie du Plessis, qui s’est vu décerner le titre de « Peintre Officiel de la Marine » en 2012 pour ses sculptures en raku d’une facture exceptionnelle ; Cécile Desserle, remarquée par le réalisateur Abdellatif Kechiche qui n’a pas hésité à retourner des scènes du film « la Vie d’Adèle », Palme d’Or Cannes 2013, pour y intégrer ses toiles sensuelles et énergiques ; Galadriel Gestin, jeune peintre dont nous croyons qu’il sera un des grands artistes du siècle, dont une œuvre fut choisie pour la promotion de la Foire d’Art Contemporain Lille Art Fair en 2013. Certains artistes à la notoriété déjà installée sont venus à nous pour notre plus grand bonheur, tels le peintre David Jamin, père de « l’introportrait dandy », le sculpteur Mimi (Michelle Peyre) dont les très féminines sculptures en

Communiqué

Galadriel GESTIN, “I’m on fire”, Acrylique sur toile, 2013, 100 x100 cm

Investir et se faire plaisir

Ze Art Galerie à Dinard

bronze ravissent les collectionneurs ou la photographe Kate Barry qui propose chez Ze Art Galerie sa magnifique série de photos « Dinard intime ». Cet été 2013, nous accueillerons également l’excellent photographe Bernard Langenstein, avec des photographies non retouchées, prises dans la nature et pourtant d’une abstraction picturale fascinante ou encore les irrévérencieuses sculptures en pâte à papier de l’Espagnole Maria Barbero, quelle artiste !

Ze Art Galerie

www.zeartgalerie.com DINARD 13 bd Wilson, face au casino Contact : 06 89 87 80 34 PARIS 13 rue du Dragon, 75006 Galerie ouverte au public, show room sur rendez-vous. Contact : 06 73 51 57 86

Haute Bretagne Privilège I 33


BRETAGNE

Une flûte traversière en bois et une guitare acoustique dadgad soutenues par la présence ponctuelle d’un violon et d’un alto, le premier album d’Heikki Bourgault et Calum Stewart enregistré entièrement en direct, sans retouche, sans décalage temporel ni correcteur de justesse, est un hommage aux musiques traditionnelles bretonnes et écossaises, respectueux du timbre et de l’authenticité des instruments. TEXTE : Stéphanie Roy / PHOTOS : Gaël Fontana, gaelle EvelLin et D.R.

Heikki Bourgault

À l’avant-garde de la musique traditionnelle…

O

riginaire du nord des Côtesd’Armor, près de Laval, Heikki est tombé dès son plus jeune âge dans la marmite de la musique traditionnelle. Avec un père et des frères musiciens, il prend ses premiers cours de guitare à l’âge de 11 ans. C’est pourtant son attirance pour la danse traditionnelle et les Fest-noz qu’il fréquente assidûment durant toute son adolescence, qui le conduisent à explorer plus avant et à approfondir sa connaissance de cet univers musical. Il participe aujourd’hui à plusieurs formations, dont un groupe de Fest-noz, et collabore depuis 2008 avec le flûtiste écossais Calum Stewart.

Rencontre avec un enfant du pays, musicien talentueux et amoureux des traditions bretonnes.

34 I Haute Bretagne Privilège 2013

Votre actualité semble riche de réalisations et de projets, tournées et concerts… Oui, j’ai la chance d’avoir un emploi du temps bien chargé. Je joue dans plusieurs formations et ai initié des projets variés qui devraient se concrétiser l’année prochaine. Il y a notamment la mise au point d’un ciné-concert soutenu par la cinémathèque de Bretagne. Il s’agit de créer un accompagnement musical sur des films documentaires des années 50 et 60, qui seront projetés et que nous accompagnerons en live. Parallèlement, je joue toute l’année avec mon groupe de musique traditionnelle Ampouailh qui tourne beaucoup en Bretagne-centre, dans les Festnoz auxquels je suis toujours très attaché, sur près d’une quarantaine de dates. Enfin, après l’enregistrement d’un premier album avec Calum Stewart en 2012, un nouvel opus devrait être enregistré en septembre en Écosse et voir le jour tout début 2014.


De la Bretagne dans les oreilles

Calum Stewart.

Calum Stewart à la flute et Heikki Bourgault à la guitare.

Le groupe Ampouailh, auquel participe Heikki, tourne toute l’année dans les Fest-noz du centre de la Bretagne.

À propos de votre collaboration avec Calum Stewart, peut-on véritablement parler de métissage musical tant les affinités entre les musiques bretonne, irlandaise et écossaise paraissent évidentes ? Et qu’est-ce qui distingue justement ces traditions musicales respectives ? Bien qu’elles aient des racines communes et que les ressemblances soient importantes, les musiques bretonne, irlandaise et écossaise sont assez différentes d’un point de vue technique. Pour faire simple, je dirais que la musique irlandaise tend à développer davantage les thèmes musicaux, met plus en valeur les mélodies, les harmonies et a un peu perdu le contact avec la danse traditionnelle tandis que la musique bretonne, plus proche des musiques à bourdon, modales, est très attachée aujourd’hui encore, à la danse.

•••

Haute Bretagne Privilège I 35


De la Bretagne dans les oreilles ••• Que diriez-vous de l’évolution de la scène traditionnelle en Bretagne ces dernières années ? C’est une scène très vivante, très active, qui connaît depuis des décennies une véritable ébullition. La musique traditionnelle bretonne permet un grand nombre de tentatives en matière d’accompagnement : la guitare, les percussions et d’autres instruments peuvent assez facilement y trouver leur place. Les expérimentations et les métissages musicaux sont donc possibles et tout a été tenté dans ce domaine ces trente dernières années. C’est une musique qui permet, voire encourage la fusion. Le fait que la culture de la danse et des

Fest-noz soit extrêmement active est aussi une spécificité bretonne que, par exemple, les Irlandais nous envient et qu’il faut préserver même si, parfois, lorsqu’on propose des musiques de concert, qui s’écoutent donc sans se danser, le public peut être désarçonné… Il faudrait idéalement pouvoir bénéficier de lieux, de cadres plus spécifiquement destinés à l’écoute. Votre album de chevet en ce moment ? J’écoute Éric Seva, un saxophoniste de Jazz dont j’aime beaucoup l’univers.

Playlist Startijenn El TaQa Après 3 albums de musique trad ascendant rock, le sextet qui vient de fêter ses 15 ans de scène se réinvente, ose le métissage et crée El TaQa, collaboration musicale où s’invite le chanteur de Raï algérien Sofiane Saïdi, qui vécut en son temps en Bretagne et connaît bien cette musique sur laquelle il n’était pourtant jamais venu poser sa voix. Résultat : l’énergie est intacte, soutenue et tendue d’un fil d’une couleur nouvelle. Le timbre de l’orient et de Belleville se faufile dans la musique Bretonne. Un pari un peu risqué. Une fusion réussie et un album à paraître à l’automne 2013…

Le Gall-Carré / Moal & Friends Sorti en mars 2013, l’album de musique celtique Tanguy Le Gall-Carré / Erwan Moal & Friends ose d’autres mélanges autour de compositions originales. Ce sont des sonorités indiennes, des percussions africaines qui sont convoquées dans cet opus, melting pot d’influences et d’instruments divers, mais très bien structuré et composé. Intelligence et spontanéité unies pour le meilleur dans un album exigeant.

William Josh Beck Fire Lady (2012) Quittons un instant la musique traditionnelle bretonne pour nous intéresser au cas William Josh Beck, révélation Folk rennaise de ces dernières années, qui propose un EP (extended play : entendez par là un format musical plus long qu’un single et court qu’un album) de 5 morceaux dont le très réussi Fire Lady. Un folk impeccable et maîtrisé sur des textes ciselés, un vrai régal à déguster en attendant l’album, prévu pour la fin 2013.

36 I Haute Bretagne Privilège 2013

Startijenn El-TaQa : La Carène Brest


Vous aimez les entreprises familiales!

Famille Chesneau, entreprise Lambert Manufil

Nous aussi…

Bientôt le numéro 200 en septembre 2013

en kiosque 5€ Haute Bretagne Privilège I 37


Décoration Saint-Malo

À Rothéneuf, Myriana et Jean-François ouvrent leur maison de famille aux voyageurs curieux de découvrir la Côte d’Émeraude et Saint-Malo. Petit tour du propriétaire…

Villa

TEXTE : Nicolas Boileau PHOTOS : pascal Kyriazis

Esprit de Famille

L

a Villa Esprit de Famille est une bâtisse construite à la fin du XIXe siècle. Rothéneuf n’est alors qu’un petit village de pêcheurs qui va très rapidement se muer en station balnéaire. L’arrivée du tramway amène, depuis la Cité historique, de nombreux estivants. La Villa est d’abord une pension de famille qui logera les nouveaux baigneurs attirés par des promesses de bien-être et de santé que procurent les eaux de mer. Après la Première guerre, une nouvelle aile est construite. La Villa se transforme alors en «Hôtel de la Plage» version « Les vacances de Monsieur Hulot ». Depuis août 2011, Myriana et Jean-François qui désiraient ouvrir leur maison de famille aux voyageurs curieux de découvrir la Côte d’Émeraude et Saint-Malo, accueillent leurs hôtes dans un cadre authentique et chaleureux. La rénovation entreprise a métamorphosé cet ancien hôtel en une Villa balnéaire où le mode de vie estival s’est accommodé de l’art de recevoir au quotidien. Le parti pris de la famille a été de retrouver le charme original de la bâtisse en découvrant et rénovant les murs de pierres

38 I Haute Bretagne Privilège 2013

qui au cours des années avaient été dissimulés, lui insufflant ainsi une modernité décontractée. L’entrée principale se compose d’une console dans l’esprit meuble de drapier, sur laquelle un album est à disposition afin que les hôtes échangent leurs impressions et mots de sympathie à l’issue de leur séjour. Le salon de la Villa, tout en pierre apparentes et parquet de bois massif muscade cérusé est meublé d’un canapé Louis XVI revisité en lin noir. Un grand miroir de style baroque patiné et argenté domine cet espace de détente où les hôtes aiment se retrouver pour consulter des livres d’art et de photographies de la cité corsaire. Le paravent attenant déploie une mappemonde et crée ainsi une alcôve éclairée d’une suspension en verre de bohême. D’anciennes malles et valises chinées dans les brocantes locales viennent compléter l’ensemble et évoquent les expéditions des armateurs et grands découvreurs malouins. La verrière attenante qui sert de salon des petits déjeuners s’ouvre côté jardin avec pour panorama les murs et les vitraux de l’église du village. Entièrement composée de matériaux anciens, elle a été inspirée par Didier Ruckstul architecte du Cabinet Stindel à Saint-Malo. Celui-ci a orienté et guidé le couple dans leur désir de créer côté cour, •••



Décoration Saint-Malo

••• un atelier d’artistes ouvrant sur une terrasse en bois. L’ensemble des travaux de gros œuvre, la structure en métal et briques de la verrière, les portes intérieures suspendues et les poutres métalliques ont été réalisés par un autoentrepreneur local (R. Martin). Les panneaux en zinc du toit ont été remplacés en partie par des panneaux en verre afin de laisser rentrer un maximum de lumière. Une partie du toit a été surélevée par une charpente apparente peinte en gris anthracite et le toit à facettes en zinc est surmonté de deux épis dans le style typique de l’architecture locale. Les linteaux et pierres apparentes en granit, issues des carrières environnantes (Saint-Pierre de Plesguen, Fréhel, Côte de granit rose), ont été entièrement découverts et remis à neuf, ils apportent une belle authenticité et un véritable cachet à cet espace convivial. L’ameublement de ce salon où se retrouvent les hôtes à l’heure du petit déjeuner, du thé ou de l’apéro, est un mélange de meubles d’inspiration industrielle et de mobilier personnel plus contemporain : dessertes en bois massif serties de métal vieilli, anciens établis en guise de tables (Athezza Hanjel), mobilier de jardin coloré (Fermob), banquettes capitonnées violines plus raffinées (Maison du Monde) et chaises design (Stark). Les chemins de table bayadères (Home Spirit) et la vaisselle et théières aux couleurs vives (Ambiance et Style), apportent une touche de bonne humeur et de convivialité. Deux fauteuils club en cuir vieilli invitent à la détente et à la lecture des ouvrages mis à disposition, devant la grande cheminée bio éthanol (Cheminées de Changy). La cuisine (Fly) où Jean-François œuvre chaque matin pour préparer ses délicieuses confitures maison et pâtisseries

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est ouverte sur le salon. Tout en noir et blanc, des touches mandarine et cassis ponctuent l’ambiance et apportent une atmosphère gourmande et acidulée. Un sticker (Alinea) de lettres ardoise manuscrites invite à la dégustation et à la découverte des saveurs du jour. Pour accéder aux cinq chambres d’hôtes situées au premier étage de la Villa, on emprunte l’escalier en bois d’origine avec sa boule de rampe en verre soufflé. Repeinte d’un gris très clair, les murs de la montée vers les étages sont habillés de grandes toiles d’une artiste espagnole (Berta Solana) qui évoque les différents membres de cette joyeuse famille recomposée. Des leds ont été encastrés dans la plinthe afin de baliser d’un halo rasant la montée vers les étages. À l’inverse, dans la continuité, afin d’accéder à la cave, un autre escalier habillé de métal et de plaques alvéolées en guise de garde-corps contraste avec son style industriel et se détache sur le mur de pierres découvert lors des travaux de rénovation. Un soubassement qui sert de corniche pour une collection d’objets chinés, de photos de famille en sépia, d’ouvrages anciens et de livres pour enfants datant d’après-guerre, a été aménagé afin de souligner la niche en briques qui servait à l’origine de soupirail pour déverser le charbon dans la cave. Les cinq chambres trouvent leur thématique autour des multiples facettes du Pays de Saint-Malo. Chaque porte est ainsi habillée de stickers qui évoquent un univers personnalisé (réalisation Studio Graphique Le Guérinel) : le bulletin de météo marine de Marie-Pierre Planchon sur Radio France pour Régates au large, un véritable poème avec son vocabulaire mystérieux pour •••

Haute Bretagne Privilège I 41


Décoration Saint-Malo

••• les néophytes… Rivages toniques, esprit vacances, patrimoine historique, tradition maritime, ambiance nature, évocations des expéditions d’armateurs dans l’Océan Indien, terroir et rivières... « Régates au large », conçue comme une cabine de voilier est un clin d’œil ludique à l’incontournable « Route du Rhum ». C’est un hommage à une transat en solitaire haute en couleurs et aux célèbres navigateurs qui renouent avec la tradition des routes maritimes entre Saint-Malo et les Antilles. Dans ce petit espace cosy, tout a été pensé de manière fonctionnelle et ludique. Un store sous forme de voile (réalisation Atelier Navimousse à Saint-Servan) se hisse ou s’affale pour créer une séparation entre le lit et la salle d’eau. La déco est ponctuée de grands sacs de voile avec leurs numéros et drisses colorées. Les murs d’un blanc intense sont habillés des couleurs toniques d’un grand pavois accroché en guise de frise. Une façon originale de réviser l’alphabet maritime ! « Bords de Rance » évoque la douceur des lumières qui inondent abers et rias depuis Saint-Malo, ses fortins et îlots, vers la terre et la Cité médiévale de Dinan : tête de lit réalisée avec d’anciens volets persiennes, salle d’eau telles les cabanes de pêcheurs sur pilotis qui bordent la Rance … Bois cérusé, cordages, ocre des voiles de vieux gréements (Voilerie Richard). « Retour des îles » s’inspire des expéditions des découvreurs malouins et de la douceur des Mascareignes : lit à baldaquin

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en bois exotique vengé habillé de lin teinté moka et de nuances Tessin (peintures Couleurs de Tollens), mobilier (Maison du Monde). Les affiches du Festival Littéraire « Étonnants Voyageurs » invitent à l’évasion. « Quai N°7 », c’est l’univers portuaire de la Cité Malouine qui inspire de nombreux artistes peintres et photographes. Les docks, les sacs de jute, les grumes et agrumes, les balises et le métal rouillé par les longues traversées des océans. C’est un lien entre le passé maritime qui a bâti la réputation de Saint-Malo et le dynamisme économique présent et futur. Hublots, poutres métalliques, bois brut et zinc. Coin salon

avec des bannettes de marins montées sur roulettes (Maison du Monde), en guise de canapés, mange debout en bois brut et métal, coussins en forme de sacs de marchandises, pochoirs numérotés sur les murs. « Lumières de la baie » est dédiée aux couleurs de la baie du Mont-Saint-Michel : gris brume, sable et nacre (Couleurs de Tollens), consoles laquées blanches (Fly), tête de lit en bois flotté (Hanjel Athezza), luminaires des 4 points cardinaux (Maison du Monde), tapis de galets et canapé en suédine gris minéral, tableaux en relief blanc ivoire tels les traces laissées par la mer sur le sable quand elle s’est retirée, au gré des marées… Deux appartements d’hôtes situés de plain-pied et dédiés aux longs séjours viennent compléter l’aménagement de la Villa. Nouvellement aménagés sous forme de gîtes (coin cuisine équipé, salon, chambre et espace douche à l’italienne), ils permettent de séjourner de manière totalement indépendante, tout en accédant aux espaces salons et terrasse de la Villa. « Fleur de sel » est un petit duplex habillé de bois brut cérusé, de lin ponctué de fleurs de marais et de bois flottés. Le décor nature et iodé des Marais Salants est un rappel du lien historique et fraternel qui s’est noué entre les paludiers de Saint-Suliac sur les bords de Rance et ceux du Pays Guérandais. Une terrasse privative en bois permet de profiter pleinement de l’exposition Sud-Ouest de l’appartement. •••

Haute Bretagne Privilège I 43


••• Enfin, le « P’tit Comptoir de la Plage » décline l’esprit rétro et délicieusement désuet du bazar de plage épicerie situé au rez-de-chaussée de la Villa, au début du siècle dernier. L’alcôve du salon a été entièrement habillée d’une carte postale originale datant de 1905, représentant au recto, la façade de la Villa. Agrandie et retouchée par un ami graphiste (Studio Graphique Le Guérinel), le canapé est comme posé devant la Villa au cœur de la place du village. Un petit groupe d’enfants en costumes marins, chargés d’épuisettes et de nasses à crabes, se détache à proximité et semble revenir de la plage du Havre de Rothéneuf située en bas de la rue. Le verso de cette carte postale est empreinte de nostalgie et l’écriture appliquée retrace les échanges entre l’une des plus anciennes familles de Rothéneuf, propriétaire des premières pensions de famille et les cousins parisiens venus passer leurs vacances dans ce petit village de bord de mer. L’atmosphère balnéaire et familiale qui demeure encore

44 I Haute Bretagne Privilège 2013

aujourd’hui dans ce petit coin de Saint-Malo est parfaitement illustrée par ces quelques lignes authentiques. Le charme se prolonge par une décoration d’ambiance rétro avec le mobilier bistrot en partie chiné dans les brocantes de la côte. Le timbre d’office, le petit coin repas style zinc de troquet, les plaques émaillées de publicités d’époque, les vitrophanies évoquant scènes de régates, pêche à pieds et bains de mer dans les criques alentours viennent compléter de manière ludique l’ambiance cosy et désuète de ce petit pied-à-terre de vacances. Villa Esprit de Famille Myriana et Jean-François Deloustal 19, place du Canada 35400 Rothéneuf / Saint-Malo Tél. 02 99 20 12 30 ou 06 81 27 12 35 contact@villaespritdefamille.com www.villaespritdefamille.com


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Le «Théatre de la Ville de Saint-Malo» propose tout au long de l’année une programmation variée avec, pour la saison 2013-2014, des têtes d’affiche de grande qualité comme : ”Race“ avec Yvan Attal, ”Voyage au bout de la nuit “avec Jean-François Balmer. Côté Musique, Les Ballets Jazz de Montréal offriront du grand spectacle, tandis que les enfants retrouveront le Chocolat Théâtre avec ”Motordu“ intra-muros au théâtre Chateaubriand. Textes : Miguel de Quidico / Photos : D.R.

Saint-Malo

Une saison culturelle Race

Texte de David Mamet, mise en scène Pierre Laville avec Yvan Attal, Thibault de Montalembert, Sara Martins, Alex Descas.

Un cabinet reconnu, deux avocats associés, l’un blanc, Jack Lawson, l’autre noir, Henry Brown, une stagiaire noire, jeune femme brillante et directe engagée par Jack Lawson contre l’avis de son partenaire. Un homme sollicite leur aide, un blanc, accusé de tentative de viol sur une noire. Une affaire délicate, liée à d’écrasants préjugés qu’il est difficile de contourner, de dépasser. Au travers de cette pièce percutante, portée par des dialogues fulgurants, sur les préjugés raciaux, les contradictions et les mensonges qu’ils génèrent, David Mamet pose un regard incisif sur certaines hypocrisies sociales. Le grand succès new-yorkais de David Mamet marque les débuts au théâtre de Yvan Attal. Cette pièce a été jouée 350 fois à Broadway, à l’Ethel Barrymore Theatre, dans la mise en scène de l’auteur.

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Voyage au bout de la nuit

Une adaptation de l’œuvre de Louis-Ferdinand Céline signée Nicolas Massadau et mise en scène par Françoise Petit, magistralement interprétée par Jean-François Balmer.

Intense, sobre, posé, authentique, Jean-François Balmer s’empare, s’imprègne du langage très parlé et argotique de Céline, faisant admirablement sien ce parcours initiatique, cette quête de soi saisissante de vérité, laissant percevoir subtilement les failles, douleurs et interrogations de Bardamu. Il manie par ailleurs avec maestria un style faussement simple dont il délivre la poésie et la musicalité. Cette “symphonie littéraire” (ainsi que l’appelait Céline) sombre, désenchantée, mais souvent drôle, pouvait difficilement trouver plus bel interprète. Décor de nuages nocturnes en vidéo, lumière, musique et son - très travaillés - donnent à ce moment porté par une interprétation exceptionnelle, une étoffe poétique profonde.


Ballets Jazz de Montréal

Culture Saint-Malo

Sous la direction artistique de Louis Robitaille, la compagnie de renommée internationale BJM, nous revient avec un programme mixte réunissant trois chorégraphes contemporains prolifiques : le Français Benjamin Millepied, le Sino-Canadien Wen Wei Wang et l’Israélien Barak Marshall. Célèbres pour leurs séquences virtuoses et leur esprit aventureux, ils retravaillent, font rebondir et propulsent les pas classiques à des vitesses vertigineuses. Chacun fait ressortir, dans le langage qui lui est propre, la puissance physique des superbes interprètes et la profondeur des émotions qu’ils évoquent. Une soirée éblouissante en perspective ! “Danser pour le pur plaisir de la chose est la marque de commerce de BJM. Ce groupe tissé serré de danseurs engagés et apparemment inépuisables s’est imposé, au fil du temps, comme l’un des grands succès de la danse canadienne.” Dance Magazine

Motordu de Pef Mise en scène : Bruno Denecker avec Carine Cotillon, Patrick Alaguerateguy, Bruno Denecker

La famille Motordu parle très bizarrement. Une nuit, le Prince de Motordu et sa Princesse Dézécolle sont réveillés. Blottis sous leur chouette, ils sont pétrifiés à l’audition de poux dans le mur. Le Prince se lève tout de blême et enfile sa rose de chambre. Muni de son chaton, il part dans les couloirs du chapeau où il rencontre dans le grenier un fantôme, qui n’est autre que son ancêtre descendant du grand arbre génialogique, le Chevalier de la Motte Ordure, mort empoissonné… Une performance qui a reçu l’autorisation de diffusion dans les écoles par les extincteurs de l’Éducation Nationale et leurs groseillers pédagogiques... C’est dire !

Informations et réservations sur www.theatresaintmalo.com

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Privilège

la fontaine aux BIJOUX BIJOUX aux fontaine la Quand la maison Prieur de Rennes découvre la Fontaine aux Perles, cela donne la fontaine aux bijoux, alliance de luxe et d’art de vivre Photos : pascal Kyriazis


PRIEUR Bracelet or jaune et diamants Bague or gris diamants et cĂŠramique noire Bague or rose quartz rose et diamants Bracelet or gris et diamants


PRIEUR Collier or jaune tresse Bague or jaune diamants saphirs bleus et verts Bague or jaune “Tissia�


PRIEUR Bague or gris prasiolite, amĂŠthyste et diamants Bague or gris saphirs multicolores et diamants


PRIEUR Alliance or gris tour complet diamants coussins Montre CARTIER ballon bleue acier sur cuir Montre CARTIER tank anglaise or gris


PRIEUR Bague or rose quartz rose Anneau or jaune Bague or rose pierre de lune orange Bague or rose prehnite


Art de vivre Saint-Grégoire Un savoir-faire exceptionnel, un savoir être irréprochable, un savoir-vivre. l’essentiel au rythme des saisons… Textes : Hélène Roulet Photos : pascal Kyriazis et D.R.

Le Saison

David Etcheverry en son jardin secret

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our tous ceux qui déplorent qu’il n’y ait plus de saisons, il n’y a qu’un lieu pour les retrouver authentiques. À Saint-Grégoire, tout près de Rennes, Le Saison vous permet de redécouvrir les saveurs et l’ambiance estivales, automnales, hivernales ou printanières, tout au long de l’année, à travers les menus d’un grand chef étoilé mais également en profitant de l’un des cinq patios qui sont de vraies belles chambres dignes d’un grand hôtel. Des chambres spacieuses, lumineuses et confortables en tous points, dont les jardins donnent à chacune sa vraie personnalité. En effet, chacune possède son jardin privé mis en scène et réalisé par David Etcheverry et son équipe.

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David Etcheverry est un homme qui aime les choses épurées, surplus est superflu… mais ne le croyez en rien minimaliste. Il pense à tout et aime être présent sur chaque détail et vous étonner toujours plus sans en rajouter, tant dans sa cuisine qu’à travers le lieu où il vous accueille. Vous pourrez ainsi savourer toute sa générosité et vous laisser séduire par ses mets d’une finesse incroyable, comme le tartare de bonite coco et concombre ou la truite sauvage de ligne - purée de carotte vanille – févettes et lait d’amandes ou encore le maquereau mariné ponzu et aubergine fumée. Laissez-vous charmer par l’environnement de son établissement où le moderne et la nature s’unissent à la perfection.


Aux beaux jours, vous apprécierez tout autant la terrasse ouverte sur le jardin que ce joli couloir d’eau qui vous invite à la détente. Dans le restaurant, où la lumière sublime la couleur et révèle l’intelligence de la décoration, vous serez accueilli par une équipe à la fois soignée, souriante et très pertinente. Une équipe tout simplement à l’image du maître et de la maîtresse de maison, dont nous n’oublierons pas l’accueil très chaleureux et ce repas fabuleux que nous avons eu la chance de pouvoir apprécier avec le plus grand plaisir. Gourmets et gourmands, ne manquez point cette adresse où vos yeux et papilles risquent fort de rester en émoi et d’inscrire ce lieu de bonheur à jamais dans vos mémoires. Le Saison 1, impasse du vieux Bourg 35760 Saint-Grégoire - Tél. 02 99 68 79 35

Miss Hype La newsletter féminine rennaise P ourquoi miss Hype ? Hype normalement c’est la jeune femme dans le coup. Notre définition, c’est plutôt la femme curieuse de tout : des sorties, des boutiques, des expos, des événements sportifs, des personnes, des livres, de la culture mais elle n’a pas toujours le temps de s’informer. Voilà pourquoi la newsletter Miss Hype a été créée à Rennes. Notre miss reçoit directement dans sa boîte mail les informations essentielles de sa ville : où sortir, le coin des dénicheuses (endroit insolite ou nouveau), que faire le week-end en fonction du temps (car on est en Bretagne), le coup de cœur de son libraire

et la recette de saison. Et en plus c’est gratuit : inscrivez-vous vite ! Le site Internet sera relooké pour la rentrée afin de rajouter des rubriques que nos lectrices nous ont demandées : je préfère garder la surprise de ces nouveautés. C’est chouette les surprises non ? Face au succès (de 2 500 abonnées, nous sommes passés à 4 889 !), nous envisageons de créer une newsletter à Nantes, Toulouse et pourquoi pas une qui engloberait Dinard / Cancale / SaintMalo ? Vous êtes enthousiaste, vous aimez l’aventure, vous êtes bosseuse et motivée. Contactez-nous ! contact@miss-hype.fr - www.miss-hype.fr

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Art de vivre Saint-Malo

Il a conquis les tables des plus grands chefs à Paris comme en province. Présenté dans de petits pots discrets ou en palets parfumés frappés des initiales des grandes maisons, il fait patienter l’épicurien qui le savoure sur une tartinette de pain artisanal. Aux saveurs finement iodées, aux parfums de piment d’Espelette, au Yuzu aux tonalités d’agrumes, aux algues, à la vanille pour les pâtisseries et desserts, le beurre Bordier, c’est la rencontre d’une passion et d’un terroir.

Bordier le beurre des Chefs Textes : Constantin Parvulesco / Photos : C.P.

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vant le beurre, il y a l’histoire d’une famille de fromagers affineurs. Jean-Yves Bordier passe son enfance dans la crèmerie familiale avant de reprendre, en 1984, le comptoir de la rue de l’Orme à Saint-Malo intra-muros, l’une des rares maisons épargnées par les bombes. Là, les fromages, des productions fermières de toute la France, résultat de relations privilégiées tissées au cours des ans, sont retournés, brassés, essuyés, frottés de paille, brossés, lavés au vin blanc parfois afin de les offrir juste à point, mûrs à cœur. De fromage en crème, de beurre en baratte, une première création originale voit le jour, rencontre entre la terre et la mer : le beurre aux algues. Rapidement, il acquiert ses lettres de noblesse grâce à Éric Lecerf, chef cuisinier chez Joël Robuchon qui le remarque et l’associe à sa cuisine. Toujours produit, ce beurre marin par excellence tire son intensité gustative d’algues particulièrement iodées et finement fumées dans ses tons

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rouge, vert et noir qui colorent joliment les assiettes. C’est le début de l’aventure. Celle-ci conduira Jean-Yves Bordier à reprendre toute la chaîne de fabrication artisanale du beurre, créant ainsi un véritable conservatoire du beurre. Dans la petite manufacture beurrière de Noyal-sur-Vilaine, sont ainsi élaborés « sur-mesure » des produits pour les plus grands chefs, avec des taux de salage, des formes et des saveurs spécifiques. Qualité et savoir-faire La qualité d’un grand beurre vient avant tout de celle des laits collectés auprès des élevages des terroirs bretons et normands voisins. Vient ensuite le barattage, première opération de transformation de la crème grâce à une agitation à basse température séparant le beurre du babeurre. Cette technique traditionnelle, la seule permettant d’obtenir un beurre de grande qualité par opposition au butyrateur industriel, est exclusivement employée pour les beurres Bordier.


e tr n e e v ê r Un r e m t e e rr e t Les flocons agrégés en motte de 50 kg subissent ensuite un malaxage semi-manuel, une technique datant de la fin du XIXe siècle, servant à assembler et retravailler des beurres de différentes origines, ce qui présente l’avantage de donner au beurre une finesse et une texture particulière. Le malaxeur, dont le plateau et la vis sont en teck, fait perdre de l’eau au beurre qui, en « pleurant », développe des qualités gustatives, une profondeur et une plus grande complexité d’arômes ainsi qu’une texture plus soyeuse. Le temps de malaxage diffère suivant les saisons : 25 minutes en hiver contre seulement 15 minutes l’été. Le salage s’effectue manuellement durant cette opération de même que l’apport d’épices comme pour les beurres au piment d’Espelette par exemple. Baratté, malaxé à la main, salé à la volée, le beurre Bordier est ensuite mis en forme à l’aide de palettes de buis, d’où l’expression « taper le beurre », soit pour fabriquer des plaquettes, soit pour confectionner, pour les grands chefs,

des portions qui ont chacune leur forme propre et unique. Ce façonnage manuel des mini-beurres requiert une grande dextérité afin d’obtenir des cônes réguliers qui, une fois estampés d’une marque en bois gravé, deviennent des palets parfaitement ronds portant le symbole ou les initiales de telle ou telle grande maison. La collection Bordier Une collection de sept variations autour du beurre, doux bien sûr, mais aussi salé, Bretagne oblige ! Si jadis le rôle du sel n’était que de conserver, aujourd’hui c’est devenu une marque de terroir du beurre. Il est demi-sel avec moins de 3 %, salé au-delà. C’est aussi un beurre au sel marin « fumé », comme le veut la tradition norvégienne. L’association de différentes épices comme le poivre, l’oignon et le curry, lui apporte une grande richesse aromatique. Un beurre de saison, qui fera merveille, tout simplement fondu sur un poisson au •••

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Art de vivre Saint-Malo

ieders Chefs d Bor le beurre

••• four. Plus tendance, le beurre au Yuzu, un agrume asiatique dont le zeste est très utilisé en cuisine japonaise, apportera élégance et fraîcheur citronnée aux tonalités de mandarine à une cuisine créative. Jean-Yves Bordier, c’est aussi la fromagerie de l’avenue du Révérend Père Umbricht à Saint-Malo hors les murs, La Fromagée aux halles centrales de Rennes et bien sûr la crèmerie historique Intra-Muros au numéro 9 de la rue de l’Orme à laquelle est venue s’ajouter une boutique traiteur. Ouvert depuis peu le Bistrot « Autour du beurre » signé Bordier : un lieu de convivialité autour du vin, une table sans carte et une ardoise du jour avec des plats simples renouvelés au gré du marché.

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Chaque hôtel de la Collection MGallery met en scène avec talent une personnalité et une histoire uniques que le voyageur est amené à vivre à travers l’architecture, la décoration et les services. Tous sont inspirés d’une des trois atmosphères propres à la

Collection. Parcourez des lieux chargés d’histoire dans les hôtels « Heritage » ou entrez dans l’univers esthétique des hôtels « Signature ». En ville ou dans un cadre naturel, les hôtels « Serenity » sont des havres de paix où se relaxer.

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I 59 M G A L L E R Y , U N E C O L L E C T I O N D ’ H Ô T E L S « M E M O R A B L E » : E U R O P E - A F R I Q U E - M O Y E N - O R I E N T - C A R A Ï B E S -Haute A S I E Bretagne - P A C I FPrivilège IQUE


Art de vivre

6 bonnes adresses, 6 excellentes tables, 6 caractères, 6 vues sur le large ou les terres, pour une promenade sous le signe de l’art de vivre en terrasse ou en salle, côté jardin ou sur les toits de 6 établissements de bord de mer reconnus pour leur qualité, le soin apporté à la sélection de leurs produits et leur implication dans la défense d’une gastronomie originale ancrée dans ce terroir de haute Bretagne entre terre et mer.

les étoiles en bord de mer Texte : CONSTANTIN PARVULESCO / Photos : C.P.

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Le Bénétin Au-dessus des rochers, au bout du monde

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u milieu des ajoncs en fleurs surplombant les rochers sculptés de Saint-Malo, face à la mer, un pont de bateau tout en teck avec un équipage de dix personnes en cuisine : c’est Le Bénétin. Le phoenix de Rothéneuf renaît de ses cendres après l’incendie de 2008. Les lieux, reconstruits en bois du Canada d’un ancien hangar de pêcheur du début du siècle, s’ouvrent sur la mer à travers de larges baies ; un décor dépouillé qui fait la part belle au paysage. L’entrée côté terre est flanquée de jardins de simples, de fruitiers, d’un petit potager, qui alimentent la table en produits biologiques. Celle-ci se veut franche, semi-gastronomique, avec des prix très raisonnables à midi à partir de 20 euros€. Mais laissez le chef Arnaud Beruel « Jeune talent 2013 » s’exprimer et vous conviendrez, avec enthousiasme, que la mention « Les tables qui valent le détour » de la revue des étoilés du Michelin se révèle bien méritée. Emblématique de la maison, la plancha de gambas et encornet, propose, sur un riz vénéré au gengiro parfait, l’accord ferme et croquant de l’encornet et des gambas. Une belle longueur en bouche inattendue et des saveurs complexes relevées des touches légèrement poivrées des fèves grillées de gengiro auxquelles roquette et épinards frais apportent du corps et une légère amertume parfaitement équilibrée. Grand classique de la mer, le filet de barbu revisité accompagné d’une dentelle de Bellota, d’un œuf à la coque et d’asperges vertes savourées face à la mer, sur le pont ombragé d’un grand tau en toile à voile… Voilà qui évoque le déjeuner en mer d’un patron de pêche au bec fin. L’accord est remarquable entre le Bellota, les légumes et le barbu. La maîtrise et la précision des assaisonnements, le tout lié par le moelleux de l’œuf coque donnant du corps aux légumes et répondant à la fermeté du poisson juste saisi, offre une belle plénitude que le basso continuo d’une purée à la fourchette humectée d’une sauce goûteuse soutient élégamment. Pour conclure, un cheese-cake menthe citron, moelleux, savoureux, frais, avec une pointe de saveur exotique de mangue étonnante de légèreté, offre un final très abouti.

La part belle au paysage

Le Bénétin Les Rochers Sculptés Rothéneuf 35400 Saint-Malo Tél. 02 99 56 97 64

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Le 5 Dans les nuages et les embruns

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’Hôtel de France, l’une des institutions de la cité corsaire, vient d’achever une campagne de rénovation de ses chambres qui aura duré plusieurs années. Chateaubriand est né dans ses murs, c’est dans une maison de cette même rue étroite qui longe l’hôtel où Jacques Cartier a vu le jour en 1491. Après avoir ouvert son fameux restaurant sur les toits, il a enfin obtenu l’autorisation d’araser les cheminées devenues inutiles et de dégager ainsi une vue unique dégagée à 360° sur toute la cité, le Sillon et la baie de Saint-Malo. Au rez-de-chaussée, côté cour, un coin lounge offre à présent, le soir, une petite terrasse intimiste pour y savourer un cocktail. Au 5 une première toque Gault et Millau distingue depuis 2012 le jeune chef Christophe Leloup qui a trouvé ses marques avec un service maîtrisé, plus fluide, et une carte de saison courte, mais toujours renouvelée. Devenues un classique de la maison, les huîtres tièdes au combawa, capuccino iodé aux algues, mousseline de carottes aux agrumes ou encore le strate de chair de tourteaux et potiron, romaine, graines torréfiées, offrent un bel équilibre entre créativité et classicisme. Les cuissons sont toujours parfaites comme celles des filets de rouget snackés qu’accompagne une conchiglione aux coquillages et une purée « azukis ». Un plat fin et savoureux avec un bel accord du haricot japonais qui vient arrondir les saveurs plus affirmées de la pasta farcie d’une julienne de fruits de mer. Côté vin Chablis, Sancerre, Pinot blanc d’Alsace des meilleures maisons y sont très abordables de même que la formule trois plats de déjeuner à moins de 30 euros.

Une petite terrasse intimiste pour y savourer un cocktail

Restaurant Le 5 Hôtel France et Chateaubriand 12, place Chateaubriand - 35412 Saint-Malo Tél. 02 99 56 66 52

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Château Richeux Un rêve au creux de la baie

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oici une villa pleine de charme avec son air de manoir. Construite en 1925 pour Madame Shaki, une demi-mondaine maîtresse de Léon Blum, et rachetée en 1992, le chef Olivier Roellinger a entièrement rénové cette propriété qui offre, au milieu de jardins et de terrasses, une douzaine de très belles chambres et suites avec une vue splendide sur la baie du Mont-Saint-Michel. Dans la salle à manger, « Le Coquillage » propose déjeuner et dîner dans un cadre élégant, à moins qu’aux beaux jours on y préfère la simplicité champêtre de la pinède aux pieds de la villa. Monsieur Rodolphe, le maître des lieux, et le jeune chef Jérôme Aumont veillent à un service fluide et discret et une cuisine de grande qualité autour de produits frais sélectionnés pour les Maisons de Bricourt auprès de pêcheurs, cultivateurs et producteurs entre Mont-SaintMichel et Saint-Brieuc. Dès la mise en bouche élégante, orientale, commence un voyage tout en douceur aux pays des épices, nous sommes chez Olivier Roellinger. Une simple assiette de 3 huîtres, symbole de la maison, sublimées par les épices douceur et précision ouvre le bal, suivie d’un carpaccio de lotte très fin, suave, zen, évanescent. Rien que la mer. Une chair d’araignée de mer en bouillon flibustier d’une grande complexité aromatique révèle tout l’art de la maison sur une palette de saveurs et d’épices, où piment guarillo, gingembre, estragon et coriandre se mêlent aux perles d’or safranées du bouillon... Le homard au cacao piment et Xérès, hommage au Cancalais Daniel de la Ravardière, chasseur d’épices et fondateur de São Luís do Maranhão au Brésil, joue pour sa part la présence du cacao plutôt sur le corps que l’épice, quoique les fins éclats amers qui la parsèment rehaussent la chair du crustacé. La cuisson douce du bar de ligne à l’huile de sureau et ses légumes de saison, carotte, artichaut et asperge, sur une émulsion légèrement fumée acide, offrent une cuisson d’une précision remarquable. Le plat est servi presque tiède à une température idéale, naturelle, pour exalter les parfums étranges de fleur de sureau et découvrir un monde nouveau de saveurs, épicé tout en légèreté, suscitant la curiosité. La course aux épices s’achève sur un sorbet sublime, presque une glace, un fondant très homogène qu’une meringue au gingembre accompagne et vivifie.

Un voyage tout en douceur aux pays des épices

Château Richeux Restaurant Le Coquillage Route du Mont-Saint-Michel 35350 Saint-Méloir-des-Ondes Tél. 02 99 89 64 76

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Tirel Guérin La mer est dans l’assiette

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oyé dans la verdure, entre Saint-Malo et Cancale, chez Tirel Guérin, c’est dans l’assiette qu’on savoure la mer grâce à Remy Morando étoilé Michelin depuis treize ans, autant dire une valeur sûre et une maîtrise hors les modes. Il propose une carte bien équilibrée de produits locaux avec, par exemple, un Saint-Jacques en filo, foie gras chaud, sauce Grand Marnier, qui reflète parfaitement l’esprit de la maison : classicisme et hardiesse mesurée, originalité assumée sur des bases traditionnelles. Le foie gras y est travaillé comme une épice du Saint Jacques auquel les petits légumes apportent du corps avec une texture harmonieuse liée par une pointe d’orange. Une belle présence gustative sucrée-salée, soutenue par l’originalité des accords. Autre variation autour des Saint-Jacques marinées cette fois et accompagnées d’un tartare d’huître au gingembre. La nature pure, relevée du final épicé du gingembre parfaitement dosé pour lui offrir une complexité et une longueur en bouche splendide qui n’écrase pas la délicatesse des produits mais la sublime dans un contraste maîtrisé de textures et de saveurs. Côté viande, son filet de bœuf crème de chou-fleur, beurre truffé sauce Amaretto cacaotée, célèbre le mariage surprenant du beurre de truffe et du cacao sur le lit d’une onctueuse crème de chou-fleur légèrement poivrée. Un vrai bonheur de fêter les retrouvailles avec la viande de saveur forte, virile et douce à la fois soutenue des notes vineuses d’amandes torréfiées de l’amaretto. Côté cave, Tirel Guérin s’exprime sous le regard attentif d’Alban avec une trentaine de Whiskys, quarante Cognac et alcools blancs, plusieurs millésimes de Calvados dont un de 1957, quarante références de Champagne, une valse de grands crus de Bourgogne Chambertin et Romané, une cave fabuleuse où les grands Bordeaux ne sont pas oubliés avec de belles têtes d’affiche comme les Saint-Émilion Ausonne, Graves, Haut-Brion, Yquem Saint-Julien. Côté logis, l’hôtel repris par Chantal et Pascal Duval a reçu sa quatrième étoile en 2012 et propose piscine couverte, spa, sauna, jacuzzi. Il s’est associé à Jean Brousse pour créer un événement culturel « Le Printemps des Ondes » dédié à la culture bretonne avec, pour la première édition 2013 qui eut lieu en mai, une présentation d’Érik Orsenna et une performance de Gonzague Saint Bris.

Contraste de textures et de saveurs

Maison Tirel Guérin Hôtel Restaurant 1, Le Limonay 35350 Saint-Méloir-des-Ondes Tél. 02 99 89 10 46

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Hôtel de la Vallée Élégance et sérénité au clair de lune

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wendal Tanazacq, maître restaurateur formé chez Tirel-Guérin dont il a hérité la maîtrise et le goût pour la perfection artisanale et Laetitia Tanazacq qui pour sa part a commencé sa carrière au Château Richeux où elle a été distinguée meilleur maître d’hôtel dans le guide le Pudlo, voilà un duo idéal pour diriger cette vieille maison de tradition fondée en 1892. Entièrement rénovées en 2010, ses 26 chambres délicieuses - dont plusieurs avec vue sur la mer - surplombent la pointe du moulinet et la cale du bec de la Vallée. Dans un style plutôt dépouillé, zen, on y respire une ambiance sereine et apaisante. La carte très serrée qui propose un poisson du jour est plutôt raisonnable. Côté vin, juste assez de belles bouteilles pour rêver, une vingtaine de champagnes millésimés et une remarquable sélection dans tous les terroirs de vins bio, servis également au verre. Pour commencer, un choix de tapas apéro donne envie de prendre son temps sur la jolie terrasse ensoleillée. Les fruits de mer sont au rendezvous mais aussi les ormeaux servis avec une fine émulsion en toute simplicité accompagnée de la fraîcheur d’une garniture de choux épicés, relevée de citron. Le capuccino de langoustine et cacao est ensuite une révélation, la cuisson parfaite, une couronne de crème subtile et délicate ; les notes onctueuses du chocolat, la légèreté de l’émulsion, saveur et texture, s’harmonisent en douceur avec un final relevé adouci par le moelleux du cacao qui répond au fumet épicé de la langoustine d’une belle longueur en bouche. Original, avec beaucoup de finesse sur des épices précises, c’est une vraie réussite. Le talent et la maîtrise du chef, ni snob ni prétentieux, se confirment avec un délicieux pigeon tout en finesse, rosé, charnu sous une légère croûte de sel, servi sur une fine purée de céleri et des petits légumes. Les amateurs de grand large ou de longues promenades ne sont pas oubliés avec un élégant et savoureux panier randonnée à 25 euros. Riche de son succès, l’hôtel de la Vallée ouvrira à la fin de l’année, après rénovation complète, une nouvelle annexe dans une élégante villa du centre de Dinard.

Ambiance ante s i a p a t e e n i e r se

Hôtel - Restaurant de La Vallée 6, avenue George V Dinard Tél. 02 99 46 94 00

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La Fontaine aux Perles Les 20 ans de la Fontaine aux Perles à Rennes

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oilà tout juste vingt ans, Rachel Gesbert, enfant de la Bouëxière, ouvrait son restaurant de La Fontaine aux Perles au Manoir de La Poterie. Il y incarne depuis sa passion pour les produits de la mer et du terroir, explorant avec enthousiasme et dynamisme toutes les ressources de sa Bretagne natale. Sa cuisine imaginative et soucieuse de qualité est ainsi devenue en deux décennies l’une des références gastronomiques de Rennes. Le manoir de la Poterie s’organise, dans un décor sobre, moderne et dépouillé, en une suite de salons thématiques ouvrant sur une terrasse apaisante au milieu d’un jardin. L’équipage de La Fontaine aux Perles, forte de près de 25 personnes dont Sophie, la maîtresse de maison et Romy qui vient de rejoindre son père aux fourneaux, assurent comme toujours un service rapide, fluide et attentionné avec une seule devise « ne jamais décevoir ». Cet écrin de verdure au cœur de Rennes propose outre une table gourmande, une cave splendide riche d’une très belle sélection de plus de 200 références de champagnes, qui vient de lui valoir d’être sélectionné par Alain Marty pour les réunions mensuelles de son Wine & Business Club de Rennes. En cuisine, Rachel Gesbert soucieux de préserver un patrimoine culinaire régional, fait preuve avec subtilité d’une grande créativité. Un tartare de thon accompagné d’une fine brandade et d’un gaspacho onctueux plein, rond, équilibré, redevient une vraie découverte. La carte propose, par exemple, variation originale d’un plat de brasserie, une salade de tête de veau en médaillon, petits légumes croquants. Quant au désossé de pigeonneau au foie gras, la cuisson parfaite des filets tendres et savoureux est suavement relevée d’une fine sauce au Bourgueil. Mais, c’est du côté des produits de la mer que Rachel Gesbert fait preuve du talent le plus sûr avec, par exemple, un cabillaud à la croute de chorizo ou un saint-pierre au lait de badiane et coquillages qui sont de pures merveilles. Le prix des menus reste très raisonnable : le retour du marché, entrée plat et dessert sur les suggestions du chef à 25 euros au déjeuner du mardi au samedi inclus, le menu Perle de Cristal à 39 euros. Petit plus, les amateurs de cigares y seront bien reçus, le chef est un aficionado !

Une pause gourmande dans un beau jardin en centre-ville

La Fontaine aux Perles Manoir de La Poterie 96, rue de La Poterie 35200 Rennes Tél. 02 99 53 90 90

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Art de vivre CANCALE Depuis toujours les épices font rêver. De Marco Polo à Vasco de Gama, de Jacques Cartier cherchant une nouvelle route des Indes à Mahé de la Bourdonnais découvrant l’île Bourbon, l’or et les épices balisent les routes de l’exploration du monde. Texte : Miguel de Quidico / Photos : C.P.

Épices

Roellinger

Une aventure des sens

Un voyag e au bout des sav eurs

L

eur parfum est un voyage ; leurs saveurs, une aventure intérieure ; les fragrances subtiles et sucrées des vanilles et cannelles des îles lointaines, un appel à la volupté... Comme Venise, Saint-Malo fut, des siècles durant, un immense coffre-fort à épices et c’est en toute logique qu’une nouvelle gastronomie inspirée des épices est née sur cette terre. Olivier Roellinger y a passé son enfance avant d’y ancrer sa vie de créateur. C’est à Cancale, à La maison du Voyageur adossée à l’ancien restaurant La Maison de Bricourt que les épices sont séchées, étuvées, torréfiées au besoin, broyées, moulues, pesées et dosées pour obtenir ces assemblages qui ont fait et font encore le « style Roellinger ». On y découvre un vaste choix de poivres et de vanilles de diverses provenances, cardamome et macis, cannelle et piment, trésors du Nouveau Monde et de l’Orient rassemblés dans de vieilles armoires de bois patiné imprégnées de parfums. De précieux flacons conservent les assemblages d’épices dont le nom seul est déjà une invitation au voyage : Poudre d’Or, Rêve de Cochin, Retour des Indes, Grandes Caravanes. On les retrouve au cœur de Saint-Malo, au comptoir des Épices Roellinger de la rue Saint-Vincent ou encore à Paris rue Sainte-Anne entre Opéra et Palais Royal avec une cave à vanilles où est affinée une vingtaine des plus grands crus de cette sublime gousse. L’univers Roellinger, c’est aussi des livres, des recettes, des mémoires, toute une poésie autour des épices avec leurs saveurs et les rêves qu’ils suscitent. Poussez la porte de l’un de ces comptoirs et c’est tout un univers de couleurs chaudes, de voyages et de soleil qui s’offre à votre imagination ; et une palette chatoyante de poudres magiques, à votre créativité culinaire.

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Style

Valise femme Vêtements de la boutique Carioca à Dinard, sac Sequin, Nu-pieds Balnéaire, ceinture Domino et autres accessoires de la Maroquinerie Renouard à Dinard

Sur le départ… quelques idées pour vous permettre d’emporter avec vous des tenues élégantes et décontractées.

Les indispensables TEXTE : Nicolas Boileau / PHOTOS : pascal Kyriazis

à mettre dans sa valise

Valise homme Vêtements de la boutique Paraggi à Dinard, trousse de toilette Voyage, tennis Boston, ceinture Domino et autres accessoires de la Maroquinerie Renouard à Dinard

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Alban, Frédéric, Christèle, Laurence et Pierre vous accueillent à Rennes et mettent à votre disposition leur sens de l’écoute et leur savoir-faire. L’équipe dynamique s’appuie sur son professionnalisme pour répondre à vos envies et vous présentent des montures séduisantes sélectionnées auprès des créateurs les plus talentueux.

Philippe Taillandier Opticiens, Tradition et Tendances.

Philippe TAILLANDIER Opticien - 4, rue d’Orléans - Rennes - Métro République Haute Bretagne Privilège I 69


ENTREPRISE SAINT-MALO

Depuis maintenant 20 ans, la Fiancée du Mékong décline les tissus, les formes, les motifs et les couleurs acidulées en une gamme de produits, vêtements, accessoires et objets de déco tendances et éclatants. Avec ses cinq adresses en France, à Saint-Malo, Nantes, Paris, Marseille et Roppenheim, la belle s’exporte désormais hors des frontières hexagonales et a ouvert, en 2012, un concept store à Bruxelles.

La Fiancée du Mékong

T

TEXTE : Stéphanie Roy / PHOTOS : D.R.

Un rêve en couleurs

out commence en 1994. À l’époque, Pascale Mordret en bonne fille de Malouins, est passionnée de voyages. Elle sillonne le globe et tombe amoureuse de l’Asie du Sud-Est, de sa lumière, de ses couleurs et de la qualité et la grande variété de son artisanat, et rapporte, de ses tribulations exotiques, quantité d’étoffes et d’objets d’art glanés ça et là sur les marchés du Delta du Mékong, de Thaïlande, du Laos, d’Inde ou de Bali. « Mon premier voyage m’a menée en Thaïlande. J’ai été conquise par cette douceur de vie, ces matières, ces couleurs. D’emblée, je trouvais que certains éléments de cette culture s’adapteraient parfaitement à nos vies occidentales ». Après quelque temps passé à exercer son art et confectionner des pièces uniques qui rencontrent un succès immédiat dans son entourage, le moment est venu de voir plus grand et de donner à sa passion un élan nouveau. Qu’à cela ne tienne,

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Pascale Mordret, à l’origine de l’aventure de La Fiancée du MÉkong.


Prêt-à-porter femme, homme et enfant, sacs, coussins brodés, nappes, boutis, boîtes en papier mâché, photophores, guirlande de lampions... Rien n’échappe à la créativité débordante de La Fiancée du Mékong. Ses créations sont un hymne à la joie et un véritable antidote à la morosité…

nt e m e c n e Au comm ! était l’Asie

La Fiancée du Mékong

Pascale démissionne de l’agence de publicité pour laquelle elle travaille et, après une expérience parisienne qui tourne court au bout d’un an malgré le succès commercial, c’est à Saint-Malo qu’elle décide d’installer sa première véritable boutique : « Mes deux parents sont Malouins, j’ai beaucoup d’attaches avec cette ville et cette région, le choix de m’installer à Saint-Malo m’a paru tout naturel ». Inspiration, créativité, authenticité… Tels pourraient être les maîtres-mots de cette marque aux graphismes plein de vitalité dont toutes les créations sont originales et inédites. L’inspiration, elle, s’enrichit au fil des voyages et des rencontres. « J’ai un besoin viscéral de repartir sur le terrain, à la source » nous confie Pascale. Trois ou quatre fois par an, elle séjourne dans le Delta pour s’y ressourcer mais également pour les besoins de son entreprise qui s’est considérablement étoffée. Car la Fiancée du Mékong, c’est aujourd’hui une équipe de 35 personnes et un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros. Outre ses 6 boutiques, plus de 800 points de vente distribuent en outre ses créations à travers la France, l’Europe et les États-Unis mais la Fiancée a d’autres projets en tête et l’aventure est partie pour durer, encore 20 ans ? La Fiancée du Mékong 61, rue Ville Pépin 35400 Saint-Malo Tél. 02 99 19 47 90 Ouvert du mardi au samedi de 10h00 à 12h30 et de 14h00 à 19h00

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Entreprise Dinard Maréchaux, généraux aux uniformes brodés sur toutes les coutures, bicornes à plumes et épaulettes d’or, c’est à Dinard que les « Reenactor » du monde entier font faire leurs costumes pour participer aux reconstitutions des grandes heures du Premier Empire...

L’Empirreessuscité Texte : CONSTANTIN PARVULESCO / Photos : Frédéric Coune et C.P.

éritier d’une modeste teinturerie, entreprise familiale dinardaise depuis cinq générations, rien ne prédisposait Yves Guinhut, qui reprend la petite affaire de son père en 1986, à devenir le grand spécialiste mondial de l’uniforme du Premier Empire. Tout commence en 1997 avec quelques costumes en location pour des soirées à thème. Puis une rencontre, celle d’un voisin, Franck Samson, avocat parisien passionné de reconstitutions impériales en particulier dans le rôle de Napoléon qu’il personnifie dans 90 % des reconstitutions et autres films, le convainc de s’intéresser à cette période historique. Yves Guinhut va alors se passionner, comme il le dit lui-même, pour un temps où “tous les champs du possible se sont ouverts, où la France passe d’une société figée à une société en effervescence dans laquelle les fils d’aubergistes deviennent maréchaux”.

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S’investissant dans cette exaltante aventure, il devient non seulement un véritable historien du costume d’époque mais également un spécialiste de la refabrication avec des techniques originelles, de précieux savoir-faire indispensables à la création de reproductions rigoureusement fidèles. Les techniques utilisées par AntikCostume sont parfois presque oubliées et ses fournisseurs sont très souvent les derniers de leur spécialité : plumassier, brodeur à la cannetille, passementier en or et argent. Il est également parvenu à retrouver des cahiers de broderie d’époque, garantie de l’authenticité historique de tous ces costumes, conformes aux originaux jusque dans le détail et fabriqués presque exclusivement sur-mesure. AntikCostume est ainsi devenu, en quelques années, la référence en matière de reconstitutions Empire et reçoit des commandes du monde entier. Le costumier de l’empereur Devenu de fil en aiguille le costumier de l’empereur, Yves


Guinhut abandonne la teinturerie familiale pour ne plus se consacrer en 2006 qu’aux ors de l’Empire. Dans les 250 mètres carrés d’ateliers, aux portes de Dinard, une petite tenue surmesure de colonel ou d’aide de camp de l’empereur coûtera entre 2 000 et 3 000 euros, un grand uniforme de maréchal, le triple et plus encore pour des pièces d’exception comme le manteau du sacre de l’empereur recréé à l’identique. Il fut utilisé à Boulogne-sur-Mer en 2011, au cours d’une vivante reconstitution du sacre de l’empereur Napoléon 1er d’après le tableau de Jacques-Louis David. 35 personnes jouèrent la scène, tous vêtus par AntikCostume ainsi que presque toute l’assistance, tant en tenue civile que militaire. Spécialiste des costumes et d’uniformes de haute qualité, 90 % des étatsmajors dans le monde de la reconstitution napoléonienne sont ainsi « habillés par Guinhut ». Quand l’on sait que pour la reconstitution de la bataille de Leipzig plus de 7 000 participants sont déjà inscrits, cela donne une idée du volume de son carnet de commandes… À l’exception des

pièces qu’il peut trouver ailleurs et dans une qualité qui lui convient, tout est fabriqué sur place, dans l’atelier de Dinard, car « les tenues doivent être ajustées au mieux sur le client », à l’exception des broderies dont l’exécution manuelle au fil d’or serait trop coûteuse et qui sont donc sous-traitées sous le contrôle sévère d’Yves Guinhut. AntikCostume propose également des uniformes plus modestes mais non moins élégants de hussards, grenadiers, artilleurs mais aussi des accessoires de sellerie, fontes brodées et schabraques, pour les chevaux. Enfin, pour compléter les tenues, quelques répliques de sabres d’officiers de même que des décorations des grands ordres de chevalerie de l’époque sont disponibles, du grand cordon de la Légion d’honneur à celui de l’aigle noir de Prusse... AntikCostume 8, rue des Frères Boussac à Dinard www.antikcostume.com

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Sophie de Roumanie en famille et avec son père, l’ex-roi Michel de Roumanie.

Sophie de Roumanie qui vit désormais en Bretagne a accepté de se confier en exclusivité à Haute Bretagne Privilège . Interview. TEXTE : Olivier d'argol / PHOTOS : D.R.

Sophie de Roumanie

Une princesse à Brocéliande

S

ophie de Roumanie, pourriez-vous expliquer aux lecteurs de Haute Bretagne Privilège, ce que veut dire le mot “princesse” si l’on veut bien considérer le fait que vous êtes l’une des filles d’un roi qui a longtemps régné sur la Roumanie ? Quand j’étais petite, les fillettes de mon âge me demandaient si j’avais une couronne à la maison. Elles avaient bien sûr l’image des belles princesses des contes de fées, sublimes et romantiques ! Les petites filles veulent toutes être princesses à un moment donné. Moi, je voulais simplement être comme tout le monde, vu qu’être princesse c’était déjà fait ! “Princesse” pour moi veut dire avoir un sens du devoir, montrer l’exemple, être humaine, sensible, respectueuse, courageuse, et forte dans son esprit pour accomplir ce qu’il y a à faire sur la voie qui nous est tracée. “Princesse” est un tout : on grandit dans un milieu particulier. La simplicité doit aussi faire partie de notre personnalité. Nous ne sommes pas meilleures que les autres, ni parfaites non plus. La noblesse dans laquelle on est née implique tout autant la noblesse du cœur. Il faut être soi-même et donner le meilleur de soi-même dans toutes les situations et dans toutes les circonstances, avec dignité, en sachant que nous représentons quelque chose de plus grand que soi.

Bourbon-Parme, par la suite. Il a été amputé de son pays, des Roumains, de sa vie. J’ai grandi avec un homme au regard et au cœur tristes. Bien qu’endeuillé pour son pays et portant au plus profond de lui-même la souffrance du peuple roumain autant que la sienne, il a eu la force de s’adapter. Ma mère lui a été d’un soutien inestimable, et ensemble ils ont réussi à élever leur cinq filles dans la dignité et se forger une vie. Pour moi, leur exemple était une éducation en soi. J’ai grandi dans une atmosphère familiale tranquille mais il y avait cette dimension en plus qui nous unissait et que nous seuls pouvions comprendre. La douleur de l’exil était toujours présente. Mes parents nous ont appris très tôt qui nous étions et comment « le vivre » : dans la justice, en pensant à son prochain, à être au service de l’autre, à le respecter. Parfois des Roumains venaient nous voir : nous étions alors projetés dans ce monde auquel nous appartenions, mais dont l’accès nous était cependant inaccessible. Il était difficile de vivre en permanence en équilibre entre deux mondes, mais grâce à une vie de famille stable et l’exemple de mon père, mes sœurs et moi avions appris à nous adapter aux surprises de la vie et à affronter des circonstances parfois difficiles. Nous avons aussi appris à travailler dur, quelquefois plus que les autres, car certains ont des idées reçues.

Votre éducation n’a pas été celle de tout le monde. Ditesnous pourquoi ? Mon père a été contraint de quitter la Roumanie en janvier 1948 à l’âge de 26 ans. Il a épousé ma mère, Princesse de

Votre expérience des États-Unis vous a beaucoup marqué. Qu’en avez-vous rapporté ? Je suis allée aux États-Unis pour la première fois en 1982. J’ai découvert un continent extraordinaire et des gens chaleureux

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Sophie de Roumanie est photographe. Elle expose durant l’été à l’Institut de Locarn dans les Côtes-d’Armor.

et très ouverts. Je m’y suis sentie à l’aise tout de suite. J’ai trouvé là-bas un dynamisme qui me convenait parfaitement à tous points de vue. J’y ai fait plusieurs séjours, j’y ai fait mes études universitaires. J’y suis restée environ 13 ans en tout. J’ai fait le tour complet de l’Amérique lorsque j’étais étudiante. Je l’ai traversée d’une côte à l’autre en ligne droite aussi, j’ai visité les parcs nationaux, véritables joyaux. Les énormes paysages et espaces sauvages qui sont à couper le souffle m’ont beaucoup influencé côté photographique. J’ai passé des moments merveilleux dans ce pays, j’ai rencontré des gens extraordinaires aussi, j’ai fait des expériences nouvelles. Tout ceci a beaucoup enrichi ma vie. Je peux dire en toute modestie que je connais mieux les États-Unis que la plupart des Américains !

chen bien sûr. Plus important encore, j’ai trouvé un peuple au caractère bien trempé, généreux, authentique et attachant. En 2007 j’ai eu une opportunité unique de travailler avec quelqu’un qui vivait en Bretagne. Nous nous sommes donc dirigées tout naturellement dans les terres. Je pouvais ainsi offrir une vie saine et tranquille à ma fille, où elle pourrait s’épanouir dans un cadre naturel, moins pollué, loin des contraintes des grandes villes. J’ai vécu à Londres, à New York et à Paris entre autres, et bien que ces villes aient des avantages certains, j’ai choisi une vie moins compliquée, moins stressante. Comme il est souvent le cas, les choses ne se passent pas toujours comme prévu professionnellement, mais nous sommes restées. J’ai pu ainsi développer ma carrière photographique à plein temps. Vous avez beaucoup photographié la Bretagne et notamment la forêt de Brocéliande. Ce territoire “magique” est votre nouvelle source d’inspiration. Expliquez-nous pourquoi ? Ah Brocéliande ! Dire qu’elle s’étendait à travers toute la Bretagne et ailleurs ! La forêt d’Huelgoat en faisait partie bien sûr, et je m’y rends régulièrement. La magie de la forêt pour moi, c’est sa beauté, le calme qui y règne, la lumière qui se reflète sous les arbres, sur la mousse, dans l’eau, l’ancienneté de la terre, son atmosphère. Il faut prendre le temps pour ressentir toutes ces choses. Et puis il y a la forêt que l’on nomme la forêt de Paimpont un peu plus loin, le haut lieu de Brocéliande aujourd’hui : celui de Merlin, la fée Morgane, les Chevaliers de la Table Ronde, des lieux cultes, des vielles pierres ! J’ai cependant un intérêt particulier pour les arbres. J’ai fait des dizaines de kilomètres dans cette forêt. J’ai trouvé des arbres remarquables qui m’ont touché, qui m’ont ému •••

“La lumière bretonne m’a touchée et j’ai voulu explorer la Bretagne pour mieux la connaître.”

Vous vivez depuis quelques années, avec votre fille Elisabeta, dans un petit village breton près de Carhaix. Pourquoi ce choix de vie ? Tout a commencé lorsque je m’y suis rendue pour la première fois en 2002 pour voir les sites mégalithiques de Carnac. La lumière bretonne m’a touchée et j’ai voulu explorer la Bretagne pour mieux la connaître. Pendant 5 ans, j’ai sillonné cette région de fond en comble pour l’apprivoiser un peu avant de la photographier comme je voulais. J’ai parcouru des milliers de kilomètres, de la région Nantaise jusqu’à la pointe du Raz et tout ce qui se trouve entre les deux ainsi que les côtes. J’ai découvert une terre ancienne, celte et spirituelle, coloriée de légendes et de korrigans, jonchée de vieilles pierres, entourée de côtes magnifiques. J’y ai découvert les fest-noz, la dance et la musique traditionnelles. Et puis j’ai gouté les galettes au blé noir, le far et le kouign-amann, ainsi que le chou-

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En compagnie de Joseph Le Bihan à l’Office de tourisme de Carhaix où elle exposait avant l’été.

••• même. J’ai vu d’énormes géants anciens, souvent solitaires, toujours majestueux et magnifiques. S’ils pouvaient seulement parler, nous raconter tout ce qu’ils ont vu à travers les siècles ! Que d’histoires ! On ressent une certaine humilité devant un arbre millénaire. Pour moi ce sont ces moments de rencontre avec la nature qui sont magiques plus que tout et j’aime les partager à travers mes photos, faire peut-être plus apprécier la nature dont nous dépendons en temps qu’espèce et la faire aimer, la faire respecter un peu plus. Mon équipement photo est toujours avec moi, car les opportunités photographiques abondent en toutes saisons et dans tous les recoins. Il faut simplement voir ce qui est là et capturer le moment pour pouvoir le partager. Il m’est arrivé de retourner dans un endroit pendant trois ans afin de l’étudier, de le voir à chaque saison, à différents moments de la journée afin de réussir une photo. À d’autres moments, je saisis le seul et unique moment où tous les éléments pour une belle photo sont réunis. Il faut faire vite sinon le moment s’échappe à tout jamais ! Mon travail dépend de la météo. Vous exposez pendant tout l’été à l’Institut de Locarn, après avoir rencontré son génial mentor, Joseph Le Bihan. Est-ce un “plus” pour vous ? L’opportunité que Joseph Le Bihan m’a offerte d’exposer mes photos à l’Institut de Locarn, au sein du monde de l’entreprise, tant au niveau rural que régional, est un vrai plus et je lui en suis reconnaissante. C’est une excellente opportunité pour moi de développer une nouvelle visibilité, acquérir de nouveaux contacts, rencontrer de nouveaux clients, susciter de l’intérêt dans mon travail, et exposer dans un cadre autre que celui d’une galerie. C’était précisément ce que je cherchais. Le timing était parfait et le lieu approprié. Quels rapports entretenez-vous encore avec les familles royales existantes ? La Reine d’Espagne est votre marraine. Ce n’est pas banal...

“La Reine Sophie d’Espagne est en effet ma marraine.”

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La Reine Sophie d’Espagne est en effet ma marraine. Ce n’est peut-être pas banal mais pour moi cela est rentré dans le cadre naturel des choses. La mère de mon père, Hélène, la Reine Mère de Roumanie, était aussi princesse de Grèce. Lorsque mon père a quitté la Roumanie, le frère de ma grand-mère, le Roi Paul était sur le trône grec. Grâce à lui, mes parents se sont mariés à Athènes peu de temps après l’exil de mon père. Moi-même je suis née à Tatoï, la résidence d’été de la famille royale à l’époque, en dehors d’Athènes. Il semblait tout à fait naturel que la Reine Sophie d’Espagne, princesse de Grèce et fille du Roi Paul, soit ma marraine. Nous avons de très bons rapports avec toutes les familles royales. Nous nous voyons surtout lors de grandes fêtes, des mariages, et nous nous entendons tous très bien. Comment se comportent les Bretons avec vous ? Pour la plupart, nous avons rencontré des personnes au grand cœur, certains nous ont adoptés sans conditions, nous ont ouvert leurs portes. Ils nous ont laissé entrevoir leur Bretagne, la vraie, avec simplicité, avec le partage et une authenticité véridiques. Je crois que c’est un des plus beaux et plus touchants cadeaux que l’on puisse faire à quelqu’un qui vient d’ailleurs et d’un autre milieu. Cela démontre une confiance en leur identité propre ainsi qu’une acceptation de l’autre, sans préjudice. Cette gentillesse à notre égard, cette amitié qui vient du cœur a fait toute la différence pour moi. Songez-vous à vous établir ailleurs qu’en Bretagne ? Et où ? Un jour on m’a demandé si je me sentais bretonne. Je ne m’attendais pas à cette question, car quoi qu’il advienne je suis roumaine dans mon âme bien que peut-être un peu bretonne d’adoption ! Il va sans dire que j’ai un attachement profond pour la Bretagne mais il n’y a pas un jour qui ne passe sans que je ne pense à la Roumanie. Lorsque la scolarité de ma fille sera terminée, il sera peut-être temps de penser aux valises... Le temps le dira. En dehors de la photo, avez-vous d’autres passions ? J’ai une admiration profonde pour Sa Sainteté le Dalai Lama. J’ai eu l’honneur et le privilège de le rencontrer en 1996. Cette rencontre a changé ma vie d’une certaine manière, car c’est un être extraordinaire. J’ai été touchée et passionnée par son parcours hors du commun. Mon père l’a rencontré plus d’une fois et il y a des similitudes dans leurs chemins de vie. Ils sont tous les deux devenus souverains à un jeune âge, ils ont tous les deux régné sous le communisme et ils ont tous les deux été contraints à l’exil par la suite. Ni l’un ni l’autre n’éprouve un sentiment d’amertume pour les injustices faites à leurs compatriotes ou à eux-mêmes. Ils ont su trouver, grâce à leur foi et leur force intérieure, la volonté et la conviction de se battre pour les valeurs auxquelles ils croient contre vents et marées. Ils sont de grands défenseurs des droits de l’homme et de la démocratie, et je les admire tous les deux profondément. Sinon je suis cinéphile, j’aime énormément la lecture, la mer tout autant, et tout ce qui se rapporte à l’écologie. J’aime aussi beaucoup la musique et mes goûts sont éclectiques allant du Blues à Mozart. Vu que je raffole de la musique « live », je suis ravie que le Festival des Vieilles Charrues se déroule à deux pas de chez nous. C’est très sympathique de voir ou revoir des groupes, surtout anglais ou américains sur scène si près de chez nous !


Le prix Combourg-Chateaubriand créé par le Nouvel Ouest et l’Académie Chateaubriand (dont le président était alors Michel Mohrt) en 1998, a été remis pour la quinzième fois le samedi 8 juin 2013 à Jean-Marie Rouart de l’Académie Française pour son ouvrage "Napoléon ou la destinée" paru aux éditions Gallimard. TEXTE : Nicolas Boileau / PHOTOS : C.P.

Littérature Dinard

Combourgx i Chateaubriand Pr

Jean-Marie Rouart récompensé

L

e jury du prix s’était réuni au début du mois de mai à La Vallée-aux-Loups, près de Paris, sous la présidence de Philippe de Saint Robert en présence de plusieurs membres du jury dont Sonia de la Tour du Pin (propriétaire du château de Combourg où Chateaubriand passa sa jeunesse), Jean Raspail, Jean-Christian Petitfils, Ghislain de Diesbach, Catherine Decours, Jean-Yves Paumier, Hervé Louboutin et Bernard Degout. C’est Reynald Secher, lauréat 2012, pour ses travaux sur le génocide vendéen, qui a eu le privilège de lui remettre le XVe prix en présence de nombreuses personnalités parmi lesquelles Mme Marie Chatardova, ambassadeur de la République Tchèque à Paris. Un déjeuner à la Préfecture de Rennes précédait la remise du Prix en présence du Préfet, Michel Cadot, et des invités de l’Académie Chateaubriand. Mme Chatardova a eu l’occasion d’évoquer le voyage à Prague, sur les traces de Chateaubriand, qui sera organisé les 13, 14 et 15 septembre prochains autour et en présence de Jean-Marie Rouart. Cette année coïncide avec le 180e anniversaire des deux voyages que fit l’auteur des “Mémoires d’outre-tombe” à Prague (en mai et septembre 1833) pour défendre la cause de la duchesse de Berry auprès de Charles X, en exil.

Photo du haut : Jean-Marie Rouart dans le grand salon du château de Combourg en présence des organisateurs du Prix et de Reynald Secher, lauréat 2012.

Les personnes intéressées par ce voyage peuvent entrer en contact avec le Nouvel Ouest (02 40 73 31 31 secretariat@lenouvelouest.com) pour obtenir plus de précisions.

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o

Carnet d’adresses

Le plaisir du centre-ville, c’est de pouvoir se promener au gré des rues, le nez en l’air, de vitrine en vitrine. Les commerçants de Rennes, saint-Malo et dinard ont du talent. ils sauront vous recevoir et vous surprendre. Nous avons sélectionné pour vous quelques-unes des meilleures adresses.

Un festival d’émotions ! Petite-fille de collectionneur et galeriste passionnée, Audrey Marty expose dans un cadre intimiste situé au cœur de Saint-Malo Intra-Muros, des peintures et des sculptures d’artistes contemporains français et étrangers choisis avec rigueur. Ce qui compte à ses yeux : la sincérité du langage artistique. Que vous soyez amateur ou collectionneur d’art, cette galerie exigeante et atypique mérite un détour.

Galerie Audrey Marty - 4 rue du Pourpris 35400 Saint-Malo - Tél. +(33) 2 99 56 21 34 / +(33) 6 87 26 90 31 contact@audreymarty.fr - www.audreymarty.fr

Cléo Maison et Fleurs

2 magasins sur la Côte d’Émeraude et une nouvelle boutique en ligne www.cleosurlatoile.fr ClÉo maison & fleurs 8, rue du Maréchal Leclerc - 35800 Dinard - Tél: +33 (0)2 99 46 37 02 www.cleosurlatoile.fr

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2, rue du Commandant Thoreux - 35800 Saint-Briac-sur-Mer Tél: +33 (0)2 99 88 32 28 - Fax +33 (0)9 62 37 49 11 Rejoignez-nous sur Facebook

Photos : Galerie Audrey Marty

Galerie Audrey Marty


La Fontaine aux Perles Rachel Gesbert, chef confirmé vous séduira par une carte originale, raffinée, délicate, aux multiples saveurs et en accord avec la culture traditionnelle des bons produits du terroir. C’est dans une ambiance étudiée et contemporaine que vous dégusterez des plats généreux préparés tels des chefs d’œuvres. Par ailleurs, le chef se fera un plaisir de répondre à tout besoin de personnalisation d’un événement particulier. Salons privatifs, soirées à thèmes, repas d’affaire ou de famille… Confidentialité et discrétion sont bien sûr assurées.

LA FONTAINE AUX PERLES - Manoir de la Poterie - 96, rue de la Poterie - 35200 Rennes Tél. 02 99 53 90 90 - www.lafontainesauxperles.com

Restaurant Le Guehennec Après des années à Treffendel à l’Auberge du Presbytère, les Guehennec sont installés à Rennes depuis fin 2005 dans un restaurant ravissant. Madame vous accueille chaleureusement et vous propose la cuisine authentique et passionnée réalisée avec brio par Monsieur Guehennec. La plancha de langoustines aux petits légumes et son écume de crustacés, le turbo rôti au four… des plats souvent improvisés selon le marché séduiront vos papilles et régaleront votre regard. Décor relooké, pour déjeuners d’affaires ou soirées familiales. L’assurance d’une restauration de haute volée.

RESTAURANT LE GUEHENNEC - 33 rue Nantaise - 35000 Rennes Fermé samedi midi, dimanche et lundi soir - Tél. 02 99 65 51 30

La boutique Épices Roellinger Au cœur de Saint-Malo, comme dans l’antre de l’armateur malouin, des poivres aux grandes vanilles, du galanga et à la cardamome, toutes ces merveilles vous sont racontées par Daniel, un fidèle compagnon, qui vous guide afin que vous puissiez goûter à cet univers des parfums de l’ailleurs.

ÉPICES ROELLINGER - 12, rue Saint Vincent - 35400 Saint-Malo - Tél. 06 18 80 44 10 Haute Bretagne Privilège I 79


Restaurant Le Bénétin Ce loft atypique situé entre la pointe de la Varde et la pointe du Grouin vous offrira un panorama unique dans la région. Grâce à une ambiance chaleureuse, un décor moderne et une cuisine raffinée, vous découvrirez les richesses de la Côte d’Émeraude. Arnaud Beruel, jeune chef talentueux, breton d’origine est un amoureux des beaux produits ; il vous fera découvrir une cuisine simple et sincère inspirée par le rythme des saisons. Le restaurant vous accueille également pour vos repas d’affaires et événements privés. Midi et soir, tous les jours de la semaine en saison.

LE BÉNÉTIN - Restaurant Bar Salon de thé - Les Rochers Sculptés - Rothéneuf - 35400 Saint-Malo Tél. 02 99 56 97 64 - www.restaurant-lebenetin.com

Hôtel Restaurant de La Vallée Un coin de paradis à l’abri de la foule estivale mais au cœur de la ville. Entre épuré et confort, chic et détente…. Respirez à l’hôtel*** de la Vallée. Des chambres « avec vue » design et chaleureuses. Une terrasse plein sud pour profiter du soleil. Une salle à manger moderne et cosy aux larges baies ouvrant sur la mer. Vous dégusterez les meilleures poissons de la région, les coquillages les plus fins. Les pieds et les yeux dans l’eau…

Hôtel Restaurant de la Vallée - 6 Avenue George V - 35800 Dinard - Tél. 02 99 46 94 00 www.hoteldelavallee.com - contact@hoteldelavallee.com

Restaurant Le 5 Une vue imprenable à 360° sur Saint-Malo. Découvrez SaintMalo comme vous ne l’avez jamais vu, sur les toits de l’Hôtel France et Chateaubriand. D’un côté le Grand Bé, le fort national et la plage du sillon s’étirant à perte de vue, de l’autre, les toits d’intra muros et sa cathédrale, le château et les bassins du port. Le 5 est sans contexte un restaurant intimiste où vous pourrez déguster une cuisine raffinée dans un cadre contemporain. Service du

mercredi au dimanche, midi et soir. Menu le midi à partir de 29 €

Restaurant Le 5 - Hôtel France et Chateaubriand – 12 place Chateaubriand – 35412 Saint-Malo Tél : 02 99 56 66 52 – www.le5-restaurant.com – www.hotel-chateaubriand-st-malo.com

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Carioca C’est le 10 mars 2008 que Virginie ouvre sa boutique Carioca, prêt-àporter féminin. Elle vous accueille toute l'année dans une ambiance chic et confidentielle. Virginie a le feeling pour nous faire découvrir à chaque saison de nouvelles pépites de la mode. En plus de ses best - By Malène Birger, Max & Moi, Antik Batik, Virginie a le don de nous présenter les dernières créatrices qui font les tendances du moment. Une sélection élaborée avec beaucoup de finesse par une femme de goût et de cœur, qui fait de Carioca une boutique sophistiquée et chaleureuse où les collections stylées et ultra féminines sont toujours inoubliables.

CARIOCA - 10, boulevard Feart - 35800 Dinard Tél. 02 99 16 02 28

Renouard Maroquinier De génération en génération, la Maison Renouard hérite d’un savoir-faire haute couture, transmis par une famille d’artistes. Depuis 1891, la Maison Renouard évolue en Bretagne en respectant les valeurs et les traditions familiales. Connue pour ses sacs en cuir vachette pleine fleur, la marque Renouard propose une collection complète : sac, chaussure, ceinture, bijou ou encore carré de soie. Une collection riche, personnalisable et originale, le sur-mesure est développé grâce à une maîtrise de l’outil de production et une fabrication française.

Atelier Boutique Renouard

Rue du Connetable de Clisson - 22130 Plancoët - Tél. 02 96 84 21 42 Renouard - rue de Verdun - 35800 Dinard - Tél. 02 99 16 90 67 Renouard - 6, rue Leperdit - 35000 Rennes - Tél. 02 99 78 13 53

Paraggi C’est également le 10 mars, mais en 2010, que Virginie inaugure sa deuxième boutique PARAGGI, prêt-à-porter homme, femme, enfant. Et là, même combat que pour CARIOCA. Viginie vous trouve les marques qu’il faut porter : Hackett, Vicomte Arthur, Gant, Hartford, Serafini, US Polo. Un choix pertinent pour une sélection très sport chic.

PARAGGI - 12, boulevard Feart - 35800 DINARD - Tél. 02 99 16 09 59 Haute Bretagne Privilège I 81


Marouch’ Située au cœur d’intra muros, la boutique Marouch est une multimarque à l’allure sport chic. Vous y trouverez mes marques suivantes : CLOSED pour ses jeans, toiles… POLES : ses pulls en soie, laine, cashmere, alpaga, bambou... Également Paul et joe sister, quiet, lilith, joe san Pour les grands évènements : Red valentino, malène birger, anne fontaine ... Pour l'été prochain : Josephine and co et carven les accessoires sont de fabrication française Maison Daguet sacs et ceintures jp gaultier sacs et marinières Marie et Carine, en vraies professionnelles sont là pour vous guider dans vos choix

MAROUCH’ - 1, rue Sainte Barbe - 35400 Saint-Malo - Tél 02 99 40 92 35 - Fax 02 99 58 79 82 mj.marouch@orange.fr

Joaillerie Prieur Fondée en 1896, la maison Prieur s’est développée à travers trois générations et occupe aujourd’hui en Bretagne la première place dans les domaines de la haute horlogerie et de la haute joaillerie. Prieur propose des bijoux à forte personnalité grâce à des collections modernes et tendance, permettant ainsi la découverte de nouveaux talents. En s’aventurant dans la création, Prieur ne renonce pas pour autant à son histoire puisque la maison continue de présenter dans ses bijouteries les grands classiques qui ont contribué à sa renommée.

PRIEUR - 3, place du Parlement - Rennes - Tél. 02 99 79 53 29 - www.prieur-joaillier.com

Optique Taillandier Technique parfaite, grand choix travail soigné, connaissance des techniques de pointe, souci d’esthétisme pour des lunettes adaptées à la vue, la personnalité et le confort de ceux qui les portent. Plus de 4 500 modèles, dont 2 000 pour le solaire. Parmi les signatures : Mikli, Anne et Valentin, Mykita, Tom Ford, Marc Jacobs, Oliver Peoples et bien d’autres créateurs…

OPTIQUE TAILLANDIER - 4, rue d’Orléans - Rennes - Tél. 02 99 79 77 10 82 I Haute Bretagne Privilège 2013


4 restaurants vue sur mer

LE CAP HORN

LES 7 MERS

La mer à perte de vue

L’escale gourmande

AUX THERMES MARINS

À partir de

34€

100 boulevard Hébert t Tél : 02 99 40 75 40

www.restaurant-caphorn.fr

À partir de

39€

64 Chaussée du Sillon t Tél : 02 99 20 81 41

www.lenouveaumonde.fr

L’ANTINÉA

Au bord de l’eau

Des saveurs subtiles

À partir de

24,50€

100 boulevard Hébert t Tél : 02 99 40 75 40

www.thalassotherapie.com

Spécial é té

AU NOUVEAU MONDE

LA TERRASSE AUX THERMES MARINS

Bien-être thalasso

À L’HÔTEL ANTINÉA

À partir de

18,70€

55 Chaussée du Sillon t Tél : 02 99 56 10 75

www.antineahotel.com

THALASSO DÉCOUVERTE 2, 3 ou 4 soins

à partir de

59€

www.thalassotherapie.com

02 99 40 75 00

Crédit photos : JC. Valienne – B. Radvaner – photothèque TMSM

Plaisirs gourmands :



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