Nantes Privilège #31

Page 1

#31 AUTOMNE / HIVER

ÉDITION 2021


cartier.fr

landreau.f r

NANTES 10, RUE D’ORLÉANS

landreaujoaillier Landreau Joaillier Diamantaire


HIVER

2020

En 1990, la municipalité de Nantes fait travailler huit agences de publicités de la ville sur une campagne de quatre-vingt visuels au format 120 x 174 sur le thème « Made in Nantes ». Il s’agit, selon Freddy Ghozland, dans son livre Mémoire de l’affiche, d’une « action conduite avec une logique quasicommerciale de création et de promotion d’un produit : une ville, ses acteurs, ses performances. » Ces affiches ont été vues, puis oubliées. Mais au passage, elles ont fait naître chez les Nantais une conscience de la richesse et de la diversité de leur ville. En 1996 est né, sous le titre initial de Nantes Métropole, le magazine dont vous avez entre les mains la 31ème édition. Depuis, il a changé de titre, de format, de fréquence. Il a connu de nombreux collaborateurs et quelques imprimeurs. Aujourd’hui, avec ce numéro, nous sommes heureux de revenir à l’imprimerie des débuts de cette publication. Elle s’appelait alors Val de Loire, elle s’appelle aujourd’hui ValPG. Le nom a changé, mais l’exigence, le talent, la qualité et le professionnalisme restent les mêmes. Ainsi que l’adresse à Saint-Aignan-de-Grandlieu aux portes de Nantes. La raison d’être de Nantes Privilège est de révéler les talents de Nantes et le plaisir de vivre dans cette ville, malgré les problèmes qu’on y rencontre. C’est pour nous l’occasion de remercier une fois de plus les annonceurs qui nous font confiance et qui, par leur travail et leurs inventions, vous rendent la ville plus agréable. Magazine réalisé à Nantes, Nantes Privilège a aussi pour vocation de leur donner la parole.

Stéphane Hoffmann

Dans notre numéro précédent, Laurence Caracalla vous faisait rencontrer Géraldine Martineau, qui a fait à Nantes, où elle est née en 1985, une grande partie de sa formation de comédienne. Le 19 octobre dernier, Mlle Martineau était engagée comme pensionnaire à la Comédie-Française. Elle y jouera son premier rôle dans Le Malade imaginaire, de Molière, puis jouera dans Hansel et Gretel d’après les frères Grimm avant d’y mettre en scène La Dame de la mer, d’Ibsen.


SOM MAI RE

32

09

THOMAS BRAC

14

20

24

N ATA L I A F R A N Q U E T

I VA N R I O U F O L

PETIT À PETIT

30

36

DISTILOIRE

33

JULIA KERNINON

38

FRANCE THIROLOIX

T R I S TA N

50

42

LE BAR DE MAUBREUIL

47

CARINE D E WAV R I N

54

H O T E L S E H E U LT

EVOR

72

REGARD DE PEINTRE

58

LES MACHINES

75

78

EN LIBERTÉ

THALASSO BARRI§ÈRE

NANTES PRIVILÈGE REVUE BI-ANNUELLE privilege-media.com DIRECTEUR DE LA PUBLICATION STÉPHANE HOFFMANN TÉL : 06 08 28 59 78 stephane.hoffmann@wanadoo.fr ÉDITEUR SARL BAKEA CONSULTING 16, AVENUE GEORGE SAND 44500 LA BAULE ESCOUBLAC CODE NAF : 7022 Z SIRET : 481 232 056 RÉGIE PUBLICITAIRE MÉDIA PARTENARIAT COMMUNICATION 74, RUE FÉLIBIEN 44000 NANTES MARIE-CHRISTINE PARICHI TÉL : 06 19 46 26 18 mpc.ouest@yahoo.fr IMPRESSION VALPG 12 RUE ANTOINE DE SAINT EXUPÉRY / 44860 SAINT AIGNAN DE GRAND LIEU WWW.VAL-PG.FR COUVERTURE © PATRICK GÉRARD DIRECTION ARTISTIQUE THOMAS PROUST THOMASPROUST.COM

2

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021



RÉDACTEURS LAURENCE CARACALLA

PHILIPPE DOSSAL

ALEXANDRE FILLON

JEAN-MARIE GAUTIER

Imbattable sur le savoir-vivre, les copines et les sœurs, auxquels elle a consacré plusieurs livres, elle n’a pas sa langue dans sa poche ni de poches aux yeux. Voilà pourquoi les lecteurs du Figaro, entre autres, en raffolent.

Il est journaliste à la ville et écrivain à la campagne. Prix Jules Verne de l’Académie de Bretagne et des Pays de la Loire pour L’Homme Blanc, éditions Joca Seria. À paraître, Machines de villes de François Delarozière, Actes Sud, septembre 2020.

Lauréat du prestigieux prix Hennessy 2009, Alexandre Fillon travaille notamment pour Lire, Sud-Ouest et Le Journal du Dimanche. Se partageant entre Vannes et Paris, il lui arrive de faire escale à Nantes.

Rédacteur en chef de Presse Océan de 1985 à 1998, puis rédacteur en chef du Havre Presse et de Havre Libre, enfin directeur éditorial du groupe Hersant, il a notamment publié Le FCN dans les yeux de Bud (éditions d’Orbestier).

PHILIPPE HERVOUËT

ERWAN HALNA DU FRETAY

VALÉRIE LEJEUNE

PASCALE DE LA COCHETIÈRE

Petite fille d’imprimeur, fille d’écrivain et de peintre, elle brode depuis son enfance. Passionnée de typographie, elle a passé du temps entre le journalisme (rubrique culture du Figaro Magazine) le jardinage et l’élaboration de livres exhumant du passé les modèles anciens de point de croix. Elle vient de s’installer à Nantes, qu’elle ne quitte que pour sa maison de l’île d’Yeu ou pour rejoindre, avec l’homme qu’elle aime, leur bateau quelque part dans le monde.

Journaliste Art de vivre, elle écrit pour Art et Décoration, Marie-Claire Maison, Côté Ouest, Elle Décoration, Hôtel et Lodge. Décoratrice et styliste maison, elle a notamment signé l’Hôtel Les Plumes (**** Paris 9e) et les suites du Grand Monarque (**** Chartres), mais aussi des villas en bord de mer, appartements et châteaux.

PHOTOGRAPHE

Journaliste et auteur de nombreux documentaires et ouvrages. Derniers en date : Grandjouan, la fascination Isadora (Art 3 Galerie Plessis, 2019) et Nantes de mémoire de peintres (SNER, 2014).

4

I

Le benjamin de la rédaction, puisqu’il est encore étudiant. Sera-t-il journaliste ? Sera-t-il avocat ? L’avenir le dira.

PATRICK GÉRARD CHARLOTTE LAPEYRONIE ED ALCOCK JORDI BOVER LES MACHINES DE L’ÎLE GROUPE BARRIÈRE

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021



ir est pour

Tout le plais

vous

1

2

5

3

4 6

1. Vélo électrique Active Hybrid E-Bike BMW 2. Bague en or, rubis et diamants Maison Prieur 3. Montre Pasha de Cartier Landreau Joaillier 4. Appareil photo D-lux 7 Leica Concept Store Photo 5. Montre Baume & Mercier Robin Joaillier 6. Stylo Graf von Faber Castel Cado Chic

6

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021




C’est un métier rare qui exige culture et précision, élégance et créativité. Le jeune Thomas Brac de La Perrière, artisan graveur d’art, s’est installé rue Dugommier dans un atelier partagé avec la maison horlogère Akrone. Dans un espace où plus de 2000 poinçons et outils de précision sont classés, il opère. Rencontre avec un créateur passionné par un art ancien qu’il a à cœur de faire connaître.

LES N A N TA IS ONT DU TA L E N T

THOMAS BRAC DE LA PERRIERE Graveur ornemental PAT R I C K G É R A R D PA S C A L E D E L A CO C H E T I È R E

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

9


LES N A N TA IS ONT DU TA L E N T

Dans son atelier on remarque une devise placée en évidence : « Faire mieux si possible Ce qui est toujours possible »

10

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021


L’adresse est discrète, presque confidentielle. C’est autour d’un petit salon cosy que nous démarrons la conversation. PLC : Graveur héraldique c’est un métier méconnu, en quoi cela consiste t- il exactement ? TBLP : « Mon métier est très ancien, héraldique désigne la science des blasons, l’étude des armoiries, des armes mais pas que, c’est aussi un champ d’expression artistique. La gravure héraldique réunit plusieurs savoirs – faire, celui de la gravure à la main en deux dimensions sur le principe du tatouage sur métal, mais aussi la micro-sculpture en volumes. Mon métier ? C’est ancrer dans le métal un moment précieux, des valeurs, un patrimoine, un symbole. Je suis arrivé à Nantes il y a deux ans, souhaitant avec ma famille, m’approcher de l’océan, mais surtout parce qu’il n’y avait aucun graveur, nous sommes très peu nombreux en France, une petite quinzaine, je suis le plus jeune français (à 36 ans) à s’être installé. » PLC : concrètement vous gravez donc des alliances, des chevalières de famille ? TBLP : « Le champ des possibles est immense, je grave des alliances et des chevalières bien sûr mais aussi des couteaux, des cadrans de montres que je personnalise, des blasons, des médailles, timbales, objets . Chaque commande est un nouveau challenge. Mon geste est pérenne, il reste. Dans ce monde du jetable et remplacement rapide, je défends et vit par mon travail d’exactement l’inverse, il n’y a pas de commande Z ou Pomme Z possible ! Cela est formidable car cela implique un rapport étroit avec ma clientèle, confiance mais aussi échange précis sur le projet, conseil, suggestion, études pour arriver à créer à chaque fois un objet absolument unique. » Il poursuit « C’est une phrase de François Constantin, écrite en 1819 à son nouvel associé Jacques Barthélemy Vacheron de Turin. Sa phrase est devenue la devise de leur maison horlogère : Vacheron et Constantin. Elle correspond exactement à mon esprit de travail. Dans le cas des armoiries de famille, je conseille sur l’usage du losange ou du blason, de la couronne, dans quel cas elle peut être utilisée. Je n’ai pas comme seule clientèle la noblesse et les futurs mariés. Je travaille sur de nombreuses commandes originales, dernièrement j’ai gravé un loup avec un arrière plan de montagnes. Je grave en relief ou en creux des monogrammes, je peux reproduire tout style de calligraphie, anglaise, celtique, bâton, orientale, inscrire des messages. Il m’arrive aussi d’imaginer un dessin ou d’interpréter une demande pour réaliser une envie de bijou particulier. Je collabore avec des artistes et un coutelier nantais, le travail ne manque pas.

PLC : Comment avez vous eu l’idée de vous former à ce métier rare ? TBLP : « J’ai toujours souhaité vivre d’un métier de création alors j’ai fait une école de dessin et techniques appliquées (Emile Cohl) à Lyon, en abordant design, info-graphisme, dessin classique et 3D, puis la formation de gravure ornementale de l’Ecole Boulle pendant deux ans. Là, Marc Robert m’a enseigné cet art du détail, la gravure de l’infiniment petit, la taille douce, j’ai rencontré des artisans graveurs, ce métier dit de niche m’a séduit et je me suis lancé dans ce métier. J’ai travaillé pour de grandes maisons horlogères haut de gamme (Richard Mille, Groupe Richemond) avant de m’installer. PLC : Vous appréciez la vie à Nantes ? TBLP : L’atelier est un lieu situé en centre ville, c’est très pratique pour recevoir mes clients, le partage des lieux avec mes amis d’Akrone est agréable et motivant car nous sommes des artisans d’art complémentaires. Avec mon épouse Clémence, nous avons remarqué que la région comptait bon nombre d’artisans d’art et cela nous réjouit. Nous sommes passionnés par le fait main et nous avons créé un blog : Les Artisanautes. Nous essayons humblement de parler du travail qui nous émeut, localement il y a des pépites ! Nous sommes heureux d’être de nouveaux nantais.

Thomasbrac.com 3 rue Dugommier à Nantes Sur rendez–vous.

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

11


MOOD Nous construisons nos murs, mais nos murs nous façonnent (Winston Churchill)

2 1 4

3

5

6 7

8 1. lampe en verre soufflé Espace Mira 2. Ambiance luminaires Les Petites Baladeuses 3. Coussin en lin Maison de vacances pour Meubles & Compagnie 4 & 5. Papiers peints personnalisables Baho 6. Livre Maisons, architectures d’exception Phaïdon Librairie Coiffard 7. Bougie parfumée en cire végétale L.A 8. Fauteuil Club Flamant

12

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021


Baho c’est la décoration de bas en haut, et le « H », au milieu, c’est celui de l’Histoire d’Olivier RENAUDINEAU, créateur de la marque. Peintre en bâtiment de formation, Olivier est allergique aux peintures issues de la pétrochimie, et ne peut donc plus travailler en tant que peintre. Il rebondit depuis 2011 en créant des entreprises de rénovation d’intérieur. Passionné de peinture, Olivier Renaudineau décide de créer sa propre peinture éco-responsable, d’une qualité professionnelle, Biosourcée (à base de végétaux valorisés) et non polluante pour ses équipes mais aussi pour l’environnement. Après l’avoir utilisée dans ses sociétés de rénovation d’intérieur pendant plusieurs mois, Olivier RENAUDINEAU veut la proposer aux particuliers, dans une enseigne où l’on trouve son bonheur pour son intérieur.

Baho vient d’ouvrir ses portes à Nantes : Nouvelle enseigne incontournable de la déco made in France Eco-responsable pour réaliser l’intérieur de vos rêves ! C’est une enseigne de peinture biosourcée à base de composants végétaux valorisés avec son nuancier de 142 couleurs. Mais pas que…

Chez Baho, vous trouvez également du papier peint avec un concept innovant : personnalisable à l’infini…. Nous créons le papier peint qui correspond à nos clients, en déterminant un motif, une dimension, une couleur et finition ce qui rend ce papier peint unique et toujours cela dans l’esprit Baho ! Baho c’est également tout un univers de mobilier déco tendance réalisé par des artisans français et régionaux : Lampes, coussins, plateaux, vases, miroirs, bougies. Sophie et Maud seront là pour vous conseiller pour vos futurs projets. La peinture Baho, le papier peint Baho et le mobilier déco sont fabriqués en France. À bientôt chez Baho !

Lundi 14H-18H30 Mardi au Samedi 10H-18H30 9 rue Lafayette NANTES 02 40 35 03 70 Retrouvez-les sur : bahodeco.fr

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

13


LES N A N TA IS ONT DU TA L E N T

14

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021


PETIT À PETIT

S’amuser à découvrir PAT R I C K G É R A R D ALEXANDRE FILLON

Depuis 1997, les éditions Petit à Petit se partagent entre Rouen, Nantes et Paris. Installée rue Jean-Emile Laboureur, aux bords de l’Erdre, la fringante maison développe sans relâche une idée originale, « le Docu-BD, pour s’amuser et découvrir ». Le directeur et fondateur, Olivier Petit, est bien entouré. Karine Parquet, éditrice et directrice de collection, nous propose une visite guidée de la maison et de son catalogue. Petit à Petit, explique-t-elle, a commencé par proposer des recueils de chansons de Charlélie Couture ou Edith Piaf illustrées par un collectif d’auteurs.

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

15


LES N A N TA IS ONT DU TA L E N T

Karine Parquet s’est amusée à inventer le parcours d’un livre fictif ayant appartenu à celle qui fut deux fois reine de France.

La première idée d’Olivier Petit est la bonne. Lancer une collection d’albums de bandes dessinées, « L’Histoire dans l’Histoire », autour des grandes villes de France.

16

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021


Après un saut dans le giron du groupe La Martinière, où il a été freelance, Olivier Petit reprend son indépendance en 2015. Il repart de zéro, seul avec un salarié. Sa première idée est la bonne. Lancer une collection d’albums de bandes dessinées, « L’Histoire dans l’Histoire », autour des grandes villes de France. En mélangeant la fiction, les faits avérés, les reconstitutions de lieux et les archives historiques. En convoquant historiens, archéologues, collectionneurs, conservateurs, écrivains et passionnés. Le tome 1 du volume est consacré à Rouen, de Rotomagus à Rollon de 96 à 912 après JC. Olivier Petit en signe lui-même le scénario et les textes documentaires, alors que les illustrations sont confiées à un collectif de dessinateurs locaux. En 2017, Karine Parquet rejoint Petit à Petit en scénarisant le tome 1 de la trilogie sur la ville de Nantes, « de Saint Félix à Gilles de Rais ». Journaliste de formation, elle a travaillé pour France Bleu ou pour Prun’, une radio associative locale, tout en pigeant pour Ça M’intéresse Histoire. Fan de BD, elle a frappé à la bonne porte chez Petit à Petit où l’on a à cœur de porter un autre regard sur la culture. Dans le tome 2, « d’Anne de Bretagne à D’Artagnan », elle s’est amusée à inventer le parcours d’un livre fictif ayant appartenu à celle qui fut deux fois reine de France. Pour le tome 3, « de Jules Vernes au Grand Eléphant», elle a passé la main à Stéphane Pajot, trop occupée par ses activités éditoriales. La maison n’a cessé de se développer en s’ouvrant au théâtre, à l’humour, au sport (notamment avec Une histoire incroyable de la coupe du monde), en continuant à explorer le domaine de la musique (avec des volumes sur Bob Marley, Nirvana ou un copieux ouvrage autour David Bowie paru il y a peu). Sans oublier l’Histoire, rendue accessible au plus grand nombre, notamment avec un Guide de 14-18 en BD ou une Histoire des tirailleurs sénégalais en BD. Une collection de Guide de voyage en Docu-BD a été inaugurée par un volume sur Paris, puis la Corse et les Châteaux de la Loire. Sorti fin mai, le dernier en date, un Nantes de haute volée, affiche une maquette plus souple que les précédents. Sorte de balade amoureuse, le guide invite autant à fouiller le passé qu’à « flâner sans arrière-pensée, se laisser porter par le plaisir d’être là, tout simplement », en passant du musée Dombrée au cimetière Miséricorde. La crise sanitaire a hélas repoussé la sortie des tomes sur Tokyo et Rome prévus ensuite. Parmi les projets, on salive en attendant le Guide de la cuisine avec quinze recettes cultes en bande dessinée. L’occasion d’apprendre que la tarte tatin est née d’un heureux accident ou que la pizza Margherita et la pêche Melba portent le nom de grandes dames ! S’instruire de manière ludique, voilà le mot d’ordre de Petit à Petit ! Il n’y a pas d’âge pour le faire !

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

17


LUI

VESTIAIRE POUR

En flânant dans les rues de Nantes

1

3

2 4 5

6

1. Veste en laine Hartford Charlie à Nantes 2. Manteau Paul Smith Transfert Man 3. Sac de voyage Navy Boxford Longchamp 4. Lunettes Thierry Lasry modèle Gently A vue d’œil 5. Sneakers Newlab Shoes Bar 6. Écharpe double face et gants cashmere Eric Bompard 18

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021



IVAN

RIOUFOL DROIT DANS SES NOTES

Nous entamons ici une série de portraits consacrés à des journalistes connus nationalement et partageant un point commun, celui d’être nantais. Aujourd’hui, une plume acérée du Figaro. PAT R I C K G É R A R D JEAN-MARIE GAUTIER


C’est probablement le journaliste le plus solitaire mais aussi le plus constant dans ses commentaires et, petit à petit, le plus écouté par une partie des Français consternés de voir leur beau pays prendre mauvaise tournure. A force de répéter ses analyses, de les coucher avec fracas dans les colonnes du Figaro, de ciseler des formules cinglantes dans ses différents ouvrages, Ivan Rioufol a attiré l’attention. Et ce journaliste qui se refuse à fréquenter les sphères du pouvoir et s’interdit de rejoindre la caste grégaire des médias parisiens s’est vu convié par des radios et télévisions. Il a dit oui, non sans mal, tant ces shows médiatiques avec leurs codes, leurs lumières et leurs éclats sont loin de ce qu’il est et de l’image qu’il se faisait de la Presse lorsqu’il franchit le seuil de Presse-Océan, rue Santeuil. C’était en 1974 et le titulaire d’un DEA droit maritime et aérien qu’il était s’était mis en tête de proposer au quotidien nantais une étude traitant de la conférence sur le droit de la mer venant de se tenir à New-York. L’article était long, précis et documenté et le rédacteur en chef de l’époque fut séduit et le publia en deux volets. Ce premier pas dans les colonnes du journal, ses passages dans les couloirs pour saluer quelques compères de lycée et de faculté, l’ambiance animée et joyeuse d’une rédaction, l’ouverture, la curiosité, les fréquentations variées et enrichissantes offertes aux journalistes et la lecture de ce quotidien incontournable à Nantes eurent vite raison de sa vocation d’avocat. A défaut de défendre victimes ou accusés, il rendrait compte de la vie, il décrirait les différentes composantes de la société, il évoquerait les misères, les joies, les difficultés, il témoignerait. Ce furent dix années de bonheur, de journalisme de terrain, d’immersion dans la politique municipale, de rencontres improbables bien utiles pour mieux comprendre les autres, pour mieux analyser. Mais même s’il reconnaît volontiers aujourd’hui devoir beaucoup à Presse-Océan, Ivan Rioufol voulait voir ailleurs et ailleurs, pour un journaliste travaillant en région, c’est inévitablement Paris. Fort d’un congé sabbatique d’un an, octroyé élégamment par le quotidien nantais, il part alors, machine à écrire dans la valise pour tout viatique et frappe aux portes des quotidiens et magazines parisiens. La période est difficile mais Le Figaro est au bout du chemin et en 1985, il intègre le service de « La vie des médias » pourvoyeur, chaque jour, dans le fameux cahier saumon, d’une page dévorée de la première à la dernière ligne par tout le monde de la presse et de la publicité. Puis ce sont les Informations générales, un service d’une trentaine de journalistes qu’il faut animer, les premiers éditoriaux et l’entrée, dans les années 1990 au comité éditorial dirigé magistralement par Alain Peyrefitte. La belle progression connaît son apothéose par la voix d’Yves de Chaisemartin, le dirigeant de la Socpresse - société propriétaire du Figaro - qui lui propose le célèbre Bloc-notes. Et de préciser en outre, en guise de conseil, « soyez détaché de la ligne éditoriale du Figaro et restez vous-même ». On

ne saurait rêver meilleure recommandation. Ivan Rioufol succède à François Mauriac et Max Clos. Excusez du peu... Depuis, ce conservateur libéral que d’aucuns qualifient d’anar de droite s’en donne à coeur joie. Porte-parole de ceux qu’on n’entend pas (d’où son soutien aux gilets jaunes, au début), ulcéré par l’indifférence portée au peuple, indigné par tous ceux qui mentent au premier rang desquels « les journalistes qui masquent les réalités de la société » et outré par ceux « qui abusent de la confiance des électeurs », l’éditorialiste fustige, cogne, appelle à plus d’autorité et sans cesse tire les sonnettes d’alarme. Infatigable dans son combat contre la repentance coloniale, les islamistes et les dérives françaises, il étrille. Ainsi dans « De l’urgence d’être réactionnaire » un de ses ouvrages : « Nombreux sont les Français qui en ont plus qu’assez de se faire malmener, ridiculiser par des démocrates qui n’aiment pas le peuple, des humanistes qui n’aiment pas les gens, des journalistes qui n’aiment pas les faits, des anti racistes qui n’aiment pas les blancs, des progressistes qui aiment tellement les pauvres qu’ils sont prêts à en faire venir davantage ». A cette aune-là, on ne se fait pas que des amis. Certains d’ailleurs lui tournent le dos... En revanche, ce ton singulier, la constance dans l’analyse et des vérités qui se distinguent peu à peu, tout cela attire l’attention, fait s’interroger, réfléchir et suscite l’intérêt de médias jusqu’ici privilégiant la coterie. Le journaliste Nicolas Poincaré l’invite à RTL à participer à « On refait le monde » où l’apprentissage du micro est difficile pour lui, cerné par des débatteurs hostiles, à tout le moins ironiques. Mais il tient bon et s’adapte. Longtemps à la marge de la profession, il prend ses habitudes à la radio, Fogiel le garde après avoir succédé à Poincaré et Pascal Praud le sollicite pour CNews. Celui qui souffre d’un déficit narcissique se retrouve alors sous les projecteurs face à de redoutables spécialistes de l’exposition médiatique. Mais il trouve vite sa place dans « L’heure des pros » ce rendez-vous quotidien qui ne cesse de grimper en audience et en notoriété. Il y apprend à dompter ses émotions, non sans tenter de cacher quelques agacements mais c’est un formidable vecteur pour vulgariser, au sens noble du terme, ses idées, ses observations. Il en profite pour témoigner, dénoncer (le progressisme, les erreurs d’Emmanuel Macron, les idéologues oeuvrant dans les médias..) tout en restant indifférent aux moqueries qui accompagnent parfois ses prises de position, écrites comme orales. Ivan Rioufol n’est pas dans le convenu, dans le politiquement correct et il maintient droites ses idées, ses défenses de l’identité française qui ne datent pas d’hier. « On n’était pas nombreux dans les années 80 à alerter sur l’islam » souligne-t-il. « J’essaie d’approcher la vérité avec honnêteté et il n’y a pas de double jeu chez moi ». Il dérange souvent et cela a un prix, notamment d’être considéré parfois comme d’extrême droite. Peu importe. Comme le dit justement son voisin de colonnes au Figaro, son confrère essayiste Mathieu Block-Coté « Est d’extrême droite ce qui déplait extrêmement à la gauche ».

On n’était pas nombreux dans les années 80 à alerter sur l’islam.

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

21


LECTURES

Ils se sont connus à Nantes, à Presse-Océan, ils se retrouvent pour Nantes privilège au bar du Royal Thalasso Barrière à La Baule, où Ivan Rioufol est venu présenter et signer ses livres au Palais des Congrès Atlantia dans le cadre des Rendez-vous de La Baule. Ils ont un peu parlé du passé mais surtout de l’avenir.

22

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021

Bloc-notes, blog, tweeter, « La belle équipe » et « L’heure des pros » sur CNews, publication de nombreux essais dont les deux derniers « Le réveil des somnanbules » et « Les traitres », parus respectivement aux éditions de l’Artilleur et chez Pierre-Guillaume de Roux, Ivan Rioufol ne reste pas longtemps improductif. Lorsqu’il se repose, il rejoint l’île d’Yeu, se plonge dans la lecture, de la poésie avec François Villon ou Francis Jammes, les romans de Marcel Aymé et les classiques, au rang desquels Chateaubriant, Tocqueville, Aron, Revel. Il goûte aussi le silence et pense à ses maîtres Alain Finkielkraut et Renaud Camus. Il songe aussi avec tendresse à ses amis disparus, l’original et talentueux Jean Raspail et la pétillante Geneviève Dormann. Une belle compagnie.



LES N A N TA IS ONT DU TA L E N T

24

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021


PA S C A L E D E L A CO C H E T I È R E

PAT R I C K G É R A R D

NATALIA FRANQUET Créatrice textile mention douceur. Coussins brodés, linge de lit ultra-doux, écharpes et étoles raffinées et légères… Natalia Franquet crée depuis plus de vingt ans pour sa collection éponyme mais aussi depuis deux années pour les boutiques du musée des Arts décoratifs de Paris et du musée du quai Branly, celle du Prado et du musée d’Art contemporain de Madrid, et celle du musée de la toile de Jouy en région parisienne. De prestigieuses collaborations qui mettent en lumière le talent de la styliste nantaise. Nous l’avons rencontré chez elle.

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

25


LES N A N TA IS ONT DU TA L E N T

C’est dans sa maison de famille construite en 1935 à l’architecture avant-gardiste inspirée du Bauhaus que Natalia nous reçoit. C’est ici, dans ce lieu baigné de lumière qu’elle a choisi il y a deux ans d’installer son bureau-atelier. Là, elle imagine, dessine et crée ses collections. Nous nous laissons guider. Natalia enjouée et souriante nous conduit, rythmant ses mots d’un petit accent rempli de charme. L’atmosphère est apaisante, elle avoue réfléchir beaucoup avant de prendre une décision de transformation dans sa maison. On comprend alors ce si juste équilibre avec les jolies traces du passé, l’assemblage de coloris délicats, le choix du mobilier, juste, épuré, qui signe un lieu où il fait bon vivre. PLC : D’où vient cette envie de créer avec la matière textile ? NF : « Je suis née à Santa Cruz de Tenerife. J’y ai vécu jusqu’à mon bac. Je me destinais à faire des études de droit. Mais à l’heure de l’inscription en faculté, j’ai fait un refus d’obstacle, je ne me voyais pas m’enfermer dans une vie de bureau, je voulais plutôt découvrir le monde. J’ai demandé à mes parents de m’accorder une année pour réfléchir et je suis partie, consciente du besoin d’apprendre la langue pour pouvoir voyager facilement plus tard. J’avais 18 ans, j’étais jeune fille au pair à Londres, une expérience assez difficile mais une très bonne école de vie qui m’a appris à assumer mes décisions. Pendant mes temps libres, j’essayais de donner forme à mon imagination par croquis, constructions, assemblages, cela me procurait, comme aujourd’hui encore un grand plaisir. C’est alors que j’ai décidé que mon travail devrait être en lien avec cette partie de moi. Le terme d’Arts appliqués n’existait pas en Espagne, alors, une fois rentrée, j’ai passé le concours pour entrer à El Centro Superior de Diseno de Moda de Madrid. Je garde un très bon souvenir de ces années où j’ai beaucoup appris. J’ai assez vite perdu l’intérêt pour la mode, mais le textile est resté un moyen d’expression. PLC : Quelles sont vos sources d’inspiration, vos préférences ? NF : « Sans hésiter, la nature. Je marche une heure par jour en forêt, en bord de mer ou dans un parc près de chez moi. Je suis captivée par les variations et les jeux de couleurs, les saisons, par la force de la lumière qui caresse ou transperce les végétaux, les minéraux, la matière. Certains projets m’orientent vers des motifs figuratifs en lien avec les thèmes d’expositions, mais pour mes propres collections je reviens vers une forme plus minimaliste avec surtout et toujours l’amour du fait main, qui apporte un caractère inégalable. Je suis très sensible à la matière avec l’idée d’envelopper de douceur.

26

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021

Pour mes propres collections je reviens vers une forme plus minimaliste avec surtout et toujours l’amour du fait main, qui apporte un caractère inégalable, je suis très sensible à la matière avec l’idée d’envelopper de douceur. PLC : Dans votre parcours vous évoquez souvent ce lien entre art et voyages, vos belles rencontres … NF : « Lors de mes premières collaborations avec Laura Ashley et plus tard pour des clients en Inde et au Pakistan qui proposaient des collections pour AMPM et la Redoute, j’ai eu la chance de participer au salon de Francfort où le monde entier du textile est représenté. Je suis tombée amoureuse de broderies en fil de laine sur coussins qu’exposait Zamir. Il m’a parlé de sa famille d’artisans brodeurs dans la région de montagne du Cachemire, et m’a invité à venir sur place découvrir leur art réalisé grâce à des savoir faire ancestraux. Depuis cette rencontre j’y voyage régulièrement, j’ai découvert d’autres procédés, celui des étoles, j’ai alors crée un partenariat avec une deuxième famille de tisserands. Le plus souvent, ces artisans doivent quitter la montagne pour partir à Delhi, le travail manquant chez eux. Leur savoir-faire et leur accueil étant exceptionnels, je me suis engagée comme une évidence, ravie de les aider à rester dans leur région grâce à la charge de travail fournie. Les écharpes et étoles réalisées grâce à cette belle collaboration réchauffent ainsi non seulement mes clients mais aussi le cœur des familles sur place et j’en suis fière. PLC : De nouveaux projets ? NF : Je réfléchis à la création d’une association pour réunir des femmes de différentes origines installées à Nantes. Le projet est en cours avec une ligne artistique qui permettrait de créer le pont entre les différentes cultures, un chantier qui en est encore à son début et qui me tient beaucoup à cœur. www.natalia-franquet.com



3

1

2

1

2

L.A LOIRE ATLANTIQUE

MAISON PRIEUR

C’est LA bonne nouvelle de cette fin d’année : l’enseigne s’installe enfin dans la Cité des Ducs ! Une adresse devenue incontournable à La Baule depuis 3 ans et qui récidive chaque année dans son détournement des mythiques initiales L.A (Los Angeles) pour L.A (Loire Atlantique) Cette marque détonne par son univers original & décalé qu’elle décline sur des articles éco-responsables (tshirts, marinières, sweats pour toute la famille) et accessoires (casquettes, bonnets, porte-clés, stickers, magnets, mugs…) pour un look à l’Américaine « Born in L.A »

Membre du Club des Joailliers Créateurs, Maison Prieur crée et restaure tous vos bijoux.

CONCEPT STORE

3, Place du Pilori, Nantes Tél : 02 55 54 17 11 LAloireatlantique.com @la.loirealtantique @LAloireatlantique 28

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021

HORLOGER JOAILLIER DIAMANTAIRE

Chanel, Chaumet, Tag Heuer, Fred, Hermès, Pomellato, Boucheron, Messika, Dinh Van, Ginette of New York, Baccarat, Hamilton, Oris, Redline...

3

MAISON JEAN 8

OPTICIENS NANTAIS Depuis 1948 au service de votre vue. L’adresse incontournable de Nantes dans l’univers des lunettes de mode et de créateurs. Nous restons ouverts et vous accueillons sur rendez-vous pendant le confinement ! Une question, besoin d’un réglage, d’une réparation ou encore de nouvelles lunettes ? Prenez soin de vous, nous nous occupons de vos lunettes !

Avenue Marie Louise Passage du Royal - La Baule Tél : 02 40 60 86 08 www.bijouterie-prieur.fr

5 rue de la Barillerie - Nantes Tél : 0 2 40 47 44 35 bonjour@maisonjean8.fr www.maisonjean8.fr



Produire un jour du whisky n’est pas écarté, mais comme le reconnait volontiers Benoit Chaigneau : il y a un temps pour tout.

30

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021


E R WA N H A L N A D U F R E TAY

CHARLOTTE LAPEYRONIE

UNE DISTILLERIE AUX PORTES DE NANTES Nous vous avions fait découvrir dans le numéro d’Automne et Hiver 2020, le Distiloire, un artisan de spiritueux situé aux abords de Nantes. C’est dans leur atelier à SaintMars-De-Coutais que nous nous sommes retrouvés pour ce numéro. Depuis leur première participation au Concours général agricole Paris 2020 qui a fait briller leurs productions puisqu’ils y ont remporté une médaille d’or pour le Gin 1924 et une médaille d’argent pour le Pastis Meskad. Une belle récompense et une véritable reconnaissance pour cette distillerie artisanale. En novembre dernier, c’est au tour du vermouth rouge de passer dans les mains exigeantes de cet ancien maître de chais. Produit historiquement en Italie, ce vin aromatisé présent dans de nombreux cocktails connait depuis peu une nouvelle jeunesse. Un vermouth est élaboré à partir d’un vin blanc de 2 ou 3 ans dont dépendra sa qualité, auquel on ajoute de l’alcool pour faire augmenter son taux. Puis un ensemble de plantes et d’épices qui, une fois les aromes extraits, détermineront le caractère du vermouth. On complète alors ce mélange avec du sucre de canne pour obtenir un vermouth blanc ou avec du caramel pour le vermouth rouge. Ici, pas de caramel mais un assemblage subtil de muscadet et de cabernet franc issus du domaine Landron Chartier, vigneron en coteaux d’Ancenis, qui donne à ce vermouth une robe rouge clair légèrement tuilée. Un produit 100% naturel et labellisé bio, composé de 14 plantes et épices tel que l’orange amère, la gentiane, l’absinthe, le romarin ou encore le poivre de Madagascar et la cannelle. C’est d’ailleurs l’originalité de cet assemblage qui lui vaut son nom de « Douce folie ». Il n’est cependant pas question pour le Distiloire de s’arrêter là. Plus fin et moins amer, un vermouth blanc est prévu pour février 2021. On trouve aussi dans l’atelier quelques fûts de vin de Loire liquoreux, où vieillit un rhum biologique venu du Paraguay dans lequel a été ajouté un mélange de cinq plantes, complété par des notes de café et de vanille. Celui-ci est prévu pour novembre 2021. Produire un jour du whisky n’est pas écarté, mais comme le reconnait volontiers Benoit Chaigneau : «il y a un temps pour tout.»

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

31



LES N A N TA IS ONT DU TA L E N T

TRISTAN

Nous l’avons soumis à la question PAT R I C K G É R A R D ALEXANDRE FILLON

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

33


LES N A N TA IS ONT DU TA L E N T

Dans une interview où on lui demandait de définir en trois mots le style de musique qu’il pratique, Tristan Gouret répondait : « Je dirais naïf, mais plutôt dans le sens innocent, mélancolique et sensible ». Le jeune nazairien de vingt-deux ans a grandi dans le Morbihan. On ne le blâmera pas d’avoir arrêté ses études de langue à Nantes pour se consacrer à la création. Tristan se produit sur scène sous le nom de FYRS. Un clin d’œil au mot « fears », les peurs en anglais. Il a vécu un temps à Bristol, en a gardé un goût pour la langue de Shakespeare et Bowie. Tristan joue de la guitare et chante. Avec lui, on trouve deux anciens condisciples du lycée Aristide Briand de Saint-Nazaire. Tom Geffray, à la batterie, et Zaho de Sagazan, à la voix et au clavier, anciens membres du collectif de musiciens les « Irréductibles ». Fyrs a déjà joué au Lieu Unique de Nantes, au Printemps de Bourges. Prochaine étape, l’enregistrement d’un EP de quatre titres en studio. Espérons y retrouver le vibrant et intense « The Swirl of Love » déjà disponible sur YouTube.

Signe astrologique Balance Couleur Noir Parfum Only the Brave (by Diesel - avec la voix de la pub). Passe-temps Regarder Killing Eve ou Downton Abbey. Vacances (où et quand ?) Vienne en février. Votre paradis terrestre Vienne en février. Qui est la femme (ou l’homme) de vos rêves ? Je n’en rêve pas, elle vit avec moi. À table, quel plat ne faut-il jamais vous servir ? Du lapin, impossible de manger mon animal de compagnie. Quel genre de petit garçon étiez-vous ? Bavard et toujours pressé. Quel est votre personnage historique favori ? Raspoutine, pour son look. Votre occupation préférée ? Le football. Pour quelles fautes avez-vous le plus d’indulgence ? Le coup de boule de Zidane en 2006. Qui auriez-vous aimé être ? Le Killian Mbappé de la musique. Ce que vous appréciez le plus chez vos amis ? Leur indulgence et leur patience. Qu’avez-vous à vous faire pardonner ? Ne pas avoir répondu à cette interview dans les temps.

34

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021

Le don de la nature que vous aimeriez avoir ? Accoucher, par solidarité. Votre chanson préférée ? Lost Day d’Other Lives. Le musicien qui vous tire des larmes ? Ry X Votre film préféré ? The Intern, pour Robert de Niro, ou The notebook, pour Ryan Gosling Qu’aimeriez-vous laisser de vous ? De jolis souvenirs à mes proches et quelques musiques agréables. Si vous étiez invisible, vous feriez quoi ? J’irai voler toutes les choses que mon salaire de musicien ne me permet pas de m’offrir. Que faut-il faire pour vous déplaire ? Juger seulement sur les apparences. Et pour vous plaire ? Me payer un bon burger. Que faut-il faire pour vous faire rire ? Écouter une chronique de Paul Mirabel sur France Inter ou regarder un vieux sketch de Gad Elmaleh. Et pour vous faire pleurer ? Un bon film romantique (ou me cogner le petit orteil dans le coin du lit). Qu’aimeriez-vous changer en vous ? Mon niveau d’anxiété. De quoi êtes-vous le plus fier ? Ma famille. Et demain, vous faites quoi ? J’attends que le temps passe (parce qu’on est confinés).



LES N A N TA IS ONT DU TA L E N T

Je passais mon temps devant ma table de travail. Je voulais être publiée, que tout le monde trouve ça génial. Je le faisais lire à mes copines du lycée qui ne partageaient pas mon enthousiasme. En un mot, c’était nul !

36

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021


JULIA KERNINON La voici assise bien droite sur sa chaise, ravissante et sage, répondant avec une extrême précision à nos questions. Pourtant, Julia Kerninon est une aventurière et pas seulement des mots. Elle a beaucoup voyagé, beaucoup vécu hors de nos frontières. Et puis, après maints déménagements, elle est de retour à Nantes, sa ville d’origine, heureuse d’y élever ses deux enfants et de trouver du temps pour écrire. Son dernier roman, Liv Maria, a fait sensation en cette rentrée littéraire. Ce n’est pas la première fois. Julia est devenue depuis 2013 et la parution de son roman Buvard, un auteur qui compte. Ses écrits lui ressemblent : lumineux et mystérieux. Elle a accepté de nous raconter son Nantes avec une pointe de nostalgie et beaucoup d’émerveillement. ED ALCOCK LAURENCE CARACALLA

« J’ai grandi dans un quartier ouvrier à Zola. Pour se rendre au centre ville, il fallait remonter la rue de Gigant, avec toujours cette même impression : habiter pas vraiment à Nantes, plutôt à sa porte. » À l’adolescence, Julia fait une découverte qui bouleverse sa vie : le Lieu Unique. « C’est d’abord l’endroit, les anciens bâtiments de la biscuiterie LU, qui m’a fascinée : le côté Art Nouveau, le béton brut, les murs coulissants, c’était la Factory d’Andy Warhol ! Quand la ville en a fait un lieu culturel, j’y ai passé beaucoup de temps. C’était merveilleux ces spectacles de danse, ce bar, ce restaurant au design industriel qui me paraissait tellement moderne. » À 14 ans, elle commence à écrire un livre « Je passais mon temps devant ma table de travail. Je voulais être publiée, que tout le monde trouve ça génial. Je le faisais lire à mes copines du lycée Jules Verne qui ne partageaient pas mon enthousiasme. En un mot, c’était nul ! » Mais, elle ne désespère pas, d’autant que l’adolescente découvre, toujours au Lieu Unique, le slam. Elle se jette à corps perdu dans cette nouvelle manière de dire ses propres textes : « Pour la première fois, les gens écoutaient ce que j’écrivais et c’était tout nouveau pour moi. Et puis, ce fut l’occasion d’appartenir à un groupe qui s’intéressait lui aussi à la littérature et à l’art en général. Il y avait une incroyable émulation, on se prêtait nos livres, nos cassettes. » Julia passe aussi du temps avec ses amis au Café Budapest, un nom qui la fait fantasmer. Tellement que, sa licence de lettres en poche, elle part vivre dans la capitale hongroise. « J’y suis restée une année scolaire avec une seule idée en tête : lire et écrire toute la journée, vérifier que j’étais capable de faire ça. Cette parenthèse a été fondatrice, j’ai compris que je n’avais pas peur d’être seule, que j’étais solide, plus que ce que j’imaginais. J’ai écrit là-bas deux romans, publiés des années plus tard, Buvard et Le dernier amour d’Attila Kiss. » La jeune femme continue à voyager, Birmingham, Berlin, Rome, puis s’installe à Paris avec son compagnon : « J’y suis restée quatre ans et je m’y sentais bien. Mais lorsque nous avons décidé d’avoir un enfant, nous avons su qu’il nous faudrait habiter ailleurs. La ville est bien trop chère. On a pensé à Bordeaux, à Lyon. Nantes ? C’était hors de question, je ne voulais pas avoir l’air de retourner chez Papa, Maman ! Mais quand mes parents ont déménagé en Irlande, j’ai su que ce serait notre port d’attache. »

Julia ne regrette pas son choix : « La ville est plus grande, plus propre, plus riche aussi ! J’habite près de la gare, un quartier longtemps malfamé devenu très prisé. À l’époque, le parc était dangereux, on y trouvait des seringues partout. C’est là où aujourd’hui je promène mes garçons. Nous allons au parc de Procé, bien sûr, celui des Naudières aussi. Et puis, j’aime plus que tout les bords de la Loire, pousser jusqu’en Anjou, comme nous l’avons fait cet été. » Avant de nous quitter, elle glisse, amusée : « Au Parc de Procé, il y a ce manège où m’emmenaient mes parents. Aujourd’hui j’y retourne avec mes fils et le patron du manège est le même. Je suis sûre qu’il m’a reconnue, sûre qu’il se souvient de la petite fille que j’étais. ».

Une jeune fille quitte précipitamment son île natale et se retrouve à Berlin. Elle y rencontrera l’amour. Une histoire passionnée qui prend fin et qui, sa vie durant, l’obsèdera. Des années plus tard, une autre rencontre l’oblige à faire de cette liaison un secret. Liv Maria, libre et complexe, héroïne d’un roman mené tambour battant par un auteur qui a le goût de la langue, le sens du romanesque et une énergie contagieuse.

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

37


LES N A N TA IS ONT DU TA L E N T

38

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021


PA S C A L E D E L A CO C H E T I È R E

PAT R I C K G É R A R D

FRANCE THIROLOIX ARTISTE EN MOUVEMENT C’est au cœur de Trentemoult que nous rencontrons l’artiste multiforme. L’ex-parisienne se raconte dans un parcours fleuri d’aventures, évoque ses tableaux et robots d’hier, l’art cinétique d’aujourd’hui, son « Cinéstatique » comme elle s’amuse à le présenter. Elle nous dévoile ses travaux en cours pour l’exposition « Avis de Grand frais » programmée du 10 au 13 décembre prochain.

France Thiroloix dans son jardin exotique avec son chien Chipotle (piment mexicain). NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

39


LES N A N TA IS ONT DU TA L E N T

Avis de Grand Frais (exposition collective) Black Pepper Yachts (du 10 au 13 décembre / 10h-19h) 5 impasse du Belem à Nantes Vernissage le 10 décembre à 18h30 francethiroloix@gmail.com Tél: 06 62 30 21 08

40

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021


Maquette d’un projet en cours, images de la Totemobile, portrait de France et moodboard dans son atelier . Page de gauche, l’œuvre Mouvement perpetuel, ci-contre, Iris.

Enthousiaste et déterminée, faisant fî de toute barrière ou convention, elle décide d’intégrer coûte que coûte la team et pour ce faire imagine un projet d’envergure qu’elle soumettra à Citroën. Une rue aux façades colorées et aux portes de garages illustrées d’une foultitude de messages et personnages d’art brut, une rue dynamique par ses couleurs, joyeuse comme un air de vacances… Ce village, elle l’avait découvert en 2006, lors d’une collaboration avec les machines de l’île. Séduite, elle l’avait gardé en mémoire pour le jour où... Une dizaine d’années plus tard, lorsqu’elle a quitté Paris et son atelier d’Oberkampf, comme une évidence, elle a mis le cap vers ce petit paradis à deux pas de la Loire. La proximité de La Baule où jeune fille elle passait ses vacances dans la grande maison de famille, donnait à la région un charme supplémentaire. La maison était ordinaire, sans aucun caractère et c’était tant mieux, il y avait tout à y faire, offrant ainsi une liberté totale de conception. Il lui a fallu deux années de travail acharné pour dessiner et réaliser un lieu de voyages exotiques, un mix de Maroc et de Mexique réunis dans une palette franchement vitaminée. Bleu Majorelle, rouge cerise, vert menthe, jaune cumin, une forêt de palmiers et de bananiers en lieu et place d’un terrain vague signent aujourd’hui une maison de famille-atelier hors mode, singulière, au fort caractère, une maison conforme à sa propriétaire, du genre qui étonne, séduit et bouscule. Elle nous invite directement dans l’atelier, et la visite commence : on croise un orchestre d’automates musiciens, on s’arrête sur quelques jolis croquis et tableaux, sur un bouquin titrant : Un peu de désordre = beaucoup de profit(s) « une référence » dit-elle et force circuits, batteries, schémas techniques. Au premier regard on est captivé.

Le dialogue est fluide, drôle, elle sourit, s’amuse en évoquant « une enfance dite de bonne famille dans le 16ème arrondissement à Paris dans les années 60 » en brandissant une date : 1981 dans son CV comme un fait d’armes « Non diplômée de la fameuse Femme Sec, comprenez femme secrétaire, formation très en vogue à l’époque pour l’avenir des jeunes filles bien nées.» Le ton est donné, la nouvelle nantaise raconte avec humour et simplicité une formation complémentaire, «une petite» (insiste t-elle) école d’architecture d’intérieur dans le 18ème parisien, un voyage de deux années autour du monde sur un petit voilier de 10 mètres, elle est alors jeune mariée et se souvient de sa liste de mariage déposée dans un shipchandler (un commerce de fournitures de bateaux), des pirates, des tornades, des belles rencontres aussi et surtout. France Thiroloix c’est entendu, n’est pas une personnalité convenue. Un tourbillon, un livre ouvert sur les aventures humaines. NP : Comment avez vous imaginé construire des œuvres animées ? FT : « Revenue en France, je me suis installée dans l’atelier. Depuis toujours je me passionnais pour la lumière et les mouvements, c’est pourquoi j’ai imaginé en autodidacte mes premières machines, automates musiciens. En 2001 c’est la rencontre avec Chico Mc Murtrie, grand artiste américain d’art robotique au Lieu Unique qui a pour moi tout changé. Il exposait avec son équipe, une savane africaine en mouvement, bouleversante de technicité et d’humour » Enthousiaste et déterminée, faisant fî de toute barrière ou convention, elle décide d’intégrer coûte que coûte la team et pour ce faire imagine un projet d’envergure qu’elle soumettra à Citroën. La devenue célèbre Totemobile (mythique DS se transformant en sculpture organique de 20 mètres) verra le jour sur les Champs-Elysées en 2007 après deux ans et demi de travail collaboratif entre France et les Etats Unis et plus de 30 artistes et ingénieurs, France animait la direction artistique (l’oeuvre fut exposée ensuite à La Villette durant l’année 2014). Depuis cette expérience déterminante, et au fil des années, son travail s’est épuré, le figuratif a disparu, le mouvement est resté pour créer des œuvres cadrées, abstraites, hypnotiques et graphiques. « Les nouvelles technologies m’ont ouvert le champ tant dans les matières que dans les procédés de déclenchement des mouvements » Nous avons eu le grand plaisir de découvrir Iris, Quadrature du cercle, et Aérolight qui seront exposées en décembre.

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

41


LES N A N TA IS ONT DU TA L E N T

42

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021


PA S C A L E D E L A CO C H E T I È R E

PAT R I C K G É R A R D

CARINE DEWAVRIN JAMAIS LOIN DE LA MER Depuis mi-octobre, elle était installée aux Sables-d’Olonne avec la team l’Occitane en Provence et Black Pepper Yachts pour les derniers réglages de l’Imoca d’Armel Tripon, parti affronter le fameux Vendée Globe. L’artiste peintre et graphiste a de multiples talents, elle peint la mer oui mais elle la vit aussi ! «Carine ? Un vrai couteau suisse ! » dit-on volontiers au sein des équipes. Elle a signé la décoration du bolide des mers, le graphisme percutant des lettrages débordants sur la coque et le calage du soleil logo de la marque sponsor. La communication et le lien avec les partenaires ? C’est elle aussi qui en est responsable en plus du suivi des budgets. Presque deux ans de travail acharné pour obtenir, réunir, prévoir, concevoir, informer. Revenue à Nantes dans son havre de Trentemoult sur le port, elle nous raconte son agenda bien rempli par cette fabuleuse aventure du 60 pieds de course, et évoque sa peinture en lien avec son besoin absolu de vivre avec la mer, elle nous dévoile le thème de sa prochaine exposition en décembre « Avis de grand Frais », une réunion de plusieurs artistes autour du vent, de la mer et du mouvement.

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

43


LES N A N TA IS ONT DU TA L E N T

44

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021


Carine avoue aimer le mouvement. (...) Dans ses toiles, elle le capture dans des images interprétées sans être figuratives. La mer ?

C’est Le sujet de Carine, son phare. «Un engagement vital» au centre de son travail d’artiste et de sa vie. « Je ne peins pas la mer par hasard, depuis tant d’années, je la vis.» Elle ajoute «lorsque je ne suis pas sur l’eau, je peins et lorsque je ne peins pas, je suis sur l’eau». Il faut dire que tout dans son histoire l’oriente ou la ramène vers elle. Son père était navigateur alors très tôt elle a appris la voile, puis participé aux régates. Après 30 années passées en Martinique où elle pratiquait voile et planche à voile en compétition, elle a rencontré à Paris, Michel de Franssu, fondateur et propriétaire du chantier Black Pepper Yachts, qui signe d’élégants voiliers haut de gamme : Les Code. Installés depuis à Nantes, c’est ensemble qu’ils sont partis dans le projet fou de construction du monocoque de 60 pieds l’Occitane en Provence dessiné par l’architecte Sam Manuard. Une expérience que l’on vit une fois dans une vie, un challenge que l’artiste, sportive à la tête bien faite a relevé avec joie en s’intégrant à l’aventure grâce à ses multiples talents et ce milieu qu’elle aime tant. Elle navigue sans jamais laisser trop longtemps sa peinture qu’elle réalise depuis son atelier (situé bien sur près du port). Carine avoue aimer le mouvement. Celui des grandes courses au large est changeant, rapide comme les vents. Dans ses toiles, elle le capture dans des images interprétées sans être figuratives. De la peinture basée sur le motif de ses débuts à l’abstraction qu’elle a abordée plus tard, elle s’est échappée, préférant une peinture plus

expressive qui ne cherche pas à refléter la vérité de l’image, mais son imagination. Son geste est spontané, vif. Les techniques qu’elle mixe sont multiples : acryliques, collages, résines, huiles, pigments, graphite, médiums de structure. Dans son atelier, les matières se mêlent, les instruments académiques et ceux qu’elles affectionnent qui sont plutôt référencés bricolage. « Pour cette grande liberté dans le geste, pour laisser la place au hasard, aux accidents heureux, à la surprise que provoque une coulure, une éclaboussure, pour laisser vivre un détail imprévu, la trace de l’outil», il lui faut cet assemblage atypique de tout plein de choses familières ou plus rares, et bien sûr sa généreuse palette. «Les couleurs sont pour moi une formidable source d’expression » nous confie t-elle et nous remarquons qu’elle les utilise librement, largement, sans contrainte. Sur ses toiles, les ciels et les océans ne sont pas nécessairement bleus, les habitudes et règles sont bousculées, entrainées vers d’autres rivages. «J’aime les couleurs, dit-elle, car elles parlent à l’esprit». Elle préfère celles qui déclenchent des vibrations, «seule la peinture transmet ces sensations, mon processus créatif laisse une grande part à l’improvisation et je suis à chaque tableau dans un corps à corps avec ma toile (on reconnaît là le langage de compétition, de la sportive). L’Ecume, la Vague, Bord à bord… Les noms donnés à ses toiles sont sans ambiguité, tous bien trempés à l’eau de mer.

Avis de Grand Frais (exposition collective) Daniel Le Saux, France Thiroloix et Carine Dewavri Du 10 au 13 décembre (10h-19h) Vernissage le jeudi 10 décembre à 18h30 Un live avec Armel Tripon qui sera dans le sud en pleine course est programmé le vendredi 11 décembre à 18h30 (l’horaire peut varier en fonction de la course). Chantier Black Pepper Yachts : 5 impasse Belem à Nantes

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

45


3

1

2

1

2

3

MAISON PRIEUR

LANDREAU

HORLOGER JOAILLIER DIAMANTAIRE

JOAILLIER DIAMANTAIRE

Membre du Club des Joailliers Créateurs, Maison Prieur crée et restaure tous vos bijoux.

Cartier, Omega, Breitling, Baume et Mercier, Chopard, Dinh Van, Arthus Bertrand, Frey Wille, Ginette NY, Herbelin, Longines, Marco Bicego, Rado, Tag Heuer, Tissot, Tudor

Poiray, Baume et Mercier, Longines, Rado, Briston, Hamilton, Herbelin, Tissot, Frey Wille, La Brune et La Blonde, Christofle, March LA.B...

10, rue d’Orléans - Nantes Tél : 02 40 48 67 68 14, rue d’Alscace - Angers Tél : 02 41 87 61 79 www.landreau.fr

17, rue Barillerie - Decré Nantes Tél. : 02 40 47 78 29 www.robin-joaillier.fr

Rolex, Chanel, Chaumet, Panerai Gigi Clozeau, IWC, Ginette NY, Tag Heuer, Fred, Hermès, Pomellato, Boucheron, Messika, Le Gramme, Dinh Van, Bell&Ross, Oris, Hamilton, Redline...

1, rue d’Orléans - Nantes Tél : 02 40 48 69 95 www.bijouterie-prieur.fr

46

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021

ROBIN JOAILLIER


PAT R I C K G É R A R D VA L É R I E L E J E U N E

BABYLONE SUR LOIRE

LES JARDINS SUSPENDUS D’EVOR Au cœur du cœur de Nantes, un minuscule pays enchanté réjouit tout au long de l’année les amateurs de plantes. Visite du second jardin botanique de la Capitale des Ducs de Bretagne qui aurait sûrement amusé Nabuchodonosor II.

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

47


Tout rêve d’enfant est-il bon à réaliser ? Laissant les Diafoirus du mental répondre à la question, Evor, artiste plasticien et amoureux de la nature a choisi. Rue de la Marne, face aux Galeries Lafayette, dans deux cours lovées au centre de ce que Nantes a de plus minéral, de plus classique, de plus gris, ce drôle de zèbre a commencé il y a quelques lustres à installer une sorte de rêve de campagne. 14 années plus tard, ce qu’un panneau à l’entrée du passage Bouchaud qualifie de « Jungle intérieure » est devenu le plus incroyable des jardins suspendus qui se puisse imaginer. L’écriteau explique que l’endroit est une pépite urbaine à contempler en silence. Avertissement souvent superflu : d’emblée, le visiteur baisse le ton puis se tait, brusquement plongé dans un tunnel de fraîcheur, de bruissements, de mystère. Sous le beffroi tutélaire de l’Eglise Sainte-Croix, les deux cours d’immeuble naguère tristounettes ont à présent le premier rôle dans un feu d’artifice végétal qui ennoblit le ciment, transforme les pignons en canyons verdoyants, mue les vieux crépis en roches volcaniques, change les façades en murs d’escalade à l’usage des songes et lianes de toutes sortes.

« Tant que je peux ajouter des plantes, avec l’indulgence des voisins et de la copropriété, je le fais », confie Evor qui végétalise aussi paliers et balcons des parties communes. « Toutes les plantes sont en pots. Ça bouge tout le temps. C’est assez simple d’embellir sa vie. »

48

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021

L’écriteau explique que l’endroit est une pépite urbaine à contempler en silence. Comme beaucoup de folies, celle d’Evor a commencé mezzo voce. «Au début, raconte-t-il avec une malice de potache, ce n’étaient que cinq ou six pots que j’avais rapportés d’une serre que l’on m’avait prêtée pour qu’il y concrétise l’idée d’un jardin déjà suspendu, sur l’Ile de Nantes, dans le blockhaus DY10. Je les avais poussés contre les poubelles…» De là à pousser les poubelles elles-mêmes, il n’y avait qu’un pas de jardinier. Quelques mois plus tard, la nappe végétale croissait et embellissait sous le regard étonné de la copropriété qui ne savait pas qu’elle contemplait la naissance d’un véritable phénomène qui allait changer sa vie. L’horticulteur du bitume, lui, savait ou feignait de le savoir. Branche à branche, pousse par pousse, avec la détermination silencieuse d’une marée, Evor travaillait au miracle. On ne se refait pas : l’histoire ne datait pas d’hier. Le petit garçon de Vertou aimait déjà grimper sur les toits, humer les feuilles d’automne et écouter cajoler les geais, pupuler les huppes ou zinzinuler les mésanges. Il aimait aussi rapporter du potager de sa grand-mère Marie des plantes, des bribes d’écorce, des carapaces d’insectes ou des petits cailloux pour former ces micro-paysages que l’on venait admirer dans sa chambre comme on pousse la porte d’un cabinet de curiosités.


La scène du théâtre d’Evor a grandi et s’étend à présent sur une dizaine de toits que desservent de petites échelles d’aluminium ou de bois. Le maître du lieu les emprunte pour aller nourrir et soigner les quelques 300 espèces différentes qui y prospèrent dans des pots. Il y a deux ans, Jean Blaise, le directeur du Voyage à Nantes est tombé en amour pour la jungle d’Evor. Séduit par le côté Tom Sawyer de l’endroit, il l’a doté d’un belvédère de bois d’où l’on peut littéralement plonger dans les méandres du vallon. Succulentes, alocasias, papyrus, aralias, scheffleras, bananiers, fougères arborescentes, cobées, ellébores, clématites, hostas ou yuccas donnent du calice, de la feuille et de la branche pour faire du lieu un spectacle vivant qui joue à l’année longue, ne fermant que quelques mois en hiver. Locales ou exotiques, les pensionnaires de La Jungle rappellent les anciens jardins nantais où se mêlaient les espèces du cru et celles du bout du monde rapportées dans les poches des marins. Indifférent à la collection mais sensible au ravissement de l’enfance, Evor invite dans son domaine tous les végétaux dont la rareté ou la puissance onirique le séduisent. Qu’il s’agisse de plants ou encore, comme durant le confinement, de graines qu’il commandait sur Internet, il ne résiste à aucune tentation. Le voir revenir de l’annuelle fête des plantes du Grand Blottereau, chargé de promesses vertes est un régal. Il ne résiste à rien, pas même au chagrin de voir dépérir pour la deuxième fois un précieux aralia et de tenter une ultime manoeuvre. « Finalement, j’ai gagné : j’avais pu conserver les graines et elles ont germé », dit-il ravi. Lorsque le souci est trop grand, ce qui est un comble pour un jardinier, Evor demande l’avis de ses ainés. Jacques Soignon, l’ancien directeur du Service des Espaces Verts et de l’Environnement de la ville de Nantes fait partie de la garde rapprochée. Séduit par l’entreprise, celui qui a inventé le Jardin Extraordinaire, n’est jamais aux abonnés absents

Il y a peu, il a installé un goutte à goutte qui réduit singulièrement le temps d’arrosage et économise aussi la précieuse eau. Le reste est affaire d’amour, celui qui pousse chaque jour Evor à manucurer sa merveille. Dans les deux cours, on aime cet elfe qui se coule entre les pots, taille ici, redresse là et parfois accroche à votre balcon le chèvrefeuille dont vous rêviez. Il y a peu, il a installé un goutte à goutte qui réduit singulièrement le temps d’arrosage et économise aussi la précieuse eau. Lorsqu’il fait ses rondes, il arrive au jardinier d’écouter la foule qui passe. On s’esbaudit, on commente, on regrette de ne pouvoir pénétrer plus avant. Derrière une feuille de bananier, Evor jubile : «cet éloignement entretient le désir… » Un désir qui est comblé régulièrement car le jardinier poste fidèlement sur Instagram les zones secrètes de son domaine.

« C’est un joyeux mélange. Il n’y a pas de restrictions. Nous restons dans la logique des jardins à la Nantaise, enrichis des plantes rapportées du monde entier par les marins. »


50

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021


Ce qui frappe en entrant au château de Maubreuil, c’est sa modernité élégante. Une somptueuse montgolfière de dix-huit mètres de haut, éclairée la nuit, accueille les visiteurs. Le propriétaire du premier hôtel cinq étoiles de Nantes, Philippe Rousse, a vu les choses en grand. Ce fin collectionneur a mis les bouchées doubles pour réaliser un vieux rêve d’enfant. Les travaux ne sont pas encore terminés, il faudra encore patienter avant de découvrir les quatorze suites conçues autour du voyage. «Le château de Maubreuil n’est pas un hôtel, pas un restaurant, c’est une maison», explique Philippe Rousse. Une maison «où l’on se sent chez soi, mais qui ne ressemble pas à chez soi».

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

51


Le jeune barman, Kleven Chauvet, a remporté le titre de meilleur apprenti barman de France 2019

Après ce nouveau confinement, on pourra retourner se détendre au spa. Les plus épicuriens choisiront de déguster les plats du chef étoilé étranger invité. Chacun s’installe en résidence dans les lieux pour une période fixe de quatre ou six mois. Dans l’assiette du restaurant gastronomique, la surprise et le changement sont au rendez-vous pour une balade en trois étapes, un voyage en quatre ou un périple en cinq. Avec des produits de saisons locaux travaillés de main de maître. Il est recommandé de faire escale au bar cosy du château. L’ambiance y est veloutée, les lumières tamisées. Les rideaux en taffetas tombent joliment à terre. Derrière le comptoir et ses hauts tabourets noirs office un jeune magicien. Kleven Chauvet a bientôt vingt-deux ans et l’avenir devant lui. En gilet, chemise noire et nœud papillon coloré, il cache derrière son masque une fine moustache années 1930. Le Breton a passé un bac pro service, un CAP cuisine. Mais il avait besoin de contact, de créer. Elève au lycée hôtelier Saint-Anne de Saint-Nazaire, il décroche le titre de Meilleur Apprenti Barman de France en 2019. Avant son arrivée en janvier dernier, il a fait ses classes à l’hôtel Barrière Le Normandy à Deauville. Kleven Chauvet n’a pas d’alcool préféré, il aime découvrir, surprendre.

52

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021

Vous ne connaissez pas encore le Sole Mio ? Mélangez énergiquement dans un shaker en inox 2cl de sirop de citron, 2 cl de Martini Bitter, 2 cl de Martini Riserva Speciale Ambrato, de 4 cl de vodka infusée au citron et 2 cl de jus de citron vert. Avant d’y rajouter 5 cl d’un tonic français élaboré à La Baule. Et de servir l’ensemble, sur glace, dans un verre à pied avec une pate crue en guise de paille ! N’oubliez pas la décoration : un zeste de citron découpé au ciseau cranté et un caperon. L’étonnant équilibre entre l’acidité et la fraicheur du breuvage ramène vers un éternel été enchanteur. Kleven Chauvet dispose votre Sole Mio sur des planches en bois peintes qui invitent au voyage. Tout cocktail se doit d’être bon et d’être beau. Il gagne à être versé dans une coupe 1930, un verre Tiki en terre cuite ou même dans une lanterne rouge ! Le plus difficile, à l’entendre, n’est pas de trouver le bon dosage, mais le nom du cocktail. Une cliente, à qui il avait proposé un mélange de champagne, fruit rouge et de vodka lui a suggéré « La Marquise », Adopté ! On l’écouterait volontiers pendant des heures, Kleven Chauvet. Pour les plus sobres, il propose même un cocktail sans alcool à base de fraise, de citron vert, de romarin, de sirop de poivre et de tonic. Et si on essayait ?

Sirop de citron, Martini bitter, Martini Riserva Speciale Ambrato, vodka, citron vert, tonic : ingrédients pour le « Sole Mio »


Photo Déco Bureau Offrez un sourire de couleurs à votre espace ! Personnalisez l’identité visuelle de votre entreprise et imaginez vos locaux tel un miroir de votre personnalité ! Olivier Tardiveau - Photographe 06 24 36 69 42 o.tardiveau@hotmail.fr www.oliviertardiveau.fr


54

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021


L’HÔTEL SEHEULT EN MAJESTÉ Six années de travaux lui ont redonné tout son lustre PAT R I C K G É R A R D JEAN-MARIE GAUTIER

Un fameux guide touristique écrirait probablement à propos du 8 rue de l’Héronnière : «vaut le détour». A n’en pas douter cette façade néo-classique remise à neuf mérite qu’on aille l’admirer, trônant, majestueuse et lumineuse au milieu d’une rue grise et dépourvue de charme. C’est que cette rue est constituée sur tout un côté par l’arrière des beaux immeubles longeant le cour Cambronne. Si les façades donnant sur le cour ont été soignées et travaillées esthétiquement, l’arrière ne vaut pas l’endroit… Sauf pour ce bâtiment officiellement nommé hôtel Seheult, c’est-à-dire portant le nom de l’architecte qui en fit les plans et bâtit son domicile à cet endroit en 1824. Il prit soin de ne rien négliger, de présenter son œuvre aussi belle de dos que de face, singularité qui lui vaut d’être classée aux monuments historiques depuis 1976 et, de ce fait, ne simplifia pas sa rénovation. En outre, il y avait fort à faire… Les co-propriétaires conscients de l’urgence des travaux, tant la façade était dégradée se lancèrent en 2005, sachant que le dossier serait conséquent mais ils purent s’appuyer sur Nicolas Denis, leur syndic devenu syndic en accompagnement de longue haleine. >>>

Cette façade néo-classique remise à neuf mérite qu’on aille l’admirer, trônant, majestueuse et lumineuse au milieu d’une rue grise et dépourvue de charme.

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

55


Cet hôtel particulier élégant qui a retrouvé son lustre d’antan arrête tous les regards et prouve combien les architectes peuvent avoir du goût et du talent De fait, la première étude fut lancée en 2005 et les travaux qui débutèrent en 2009 ne s’achevèrent qu’en 2015. Mais il fallut estimer les coûts, contacter les organismes de financement afin d’obtenir des subventions (Direction Régionale des Affaires Culturelles, Département, Région), s’adresser à Paris à l’architecte en chef des monuments historiques et trouver des artisans reconnus. Ainsi furent sélectionnés pour la taille des pierres de tuffeau, la société Lefevre, pour la zinguerie, Bondy couverture et pour la menuiserie, l’entreprise Lebeaupin. Le chantier avança au gré de l’arrivée des fonds, de l’installation des pierres (80% d’entre elles ont été remplacées) et des réunions de conseil syndical ou de chantier. Enfin, la grille a été restaurée et de nombreux pavés de la cour changés. Résultat, cet hôtel particulier élégant qui a retrouvé son lustre d’antan arrête tous les regards et prouve combien les architectes peuvent avoir du goût et du talent. Superbe.

Remerciements particuliers à Nicolas Denis de Bras Immobilier, syndic de cet immeuble, pour son accueil bienveillant et le soin qu’il prit pour nous faciliter la tâche.

56

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021


BLANCHE

SEVEN LAFAYETTE

LES BONS PLANS

L’UNIVERS DES CHEVEUX

La boutique de prêt à porter féminin Blanche vous accueille dans une ambiance féminine , un décor épuré , pour vous présenter sa collection automne-hiver, marquée par le retour en force du velours. Les marques et créateurs habituels de la boutique, Isabel Marant, MASSCOB, forte forte, DIEGA, mii, momoni, acquaverde, sont rejoints par de nouvelles marques s’inscrivant dans la même ligne urbaine chic. Belle Pièce décline ainsi ses robes casual en étamine de laine, soie et viscose, tandis que mii à l’Ecole joue sur les imprimés pour proposer une mode colorée très tendance. Les colliers, sautoirs et bracelets Sharing donneront une touche raffinée et poétique à vos tenues, à moins que vous ne vous laissiez séduire par les bracelets colorés en émail de la marque Bangle Up. Blanche, c’est une mode élégante et raffinée, à prix accessibles.

L’histoire commence par le souhait de créer un lieu où la Beauté et le bien être soient révélés.

19 rue Scribe, 44 000 Nantes Tél : 02 40 75 91 07 Ouvert le lundi de 14h30 à 19h Du mardi au samedi de 10h30 à 13h et de 14h à 19h laboutiqueblanche_nantes

Comprendre votre Univers,vos désirs, exprimer votre beauté personnelle est notre priorité et notre « let motive ». Le bonheur est dans les cheveux !! Il faut un tout,mais principalement en beauté. La communication corporelle constitue 80% du message délivré par chacun : le body language. C’est avec grand plaisir que notre équipe, Arzu, Edwige, Tino et Christelle vous accueillera, pour révéler votre beauté.

7, rue La Fayette - Nantes 02 28 29 96 67 Sevenlafayette.fr Ouvert du mardi au samedi 9h/19h

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

57


58

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021


JORDI BOVER PHILIPPE DOSSAL

LA MACHINE À CIEL OUVERT Les créatures prodigieuses de François Delarozière conquièrent les espaces publics bien au-delà de Nantes. L’ancien étudiant des Beaux-Arts évoque son parcours créatif dans un ouvrage « Machines de ville » qui vient de paraître.

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

59


« Ta pointe est émoussée, passe-moi ton crayon, je vais l’aiguiser ». François Delarozière se lève, se dirige vers la table à dessin installée dans la sous-pente où il aime s’isoler et actionne la manivelle de son taille-crayon mécanique fixé comme un étau sur un établi. L’homme est ainsi, d’une attention de tous les instants, d’une simplicité désarmante. « Je peux m’arrêter pour regarder un chantier pendant une demi-heure » confesse-t-il au détour de la conversation, avec l’apparente nonchalance qui le caractérise. L’acuité de ce regard sur le monde environnant, des toutes petites choses aux plus grandes, est sans doute l’une des qualités premières de ce créateur infatigable. Nous évoquons « Le premier coup de pelleteuse » le spectacle qui a lancé en 2013 le grand chantier des Animaux de la place à La Roche-sur-Yon. Un incroyable ballet de pelleteuses donné de nuit, en musique, devant des milliers de spectateurs sur la place Napoléon. BALLET DE PELLETEUSES Ce spectacle, qui reste gravé dans la mémoire des Yonnais, dit beaucoup de l’ancien étudiant de l’école des Beaux-arts de Marseille. De son rapport à la technique, à la ville, au mouvement. De son amour du travail manuel, de son rapport à la matière. Pour lui la ville est un organisme vivant, qui évolue et se transforme constamment. Et «chantier» n’est pas un gros mot dans sa bouche. Au contraire, c’est le lieu où se déploie un savoir-faire remarquable, qui structure la ville et l’espace public. Il a ainsi voulu que les travailleurs de l’ombre soient mis en lumière, à la Roche-sur-Yon, en participant au lancement des travaux de la place. Tout comme il a souhaité, en installant son atelier dans une nef des anciens chantiers navals à Nantes, que les artistes, les artisans, les ingénieurs qui construisent ses machines, travaillent à la vue du public. Il est même allé plus loin à La Roche, mettant en scène durant un an, la métamorphose de la place, à laquelle le public a pu assister depuis des belvédères en bois construits pour l’occasion. François Delarozière a aimé travailler sur ce chantier, un grand salon végétalisé, troué de bassins et peuplé d’animaux mécaniques de sa conception, issus d’une imagination débridée mais reliés à la légende urbaine du lieu qu’il investit. L’Elephant de Nantes pourrait être un clin d’œil à Jules Verne, le Crocodile du Nil, une référence à la campagne d’Egypte de Napoléon.

60

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021

UN PAS DE GÉANT Des Machines de spectacle, tel le Géant construit pour la compagnie Royal de Luxe, au Dragon de Calais, sa dernière créature monumentale, 72 tonnes, qui s’est installé en 2019 sur le littoral calaisien, François Delarozière n’a pas emprunté un parcours linéaire. Mais un constat s’est peu à peu imposé à lui : ses architectures mobiles modifiaient le regard que les citadins portaient sur leur décor familier. En bousculant les repères visuels, il proposait non seulement aux adultes de retrouver leur regard d’enfant sur un monde trop grand pour eux et transformait les rues, les places, les monuments en scènes de théâtre, en décor de gigantesque plateau de marionnettes. Il insuflait de la magie, de la vie, aux villes contemporaines, de plus en plus normalisées, de plus en plus froides. La tentation était grande de concevoir des Machines qui ne se contenteraient plus de déambuler dans les rues pendant quelques jours mais s’installeraient dans l’espace public, lui conférant une dimension poétique inédite. De ce point de vue, l’île de Nantes s’est révélée comme un laboratoire fabuleux. L’aménagement de cette immense friche industrielle lui a permis, avec la complicité de son compagnon de route Pierre Oréfice, de mettre en œuvre le projet des Machines de l’île. Tout est parti, raconte-t-il dans Machines de ville, d’une photographie. Une photo de son atelier glissée à l’architecte-urbaniste Alexandre Chemetoff au cours d’une réunion de travail. L’urbaniste retient alors l’idée de proposer sur l’ancien site des chantiers navals un atelier ouvert à la vue du public. Cette étincelle va ouvrir des perspectives insoupçonnées au créateurs de machines de spectacle, en changeant l’échelle de leurs financements. Des budgets resserrés dévolus à la culture, ils basculent dans les enveloppes consacrées à l’aménagement urbain, incomparablement plus élevés. L’Elephant de Nantes est rendu possible parce que ce n’est plus un objet culturel mais une architecture mobile.


Pour François Delarozière la ville est un organisme vivant, qui évolue et se transforme constamment. Et Chantier n’est pas un gros mot dans sa bouche. Au contraire, c’est le lieu où se déploie un savoir-faire remarquable, qui structure la ville et l’espace public.

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

61


PETITES ET GRANDES MÉCANIQUES Ce pas de géant ne s’est pas effectué en un jour. La confiance des élus et des urbanistes s’est acquise au fil du temps, à la faveur de quelques pas de côté, d’une frénésie créative qui n’a jamais cessé de s’exprimer, sous des formes bien souvent inattendues. Ainsi en fut-il du Grand répertoire, l’exposition d’une centaine de machines plus loufoques les unes que les autres, créée à Nantes en 2003, sorte de florilège baroque issu de l’imagination d’une pléiade de bricoleurs impénitents avec lesquels il travaille depuis des années, à Toulouse et ailleurs. On peut aussi évoquer le Dîner des petites mécaniques imaginé pour l’abbaye de Fontevrault en 2010 et joué depuis lors aux quatre coins du pays. Cet objet culturel non identifié, qui tient à la fois du dîner, du concert et du spectacle, où le pain est servi par une catapulte et le poivre dosé par un serveur suspendu à la verticale de la table, est une illustration de la folle imagination de son concepteur. Une imagination que le public nantais plébiscite à chaque nouvelle création, qu’il s’agisse du Carrousel des mondes marins ou des créatures appelées à peupler l’Arbre aux hérons, le grand projet sur lequel il planche actuellement et destiné à s’implanter dans le jardin extraordinaire en bordure de Loire face à l’île de Nantes.

NATURE ET MOUVEMENT L’histoire est parfois facétieuse puisque cet Arbre aux hérons, conçu avec Pierre Oréfice, était le premier projet des Machines de l’île. Il traduit une facette méconnue du créateur : un rapport très sensible à la nature. François raconte ainsi dans Machines de ville qu’il a commencé son parcours par des études agricoles. Etudes qui lui ont permis d’approcher au plus près le fonctionnement du vivant, des plantes et des animaux, et qui ont laissé en lui une profonde empreinte. Il est ainsi extrêmement attentif à la nature des mouvements de ses machines, à leur amplitude comme à leur vitesse, qui reproduisent avec dans les moindres détails les mouvements de ses animaux mécaniques. Un battement de paupière, une inclinaison du cou, doivent traduire précisément l’attitude de l’animal, lui donner vie, jetant le trouble dans la perception du spectateur. François Delarozière est également très attaché à la noblesse des matières utilisées. Pas de matières synthétiques dans ses ateliers, ses créatures sont faites de métal, de bois, de cuir et crin, leur conférant une présence singulière et autorisant la patine du temps. C’est ce cocktail inédit, auquel il faut ajouter la manipulation à vue de ses architectures mobiles, l’exposition de la mécanique, des entrailles, des tubulures, qui produit l’effet saisissant et parfois bouleversant sur tout spectateur découvrant son Elephant de Nantes ou son Minotaure de Toulouse.

L’histoire est parfois facétieuse puisque cet Arbre aux hérons, conçu avec Pierre Oréfice, était le premier projet des Machines de l’île. Il traduit une facette méconnue du créateur : un rapport très sensible à la nature.

DES PROJETS PLEIN LES CARTONS Les Nantais ne le soupçonnent pas forcément, quoi qu’ils en aient eu une idée avec la présentation de Long Ma, le cheval dragon construit pour saluer le cinquantième anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Chine, mais la compagnie La Machine, planche régulièrement sur des projets débordant largement les frontières de l’Hexagone. Une limite toutefois, François Delarozière refuse de travailler pour les parcs d’attraction, comme on lui a maintes fois demandé en Europe et en Chine. Ses créations doivent prendre place sur l’espace public, être visibles de tous. Et il ne se limite pas à la ville, répondant avec plaisir aux sollicitations de projets plus modestes, dans des territoires plus discrets. Ainsi planche-t-il actuellement sur un projet de jardin fantastique en centre Bretagne. Tous ne sont pas retenus, faute de moyens souvent, mais tous témoignent de la richesse de sa palette, à l’image de la reconversion d’anciennes forges près de Lorient, dédiées aux activités nautiques sur le Blavet. François avait imaginé un parcours sportif s’appuyant sur les équipements de l’ancienne forge, tel un « ascencionneur » mû par la force des bras et des poignets pour gagner le sommet de la halle et une sorte de canoë mécanique suspendu à un pont roulant pour gagner le toboggan descendant sur le fleuve. Le tout traité avec l’esthétique baroque qui est la sienne, quelque part entre l’univers de Mad Max et celui de Léonard de Vinci. Mais toujours en s’inspirant du lieu où il est appelé à travailler, que ce soit dans les friches militaires de Calais, un quartier naissant à Toulouse ou au creux de la campagne bretonne.

MACHINES DE VILLE de François Delarozière, propos recueillis par Philippe Dossal, Actes Sud Beaux Arts, 208 pages, 35€.

62

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021


NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

63


1 2 3

4

5

1. Manteau, jean, bonnet, écharpe et boots Ralph Lauren La Réserve 2. Robe Pryska Vanessa Bruno Batt & Blou 3. Foulard soie Beparisian Blanche 4. Besace Isabel Marant Blanche 5. Boots Agl Claude Chausseur

64

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021




DIANE VON FURSTENBERG VANESSA BRUNO MARGAUX LONNBERG ROBERTO COLLINA LAMBERTO LOSANI MARGIELA JEANS MOTHER AVRIL GAU FORTE FORTE JOSEPH MICHEL VIVIEN EMI MESS RUPERT SANDERSON LES COPAINS SUSUZAN PRÊT POUR PARTIR

NANTES PASSAGE POMMERAYE 02 28 49 57 11 LA BAULE 20 AVENUE MARIE LOUISE 02 40 66 83 49

Tartines & Bouchons B O U C H O N S N A N TA I S & B A R A VI N S

Autour de la place Viarme à Nantes, dans le quartier des brocanteurs, se trouve Tartines et Bouchons. Cette institution bistrotière depuis 25 ans défend ses valeurs en proposant une cuisine simple, de qualité, des produits f rais et une carte des vins fournie et éclectique. Les maîtres mots, ici, sont accueil, plaisir et partage. On savoure, dans un cadre chaleureux, une cuisine f rançaise traditionnelle réalisée par Philippe Ricordaire agrémentée de vins savamment sélectionnés. Un régal pour vos sens : délectez-vous de l’arôme de nos vins et de nos plats gourmands et savoureux…

11 Rue d’Auvours Nantes 02 40 47 85 40 tartinesetbouchons.com


1

2

3 4

5

4

5 1. Champagne Billecart Salmon chez Vino Vini 2. Livre Légumes Régis Marcon aux Editions de la Martinière Librairie Coiffard 3. Chic Cocotte le Creuset 4. Chutney la Cour d’Orgères 5. Petit beurre chocolat Vincent Guerlais

68

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021


Partez à la découverte des chemins croisés du chef Éric Guerin avec son nouvel opus disponible dès à présent.

223, rue du Chef de l’île 44720 Saint Joachim Tél: 02 40 88 53 01

www.mareauxoiseaux.fr NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

69



À VUE D’OEIL OPTICIENS PASSIONNÉS

MARTHIN LOBERT BIJOUTERIE CRÉATION ET PRÉCISION

Depuis son ouverture il y a quinze ans, l’équipe d’À Vue D’œil fait de chaque monture une pièce unique et personnalisée, d’origine exclusivement française et européenne. Dépositaire de collections réservées uniquement aux opticiens indépendants et conçues par des créateurs en lunetterie régulièrement primés au niveau international, À Vue D’œil conjugue modernisme avec savoir-faire artisanal. Contemporaine, cette boutique apporte ses conseils esthétiques et son expérience pour le choix de verres Essilor et d’une monture qui corresponde à votre style. Irréprochable et de haute qualité, le montage est ensuite réalisé avec une extrême précision sur place par des opticiens diplômés et passionnés. Qu’ils soient adeptes de running, de cyclisme, de glisse, de golf… les sportifs apprécient également l’espace qui leur est dédié. Ils bénéficient d’une large gamme de marques et d’une “expertise maison” affinée à leurs attentes. Passion, convivialité, conseil… L’esprit À Vue D’œil.

Garant du choix des pierres précieuses de haute qualité, ce maitre-artisan joaillier d’excellence, installé dans le cœur de Nantes est un créateur reconnu pour le soin et la précision qu’il apporte à la fabrication des bijoux sur mesure. Dépositaire exclusif des marques O.J Perrin et Repossi, Marthin Lobert répond depuis quarante ans à vos attentes avec goût et raffinement. Ouvert du mardi au samedi de 10h à 12h30 et de 14h à 18h30.

1, rue de la Fosse - Nantes Tél : 02 40 74 81 04 a-vue-doeil@wanadoo.fr www.a-vue-doeil.fr

Angle rue Crébillon, 9 rue de Guérande Nantes Tél : 02 40 20 29 20 marthin-lobert@hotmail.fr NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

71


Ce tableau représente l’actuelle rue Prémion passant entre le Château et le cours Saint-Pierre. Il s’agit d’une huile sur toile due à Jean-Baptiste Lecœur.

72

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021


PHILIPPE HERVOUËT

Philippe Hervouët est l’auteur d’un beau livre intitulé “Nantes de mémoire de peintres“ publié en 2014 ainsi que d’un documentaire vidéo, “Nantes l’inspiratrice“. À ce titre il connaît bien les représentations de la ville par ses peintres. Cette nouvelle rubrique lui permettra de nous faire découvrir un des tableaux de Nantes qu’il est possible d’aller contempler dans la ville ou ailleurs.

Ce tableau peint au début du XIXe siècle représente l’actuelle rue Prémion passant entre le Château et le cours Saint-Pierre. Il s’agit d’une huile sur toile due à Jean-Baptiste Lecœur (1795–1838), né au Mans et mort à Paris. Élève de Jean-Baptiste Régnault, il peignit essentiellement des sujets historiques et des scènes de genre qu’il exposa au Salon de 1822 à 1837. Séjournant à Nantes, il fut séduit par les promenades bordées d’ormes et de châtaigniers qui, partant des bords de l’Erdre, débouchaient sur la Loire. Celles-ci, alors très appréciées des Nantais, commençaient à se transformer en cours Saint-André et cours Saint-Pierre. Au bas de ce dernier, les statues commandées en 1822 à Molknecht, encore en place aujourd’hui, figurent Anne de Bretagne et Arthur III, Duc de Bretagne et connétable de France. La rue Prémion aboutissait sur un espace qui est devenu la place de la Duchesse Anne. Visible sur ce tableau, le pont de secours, qui reliait le Château à cette rue Prémion, fut détruit en 1863, alors qu’étaient réaménagées les douves. À l’époque du tableau, le château était une caserne, ce qui explique la présence de plusieurs soldats à proximité de ce pont. Il a été remplacé ces dernières années par une passerelle permettant d’accéder à nouveau au Château en cet endroit. Lecœur a quelque peu surélevé la tourelle du Fer à cheval afin de créer un effet de perspective avec le bâtiment du Harnachement. Au loin s’élevaient de hauts immeubles un peu énigmatiques, différents sans doute que ceux d’aujourd’hui. L’œuvre appartient Musée d’Arts mais fait l’objet d’un dépôt au Musée d’histoire de Nantes au Château où il est possible de l’admirer.

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

73


PSB TRADITION EVERBLUE

STUDIO 54

UN NOUVEAU SHOW-ROOM

DEPUIS VINGT ANS

Fabricant de bassins, PSB Tradition Everblue vous accompagne depuis plus de quatre décennies pour choisir une piscine conforme à vos envies et en harmonie avec votre environnement. Dans son nouveau show-room – trois cents mètres carrés entièrement réagencés –, cet interlocuteur unique vous propose de découvrir les dernières nouveautés adaptées à votre maison, votre jardin ou votre terrasse ou encore la piscine sportive “OSBORNE” à essayer gratuitement sur rendez-vous. PSB Tradition Everblue est membre de la Fédération des Professionnels de la Piscine et représentant exclusif Everblue sur le département. Ce spécialiste des équipements de qualité assure également un service optimum – rénovation, dépannage entretien… – pour profiter au mieux de votre espace de détente. Garantie Décennale Assurances QBE no0310003677. Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 12h30 et de 14h à 18h30 ; le samedi de 9h30 à 12h30.

2000 - 2020. Depuis vingt ans, Studio 54 est le spécialiste du body art. Également implantée à Angers (2012), cette adresse de référence est dédiée au tatouage artistique, au piercing et aux bijoux de piercing haut de gamme. Dans son salon, quartier Decré, Studio 54 propose un large choix de bijoux associant originalité et style qui correspondent à vos envies et votre budget. Des pièces uniques, made in France, sont aussi présentées. En or recyclé ou équitable, elles sont principalement fabriquées en atelier. Disponibles tous les jours (sauf le dimanche) de 10h à 19h, avec ou sans rendez-vous, les six tatoueurs – trois hommes et trois femmes aux talents variés et complémentaires – assurent un service irréprochable. Afin de s’assurer que les tatouages correspondent à vos souhaits, ils réalisent systématiquement des croquis préalables. Perçage des lobes des enfants, à partir de dix ans. Studio 54 est à suivre sur Facebook et Instagram.

11, rue Sacco et Vanzetti Saint-Herblain Tél : 02 28 96 03 40 contact@psbtradition.fr www.psb-tradition.com 74

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021

18, rue de la Juiverie-Nantes Tél : 02 51 82 45 76 contact@studio54shop.com www.studio54shop.com


LA BAULE

GROUPE BARRIÈRE

RÉINVENTE LA THALASSO

Deux années de réflexion, une cinquantaine d’experts, des innovations exclusives nourries de trente-deux ans d’expertise... Après neuf mois de travaux, La Thalasso & Spa Barrière La Baule se réinvente de A à Z. Un concept inédit et audacieux qui promet à chaque client une expérience sensorielle unique, et exceptionnelle.

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

75


Au creux d’un espace de 3000 m2 entièrement repensé par la décoratrice Chantal Peyrat, les sens s’éveillent et le bien-être est total. Découvrir La Thalasso & Spa Barrière, c’est plonger dans un décor de rêve, au milieu des vagues, du sel et de la mer. Une immersion dans l’océan grâce à des matériaux minutieusement choisis. De l’accueil aux bassins, du Health’Sea à la Boutique des Plages, en passant par le Beauty Corner, le graphisme étonnant du plafond accroche le regard tandis que le blanc pur rappelle les rayures des cabines de plage bauloises. Dans ses nouveaux atours, La Thalasso & Spa Barrière La Baule devient LA destination plaisir, pour une parenthèse bien-être inédite dans un lieu où technologie rime avec « healthy ».

Soins novateurs et concepts inédits

La Thalasso & Spa Barrière La Baule n’hésite pas à surprendre pour séduire et faire découvrir la thalasso autrement. À la carte, des soins innovants optimisent tous les bienfaits de l’univers marin avec audace et originalité, pour allier plaisir et efficacité. Forte de ses trente-deux ans d’expertise thérapeutique en thalasso, elle revisite les soins traditionnels, afin de faire vivre à chacun une expérience qui n’existe qu’à La Baule. Chaque soin crée la surprise et donne lieu à un instant de détente et d’évasion extraordinaire. L’enveloppement traditionnel d’algues dans une couverture chauffante laisse place à un enveloppement signature enrichi aux eaux-mères de Guérande associé aux infra-rouges longs du sauna japonais Vital’Dome spécialement repensé afin d’en décupler les bénéfices. Ainsi est né Vital’Mer. La tisanerie est remplacée par le « Health’Sea Bar », véritable lieu de découverte culinaire et de partage. On y déguste entre deux soins - sur place ou à emporter - une déclinaison du menu Bien-être Fouquet’s imaginé par le Chef du Royal, Mikaël Amisse. Elle est complétée par une offre « healthy » : smoothies, poke bowl, eaux à la spiruline, bouillons, etc.

Tout au long des programmes et des soins, La Thalasso & Spa Barrière La Baule fait découvrir l’océan sous un nouveau jour, offrant des moments de sensorialité uniques.

76

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021

La mer comme leitmotiv

Tout au long des programmes et des soins, La Thalasso & Spa Barrière La Baule fait découvrir l’océan sous un nouveau jour, offrant des moments de sensorialité uniques. Méditer face à un aquarium de méduses, se relaxer dans une cabine de stimulation marine, s’initier à des sports aquatiques comme la Pole dance ou le trampoline, découvrir une séance d’ostéopathie en bassin de flottaison. À La Baule, comme nulle part ailleurs, les soins sont imaginés pour répondre à tous les désirs et procurer un maximum de plaisirs. Chaque séance est une bulle de bien-être, une expérience inédite.

Le choix des experts

Pour son nouveau concept, La Thalasso & Spa Barrière La Baule a développé des partenariats exclusifs et haut de gamme. En cosmétique, une nouvelle histoire s’écrit ici avec Algologie, une marque française qui puise ses actifs dans les algues, les plantes marines et l’eau de mer de Bretagne. En esthétique, elle s’offre une alliance unique avec La Clinique des Champs-Elysées. Pour la première fois, une Clinique de renom s’invite dans un centre de thalassothérapie pour compléter l’offre bien-être avec des protocoles pointus pour le visage et le corps. Le Medical Spa by La Clinique des Champs-Elysées propose ainsi une prise en charge globale des clients et un programme Ma Métamorphose de 10 jours, unique sur le marché français.

Inspirez, bougez, respirez !

Le bien-être passe aussi par l’activité sportive. C’est pourquoi La Thalasso & Spa Barrière La Baule a choisi de consacrer au sport un espace de 1000 m2 avec des équipements nouvelle génération. Au sein du Club Sport, la salle Sport’Connect fait vivre aux clients des activités surprenantes. Energy by Prama propose un circuit de training connecté fonctionnel et immersif, The Trip by les Mills s’inspire de la course cycliste dans un voyage virtuel, tandis que Marie Denigot, coach de Danse avec les stars, a mis en place des chorégraphies originales pour les activités Duo Dance. L’exercice physique devient ludique, plus motivant que jamais. Dans son nouveau décor, La Thalasso & Spa Barrière La Baule mêle savoir-faire expert, trésors de la mer et technologies novatrices. Une expérience du soin Unique. Thalasso & Spa Barrière Le Royal La Baule Avenue Marie Louise à La Baule-Escoublac 02 40 11 99 99 hotelsbarriere.com


1

3

2

3 1

VINO VINI

2

CAFÉ DU MUSÉE

LE CAVISTE NANTAIS

BISTROT GOURMAND

Installés à Nantes depuis 1992, l’enseigne n’a cessé de progresser afin de devenir le caviste de référence en centre ville ! Dans un vaste espace aéré et lumineux, elle propose une large gamme de vins et spiritueux : des petites appellations pour les soirées entre amis, aux grands crus sélectionnés pour les évènements familiaux et professionnels, les experts de Vino Vini sauront vous conseiller et vous guider vers les meilleurs accords .

C’est en 2016 que le chef étoilé Eric Guérin ouvre Le Café du Musée dans le cadre prestigieux du Musée d’art de Nantes. On y retrouve une cuisine de bistrot gourmande et créative à base de produits frais ainsi qu’un brunch servi le dimanche. Le jeudi afterwork jusqu’à 21 heures. Le lieu peut également se privatiser jusqu’à 40 personnes pour un évènement familial ou professionnel.

25, rue Racine Tél : 02 40 69 06 66

10, rue G. Clémenceau Nantes Tél : 02 51 12 93 09

Ouvert du lundi (15h/20h) et du mardi au samedi (10h/13h - 15h/20h)

Ouvert tous les jours de 11h à 19h (21h le jeudi) fermeture le mardi.

LE PAVILLON

TABLE SOMMELIÈRE

Existe-t-il une martingale pour partager un moment de convivialité ? Choisir d’abord les mets, puis le flacon ? ou l’inverse ? Pour vous permettre de choisir l’ordre de l’équation, nous avons rencontré des talents, écouté les saisons… Découvrez notre carte colorée des récoltes savoureuses des jardiniers, artisans et pêcheurs de nos régions. Succombez à notre exceptionnelle carte des vins qui rassemble les trésors de nos plus beaux terroirs, pour des vins façonnés avec patience et passion par des artistes de grand talent.

379 Route de Vannes Saint-Herblain Tél : 02 40 94 99 99

du lundi au vendredi 12h - 14h | 19h30 - 21h00 Afterwork: les couleurs du Pavillon du lundi au vendredi 17h30 - 19h

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021 I

77


PATRICK GÉRARD

Patrick Gérard n’a aucune des caractéristiques qu’on prête généralement aux photographes. S’il a toujours l’air de rêver, s’il semble ne jamais vous écouter, c’est qu’il guette l’instant, l’angle, la lumière. Et, tel un chat qui fait semblant de dormir, il déclenche la prise de vue au moment pile où elle devait l’être. On n’a rien senti, la photo est faite, et elle est juste. C’est parce que Patrick Gérard aime flâner le nez en l’air qu’il réussit à capter l’esprit du temps et à voir ce que les autres ne voient pas. C’est pourquoi nous lui avons demandé de choisir pour vous une vision de Nantes qu’il a aimée ces derniers mois.

Installée en 2005, haute de deux mètres, en bronze, cette sculpture de Jules Verne enfant contemplant et imaginant le capitaine Nemo est due à Elisabeth Cibot. On peut la voir sur la butte Sainte-Anne, à deux pas du musée consacré à l’écrivain.

78

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021


Location de salle, Exposition, Séminaires En plein cœur de Pornic, un concept unique, un emplacement exceptionnel adossé à une grande terrasse avec vue sur le château. Une structure contemporaine et polyvalente sur trois niveaux, spécifiquement conçue et adaptée à l’accueil et à l’organisation de votre événement : • Salle de réunion et de séminaire • Lieu emblématique de lancement de votre marque / produit • Conférence • Galerie d’art saisonnière • Espace d’exposition temporaire • Vernissage • Dégustation

Espace Pornic Expo 30 rue des Sables - Pornic Olivier Tardiveau 06 24 36 69 42 oliviertardiveau.fr o.tardiveau@hotmail.fr


PIERRE

LOUIS BASSE

Né à Paimboeuf, passé par Nantes, Pierre-Louis Basse a écrit, avec Rien n’est perdu (Cherche-Midi), non seulement son plus beau livre, mais un très grand livre. L’histoire d’un petit garçon promis par la société à une vie erratique et sauvé par un tableau de Van Gogh, c’està-dire par la beauté créée par de la souffrance. Auteur d’un vingtaine de livres, amateur de sport, notamment du beau football pratiqué comme un art par l’équipe de Nantes des Gondet, De Michèle ou Budzynski, il a flâné dans les lieux de pouvoir comme Europe 1 ou l’Élysée avant de se retirer d’abord à l’île d’Yeu, puis à Bernay. Il ne faut pas manquer les livres de Pierre-Louis Basse. D’abord parce que lui-même ne les manque pas. Ensuite, parce qu’ils sont faits avec 100% de tendresse. Nous l’avons soumis à nos questions.

LE QUESTIONNAIRE NANTES PRIVILÈGE

Bleu nuit. Je ne connais pas plus beau vertige que la profondeur d’une mer, cette eau claire, épaisse, bleue et noire à la fois, qui vous enveloppe quand on plonge au large.

Lion

« La poesia es un arma cargada de futuro » de Paco Ibanez.

Kouros. Mais il me semble qu’il a disparu. Un parfum est comme une voix qui vous accompagne longtemps après son éloignement. Il s’est posé sur moi quand je débutai à la radio, dans l’aube des petits matins.

Saint-Brévin-les-Pins, vers l’océan chaque matin. Tant que les chichis et les crêpes sont encore là… L’air de rien à une terrasse. Rire et apprendre des petits mots avec Solal, mon petit fils.

Une plage d’Atlantique, dans la lumière du soir, fin août. Quand le sable ressemble à de petites brioches dorées par le soleil.

Le skieur Jean Claude Killy. Gentil voyou. Regarder Endives cuites. Qu’y faire, elles continuent de me soulever le cœur.

Être capable de descendre à fond, la descente de ski la plus dangereuse du monde : Kitzbühel.

Une trop grande exigence.

Mon grand père. Le 22 octobre 1941, à Châteaubriant, dans la baraque des jeunes Nantais qui vont mourir, il se lève et exige d’être fusillé à leur place. Il est giflé par les SS et s’évadera un mois après la fusillade.

Mon âge.

Le retard Mahler

« Le mépris », de Jean Luc Godard La bonté sans filet, la sincérité.

Je me débrouillerais pour apparaître en caleçon, sans prévenir.

Celle que j’ai perdue.

Une forme de tendresse avec les autres et de liberté.

Mon enfant !

80

I

NANTES PRIVILÈGE

I

HIVER 2021

Une trop grande assurance de soi me fait fuir.

Si je monte la rue Crébillon à Nantes, et qu’une femme aux yeux d’aubes, brune, deux cernes de fatigue me regarde et me lance « Bonsoir », alors je m’effondre.

Je glande.




Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.