NANTES PRIVILEGE (2012)

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Decré hier Galeries Lafayette aujourd’hui Nantais d’ici et d’ailleurs... Vertigo, au 7e ciel ! 2 01 2



édito

l’imprévisible... que nous aimons Nantais, nous le sommes évidemment. Vous l’êtes peut-être aussi. Car la qualité même d’un Nantais, digne de nom, c’est d’aimer pardessus tout sa ville. Comme notre ami disparu, Armel de Wismes, d’éternelle humeur ligérienne l’écrivait et le dessinait si bien. Ce compagnon de vie de la Cathédrale qui y entrait chaque jour, en loden vert, et qui s’amusait à dire à des touristes allemands, de passage, qui lui demandaient s’il faisait partie du groupe : « Non, je suis de la famille ! », en se tournant vers le tombeau des ducs de Bretagne… Nantais, ce numéro l’est aussi. À toutes ses pages. Avec, dans l’évocation d’une célèbre terrasse (celle des grands magasins Decré), le poids de nostalgie de ses vieux souvenirs partagés. Mais la vie continue. Et l’enseigne nationale qui leur a succédé éclate de mille feux dans ce quartier Saint-Pierre si chargé d’histoire. Pour comprendre ce que veut dire l’attachement à une ville, nous nous sommes tournés vers plusieurs de ses enfants qui ont choisi de faire carrière à Paris. Dans le journalisme, la plupart formés à l’école de Presse Océan, quand ce titre avait encore un sens… Villeneuve, Rioufol, Simon, Ollieric, Visonneau et Hervouët qui, dans les médias, écrits ou parlés, incarnent un peu de l’âme nantaise. Ils vous le disent simplement. Gwen Douguet qui les a rencontrés faisait partie de la même bande. Du temps du « Continental », notre café de Flore, qui reste encore dans les mémoires. Il était notre lieu de rassemblement quotidien. On y sert des choucroutes aujourd’hui… Pour représenter les « Nantais venus d’ailleurs », nous avons demandé à une jeune et jolie Russe de nous servir de guide. Son regard slave est un cri d’amour pour notre cité coupée des eaux qui la firent vibrer mais qui garde encore, près de ses quais, sa sensualité marine que son île aurait grand tort de négliger... « Ce n’était pas le souffle de la mer qui dilatait les rues : c’était seulement cet allègement mental qui s’empare de nous à tous les carrefours où pour notre imagination, l’imprévisible s’embusque… », écrivait Julien Gracq, qui fut élève à Clemenceau. C’est aussi ce qu’avait ressenti André Breton. C’est le Nantes que nous aimons. Celui d’hier et de demain. Un vrai privilège. Hervé Louboutin.

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COMPTOIR NATIONAL DE L’OR Créé en 1976 à Strasbourg, présent depuis 2010 à Nantes, le Comptoir National de l’Or réalise toutes les transactions d’achat et de vente d’or. En toute confiance et toute confidentialité. Estimation gratuite sans engagement, et au meilleur cours. Entreprise dynamique et innovante, forte de ses vingt-six agences présentes sur tout le territoire français, gage d’une vraie capacité d’expertise et de conseil la présence à Nantes du Comptoir National de l’Or est un événement. Vous serez accueillis avec professionnalisme et transparence par des experts.

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sommaire

DECRÉ HIER… GALERIES LAFAYETTE AUJOURD’HUI LES NANTAIS (VENUS D’AILLEURS) LES NANTAIS (PARTIS AILLEURS) LES NANTAIS (RESTÉS NANTAIS) LA VENTE JULIEN GRACQ LES GRANDS DU MUSCADET LE MARCHÉ DES CHEFS O’DECK VERTIGO BIJOUX & FLEURS JULIEN GRATALOUP LES ENDROITS INSOLITES LE CENTRE SAINTE-CROIX DÉCORATION AVEC MURIEL THEILLAUMAS DÉCORATION COURS CAMBRONNE LA DANSE À NANTES LEENDER WAKEBOARD SUR LA LOIRE LE CARNET D’ADRESSES

­ ANTES MÉTROPOLE PRIVILÈGE N Revue annuelle Directeur de la publication HERVÉ LOUBOUTIN Éditeur LES ÉDITIONS DU PRIVILÈGE 33, Bd Guist’hau – BP 81408 44014 Nantes Cedex 1 T : 02 40 73 31 31 – F : 02 40 73 88 40 SAS Les éditions du Privilège CODE APE : 7312Z Siret 523 585 974 00018 Au capital de 120 000 €

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Régie Publicitaire LES ÉDITIONS DU PRIVILÈGE 1, AVENUE PIERRE-PERCÉE 44500 La Baule T : 02 40 60 42 19 – F : 02 40 60 45 71 Françoise Pasiot-Proust T : 06 08 34 29 88 francoise.acanthe44@wanadoo.fr

rédaction HERVÉ LOUBOUTIN STÉPHANE HOFFMANN Stéphane ROUZEAU OLIVIER D’ARGOL Alain Danjou Nicolas Boileau GWEN DOUGUET

MEDIA PARTENARIAT COMMUNICATION 74, RUE FÉLIBIEN 44000 NANTES MARIE-CHRISTINE PARICHI T : 06 19 46 26 18 mpc.ouest@yahoo.fr

Photos PATRICK GÉRARD PASCAL KYRIAZIS ALTAREA COGEDIM DAVID IGNASZEWSKI PHOTOS DR

CONCEPTION GRAPHIQUE & DIRECTION ARTISTIQUE THOMAS PROUST www.thomasproust.com

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Philippe et Michèle Vételé, la complicité mets & vins. ANNE de BRETAGNE **** une grande villa balnéaire posée sur une dune, face au petit port de la Gravette. Regardant La Baule, les chambres et juniors suites s’emplissent de clarté chaleureuse avec leur parquet en wenge et leur mobilier d’art moderne. Très belles terrasses avec vue sur mer, parc et piscine. Un rendez-vous à ne pas manquer...

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saga

DecrÊ hier... Galeries Lafayette aujourd’hui le temple de la mode


saga

Lieu de vie, lieu d’envies… Nantes a retrouvé le grand magasin qu’elle a connu. Mais revisité par les Galeries Lafayette pour coller à l’esprit du temps et accompagner les mutations de la métropole. L’esprit « boutique » souffle sur les 12 000 m² de ce temple de la mode, inspiré des grands magasins parisiens. De 10 000 à 30 000 clients y flânent chaque jour entre les marques, de rayon en « corner », d’une ambiance à l’autre. Toutes générations confondues, car chacun s’y sent chez soi, dans une offre qui va du plus classique au plus tendance, du plus accessible au plus luxueux. PHOTOGRAPHIEs PASCAL KYRIAZIS – TEXTE STÉPHANE ROUZEAU

L’esprit « service » est le mot d’ordre d’un personnel important, salarié des Galeries Lafayette ou dépendant des marques. « Decré était généraliste dans une offre large tous secteurs (bricolage, mercerie, loisirs, électroménager…), nous sommes devenus des spécialistes de la mode », explique Véronique Perron, la directrice du magasin nantais. Preuves à l’appui : tandis que les blogueuses hument l’air du temps et décryptent la mode sur Internet, les « personal shoppers » se mettent à la disposition des client(e)s pour étudier leurs besoins et les conseiller dans leurs achats, en shopping solo ou accompagné. La locomotive du centre-ville s’est remise sur les rails de l’audace et de la passion. Objectif : leadership. Ou, comme le dit Véronique Perron : « Avoir dans certains domaines la plus belle offre de Nantes. » Premier maroquinier, premier chausseur, premier magasin de confection homme, les Galeries Lafayette donnent le tempo à la ville. Et se paient le culot d’organiser le plus grand défilé de mode du monde (homologué par le Guinness Book) dans un quartier qui restera pour toujours… « Decré ».

Deux ans de travaux pour un nouvel écrin Rue de la Marne, 100 000 passants longent chaque jour des vitrines entièrement relookées. À la nuit, la lanterne décline ses couleurs chatoyantes au fronton du magasin. Le grand hall a retrouvé son élévation, les escalators s’envolent sous le puits de lumière. Vous êtes dans les nouvelles Galeries Lafayette. Effet « waouh ! » garanti après deux ans et demi de travaux et près de 5 millions d’euros d’investissement. Les cinq niveaux ont fait l’objet d’une refonte complète au service de la mode pour s’ouvrir à une nouvelle clientèle – locale et touristique – et proposer une offre haut de gamme qui manquait encore en centre-ville. La mode en grand. L’homme gagne 600 m², se dévergonde en jeans (Adidas Originals, Superdry, G-Star Raw, Japan Rag…) et gagne sur les grandes marques : Sandro, Hugo Boss, Burberry Brit… Grandes marques et grandes surfaces aussi pour la maroquinerie, où Gucci a installé en avant-première son luxueux shop-in-shop, pour la chaussure (Burberry Brit, Rykiel, Marc by Marc…) et les lunettes solaires (Chanel, Dior, Gucci, Prada…). Univers des modes. Hype ! Les Galeries Lafayette innove avec l’entrée de nouveaux concepts univers qui vont être déployés dans d’autres magasins du groupe. Très en beauté, la parfumerie s’adapte aux nouvelles attentes : arrivée exclusive de M.A.C., « bar à crèmes » (de soins) et miroir virtuel ! Le magasin accueille aussi les créateurs : la bijouterie Mauboussin, Agatha, Pascal Monvoisin, Brin d’Amour… et tant d’autres ! La mode gourmande. Il était à Paris, à Tokyo… Le voilà à Nantes et il a choisi en exclusivité les Galeries Lafayette ! Au cœur du rez-de-chaussée, Pierre Hermé propose désormais ses macarons et ses chocolats dans une boutique de vente à emporter.

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« Nous sommes devenus des spécialistes de la mode »


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Comme un cœur qui bat, qui bat… Les Galeries Lafayette se sont mis en mouvement, au diapason d’une mode qui se renouvelle sans cesse et d’une ville qui bouge : quartiers branchés, hôtels de luxe, nouvelle offre touristique… Oubliez ce que vous croyez savoir de Nantes et des Galeries ! Quartier Graslin vs quartier Decré, c’est de l’histoire ancienne. Dans une ville aux ambitions internationales, distinguée pour la qualité de ses transports en commun, la piétonisation du centre met les Galeries Lafayette au cœur de la ville. Le grand magasin de la mode contribue à la montée en gamme de la métropole de l’Ouest. Il accompagne sa métamorphose et son ouverture au monde. Inscrits dans « Bientôt les gênes du magasin, la théâtralisation, le spectacle sont les œuvres d’art l’un des éléments majeurs de cette stratégie. Ils se révèlent s’exposeront, dans les nouveaux aménagements. Ils animent la ville et en résonance l’événement. « Nous devons être aussi un lieu de avec les créations créent vie », s’enthousiasme Véronique Perron. « On doit avoir de mode » envie de venir chez nous pour autre chose qu’un achat plaisir ou un besoin.  » Et pour l’événementiel, les idées ne manquent pas ! Côté rue de la Marne, devant le magasin, un concert rock marquera le début des fêtes de fin d’année sous une thématique des plus audacieuses : un Noël Rock’n Mode ! Bientôt des œuvres d’art s’exposeront, en résonance avec les créations de mode. Plus que jamais, les Galeries Lafayette doivent être un acteur de la vie nantaise et, au cœur du quartier historique, une étape immanquable de la visite de la 6e ville de France.

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saga

La machine à rêves Jean-Philippe Decré Arrière petit-fils du fondateur du grand magasin nantais, il en est un peu la mémoire. Jean-Philippe se souvient de… Decré. Propos recueillis par Stéphane Rouzeau

Pour vous, qu’est-ce qu’un « grand magasin » ? Jean-Philippe Decré : C’est un commerce en lien avec le centre-ville, par opposition aux usines à vendre de la périphérie. C’est un échange de goûts entre la clientèle et ceux qui mettent à sa disposition des marchandises venues du monde entier. C’est un peu du forum des Romains et beaucoup du service. Il y avait chez Decré une école d’apprentissage où les futurs vendeurs étaient formés à détecter les vrais besoins des clients. Nos camions desservaient 400 communes de Quimper à La Rochelle. Je me souviens être allé livrer moi-même un poste de télévision à un client le soir du 24 décembre ! Les gens ont besoin de rêve, c’est ce que nous avons toujours essayé de leur offrir. Votre plus beau souvenir d’enfant chez Decré ? Il y a bien sûr le défilé du Roi et de la Reine des Jouets et toutes nos attractions de Noël. Leur préparation mobilisait les équipes techniques du magasin pendant des semaines ! J’ai un souvenir émerveillé du Voyage dans la Lune, avec toute une mécanique qui donnait aux enfants l’illusion du voyage : l’embarquement, le compte à rebours… et les sièges qui se renversaient au moment du décollage tandis qu’un film montrait la Terre s’éloignant par le hublot ! Nous avions aussi nos grandes semaines bretonnes et vendéennes.

Avec son manège, son plan d’eau et son restaurant, la terrasse de Decré était un endroit très prisé des enfants comme de leurs parents.

Les « ventes sabrées » attiraient des milliers de visiteurs dans le grand hall du magasin. En quelque sorte, les 3J d’avant les Galeries Lafayette.

D’autres images vous ont marqué ? Certaines sont tragiques : le magasin rouvert dans les réserves, à la demande du Préfet Bonnefoy, après le bombardement de 1943. D’autres plus souriantes : nos vitrines animées, le défilé du bagad de Lann Bihoué dans le magasin, la nouvelle Simca 1000 déboulant sur la terrasse devant Jacqueline Joubert… Ou encore la galerie d’art Decré, qui a exposé les grands peintres régionaux et même nationaux. Que reste-t-il de Decré aujourd’hui ? Au-delà de ces souvenirs, qui appartiennent aux Nantais, il reste l’engagement d’une famille dans bien des domaines : l’innovation commerciale avec les hypermarchés Record et la création de Frigé Crème, la dimension sociale, l’intérêt pour la ville, au sein de l’office de tourisme que mon père a présidé pendant des années… Pour parler du présent, je crois que les Galeries Lafayette ont su prendre le tournant de la nouvelle distribution pour renouer avec l’esprit « grand magasin ». Sans doute parce que c’est aussi une entreprise familiale. Aujourd’hui, dans ce magasin dont je connais le moindre mètre carré, je me sens encore chez moi…

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Prieur

nouveaux dirigeants, même signature

En juin 2008, « Prieur Joaillier », vieille maison nantaise de joailliers fabricants, également installée à La Baule, est rachetée par Loïc Drapeau, 56 ans, et son épouse, Thérèse Jousse. Outre son dynamisme, l’intérêt porté à cette maison fondée en 1896 à Morlaix, dans le Finistère, est lié à sa très grande notoriété et à son aura dans toute la grande région de l’ouest. PHOTOGRAPHIEs PASCAL KYRIAZIS – TEXTE NICOLAS BOILEAU

Après un parcours de direction marketing et commerciale au sein de groupes internationaux, c’est avec enthousiasme que Loïc Drapeau s’est tourné vers ce nouveau métier. Avec son épouse, issue d’une famille d’industriels choletais du prêt-à-porter, ils ont étudié la gemmologie à l’université de Nantes avec le professeur Fritsch, internationalement reconnu en la matière, et ont suivi une formation approfondie auprès de l’un des meilleurs laboratoires de certification des diamants à Anvers. Trois ans et demi après ce rachat, les principaux métiers de la maison « Prieur Joaillier » ne sont plus un secret pour ses nouveaux dirigeants : • La création de bijoux, par un joaillier « maison » à Nantes et par une équipe de créateurs à Marseille. • L’offre à une clientèle avertie des plus grandes marques de joaillerie, telles Chaumet, Boucheron, Pomellato, Messika, Fred, Poiray mais aussi Dinh Van, Baccarat, etc. • La représentation des plus grandes manufactures et marques horlogères que sont Rolex, JaegerleCoultre, Chanel et Zénith mais aussi Bell&Ross, Tag-Heuer, Hermès, Hamilton, Gucci, Péquignet… • Sans oublier la gestion d’un atelier de deux horlogers « maison », certifiés Rolex. Le bilan est aujourd’hui excellent, et Loïc et Thérèse Drapeau d’ajouter : « À titre personnel, la fréquentation du beau et de l’excellence est bien sûr un plaisir chaque jour renouvelé et pouvoir s’appuyer sur une équipe de vingt-cinq collaborateurs, tous grands professionnels attachés aux valeurs de la maison Prieur Joaillier que nous perpétuons, est aussi une grande satisfaction ! » « Et puis, malgré ces temps parfois complexes que nous traversons tous depuis 2008, ces cours de l’or et du diamant qui bougent sans cesse, nos résultats sont conformes à nos ambitions ! La preuve ? Le lancement d’une boutique Mauboussin rue Crébillon et d’un corner de la même marque aux Galeries Lafayette à Nantes ! Sans doute parce que la confiance que nous portent nos clients, comme nos fournisseurs, s’est encore renforcée. Accueil, confiance et excellence, signature de la maison. »

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les Nantais venus d’ailleurs

Anna Baranova l’amour à la ville

Moi, Anna Baranova, russe d’origine et amoureuse de la culture et de l’art de vivre français, nantaise par le mariage depuis deux ans, voilà, librement et intimement, ce que cette ville m’inspire… PHOTOGRAPHIES PASCAL KYRIAZIS – TEXTE ANNA BARANOVA

Les débuts incertains

Quand mon ami Hervé Louboutin, profondément nantais, m’a posé cette question à la fois simple et complexe sur la terrasse de la Cigale – « Qu’est-ce que Nantes représente pour toi, une Russe qui a vécu dans différentes régions de France? » –, je dois avouer que je n’ai pas su quoi répondre. Une ville dans laquelle je vis depuis deux ans et qui m’est devenue si familière avec son mélange de styles et d’époques, comment la décrire en quelques mots ? À peine arrivée, je venais souvent m’installer au pied de la basilique Saint-Nicolas et face à la cathédrale Saint-Pierre pour dessiner cette ville, où je ne connaissais personne et qui me paraissait froide et hostile. J’ai passé mon enfance au Caire et à Moscou, mon adolescence à Nice et à Marseille, et les débuts de ma jeunesse à Paris. Aussi, j’étais habituée au mouvement incessant et assourdissant de la vie autour de moi, aux couleurs criardes du Sud et aux lumières éblouissantes des capitales. Nantes fut la découverte d’une beauté différente, plus calme, plus reposante, plus noble et délicatement raffinée. L’harmonie et la grâce de cette ville aux lumières subtiles m’ont progressivement séduites. L’appréhension de Nantes fut pour moi comme celle d’un livre sacré dont le sens et la beauté profonde ne se révèlent qu’à ceux qui ont fait l’effort de l’étudier page après page… Les pages de ce livre étaient mes nombreuses ballades que j’ai feuilletées jour après jour, d’un chapitre à un autre.

01. Tout commence toujours par un petit-déjeuner à La Cigale, le dernier salon où l’on cause… 02. Les marches du Théâtre Graslin se prêtent à la méditation… 03. À côté de Jules Verne enfant, sur la butte SainteAnne, la ville apparaît dans sa dimension portuaire d’autrefois…

Nantes donne la sensation d’une grande ville où l’on ne se sent pas enfermé, où l’on respire cet air frais qui arrive de l’océan et qui exalte l’imagination des artistes (j’adore les gouaches de Turner où l’on voit le port nantais), où le ciel souvent pâle et embrumé n’accable pas mais offre quelques notes de nostalgie à mon inspiration. J’admire le lien que les Nantais entretiennent avec le passé, leur travail de conservation du patrimoine architectural et culturel qui prouve leur attachement et leur amour de la ville. Nous, Moscovites, avons connu la destruction de quartiers entiers du centre historique de Moscou, due non pas aux guerres mais à une gestion sauvage dans les années 2000, dont les avenues ont été envahies par d’innombrables immeubles plus fantasques les uns que les autres sans goût ni âme. Si seulement nous pouvions puiser le meilleur dans notre passé…

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les Nantais venus d’ailleurs

Du coté de Trentemoult…

J’y ai passé des après-midi inoubliables. Je me retrouvais dans le Naples de mes souvenirs d’adolescence, quand lycéenne, lors d’un voyage scolaire, j’avais découvert cette vie à la méditerranéenne où l’insouciance et la sérénité inébranlables des autochtones semblent cacher les passions les plus intenses, où les enfants jouent dans les cours communes les après-midi et les chats somnolent sur les palissades, où chaque coin pourrait devenir un tableau, une scène, un rêve saisi à la volée. C’est encore un Lieu Unique, ce coin du Midi avec les maisons peintes de toutes les couleurs : vert, ocre, mauve, jaune, violet ; un havre incrusté dans la cité de brumes et de pluies, dans Nantes la grise. Trentemoult, du village de pêcheurs est devenu aujourd’hui le quartier des artistes, le petit Montmartre nantais. Avec mon mari, nous aimons nous installer sur la terrasse de la fameuse Guinguette, sur le quai, à écouter

Le fleuve et la brume

J’adore les matins dans le centre, quand un voile rosé enveloppe les toits des anciennes maisons, ses rues encore désertes qui ressemblent aux visages des enfants : ouvertes, naïves, souriantes, prêtes à accueillir le monde entier dans leurs cœurs immenses ! Peu à peu, elles se remplissent de gens, du brouhaha quotidien d’une grande ville. Mais ce sont les moments juste avant que sorte le soleil rouge qui désembrume la ville tout entière qui me sont les plus précieux : tout y semble irréel ! C’est certainement la brume nantaise qui inspira André Breton qui disait que Nantes « peut-être avec Paris la seule ville de France où j’ai l’impression que peut m’arriver quelque chose qui en vaut la peine ». Il y inventa le surréalisme du côté du parc de Procé. Je n’ai jamais connu une ville si attachée à son fleuve, lieu de rassemblement et, paradoxalement, lieu de séparation cruciale entre deux zones géographiques et culturelles : Nord-Loire et Sud-Loire, ardoises et tuiles. Une rivalité qu’un étranger ressent dès son arrivée ! Rivalité, qui, je dois l’avouer, me fait sourire. D’autant plus qu’avec mon mari, irrémédiablement breton, nous habitons Sud-Loire. Quand je traverse les ponts – symboles de cette séparation –, les petites barques romanesques, dont les contours se dessinent à peine dans la brume matinale, me transportent ailleurs, m’enveloppant de leur calme feutré. Elles sont, avec les manoirs alignés sur les bords de l’Erdre, comme une invitation au voyage baudelairienne, une échappatoire à la réalité quotidienne. Et, lorsque la nuit descend lentement sur la Loire, ses eaux verdâtres faisant miroitant les reflets des réverbères me rappellent les contes de mon enfance que mon père me lisait au coucher : j’étais particulièrement fascinée par le personnage de la sirène. La Loire montre alors son autre visage : angoissant, sombre et fascinant, comme un conte breton peuplé de monstres, de druides et de vilaines déesses du vent et de la mer. On les rencontre encore sur quelques vieilles maisons nantaises, sculptées de manière grossière, exhalant le mystère. De l’ombre des saules des rives de la Loire, passons à la terrasse d’un café ou à celle d’une petite brasserie, rue des Carmes, quartier Decré, ou rue Rameau, quartier Graslin. J’aime bien m’y installer pour observer la vie présente et m’en inspirer pour mes récits sur des bouts de papier qui se perdent immanquablement dans mon sac parmi les porte-clés russes, mexicains, canadiens (souvenirs de multiples voyages), les prospectus publicitaires, les boîtes à poudre et mille autres vétilles d’un sac féminin. Combien d’histoires se déroulent dans ses rues tantôt tristes et grises, tantôt joyeuses et lumineuses, mais toujours nobles dans cette harmonie générale de la ville. Quelle envie de les saisir toutes, de s’en emparer…

les groupes locaux et contempler la vue qui s’ouvre devant nous. Puis, je grimpe derrière lui sur la moto et… nous quittons ce village pittoresque longeant les quais pour finir la soirée au Café Charbon où je craque évidemment pour le tartare à l’italienne ! Nous prenons un peu de vitesse et une envie folle m’envahit : m’envoler au-dessus de ce petit village comme Chagall au-dessus de son Vitebsk sur le ciel rose au crépuscule ! Et les souvenirs de ma terre natale remontent doucement à la surface…

04. La chapelle de l’Oratoire, près des cours Saint-Pierre et Saint-André, où le sinistre Fouché, né au Pellerin, enseigna… 05-06. Trentemoult, le village des capitaines au long cours, et ses peintures vives, est un endroit de dépaysement absolu à quelques minutes seulement du centre-ville de Nantes.

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les Nantais venus d’ailleurs

Van Huffel

Mr & Mme

Nous sommes en 1988. Dominique et Bénédicte Van Huffel viennent de se faire épingler dans le Guide officiel du Nantais bon chic, paru sous le pseudonyme d’Hubert de Keramedan, moquant les gloires nantaises. Le Tout-Nantes s’en amuse, les Van Huffel en tête. Ce jeune couple brillant et heureux a de quoi agacer. D’ailleurs, Dominique Van Huffel aggrave gaiement son cas en publiant Les gammes hufféliques, recueil de poèmes salué par VALÉRY GISCARD D’ESTAING. TEXTE STÉPHANE HOFFMANN

« J’admire votre style qui allie la rigueur et la désinvolture, le réalisme et l’élégance, la profondeur et l’humour » Valéry Giscard d’Estaing

à 26 ans dans la maison de négoce Loiret et Haëntjens. Fondée en 1871 pour rapporter du sucre des Antilles, à l’époque où il y avait sept raffineries de sucre à Nantes, son activité consiste à affréter des navires pour transporter des matières premières. Non plus de la porcelaine, comme pouvait le faire la Compagnie des Indes, mais du sucre de La Réunion, de l’huile de palme d’Indonésie, des protéines liquides de Corée, des phosphates et du calcium de Turquie. Dans un marché mondial qui change environ tous les cinq ans, le négociant (on dit encore trader) doit être innovant, flamboyant, à l’écoute des autres, combatif, se remettre en question tout le temps, ne pas devenir maladivement prudent et avoir le goût de la victoire. Quand il est entré dans cette maison, personne n’y parlait anglais, personne ne voyageait. À la fin de sa carrière, Dominique Van Huffel faisait un tour du monde par an, collectionnait les papiers à lettre des hôtels où il descendait sur tous les continents, communiquait dans toutes les langues et a même installé la Suède chez lui en devenant consul. En effet, il y a onze ans, Dominique Van Huffel, d’ascendance flamande, de famille parisienne depuis 1750, né à Versailles et résidant à Nantes depuis l’âge de 10 ans, est devenu consul de Suède pour neuf départements de l’ouest de la France. Travaillant sous le regard du roi Carl-Gustav et de la reine Silvia, il s’occupe d’administration, de notariat et de représentation pour la communauté suédoise, riche de près de 3 000 personnes. œuvrant, comme à son habitude, pour le rapprochement des cultures, il a réussi à faire faire au Belem une escale dans le port de Stockholm. Juste retour des choses, depuis le temps que le port de Nantes accueille le bois de Scandinavie. Quelques tours du monde plus tard, Dominique Van Huffel a rangé ses valises pour poursuivre ses gammes et démontrer, une fois de plus, qu’on peut être élégant sans cesser d’être amusant et qu’être timbré, c’est être affranchi. C’est-à-dire libre.

On prend ça pour un aveu, c’est juste une exhalaison poétique. À la réception du recueil, Valéry Giscard d’Estaing écrit : « J’admire votre style qui allie la rigueur et la désinvolture, le réalisme et l’élégance, la profondeur et l’humour » ; Jean d’Ormesson lui trouve « plus que des promesses » ; Armel de Wismes découvre « un vrai poète » et Geneviève Dormann lui dit : « Vous êtes timbré. » Tous les quatre ont raison. Pourtant, Dominique Van Huffel n’est pas le Barnabooth de Valéry Larbaud. Il n’a rien de l’arrogant jeune homme bouclant ses tours du monde, en égrenant des poèmes du Caire à Maceio et de Caracas à Veracruz. Ses gammes, il les a faites très sérieusement, d’après un livre de technique poétique confié par son grandpère, le sévère commandant Van Huffel. Et le recueil remporta deux prix littéraires. Trois ans plus tard, il publie des poèmes en prose racontant l’histoire du vent. Ses enfants ont trouvé ça très ennuyeux. Ils ont eu tort : c’est charmant. Plus rudes sont les mémoires du commandant van Huffel, préfacés par son petit-fils. Parus à Nantes en 1995, à l’intention de sa famille, ils racontent la vie d’un officier de cavalerie, né en 1870, mort à plus de 85 ans, gardant ancrés en lui le panache et le courage. « Je m’étais toujours mis dans la tête, confie-t-il, que si je revenais de la guerre de 1914-1918, j’emmènerais chaque jour derrière moi mes six fils galoper dans les landes ou en terrain varié, sauter ce qu’on rencontrerait devant soi, afin de leur donner de l’allant, du cran, de l’amour du cheval ! » Fils du sixième fils du commandant, Dominique eut avec son grandpère une connivence qui le guide encore aujourd’hui. Dans sa vie, Dominique Van Huffel n’a assurément manqué ni de panache ni de courage. Après des études de notariat à Nantes et six ans de travail comme clerc, incapable d’acheter une étude en ville, peu désireux de devenir notaire de campagne, le jeune homme entre

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les Nantais partis ailleurs

stars médias formées à Nantes des

Christian, Patrick, Vincent, Ivan, François, Dorothée. Tous nantais. Avec un autre point commun : ils ont tous fait carrière à Paris, dans les médias et dans le cinéma. Cinq ont même faits leurs premières armes à Presse-Océan, l’école nantaise, quand la capitale du Grand Ouest possédait son grand journal… On les lit, on les écoute, on les observe. Avec admiration. Aujourd’hui, c’est de Nantes qu’ils nous parlent. À l’un des leurs, Gwen Douguet, « monté à Paris », lui aussi, comme on dit… Six stars des médias, sans oublier Marc, l’acteur, trop tôt disparu. Propos recueillis PAR Gwen Douguet

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les Nantais partis ailleurs

Christian De Villeneuve Fils de notaire, passionné de chevaux de course, Christian de Villeneuve n’a cessé de diriger des rédactions, celles du Reader’s Digest, du Parisien, du Journal du Dimanche, de France Soir… La presse est son dada. Nantes lui a servi de tremplin.

m’avait conseillé d’y aller, d’apprendre toutes leurs techniques et de revenir au Nouvel Observateur. J’y suis resté onze ans. J’ai compris que l’on faisait un papier non pas pour les journalistes mais pour les lecteurs. C’était une société mondiale. La vérification de l’information était stricte, celle des papiers d’une rigueur absolue… Je me suis « éclaté » ensuite au Parisien, avant que le groupe Lagardère ne vienne me chercher pour être directeur général de toutes les rédactions. Mais, j’ai été plutôt opérationnel sur quelques titres avant de passer au Journal du Dimanche. Mon départ fut exclusivement politique. Puis ce fut France Soir… Aujourd’hui, je fais du conseil pour un groupe de presse dans l’hippique.

« Nantes est une ville formidablement dynamique, mais elle ne me manque pas plus que ça » Et Nantes dans tout cela, vos parents sont nantais ? Mon père était notaire et commissaire au petit port. J’ai un contact téléphonique quotidien avec ma mère, qui habite rue du Anne-Marie du Boccage. J’ai un frère notaire, une sœur. Je viens uniquement pour les fêtes familiales.

Vous avez commencé votre parcours professionnel à Nantes ? Ayant quitté Nantes après le bac pour Grenoble, je suis revenu pour un stage à Presse Océan et j’ai prolongé. Entre la locale de Saint Nazaire, la régionale, les infos générales, j’ai dû y passer plus d’un an. C’est l’un de mes meilleurs souvenirs de presse. J’ai encore en mémoire mon premier papier, celui sur le plus gros poisson du moment, avec la photo ! Le second concernait des noces d’argent à Trignac. Je suis parti dans ma 2CV en maugréant. En arrivant, j’ai trouvé une famille absolument passionnante et je suis resté toute l’après-midi. Je me suis dit, ce métier je l’aime bien…

Vous vous considérez comme exilé ? Honnêtement, j’ai quitté Nantes il y à presque quarante ans, j’y reviens à Noël voir ma mère. J’ai un port d’attache en Tunisie, un autre en Normandie. J’ai fait mes études à Nantes jusqu’au bac, non sans m’être fait virer de Saint-Stanislas après la 5e et y avoir été réintroduit en seconde. Je ne suis pas du style « ancien élève ». Que gardez-vous de Nantes ? Je la vois de loin. C’est une ville formidablement dynamique, mais elle ne me manque pas plus que ça. J’ai détesté Saint-Stanislas. Je suis parti à 18 ans. C’est une période où je ruais dans les brancards. C’était la ville de mes parents et, à un moment, j’ai mis beaucoup de kilomètres entre elle et moi, sans aucune acrimonie. C’est une très belle ville. Mais…

Et vous l’avez quitté ? Pourquoi ? Pour faire mon service militaire à Paris, au Sirpa, tout en restant correspondant de Presse Océan, j’en ai profité pour prendre des contacts. J’ai eu de la chance, car, en rendant mon paquetage, je suis rentré au journal Market. En 1978, c’était le Matin de Paris et ce, pendant six ans. J’avais 30 ans, j’étais responsable de la nuit. L’un de mes faits d’arme : le complet changement du journal en apprenant la mort de Jean-Paul Sartre à 21 heures. En 1983, on m’a proposé le Reader’s Digest, la situation au Matin se dégradant après la victoire de la gauche… J’ai toujours agi en fonction d’un dicton chinois, je crois : « Le poisson pourrit par la tête. »

Vous vous sentez plus parisien ? Complètement ! Même si Paris me fatigue un peu. Il y a une violence ambiante. Plus jeune, j’allais très peu à Pornichet, juste pour faire plaisir à mes parents.

Vous avez donc changé d’aquarium ? Complètement. Claude Perdriel (patron du Nouvel Observateur)

Vous suivez ce qui s’y passe ? Oui, et je suis très triste de ce qu’est devenu Presse Océan.

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Patrick Visonneau De France 3, il connaît tout, en a gravi les échelons, dirigé maintes rédactions et autant de régions, mais une seule ville bat dans son cœur, Nantes. À sa simple évocation, Patrick Visonneau rayonne.

Mais vous n’avez jamais coupé les ponts avec Nantes ? Pas du tout. Toute ma famille est à Nantes, mes parents y sont toujours. J’ai énormément d’amis et une maison à Pornic. Je viens voir mes parents très souvent. J’espère être un bon fils. J’y passe au minimum une fois par mois à titre personnel ou professionnel. Quel regard portez-vous sur le Nantes des années 60 et sur celui d’aujourd’hui ? Il y a eu un chemin formidable de fait. La ville a gardé ses fondamentaux, ses racines. Nantes s’articule autour d’une Loire qui a toujours été très prégnante, avec une grande puissance. En allant dernièrement déjeuner avec les cadres de France 3 sur la péniche Le Nantilus, installée en face de Saint-Louis, je suis passé devant ce qui était autrefois les chantiers Dubigeon. Cela m’a rappelé les lancements de bateaux quand, tout gosse, mon père m’emmenait avec la famille. Le pont transbordeur existait. Chaque lancement était une fête incroyable, avec la moitié de la population massée sur les quais… La phrase d’André Breton est toujours aussi vraie : « Nantes est avec Paris la seule ville où j’ai l’impression que quelque chose de grand puisse m’arriver. » Je suis très laudatif sur sa capacité à déployer un dynamisme quasiment impérissable. Pas question de couper vos racines ? Surtout pas. J’ai vraiment beaucoup de plaisir à retourner dans le quartier de la cathédrale, le cœur de Nantes. J’ai habité quasiment en face. Mais il y aussi des quartiers émergeants. Ayant beaucoup bougé professionnellement, personnellement j’aurai pu m’éparpiller, mais ce que je garde de Nantes est au contraire assez profond, comme cette ambiance, certainement consubstantielle à la nature de la ville. Nantes n’est pas le peuple de la mer mais celui de l’eau entre la Loire, l’Erdre et la proximité de l’estuaire. C’est très puissant.

Avez-vous débuté à Nantes ? Je suis un Nantais pur jus. Études à l’Externat des enfants nantais, hypokhâgne au lycée Clemenceau, j’ai commencé par la radio avant de découvrir la télé. C’était alors l’ORTF. Tout de suite, j’ai compris à quel point le journalisme m’intéressait et l’audiovisuel en particulier. À l’époque, c’était un âge d’or, la liberté était totale. Et puis, je suis parti en 1967 comme rédacteur en chef à Nice pendant sept ans, puis trois ans à Toulouse avant de revenir à Nantes comme rédacteur en chef pendant trois ans. Il y a eu Soir 3 à Paris, la rédaction nationale de France 3, celle de la région ParisIle-de-France. Depuis 2010, je dirige le pôle Nord-Ouest, Paris étant paradoxalement dans le lot avec la Bretagne, les Pays-de-la-Loire, la Haute-Normandie, la Basse-Normandie, la région Centre et ParisIle-de-France.

Et Paris dans tout cela, vous y habitez ? Oui, par obligation. La ville a un charme indubitable, mais c’est le gigantisme. L’humain en prend un coup. Mais votre âme nantaise ne s’est pas laissée dévorer par l’ogre parisien ? Non, vraiment pas. Je trouve au contraire que cela a forgé des valeurs. L’on garde comme dirait l’autre quelque chose de Tennessee. Ayant connu Gondet, Budzenski, le stade Marcel-Saupin, j’ai quelques regrets concernant le FCN. Mais c’est sûrement passager. Je dois à Nantes d’y avoir acquis quelques « fondamentaux » sur lesquels ou grâce auxquels j’ai construit mon parcours et mes actions au quotidien : l’importance de la qualité de la vie, l’ouverture d’esprit dont une ville sur fleuve et à portée de l’océan est une métaphore. J’ai appris la créativité dans cette ville très dynamique.

« La phrase d’André Breton est toujours vraie : “Nantes est avec Paris la seule ville où j’ai l’impression que quelque chose de grand puisse m’arriver” »

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Vincent Hervouët Sa voix grave envoûte, informe, déclame au quotidien « ainsi va le monde » sur LCI. Couronné en 2010 par ses pairs de la presse étrangère, éditorialiste confirmé, intervieweur redoutable, redouté, plus de cent chefs d’État l’ont vérifié, Vincent Hervouët est une figure du paysage politique international, audiovisuel. Un nantais dans l’âme. Et vous en avez vu des pays ? Oui, à 35 ans, j’étais même fier d’avoir réalisé des reportages dans plus de cent pays. Le bout du monde pour quelqu’un de distrait, rêveur et pas spécialement doué pour les langues. Mais c’est un raccourci pour se poser les questions qui vaillent, se délivrer de ses habitudes et se débarrasser de ses préjugés. On part, mais on part pour mieux revenir. Mon enfance est à deux heures de train. On ne fait guère plus près. Le temps de lire le journal et hop !, j’y replonge, je régresse, je me retrouve. Et c’est une allégresse.

« Tous les carrefours du centre-ville sont des embuscades, c’est ma géométrie mentale, les arpenter m’apaise » Après les études, quelle fut votre destination ? J’ai participé au lancement d’une dizaine de médias. Dont Alouette, France Info ou LCI. Mais le premier fut Radio Méditerranée à Tanger. Un choc ! L’horloge du grand Socco s’était arrêtée à la fin des années 60. De quoi faire rêver les amateurs du Crabe au Pince d’or. Paul Bowles était un vieux monsieur qui se négligeait dans une ville se laissant aller. La ville débordait de romanesque. L’époque du mandat international avait laissé des pans entiers d’un décor interlope. Des canots Riva désarmés dans le port, une collection de Rolls sous deux centimètres de graisse dans le sous-sol d’un immeuble du boulevard Pasteur, des bars américains un peu partout, des villas immenses et vides, bref, une ville formidable…

Nantes, c’est toute votre enfance, et un peu plus, et vous en êtes parti ? Dans ses carnets, Rimbaud écrit en guise de dernière phrase : « On ne part pas.  » Il avait bien raison. Partout où j’ai vécu, j’ai emporté comme un passager clandestin le fantôme de Nantes. Les muses qui couronnent le théâtre Graslin et dont j’apercevais le profil depuis l’appartement familial ne m’ont pas beaucoup inspiré dans mon boulot, mais leur présence vigilante m’habite… Tout comme l’éblouissement de la lumière sur les cours le matin, les cheminées comme des falaises de brique qui tiennent en joue les nuages, la façade à jamais inachevée de la cathédrale, l’odeur de vase des bords de l’Erdre en hiver, la ferveur de Noël à la chapelle de l’Immaculée, la fleur de lys en crème pâtissière sur le « Non autorisé  » chez Touze, les vitrines des farces et attrapes posées sur la rampe du passage Pommeraye, le niagara de confettis de la micarême, le marchand de sardines minuscules à mi-hauteur de la rue Crébillon et le gardien de la paix qui campait à côté, les copains de l’externat et les profs de Saint-Stan, les belles indifférentes à la terrasse du Molière, les box enfumés du Cycle, et le trafic des cartons d’invitation le vendredi au Conti. Et ce pauvre Louis XVI, oublié sur sa colonne comme un anachorète.

Pourquoi avoir opté pour Paris ? Montparnasse est le terminus quand on part du Croisic. Avez-vous gardé des contacts avec Nantes? J’y viens tous les mois… pour ma famille élargie. Mais j’y fait aussi deux expériences redoutables. D’abord, je croise des personnes âgées qui ont connu mes copains d’enfance et mes petites amies. Ce sont eux ! C’est très surprenant. L’autre expérience est liée à l’hôpital. Enfant, j’accompagnais mon père qui travaillait à SaintJacques. Aujourd’hui, je retrouve ma mère qui vit dans un hôpital de long séjour. Et je peux mesurer combien les discours emphatiques des élus sur le service public de la santé ou le respect des personnes handicapées sont mensongers.

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Ivan Rioufol Une plume à l’écoute des gens, une réflexion sans complaisance qui en irrite certains, en ravit d’autres, Ivan Rioufol est éditorialiste au Figaro. Cet empêcheur de penser en rond se réclame de la province et déclare devoir beaucoup à Nantes.

Vous sentez-vous aujourd’hui comme un provincial à Paris ? Absolument. Je suis resté un provincial à Paris, comme beaucoup. J’ai besoin, très régulièrement, de retourner en province. Je n’ai pas coupé mes liens avec Nantes, ma femme est nantaise, ma famille aussi. Dès que je le peux, je retourne à Nantes ou je m’y arrête en allant dans ma maison à l’île d’Yeu. J’ai mes pèlerinages. Je vais à Talensac, j’achète des fromages de chèvre chez Gérard Tesson, des langoustines vivantes chez Barbrel, je bois un verre de muscadet au Café nantais, je vais place Viarme faire les brocantes. Mais, parti en 1984, le Nantes que j’ai connu n’est plus celui d’aujourd’hui, j’ai donc perdu quelques repères… Quelles images sont indissociables de Nantes ? D’abord, la douceur de vivre. Des rapports humains très agréables, une ville de contrastes que j’aimais bien, ouvrière, bourgeoise et aristocratique, et, en même temps, tout s’y mélange bien. Une ville avec des aspérités, riche, littéraire, créatrice, pour moi intéressante. À l’époque, elle était un peu aussi la belle endormie, ce qui en faisait une ville trop tranquille. Il fallait donc que je m’en aille. Quel regard portez-vous sur votre passé nantais ? Je garde de cette période à Presse Océan une heureuse nostalgie. J’avais débuté en faisant les chiens écrasés, les tournées des commissariats, les pompiers deux fois par jour. Cette école du terrain m’a insufflé l’intérêt pour la vie des gens. Pour comprendre comment ils vivent par rapport à ce que l’on peut dire d’eux, écrire sur eux. Une leçon que j’applique encore aujourd’hui dans mes bloc-notes…

« Je dois à Nantes un goût pour la proximité intellectuelle avec les gens et leur bon sens, une distance vis-à-vis des pouvoirs, une vision critique du parisianisme »

C’est la leçon retenue à Nantes ? Les Français sont les meilleurs experts de ce qu’ils vivent. Il faut davantage les écouter au lieu de n’entendre que les élites. La grande crise que l’on vit aujourd’hui est celle de la confiance d’un peuple qui ne se reconnaît plus dans les discours médiatiques de la vie du monde parisien.

Qu’est-ce qui vous a incité à quitter Nantes au début des années 80, après des études à Saint-Stanislas, à la fac de droit à La Jonnelière, alors que vous étiez à Presse Océan ? J’ai mis du temps avant de partir. Après des études de droit qui me destinaient plutôt à être avocat (ndlr – son père le fut, son frère l’est encore), je me suis mis dans le journalisme et suis entré à Presse Océan. Je m’y sentais tellement bien que je n’avais plus du tout envie d’en partir. J’y suis resté huit ans, de 1976 à 1984. J’ai bien eu une velléité de quitter Nantes en 1982-83, mais je ne connaissais personne à Paris. Aimant beaucoup cette ville, l’ambiance au journal étant assez sympathique, j’ai eu beaucoup de mal à couper les ponts. En même temps, il fallait sauter le pas…

Vous êtes en quelque sorte redevable de Nantes ? Je dois à Presse Océan d’avoir appris mon métier, sur le tas. Je dois à Nantes un goût pour la province, pour la proximité intellectuelle avec les gens et leur bon sens, une distance vis-à-vis des pouvoirs, une vision critique du parisianisme quand il se résume à son esbroufe, ses impostures, ses fausses valeurs, ses intrigants, ses ambitieux sans scrupules. Je vérifie souvent ce que Mme de Sévigné écrivait à sa fille, Mme de Grignan, restée en province : « Vous dites que vous avez peur des beaux esprits. Hélas ! Si vous saviez qu’ils sont petits de près. Prenez garde que l’éloignement ne vous grossisse les objets : c’est un effet assez ordinaire. »

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François Simon Si l’écriture est son paradis, la table est son royaume. Craint des étoilés, redouté des restaurateurs en herbe, François Simon, jouisseur sans frontières, critique gastronomique au Figaro, est toqué de Nantes. à sa façon.

(ndlr – il commence au Matin de Paris, Gault et Millau, Cuisine et Vins de France, Figaroscope…, auteur de livres de cuisines, de romans). À Presse Océan, j’étais en train de me stratifier, de me sédentariser, avec en ligne de mire le voilier au Pouliguen, le double garage, le break familial qui nous pendaient au bout du nez, la promotion… Mais vous n’avez pas largué pour autant toutes les amarres avec la Cité des Ducs ? Surtout pas, j’ai gardé une maison de famille près d’Orvault, à La Paquelais. Et je m’aperçois, même si le temps y est un peu foireux, l’importance d’avoir de réelles attaches. Je fais partie d’une association de sauvegarde du pays de La Paquelais. Ce sont mes racines. Je les revendique. J’y passe mes vacances chaque année avec mes enfants. C’est une nécessité ? Oui, j’ai même totalement modifié l’endroit en maison d’écriture. Placée sur le sillon de Bretagne, je l’ai solidifiée. Si vous deviez décrire Nantes ? Cela reste une ville extrêmement troublante, séduisante, source d’une vraie magie. Les lumières, l’architecture, cette sorte de scénographie m’ont toujours enchanté. J’ai adoré y vivre. J’avais la chance d’habiter place Graslin, d’aller travailler rue Santeuil, périmètre assez restreint. Le Pickwick, la Petite Hollande. Cette ville m’a totalement conquis. Je venais d’une cité un peu complexée. Débarquer à Nantes s’apparentait à gravir une ou deux marches sociales. Il y a avait une sorte d’exigence. Le groupe social était plus influent à cette époque-là, l’ordre bourgeois y était plus prégnant. Même si je n’avais pas du tout envie de me fondre dedans, cela restait un référent, par rapport aux filles, à l’esthétique, à l’habillement, au langage même. Tout en étant rebelle, rock’n roll, on y adhérait vaguement.

« Avec Nantes, ce fut un vrai corps-à-corps qui m’a complètement délivré. Cette ville m’a ouvert, enrichi, dessiné » Retour en arrière, vous êtes de Saint-Nazaire et vous « montez » à Nantes ? Pour simplifier, à une époque, cette ville mettait un peu la honte, une ville dont paradoxalement je suis forcément très fier. C’est même une revendication. Mais, mes dix années passées à Nantes ont été fondatrices. Je sortais de mes études au collège et, ne sachant pas ce que j’allais faire de ma vie, j’ai basculé dans le journalisme avec une joie sans nom en travaillant à Presse Océan.

Nantes ne vous a donc pas ouvert les bras ? Non. C’était une ville très fermée et un peu pimbêche. Je ne me suis pas du tout senti accepté, ni intégré, si ce n’est qu’à force de mimétisme et d’angélisme, j’ai pu m’imprégner dans le tissu local en étant journaliste et étudiant.

Comme préposé à la police de nuit, c’est-à-dire les faits divers ? Pendant quatre ans, en attendant ma titularisation. J’en garde un souvenir plus qu’heureux, car, la nuit, il n’y a pas de chef. La ville est pleine d’une population un peu plus sexy et intéressante. Ce fut merveilleux…

L’on sent un profond attachement à Nantes, presque fusionnel ? Le lien est indéfectible. C’est une ville que j’aime profondément. En même temps, vous parlez de répulsion ? Comme dans sa vie sentimentale. Des gens vous fascinent, vous les aimez et ils vous effraient. Comme dans le sexe. Il y a une dimension d’effroi, de haine, de violence interne. Trop amoureux d’une ville, d’une personne, on est loin de l’amour.

Pourquoi ne pas être revenu à Nantes ? Je voyais trop le côté « notable» arriver. Étant assez inconscient, un peu naïf, je me suis dit qu’il fallait « monter » à Paris, même si c’était un peu dangereux et, par chance, cela s’est bien passé. Je suis parti en 1980

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Dorothée Ollieric Son terrain d’exploration, le monde, son havre de paix, de repos, Nantes. Grand reporter à France 2, bourlingueuse par passion, parisienne par nécessité, Dorothée Ollieric n’a jamais coupé ses racines avec sa ville natale, bien au contraire.

Mais vous en êtes partie ? Oui, pour voir le monde. À France 2, j’ai eu la chance de trouver une place dans le service de politique étrangère. Ils avaient besoin d’une « petite jeune » corvéable à merci. Quatre mois après, je partais au Cambodge avec 350 légionnaires. C’était en 1992. Ce fut passionnant. J’avais envie de témoigner de ce qui se passe dans ces pays bizarres. Une envie déjà présente sur les bancs de Guist’hau ? Non, c’est ma meilleure copine dont le père était directeur de L’Éclair, Jean Lucas. Il m’a permis de découvrir ce métier. Mon premier rapport avec le journalisme eut lieu en regardant les rotatives, rue Santeuil. Dans les pays en guerre, la quête de l’information est tout autre. Je suis plus dans l’empathie, la compréhension, la recherche, dans le pur témoignage. J’aime être là où s’écrit l’histoire, je suis dans l’histoire quand elle n’est encore que l’actualité. C’est viscéral. Ce n’est jamais assez loin, assez différent, rien à voir avec de l’exotisme.

« Nantes est mon port d’attache, mon point d’ancrage, j’ai besoin d’y revenir » Comment s’est déroulée votre enfance nantaise ? Mon père est chirurgien à la retraite, je suis d’une famille de médecins, père, grand-père, oncle. Pas du tout de journalistes. Après mon bac à Guist’hau, une licence de langues étrangères appliquées, je suis partie faire mes études de journalisme à Paris.

Vous habitiez où ? Quartier Monselet. Après, mes parents sont partis à 15 kilomètres, côté Sud-Loire, à Saint-Julien-de-Courcelles. Une souffrance terrible après le bac. C’était affreux de passer du centre-ville avec mes petits cafés, le Molière, au fin fond de la cambrousse.

Votre premier stage se passe à Nantes ? Oui, à Presse Océan, avant un stage d’été à La Baule. Formidable expérience où j’avais une demie page à écrire chaque jour, plus les photos à faire. C’était absolument génial.

Comment l’exploratrice du monde que vous êtes devenue décrirait-elle Nantes ? La ville est dynamique au niveau de la culture, de la qualité de vie, il y a beaucoup de choses pour être bien. Si mon boulot ne devait pas m’obliger à être à Paris, si France 2 se décentralisait, cela ne me poserait aucun problème. Au contraire. Paris, c’est dingue, infernal et c’est de pire en pire. Ils font la gueule, sont pas aimables. À Nantes, il n’y pas le stress, des gens gentils, il y a un côté entre guillemets « ville provinciale » très plaisant et sans aucun mépris. Ils ne se rendent parfois pas compte de leur bonheur.

Vous n’avez jamais eu envie de rester à Nantes ? J’ai toujours eu la bougeotte. Nantes, c’est très bien, La Baule en vacances aussi, mais j’avais des envies d’horizons plus lointains. Cela a commencé avec l’Espagne, et comme ce n’était pas assez loin, je suis donc partie au Chili à 19 ans.

Vous n’avez donc rien oublié de Nantes ? Nantes est toujours dans mes entrailles, dans ma personnalité, dans ma façon d’être et je le revendique. Je suis assez fière de ma ville et peu importe la couleur politique, elle s’en sort bien. Nantes m’a donné des racines, ce qui est important quand on fait un métier qui nous emmène aux quatre coins du monde. Nantes est mon port d’attache, mon point d’ancrage, j’ai besoin d’y revenir...

C’est un besoin d’y revenir ? Absolument. Je suis très nantaise, bretonne, même si cela ne plaît pas à tout le monde. Très liée à ma région, j’ai besoin d’y revenir. D’aller sur la côte, de voir l’Atlantique. Mes racines sont totalement là. Mon compagnon est lyonnais et, de Lyon, je n’ai rien pris. Mes enfants sont élevés à la galette bretonne, au cidre et non aux tripes.

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Marc Rioufol Son parcours de rédemption fut extraordinaire. Avec un livreconfession à la clef. Il avait parfaitement analysé son addiction et il avait réussi à la dompter durant près de vingt ans, Il consacrait son temps (en dehors de son métier d’acteur) à aider les toxicomanes et les alcooliques à se sortir d’un piège qu’il connaissait bien. Très sensible, le décès de sa maman l’avait énormément affecté et la mort est venue le surprendre trois mois plus tard dans un rare moment d’abandon… TEXTE OLIVIER D’ARGOL

Marc Rioufol, qui était né à Nantes le 7 février 1962, s’est éteint à Paris le 13 juillet 2011, victime sans doute de tous ses excès.

Il meurt à 38 ans, le 3 septembre 1989. C’est l’une des toutes premières victimes du Sida. Deux enterrements. L’un, à Paris. L’autre, près de Mauves. Entre les deux, une vie fauchée de tant d’excès conjugués. Marc Rioufol n’a sans doute pas médité suffisamment longtemps la courte vie de son ami perdu. En 1989, il avait 27 ans. Et il raconte dans son livre, cette année-là, son premier coma éthylique doublé d’une overdose… Pourtant, il y eut quelques répits. Grâce à Gabriella et au cinéma (Rapt ou Les Seigneurs, pour ne parler que des derniers films). Jacques, d’abord. Marc, ensuite. Deux Nantais, border line, morts trop jeunes. Intoxiqués à des poisons insupportables. Dédié à sa chère maman qui est partie peu de temps avant lui, Marc Rioufol confessait une dernière addiction : les médailles de la Vierge, rue du Bac, à Paris, qu’il achetait par centaines et offrait tout autant… « J’en ai toujours une dans ma poche. Au cas où. Leur caractère sacré vient d’en haut. Elle me préserve de l’orgueil du thérapeute », expliquait-il dans les dernières pages de son livre. Comme murmurait Sainte Thaïs avant de mourir et comme chacun pourrait le dire : « Vous qui m’avez créée, ayez pitié de moi ! » Marc s’estimait « mort et ressucité ». Deux vies à la fois. Trop courtes pour n’en faire qu’une seule…

Dans Tox, sa biographie, parue chez Robert Laffont, en février 2011, il nous racontait sa descente aux enfers sans rien nous cacher, avec des addictions multiples (alcool, drogue et sexe) qui devaient le terrasser… Dix-sept cures, sept psys et un coma : avec entre-temps un vrai amour (avec la styliste Gabriella Cortese) qui lui donna un petit garçon, Nicola, son cher enfant. Très attaché à la maison de ses parents à Mauves, en bord de Loire, le jeune Marc a connu une jeunesse turbulente. Et la suite idoine. Avec les nuits parisiennes branchées. Et le mélange de la coke et de l’alcool sur fond de sexe débridé. Comme lui disait alors un journaliste de Libé, chargé des people, « une ligne contre une ligne ». Un peu de poudre pour faire parler de soi…

« J’étais un enfant gâté. Avec mes souliers dorés et ma cuillère Christofle dans le bec, je regardais la jet-set avec des yeux de midinette et je suis tombé dans le quart-monde »

Un personnage suffit à comprendre ce milieu très spécial. Il s’appelait Jacques de Bacher et était le petit ami de Karl Lagerfeld. Originaire de Mauves également, il rencontra Marc chez ses parents, autour de la piscine : « De douze ans mon aîné, Jacques se présente comme un gentilhomme de fortune. Je suis baba. Il me pilote dans la “vraie vie” avec voiture, poker, château et dope de bonne qualité. De la cocaïne… Le hasch, c’est fait pour les pauvres ! » Jacques de Bascher est cité dans deux livres intéressants consacrés à Yves Saint Laurent et à Karl Lagerfeld, publiés en septembre 2008 (Beautiful People d’Alicia Drake aux éditions Denoël et Saint Laurent, mauvais garçon, de Marie-Dominique Lelièvre, paru en janvier 2010 chez Flammarion). Jacques de Bascher (de Beaumarchais) fut la muse de Karl Lagerfeld et d’Yves Saint Laurent. Beau, jeune, énigmatique et ambitieux, il incarne une génération ivre de tout (celle du « Do it »).

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les Nantais restés nantais

Carine Chesneau Rencontre avec Carine Chesneau, PDG de Lambert Manufil basée à Couêron, entreprise récompensée du trophée 2010 des Chênes du Grand-Ouest visant à honorer les sociétés familiales performantes de la région. Propos recueillis PAR Gwen Douguet

Très attachée à Nantes, Carine Chesneau aime à faire découvrir à ses amis de passage sa ville et ses lieux de prédilection emprunts d’histoire. Elle nous fait partager ses goûts et ses bonnes adresses. Une bonne table pour un déjeuner d’affaires La liste n’est pas exhaustive mais un faible pour « Le Pavillon », route de Vannes, l’incontournable « La Cigale ». Un restaurant pour la détente « La Civelle » à Trentemoult pour le site, la cuisine et l’ambiance. Une promenade en famille à Nantes L’éléphant et les machines de l’Ile, le parc de Procés. Pour le plaisir de porter vos pas Sans hésiter, parce qu’ils font partis du patrimoine historique de Nantes qui me charme : le passage Pommeraye et le cours Cambronne. Ce que vous regrettez de ne pas voir à Nantes Des quais plus attractifs à l’image de Bordeaux avec ses miroirs d’eau. Jamais sans mon/ma Mon livre. De tous genres mais de préférence historique. Le dernier en date, un roman, La Femme au miroir, d’Éric-Emmanuel Schmitt. Dernier film ? J’ai adoré Potiche avec Catherine Deneuve, Fabrice Lucchini, Gérard Depardieu et Karine Viard.

Créée en 1924 par Paul Lambert, Lambert Manufil, spécialisée en tréfilerie, pointerie et clôtures (Lambert Clôtures), l’entreprise qui compte aujourd’hui 65 personnes et s’étend sur 7 hectares est depuis janvier 2009 dirigée par la représentante de la quatrième génération. Un chiffre d’affaires de 14 millions d’euros en 2010 confirme l’excellente santé d’une entreprise performante sur un marché soumis aux variations de l’acier et dont l’origine remonte à la production des fameuses « clés perdues » ouvrant les boîtes de conserve. « Laisse chaque chose prendre sa place, laisse chacune de tes affaires prendre son temps. » (Benjamin Franklin) Madame la PDG ne répond en rien au stéréotype de la femme d’affaires surbookée incarnée par des Diane Keaton, Julia Roberts ou dernièrement Sarah-Jessica Parker au bord du burn out, enfant sous le bras, brushing hirsute. 37 ans, mère de quatre enfants (de 8 à 3 ans 1/2), elle offre l’image d’une femme parfaitement organisée dont l’épanouissement est une évidence. À la question qui brûle (toutes) les lèvres – « Mais comment faites- vous ? »–, Carine répond sereinement : « Comme tous les hommes ! », avouant sa botte secrète, un mari hors pair qui assure la gestion du foyer le temps d’un congé parental. Sans parler d’un sens des priorités inhérent à un esprit méthodique. On en infère qu’un juste équilibre familial et professionnel relève de l’intelligence de ces protagonistes qui, aux valeurs traditionnelles, savent additionner modernité et nouvel art de vivre.

Technologie du XXIe siècle Mon iPhone, devenu mon assistant personnel. Vos secrets pour être active et performante Le vrai secret : aimer ce que l’on fait. S’épanouir dans une vie équilibrée dans laquelle la famille a toute sa place. Le bord de mer est aussi propice au ressourcement. Connexion à un réseau Le CDJ depuis un an m’apporte beaucoup en formation, réflexion et belles rencontres. « Business au féminin »* à Nantes, un réseau de femmes entrepreneuses ou diplômées de grandes écoles sur la région nantaise avec qui je peux échanger des compétences et aborder des sujets de réflexion sociétales, économiques. * businessaufeminin@gmail.com

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les Nantais restés nantais

Philippe Morin Reprise en 2007 par Philippe Morin, la Compagnie des ateliers qui s’est spécialisée dans le « rangement sur mesure » à Nantes, à Lorient, à Vannes et à Paris, développe ses concepts originaux dans l’univers de l’ameublement et de la décoration. Propos recueillis PAR Nicolas Boileau

La Compagnie des Ateliers La Compagnie des ateliers pratique un vrai « sur mesure » (dimensions, couleurs, fintions) qui allie toutes les phases de conseil, conception, fabrication, montage jusqu’au suivi après-vente. Une philosophie pratiquée, au jour le jour, par Philippe Morin et ses équipes (35 personnes) portés par l’ambition d’aider leur clientèle (500 installations annuelles par magasin) à optimiser leurs espaces de rangement, à embellir leur cadre de vie et à simplifier leur vie au quotidien. Inventeur de ce nouveau métier de « menuisier-décorateur », la Compagnie des Ateliers présente, dans ses trois magasins-exposition et sur son site Internet , des exemples d’aménagements destinés à apporter des idées originales aux visiteurs, à leur permettre de projeter de manière concrète leurs envies. 11 chargés de projets, polyvalents, accueillent, écoutent, prennent en mains et concrétisent les souhaits des futurs clients en associant capacité créative et technicité. Avec un parcours en dix étapes qui permet de ne rien omettre : l’accueil au magasin, l’approche budgétaire, la prise de cotes à domicile, la conception, la présentation du projet, son affinage, la signature du contrat, la fabrication en ateliers, la pose à domicile par des menuisiers-agenceurs et la réception de l’aménagement final. Le domaine de compétences de la Compagnie est multiple. Il s’étend des placards et dressings, aux sous-pentes et sousescaliers, aux chambres avec ou sans lits escamotables, aux espaces bureaux, aux meubles hifi-télé, à la séparation de pièces, aux bibliothèques, au mobilier et à la décoration. Avec deux approches possibles : une formule « Éco », simplifiée, efficace, « express », donc très économique, et une formule « Déco », plus complète et élaborée, nécessaire pour les projets complexes. Philippe Morin est convaincu que le conseil est essentiel dans son métier : « Les gens qui viennent nous voir ne savent pas toujours comment s’y prendre. » Notre offre combinée – accompagnement déco + réalisation de l’aménagement – leur permet de mieux appréhender l’investissement qu’ils s’apprêtent à faire, tant en matière décorative qu’en matière de fonctionnalités, d’ergonomie et de budget. Du fait de son expérience (plus de 10 000 aménagements à ce jour), la Compagnie des Ateliers se positionne naturellement comme un « expert » apprécié de la qualité « intérieure », du rangement sur mesure, en optimisant les espaces disponibles et l’accessibilité aux objets rangés, avec pour objectif l’ amélioration immédiate du confort de vie, grace à des aménagements parfaitement intégrés… sur mesure. Pour Philippe Morin, Nantais, diplômé de l’Essec, il s’agit, après 30 ans de vie professionnelle exercée dans différents domaines, d’un nouveau métier exaltant, où il peut exprimer dans sa région d’origine sa passion de toujours pour l’aménagement intérieur. C’est aussi une offre nouvelle qui allie, au bénéfice des clients, la menuiserie d’agencement traditionnelle et l’architecture intérieure. Heureux de la « valeur ajoutée » que sa Compagnie apporte, il réfléchit actuellement à son développement sur le plan national et à sa diversification. Avec son concept d’ entreprise innovante au service des architectures intérieures. C’est-à-dire du confort de vie…

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les Nantais restés Nantais

Benoit Isaia

regain d’activité sur les transactions de biens immobiliers haut de gamme ! PHOTOGRAPHIE PASCAL KYRIAZIS – TEXTE NICOLAS BOILEAU

Repreneur, voici cinq ans, du Cabinet Caharel Immobilier (1, place Delorme) et agent Sotheby’s International Realty (spécialiste mondial de l’immobilier haut de gamme) depuis trois ans, Benoit Isaia, 43 ans, enregistre avec satisfaction, une nouvelle et forte demande de ses clients désireux d’acquérir de belles maisons et beaux appartements dans le centre de la capitale du Grand-Ouest. « Durant les années 2009 et 2010, marquées par la crise, la demande des acquéreurs, sauf exceptions, plafonnait généralement autour de 500 000 euros. De nombreux beaux hôtels particuliers, belles maisons, grands appartements… dont la valeur excédait largement ce prix demeuraient alors proposés à la vente sans trouver d’acquéreurs. Depuis le début 2011, cette tendance s’est inversée : les candidats acquéreurs, jusqu’alors attentistes, ont réalisé leurs projets – à titre d’exemple, mon cabinet a traité, entre juin et octobre, quatre ventes de beaux hôtels particuliers pour un prix moyen dépassant légèrement 1 600 000 euros, dont un au-delà de 2 millions –, ainsi que plusieurs ventes d’appartements au-delà de 750 000 euros. Par ailleurs, nous enregistrons régulièrement de nouvelles demandes de clients pour ce type de biens, étant précisé que ce niveau de prix n’est pratiquable que pour des biens ne souffrant d’aucun défaut, pour une clientèle toujours plus exigente ! L’activité du Cabinet Caharel Immobiler-Sotheby’s International Realty n’est cependant pas restreinte aux transactions de ce seul type de biens d’exception. En effet, nous vendons aussi bien de petits appartements ou des maisons plus modestes, que nous nous attachons toutefois à sélectionner pour leur qualité, tant concernant les biens eux-mêmes que leur situation », explique Benoit Isaia. Par ailleurs, et enfin, désireux de compléter son offre, le Cabinet Caharel Immobiler-Sotheby’s International Realty dispose, depuis peu, d’un bureau d’étude intégré et d’un architecte d’intérieur dédié pour assister ses clients dans leurs projets d’acquisition, de rénovation, transformation… Ce bureau d’étude propose également une prestation novatrice destinée aux personnes à mobilité réduite (ou à celles qui la prévoient), leur permettant de se maintenir à leur domicile, moyennant queques travaux d’aménagement, sans pour autant porter atteinte à l’esthétique de leur intérieur !

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Benoit Isaia, dans son bureau de la place Delorme, à Nantes, en compagnie de son crocodile préféré…


les Nantais restés nantais

Nantes l’inspiratrice un reflet de l’âme de la ville

Avec Nantes l’inspiratrice, Philippe Hervouët signe le cinquième opus d’une série de documentaires précieux et attachants consacrés à la mémoire de la ville à partir de films anciens. Le premier, réalisé en 1989, Nantes la mémoire vivante, demeure une valeur sûre des ventes en DVD. Puis vinrent le port, les carnavals, La Baule, toujours en films sépia. PHOTOGRAPHIE XXXXXX - TEXTE PHILIPPE HERVOUËT

« Depuis cette époque, il me restait beaucoup de séquences inédites inutilisées ou retrouvées depuis, raconte Philippe Hervouët. Je voulais les montrer aux Nantais, mais je n’allais pas refaire Nantes la mémoire vivante 2 ! Il fallait proposer autre chose. » Il se souvient alors qu’il avait tourné au début des années 90 une série d’entretiens de peintres et de témoins de la vie artistique nantaise dont les enregistrements dormaient dans ses archives. Tout cela avait été réalisé en son temps avec Vincent Rousseau, ancien conservateur au musée des Beaux-Arts, grand spécialiste de la mémoire artistique de Nantes, avec qui Philippe Hervouët est en rapport depuis des années. D’où naît l’idée de ce nouveau DVD sur la vie culturelle à Nantes sur un siècle, depuis la fin du XIXe siècle (1882-1982). Un mélange de séquences de films sépias très évocateurs et de tableaux commentés par les acteurs mêmes de cette période. Parmi les séquences-chocs, on voit la place du commerce filmée avantguerre avec son animation aux terrasses des grands cafés fréquentés par les artistes, la place Delorme également avec la statue de Guépin en pied et aussi la place Graslin vers 1950, toute pavée et parcourue de trams. Côté peinture, une très large majorité des quelque cent soixante tableaux montrés dans le film représentent la ville et font partie de la mémoire de celle-ci. Le documentaire évoque aussi la vie littéraire et le cinéma. Il se trouve qu’à Nantes de nombreux liens existaient entre le domaine artistique et celui de la littérature. Par exemple, le romancier Marc Elder, prix Goncourt et ami de Claude Monet, a beaucoup fait pour les peintres, de même que Julien Lanoë, fondateur de la revue littéraire La Ligne de cœur, qui a présidé longtemps la Société des amis du musée. D’où l’idée d’évoquer parallèlement les deux univers. « J’avais été captivé par la série d’émissions de Jean-Marie Drot sur Les Heures chaudes de Montparnasse et j’ai voulu faire un peu la même chose pour Nantes », raconte Philippe Hervouët. Restait à trouver un thème fédérateur pour des choses assez disparates et en même temps qui soit immédiatement parlant. Il fallait en effet montrer autant les artistes et écrivains nés à Nantes que ceux qui étaient venus s’en inspirer. Car, contrairement aux idées reçues, Nantes n’a pas été qu’une « ville de négociants ». Elle a compté dans ses murs bon nombre d’écrivains réputés, à commencer par Jules Verne, André Breton, René-Guy Cadou, Paul Fort ou Julien Gracq. Par ailleurs, Nantes a toujours été une ville de peintres. Depuis le XIXe siècle, tous les courants de la création ont été représentés par des peintres nantais. La plupart d’entre eux aimaient Nantes et y ont vécu. Ils se voyaient et fréquentaient les mêmes lieux. Il existait

Michel Noury, le carnaval. Quand les peintres nantais rêvaient en couleurs…

Christian Lecoq et Philippe Hervouët au banc de montage

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une vie artistique jalonnée par toutes sortes d’événements, notamment de grandes expositions. Certaines galeries ont eu un rayonnement important et ont servi de point de repère dans la longue histoire de la peinture nantaise. « Un jour, lors d’une interview, Armel de Wismes m’avait dit : “Si elle n’a pas donné naissance aux plus grands noms, Nantes a beaucoup inspiré.” » Voilà pour le thème : l’inspiratrice. Restait la question du financement, assez redoutable compte tenu des droits à payer et de la nature du projet, difficile à évaluer en termes de marché. Le Crédit mutuel et la Ville de Nantes ont apporté leur soutien et surtout Christian Lecoq, l’excellent réalisateur technique avec qui Philippe Hervouët travaille depuis vingt ans qui a accepté de prendre le risque financier avec lui. Dans le même temps et sur plusieurs années, il a fallu retrouver les œuvres des peintres nantais dans les musées, chez les antiquaires, les salles de ventes et les familles. Le public peut enfin connaître les petits maîtres et les grands peintres dont on parle toujours mais dont on ne voit que peu ou jamais les œuvres. Mais ce documentaire n’est pas qu’une juxtaposition de films anciens, de tableaux et de témoignages. À travers le choix des images, le montage et la dimension humaine des intervenants culturels, son auteur a réussi à exprimer l’âme de la ville, une âme qui concerne tous les Nantais. Ainsi, ne serait-ce que grâce à cela, même ceux qui ne s’intéressent que de loin à la vie artistique seront captivés par ce documentaire et trouveront là l’occasion de découvrir toute une dimension de leur ville qu’ils n’imaginaient pas.

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01. La Loire et le quai des Flesselles depuis la cale aux oranges, par Jean Bouchaud. 02. La rue et le pont Bon Secours, par Étienne Bouchaud. 03. La porte Saint-Pierre, par Alexis de Broca. 04. Le port et ses roquios, le thème favori d’Edmond Bertreux.

5 Questions à Philippe Hervouët

Autres productions - Nantes, la mémoire du film, DVD (Nantes la mémoire vivante, avec, en bonus, les meilleurs moments des autres documentaires de Philippe Hevouët sur le port, La Baule, les carnavals ainsi qu’un making off) Récemment Philippe Hervouët a publié plusieurs ouvrages : - Le Jazz à Nantes de 1918 à nos jours (épuisé, en cours de réédition) - Les Années Nantes-Atlantique (le développement économique du département 1987-2007) - L’Histoire de l’École centrale de Nantes (anciennement IPO puis ENSM) – disponible à l’école.

Quels ont été les thèmes d’inspiration suscités par Nantes ? D’abord, la soif de départ, le désir de parcourir le monde, de voguer sur toutes les mers. C’est un thème qui a été aussi repris par le cinéma. Regardez Lola ou La Reine blanche. Et aussi l’idée de sortir de la réalité et c’est le surréalisme. Il y a, en plus, dans la ville, une légère touche de folie due peut-être à nos origines celtes. Elle s’exprimait autrefois lors des carnavals. On l’a vu aussi apparaître dans des circonstances comme Mai 68. Et puis la ville elle-même a été une source d’inspiration pour les peintres, car c’était une des plus belles villes de France. Les peintres de Nantes ne sont-ils pas restés des régionalistes ? Peut-être pour certains, ce qui ne veut pas dire qu’ils étaient sans valeur. Des gens comme Chabas, Tissot, Maufra, Pierre Roy, Laboureur, Jean Bouchaud et plus près de nous Martin Barré ou James Guitet ont eu des renommées nationales. Le fameux Groupe régional indépendant a-t-il eu une suite ? C’étaient des personnalités assez différentes mais avec une constante : la recherche de la couleur et avec ce grain de folie dont je parlais. Ils avaient en commun de rêver en couleurs, une sorte d’expressionnisme onirique que l’on a retrouvé ensuite par exemple chez des peintres comme Robert Combas, Gérard Garouste ou Rémy Blanchard. Mais eux, c’était trente ans avant. Avez-vous fait des découvertes ? Oui, Jean Bouchaud qui était un très beau peintre classique, le type même du peintre-voyageur qui a couru le monde tout en restant fidèle à sa ville. Nantes ne le reconnaît pas suffisamment et devrait lui rendre hommage. Pourquoi vous être arrêté au début des années 80 ? Après, commence une époque assez différente que d’autres traiteront un jour. Ce sera plus dur, car aujourd’hui l’art fait question. Je n’avais pas envie d’aborder ce problème et en plus j’avais trop à dire et à montrer sur ces cent ans passionnants en eux-mêmes.

Ils témoignent dans le film - Albert Mignon-Massart - Jean Bruneau - Maurice Rheims - Yvonne Laboureur - Edmond Bertreux - James Guitet - Michel Ragon - Jacques Demy - Jacques Villeglé - Vincent Rousseau - Yves Cosson - Sylvain Chiffoleau - Norbert Lelubre - Louis Ferrand - Jorj Morin - Jules Paressant - Jean Chabot - Jean et Jeannette Branchet 35

Nantes l’inspiratrice est le cinquième d’une série de documentaires en films anciens signés Philippe Hervouët.


LE

CURÉ

NANTAIS par Gérard Corchia, restaurant « Beau Rivage » Plage de la Birochère -Pornic

Pomme de ris de veau doré, laqué au vin de Porto, au moelleux de Curé Nantais, chutney de pomme coing, potimaron vanille, émulsion d’épinard au Parmesan.

www.curenantais.com


Un e e sc a l e o ù l ’ o n p è c h e p a r g o u r m a n d i s e . ..

Beau Rivage CUISINERIE GOURMANDE Plage de la Birochère 44210 Pornic Tél: 02 40 82 03 08 www.restaurant-beaurivage.com


légendes

Succession

la vente Julien Gracq vue par Régis Debray Dans son dernier livre, Dégagements, paru chez Gallimard, Régis Debray nous raconte sa participation à la vente « Gracq » sous le marteau de Me Henri Veyrac, à Nantes. L’ancien normalien-guÉrillero dit son effroi devant la dispersion d’une vie… PHOTOGRAPHIE COUTON-VEYRAC & NOUVEL OUEST - TEXTE Régis Debray

confidences par écrit de tel ou tel (Mauriac, Camus, Char et tant d’autres), dont aucun épistolier ne pouvait se douter, à l’époque, qu’elles seraient un jour mises sur la place publique ? (…)

Nantes, hôtel des ventes Couton et Veyrac : mise aux enchères de la succession Julien Gracq. Livres, correspondance, tableaux, mobilier, bibelots, jusqu’aux cendriers du salon, le pied de lampe de la chambre à coucher, la pendule, etc., provenant de son appartement rue de Grenelle et de sa maison de Saint-Florent (…)

La découverte, disons la confirmation, à la lecture de toutes ces missives, de l’entrelacs d’animosités et de ressentiment qui unit entre eux, si l’on peut dire, tous les membres d’une génération littéraire et artistique. Pas de la part de Gracq, étranger au cancan et au dépréciatif : je ne l’ai jamais entendu dire, au fil des jours passés ensemble, sur une dizaine d’années, et malgré sa causticité, du mal de quiconque. Mais dans les lettres reçues, que de mépris, que de fiel. Ne parlons pas de Cocteau, le voyou absolu, dont le nom même fait tache. Mais Breton sur Char, Char sur tout le monde, Barrault sur Clavel, Chardonne sur Malraux (« un facteur, et qui écrit mal »)… On ne comprend pas vraiment une époque si l’on ignore le réseau des haines que se portent les uns aux autres ses têtes d’affiche, et qui lui donne à la fois sa trame et ses couleurs.

Arrivé la veille pour pouvoir déambuler tranquillement au milieu des restes et consulter à loisir les lots de correspondance, je sors de cette vente avant sa fin, en compagnie de Christine Piot, trop remué pour continuer, incapable de résister à un sentiment de cruauté, d’injustice sur sort, mâtiné, tout de même, d’un contentement admiratif : Gracq a la cote, il casse la baraque, sidérantes surenchères… (…) Quatre-vingt-dix-sept ans de vie, soigneusement préservés de toute indiscrétion, étalés, détaillés, impudiquement résumés dans un petit espace (une sorte de garage aménagé) qu’un quidam peut embrasser d’un seul regard. Sentiment d’un viol d’intimité, d’une sorte de perquisition domiciliaire perpétuée sur toute une existence à l’insu de l’intéressé, et contre ses vœux. Tous les secrets d’une vie soudain accessibles à qui en a l’envie ou les moyens, notamment

Reste l’effroi devant la dispersion d’une vie, l’émiettage d’une personnalité qui frappait par son ramassé et sa densité en objets de collection, aux quatre coins du marché mondial de la mémoire. Làdessus, peut-être faut-il se raisonner. La dissémination ne vaut-elle pas mieux que la concentration des « témoins matériels » dans une maison ou un musée plus ou moins confidentiel ? Ces objets sont des reliques, des intercesseurs, et les reliques d’un athée jouissent d’un privilège proprement religieux : la partie y est équipotente au tout. Un morceau de la sainte Croix vaut la Croix entière, comme un kangourou est pour un Aborigène aussi sacré qu’une troupe de cent marsupiaux ou le totem lui-même. Comme il y a tout le livre, in essentia, dans une page de livre, trois lignes manuscrites, une pièce d’échecs qu’il a touchée, une estampe au mur qu’il regardait chaque jour me livrent le tout quintessentiel de l’idole (…)

Me Henri Veyrac présentant un portrait de Julien Gracq avant la vente…

Le problème, aujourd’hui, c’est que le fétichisme n’est plus à la portée de toutes les bourses. J’aurais bien, cela dit, dépensé des mille et des cents pour acquérir le vieux fauteuil club en cuir marron des années 1940 dans lequel il se pelotonnait, à Saint-Florent, au salon, et qu’il lui arrivait, en riant, de me céder pour s’asseoir dans le fauteuil en bois paillé, juste en face. Pas de chance : c’est la cousine qui l’a pris pour chez elle. Je me rabattrai donc sur mon vieux volume de la Pléiade couleur tabac, pour m’adonner au culte funéraire du pauvre : la lecture.

à travers la correspondance privée. Les quarante lettres et cartes d’André Breton sont admirables (préemptées par la bibliothèque Jacques-Doucet 75 000 euros, la Nationale ayant curieusement fait défaut) et appartiennent à l’histoire littéraire de l’époque. Mais le reste ? Les lettres de travail, les lettres d’amour, notamment de Sunsiaré de Larcône (la jeune et belle femme blonde qui s’est tuée en voiture avec Roger Nimier en 1962) – étonnantes d’invention et de fraîcheur -, les lettres de rattrapage (Paulhan, Gallimard), les

Extrait de Dégagements de Régis Debray (éditions Gallimard).

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légendes

Autour du roman-phare de Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes, paru en 1951, pour lequel l’auteur refusa le Goncourt et créa sa légende, divers souvenirs dispersés : roman, photos, mobilier et lettres… L’actualité vient de redonner aux « Syrtes » toute sa place dans nos mémoires et dans nos vies.

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art de vivre

Les

grandsdumuscadet rencontre, à Gorges, avec nos amis vignerons

Réunis chez Michel Brégeon, à Gorges, dans le vignoble nantais, une escouade de vignerons nous A parlé de leur production autour d’un repas préparé par Philippe Vételé (2 étoiles à La Plaine-sur-Mer) et son épouse, Michèle, meilleure sommelière de France. Un moment rare. Chargé d’émotions. Avec, dans le sourire de chacun, l’éclat des raisins qui donne sa magie aux vins. Dégustation. PHOTOGRAPHIES PASCAL KYRIAZIS – TEXTE OLIVIER D’ARGOL

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Marc Ollivier Remy Branger Domaine de La Pépière 44690 Maisdon-sur-Sèvre Tél. : 02 40 03 81 19 earl.lapepiere@orange.fr

Les Guisseaux. À Gorges. Chez Michel Brégeon. Au pays des « vendanges manuelles » et des grands muscadets. Avec des vignerons du coin, tous copains, partageant la même vue sur la vinification et sa commercialisation. Avec un constat unanime qui ne date pas d’hier : la production à tout-va a tué le muscadet, obligeant ce dernier à choisir des volumes imbéciles au détriment de la qualité. Jérôme Bretaudeau de Gétigné, Stéphane et Vincent Perraud de Clisson, Marc Ollivier et Rémy Branger de Maisdon-laRivière… nos nouveaux vignerons de cette année, croisent les « anciens » de l’an passé : Damien Rineau, Guy Bossard et Joseph Landron ! Pas de paroles inutiles. Toujours l’essentiel. C’est-à-dire le vin… On parle environnement, crus communaux, climatologie, biodynamie , taille humaine, terroirs de granite ou de gabro. Mais aussi d’homogénéïté.

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On entend aussi les mots de minéralité, de finesse et de complexité. Chaque vigneron a son langage, même si tous vivent la même passion. Avec une conscience vigneronne avancée. Et la qualité se paie. De 5 à 10 euros chez le producteur. Parfois plus. Mais on sent bien que la profession (du moins, son avant-garde) cherche toujours une manière d’être et d’exister. En portant, enfin, le muscadet là où il devrait être, si l’acharnement à le « populariser » ne l’avait pas laissé à terre.

Frédéric Niger Van Herck Domaine de L’Écu La Bretonnière 44430 Le Landreau Tél. : 02 40 06 40 91

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Jérôme Bretaudeau Domaine de Bellevue 15, rue du Pont-Jean-Vay 44190 Gétigné Tél. : 06 12 85 19 62 jbretaudeau@free.fr www.jeromebretaudeau.fr

Avec les « Vignes de Nantes », par exemple, une quinzaine de vignerons s’essaient à la rupture. Contre une idée reçue. Celle d’un vin bas de gamme sans noblesse. Et les années défilent autour de la table de Michel Brégeon, dressée, à la hâte, dans sa cave si chargée d’histoires. En remontant le temps. Jusqu’aux millésimes de légende. Et chacun de commenter. Pour mieux goûter. Michèle Vételé, en experte, prend des notes et donne des notes. Pour sa propre cave, elle qui n’hésite jamais à servir les plus grands muscadets !

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Vincent & Stéphane Perraud Domaine des Cognettes 25, route de Saint-Crespin Bournigal 44190 Clisson Tél. : 02 40 54 45 62

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Pour nous faire comprendre le vin, Michel Brégeon, massif et cordial, nous emmène à deux pas de chez lui, au pied d’un arbre déraciné qui offre une coupe parfaite des terroirs et de la végétation. Pause rapide tout en dégustant. Ces magiciens du muscadet possèdent leur génie propre, enraciné dans un terroir de complicité et d’humeur partagées. Leur savoir-faire est impressionnant. Comme leurs visages. Burinés et tendres. À l’image du vin qu’ils aiment tant…

Frédéric Lallier 5, Les Guisseaux 44190 Gorges Tél. : 02 40 06 93 19

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emblématique

elle est à moi, depuis longtemps, et je l’aime. PHOTOGRAPHIE PHILIPPE PLISSON TEXTE OLIVIER D’ARGOL

Bien sûr, elle compte une foule d’amis en toutes saisons, mais ce n’est pas grave. Ils ne l’aiment pas comme je l’aime. Elle le sait. Et elle me le rend bien. Peu économe de sa passion pour ceux qui savent l’écouter... Tout petit déjà, je l’aimais cette Cigale, même si d’aucuns, moins prévenants, l’avaient quelque peu perturbée dans son bonheur quotidien. Ils ne l’aimaient pas assez et elle le leurs rendait bien. C’était l’époque du formica. Et de la froideur du libre-service privé d’âme. Quelle trahison ! Un vieux Nantais, baron féodal et simple comme le jour, l’aimait aussi. Historien, peintre et écrivain, il me racontait qu’avant la Guerre, la grande, ils croisaient parfois, à heure du souper, des femmes en tabliers blancs tenants dans leurs mains des jaquettes noires. «Monsieur, il est temps de vous habiller pour aller au spectacle!». En face, à Graslin. Il racontait aussi que de «belles inutiles», comme ils les appelaient, prenaient le thé dans la journée avec ces messieurs si distingués ! Ma Cigale a tout entendu et tout retenu. Le soir, quand la nuit tombe sur la ville, et que la circulation baisse en volume, il faut l’entendre, ma Cigale raconter ses histoires. Doucement, pour ceux qui méritent de l’entendre... Depuis trente ans, sous la houlette de responsables plus généreux, elle s’est refaite, ma Cigale, une santé. Et même une nouvelle robe étincelante lui a été offerte l’hiver dernier afin qu’elle ne prenne pas froid et qu’elle se fasse mieux remarquer! Une vraie beauté! Alors sans discontinuer, du petit matin au soir avancé, ma Cigale qui a chanté tout l’été - pour se donner des forces - ne se trouve pas dépourvue pour aborder avec un enthousiasme répété l’automne, l’hiver et le printemps. Ma Cigale est faite pour les saisons comme sa cuisine qui bouge avec le temps qui passe. Et ses complices, en sarraus blancs, qui l’aiment aussi vont et viennent pour la faire chanter... Amie des habitués comme des gens de passage, des chefs d’entreprise comme des mamans qui attendent leurs enfants, des petits et des grands, des jeunes et des grands-parents, des solitaires comme des fusionnels, ma Cigale est l’endroit nantais par excellence! Elle est connue dans le monde entier. Même pas blasée. Mais fière, heureuse et libre, d’offrir ses cartes et ses atouts. Si ma Cigale n’existait pas, Nantes, non plus, ne vivrait pas... Petite Cigale, prends soin de toi, nuit et jour, en chantant...


gourmet

Faites votre marché à Nantes avec les meilleurs Chefs

Gilles Pudlowski, le chroniqueur gastronomique, de passage en octobre dernier à Nantes, fait « une halte au marché de Talensac – beau comme celui de Lyon. Chez Thierry Corbineau, bien sûr, qui guette le meilleur de la petite pêche du Croisic et de la Turballe. Rouget barbet, grondin rouge, lieu jaune entier, filet de sardine, encornet frais, saint-pierre, maquereau, sole portion, blanc de seiche sont tous préparés devant vous au marché, prêts à emporter et… à cuisiner. » PHOTOGRAPHIES PASCAL KYRIAZIS - TEXTE STÉPHANE HOFFMANN

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gourmet

Dos de Bar de ligne du Croisic en habit de topinambours Parmi les clients de Corbineau, deux des meilleurs chefs de Nantes : Jean-Yves Guého, de l’Atlantide, et Vincent Berthomeau, de l’Abélia. Le premier y a acheté de quoi préparer un « dos de bar de ligne du Croisic en habit de topinambours ». « Il s’agit, précise-t-il, d’un filet de bar de ligne recouvert de fines tranches de topinambours blanchies. Ce filet de bar est cuit doucement au sautoir côté topinambour pour commencer, au beurre clarifié pendant deux minutes, puis retourné côté chair et terminé de cuire au four doux pendant six à sept minutes selon l’épaisseur. » Avec une sauce où se mêlent une échalote, une tomate bien mûre, dix grains de gingembre, une branche de basilic, un litre de bouillon de poule et quelques grains de poivre. « Pour sonder la cuisson, recommande Jean-Yves Guého, j’utilise la pointe d’un petit couteau en piquant le poisson : il ne doit plus y avoir de résistance à rentrer le couteau. Il est préférable de ne pas trop cuire le poisson, mais de le laisser reposer cinq minutes après la sortie du four. » Pour sublimer la recette, le chef de l’Atlantide a conçu une huile aromatique faite de 100 gr d’huile de pépins de raisins, de 50 gr d’huile d’olive, d’un citron en zeste, d’une gousse de vanille fendue et d’une pincée de piment d’Espelette : « il suffit de réunir tous les ingrédients dans une casserole et de faire infuser au coin du feu. »

Thierry Corbineau, à Talensac, est un des meilleurs poissonniers de Nantes

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Noix de Saint Jacques d’Erquy Cuites à l’étouffée dans leurs coquilles au beurre de cerfeuil noix de Saint & purée de pommes de terre maison Allons vers l’Ouest, au Pavillon, dont le chef Denis Janneau a exercé dans plusieurs restaurants étoilés, dont celui de Marc Meneau à Vézelay (où il a rencontré son épouse, avec laquelle il travaille). « Nous travaillons uniquement des produits frais, confie-t-il, en nous efforçant d’obéir à la nature, ce qui nous conduit à réaliser cinq cartes par an. » Ses légumes, il les prend notamment à la ferme de la Chasseloire, à Saint-Herblain et, ses poissons au M.I.N., chez Berjac, dont la présence chaque matin à la criée du Croisic et de la Turballe, permet de proposer des poissons et des crustacés de qualité et de fraîcheur incomparables. C’est dans ces maisons que Denis Janneau a trouvé de quoi préparer des Noix de Saint-Jacques d’Erquy cuites à l’étouffée dans leur coquille, au beurre de cerfeuil et purée de pommes de terre maison.

La ferme de la Chasseloire, à Saint-Herblain, vend directement fruits et légumes, produits du terroir et produits bio Poisson de mer et d’eau douce entiers ou en filets, coquillages, huîtres, crustacés, sauriserie et caviar ont tous rdv chez Berjac, au M.I.N.

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Filet de sole au beurre de Montpellier Escargots vendéens de la maison Royer braisés au jus de viande

Que Laurent Savin, le chef de La Cigale ait très bon goût, tout le monde le sait, puisque tout le monde se précipite à sa table. Peut-être pas ventre à terre, mais certainement pas à une allure d’escargots. D’ailleurs, des escargots, il en cuisine et se fournit à la maison Royer, située en plein cœur du bocage vendéen, et dont l’élevage est bio. Il vient de créer une recette destinée à devenir un classique : « Filet de sole au beurre de Montpellier, escargots vendéens de la maison Royer braisés au jus de viande. Il suffit de farcir et rouler un filet de sole avec un beurre de Montpellier, les escargots et des palourdes. Puis, de pocher la préparation quelques instants dans un court bouillon au thym avant de poêler dans un beurre demi-sel moussant. « La roulade, précise Laurent Savin, doit être croustillante à l’extérieur et moelleuse à l’intérieur. » On sert ensuite sur une salade de jeunes pousses d’épinards crues, puis on dispose les escargots braisés au jus de viande avec quelques palourdes. On termine la préparation d’une touche de fleur de sel de Guérande.

La maison Royer élève, produit et vend du petit gris et du gros gris

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gourmet

civet de homard breton royale de potimarron & farçon de chou. Boulevard des Poilus, à l’Abélia, Vincent Berthomeau a opté pour un civet de homard breton, royale de potimarron et farçon de chou. Pour la royale de potimarron, il suffit de faire suer avec le beurre l’échalote et la chair du potimarron, mouiller avec le fond blanc et cuire doucement pendant 30 minutes comme un potage, avant de mixer et de laisser refroidir. Puis, d’y ajouter deux œufs, un jaune d’œuf et 100 gr de crème avant de cuire le tout dans des assiettes creuses environ 20 minutes à 80°. On peut ensuite décortiquer le homard, garder le coffre et les pinces, utiliser les avant-pinces et l’intérieur de la tête pour les façons, et les coraux pour la liaison. Puis, on fait suer les carcasses avec une échalote, une carotte et une gousse d’ail. On mouille avec 4 dl de vin rouge et 2 dl de fond blanc et on ajoute un bouquet garni. Après 30 minutes de cuisson, on passe au tamis, puis on fait réduire pour obtenir 2 dl de jus. On ajoute 80 gr de beurre et on lie avec les coraux mixés au blender. Enfin, on dresse et on repasse les assiettes dans un four à 56° pendant cinq minutes.

Poissons, coquillages et crustacés passent directement de la mer au marché de Talensac, où Thierry Corbineau sait les recevoir

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art de vivre

O’Deck O’désespoir La nouvelle barge sur Loire, conçuE par l’achitecte nantais Olivier Flahaut, a beaucoup d’allure. Dommage qu’il faille des bottes et des cirés pour y accéder les jours de pluie. PHOTOGRAPHIES PASCAL KYRIAZIS – TEXTE ALAIN D’ANJOU

Nantes Métropole a décidé d’en faire un bunker (à cause de l’éléphant en bois qui se promène dans le quartier), alors qu’il aurait fallu pouvoir y accéder très tranquillement. Les quais, à cet endroit, y forment des parkings tout trouvés. Mais l’île de Nantes a ses raisons que le coeur ne connaît pas… Excellente idée que cette barge immense posée sur la Loire avec une vue circulaire sur l’entrée de l’ancien port commercial d’où partirent tant et tant de bateaux autrefois. Restaurant, salles de conférence et de réception, organisés autour de larges baies vitrées pour planter le décor. Et le résultat est de toute beauté. Une certaine simplicité dans l’élégance qui est bien la « Flahaut touch » à laquelle il nous a habitués depuis si longtemps. Homme de mer passionné par les ports et qui sait – mieux que personne – le faire comprendre. Dommage donc que cet ilôt de poésie et de rêve soit coupé du monde par des plots antipathiques qui murmurent dans une froideur désobligeante : « Vous n’avez qu’à aller vous garer ailleurs ! » D’ailleurs, ce problème de la circulation n’est pas propre à cet établissement. Il est le problème majeur de Nantes qui a décidé, une bonne fois pour toutes, de laisser les double-bus circuler à vide et de bouter la voiture individuelle hors de son champ… Pauvre Deck coupé du monde. En cette saison. Même si quelques pythies optimistes susurrent à l’oreille des plus inquiets : « On nous dit que cela va s’arranger… » En arrivant, marri de cette situation ubuesque, on avait presque envie, hélas !, de rebrousser chemin.

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Caharel Immobilier Fondé en 1945, le cabinet Caharel a toujours été reconnu comme un acteur principal de la transaction des biens immobiliers «classiques» sur le secteur de Nantes. En janvier 2009, s’adjoignait à l’enseigne Caharel la marque Sotheby’s International Realty, département immobilier haut de gamme de la célèbre maison anglaise de vente aux enchères. Ainsi, le cabinet Caharel Immobilier Sotheby’s International Realty est-il le partenaire privilégié des vendeurs ou acquéreurs de biens immobiliers «haut de gamme» à Nantes et alentours, du studio au château en passant par les hôtels particuliers, belles maisons, appartements... Les principaux critères de sélection de ces biens étant notamment leur emplacement, leur qualité et leur charme.

Appartement ancien rénové style contemporain (Nantes)

Appartement ultra contemporain avec piscine (Nantes centre)

Choix d’appartements anciens Cours Cambronne (Nantes)

Villa Néo-Paladienne (15 mn sud de Nantes)

Retrouvez ces biens en détails (ainsi que d’autres) sur notre site : www.caharel-immobilier.com Pour nous confier votre recherche, ou pour une ESTIMATION GRATUITE de votre bien, merci de nous contacter 1, place Delorme - 44000 Nantes • téléphone : +33 (0)2 40 48 40 11 • Fax : +33 (0)2 40 20 48 32 www.caharel-immobilier.com • info@caharel-sothebysrealty.com chaque agence est une entreprise indépendante exploitée de façon autonome




art de vivre

Vertigo à Nantes, enfin un peu d’altitude

Perché aux derniers étages du « Ehundura » dans l’île de Nantes, le « Vertigo », restaurant avec sky bar en terrasse, révolutionnera la cuisine nantaise en lui donnant de l’altitude et du charme. Rencontre avec sa conceptrice, Ange Boisard, aux yeux d’Asie… PHOTOGRAPHIES PASCAL KYRIAZIS – TEXTE OLIVIER D’ARGOL

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D’origine malouine et vietnamienne, Ange Lê-Boisard s’installe en France en 1971, quatre ans avant la chute de Saigon. Infirmière de formation, elle a longtemps travaillé dans une institution parrainée par la fondation de Lino Ventura. Désireuse de découvrir de nouveaux territoires où exercer ses talents, et soucieuse de parfaire ses connaissances en cuisine, elle a ouvert deux restaurants spécialisés dans les sushis : le « Taï Shogun » à Nantes en avril 2007 et un autre similaire à Rennes en janvier 2010. « J’avais l’habitude de fréquenter des restaurants japonais lors de mes déplacements et l’idée m’est venue d’en créer à mon tour. » Elle se souvenait aussi du célèbre « Torigaï », restaurant sur l’eau situé au coeur de Nantes...

« Ce que je souhaite le plus, c’est que les gens viennent et reviennent pour la cuisine, l’ambiance et la vue » Curieuse de tout, Ange Boisard goûte alors à toutes les cuisines du monde. Elle sait qu’un maître-sushi met dix ans à parfaire son art. Et elle a le temps. Mais au-delà de ce mets typiquement japonais, elle veut aussi s’essayer à d’autres histoires, d’autres goûts, d’autres cultures. Avec le « Vertigo », elle se lance donc à présent, en hauteur, dans une cuisine inventive et originale. On y mangera même de la viande argentine. C’est tout dire. Une salle de 120 couverts, ouverte tous les jours sauf le dimanche soir. Ce jour-là, le midi, un brunch à thèmes sera proposé avec l’une des plus belles vues sur la cité des Ducs de Bretagne… La carte sera française, comme le chef, avec des menus qui ne dépasseront pasles 25 euros le midi. Un service voiturier sera également proposé. « Ce que je souhaite le plus, c’est que les gens viennent et reviennent pour la cuisine, l’ambiance et la vue », explique la coach ès-vertige…

Un lounge bar Ce qui caractérise ce type de restaurant, c’est bien sûr une qualité de cuisine, une certaine atmosphère, un service courtois et attentif, une belle déco et une vue panoramique, voire même des œuvres d’art à admirer. Mais aussi une bonne musique, un espace fumeur de havanes, un voiturier. Des salles privées, pour travailler ou pour déjeuner ou dîner. Un espace séminaireauditorium. Un club privé et un sky bar… Bref, la totale. C’est, en tous cas, la volonté d’Ange Boisard, sa conceptrice. L’emplacement choisi dans l’île de Nantes, entre le siège du groupe Coupechoux et le nouveau palais de Justice, est assurément branché. Les deux immeubles jumeaux, noir et blanc, accueillent déjà des avocats et d’autres professions libérales. L’ensemble va former un « plus » évident dans ce quartier intéressant malheureusement mal structuré. On a hâte d’avoir le vertige, au « Vertigo », qui toise le ciel…

Mais elle souhaite aussi, avec son bar en terrasse, convaincre les jeunes d’y venir bavarder et consommer tranquillement. Autour de soirées musicales régulières et variées… Après deux années de réflexion, tout est prêt à fonctionner. Le « Vertigo » vous mènera, bien sûr, irrésistiblement, au 7e, vers le ciel...

www.vertigo-restaurant.com

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privilège

Bijoux & fleurs Fidèle à ses « portraits » de bijoux, notre ami photographe, Pascal Kyriasis réCIDive cette année avec des décors naturels empruntés aux meilleurs fleuristes de la région. Pépites suprêmes, trois belles maisons nantaises, lui ont prêté quelques bijoux le temps d’une séance de photos particulièrement réussie. Ici, les bagues, les bracelets et les montres surgissent comme des papillons posés sur des tapis de rêves… PHOTOGRAPHIE PASCAL KYRIAZIS

Hermès

bague Naussicaa or rose quartz fumé & bague Naussicaa or rose améthyste


Hermès

bague et pendentif Chandra, or rose et cacholong


Landreau

ensemble bague, bracelet et pendentif or blanc et diamants princesse


Prieur

montre Class One de chez Chaumet, en titane, index diamants, bracelet caoutchouc


Prieur

montre Ma Jolie, de chez Boucheron, lunette sertie diamants, bracelet satin noir


Prieur bracelet rigide Move de chez Messika, 3 diamants mobiles, pavage diamants, or gris

bague Toi & Moi, création de l’atelier Prieur, émeraude et diamant poires, pavage diamants, or gris

bague solitaire composé, création de l’atelier Prieur, centre diamant 4 griffes et pavage diamants, or gris

Prieur

bagues Capri de chez Pomellato turquoise, monture pavage rubis et chrysoprase, monture pavage saphirs bleus, or rose

Landreau ensemble bague pendentif et bracelet Dinh Van or blanc et diamants

Landreau

ensemble Chaumet bague or blanc et diamants « liens » collier or blanc et diamants liens montre class one acier diamants sur bracelet caoutchouc


shopping

irrésistibles

Chapeau, Sac & accessoire Papa pique & maman coud 2, rue Contrescarpe 02 51 84 35 19

l’emblème ! Studio 54 6, rue de La Juiverie 02 40 84 39 66

Coiffure et Beauté Jean Luc H 2, place Aristide Briand 02 51 84 28 69

Lunettes Anne & Valentin Optique Claireux 5 Rue de la Barillerie 02 40 47 44 35

Or Comptoir National de l’Or 21 Rue de Strasbourg 02 51 17 88 24 68


shopping

irrésistibles Bague Saphire Rose Joaillerie Marthin-Lobert 9 Rue Guérande 02 40 20 29 20

Lunettes Concept Sport A vue d’Oeil 1, Rue Fosse 02 40 74 81 04

Huile d’olive d’Italie La Tour de Pise 22, rue Racine 02 40 33 25 74

Banquette Sixties Terrasse & Dépendances 12, rue Lamoricière 02 40 69 25 34

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Signe astrologique Balance, d’après le zodiaque, érable d’après les Celtes et cochon pour les Chinois. J’ai bien connu le sujet au début de ma modeste carrière en illustrant les horoscopes des magazines féminins (Biba, Jalouse, Elle). Couleur La lumière blanche traversant la peau de l’eau, pour ressortir en arc-en-ciel. Parfum « Antidote », de Victor & Rolf. Sports Tirer la charrette toute une nuit, pour un rendu d’illustration au petit matin à la rédaction. Passe-temps Promenade et méditation dans la nature. Vacances (où et quand ?) Je suis allé aux Philippines en février-mars 2011. Et plus récemment : une traversée de la baie de Quiberon et du golfe du Morbihan, fin août dernier, une merveille ! Votre paradis terrestre ? Un coucher de soleil sur une île vierge des Philippines avec un ami peintre. Votre paradis artificiel ? Mon monde, illustré et mis en scène. À table, quel plat ne faut-il jamais vous servir ? Un mille-feuille de mondanités, la jambe de Sarah Bernhardt, quoi que cela pourrait être intéressant… Citez trois personnes vivantes que vous n’accepterez jamais à votre table… Un zombie nazi, un faux-jeton misogyne et un intégriste d’Action française. Quel genre d’enfant étiez-vous ? Naïf et dans la lune. Qui est l’homme ou la femme de vos rêves ? L’idée d’une femme bleue sur une île, qui m’a été inspirée par Fernande, le modèle préféré du photographe Jean Agélou. Je leur ai rendu hommage dans ma dernière création, pour la revue Irrévérent, numéro IX sur le thème « Double » (parution décembre 2011). Quel est votre personnage historique préféré? Gustave Courbet, pour son engagement politique et esthétique toujours actuel. Je pense également à Martin Luther King pour la défense pacifique des minorités ethniques et culturelles. Votre occupation préférée ? Trouver une idée, rechercher la documentation, monter l’image, mettre en scène les paysages. Créer. Pour quelles fautes avez-vous le plus d’indulgence ? Les fautes de langage, car je les trouve souvent imagées. Qui auriez-vous aimé être ? Je ne souhaite pas particulièrement me glisser dans la peau de quelqu’un d’autre, mais puisqu’il faut citer une personne que j’admire, je saisis l’occasion au vol pour évoquer Max Ernst. Ses rêves d’oiseaux comme Loplop, et cette petite citation de taille : « Si les plumes font le plumage, la colle ne fait pas le collage. »

Ce que vous appréciez le plus chez vos amis ? Leur fidélité, leur humour et un certain amour aussi. Qu’avez-vous à vous faire pardonner ? Dieu seul le sait, peut-être la vanité de cette interview… Le don de la nature que vous aimeriez avoir ? Parler la langue universelle du vivant. Votre chanson préférée ? En ce moment, j’aime « Le bleu de tes yeux » d’Édith Piaf. Sinon, je fais toujours confiance à la boîte noire de radio Nova et à la compilation « Jumping the shuffle blues ». Votre écrivain préféré ? Perrault, sans hésitation. D’une part, pour le choix de ses contes où se mêlent les traditions orales, les symboles pré-freudiens et une omniprésente magie. J’ai la chance de posséder une édition des Contes de Perrault, illustrée par Gustave Doré en 1883. Un chef-d’œuvre. Comme tout illustrateur, je rêve de travailler à mon tour sur les contes de Perrault. Votre film préféré ? Il m’est difficile de choisir un unique film, puisque finalement mon travail s’inspire largement du cinéma. Metropolis de Fritz Lang, les westerns de John Ford et leurs fresques grandioses, la nature sublimée comme dans les films de Miyasaki ou Tarkovsi (Stalker) et évidemment l’humour des Monty Python constituent mes fondamentaux. D’ailleurs, en ce moment, je travaille sur un lieu culte du cinéma : l’hôtel California, à Paris, face aux anciens locaux du Herald Tribune. Cet hôtel apparaît dans À bout de souffle de Jean-Luc Godard. Qu’aimeriez-vous laisser de vous ? Un sentier de petits cailloux à travers a forêt, comme l’a fait le Petit Poucet la première fois. Des petits cailloux blancs. Si vous étiez invisible, vous feriez quoi ? J’en profiterais pour subtiliser les bottes de sept lieues. Que faut-il faire pour vous déplaire ? Porter des Ray Ban aviateur. Et pour vous plaire ? Porter le costume de Mister Freedom. Qu’aimeriez-vous changer en vous ? Passer à la 3D. De quoi êtes-vous le plus fier ? A l’aube de mes 40 ans, je continue à filer mon projet indépendant, en cohérence esthétique avec ce que j’ai débuté depuis ma sortie de l’école Estienne dans le milieu des années 90. Qu’aimez-vous à Nantes? L’espace urbain ouvert vers la mer, ses habitants, la vie culturelle… circuler à vélo… Nantes m’inspire. Et demain, vous faites quoi ? Tout dépend du jour où cette interview sera lue... Quoi qu’il en soit, je travaille à mes illustrations, je compulse, je compose. Il est possible que je prépare dès demain une exposition collective à la galerie Arts Pluriels de Nantes (du 26 novembre 2011 au 7 janvier 2012). Ou encore, je pourrais me rendre à la galerie Mélanie Rio à Nantes aussi, qui soutient haut et fort ma création depuis 2009.

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art

Julien

Grataloup

toujours un peu dans la lune

PHOTOGRAPHIES Flore-Aêl Surun / Tendance Floue propos recueillis par Stéphane Hoffmann

Le Parcours sur l’Estuaire, 2009 Technique mixte sur papier 420 x 297 mm

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Nantes, 2009 Technique mixte sur papier 420 x 297mm L’original est à la galerie Mélanie Rio, elle existe aussi en sérigraphie, tirage limité à la galerie Arts Pluriels

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art

Saint-Nazaire, 2009 Technique mixte sur papier 420 x 297 mm

Julien Grataloup, sa vie, son œuvre Du moins ce que nous en savons pour l’instant… Né en 1971 à Paris, Julien Grataloup vit et à travaille à Nantes depuis onze ans. Il collectionne l’imagerie désuète, passéiste, de figures élémentaires, glanées au fil de ses découvertes de vieux albums illustrés, d’antiques planches d’art graphique, de livres d’images anciennes : végétaux, animaux, statuaires, édifices, êtres imaginaires, postures féminines ou masculines au travail, au repos ou en loisir, véhicules en tous genres, accessoires et mobiliers divers, etc. Nous pouvons retrouver ceux-ci utilisés ça et là, au gré des sujets abordés. La photocopie, le découpage, le collage, le montage, le rehaussage à la gouache couleur et à la mine noire sont ensuite ses techniques de mise en image ou, plus exactement, de mise en scène au décor planté. Du théâtre du monde, Grataloup fait naître des images oniriques où se distillent, à chaque fois, une saynète, un tableau. Hallucinations lyriques d’un passé évanescent ou rêves d’éternité factice, le processus de transformation de la vie réelle en époque merveilleuse ou en fantasme symbolique révèle un univers iconique, touffu et précieux, où la sensation de déjà-vu n’est pas anodine. Un monde énigmatique fait de loisirs permanents flotte dans l’air. Avec l’expression amusée de celui qui n’est pas dupe des illusions de notre monde. Lors d’un récent voyage au Mexique, Julien Grataloup s’est pris pour l’un de ces personnages en noir et blanc dont il aime découper les silhouettes élégantes et désuètes.

www.juliengrataloup.com

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La Femme Ile, 2011 Technique mixte sur papier 495 x 700 mm Hommage à Jean Agélou et son modèle favori, la jeune et belle Fernande Création pour la revue Irréverent n°9, « Double », parution décembre 2011

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découverte

lieux

insolites 1

niché dans une rue calme, mais particulièrement animée les jours de marché, « Le Brizeux » jouit de l’atmosphère singulière d’un quartier ancré dans la ville et dans la tradition : Talensac. PHOTOGRAPHIES & TEXTE PASCAL KYRIAZIS

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découverte

Loft « Le Briseux »

Niché au cœur du quartier du marché de Talensac, cet ancien atelier, situé au rez-de-chaussée d’un petit immeuble est devenu un loft, disponible à la location. La pièce principale est imposante avec plus de trois mètres sous plafond, joliment décorée avec des meubles design et des équipements qui raviront tous les « geek » : accès internet gratuit, écran LCD, lecteur DVD. La surface totale totale du lieu est de 60 m2 et ne possède qu’un seul couchage, mais l’endroit est formidable et propose une alternative très originale pour un hébergement hors du commun pour un week end.

11, rue Auguste-Brizeux 44000 Nantes Tél. : 06 99 77 00 20 www.actlieu.com

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découverte

lieux

insolites 2 le « D’O », Bateau promenade parisien des années 30, vient de faire l’objet de neuf mois de travaux dans un chantier naval Nantais pour être totalement remanié. PHOTOGRAPHIES & TEXTE PASCAL KYRIAZIS

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découverte

Le bateau d’O

Le Bateau d’O est un ancien bateau-mouche qui a fait carrière sur la Seine, aux alentours de 1930. Il a été totalement relooké et transformé pour en faire ce qu’il est aujourd’hui, une chambre d’hôte atypique à la décoration très pointue. Vous pourrez l’habiter l’espace d’une nuit, bercé par l’Erdre, et avec un couple de cygnes sauvages voisins. Le bateau vous offre sur ces 40m2 une chambre unique, une terrasse intérieure-extérieure, ainsi qu’une cuisine équipée, une salle de bain très amusante et un salon lounge à la vue imprenable.

5, quai Henri-Barbusse 44000 Nantes Tél. : 06 99 77 00 20 www.actlieu.com

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découverte

lieux

insolites 3 la villa « Hamster » se trouve dans le centre-ville de Nantes. Pour 90 euros, il est possible d’y dormir une nuit et de se mettre pendant quelques heures PHOTOGRAPHIES & TEXTE PASCAL KYRIAZIS dans la peau du rongeur.

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découverte

La villa « Hamster »

2, rue Malherbe 44000 Nantes Tél. : 06 64 20 31 09 www.uncoinchezsoi.net

La villa de 16 m² permet d’accueillir deux personnes. Le concept émane de l’architecte d’intérieur Frédéric Tabary et de Yann Falquerho qui ont voulu mettre en place un nouveau style de logement qui permet de se divertir et de faire du sport en se faisant passer pour… un hamster. La villa comprend toutes les installations d’une cage à hamster, adaptées à la taille d’un homme, comme une roue métallique de 2 mètres de diamètre pourvue d’une fontaine avec pipette géante ou des copeaux de bois placés derrière la cuvette des toilettes pour imiter la litière du rongeur. En guise de nourriture, des graines de céréales bio sont à grignoter sans modération. On y trouve une douche traditionnelle et un lit pour un repos bien mérité après une journée de vie de hamster. Pour le confort et le bien-être des visiteurs, l’endroit est également doté d’un four à micro-ondes, d’une télévision à écran plat et d’une borne internet Wi-Fi. La villa Hamster est un concept à la fois innovant et surprenant, une maison pour vivre dans un autre monde, se déconnecter de la routine quotidienne et se divertir grâce à des activités propres aux hamsters.

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découverte

lieux

insolites 4

La « Villa Déchets », 1ère Villa d’architecte en France 100% durable, imaginée par l’association Tabakero, réunissant Frédéric Tabary, architecte d’intérieur/designer d’espaces et Yann Falquerho, scénographe et fondateur de Un coin chez soi. PHOTOGRAPHIES & TEXTE PASCAL KYRIAZIS

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découverte

La villa « Déchets »

La villa Déchets, un symbole de la prévention des déchets : le projet, imaginé par l’association Tabakero, réunit Frédéric Tabary, architecte d’intérieur et Yann Falquerho. Inspiré par la ScrapHouse de San Francisco la villa Déchets a été construite sur l’île de Nantes, véritable villa d’architecte, créée à partir des déchets collectés, triés et métamorphosés par plus de 7 000 bénévoles de la région.

Rue des collines 44000 Nantes www.uncoinchezsoi.fr

Plus qu’un concept, une véritable maison stylisée, habitable et durable, la villa Déchets est desormais disponible à la location pour une nuit ou plus ! La maison est claire et assez spacieuse, évidemment le concept de villa Déchets ne permet pas un confort digne des palaces, mais l’expérience est originale. Et l’on s’amuse à regarder tous les détails et astuces de conception de ce « monument ». La chambre est lumineuse, baignée de soleil, et la terrasse très abritée. L’adresse pour une expérience unique !

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RESTAURANT GASTRONOMIQUE **Michelin Séminaires - cours de cuisine Fermé le dimanche soir, lundi et mercredi toute la journée

33 Rue Chapelle St Martin - 44115 HAUTE GOULAINE (20 mn du centre de Nantes) Tel: +33 (0)2 40 06 15 91 www.manoir-de-la-boulaie.fr - reservation@manoir-de-la-boulaie.fr


déambulation

Passage Sainte-Croix

entre la place Sainte-Croix et la rue de la Bâclerie

Depuis un an, une nouvelle promenade est ouverte entre la place Sainte-Croix et la rue de la Bâclerie. Sur un ancien prieuré bénédictin du XIe siècle a été amènagè un passage couvert de 70 mètres. Ouvert du mardi au samedi de 12h00 à 18h30, c’est aussi un lieu culturel, avec des salles de conférences, des ateliers d’art et une galerie d’exposition. PHOTOGRAPHIES PATRICK GÉRARD – TEXTE STÉPHANE HOFFMANN

Yvon Gilabert, qui a porté le projet et assuré la direction du passage Sainte-Croix pendant sa première année, et Yves Pittard, président, entourent la nouvelle directrice, Laure Guist’hau.

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déambulation

« En un an, le passage a accueilli 45 000 personnes » À la fin du XIe siècle, les moines bénédictins construisent le prieuré SainteCroix. Tels qu’ils se présentent aujourd’hui, le prieuré et l’église résultent de différentes campagnes de constructions qui se sont étalées sur près de deux cents ans à partir de la fin du XVIIe siècle. Après 1848, le beffroi du Bouffay a été installé au-dessus de l’église Sainte-Croix. Ainsi, Nantes, comme un grand nombre de villes européennes, s’est aussi structurée autour de ses lieux de culte. Toujours, les églises ont été le lieu d’événements qui rassemblaient l’ensemble de la population, pour des raisons sacrées ou profanes. Le site, propriété du diocèse de Nantes, est composé de quatre éléments dont la succession constitue le Passage : un jardin de 400 m2, un ancien prieuré, la cour pavée du prieuré (123 m2) et d’anciens petits logements donnant rue de la Bâclerie (210 m2). Le 24 juin 2009, Mgr Georges Soubrier, évêque de Nantes, pose la première pierre de cet ensemble. C’était la première grande étape du projet conduit par le diocèse pendant dix années de réflexion pour « valoriser ce patrimoine important et poser un signe qui réponde aux attentes et aux appels du monde et du temps qui sont les nôtres ». À peine arrivé, son successeur, Mgr Jean-Paul James s’est d’emblée déclaré « héritier de ce beau projet ». Depuis un an, on estime à 45 000 le nombre de personnes fréquentant le passage qui, peu à peu, de passants se transforment en visiteurs réguliers. Dans ce lieu porteur de sens et non marchand, on déambule, on traverse, on flâne, on s’arrête et on repart avant de revenir. Cela n’a l’air de rien, et c’est essentiel. Depuis décembre 2011 a été ouverte, sous forme de parcours, une exposition permanente autour de quatre questions : le commencement, le mal, le salut et l’espérance. Des questions qui appartiennent à tous et dont la réponse regarde chacun, quelle que soit sa religion. Aucun prosélytisme au passage Sainte-Croix : la réponse chrétienne y est présentée parmi d’autres. Chaque jeudi, de 12h30 à 13h15 (hors vacances scolaires) se déroulent les Midis de Sainte-Croix. « Il s’agit, expliquent les concepteurs, d’inviter les visiteurs à se reposer dans le jardin ou le patio, à écouter, contempler, dialoguer autour d’une animation de 25 minutes. » Le passage Sainte-Croix propose aussi soirées-débats, contes, concerts, ateliers pour enfants et adultes, expositions et conférences. Jusqu’au 18 février 2012, photographies de Stéphanie Lacombe sur « La Table de l’ordinaire ». Jusqu’au 5 mai, peintures « Mémoires bretonnes : à la table de Simone Le Moigne », peintre naïve, originaire de Bretagne dont on célèbre cette année le centenaire de la naissance. Passage Sainte-Croix 9, rue de la Bâclerie 44000 Nantes Ouvert du mardi au samedi de 12h00 à 18h30 Tél. : 02 51 83 23 75 www.passagesaintecroix.fr

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décoration

Deux univers Un pied-à-terre rue du Calvaire, un loft à Chantenay. Dans le premier, deux jeunes retraités ; dans le second, un jeune célibataire. Pour les écouter et les aider à mener leur projet à terme, une seule personne : Muriel Theillaumas, conseil en design d’intérieur, qui a fait appel, pour ces deux projets, à une nouvelle génération d’artisans. PHOTOGRAPHIES PATRICK GÉRARD &TEXTE STÉPHANE HOFFMANN

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décoration

Deux chambres ont ainsi été aménagées autour d’un grand espace à vivre regroupant le salon, la salle à manger et la cuisine. Au mur du salon, une création de Maël Beauce, reprenant la Cène de Leonard de Vinci et la retravaillant en tryptique dans une mise en couleurs en harmonie avec les tons favoris des occupants. La bibliothèque de chêne a été dessinée par Muriel, qui a choisi dans les collections Flamant le lustre, le canapé Blake, la table basse Architect Noire, le banc Greta et les rideaux en lin lilas. Les éléments de cuisine viennent du tout proche Studio de la cuisine, rue du Chapeau rouge. Quand on entre dans l’appartement, on est accueilli par la belle et paisible lumière du salon, rehaussée par la profondeur des rouges, parmes et roses. De quoi passer six mois agréables, en automne et en hiver, avant de regagner la plage et l’océan aux premiers soleils du printemps.

dé co ra tion

Un appartement remis à neuf. Entièrement meublé Flamant, habillé de belles couleurs rouge Lipstick pour le mur de la salle à manger (page de gauche) sur lequel ont été accrochés des tableaux de famille mis en valeur par des éclairages musée; craie pour les murs du salon ; rose Tagada pour ceux de la cuisine et Tennis white pour les huisseries cet appartement de 90 m2 a été restructuré pour la vie qu’entendaient y avoir ses occupants, un couple de retraités désirant avoir chacun son espace pour s’adonner à ses activités. « « Il y avait peu de lumière, explique Muriel Theillaumas, c’était vieillot, nous avons tout repensé pour adapter cet appartement au genre de vie que nous aimons aujourd’hui. »

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décoration

Le loft d’un plombier A Chantenay, un plombier célibataire d’une trentaine d’années tombe amoureux d’un atelier de menuiserie en sale état. Avec Muriel Theillaumas et l’aide de Jérémie Airiau, architecte DPLG, tout a été refait. NOUS VOUS ouvrONS les portes de ce double espace de 100 m2 PHOTOGRAPHIES PATRICK GÉRARD &TEXTE STÉPHANE HOFFMANN

100 m2 au rez-de-chaussée, autant au-dessus, dans le respect de la structure métallique et des espaces occupés par l’ancien atelier. Au premier plan, la cuisine, dont les éléments ont été trouvés chez Maxima, route de Vannes. Puis, la salle à manger, avec une table en résine façon béton ciré et des chaises Fly. Plus loin, le salon donnant sur une cour. Les baies vitrées à droite donnent sur une grande terrasse en teck, aménagée dans le jardin dessiné par la pépinière du Val d’Erdre, et où est installé un barbecue pour les repas de printemps et d’été. Le sol est un dallage de céramique couleurs grès, signé Porcelanosa. A gauche, un escalier dessiné par Muriel Theillaumas.

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décoration

« Cet escalier, explique-t-elle, est à la fois fonctionnel et créatif. Il est axé autour d’un bloc en métal brossé réalisé sur mesure par un artisan, et dans lequel sont agencées des vitrines pour expositions et rangements. Les marches de chêne sont éclairées par de légers spots d’un bleu très doux et le mur est recouvert à mi-hauteur de pierres sur lesquelles on a disposé des éléments décoratifs écrivant le mot LOFT. La rampe est métallique, très aérienne. » Le guide des couleurs a respecté la volonté de donner un effet métallique, de métal légèrement oxydé, avec des peintures douces et lumineuses, trouvées dans la collection Ressource. Ces teintes tranchent avec la façade (page de droite) dont le rouge a été voulu par le propriétaire. Ce sont des panneaux Max Funder sur ossature bois, réalisés par Vincent Pageaud.

De grandes baies vitrées dispensent généreusement la lumière dans les espaces intérieurs, dont la transparence est prolongée par les chaises autour de la table, car notre hôte aime et sait recevoir, comme le montre la cave à vins aménagée dans le coin cuisine.

Jeux de lumières dans un grand espace qui donne sa place à la douceur

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décoration

A l’étage, un couloir distribue trois chambres. On remarquera que les poutrelles métalliques du bâtiment ont été gardées, et même mises en valeur. Ainsi que le toit légèrement incliné. La salle de bains (vasque Porcelanosa, baignoire Cédéo) a été disposée juste derrière la chambre, aux couleurs grises et taupes, nuances à la fois raffinées et masculines. Tandis qu’une salle d’eau est à la disposition des occupants des deux autres chambres. « J’ai été très heureuse, confie Muriel Theillaumas, de travailler avec cette nouvelle génération d’artisans qui a du savoir-faire et beaucoup d’audace pour innover, tout en gardant l’esprit des lieux. Quand je me souviens de l’état du bâtiment au début et de ce que nous avons pu en faire, tous ensemble, je suis vraiment contente. »

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décoration

Polydore et Pamphile

ont retrouvé leur blancheur perdue Haut-lieu nantais de l’élégance et de la réussite sociale, le cours Cambronne possède sa magie propre. Aves ses deux ailes bordées d’arbres qui protègent un étonnant jardin de centre-ville où il est possible, de jour, de circuler à son aise. Pur joyau du XVIIIe siècle, cet ensemble d’immeubles aux façades classiques de la grande époque, abrite des appartements magnifiques. PHOTOGRAPHIES PASCAL KYRIAZIS TEXTE OLIVIER D’ARGOL

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décoration Un magnifique salon donnant sur le Cours avec des équilibres respectés et une « modernité » parfaitement intégrée au volume XVIIIe et au parquet Versailles…

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Les enfilades, conçues par Ouest-Habitat, profitent d’une lumière sauvergardée et d’un choix de couleurs savamment dosées.

Depuis une vingtaine d’années, au gré des départs et des arrivées (tout se fait par bouche à oreille), certains nouveaux propriétaires ont choisi de redonner un lustre moderne à ces vieux appartements victimes des aléas du temps. Tant du côté de la rue Gresset (le plus ensoleillé) que du côté de la rue de l’Héronnière (avec ses belles perspectives) qui offrent encore des occasions de « restauration » et de « refonte », idéales pour les architectes d’intérieur. L’appartement dont il s’agit dans ce numéro de Nantes Privilège est situé dans une aile des Cours, avec une seule façade d’angle aujourd’hui ravalée. Un long travail qui a permis de redonner à un décor ancien une nouvelle vie, avec des cariatides et des mascarons sauvés de la noirceur du temps. Polydore, sculpteur grec, et Pamphile, peintre grec, retrouvent donc un peu de la vie qu’ils avaient perdue. Cette cour intérieure, une fois terminée tous les travaux de ravalement, sera certainement l’une des plus belles de Nantes avec celles de ses cousines de l’île Feydeau beaucoup moins exposées. L’appartement dont il est question a bénéficié de la seule logique de ses propriétaires qui se sont attelés, eux-mêmes, aux travaux de rénovation et de décoration. L’ensemble a beaucoup d’allure et mêle, harmonieusement, l’ancien et le moderne avec des touches d’audace parfois surprenantes. Mais parfaitement conjuguées. Décor de notre époque, dans une structure XVIIIe, pas toujours facile à aménager. Il faut du temps et de l’audace pour tout repenser, tout agencer et tout décorer. Les propriétaires de ce bel ensemble ont réussi leur pari en offrant de nouvelles perspectives de vie à cet appartement haut de gamme réservé à une toute petite société.

Un long travail a permis de redonner à un décor ancien une nouvelle vie, avec des cariatides et des mascarons sauvés de la noirceur du temps

La façade de l’immeuble (côté entrée) fait actuellement l’objet d’un ravalement général qui donne à cet immeuble classé une nouvelle naissance…

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L’immeuble avait été conçu par plusieurs architectes dont François Léonard Seheult (1768-1840) dit « Le Romain », et pour cause. Il était le quinzième enfant d’une famille ouverte sur les arts, le père ayant lui aussi fréquenté l’école royale d’architecture à Paris. Le cours Cambronne retrouve donc une nouvelle jeunesse avec des intérieurs et des extérieurs soignés. Ce cours est emblématique de l’architecture nantaise (au sens bordelais du terme) et donne de notre cité sa plus belle image avec le théâtre Graslin, en perspective, qui fut inauguré sous Louis XVI.

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danse

Entrechats & petits rats de la poésie secrète à la révolte discrète

Tout en agilité et grâce féline, les corps s’expriment par des mouvements cadencés, dictés par un instinct primitif universel : Danser. Nantes peut se targuer d’offrir aux passionné(e)s des spectacles de grande qualité, des écoles gratifiantes et de susciter ainsi des vocations de par l’excellence de son enseignement. PHOTOGRAPHIES PAscal kyriazis – texte Anne Babin-Chevaye

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danse

Dans les coulisses du classique

Elles sont concentrées. Le chignon lissé, les gestes gracieux, elles ajustent le tulle de leur jupe et entrelacent les rubans de satin autour de leurs fines chevilles. Du chat à la biche, il n’y a qu’un saut, mais pour y parvenir, il leur faudra assouplissement, travail et persévérance. La barre est haute, aux sens propre et figuré. Le miroir réfléchit leur élégante silhouette allongée par les pointes, le plancher attend d’être effleuré par les pas graciles et aériens. La magie de la danse opère dès lors que les paumes de mains pourfendent délicatement l’air, que l’espace s’ouvre aux arabesques et grands jetés. Rêvant d’évoluer un jour sur le Lac mythique de Tchaikovsky, couronnées d’un diadème et costumées de plumes, les jeunes ballerines deviendront rapidement assidues à leurs cours. Le Lac des cygnes est programmé le 27 novembre à la Cité des Congrès de Nantes. Réservation : www.ticketnet.fr

Modern’jazz

On oublie le tutu et le chignon tiré à quatre épingles pour pratiquer cette danse d’origine afro-américaine adaptée aux diverses cultures locales. Quelle que soit la chorégraphie, le mouvement est basé sur la percussion du rythme. C’est un moyen d’expression que l’on peut situer entre le classique et le contemporain, car à la fois technique et expressif.

Paroles d’experte Muriel Loarec est directrice de l’école de danse ZigZag qu’elle a fondé en 1989 au cœur de Nantes, rue Monteil. Professionnels et amateurs s’y côtoient dans un espace dédié de 300 m2.

Autre ambiance même concentration

Que l’on aborde la danse, la musique ou l’art pictural, le courant contemporain relève du même cheminement. Forts des bases techniques incontournables, les danseurs et chorégraphes évoluent dans l’espace en privilégiant liberté d’interprétation, bouleversement des codes dans le but d’interpeler le spectateur. Suggestions, abstraction, minimalisme des tenues ou décors, anachronismes délibérés, provocations, réflexions, les corps se font sculptures dans un esprit créatif qui peut aussi bien bousculer, émouvoir voire déranger le profane.

Programmation 2011-2012

Retrouvez les spectacles de danse Nantes sur : 44.agendaculturel.fr/danse Les passionnés ont déjà l’œil rivé sur la planification du Grant T (www.legrandt.fr) et de la Cité des Congrès de Nantes (www.lacite-nantes.fr) accueillant chaque année des spectacles professionnels de haute qualité. Les Nantais ont ainsi pu admirer en mars 2011 la superbe Marie-Claude Pietragalla dansant La Tentation d’Ève en solo, le chorégraphe à la réputation internationale, dont les pièces ont été reprises par les plus grandes compagnies de danse (Bolchoï, Scala de Milan, Opéra de Paris), Angelin Preljocaj. Le 18 janvier 2012, l’espace culturel Onyx de Saint-Herblain offrira un spectacle de Blanca Li, incroyable danseuse qui excelle sur scène, mais également dans la réalisation, la chorégraphie et la comédie. Notre ville compte également un chorégraphe de danse contemporaine de renom, Claude Brumachon, qui s’est imposé par son propre style (Texane en 1988, puis Le Piédestal des vierges) et a signé soixante-six chorégraphies originales. Directeur du CCNN depuis 1992, il forme avec Benjamin Lamarche, codirecteur depuis 1996, un duo créatif qui « crée à partir du corps pour le corps avec le corps » et propose une démarche artistique recherchée et passionnée.

Pour vous quelles sont les qualités primordiales pour pratiquer l’une de ces trois danses ? La danse classique demande une grande souplesse, de la légèreté et de la grâce. C’est un univers très codifié* qui réclame de la persévérance et de la discipline. Le modern’jazz demande plus de tonicité, car nous jouons sur des variations d’énergie qui demandent des facultés d’adaptation aux rythmes saccadés. La danse contemporaine est quant à elle beaucoup moins codifiée et donc plus accessible à un large public. Elle se base sur la créativité, l’occupation de l’espace et la liberté de mouvements. Bien que différentes ces disciplines requièrent toutes de bonnes bases et une bonne résistance à l’effort. On juge le public nantais exigeant en matière de spectacles. En est-il de même de même pour les élèves ? Recherchent-ils la perfection ? Bien que les amateurs viennent pour se détendre, ils attendent effectivement un apprentissage très rigoureux avec des professeurs de haut niveau qui satisferont leur exigence de travail. Le prochain spectacle que vous nous conseillez ? Je suis abonnée à plusieurs salles programmant des spectacles de danse. Le prochain sera Gardénia du chorégraphe de danse contemporaine Alain Platel au Lieu Unique les 9 et 10 décembre 2011. *Codifié par le 1er maître de ballet du roi par Pierre Beauchamps (1631-1705).

Carnet d’adresses des formations (liste non exhaustive) École de danse ZigZag contemporain, modern’jazz, street dance, classique, initiation, éveil 02 40 89 76 44 Académie de danse Adeline Miller Barre au sol, modern’jazz, classique, éveil 02 40 69 53 33 Le Studio de la danse Barre à terre, modern’jazz, classique, éveil, pilate 02 40 40 52 43 Blanche Burlin Classique, modern’jazz, contemporaine, hip-hop, flamenco, rock’n roll, salsa, éveil 06 87 96 51 56 Académie des arts de danse Contemporain, classique, hip hop, modern’jazz, éveil Conservatoire de Nantes : 02 51 25 00 41 Centre Chorégraphique National de Nantes CCNN Création, diffusion, sensibilisation à l’art de la danse, formation 02 40 93 30 97

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musique

Leendder

Une pluie d’étoiles sur les platines Elevé à la pop de New Order et à l’électro musclée de Front 242, ce nantais d’adoption commence sa carrière de Dj sous le pseudo de Gabriel B. en 1995. Il se tourne naturellement vers la House et fait ses armes au défunt club « Le Transfert » aux côtés de Jérôme Pacman, Djul’z ou Freddy. Influencé par la deep house de Kevin Yost, il termine sa première production en 1996 et signe sur « Total House RecorPHOTOGRAPHIES PATRICK GÉRARD – propos recueillis par Stéphane Hoffmann dings ».

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Puis, il apparaît immédiatement sur la compilation « Ibiza Max Party » de BMG aux côtés d’Arman Van Helden. Suivent plusieurs maxis (vinyls !) sur le label français « United Tracks Of House » . C’est après un séjour à Ibiza en 1998 qu’il décide de s’installer à Nantes. Après plusieurs résidences à La Baule, au très underground Safari ou au très hype Ship’Inn, il débute des résidences en 2000 au Privilège à Nantes, devient résident des afters incontournables de l’Extrem et partage les platines avec Mike Grant, Jef K., Pedro Winter ou encore Dax Riders. Ces derniers lui proposent de remixer leur hit « People » en 2001. Les signatures se suivent. Sur « Airtight » et « HoojChoons » en Angleterre, puis sur le très respecté label de Steve Bug « Dessous » en Allemagne, comme sur « Subscience » en France et « Floating Point » en Australie.

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Musique

Jérôme Pacman, Plaisir de France, E-Troneek Funk ou Dj Vas de Kojak remixent différents titres de ses productions successives pendant qu’il continue de signer sur d’autres labels plus confidentiels comme Starsky Records, Le Maquis, Toulhouse ou Hot Dog Traxx. La production prend donc le pas sur le djing et devient son activité principale. Après deux années sabbatiques de réflexion, Gabriel B. change de pseudo pour Leendder. Le projet se définit comme underground et dancefloor avec une touche de romantisme eighties. En 2010, après plusieurs mois de travail, le EP « Love Process » voit le jour sous le label américain « Moonchild Records ». C’est d’ailleurs pendant cette période de gestation que l’idée de créer son propre label naît presque naturellement. Début 2011, « Like Life Records » sort sa première production, celle de Leendder évidemment ! Le label s’articule autour d’un graphic designer, Vincent Langlais (directeur artistique chez Schmoove et Springcourt), d’un web designer, Mathieu Le Gac (directeur chez Escale Digitale et membre actif d’Input Selector) et enfin d’un directeur artistique, Leendder. Après les quatre premières sorties du label, Like Life Records promet deux nouvelles releases avant la fin de l’année. Un maxi électro-pop aux accents funk sous la houlette du projet français « Scones » et une production deep-techno, « 17 », avec un remix surprise d’un invité de marque. Mais aussi, bien sûr, de nouvelles productions de Leendder sur Like Life Records fin décembre ainsi que sur un nouveau label.

Signe astrologique : Poisson ascendant scorpion. Couleur : Gris, mais souris. Parfum : Réminiscence. Le premier. Sports : Monoski dans les Alpes. Passe-temps : Regarder les gens s’affairer dans la rue le samedi. Vacances (où et quand ?) Formentera en Août. Votre paradis terrestre ? Formentera en août. Votre paradis artificiel ? Secret. À table, quel plat ne faut-il jamais vous servir ? Des tripes. Citez trois personnes vivantes que vous n’accepterez jamais à votre table ? Que trois ??? Quel genre d’enfant étiez-vous ? Calme et lunaire. Qui est l’homme ou la femme de vos rêves ? Aucun. Quel est votre personnage historique préféré ? Moshe Rabinou. (Moïse). Votre occupation préférée ? Cuisiner pour mes proches. Pour quelles fautes avez-vous le plus d’indulgence ? Celles qui forgent la maturité. Qui auriez-vous aimé être ? Lacan. Ce que vous appréciez le plus chez vos amis ? Leur honnêteté. Qu’avez-vous à vous faire pardonner ? Quelques excès… Le don de la nature que vous aimeriez avoir ? L’ubiquité. Votre chanson préférée ? « La Ritournelle » de Sébastien Tellier. Votre écrivain préféré ? Cormac Mc Carthy pour La Route. Votre film préféré ? Être et avoir, de Nicolas Philibert. Qu’aimeriez-vous laisser de vous ? Une certaine idée du plaisir. Et du goût. Si vous étiez invisible, vous feriez quoi ? La même chose que vous je pense… Que faut-il faire pour vous déplaire ? Manquer de politesse élémentaire. Et pour vous plaire ? Faire preuve d ‘esprit. Qu’aimeriez-vous changer en vous ? Mes pieds. De quoi êtes-vous le plus fier ? De Salomé. Ma fille. Qu’aimez-vous à Nantes ? Ses antagonismes. Et demain, vous faites quoi ? Je pars pour Deauville.

Artiste : 17 Titre du EP : Something Style : deepelectro / deeptech Date de sortie : décembre 2011

Artiste : Scones Titre du EP : Diamonds Style: electropop / electrofunk Date de sortie : décembre 2011

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Toujours renouvelÊe, sa musique s’inspire de tous les sons du monde

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LE MOIGNE SA : CONCESSIONNAIRE Les Pavillons - 381 route de Vannes - 44800 SAINT HERBLAIN Tél : 02 51 77 85 85 ZAC Océanis - route du Petit Lerioux - 44600 SAINTT NAZAIRE Tél : 02 40 11 30 40


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glisse

Wake

Board en bord de Loire

Lorsque ce grand fleuve laisse ses riverains tranquilles et ne les menace pas de ses crues, quelques gourmets de sensations fines partent faire du wake board. Nous en avons suivi deux : Pierre-André Dahirel et Nicolas Hamon. Entre mai et octobre, dès qu’ils le peuvent, ils filent à vingt minutes de Nantes filer au fil de l’eau, tirés par… un fil. PHOTOGRAPHIES PATRICK GÉRARD - TEXTE STÉPHANE HOFFMANN

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Nom Pierre-André Dahirel Position sur la planche Regular (pied gauche devant) pratique depuis sept ans Trick (figure) préféré 360° (rotation)

Né dans les années 80, le wakeboard est un sport où l’on est relié par une corde à un bateau à moteur, et où l’on glisse sur l’eau en se maintenant sur une planche ressemblant à une planche de surf ou de skate, tout en utilisant la vague du sillage pour effectuer des figures. Ses racines viennent du « skurf », qui fut crée en NouvelleZélande par le shaper de planches de surf Allan Byrne et ses amis dont Kevin Jarrett. Le but principal de ce sport était de retrouver des sensations de glisse comparables à celles du skateboard, du windsurf et du surf sans avoir besoin de conditions météorologiques particulières (vent, houle...).

« C’est un sport assez technique qui requiert de l’équilibre, de l’agilité, de bien se repérer dans l’espace et de bien préparer les figures à enchaîner » Il faut aussi un bateau particulier. Quelques modèles sont spécialement adaptés à la pratique de ce sport : tout d’abord ceux qui sont équipés d’une tour qui permet de fixer la corde de traction à 2 mètres de haut environ par rapport à l’eau. Ils sont également équipés de ballasts, afin de pouvoir être alourdis, et d’une coque spécialement étudiée, tout cela pour obtenir un sillage pourvu de vagues plus hautes. Une fois que le sportif – en jargon, wake (prononcer « ouaique »), on dit « rider » (prononcer « railledeur ») – a pris sa carre pour sortir du sillage, il accélère progressivement vers la vague afin de l’utiliser comme une rampe pour pouvoir réaliser sauts et autres figures aériennes. Par ailleurs, et contrairement au ski nautique, ces bateaux sont équipés d’une coque « en V » qui crée des vagues plus dures et plus prononcées. Leurs bateau, Archimède, est même équipé d’enceintes afin d’accompagner les riders de musique.

Nom Nicolas Hamon Position sur la planche Goofy (pied droit devant) pratique depuis 10 ans Trick (figure) préféré Tantrum (proche d’un salto arrière)

« Pour alourdir le bateau et créer des vagues plus forte, on fait appel aux filles et aux copains. Ce qui permet ensuite de pique-niquer et de boire des coups. » Avec modération, bien sûr, pour les coups à boire. Car le wake attire les acharnés, mais des acharnés qui savent vivre. Les riders doivent d’ailleurs être en excellente forme physique, car les figures qu’ils ont à faire sont spectaculaires. « Comme dans de nombreux sports extrêmes, tels que le snowboard ou le skateboard, confie un spécialiste, il y a une série de termes ou expressions spécifiques pour nommer ces figures (par exemple backroll, frontroll, tantrum, elephant, whirlybird, 360, 720, 900, 1080…). » Ces figures peuvent à la fois être réalisées en heelside ou en toeside quand la figure est débutée respectivement en prise de carre arrière (c’est-à-dire en appui talon, ou face au bateau) ou avant (c’est-à-dire en appui orteils, ou dos au bateau). Il est cependant plus aisé pour le wakeboarder d’effectuer sa figure en prise de carre arrière, car il a plus de stabilité et d’équilibre.

avec leurs meilleurs souvenirs Nicolas Hamon se souvient avec émotion d’une soirée de juin, après une longue journée de travail, un pique-nique sur les bords de Loire sur la plage : « Il y avait une lumière incroyable, la Loire était un miroir, nous avons fait une session juste après le dîner, en toute fin de coucher de soleil vers 23h00. Avec un léger rythme funk, c’était magnifique ! » (Page de droite) En haut, sur une planche de wake board, Nicolas Hamon à gauche, Pierre-André Dahirel à droite, se sont servis d’une vague créée par le bateau comme tremplin pour effectuer un saut. (Photos du bas) Ils s’essaient au wake surf, qui a pour but de rester dans le sillage du bateau, sans corde. Le tout dans une eau à 24° en cette fin d’été.

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à quinze minutes de Nantes

On ne vous dira pas où c’est, car les « riders » tiennent à garder leurs endroits secrets. D’ailleurs, dans ce sport, même le langage est secret : les « riders » parlent de « spots », de « shaper », de « switch », de « backroll », de « frontroll », de « kikers », « sliders » ou « flat board ». L’important est de se retrouver entre amis sur un bateau, d’avoir un permis rivière et de se promener à 20 ou 30 nœuds pendant que la Loire est apaisée, ce qui ne lui arrive pas toujours.

La Loire par Luba Jurgenson

Installée à Paris depuis 1975, l’écrivain russe Luba Jurgenson est également traductrice et maître de conférence à Paris IV – Sorbonne. Elle se souvient d’une promenade en hélicoptère au-dessus de la Loire, et de ses impressions d’alors. l’empêche pas de se disperser en courants et contre-courants. L’eau qui ne dort jamais, même par les nuits sans lune, les nuits de noir chuchotement où elle vit encore et scintille de toutes les feuilles froissées, mais qui coule et coule, tantôt opulente et rassasiée, tantôt, en période de jeûne, délaissant ses bords, se serrant, se poussant, s’effaçant… Fleuve insomniaque, qui oublie de dormir et omet de couler, comme ceux qui disent n’avoir pas fermé l’œil de la nuit, mais qui n’en sont pas moins restés emmitouflés sous les couvertures. Fleuve qui s’oublie lui-même, s’abandonne au milieu des sables pour revenir se chercher.

« L’essentiel : le vent qui frise la surface de l’eau, la rive, limite imaginaire entre rêve et réalité ; des murmures d’eau partout, ces petits reflets du fleuve qui le prolongent et l’épaulent, ces îlots de tranquillité, ces grandes surfaces brillantes au même niveau que la terre, pour faciliter la tâche à tous ceux qui voudraient marcher sur l’eau… Le fleuve, vert, démesurément vert, charrie des histoires de noyés, de sol qui se dérobe sous les pieds, de pieds qui se dérobent sous le corps, de pieds qui n’ont plus de pied, de bouches qui avalent l’eau, puis le sable. Et pourtant, l’eau est si douce au contact des orteils assoiffés de fraîcheur. Le corps de l’eau qui avance vers l’océan, qui s’entrechoque avec l’océan de toute sa masse, ce qui ne

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shopping

Carnet d’adresses Le plaisir du centre-ville, c’est de pouvoir se promener au gré des rues, le nez en l’air, au hasard, de vitrine en vitrine. Un plaisir vif à Nantes, dont la tradition est ancienne et toujours renouvelée. Les commerçants ont du talent. Ils sauront vous recevoir et vous surprendre. Nous avons sélectionné pour vous quelques-unes des meilleures adresses.

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Fred Landry

Landreau Joaillier Diamantaire

Vincent Wulverick

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Le «nouvel» ECRIN est une Boutique tendance, reconçue dans un esprit novateur et séduisant. Avec le savoir traditionnel qui le caractérise depuis des décennies, L’ECRIN joaillier est également ambassadeur de marques prestigieuses telles que : Baume & Mercier, Longines, Rado, Gucci, Herbelin, Tissot, Gucci Joaillerie,Morgane Bello, Hot Diamonds... L’Equipe vous accueille du mardi au samedi de 10 H à 18 H 45.

L’ECRIN 17, rue de la Barillerie Tél: 02 40 47 78 29


Tartines et Bouchons

Restaurant et bar à vins On peut s’installer à l’une des tables entourant le bar, ou directement au comptoir derrière lequel Alain Jamet, le patron, déploie sa gentillesse et son humour habituels. En cuisine, le chef Philippe Ricordaire prépare les traditionnels plats de bistrot revus au (bon) goût du jour. Le dernier jeudi du mois, tête de cochon. Avec tout ça, une quarantaine de vins, souvent des découvertes à déguster « avec mode et ration ! » (comme dirait le patron) Tous les mercredi, dîners-concerts à partir de 20h30. Il est prudent de réserver.

Le Molière

Place Graslin, terrasse plein sud On s’y retrouve entre amis, habitués, étudiants, copines pour une pauseshopping, rendez-vous d’affaires ou pour lire le journal, dans cette ambiance chaleureuse, élégante et joyeuse qui est tout le charme de Nantes. Jolie carte de brasserie, avec produits frais, salades variées, assortiments de viandes et plats du jour. Le Molière est aussi un bar à vins, avec de belles découvertes et, régulièrement, des soirées champagnes. Cette institution, animée par Pascal et Johanna, avec une équipe efficace et souriante, sait se renouveler pour le plaisir de ses (nombreux) clients.

TARTINES ET BOUCHONS 11, rue d’Auvours (près de la place Viarme) Tel & Fax: 02 40 47 85 40 /// www.tartinesetbouchons.com

LE MOLIÈRE 2, rue Racine, sur la place Graslin /// Tél: 02 40 73 20 53 Reçoit du lundi au samedi de 7h30 à 2h00 /// www.lemoliere.fr

Makeda

Un Coin en Ville

Douceurs d’Orient Pâtisserie, confiserie et salon de thé, Makéda propose une grande variété de pâtisseries orientales faites maison, d’une finesse, d’une subtilité et d’une richesse de saveurs inégalée. Baklawas, cornes de gazelle, loukoums divan, dattes au chocolat, mais aussi confiseries en provenance de Syrie, sodas à base de produits naturels, sans conservateurs, et tant d’autres gourmandises. Le tout à déguster sur place ou à emporter. Soraya Benali saura vous accueillir avec gentillesse et vous conseiller parmi toutes ces tentations. Un rayon de soleil. MAKEDA 4, rue Copernic /// 44000 Nantes /// Tél: 02 40 74 85 18 reçoit du lundi au samedi de 9h30 à 19h30 /// www.makeda-patisserie.fr

Produits frais, ambiance chaleureuse Restaurant de quartier très attachant, en plein cœur de Nantes. On s’y sent tout de suite chez soi : douce chaleur des poutres apparentes, joyeux patchwork des vieilles pierres. La décoration relie traditions et modernité avec beaucoup de goût. Plats originaux, préparés avec minutie et tendresse, judicieusement révélés par un exotisme discret. Une nouvelle carte est élaborée deux fois par an. Le menu du midi est adapté à vos contraintes : une heure suffit pour un tour du monde en classe affaire, détente comprise.

UN COIN EN VILLE 2, place de la Bourse /// 44000 Nantes /// Tél : 02 40 20 05 97 Fermé samedi midi, dimanche et lundi /// www.uncoinenville.com


Jean-Luc H Coiffeur

Coupe sur mesure Jean-Luc possède une parfaite technique de coupe, au millimètre près, permettant une coiffure sur mesure. Adaptée à la nature du cheveu, au visage, à la peau, au style de vie et au tempérament de chacune, une coiffure bien coupée est facile à vivre et donne à celle qui la porte un éclat et une allure incomparables. Spécialiste du changement de tête, Jean-Luc propose diagnostic et devis sans engagement. Ligne de soins CHI, aux protéines de soie, et sans ammoniaque.

Prieur Joaillier Fabricant

Toutes les grandes marques d’horlogerie et de joaillerie tiennent à être représentées chez Prieur. Ainsi propose-t-il les collections Rolex, Chanel, Chaumet, Jaeger-leCoultre, Tag Heuer, Hermès, Poiray, Boucheron, Pomellato, Zenith, Fred, Bell & Ross, Messika, Dinh Van et Mauboussin, ce dernier en boutique 19, rue Crébillon, en corner aux Galeries Lafayette. Prieur est aussi un maître joaillier, membre du Club des Joailliers Créateurs. Un des plus respectés. Il sait choisir la pierre et créer le bijou sur mesure. Grand choix de diamants.

JEAN LUC H COIFFEUR 2 Place Aristide Briand /// Tél: 02 51 84 28 69 /// 06 68 36 27 03 Sur rdv du mardi au vendredi de 9h à 19h et le samedi de 9h à 16h30

PRIEUR NANTES 1, rue d’Orléans /// Tél: 02 40 48 69 95 PRIEUR LA BAULE Esplanade F. André /// Tél: 02 40 60 86 08 www.bijouterie.prieur.fr

Emard Optique

Studio 54

Depuis 1917 A la pointe des innovations, Emard vient de se doter de la technologie Eyecode, système de mesure breveté Essilor, qui permet de personnaliser les verres : précision et confort inégalés. Présentant un bon choix des marques de montures les plus sérieuses, comme Bugatti, Markus T, Gold & Wood, Alain Mikli et quelques autres, les trois opticiens diplômés proposent un suivi personnalisé avec une parfaite maîtrise technique : garantie de deux ans, verres et montures. Emard est dépositaire des jumelles Swarovski et des barographes Naudet. EMARD OPTICIEN 3, rue d’Orléans Tel : 02.40.48.29.69 /// www.emard-optique.fr

Un bel espace devenu une référence. Trois tatoueurs reçoivent dans trois cabines climatisées et proposent un large choix de motifs. Deux salons climatisés pour les piercings. Toujours plus varié, le choix de bijoux pour le piercing s’est étoffé et propose les meilleurs prix du marché, pour femmes et hommes. Lignes de bijoux glam’rock : chaînes, pendentifs, bracelets, bagues etc…. Et de nombreuses idées cadeaux. Espace maquillage permanent.

STUDIO 54 18, rue de la Juiverie & 9 et 11, rue de la Marne Tél: 02 51 82 45 76 /// www.studio54shop.com


A vue D’oeil

Marithé + François Girbaud

Du sur mesure Spécialiste enfants et sportifs Cette année, Damien Arnaud a encore trouvé de nouveaux créateurs, avec lesquels il travaille en confiance et qui lui permettent de proposer à sa clientèle des modèles uniques : le suédois Staffan Preutz et l’écossaise Alyson Magee. Et toujours Blac (en exclusivité sur le département), Harry Lary’s, Pierre Eyewear et quelques autres bien choisis. Un rayon permet d’adapter votre vue à tous les sports, pour une vision parfaite et confortable. Damien et Stéphanie, opticiens diplômés, sont aussi des spécialistes des lunettes pour enfants. A VUE D’OEIL 1, rue de la Fosse /// Tél: 02 40 74 81 04 ///www.a-vue-doeil.fr Ouvert le lundi de 14h / 19h et du mardi au samedi de 10h / 13h et 14h / 19h

Le vêtement comme moyen, le bien-être comme finalité Située dans le quartier «Decré», la boutique s’ouvre sur un puits de lumière, symbolisé par un plafond en étoile rétroéclairé « façon peau ». Les collections Homme, Femme et chaussures sont déclinées dans cet espace de 240m2 où règnent la transparence et la fluidité des matériaux. Inimitable et unique, la marque l’est depuis 40 ans. La signature Marithé+François Girbaud est synonyme de créativité et de nouveauté. Ils ont apporté une nouvelle approche de la mode plus populaire et plus industrielle à partir du vêtement de travail.

Marithé+François Girbaud Rue Saint Vincent «3 rue Fanny Peccot» /// 44000 Nantes Tél: 02 40 35 13 20 /// www.girbaud.com

Nini Pinson

Style urbain et week-end pour hommes et femmeS Pour la ville et les promenades en campagne, pour le travail et le week-end, lignes pour femmes et pour hommes signés des stylistes les plus inventifs. Pour femmes, en exclusivité, les collections Bellerose, Chemins blancs, Filippa K, My Pants et BZR. Sans oublier Majestic et quelques autres. Pour hommes, Hartford, Lyle & Scott et, en exclusivité, Filippa K et Bellerose. Quelques costumes. Choix d’ accessoires, dont les écharpes et foulards Jago. On s’habille chez Nini Pinson à tous les âges, du S au XXL et du 34 au 42

Nini Pinson 23, rue du Calvaire /// Tél : 02 40 48 27 72 Ouvert le lundi de 14h à 19h et du mardi au samedi de 10h à 13h et de 14h à 19h


PSB Tradition - Everblue

Claireux Opticiens

Esprit Créateur depuis 1948 Vintage ou modernes, colorées ou non, la sélection de montures est faite parmi les créations des meilleurs designers français, européens et américains. Les lunettes que vous y essaierez auront toujours ce petit plus mettant votre regard en valeur. Dernière tendance, le mat. L’aspect satiné de l’acétate ou de l’acier jouera de lumière en révélant la profondeur des teintes, tout en ayant cette douceur si particulière sur votre peau. Venez vite découvrir les dernières créations d’Anne & Valentin, Jacques Durand, Mykita, Cutler & Gross, Kirk Originals, Caroline Abram, et tant d’autres encore !

En 40 ans d’expérience, PSB Tradition a réalisé plus de 2000 bassins publics et privés en Loire-Atlantique. Son gérant, Gaël Drouet, suit les chantiers du devis à la réception, et intervient aussi bien dans les constructions traditionnelles maçonnées que dans les bassins intérieurs. PSB Tradition peut aussi rénover votre piscine et en renouveler les équipements. Possibilité de contrats d’entretien et de dépannages.Représentant Everblue en exclusivité sur la Loire-Atlantique, PSB Tradition appartient à la Fédération des Professionnels de la Piscine et propose une garantie décennale sur le gros œuvre.

PSB TRADITION - EVERBLUE Show-room 7, rue Jean Rouxel /// 44700 Orvault Tél: 02 28 96 03 40 /// www.psb.fr

5, rue de la Barillerie /// Tél: 02 40 47 44 35 2, Place Delorme /// Tél: 02 40 48 76 68 8, rue Guépin /// Tél: 02 40 20 45 49 /// www.claireux.com

Desevedavy Musique

Ethnicia

L’accord parfait entre Tradition et Modernité La tradition du meilleur conseil délivré par des musiciens spécialisés. La tradition d’un savoir-faire technique qui vous garantit la parfaite préparation et le meilleur entretien de votre instrument. La modernité d’un large choix d’instruments sélectionnés parmi les plus grandes marques. La modernité des solutions proposées (comme la « Location-Test »). Pianos neufs et occasions, pianos & claviers numériques, guitares & amplis, batteries & percussions, méthodes & partitions...

57-59, rue du maréchal Joffre /// Tel : 02 40 74 37 44 (Nantes) 215 route de Vannes /// Tel : 02 40 40 12 21 (St Herblain) www.desevedavy-musique.fr

Espaces de beautés homme, femme, enfant. Dans ce grand espace lumineux et calme sont réunis des prestations de coiffure, esthétique, maquillage, bienêtre et conseil en image pour offrir à chacun la beauté qui lui ressemble. L’écoute et le conseil sont au cœur de notre approche. Nous prônons la beauté sur mesure, dans sa singularité et sa différence. Notre savoir-faire est unique : nos équipes sont formées pour travailler sur tous les types de peaux et de cheveux.Créé à Paris en 2005, Ethnicia ouvre en 2011 son premier salon en région, et c’est à Nantes. Un événement.

ETHNICIA 4, place des Petits-Murs /// Tél : 02 40 75 62 46 Sur rendez-vous du lundi au samedi de 9h30 à 19h00 /// www.ethnicia.com





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