FEV. - MARS 2016
N°23
CASABLANCA
LE MAROC TRIOMPHANT
ENTRETIEN
HÉBERGEMENT
TRANSPORT
Guillaume Col, American Express
Les boutique-hôtels déferlent sur Paris
L’enjeu des programmes de fidélisation
Revenir de New York sans l’ombre d’un cerne? C’est possible. Choisir la cabine Biz Bed d’OpenSkies, c’est être invité à dîner dans nos salons avant l’embarquement, et pouvoir profiter du reste du voyage pour faire une nuit complète dans un lit parfaitement horizontal. Un repos largement mérité après un séjour à New York. Découvrez une nouvelle façon de voyager sur flyopenskies.com
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Étude UNE REPRISE EN 2016 ?
©Fotolia / Alexmar
Une étude publiée par Amadeus menée auprès de directeurs financiers, directeurs achats et travel managers d’entreprises européennes tend à montrer que les entreprises européennes sont un peu plus optimistes pour l’année 2016. 43 % d’entre elles prévoient d’accroître leur activité à l’étranger, notamment en Europe, dans les trois prochaines années. Si ces bonnes intentions semblent suivies de légers faits (l’étude constate une hausse de 0,8 % des dépenses de déplacement), 83 % des sociétés interrogées considèrent toujours que le voyage d’affaires est un coût et pas un investissement… ce qui ne rassure pas vraiment sur l’état d’esprit de ces dernières.
Sommaire ENTRETIEN
Guillaume Col, pdg d’American Express Voyages d’Affaires
P. 4
NEWS
Transports, agences, services
P. 6
TABLE RONDE
MICE et voyages d’affaires, quelles synergies ?
TRANSPORTS
L’enjeu des programmes de fidélisation
HÉBERGEMENT
Les boutique-hôtels déferlent sur Paris
P.14
P.20
P.26
BUSINESS
Taxis vs VTC, la bataille du segment affaires
DESTINATION
L’étude a été menée par la société Concomitance pour le compte d’Amadeus entre le 4 mars et le 9 avril 2015 dans 590 entreprises européennes ayant un budget déplacements se situant entre moins de 250 000 € et plus de 50 millions d’euros. Pays concernés par l’étude : Allemagne Grande-Bretagne, France, Belgique, Luxembourg, Pays-Bas, Espagne, Italie, Danemark, Suède et Norvège.
P.32
Casablanca, le Maroc triomphant
P.37
São Paulo, l’hyperactive
P.43
EN DIRECT DE
L’étude nous apprend aussi que 8 entreprises sur 10 ont un contrôle des dépenses totalement ou partiellement manuel. Un archaïsme que l’on devrait voir se résorber petit à petit puisque 47 % pensent ne plus pouvoir réaliser d’économies sur les coûts directs et que les outils de réservation en ligne (+ 24 points en 3 ans) sont considérées comme des outils majeurs de réduction de ces coûts. L’utilisation des outils de contrôle des dépenses et de réservations est croissante : respectivement + 49 % et + 65 %.
Supplément de Voyages & Stratégie numéro 187 Février / Mars, diffusé sur l’ensemble des abonnés. Réalisé par VOYAGES & STRATÉGIE : 136, rue Perronet - 92200 Neuilly-sur-Seine. Directeur de la publication : Hervé Josserand. Éditeur : Hervé Josserand. Rédacteur en chef : Thierry Beaurepère - tbeaurepere@gmail.com Rédactrice-Graphiste : Jennyfer Buzenac Coordination maquette et texte : Arnaud Cabanne - arnaud.cabanne@acta-media.com +33 (0)1 49 64 47 21 Rédaction : Philippe Charollois, Jean-Baptiste Héguy, Céline Perronnet, Pascale Mougenot Couverture : ©Fotolia/K. Kalishko Marketing & partenariats : Laurence Piquemal Kühn - laurence.piquemalkuhn@acta-media.com Publicité - Eric Montaufray, directeur publicité France - eric.montaufray@acta-media.com Tél. : +33 (0)1 49 64 47 49 Commission paritaire : 0611K698 - ISSN 2119-0615
Février / Mars 2016 | N°23 | 3
ENTRETIEN
GUILLAUME COL,
© L.Cerino / REA
PDG D’AMERICAN EXPRESS VOYAGES D’AFFAIRES
« La technologie est un élément clé pour se différencier »
Dans un contexte de concurrence exacerbée et pour conforter sa position de leader en France, l’agence finalise plusieurs nouveaux outils qui seront proposés aux entreprises dans le courant de l’année. Propos recueillis par Thierry Beaurepère
Quel est le bilan d’American Express Voyages d’Affaires France en 2015 ? Nous avons connu beaucoup de succès commerciaux en 2015 et notre croissance a été supérieure à celle du marché. Selon le Baromètre 2015 d’American Express Voyages d’Affaires dévoilé à l’EVP, en 2016, les dépenses de voyage d’affaires en Europe ont progressé de 1,4 % en 2015, et de 0,8 % en France. Le développement international des entreprises continue d’être le principal levier de croissance. Nous avons gagné l’an dernier plusieurs comptes importants, comme Engie, Suez, Eiffage SBM ou Technip. Fort de ces nouveaux clients, nous attendons une croissance significative en 2016.
« Le modèle actuel de rémunération est à bout de souffle. Il va falloir le repenser, rémunérer les agences pour leurs services »
Plus généralement, qui sont vos clients ? Notre cœur de marché reste les grandes entreprises mais nous travaillons de plus en plus avec les PME, pour lesquelles le
potentiel de croissance est important et avec lesquelles nous enregistrons de beaux succès commerciaux. Nous avons adapté notre stratégie pour répondre à leurs besoins, en développant des outils
4 | N°23| Février / Mars 2016
spécifiques, en travaillant avec les éditeurs de solutions de réservation afin d’accélérer les process. Ce marché devrait continuer à être dynamique en 2016. Comment évoluent les attentes des entreprises ? Le Baromètre 2015 révèle que 76 % des entreprises interrogées continuent à percevoir le voyage d’affaires comme un coût plutôt qu’un investissement. Calculer le retour sur investissement reste donc un défi pour les entreprises. Par ailleurs, la sécurité est devenue leur priorité, devant la maîtrise des coûts et la satisfaction des voyageurs. Sur ce dernier point, les strictes règles de voyages ne se détendent qu’à la marge. La satisfaction passe désormais par une meilleure gestion des itinéraires, l’intégration des technologies mobiles ou des nouveaux moyens de paiement ; notamment pour satisfaire les générations Y et Millenium qui représentent déjà 50 % de la popu-
ENTRETIEN lation active dans le monde. Le défi est de répondre à ces générations qui sont connectées en permanence, tout en respectant les attentes des entreprises en matière de politique voyages, de gestion des frais et de sécurité. Comment répondez-vous à ces attentes vis-à-vis de la sécurité ? L’aspect sécuritaire n’est pas nouveau mais les attentats de Paris ont encore renforcé cette tendance. Leur impact a été immédiat, avec une baisse sensible des déplacements professionnels durant les trois semaines qui ont suivi. Aujourd’hui, il semblerait que le voyage d’affaires ait retrouvé un niveau normal. Cependant, les entreprises doivent travailler encore plus étroitement avec les TMC (Travel Management Companies, ndlr) pour répondre à leur obligation de protection envers les voyageurs (« duty of care »). Nous avons par exemple mis en place EXPERT CARE, un outil de traçabilité permettant de savoir en permanence où sont les voyageurs, de les contacter en cas de problème et d’orienter les moyens d’assistance. Selon notre baromètre, 96 % des entreprises ont mis en place des dispositifs de suivi. En revanche, il reste du chemin à faire sur l’approche préventive, avant le voyage. Seules 24 % des entreprises déclarent former leurs voyageurs sur les risques, les procédures à respecter selon les pays… Quelles sont vos priorités pour les prochaines années ? La création du joint-venture American Express Voyages d’Affaires qui chapeaute le voyage d’affaires, détenue à 50/50 par American Express et le fonds d’investissement Certares, s’est traduit par des moyens accrus, avec 900 millions de dollars pour accompagner notre développement. Cela passe par une expansion géographique, notamment à travers des acquisitions. En France, nous sommes leader et n’avons pas de projet de croissance externe. Ces moyens sont également utilisés pour le développement de nouveaux outils technologiques, devenus un facteur clé pour se différencier. Par exemple, compte tenu de l’importance des technologies mobiles
ÉCLAIRAGE… • Difficile d’estimer la situation exacte d’American Express Voyages d’Affaires en France. L’entreprise refuse de communiquer ses chiffres dans l’Hexagone, tant son volume d’affaires que ses effectifs. Et ce alors que les plans sociaux se sont multipliés depuis six ans (dont 220 postes supprimés en 2013) et qu’elle a perdu des clients importants dans un passé récent (comme Safran). • En revanche, la TMC communique sur le marché du voyage d’affaires global en Europe, à travers son Baromètre annuel (580 responsables de la gestion de budgets de voyages d’affaires interrogés, dans dix pays européens). Ce marché a progressé de 1,42 % en 2015, deux fois plus que les prévisions. • La reprise devrait se confirmer en 2016. La croissance globale devrait atteindre 1 %, avec des variations sensibles selon les pays (+3 % en Allemagne, +0,8 % en France) ; un chiffre vraisemblablement sousévalué et que la TMC rectifie à la hausse, avec une projection de 2 %.
pour les voyageurs d’affaires, nous allons lancer une version française de l’application mobile d’American Express Voyages d’Affaires à la fin du premier semestre de cette année. Elle permettra aux voyageurs d’accéder à leurs informations de voyages et à diverses données. À terme, l’objectif est d’y ajouter la réservation. C’est une réelle attente de nos clients mais le développement est complexe.
leurs dépenses. Cet outil sera disponible en anglais au second trimestre, et en français avant la fin de l’année. Enfin, Proactive Care sera piloté au niveau local dans les prochains mois. Il s’agit d’un outil unique qui permet de proposer une solution proactive en cas de problème, un retard ou une annulation de vol par exemple. Le déplacement est alors réorganisé, avant même que le voyageur ne se manifeste.
Quelles sont les autres innovations en cours de développement ? Nous travaillons à la construction d’une plate-forme qui agrégera les contenus GDS et hors GDS. C’est essentiel pour accéder demain à l’offre des compagnies aériennes telles que Lufthansa qui repensent leur distribution, mais aussi à certains hôtels et à des offres alternatives, par exemple les VTC. Il ne faut pas les confondre avec le tourisme collaboratif (Airbnb, Blablacar…). On parle beaucoup de tourisme collaboratif mais les entreprises sont encore frileuses, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité. Nous préparons également un outil de reporting et d’aide à la décision : « Premier insights ». En intégrant les informations provenant d’autres fournisseurs qu’American Express Voyages d’Affaires, en simplifiant la gestion des datas, nous pourrons aider les entreprises à mieux piloter
Les « signing bonus » et autres ristournes se multiplient pour gagner de nouveaux clients. Le modèle économique des TMC est-il obsolète ? Toutes les TMC ont désormais recours à ces bonus, ou, ce qui revient au même, à des fees réduits… Le débat n’est donc plus opportun. Au final, avant de choisir telle ou telle agence de voyages d’affaires, le client étudie le coût global annuel, les outils technologiques mis à disposition, le service clients. Dans ce contexte, et alors que les coûts des agences sont essentiellement indexés sur les coûts de main d’œuvre, le modèle actuel de rémunération est à bout de souffle. Il va falloir le repenser, rémunérer les TMC pour leurs services. D’autant plus que demain, nous devrons sans doute faire face à de nouveaux concurrents, comme Google ou Amazon… n Février / Mars 2016 | N°23 | 5
NEWS
Concur automatise l’indemnisation des voyageurs d’affaires
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i le voyageur loisir a maintenant l’habitude de réclamer son dû, les entreprises sont, quant à elles, bien moins enclines à se faire indemniser en cas de retard ou d’annulation de vol. Face à la longueur et à la complexité des démarches, seuls 5 % des indemnités sont réclamées par ces dernières. Fort de ce constat, la société de gestion de frais et déplacements professionnels Concur a annoncé avoir passé un partenariat avec AirRefund et RefundMyTicket afin d’automatiser les demandes d’indemnisation suite à des problèmes rencontrés sur des vols dans l’Union européenne. Ces deux entreprises proposent d’effectuer les demandes d’indemnisation conformément au règlement européen et ainsi permet de toucher des compensations après un vol annulé,
retardé ou un refus d’embarquement. « Chaque année, près de 7 millions de passagers doivent faire face à l’annulation ou au retard de leur vol. En plus de mettre les nerfs des voyageurs d’affaires à rude épreuve, les retards et les annulations reviennent chers aux entreprises. Ces nouveaux partenariats ont pour objectif de les aider à minimiser ces coûts », explique Paul Ponçon, directeur Business Development Concur. Grâce à un recoupement entre les données récupérées par AirRefund ou RefundMyTicket sur les retards d’avion et celles contenues dans l’outil Concur, les usagers seront automatiquement avertis de leurs droits, les indemnités directement calculées et les démarches prises en charge jusqu’à l’obtention du dédommagement.
©Fotoloia / Kieferpix
En s’associant à AirRefund et RefundMyTicket, Concur facilite les démarches d’indemnisation suite à des vols annulés et retardés.
Pour rappel, il ne peut être demandé de compensations lorsque des circonstances extraordinaires affectent la sécurité du vol (instabilité politique, conditions météorologiques, défaillances...), que les passagers ont été informés 2 semaines avant l’heure de départ de l’annulation du vol, en cas de grève extérieure au transporteur, ou lorsque le refus d’embarquement est imputable au passager.
Les nouvelles fonctionnalités d’Expert Care
Les résultats mitigés de Carlson Wagonlit Travel
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xpert Care, la solution d’assistance aux voyageurs d’American Express Voyages d’Affaires, va connaître de nouvelles évolutions qui vont permettre aux travel managers de localiser les voyageurs, visualiser ceux potentiellement en
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difficulté, et communiquer avec eux en temps réel. Il intègrera aussi des informations de statut et de suivi des vols permettant de gérer les retards et les perturbations. Sera aussi ajoutée une nouvelle fonction « gestion d’actif », qui permet aux entreprises de localiser rapidement leurs collaborateurs sur un de leurs sites et de communiquer avec eux en cas d’événement perturbateur. L’ensemble de ces nouveautés répond au besoin de plus en plus prégnant des entreprises d’assurer la sécurité de leurs employés, une problématique qui arrive en tête du baromètre American Express présenté lors du dernier EVP.
vec un volume de ventes qui s’élève à 1,7 milliard USD et des transactions stables à 61,4 millions, l’agence Carlson Wagonlit Travel considère s’être bien sortie d’une année 2015 où l’économie a continué à faire grise mine. Elle explique que le chiffre de 24,2 milliards USD de volume d’affaires global (en baisse par rapport aux 27,3 milliards de 2014) reflète les coupes opérées par les clients du secteur de l’énergie dans leurs dépenses de voyage, mais montre que le volume des transactions a augmenté de 1,3 %. CWT a également annoncé que son application CWT To Go a connu une croissance de 62 % des utilisateurs enregistrés pour atteindre un total de 560 000.
NEWS
QUESTIONS À…
« NOTRE PRINCIPALE ACTIVITÉ EST D’OPTIMISER LES VOYAGES PROFESSIONNELS DE NOS 6 000 CLIENTS ENTREPRISE À TRAVERS LE MONDE »
Vous venez de remporter le World Travel Awards 2015 de la meilleure agence de voyages d’affaires. Quelles sont vos impressions ?
Nous sommes très heureux. D’autant plus que c’est la cinquième fois consécutive et que nous n’existons que depuis 14 ans. Mais curieusement, c’était cette année que nous étions les plus stressés dans l’attente des résultats. Quand on est récompensé plusieurs fois, on s’y habitue très bien et la crainte de descendre du podium se fait encore plus forte. C’est en tout cas, une très bonne nouvelle et cela récompense le travail de nos équipes à travers le monde.
Nous ne sommes que le quatrième groupe mondial de voyage d’affaires derrière nos concurrents Amex, Carlson et BCD Travel, mais nous avons un système de fonctionnement qui est totalement différent. Partout dans le monde, nous n’avons pas d’équipes qui fassent plus de sept personnes. Elles sont ainsi ultra responsabilisées et peuvent personnaliser énormément le service. Comme nos concurrents, nous proposons des reportings, des accompagnements et une sécurité globale pour les voyages de nos clients... En
matière de logistique et de gestion, ce n’est pas toujours simple mais cela paye.
Pouvez-vous nous dresser un tableau des activités de FCM Travel ?
Nous sommes la branche corporate travel du groupe australien Flight Center qui emploie 18 000 personnes à travers le monde et génère un chiffre d’affaires annuel de 18 milliards de dollars. Prise à part, FCM Travel emploie 6 500 collaborateurs dans 92 pays et génère un chiffre d’affaires de 9 milliards de dollars. Notre principale activité est d’optimiser les voyages professionnels de nos 6 000 clients entreprise à travers le monde.
SnapCar intègre la solution KDS
BCD Travel met la main sur Ticket Biz
L
’opérateur électronique de VTC (Voitures de tourisme avec chauffeur) SnapCar propose une nouvelle solution aux voyageurs d’affaires. Ces derniers peuvent désormais inclure leurs déplacements VTC vers les gares ou aéroports de manière transparente au moment même de la réservation de leur voyage. Cela est rendu possible par le fait que SnapCar a maintenant intégré la solution porte-à-porte de KDS. Grâce à cette solution, les voyageurs d’affaires n’ont qu’à saisir leur adresse de départ, leur destina-
L
©SnapCar
e 8 décembre dernier, BCD Travel a annoncé le rachat de la société de gestion de voyages d’affaires Ticket Biz, basée en Suède et en Norvège. Cette dernière emploie environ 150 personnes, avec un chiffre d’affaires approchant les 180 millions d’euros. Le précédent propriétaire de Ticket Biz, Braganza, est une holding norvégienne active dans le tourisme, les parcs d’attractions et les compagnies aériennes, qui gardera une participation minoritaire dans son ancienne filiale. Ticket Biz continuera à opérer sous cette marque en tant qu’unité commerciale de BCD Travel.
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Comment analysez-vous le succès que vous connaissez depuis plusieurs années aux World Travel Awards ?
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Jordy Staelen, directeur général de FCM Travel Solutions France
tion, leur heure d’arrivée et de retour et le logiciel se charge seul d’assembler un déplacement complet incluant avion ou train, hôtel, voiture et donc, désormais, transferts terrestres. Ainsi concrètement, sans avoir à ajouter le moindre clic, les voyageurs d’affaires arrivant en gare ou à l’aéroport sont accueillis par un chauffeur SnapCar présentant une pancarte à leur nom. Et cela, même en cas de retard des vols, puisque SnapCar est prévenue des mises à jour des heures d’arrivées.
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NEWS
La France échappe à la hausse générale des tarifs hôteliers
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elon le baromètre Hotel Price Radar, réalisé en 2015 par HRS Global Hotel Solutions, l’hôtellerie de l’ensemble des capitales européennes a connu, à l’exception notable de Paris et de la plupart des villes françaises, une croissance de son ADR (tarif moyen journalier). Dans les villes du nord et de l’est de l’Europe, les augmentations varient entre 3 et 8 %. La croissance basse est connue par Stockholm (+3,1 % à 134 euros) tandis que la croissance haute est celle de Budapest, sous l’effet de plusieurs manifestations sportives d’importance (+8,3 % à 78 euros). Les villes du sud ont aussi connu des hausses tarifaires comme Barcelone (+3,7 %) et surtout Naples (+12 %), à cause notamment d’un report de fréquentation touristique venu d’Afrique du Nord. Les deux points extrêmes de l’étude
sont Londres qui, sous l’effet de la Coupe du Monde de Rugby, est la ville la plus chère d’Europe (189 euros, +16,2 %) et Moscou qui s’est complètement effondrée (93 euros, -25,6 %). À l’inverse de ce mouvement général de hausse européen, la France reste stable ou en baisse. À Paris, l’impact des attentats de janvier et novembre se fait sentir (138 euros, -0,7 %). Tous les principales autres villes « affaires » de province sont aussi en recul : Lyon (106 euros, -1,8 %), Lille (98 euros, -3 %), Nantes (91 euros, -3,2 %) ou encore Toulouse (92 euros, -5,1 %). Hors Europe, toutes les grandes villes voient leur ADR connaître des surchauffes à deux chiffres. C’est le cas en Chine avec des métropoles comme Shanghai (+28,6 %), Chengdu (+29,3 %), Shenzhen (+30,3 %) ou Guanzhou (+42,2 %). À noter mal-
©Fotolia / T. Gracchus
HRS vient de publier son baromètre Hotel Price Radar qui met en lumière une croissance des prix de l’hôtellerie en Europe.
gré tout qu’en valeur nominale, les tarifs moyens des dix premières villes chinoises (103 euros) sont inférieurs de 33 % à ceux des dix premières villes européennes (139 euros). Aux ÉtatsUnis, les principales villes connaissent aussi de fortes hausses, comme New York (264 euros, +28,2 %), Washington (206 euros, +21,2 %), ou Miami (154 euros, 27,3 %). En zone Asie Pacifique et Moyen Orient, Dubaï s’installe dans le club des villes les plus chères de la planète avec une tendance à la hausse régulière (147 euros, +18,6 %).
HurryBirds, un nouveau réseau social pour hommes d’affaires
L’AFTM s’installe en région
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e nouveau réseau social HurryBirds L’homme d’affaires peut ensuite enpermet aux hommes d’affaires de trer en relation avec les autres Hurryrentabiliser leur temps libre Birds se trouvant au même en améliorant leur réseau endroit et convenir d’un ou en partageant leurs exrendez-vous pour faire périences. Le principe est connaissance « en vrai ». très simple. Après une insAprès cette rencontre, ils cription gratuite, réalisable à peuvent s’ils le souhaitent partir d’un compte LinkedIn, partager leur retour d’exle businessman peut indipérience et leurs bons quer sa présence dans un plans auprès du reste de hôtel qu’il peut avoir réservé la communauté Hurrydepuis l’interface du réseau Birds. Expedia avec l’aide des commentaires des autres HurryBirds et de la communauté.
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e conseil d’administration de l’AFTM (Association française des Travel Managers) a validé à l’unanimité le 26 janvier 2016 la création de deux nouvelles délégations régionales, une en Nord-Pas-de-Calais/Picardie et l’autre en Provence-Alpes Côte d’Azur. La première est confiée à Dorothée Godin (travel manager chez Promod) et la seconde à Christophe Chambon (directeur des affaires générales à l’Institut de Recherche pour le Développement).
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NEWS
Croissance record des compagnies de l’AEA
Hausse de 17 % du trafic d’Etihad Airways en 2015 ■
Avec un total de 17,4 millions de passagers en 2015, la compagnie émiratie a enregistré une hausse de 17 % de son trafic par rapport à 2014. Le transporteur a ouvert six destinations en 2015 (Kolkata, Madrid, Edimbourg, Entebbe, Hong Kong et Dar es Salaam), ainsi qu’un nouveau vol direct vers Brisbane. Le réseau de l’A380 a été étendu avec un second vol vers Londres et des nouvelles liaisons vers Sydney et New York.
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■ LIAT représentée en France par Discover the World
La compagnie LIAT (Leeward Air Transport Services), opérant dans les petites Antilles a signé récemment un contrat de représentation avec Discover the World pour 18 pays, dont la France, l’Autriche, le Benelux et la Scandinavie.
ont pu atteindre ces résultats positifs grâce à des restructurations sérieuses et l’introduction de nouvelles stratégies commerciales, déclare Athar Husain Khan, le directeur général de l’AEA. Malheureusement, l’actuel système réglementaire européen ne les aide pas. Les compagnies européennes ont toujours besoin d’une politique européenne qui leur permette de conserver une croissance durable pour l’avenir ».
Ryanair passe le cap des 100 millions de passagers
TAP Portugal a signé un code share avec Azul au Brésil
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Depuis le 10 décembre dernier, la compagnie aérienne Tap Portugal a conclu avec la low cost brésilienne Azul un accord de partage de codes qui lui ouvrent plus de vingt nouvelles destinations au Brésil notamment au départ de Belo Horizonte, Brasilia, Fortaleza, Manaus, Natal, Porto Alegre et Recife.
ous sommes ravis que plus de 101 millions de clients internationaux aient choisi de voler avec Ryanair en 2015, et d’être devenue la première compagnie à atteindre ce cap en termes de trafic international », a déclaré Kenny Jacobs, un porteparole de la compagnie low cost. Selon Kenny Jacobs, ce chiffre a été possible grâce à l’expansion du réseau de la compagnie, à de hauts coefficients de remplissage et au « succès continu du programme d’expérience client « Always Getting Better » ». Ryanair aurait obtenu 15 créneaux horaires sur les 21 demandés à Roissy. C’est un changement important dans la stratégie de Ryanair qui avait choisi jusqu’à présent de proposer des vols depuis Beauvais en Îlede-France pour des raisons de coûts : les droits aéroportuaires sont en effet bien moins élevés à Beauvais que dans les aéroports parisiens. Ryanair suit en cela la politique d’easyJet qui s’est implantée
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12 | N°23| Février / Mars 2016
vec un total de 307 millions de passagers transportés en 2015, soit une hausse de 12,6 millions de passagers par rapport à 2014 (+4,3 %), les compagnies aériennes membres de l’AEA (Association des compagnies aériennes européennes) ont connu leur plus forte croissance de trafic depuis 2011. Le trafic sur les liaisons purement européennes et domestiques a connu une croissance de 4,5 % avec un total de 10,1 millions de passagers supplémentaires. Le taux de remplissage moyen sur ces liaisons s’est légèrement amélioré sur l’ensemble de l’année 2015, à 77 %, contre 76,5 % en 2014. Les liaisons long-courriers ont vu leur trafic augmenter de 3,3 % en 2015, avec un taux de remplissage moyen qui s’établit à 83,7 % pour l’ensemble de l’année. « Les compagnies membres de l’AEA
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dans les grands aéroports afin de mieux séduire la clientèle des voyageurs d’affaires. La compagnie low cost irlandaise étudie le lancement de vols vers 8 destinations au moins au départ de Roissy : Barcelone, Berlin Schönefeld, Bergame, Dublin, Lisbonne, Madrid, Porto et Rome. L’arrivée de Ryanair à Roissy ne devrait pas changer le développement de la compagnie à Beauvais d’autant que son président, Michael O’Leary, avait évoqué en septembre dernier sa volonté d’y implanter une base pour ses avions.
En collaboration avec
TABLE RONDE
MICE et voyages d’affaires, quelles synergies ? Soucieuses de trouver de nouvelles sources de profits, les agences de voyages investissent le marché du MICE, en mettant en avant de potentielles synergies avec le marché des déplacements professionnels. Table ronde animée par Thierry Beaurepère
Les participants à la table ronde :
HYATT HOTELS & RESORTS Annette Botticchio
VOLOTEA Didier Legault
LOUVRE HOTELS GROUP Olivier Daurat
FREQUENT FLYER TRAVEL PARIS Linda Hellal
CBT CONSEIL Julien Chambert
© Photos Cyril Etien
14 | N°23| Février / Mars 2016
CONCOMITANCE Yann Barbizet
TABLE RONDE
L’état du marché Yann Barbizet Les synergies potentielles entre MICE et voyage d’affaires sont réelles mais au final, la porosité est encore faible. Il existe des différences entre les deux métiers, notamment dans le type des prestations achetées. Le budget hôtellerie ne pèse par exemple que 25 à 30 % dans le MICE, car un événement sur deux se déroule sans hôtel. Par ailleurs, les interlocuteurs ne sont pas les mêmes. Dans le MICE, il s’agit des directions générales ou marketing. En revanche, les deux métiers présentent des points communs, avec la même ambition de consolider les ■
dépenses, de rationaliser les moyens de paiement. L’aspect sécuritaire devient également essentiel et plaide pour une consolidation des métiers. La question est de savoir qui une entreprise doit choisir, entre une agence de communication et une agence de voyages. Ces dernières pèsent moins de 10 % du marché. ■ Julien Chambert
Certes, ce ne sont pas les mêmes besoins, pas les mêmes budgets, pas les mêmes interlocuteurs. Pour autant, les appels d’offres des entreprises envoyés aux TMC incluent de plus en plus souvent un volet MICE, dans un souci de rationalisation des budgets. Elles cherchent à savoir ce qu’elles dépensent avec précision pour leurs événements, à mesurer le retour sur investissement, ont besoin de moyens de paiement simplifiés, par exemple une carte logée dédiée au MICE. Je ne suis donc pas étonné de voir que les métiers du voyage d’affaires et du MICE se rapprochent, en particulier sur la partie réunions et séminaires. Peut-être moins pour la partie congrès, qui demandent des compétences pointues.
Quel rôle pour les TMC ? ■ Julien Chambert
Les agences de voyages ont clairement un rôle à jouer. Depuis déjà longtemps, le voyage d’affaires n’est pas que de la logistique. C’est aussi des services, et de plus en plus de la créativité. Une extension vers le MICE semble donc légitime. Beaucoup d’acteurs du voyage d’affaires réfléchissent désormais à une stratégie globale, en développant leurs compétences internes ou par acquisition, comme Carlson Wagonlit Travel qui a racheté Ormès l’an dernier. Leurs marges sont devenues trop faibles, la concurrence est trop forte, les services évoluent trop vite ; elles ont besoin de trouver d’autres sources de profits. Or, les marges dans le tourisme d’affaires sont bien plus conséquentes ! Si les TMC ne deviennent pas rapidement de vraies agences de services au sens large du terme, du MICE à la gestion de la sécurité des voyageurs, elles sont mortes. ■ Linda Hellal
Ces synergies entre MICE et voyage d’affaires sont déjà une réalité chez certaines TMC. Elles ont un sens car Février / Mars 2016 | N°23 | 15
TABLE RONDE
elles permettent de renforcer le service apporté aux entreprises. Notre cœur de métier est l’excellence opérationnelle, les achats de voyages. Dans le MICE, il y a un autre élément essentiel : la réflexion stratégique. Ce qui nécessite des compétences en marketing et communication. Une agence doit donc s’adjoindre les bonnes compétences si elle veut investir ce créneau. Chez Frequent Flyer Travel, nous avons fait le choix de racheter Dream Concept et de conserver la marque au sein de notre offre de services pour bien marquer les différences entre la gestion des budgets d’une part, et la réflexion stratégique dans l’organisation d’événements d’autre part. Notre ambition est d’être encore plus pertinents, d’aider nos clients à réaliser des économies en coordonnant les achats, la logistique, mais aussi les accompagner dans la conception de leurs événements. Le MICE représente aujourd’hui 10 % de notre activité.
■ Yann Barbizet
L’enjeu majeur des TMC pour l’avenir est de sortir des fourches caudines des acheteurs. Au travers du MICE, les agences peuvent accéder aux directions commerciales ou marketing. En termes de rentabilité également, cette évolution est essentielle. Le modèle des transactions fees est à bout de souffle. La vraie question et de savoir si une TMC est légitime pour se développer sur le marché du MICE. On avait posé cette question il y a quelques années aux grandes entreprises, le résultat était alors assez catastrophique. Depuis, les choses évoluent. II y a un enjeu d’image pour les agences. Il est salutaire et nécessaire pour elles de monter en compétences et de trouver des sources de rémunération complémentaires…
■ Annette Botticchio
Les appels d’offres des grandes entreprises intègrent de plus en plus souvent un volet MICE, dans le cadre d’un accord annuel et international. Je sens clairement une volonté de nos clients de rapprocher les deux métiers, y com-
Le point de vue des fournisseurs… ■ Olivier Daurat
Le multi-intermédiaire devient complexe à gérer pour une entreprise, alors même que l’on constate un phénomène croissant de désintermédiation. D’où l’intérêt pour une TMC de proposer des services additionnels forts, de créer de la valeur ajoutée en diversifiant son offre. C’est la naissance d’un nouveau modèle. Autrefois, une entreprise devait avoir plusieurs interlocuteurs : une agence en communication pour formater son message, une agence de 16 | N°23| Février / Mars 2016
voyages pour la logistique. De plus en plus de TMC tendent à être multi-facettes… Mais attention : on ne s’improvise pas conseiller en communication ! Chez Louvre Hotels, nous constatons clairement que des synergies entre MICE et voyage d’affaires se mettent en place. Nos interlocuteurs au sein des grandes entreprises ont de plus en plus souvent une vision globale à 360°. Pour nous, ce rapprochement n’est que bénéfice. La consolidation des achats n’entraîne pas nécessairement de pression sur les prix, mais nous pouvons ainsi mieux investir sur des services dédiés.
pris au niveau des interlocuteurs avec la montée en puissance des acheteurs. Leur travail de rationalisation sur le voyage d’affaires est terminé, ils se concentrent donc désormais sur le MICE. Je comprends les entreprises qui jusqu’à récemment, ne maîtrisaient pas les coûts assez opaques de leurs dépenses de réunions. Il est légitime qu’elles travaillent sur ce segment, sans
TABLE RONDE
quant toutes ses capacités, le tarif par chambre sera donc généralement plus élevé pour un groupe MICE que pour un voyageur individuel.
que les entreprises dépensent moins mais elles dépenseront mieux à travers une rationalisation des budgets. ■ Didier
■ Julien
pour autant grignoter sur la qualité. L’aspect sécuritaire devient également primordial, y compris pour un séminaire. Les agences ont compris que pour garder leurs clients, elles devaient faire évoluer leur modèle et développer leur palette de services.
Chambert Effectivement, réserver 100 chambres sur douze mois dans le même hôtel et 100 chambres sur deux nuits, ce n’est pas la même chose ! Les acheteurs des grandes entreprises savent qu’un tarif MICE sera généralement supérieur à celui d’un voyageur individuel, même s’ils font semblants de l’oublier ! Pour leur part, les petites
■ Didier Legault
En tant que compagnie aérienne, je vois ce phénomène de rapprochement entre les deux métiers comme une opportunité de croissance. Il nous permet d’élargir le portefeuille de clients. Au-delà des voyageurs d’affaires de l’entreprise, le MICE nous offre l’opportunité de faire découvrir notre compagnie encore jeune et notre offre hybride à d’autres publics. Pour les compagnies qui possède un département charters et commercialisent des affrètements d’avion, comme c’est le cas pour Volotea, c’est aussi moyen supplémentaire de développer l’activité, à travers des travel managers et des TMC avec lesquels nous travaillons déjà au quotidien.
Legault Il n’y a pas que le prix qui compte. Une de nos valeurs ajoutées, c’est certes d’être en rupture forte avec les tarifs pratiqués par les compagnies historiques. Mais chez Volotea, on ne limite pas la taille des groupes, si ce n’est à la capacité de l’avion ! Ce qui n’est pas le cas sur beaucoup de compagnies… Et on ne joue pas avec le yield management. Un vol vit sa vie tarifaire de façon autonome ; quand une classe tarifaire est complète, on passe à une autre. Le prix du groupe est alors lissé en fonction des différents prix. ■ Linda
entreprises imaginent qu’elles auront un meilleur prix avec un groupe, à tort. Au-delà du prix, il faut d’abord penser en termes de service car un hôtel n’a pas nécessairement la capacité d’accueillir correctement autant de monde d’un coup. Au final, pas sûr
Hellal Les entreprises pensent essentiellement économies directes mais il faut aussi intégrer les économies indirectes : la mise en place de process, la centralisation des factures auprès d’une agence, le reporting… sur ce point, il y a une vraie valeur ajoutée de l’agence à faire valoir. Par ailleurs, la notion de partenariat avec nos fournisseurs – hôteliers ou aériens notamment – est essentielle. De par nos relations étroites, nous pouvons apporter une qualité de services aux entreprises qu’elles ne pourraient pas forcément obtenir par d’autres biais.
Quelles économies pour l’entreprise ? ■ Yann
Barbizet C’est le fantasme des acheteurs de penser qu’il pourra obtenir un meilleur tarif en regroupant ses achats voyages d’affaires et MICE. Il faut leur expliquer la différence entre le tarif corporate et le tarif dynamique. Un hôtel prend plus de risques en bloFévrier / Mars 2016 | N°23 | 17
TABLE RONDE
Quels changements pour l’entreprise ? ■ Linda Hellal
Le postulat de départ pour une entreprise, c’est la nécessité de faire des économies, ou du moins de savoir ce qu’elle dépense. Une agence a suffisamment capitalisé d’expérience dans le domaine du voyage d’affaires pour démontrer qu’elle est légitime pour aider les entreprises à mieux gérer leurs dépenses MICE. Au-delà, il nous faut les accompagner dans la gestion du changement. Les freins en interne sont réels. Si l’assistante de direction prend du plaisir à organiser le séminaire annuel de direction, il nous faut l’aider plutôt que la remplacer, l’inciter à travailler avec une agence plutôt qu’en direct avec les fournisseurs pour consolider les dépenses. Ce n’est qu’avec un accompagnement que nous pourrons faire sauter des verrous. La possibilité pour nous d’avoir d’autres interlocuteurs à travers le MICE, notamment des DG ou directeur marketing, de leur expliquer ce qu’est notre métier, permettra d’accompagner les entreprises dans ce changement et d’optimiser leurs dépenses. Au final, les agences regagnent leurs galons de chef d’orchestre ! ■ Julien Chambert
Il existe de nombreux prés carrés dans le MICE ! C’est par exemple l’assistante de direction qui organise une 18 | N°23| Février / Mars 2016
fois par an le séminaire de direction. Elle y prend du plaisir, c’est parfois sa « récréation », il va être compliqué de la convertir. Si l’agence arrive en lui expliquant qu’elle n’est pas là pour la remplacer mais pour l’accompagner, la transition sera plus facile. Les choses vont évoluer mais cela va prendre un peu de temps ; en particulier pour l’organisation des petits événements, qui représentent la majorité de l’activité en volume. Pour autant, il ne faut pas s’imaginer que demain, les TMC vont s’accaparer le marché. De nombreuses agences refusent de s’engager sur la voie du MICE. Les risques financiers pour organiser un voyage de groupe sont importants, l’affrètement d’un avion est une vraie problématique. Si le contrat n’est pas bien ficelé, si les conditions d’annulation sont sousévaluées, une agence peut rapidement perdre plusieurs dizaines de milliers d’euros et boire la tasse ! Quelle place pour le travel manager ? ■ Yann
Barbizet Il existe des réflexes catégoriels. On sent que dans les entreprises, des gens se posent légitimement la question de leur pérennité. La résistance est plus importante dans les entreprises que chez les fournisseurs qui, au final, s’adaptent au changement.
■ Linda
Hellal C’est là que le terme de synergies est positif. Un travel manager ne va pas devenir demain un stratège en communication ! L’idée n’est pas de mettre en opposition ces deux fonctions. Laissons faire aux stratèges leurs jobs pour monter en compétence et en créativité, en s’appuyant sur les compétences des travel managers pour mettre en musique les événements. ■ Julien
Chambert Les travel managers ont plutôt intérêt à accompagner les TMC dans ces changements, c’est une manière de protéger leur travail. Car à mon sens, acheter un prix est dépassé. On peut réduire un budget de 10 % une année, puis deux, mais pas trois ! À terme, le responsable des achats va donc se retourner vers le travel manager pour travailler à d’autres solutions, sur les process, les coûts indirects, la qualité de services. D’ailleurs, au-delà d’un million d’euros de volume, des enquêtes sur la qualité sont désormais systématiquement intégrées dans les appels d’offre. Le travel manager a toujours un avenir, mais il va devenir le miroir de l’agence et aura un rôle de pivot au sein de l’entreprise, l’interface avec l’informatique, les achats, les ressources humaines, le comité d’entreprise… n
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L’enjeu des programmes de fidélisation La plupart des programmes de fidélisation proposent des conversions de « miles » allant bien au-delà du transport aérien. Mais cette tendance s’accompagne d’une nécessaire simplification de programmes devenus très complexes au fil du temps.
©D.Mentzos
Par Jean-Baptiste Héguy
M
iles and More, Flying Blue, Mile Miglia, Executive Club, Fidelidade, Krisflyer… Toutes les compagnies aériennes du monde disposent à présent d’un programme de
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fidélisation, avec un ensemble d’adhérents qui atteindrait selon les estimations plus 600 millions de passagers dans le monde (dont plus de la moitié pour les compagnies américaines), soit 20 000
milliards de miles en circulation. L’origine des programmes de fidélisation dans le transport aérien remonte à 1979. La première compagnie aérienne à utiliser le nombre de miles parcourus
©M.Zukerman
TRANSPORT
pour récompenser ses passagers est Texas International Airlines, un transporteur qui fusionnera en 1982 avec Continental Airlines. En 1980, Robert L. Crandall devient président et directeur des opérations de la compagnie American Airlines. L’année suivante est mise en place l’AAdvantage Travel Awards Program, un tout nouveau système de fidélisation qui va être la matrice de tous les autres programmes de fidélisation des compagnies aériennes, appelés aussi sous leur acronyme anglais « FFP » (Frequent Flyer Program). Aux États-Unis, American Airlines est suivie de près par United Airlines (Mileage Plus) et Delta (SkyMiles). En Europe, la première compagnie à sauter le pas est British Airways qui crée Executive Club en 1982. Air France lance Fréquence Plus en 1992 (remplacé par Flying Blue en 2005) et Lufthansa lance Miles and More en 1993. Ces FFP sont généralisés car, vu l’étendue du marché mondial du transport aérien, il est plus logique que les transporteurs cherchent en priorité à conserver et fidéliser leurs passagers existants, avant de penser à en conquérir de nouveaux. Le système de base des programmes de fidélisation est simple. Plus les passagers voyagent plus ils gagnent des points ou « miles » qui peuvent être ensuite convertis pour obtenir des dotations de billets gratuits. À noter que ces billets ne sont pas totalement gratuits, puisque les passagers gardent à leur charge les taxes d’aéroports et les surcharges carburant. Parallèlement, l’obtention d’un grand nombre de points permet aux voyageurs fréquents d’accéder à des statuts qui peuvent d’une com-
pagnie à l’autre avoir différentes appellations (ivory, silver, gold, platinium pour Flying Blue, le programme d’Air FranceKLM). Ces statuts permettent aux voyageurs d’obtenir des gratifications supplémentaires comme les enregistrements et les embarquements prioritaires, des surclassements, des accès aux salons business, des franchises bagages supplémentaires, des livraisons de bagages prioritaires etc. Des programmes trop complexes Le problème est que, au fil des années, les programmes de fidélisation se sont considérablement complexifiés, notamment à cause de la construction des alliances aériennes qui a permis d’accumuler de plus en plus de miles, grâce aux réciprocités mises en places entre les programmes de fidélisation des compagnies d’une même alliance. La conséquence directe de cette accumulation a été qu’un nombre toujours croissant de « miles » n’ont plus été utilisés. Selon le magazine The Economist, le montant de ces miles « dormants » se montait en 2005 à 700 milliards de dollars. Dix ans après, ce montant est bien plus important puisque les experts estiment que les « miles » mis sur le marché augmentent chaque année de 15 à 20 %. Pour inciter les passagers fréquents à utiliser leurs miles, afin d’écouler cette véritable dette qui au fur et à mesure des années s’est considérablement alourdie pour toutes les grandes compagnies aériennes, des mesures ont été prises par ces dernières. Elles ont d’abord instauré la périssabilité des miles qui ont, selon les transporteurs,
une durée de vie variant entre 12 et 36 mois. Elles ont ensuite réduit le nombre de sièges avec la version de miles et enfin elles ont renchéri en nombre de miles, le coût des billets primes. Mais cela n’était pas suffisant et les transporteurs aériens ont dû trouver de nouveaux leviers pour inciter leurs voyageurs fréquents à dépenser leurs miles bien audelà des seuls billets primes. Dans le jargon des FFP, on parle de l’accroissement du « taux de rédemption », qui correspond au taux de conversion des miles. Encore une fois, la nouveauté est venue des compagnies américaines, ce sont elles qui ont les premières permis aux adhérents de leurs programmes de fidélisation de dépenser les miles auprès de bien d’autres partenaires hors du trans-
« Nous devons en permanence jouer les équilibristes entre l’attractivité du programme et son équilibre économique » Frédéric Kahane, directeur du programme Flying Blue Air France-KLM port aérien. Les compagnies européennes ont réagi avec un temps de retard mais elles proposent maintenant toutes ces services annexes. « Nous avons maintenant 5 000 articles référencés dans notre Flying Blue Store », explique ainsi Frédéric Kahane, directeur du programme Flying Blue chez Air France-KLM. « Nous travaillons avec plus de 150 partenaires avec lesquels on peut utiliser ou accumuler des miles. Un article est vendu en moyenne tous Février / Mars 2016 | N°23 | 21
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QUESTIONS À… Frédéric Kahane, directeur du programme Flying Blue chez Air France-KLM
©DR
Où en est le programme Flying Blue ?
les cinq minutes sur le Flying Blue Store ». De son côté, Lufthansa a lancé en août 2015 une version numérique de la carte Miles and More pour les utilisateurs d’iPhone qui peuvent accéder au programme via une application spéciale. Par ailleurs, la compagnie allemande permet carrément à ses adhérents de se procurer la BMW i3, un véhicule électrique pour laquelle les membres Miles and More peuvent échanger leurs miles, partiellement ou totalement. Par ailleurs, Miles and More mène régulièrement des opérations spéciales pour ses membres. En décembre, l’opération « Xmas Shaker App » a ainsi été reconduite. Les adhérents étaient invités à jouer chaque jour du mois jusqu’au 24 décembre sur un calendrier de l’avent disponible sur une application spécifique, pour gagner des récompenses issues du catalogue shopping de Lufthansa ou des crédits de miles. Les miles, une nouvelle monnaie ? Chez les compagnies asiatiques, les programmes de fidélisation évoluent aussi. Pour son programme Krisflyer qui regroupe près de 4 millions de membres dans le monde, Singapore Airlines a lancé le 20 juin 2014 le portail de shopping en ligne Krisflyer Spree qui permet aux adhérents d’acheter des vêtements, des accessoires, des produits électroniques, des jouets, des produits alimentaires etc. Au total, le portail regroupe plus de 2 000 grandes marques et points de vente, notamment Adidas, Apple, Bloomingdale’s, 22 | N°23| Février / Mars 2016
©DR
« FLYING BLUE ACCUEILLE UN NOUVEAU MEMBRE TOUTES LES VINGT SECONDES » 2015 est une année charnière pour le programme d’Air France-KLM, puisqu’il a fêté ses dix ans. Nous avons environ 25 millions de membres et en plus d’Air France-KLM, il est possible d’obtenir des miles Flying Blue avec la compagnie roumaine Tarom et Kenya Airways, des « participating carriers » ou compagnies associées. Pour bien se rendre compte de la dynamique du programme et de sa perpétuelle évolution, il suffit de savoir que Flying Blue accueille un nouveau membre toutes les vingt secondes.
Quelles sont les principales nouveautés du programme ?
Nous avons lancé une application spéciale téléchargeable sur téléphone portable dans le cadre du dixième anniversaire. Par ailleurs, nous avons en 2015 donné la possibilité à nos membres d’utiliser les miles online sur les vols de Transavia. C’est effectif depuis le début du mois de novembre. Cela permet d’élargir le spectre de nos adhérents et c’est un vrai élément de différenciation par rapport aux transporteurs low cost. D’ici la fin de l’année 2016, nous devrions aussi avoir des platesformes plus performantes pour que nos adhérents puissent obtenir des nuitées d’hôtel partout dans le monde. C’est une forte demande des voyageurs fréquents.
Et pour les adhérents déjà existants ?
Nous avons créé une « Platinum Service Line » qui est destinée aux adhérents ayant ce statut. Grâce à ce call center, les adhérents Platinum peuvent tout faire : faire des échanges, des demandes de surclassement, faire des « one stop shop » (ndlr : combiner des vols de différentes compagnies en fonction des itinéraires), etc. Ce service est en cours de mise en place pour le marché France. Ebay, Gap et Marks and Spencer. Plus original encore, Singapore Airlines donne la possibilité de dépenser ou gagner des miles dans des « Chic Outlet Villages » européen ou asiatiques (Londres, Dublin, Francfort, Munich, Bruxelles, Anvers, Cologne, Milan, Bologne, Madrid, Suzhou, Shanghai) et un en France, la Vallée Village qui se situe à Marne-la-Vallée près du Parc Disneyland Paris. Ce village est aussi partenaire des compagnies British Airways, United, Qatar Airways, Lufthansa, Malaysia Airlines, Etihad, Air China, China Eastern, Iberia, Air Berlin, Air France-KLM, ANA, Alitalia, Virgin Atlantic.
L’extension des possibilités d’utilisation des miles va bien au-delà de l’achat de produits divers. La plupart des grandes compagnies aériennes disposent ainsi d’un partenariat avec American Express. Pour Air France-KLM, le partenariat a été renouvelé en 2013 pour six nouvelles années, avec notamment la création d’une carte Pro destinée aux TPE (Très Petites Entreprises) permettant de cumuler des miles lors de dépenses professionnelles. Par ailleurs, depuis le 1er septembre 2013, les cartes Air France-KLM/American Express Gold et Platinum permettent aux particuliers et aux TPE de cumuler
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PartnerPlusBenefit Encore plus de points, encore plus vite. Pour (encore) plus de primes ! Flexibilité, simplicité et avantages – voilà ce qui importe le plus aux professionnels qui voyagent. Lufthansa l’a bien compris, et répond aux besoins des sociétés avec PartnerPlusBenefit. Qu’est-ce que PartnerPlusBenefit ? PartnerPlusBenefit est un programme de fidélité aérien dédié aux entreprises. Il vous permet d’effectuer de réelles économies en cumulant des BenefitPoints pour chaque vol effectué sur l’une des 10 compagnies partenaires du programme. Pourquoi choisir PartnerPlusBenefit ? PartnerPlusBenefit est un programme gratuit, simple d’utilisation : 1 compte en ligne, 1 interlocuteur par entreprise. Les points cumulés lors de vos déplacements peuvent être échangés contre des primes : • Vols gratuits • Surclassements • Versements en euros • Vouchers BenefitFlyNet® (Wi-Fi illimité à bord) • Vouchers Sixt valables pour une location de voiture • Vouchers pour régler vos excédents de bagages • De nombreux articles du catalogue Worldshop Lufthansa En devenant membre du programme, vous voyagez gagnant !
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La simplifacation en marche Paradoxalement, alors que les compagnies aériennes rivalisent pour offrir aux voyageurs fréquents de nouveaux débouchés hors aérien pour cumuler ou dépenser des miles, officiellement pour coïncider avec une demande des voyageurs, mais surtout pour faciliter au maximum la rédemption et éviter l’accumulation de miles « dormants », une nouvelle tendance à la simplification se fait jour chez les gestionnaires de programmes de fidélisation. Cette
LES LOW COST SE LANCENT AUSSI DANS LA FIDÉLISATION Le précurseur de la fidélisation chez les compagnies à bas coûts est easyJet. C’est en 2008 que la compagnie orange a lancé sa carte easyJet Plus. Pour la somme annuelle de 199 euros, les adhérents peuvent réserver et choisir leur siège à chaque voyage (coût habituel de 18,99 euros par vol, éviter les files d’attente et déposer les bagages à des comptoirs dédiés, bénéficier d’un coupe-file aux contrôles de sécurité dans certains aéroports, bénéficier d’un embarquement prioritaire (Speedy Boarding), emporter un deuxième bagage à main. Par ailleurs, easyJet propose aussi en partenariat avec Europcar un surclassement gratuit sur toute location de voiture pour les porteurs de la carte. L’autre compagnie à bas coûts à travailler sur la fidélisation est Vueling, filiale d’IAG (International Airlines Group, la holding regroupant British Airways et Iberia). Disposant déjà du programme classique de fidélité Punto, Vueling a lancé en 2014 la carte Vueling Premium. Elle est gratuite mais est réservée aux membres de Punto ou d’Iberia Plus qui réalisent au moins 40 vols par an (20 allers-retours). Le principal avantage de cette carte est de pouvoir choisir gratuitement son siège (coût de 4 à 15 euros selon les vols). Mais Vueling propose aussi d’autres gratifications : coupe-file aux contrôles de sécurités dans certains aéroports, service clientèle par téléphone pour un traitement personnalisé des demandes, un voyage gratuit par an avec des miles du programme Punto, doublement des miles accumulés sur ce programme pour les détenteurs de la carte Premium.
©easyJet
des « miles-statuts » à chaque achat de billets Air France ou KLM. Onze autres compagnies sont partenaires d’American Express pour le cumul de miles : Emirates, British Airways, Qatar Airways, Singapore Airlines, Etihad Airways, Cathay Pacific, Delta, Finnair, Iberia, SAS et Alitalia. Ainsi, l’échange se fait sur la base de 6 points Membership Rewards pour 5 Qmiles (Qatar Airways), 5 pour 4 (Emirates, BA, Singapore Airlines, Etihad, Cathay Pacific, Finnair, Iberia, SAS et Alitalia) ou 3 pour 2 (Delta). Chez Air France-KLM, on va encore plus loin en donnant aux miles toute leur valeur « monétaire ». « Nous proposons à nos adhérents de dépenser leurs miles dans des structures de crowdfunding afin d’investir dans des start-up à l’international », explique ainsi Frédéric Kahane. Cette tendance est déjà très développée chez les compagnies américaines qui proposent déjà aux voyageurs fréquents de véritables « bourses aux miles » par lesquelles il est possible de vendre ou carrément de donner des miles à un tiers. Cette avance s’explique principalement par le fait que sur les 600 millions de passagers adhérents à des programmes de fidélisation, une très grande majorité cumulent des miles sur des programmes de compagnies américaines.
tendance s’est fait jour face à l’extrême complexité qui caractérise à présent tous les grands programmes de fidélisation. « Cette complexité transparaît dès le mail de bienvenue qui est automatiquement envoyé à tout nouvel adhérent de Flying Blue », explique Frédéric Kahane. « En 2005, au moment de la création du programme, il existait une seule version de ce « welcome mail » traduit en six langues. Maintenant il existe en douze langues et en 1 800 versions ». La simplification est aussi devenue nécessaire car le profil des adhérents a évolué. « Auparavant on demandait aux adhérents de
Nous n’attribuons déjà plus les miles en fonction des distances parcourues, nous nous basons sur un système de valeurs.
Franklin Auber, directeur marketing et porte-parole de Singapore Airlines
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faire leurs preuves avant qu’ils puissent bénéficier de quoi que ce soit, maintenant les adhérents qui sont souvent plus jeunes, veulent avoir des bénéfices immédiats », explique Frédéric Kahane. C’est aussi pour cela qu’Air France-KLM permet à présent aux voyageurs de cumuler des points sur Transavia, pour toucher une clientèle plus jeune et plus orientée loisirs. « Nous donnons aussi la possibilité aux membres de Krisflyer de cumuler des miles sur notre filiale low cost Scoot long-courrier qui a commencé ses opérations en 2012, ainsi que sur SilkAir notre compagnie régionale et Tiger Air, notre filiale low cost court-courrier et moyen-courrier », explique Franklin Auber, directeur marketing France et porte-parole de Singapore Airlines. « Il est aussi possible de cumuler des miles sur la toute nouvelle compagnie domestique
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ne sont pas nominatives, et l’entreprise peut donc en disposer librement pour tous ses collaborateurs. Le système est simple : un « blue crédit » est égal à un euro. Il est possible de réserver le billet jusqu’à trois jours avant le départ et les « Blue crédits » peuvent être utilisés pour n’importe quel type de billet quels que soient le tarif ou la destination. Les entreprises, cibles privilégiées De son côté, British Airways a lancé en septembre 2015 une nouvelle version de son programme dédié aux entreprises : On Business. Avec ce programme, les entreprises peuvent bénéficier de remises immédiates de 5 à 15 % sur un très grand choix de vols des trois partenaires British Airways, Iberia et American Airlines. Par ailleurs, le collaborateur qui voyage sur les trois réseaux peut d’un côté cumuler des points sur le compte de l’entreprise dont l’ensemble du personnel peut bénéficier grâce à des surclassements ou des billets primes et parallèlement cumuler des points Avios (Iberia) sur son compte de voyageur fréquent qu’il peut ensuite échanger
©British Airway / N.Morrish
Un nouveau système de calcul La plus importante modification qui intervient dans le monde des FFP est le changement de calcul de l’attribution des miles. « En Europe, nous attribuons encore les miles en fonction des distances parcourues par le voyageur. Les compagnies américaines sont en train de changer ce mode d’attribution en le simplifiant pour se concentrer sur les sommes dépensées pour acheter le billet », explique Frédéric Kahane. Par exemple, un dollar est équivalent à 3 miles, ce qui a le mérite d’être beaucoup plus souple ». Si les compagnies européennes ne sont pas encore passées à ce nouveau calcul, les transporteurs asiatiques ont eux déjà sauté le pas. « Chez Singapore Airlines, nous n’attribuons déjà plus les miles en fonction des distances parcourues, nous nous basons sur un système de valeurs », explique Franklin Auber, directeur marketing et porte-parole du transporteur asiatique. « Pour les grands programmes de fidélisation européens, cela permettrait de désengorger les hauts segments de voyageurs fréquents. Il n’y a plus d’exclusivité, s’il y a trop de membres dans un club ». La simplification est aussi en train d’être appliquée pour les compagnies qui disposent de programmes de fidélité dédiés aux entreprises. Pour Bluebiz, le programme dédié d’Air FranceKLM, le système est très simple : a tout moment, il est possible de convertir les « Blue crédits » pour les convertir en billets primes valables sur les vols Air France, KLM, Alitalia et Delta. Les primes
©Singapour Airlines
indienne Vistara, créée par un joint venture avec le groupe indien Tata, et qui a débuté ses opérations il y a tout juste un an, avec une flotte de 9 Airbus A320-200 ». Pour accroître la possibilité d’obtenir des bénéfices immédiats, Singapore Airlines a mis en place l’option « Pay with Miles » pour payer tout ou partie d’un billet avec les taxes et les surcharges. Un montant minimum de 5 000 miles est néanmoins requis mais tous les billets de Singapore Airlines et de sa filiale SilkAir sont accessibles.
pour ses voyages personnels. Trois statuts différents sont disponibles. Plus on monte au statut supérieur, plus les économies et les rabais sont importants pour l’ensemble des collaborateurs des entreprises. De même, avec PartnerPlusBenefit, Lufthansa dispose depuis 2004 d’un programme dédié aux entreprises, notamment les PME. En cumulant des BenefitPoints, les collaborateurs peuvent obtenir des billets gratuits, des surclassements, des vouchers Flynet (accès aux systèmes de communication sur les vols long-courrier), faire des achats dans le magazine Worldshop, louer des voitures grâce à un partenariat avec Sixt et même obtenir des échanges d’argent (la carte ou le compte bancaire de l’entreprise se voient ainsi crédités de la somme correspondante à l’ensemble des BenefitPoints cumulés). Les compagnies aériennes, sont donc obligées d’osciller constamment entre la nécessité d’offrir de plus en plus de débouchés à leurs voyageurs fréquents pour qu’ils puissent dépenser leurs miles et la non moins nécessaire simplification de systèmes devenus de plus en plus complexes. Ce qui est loin d’être facile. « Nous devons en permanence jouer les équilibristes entre l’attractivité du programme et son équilibre économique et pour l’instant nous nous sortons plutôt pas trop mal », conclut Frédéric Kahane. n Février / Mars 2016 | N°23 | 25
HÉBERGEMENT
Les boutiquehôtels déferlent sur Paris Design, uniques et chaleureux : les boutique-hôtels connaissent un engouement inédit dans la capitale. Le concept, qui répond à la recherche de nouveautés et au besoin de découverte des clients, s’installe dans le paysage hôtelier parisien. À tel point que les chaînes standardisées développent une offre personnalisée. Par Céline Perronnet
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as un mois ne se passe sans qu’un boutique-hôtel ouvre ses portes dans la capitale. Le concept, né aux États-Unis dans les années 80, fait florès à Paris. www. myboutiquehotel.com, le site dédié à ce type d’hébergement, référence pas moins de 160 adresses de moins de 100 chambres à Paris, soit près de 12 % de l’ensemble de l’offre hôtelière parisienne classée selon le registre d’Atout France. Ces petits établissements haut de gamme, personnalisés, branchés, situés en centre-ville et soucieux du détail et du service redessinent le paysage 26 | N°23| Février / Mars 2016
hôtelier parisien et participent au renouvellement de l’offre, loin des chambres standardisées et impersonnelles dont se lassent de plus en plus de clients. Parés de tant de qualités, ils séduisent les « blasés » de l’hôtellerie traditionnelle aussi une nouvelle génération de voyageurs sensibles à des produits plus contemporains, plus atypiques, plus surprenants. Une offre personnalisée et thématisée Dans un contexte de développement de la société de consomma-
tion, de banalisation du voyage et de concurrence accrue, l’hôtellerie est en effet aujourd’hui contrainte d’anticiper et de s’adapter aux nouvelles attentes des clients afin de leur proposer des produits et services innovants et différenciant. Coach Omnium, le cabinet d’études spécialisé dans l’hôtellerie, a défini sept tendances observées actuellement dans le secteur. Parmi elles figurent la recherche d’inédit et le besoin de découvertes des clients. Vivre une nouvelle expérience passe désormais par le développement d’une offre plus personnalisée et thématisée
HÉBERGEMENT
©DR
L’exquis
où la diversité des chambres, disposant chacune d’un univers propre, est mise en avant. Pour garantir confort et qualité, certains hôtels font même appel à des architectes et des designers célèbres. D’autres se tournent vers des grands noms de la mode. Dans ce domaine, les exemples récents sont très nombreux à Paris : L’hôtel Vice-Versa de Chantal Thomass, l’hôtel Original de Stella Cadente, le Félicien d’Olivier Lapidus, l’hôtel du Petit Moulin ou plus récemment l’Antoine de Christian Lacroix. D’autres établissements jouent sur la formule « comme à la maison » avec des éléments de décoration qui pourraient rappeler ceux de son domicile. C’est le cas de l’hôtel Les Matins de Paris, ouvert depuis le 15 août dernier dans le quartier de South Pigalle. Loin de revendiquer un concept branché, ce boutique-hôtel, imagi-
Ces petits établissements haut de gamme redessinent le paysage hôtelier parisien. né comme une maison particulière, joue sur cette nouvelle tendance en offrant à ses clients la sensation d’être chez eux, dans leur pied-àterre parisien. Ainsi, les 33 chambres se veulent autant de cocons confortables, décorés dans une palette
de couleurs douces que viennent réveiller quelques touches de couleur : moquette moelleuse, murs gris taupe ou encore rideaux aux motifs « pop » reprenant les couleurs des toiles de Kandinsky et Miro. Des chaînes hôtelières dédiées La dimension insolite, qui pousse à l’extrême la sensation d’expérience en jouant sur le concept, l’environnement ou encore le côté éphémère, s’invite également dans les boutique-hôtels. Paris va ainsi accueillir, dès le printemps prochain, le premier hôtel flottant français. Amarré à une distance de 10 mètres du quai Austerlitz et constitué d’une barge de 650 tonnes reposant sur des flotteurs, Off Paris Seine sera composé de 54 chambres et 4 suites, avec vue sur le quai ou sur la Seine. L’hôtel flottant sera financé en majorité par le groupe Novaxia et BPI France Février / Mars 2016 | N°23 | 27
HÉBERGEMENT
Le Five
QUESTIONS À… Olivier Petit, Associé In Extenso TCH
mais aussi à 6 % par Elegancia Hotels, qui sera en charge de la partie gestion, exploitation et commercialisation hôtelière, et qui compte déjà 14 boutique-hôtels uniquement à Paris. L’histoire de ce groupe spécialisé dans la réalisation de projets hôteliers a commencé avec le Five en 2005 puis avec sa suite One by the Five, qui a ensuite servi à concevoir le Seven. Ont suivi le Hidden, le Crayon, le Legend, la Parizienne… puis le dernier en date, l’hôtel Exquis, qui a ouvert en septembre dernier les portes de ses 42 chambres décorées dans un style rétro. Le groupe Tagerim donne, lui aussi, depuis 2009 dans le développement des boutiques-hôtels. « Au cours de mes voyages professionnels, je ne trouvais pas d’hôtels qui allient les commodités indispensables au business à une ambiance que l’on pourrait trouver chez soi. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire dans l’hôtellerie », explique Jérôme Quentin-Mauroy, fondateur et dirigeant de Tagerim. Cette initiative s’est traduite par l’acquisition d’un premier établissement dans le 9e arrondissement, qui donnera son nom à la future marque 9Hotel. La démarche engagée s’appliquera ensuite aux suivantes : l’investissement porte à la fois sur les murs et le fonds de commerce alors que l’aménagement intérieur est confié 28 | N°23| Février / Mars 2016
C’est une tendance qui s’accentue mais qui n’est pas récente. L’hôtellerie accompagne le développement du monde du voyage. Des années 80 à 2000, nous avons assisté à l’essor de l’hôtellerie de chaîne car les clients avaient besoin de réassurance et de produits standardisés. Depuis les années 2000, les gens voyagent davantage et recherchent une qualité de service, une authenticité et une originalité. C’est à ce moment là que le boutique-hôtel a décollé.
Quel rôle peuvent jouer les chaînes hôtelières standardisées dans cette évolution ?
Toutes les chaînes ont apporté une réponse car elles ont senti qu’il y avait une attente de la clientèle pour ce type de produit. Elles ont alors créé des hôtels lifestyle qui s’approprient un certain nombre de codes des boutique-hôtels tout en développant des produits de plus grande capacité pour des raisons de business model. Leur offre se situe à michemin entre celle d’un boutique-hôtel et celle d’un hôtel de chaîne mais présente l’avantage de moins souffrir en temps de crise car elle est adossée à un grand groupe contrairement aux boutique-hôtels indépendants.
N’y a-t-il pas une surenchère de l’offre dans la capitale ?
Il faut en effet faire attention à la surenchère. Le boutique-hôtel n’est pas normé et n’a pas vraiment de définition précise, il y a donc à boire et à manger. S’installer dans un quartier atypique avec un produit fort ne suffit pas toujours. Par exemple, le Murano, situé Boulevard Voltaire, rencontre des difficultés car il est sur un site complexe et a été surpositionné. À l’inverse, le Mama Shelter tourne très bien car il a un prix moyen raisonnable, de l’ordre de 140 euros. à des décorateurs de renom afin de donner à chaque établissement un cachet unique. La chaîne compte
déjà huit adresses, dont cinq sont ouvertes et trois à Paris. Parmi elles, le 9Hotel République a été inauguré le 9 décembre au terme de 12 mois de travaux, avant l’ouverture prochaine du 9Hotel Marais composé de 29 chambres.
Le Hidden
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Comment analysez-vous la montée en puissance des boutique-hôtels ?
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« C’EST UNE TENDANCE QUI S’ACCENTUE MAIS QUI N’EST PAS RÉCENTE »
La riposte des groupes internationaux L’hôtellerie de chaîne ne pouvait pas rester les bras ballants face à cette déferlante. Mais pour réagir, elles devaient déjà résoudre une équation difficile : déstandardiser le produit
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HÉBERGEMENT
hôtelier pour y intégrer les attentes d’expérience et de découverte exprimées par la clientèle tout en maintenant les principes et processus qui autorisent une certaine duplication sans banaliser à nouveau le produit. Les groupes hôteliers internationaux ont trouvé la parade en créant des enseignes « lifestyle » qui assurent une qualité de service élevée tout en développant une offre personnalisée. Marriott a nommé sa marque Edition, Hyatt a choisi Andaz, Starwood a préféré Aloft et InterContinental l’a baptisée Indigo. Cette dernière 30 | N°23| Février / Mars 2016
L’immeuble datant de 1854 se niche derrière les théâtres de la Renaissance et de la Porte Saint-Martin, au cœur du 10ème arrondissement de Paris. Au rez-de-chaussée de l’hôtel Providence se trouvent, de part et d’autre du bar à cocktail, le salon avec sa cheminée et la salle à manger aux murs tapissés de velours. En cuisine, le chef marie le brut et le raffiné avec une carte simple imaginée autour du four à bois. Un ascenseur vitré dessert les 18 chambres (Mini, Classique, Supérieure, Deluxe, Suite) toutes différentes de ce nouveau boutique-hôtel où se côtoient un mélange d’objets chinés et de pièces faites sur mesure dans une ambiance feutrée. Dans chacune d’elle, un bar a été élaboré à partir des codes du traditionnel comptoir parisien et deux recettes de cocktail sont proposées aux apprentis barmen. Les clients ont également à leur disposition un iMac de 27 pouces. Au sixième étage, la suite mansardée de 40 m2 a été conçue comme un appartement et offre une vue agréable sur les toits de Paris et le Sacré Cœur.
a d’ailleurs ouvert l’an dernier l’Hotel Indigo Paris-Opera, son premier boutique-hôtel dans la capitale, doté de 57 chambres et suites en plein cœur de Paris. De son côté, AccorHotels, le leader européen de l’hôtellerie standardisée, avait commencé à sortir des clous dès 2008 avec la création de MGallery, une sélection d’adresses « qui ne ressemblent à aucunes autres et qui ne se ressemblent pas entre elles. » En novembre dernier, l’enseigne, qui compte aujourd’hui 77 boutique-hôtels dans le monde, a ouvert l’Échiquier Opéra Paris, à
deux pas des Grands Boulevards. Son univers Belle Époque, sa décoration et ses 88 chambres veulent traduire l’atmosphère feutrée et intimiste des appartements parisiens. Pour aller encore plus loin, AccorHotels s’est offert 35% du capital de Le Hidden
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Boiseries, malles de voyage, appliques reprenant l’esprit des lampes à mèche, boussoles imprimées sur les moquettes, l’hôtel Phileas, situé à deux pas de la gare Saint-Lazare, célèbre Phileas Fogg, le héros de Jules Verne, et son tour du monde en 80 jours. 18 mois de travaux ont été nécessaires pour transformer l’ancien établissement de niveau 2 étoiles en boutique-hôtel 4 étoiles original et cosy. Les décorateurs Marie-Agnès Louboutin et Patrice Henry ont eu le souci du détail. Le hall de l’hôtel évoque ainsi le train, première étape de l’arrivée à Paris du voyageur avec ses bagages. Dans chacune des 39 chambres, dont 12 communicantes, la tête de lit est représentée par une malle de voyage comme celles utilisées au XIXe siècle lors des transatlantiques. L’ascenseur, lui, est imaginé comme une nacelle de montgolfière. Un business corner avec un ordinateur et une salle pour le petit-déjeuner sont également à la disposition des clients de l’hôtel. Le wi-fi gratuit est disponible dans l’ensemble de l’établissement.
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LE PROVIDENCE FAIT PATTE DE VELOURS
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LE PHILEAS REND HOMMAGE AU HÉROS DE JULES VERNE
HÉBERGEMENT
Après les quartiers de l’Opéra et de Montparnasse, 9Hotel Collection a choisi République pour ouvrir son troisième établissement parisien. Au terme de 12 mois de travaux, le boutique-hôtel 4 étoiles de 48 chambres à la décoration sobre et intemporelle (4 Single, 16 Classique, 13 Supérieur, 9 Club et 6 Exécutive) a été inauguré le 9 décembre dernier. Imaginé comme un lieu de rencontre, de partage et d’expérience, le 9Hotel République dispose d’un lobby convivial et entièrement ouvert avec une bibliothèque, un bar en libre-service, une table de co-working et un espace fitness. L’architecture intérieure et le design sont l’œuvre du Studio Castel Veciana. À l’occasion de son ouverture, le boutique-hôtel met en place plusieurs offres spéciales, dont l’une pendant les soldes : pour tout séjour jusqu’au 21 février 2016, les chambres sont à partir de 93 euros la nuit. Avec cette nouvelle adresse, le groupe Tagerim poursuit son développement au rythme de deux à quatre nouveaux hôtels par an.
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L’EXQUIS PLONGE DANS UN UNIVERS SURRÉALISTE
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LE 9HOTEL RÉPUBLIQUE JOUE SUR LA RENCONTRE
L’ancien Hi Matic a laissé la place à l’Exquis, un nouveau boutique-hôtel 3 étoiles décoré sur le thème du surréalisme en plein cœur du 11ème arrondissement. Ambiances colorées, meubles chinés aux puces de Saint-Ouen, œuvres d’art collectives, la designer Julie Gauthron s’est entourée de huit artistes pour réaliser une œuvre d’art unique dans chacune des 42 chambres réparties en quatre catégories (intimiste, intemporelle, insolite et inédit) sur les cinq étages de l’établissement. Les clients évoluent dans un univers fantaisiste, créatif et décalé où se mêlent des lapins rouges, des nénuphars ou encore un champ de fleurs au clair de lune. Dans une dominante de rouge et de cuivre, les parties communes disposent d’un coin salon, d’une bibliothèque avec les classiques du surréalisme et d’une salle de petit-déjeuner, dont les photos au mur mettent en valeur les artistes en pleine création. Cette nouvelle adresse originale appartient au groupe Elegancia Hotels à qui l’on doit déjà notamment le Seven, le Crayon, l’Idol ou encore la Parizienne.
Mama Shelter offre aux clients une alternative aux palaces aux prix inabordables et aux hôtels de chaîne sans saveur.
Serge Trigano, Fondateur de Mama Shelter
Mama Shelter en octobre 2014. Celle que l’on appelait il y a encore peu de temps « la petite chaîne qui monte » a tapé dans l’œil du géant, qui devrait, à terme, la racheter. « Mama Shelter offre aux clients une alternative aux palaces aux prix inabordables et aux hôtels de chaîne sans saveur. On
a besoin de choses simples quand on voyage : une bonne literie, un équipement hi-tech et de la convivialité », estime le fondateur du concept Serge Trigano. Et il ne s’est pas trompé. Dans chaque ville où l’enseigne est présente (Paris, Marseille, Lyon, Bordeaux, Istanbul, Los Angeles), « les
taux d’occupation sont au-dessus de la performance moyenne ». Et selon lui, AccorHotels aurait compris qu’il lui manquait une marque un peu sexy, au style design, fun mais abordable. Le rapprochement avec le groupe prévoit notamment la transformation de certains hôtels Accor en Mama Shelter. « Un minimum » de vingt nouvelles ouvertures sont annoncées dans les cinq prochaines années. Les deux prochaines se feront à Lille et Toulouse en 2017… Avant Paris, Porte de Versailles. n
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BUSINESS
Taxis vs VTC, la bataille du segment affaires VTC ou taxis ? Les entreprises ont à présent le choix pour assurer les déplacements de leurs collaborateurs. Si les taxis dominent encore le marché, les VTC multiplient les offensives pour séduire les travel managers.
© Fotolia / Delhourme
Par Philippe Charollois
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BUSINESS
QUESTIONS À… Marc Leidelinger, président de Frequent
Flyer Travel Paris
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« LES VTC DEVRAIENT PRENDRE DES PARTS DE MARCHÉ CAR ILS ONT L’AVANTAGE D’ÊTRE PLUS « TECHNO » »
«L
e segment affaires est très porteur, il représente probablement la moitié du business des compagnies de VTC », annonce d’emblée Yves Weisselberger, le cofondateur de Snapcar. De fait, la part de ce segment varie d’une compagnie à l’autre : si Marcel est à l’équilibre, à 50/50, Allocab annonce 60 % sur le BtoB, tandis que Snapcar, très orienté business dès sa création, réalise 60 à 70 % de son activité sur ce segment. Drive aussi affiche 70 % avec ses comptes entreprises, mais Sahby Saadaoui, le co-fondateur et directeur des opérations, reconnaît qu’une bonne part est générée par un usage familial, avec des factures différenciées. Certaines compagnies ont même fait le pari d’occuper ce créneau à 100 %, comme Navendis ou Greentomatocars, la compagnie de VTC lancée par le groupe Transdev, qui joue aussi la carte de l’écologie avec 80 % de véhicules hybrides dans sa flotte. Présent dans 300 villes de 56 pays, Uber n’allait bien entendu pas négliger ce marché, qu’il occupe avec son offre Uber for Business. Et le géant du VTC y a ajouté d’autres services, comme la fonction « Retour à domicile », qui permet aux collaborateurs de rentrer chez eux lorsqu’ils finissent tard leur journée de travail. Plus rémunérateur et plus stable que
Le marché n’est pas mûr, alors on trouve un cas de figure par agence. Cela va de ceux qui n’ont rien à d’autres, comme nous, qui essayons de proposer une offre large. Nous travaillons avec Snapcar, LeCab et Navette facile. Il y a cependant un gros problème pour les agences : l’offre VTC n’apparaît pas dans les GDS ni dans les SBT. Cela casse l’environnement des vendeurs, qui n’est plus fluide, et bien souvent ils ne les proposent pas.
Les taxis ont donc encore la main ?
L’offre des taxis reste dominante, notamment celle de G7 qui possède une « puissance de feu » sans égal. Même si l’adhésion au Club Affaires est assez chère, leur offre est fluide et parfaitement rodée. Ils sont bons pour les réservations anticipées ou immédiates, ils possèdent la flotte, le call center et l’expérience. Ils ont été bougés par les VTC et ont amélioré leur accueil. On ne les trouve pas dans les GDS pour autant, même s’ils sont à présent dans Triplink de Concur.
Comment s’annonce la suite du match ?
Je note une effervescence récente. Beaucoup de choses sont en négociation et en gestation. Book my Limo annonce un début d’intégration dans Amadeus. Concur a intégré dans Triplink les taxis G7 et 2 ou 3 compagnies de VTC, dont Uber. Avec sa plate-forme ouverte et ses Red apps, Sabre permet aux transporteurs de figurer dans son GDS. Les exemples se multiplient. Il y a une émulation et une concurrence. Les VTC devraient donc prendre des parts de marché car ils ont l’avantage d’être plus simples et plus « techno ». Grâce à leur technologie, les VTC envoient de l’info et sont capables de proposer un reporting précis. Ils ont aussi des handicaps : à Paris, les VTC ne peuvent pas emprunter les couloirs de bus, ce qui allonge le temps de la course. Ils sont bien implantés en région parisienne, mais ils le sont beaucoup moins dans le reste de la France, sans parler de l’étranger. Ils vont avancer sans doute sur les SBT d’abord, puis dans les GDS. Le fruit est bientôt mur. le marché des particuliers, le segment Business a donc vite intéressé les VTC, qui se sont donnés les moyens de séduire les entreprises en jouant la carte de l’économie et de la qualité de service. « Dès le début de notre réflexion, nous avons développé une offre entreprise simple et claire, qui n’impose rien
et reste flexible pour nos clients », annonce Bertrand Altmayer, le co-fondateur de Marcel. « Nous pouvons séduire les entreprises qui cherchent une meilleure qualité de service et la maîtrise des coûts, en leur garantissant des économies sur le prix des courses, mais aussi sur les coûts immergés, comme Février / Mars 2016 | N°23 | 33
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Quelle place occupent les VTC dans l’offre des agences spécialistes du voyage d’affaires ?
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BUSINESS
ceux du contrôle », ajoute Yanis Kiansky, président-fondateur d’AlloCab, pour expliquer l’attrait de l’offre VTC. En réponse à des appels d’offre ou suite à un démarchage, les contrats directement souscrits avec les entreprises enrichissent peu à peu leurs portefeuilles. Et comme tous les nouveaux entrants bien décidés à conquérir un marché, les VTC se montrent particulièrement souples dans leur offre. L’ouverture d’un compte entreprise est toujours gratuite. Les courses ne sont pas majorées, sauf chez Lecab dont le Compte prioritaire destiné aux usagers fréquents implique une majoration de +18 %, en contrepartie d’un service plus rapide. La technologie, l’atout des VTC À ces promesses tarifaires alléchantes (les VTC promettent de 30 à 40 % d’économie aux entreprises utilisatrices), les compagnies en ont ajouté d’autres, moins spectaculaires, mais tout aussi utiles, rendues possibles grâce à leurs technologies de réservation. La définition et le respect d’une politique
voyage propre à chaque entreprise cliente sont ainsi devenu une prestation courante dans l’offre des VTC. « L’appli gère la liste des utilisateurs autorisés et permet de définir plusieurs niveaux de qualification, détaille Yanis
DES VÉHICULES POUR UNE HEURE OU POUR UNE NUIT
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L’événementiel d’entreprise fait aussi l’objet d’une offre spécifique développée par les taxis mais aussi par les VTC. Chez G7, un Service Events gère la demande des entreprises et leur propose une palette de service, comme la création d’une Antenne Taxis éphémère, la mise à disposition d’un numéro prioritaire pour la soirée, ou des offres de transferts à prix fixes. Son concurrent Taxis Bleus peut aussi mobiliser sur demande un minimum de 50 taxis, ou mettre en place une ligne dédiée si la demande est moindre. Nouveau et plus original, son Bouton Bleu, qui permet notamment aux hôteliers de réserver des taxis pour leurs clients, peut aussi être utilisé de manière ponctuelle, lors d’un événement. Les VTC répondent aussi présent face à cette demande. Uber Events par exemple, permet d’acheter des courses pour le jour de l’événement. Le pass invité indique la date, l’heure et le code promotionnel qui permet de commander la course. Un autre service simple et apprécié des entreprises est disponible auprès des VTC et des compagnies de taxis : le service Mise à disposition, qui permet d’utiliser de manière forfaitaire un véhicule pour une heure ou pour un jour.
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Kiansky. Nous paramétrons l’outil sur mesure via la techno, pour un contrôle a priori et a posteriori de la politique transport de l’entreprise ». L’appli peut ainsi introduire des contraintes d’horaire ou limiter les points de prise en charge. « Rien n’est figé et l’entreprise garde la main pour modifier son programme, pour une soirée événementielle par exemple ». Optionnel, le renseignement du numéro de vol ou de train permet de mieux gérer la course, avec une arrivée du véhicule calquée sur l’arrivée réelle de son utilisateur. Chez Snapcar, Yves Weisselberger milite cependant pour une politique légère : « Aller vers trop de complexité serait une erreur, explique-t-il, car la course est une prestation peu chère et il ne sert à rien de la rendre compliquée ». La facturation est, elle aussi, souple et adaptée à chaque demande. Les compagnies proposent plusieurs types de paiements : parfois via un paiement par CB directement dans la voiture, le plus souvent au fil des consommations avec un paiement automatique à la fin de chaque course, ou bien à partir d’un compte prépayé qui permet la maîtrise des dépenses, ou encore
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« Le segment affaires est très porteur, il représente probablement la moitié du business des compagnies de VTC » ©SnapCar
Yves Weisselberger, co-fondateur de SnapCar
avec une facturation périodique, tous les 15 jours, ou chaque mois, selon la demande du client. Mieux encore, la carte logée AirPlus a fait son apparition chez Snapcar, et son usage pourrait se généraliser. Les notes de frais sont, bien entendu, centralisées et adressées directement à l’entreprise pour une gestion automatisée. Un reporting de qualité est également facilité par la technologie. L’interface de gestion autorise un suivi en temps réel de la consommation de l’entreprise qui peut demander un reporting automatique et personnalisé selon ses besoins. Un contrôle qualité est également proposé : « Tous les 6 mois, voire plus souvent si l’entreprise le demande, nous vérifions avec le travel manager si les délais d’attente et les autres prestations promises correspondent bien à notre offre », explique Benjamin Cardoso, le fondateur de la compagnie LeCab.
sillonnent la région Île-de-France, qui compte 27 000 licences, tandis que près de 9 000 VTC seraient en circulation sur la même zone. Autre avantage, la flotte de taxis est répartie entre deux grands acteurs (G7 et Taxis bleus), tandis que celle des VTC est éparse, répartie entre une bonne dizaine de compagnies concurrentes. Dans ces conditions, G7 reste le principal interlocuteur des entreprises. Avec ses 7 600 taxis parisiens affiliés et 3 000 autres en régions, les 270 opérateurs de ses 3 call-centers et ses nombreux partenaires en France et dans le monde, G7, le géant du taxi est protégé par
sa taille. D’autant plus que la concurrence l’a fait réagir, notamment du côté des applis, puisque G7 a développé eCab, mais aussi Wecab qui permet de partager un taxi à l’arrivée du train ou d’un avion. Pour les entreprises, et parmi divers abonnements (Service, Service Plus…), la compagnie G7 propose un Club Affaires (éventuellement en version Premium), qui donne accès à sa flotte de 1 000 berlines haut de gamme et de MaxiCab, conduites par des chauffeurs sélectionnés parmi les meilleurs. Le tout avec des prestations qui n’ont rien à envier à celles des VTC (wi-fi à bord, tablette et presse et magazine, bouteille d’eau, lingettes rafraîchissantes offertes à bord…). Des coûts importants Reste que tout cela à un prix : l’adhésion au Club Affaires coûte à l’entreprise cliente plus 1 500 € par an, avec des tarifs majorés pour les courses et les frais d’attente. Moins gourmand que son concurrent (et néanmoins propriétaire), Taxis Bleus propose un abonnement de 1 000 euros annuel et des frais de gestion de 12 %. Arrivé il y a 4 ans, comme directeur général des Taxis Bleus, Yann Ricordel déclare s’être « rapproché du travel management ». Il souhaite améliorer l’intégration de sa compagnie dans la politique voyage des entreprises. « Nous faisons beaucoup de sur mesure en BtoB. Tout est paramétrable par les travel mana-
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Les taxis ont encore la main Malgré cette concurrence de plus en plus active, les taxis sont loin d’avoir perdu la main. Il est vrai que les forces en présence sont encore déséquilibrées : près de 18 000 taxis parisiens Février / Mars 2016 | N°23 | 35
BUSINESS
Brancher les tuyaux Chez les taxis comme chez les VTC, et malgré toutes ces avancées, la connexion reste encore à faire pour intégrer la chaîne des différents acteurs de réservation de voyages d’affaires. Toutes les compagnies soulignent le peu d’entrain des GDS à les intégrer dans leur offre. Malgré tout, les connexions se multiplient : « Nous sommes en période de simulation avec 3mundi et en négociation avec Concur », indique Bertrand Altmayer pour Marcel. Les choses bougent aussi du côté des SBT : « C’est une demande de notre clientèle, on regarde ce qu’il est possible de faire ». Des négociations semblent entamées, mais pour l’instant, Bertrand Altmayer ne souhaite pas encore en dévoiler le détail. Fort de son expérience réussie avec la SNCF, Allocab aussi prend le chemin de l’intégration. « Des programmes pour
Tout est paramétrable par les travel managers : nous proposons un reporting sur mesure, un paiement à bord ou différé, éventuellement avec la carte logée AirPlus. Yann Ricordel, dg des Taxis Bleus 36 | N°23| Février / Mars 2016
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gers : nous proposons un reporting sur mesure, un paiement à bord ou différé, éventuellement avec la carte logée AirPlus que nous avons intégré. Par ailleurs, notre offre pro sera mieux présentée sur le site Internet qui sera renouvelé dans les premiers mois de 2016 ».
les SBT sont en cours de développement », indique Eric Cassin, le directeur commercial, tandis que côté notes de frais, la compagnie de VTC travaille déjà avec Notilus. De son côté, Snapcar est déjà interfacé avec KDS. « Dans Néo, le segment transfert aéroport est assuré par Snapcar ». Du côté des GDS « Il n’y a rien pour l’instant, mais on s’y intéresse, et il y aura peut être une surprise ». De même avec les TMC : « C’est encore embryonnaire, mais il est logique d’être intégrés à leur process. Ce sera la deuxième phase de développement », indique Yves Weisselberger. LeCab aussi est dans les starting-blocks: « Notre API peut s’intégrer facilement avec n’importe quel prestataire, indique Benjamin Cardoso. C’est déjà le cas avec La Compagnie qui assure des vols business vers New York et avec d’autres partenaires transporteurs, éventuellement
en marque blanche personnalisée ». De leur côté, les taxis aussi sont prêts à franchir le pas. « Notre portefeuille d’API intéresse les assisteurs par exemple avec qui nous travaillons depuis longtemps. Ce n’est pas encore le cas avec les GDS. Nous sommes pourtant en discussion depuis longtemps, mais nous ne sommes pas une priorité pour eux », regrette Yann Ricordel, qui ajoute : « Il est déjà possible de s’interfacer avec les SBT ou avec des solutions de gestion comme KDS. Ce n’est pas encore fait, mais cela entre dans la même dynamique. C’est la suite logique de la digitalisation de nos professions ». Cette intégration se réalisera sans doute un jour, mais pour l’heure, Yann Ricordel est surtout en discussion avec des agrégateurs internationaux, sur le modèle de TripLink développé par Concur. Tout semble donc en place pour une intégration complète dans la chaîne du business travel. Il suffit à présent de brancher les tuyaux ! n
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Casablanca,
le Maroc triomphant En pleine ébullition, la ville attire les entreprises hexagonales qui délocalisent leurs activités, mais aussi celles qui font du Maroc une tête de pont pour se développer en Afrique. Au point de devenir la nouvelle « banlieue économique » de la France ! Par Thierry Beaurepère
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riers ou le film Casablanca, quand Humphrey Bogart et Ingrid Bergman portaient si bien le noir et blanc !
sur le clavier de leur smartphone, dans les bouchons qui asphyxient Casablanca. Car la ville de 5 millions d’habitants est aussi la dynamique capitale économique du royaume chérifien. Partout, les chantiers bouleversent ses quartiers, redessinent ses avenues. Même si elle continue à bercer l’imaginaire de ses clichés : l’Aéropostale et ses pilotes-aventuLe Morocco Mall
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es villas somptueuses enfouies sous une végétation luxuriante ; une corniche élégante, avec son enfilade de palmiers ; et un gigantesque centre commercial, le Morocco Mall… Non, vous n’êtes pas à Los Angeles ou à Dubaï, mais à Casablanca ! Dans le quartier d’Anfa précisément. Dans les années 30, son aérodrome était la première escale sur la route des Amériques pour Mermoz et SaintExupéry. Avec le boum économique, le coin est devenu le Beverly Hills du Maroc. En fin de journée, les berlines rutilantes déversent dans ses bars branchés qui bordent l’océan un flot ininterrompu de businessmen. Ceuxlà même qui passent leurs journées, l’oreillette bien fixée et les doigts
Au royaume de l’« offshoring » Les entreprises françaises s’y précipitent. Il faut dire qu’avec sa population dynamique (33 millions d’habitants, dont 20 % de jeunes entre 10 et 19 ans), bien formée et qui parle (notamment dans les grandes villes du nord) la langue de Molière, ses relations historiques avec la France, sa stabilité politique et des coûts inférieurs de 40 % à ceux de notre pays, le Maroc a tout pour séduire les candidats à l’« offshoring », le terme « poli » pour évoquer les délocalisations. Casablanca en a fait un de ses axes de développement. Symbole de cette stratégie, le gigantesque complexe Casanearshore, un site de plus de 50 hectares de bureaux équipés dernier cri, avec restaurants, commerces et centre sportif, à 5 kilomètres du centre-ville. Il accueille de nombreuses entreprises hexagonales (sites web, banques, assurances, informatique…) qui y ont installé leurs services clients. Cap sur l’aéronautique Mais pas seulement ! De plus en plus de délocalisations concernent des activités de services, de conseils, du back office ou de l’ingénierie. Elles représenteraient 100 000 emplois, Février / Mars 2016 | N°23 | 37
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QUOI DE NEUF ? Grand Mogador City Center Ce nouvel hôtel 5* de la chaîne marocaine Mogador Hôtels & Resorts ouvre ses portes en ce mois de février, dans le quartier d’affaires central déjà auréolé d’adresses prestigieuses comme le Hyatt Regency ou le Royal Mansour. Il propose 420 chambres, avec vue sur l’Atlantique ou la vieille médina voisine. www.mogardorhotels.com Four Seasons Four Seasons a inauguré son établissement sur la Corniche (Anfa Place) fin 2015. On retrouve le luxe élégant et zen de la chaîne dans les 186 chambres lumineuses qui s’ouvrent sur l’océan. Le restaurant méditerranéen Bleu est idéal pour un dîner d’affaires. www.fourseasons.com
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Transavia Transavia relie l’aéroport d’Orly Sud à Casablanca trois fois par semaine, depuis juillet 2015. Stoppées pour l‘hiver, les rotations reprennent en juillet 2016. Les passagers affaires peuvent opter pour le tarif Max (comptoir dédié, passage prioritaire aux contrôles, bagage en soute, modification sans frais…). www.transavia. ■
Parc Sindibad Après trois ans de travaux, le Parc de loisirs Sindibad by Walibi a rouvert ses portes en août, en collaboration avec la Compagnie des Alpes . On y trouve diverses attractions foraines, un zoo et des espaces de restauration répartis sur 32 hectares, tout près de la Corniche. http://sindibad.ma ■
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qui s’ajouteraient aux 65 000 salariés (de toutes nationalités) employés par les 500 filiales de sociétés françaises installées au Maroc dans le but de développer leurs activités sur le continent africain. Outre l’accueil de sièges régionaux de grandes multinationales, l’industrie constitue une autre priorité des autorités locales. En particulier les énergies renouvelables et l’aéronautique. Plusieurs dizaines d’entreprises du secteur (dont Bombardier) sont notamment installées sur la zone franche de Midparc à Nouaceur, aux portes de l’aéroport de Casablanca. Pour convaincre les investisseurs, la ville promet divers avantages fiscaux, des espaces de production modulables et des bureaux, mais aussi une proximité logistique (trois jours de l’Europe par la route et des accès maritimes via les ports de Casablanca ou Tanger Med). De l’avion… au train Cette folle croissance n’est pas sans conséquence. Asphyxiée, la ville doit faire face à de nouveaux défis pour adapter ses infrastructures ; notamment dans la gestion des déchets mais aussi dans les transports. Une première ligne de tramway a été inaugurée fin 2012 et les travaux d’une seconde ont récemment démarré, alors qu’un TGV reliant Casablanca à Tanger en 2h10 doit être inauguré en 2017, avec deux ans
de retard. Totalement rénovée en 2014, la gare de Casa Port préfigure le train de demain. Elle s’impose comme un nouveau lieu de vie dans la ville, avec également des bureaux, commerces… Principal hub du Maroc, l’aéroport est quant à lui vieillissant et saturé, avec 8 millions de passagers par an. Des travaux de modernisation sont en cours et doivent faire passer la capacité à 23 millions d’ici fin 2017. 5 000 lits en projet L’offre hôtelière se met elle aussi au diapason. Une vingtaine d’hôtels représentant près de 5 000 lits viennent d’ouvrir, sont en construction ou en projet (souvent sur le segment haut de gamme ou luxe), qui s’ajouteront aux 17 500 lits actuels. Notamment dans les alentours de la future Marina dont l’inauguration est annoncée pour 2017. Sur 26 hectares, elle englobera plusieurs tours de bureaux, un centre commercial, un aquarium et trois hôtels. L’un sera géré par Oberoi ; un second par Marriott, dans une tour de 150 mètres à l’architecture fantasque. Le groupe américain gérera également le futur palais des congrès attenant (15 000 m 2 et 3 500 places, soit le plus grand du Maroc). Une fois le projet achevé, Il ne restera plus à Casablanca qu’à dynamiser son offre culturelle (il manque no-
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Le quartier Art déco La Place des Nations Unies est le cœur vibrant de la nouvelle ville où convergent les grandes artères, dans un joyeux melting-pot architectural. Les boulevards bordés d’immeubles modernes, qui hébergent banques et compagnies d’assurances mais aussi des hôtels illustres, portent des noms marocains. Quand les boulevards de Paris ou l’Avenue Pasteur semblent figés dans le passé ! Ils cachent quelques témoignages de l’Art déco et de l’Art nouveau. Comme le boulevard Mohammed V, où les façades – tantôt géométriques, tantôt ondulantes – des immeubles décatis, les tourelles et colonnes, les stucs et mosaïques, laissent entrevoir l’harmonie de jadis…
tamment des salles de concert et un musée majeur) pour s’imposer comme une destination internationale de premier plan… LES INCONTOURNABLES La vieille médina Protégée derrière ses murailles au cœur de la ville, la médina n’est pas un souk pour touristes, mais une vraie tranche de vie marocaine qui vous prend à la gorge de ses odeurs et de ses couleurs ; un labyrinthe de ruelles grouillantes bordées d’échoppes de commerçants, dont les étals de fruits dégoulinent sur la chaussée. On y croise de jeunes Marocains tirants des charrettes de poissons déchargées des chalutiers du port voisin. Quelques vieillards en djellaba aussi, sagement installés sur les bancs publics. Ils seront encore là à la nuit tombée…
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grimper. Car de là-haut, on découvre l’étendue d’une ville aujourd’hui plus vaste que Paris.
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La cathédrale du Sacré Cœur De l’autre côté du délicieux Parc de la Ligue Arabe, salvatrice respiration au milieu de la pollution et du trafic anarchique qui étouffe le centre, on admire le plus étonnant vestige des années 30 : la blanche cathédrale du Sacré Cœur. Synthèse de l’art gothique et de l’Art nouveau, elle accueille aujourd’hui des expositions d’art contemporain. Derrière ses deux tours austères se dévoile une nef éclairée par des vitraux modernistes. Ses clochers sont livrés aux fientes de pigeons. Il faut pourtant
Le quartier des Habous Construit par les Français dans les années 30, le quartier des Habous subjugue par son architecture d’influence marocaine. Propre et aérée, cette « nouvelle médina » est moins oppressante que la vieille médina. On déambule dans ce dédale de ruelles bordées de maisons blanchies à la chaux et traversées d’arcades de pierre, de cafés en boulangeries qui rappellent la France ; de boutiques d’artisanat marocain en librairies, jusqu’au marché aux olives qui fleure bon l’Afrique du nord.
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La mosquée Hassan II C’est le nouveau phare de Casablanca. Construite en partie sur l’eau, à la pointe du Maghreb, elle symbolise ce Maroc moderne dont le cœur balance entre l’Orient et l’Occident. Avec ses fresques et zelliges, ses arabesques finement calligraphiés, on la croirait sortie du XIIe siècle, comme la Koutoubia de Marrakech. Pourtant, elle n’a que... quinze ans ! Son minaret culmine à 200 mètres. Au plus près, la mosquée est encore plus impressionnante, capable d’accueillir 80 000 fidèles. N’est-elle pas le plus vaste lieu de culte du monde musulman, juste derrière La Mecque ?
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NOTRE SÉLECTION D’HÔTELS ■
POUR LE SHOPPING
ou la mer. On aime les deux étages du spa avec piscine intérieure, la terrasse sur le toit et les 5 salles de réunion (500 p.) habillées d’œuvres d’artistes locaux. www.sofitel.com
Le Doge
Morocco Mall Ouvert en 2011 au bout de la Corniche, c’est l’un des plus vastes centres commerciaux d’Afrique. Des Galeries Lafayette à l’une des plus grandes boutiques Dior du monde, les 350 boutiques réjouiront les amateurs de shopping. Aquarium, patinoire, cinémas, restaurants… complètent l’offre. www.moroccomall.net ■
Golden Tulip Farah Toujours dans le quartier d’affaires et à deux pas de la place des Nations Unies, l’hôtel joue une participation contemporaine, avec 280 chambres claires et apaisantes. Deux étages VIP et trois étages Executive proposent des services complémentaires. Huit salles de réunion (dont une plénière de 600 personnes), une piscine intérieure… www.goldentulipfarahcasablanca.com
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Dans un joli hôtel particulier des années 30 du quartier Art déco, Le Doge propose des chambres uniques (chacune est dédiée à un artiste) décorées avec style. Bourré de charme, doté d’une véritable âme, l’établissement est idéal pour évacuer le stress d’une journée au calme, avant un dîner feutré au restaurant Le Jasmine (cuisine marocaine). www.hotelledoge.com
Boulevard Anfa Au départ de la vieille médina où l’on pourra acheter tapis, babouches et vêtements bon marché, le boulevard d’Anfa qui traverse la ville est bordé de boutiques locales et d’enseignes internationales. n ■
NOS BONNES ADRESSES ■
CARNET PRATIQUE
Le Cabestan
Où se renseigner ? Office de tourisme du Maroc : www.visitmorocco.com
Hyatt Rengency En plein cœur de Casablanca, près de la place animée des Nations Unies, l’adresse est l’une des plus réputées de la ville, avec ses 255 chambres vastes (37 m 2 pour les plus petites) offrant une vue unique. Ses salles de réunion (jusqu’à 600 p.), en font aussi une adresse recherchée pour les séminaires. www.hyatt.com ■
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Y aller : l’offre est abondante ! Tran-
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Cette adresse historique située sur la Corniche a bénéficié d’une rénovation totale et propose trois espaces élégants et feutrés. On se délecte de produits de la mer ou l’on boit un cocktail au lounge extérieur, avec vue sur l’océan. Chic et branché ! www.le-cabestan.com
Sofitel Tour Blanche Dans une tour blanche du quartier d’affaires central de Sidi Belyout, le Sofitel propose 171 chambres contemporaines, aux tons roses, violets ou chocolat. Elles dévoilent une vue imprenable sur la médina ■
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Pâtisserie Bennis Au cœur du quartier des Habous se cache la pâtisserie Bennis, une institution locale ! Derrière ses murs recouverts de mosaïques, on déguste de délicieuses pâtisseries, cornes de gazelle et autres gâteaux au miel… ■
savia et Air France volent au départ de Paris (respectivement Orly et Roissy), Royal Air Maroc depuis Paris Orly, Bordeaux, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes, Nice, Strasbourg et Toulouse, la low cost Air Arabia au départ de Toulouse, Mulhouse, Lyon et Montpellier, Jetair Fly depuis Bordeaux et Metz/Nancy, Air Méditerranée depuis Paris Roissy et Marseille.
Formalités : passeport en cours de validité (la carte d’identité n’est plus acceptée). Décalage horaire : - 1 heure en hiver, - 2 heures en été. Langues : l’arabe est la langue officielle, le français est largement répandu, notamment dans les milieux économiques. Monnaie : un dirham équivaut à environ 9 centimes d’euro, soit 11 dirhams pour un euro.
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São Paulo, l’hyperactive
Mégalopole déroutante, la capitale économique du Brésil est aussi une ville créative et cosmopolite ouverte sur le monde : une New York tropicale.
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Par Pascale Mougenot
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’étirant sur plus de 1 500 km2, São Paulo est la plus grande agglomération d’Amérique du Sud, une ville-monde dont le développement express a épousé celui du capitalisme brésilien. Fondée par des Jésuites en 1554, elle ne franchit le cap des 20 000 habitants que trois cents ans plus tard. Elle en comptait 11 millions en 2004, 22 en incluant sa région métropolitaine ! Son essor remonte à la fin du XIXe siècle avec l’arrivée du chemin de fer, le boom du café et l’immigration européenne. L’emblématique Avenue Paulista est tracée à cette époque, vitrine de la puissance des planteurs. Dans les années cinquante, devenue
le moteur d’une économie brésilienne en pleine industrialisation, São Paulo attire en masse des populations rurales des quatre coins du pays et commence à s’étendre à l’infini tandis que son centre se hérisse d’une forêt de gratte-ciel. En l’espace d’un siècle, sa surface a tout simplement été multipliée par 400. Une jungle urbaine Cette jungle urbaine débridée intimide de prime abord. Favelas et quartiers opulents cohabitent, témoignant de criantes disparités sociales ; les embouteillages sont dantesques, les plus riches se déplacent en hélicoptère et
nombre de toits sont équipés d’un héliport. C’est d’ailleurs du ciel ou du sommet d’une tour que l’on prend vraiment la mesure du gigantisme de la capitale de l’État le plus riche et le plus peuplé du Brésil. Depuis une trentaine d’années, le poids de l’industrie diminue au profit des services, de la technologie et de la recherche, qui incarnent le futur de la mégalopole. Caractérisée par une économie mondialisée et principal centre financier d’Amérique du Sud, São Paulo est, pour les investisseurs étrangers, la porte d’entrée d’un pays aux dimensions d’un continent et de ses voisins, comme l’Argentine et le Chili. Février / Mars 2016 | N°23 | 43
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TAP et Azul Depuis le 10 décembre 2015, TAP vole en code share avec la compagnie Azul qui dessert plus de 20 destinations au Brésil dont 15 au départ de São Paulo.
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Air France Des B777-300 dotés des nouvelles cabines La Première et Business desservent désormais São Paulo. Sept liaisons par semaine offrent ce confort cet hiver.
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Ibis Styles Ouvert en novembre 2015 dans l’un des principaux centres d’affaires de la ville, l’ibis Styles São Paulo Faria Lima se compose de 180 appartements. C’est le dernier des établissements inauguré par AccorHotels au Brésil, où il gère 285 adresses. ■
Four Seasons Le Four Seasons Hotel São Paulo at Nações Unidas ouvrira ses portes dans le courant de l’année 2017 : c’est la première incursion de la chaîne au Brésil. ■
Michelin Michelin a édité en 2015 son premier guide dédié au Brésil, répertoriant 188 établissements. Dix restaurants de São Paulo arborent 1 étoile, D.O.M en raflant 2 (voir nos bonnes adresses). ■
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Echanges dynamiques Lancée en 1996, il y a tout juste vingt ans, la Fashion Week a permis à la métropole d’émerger sur la scène des villes créatives ; dans le même temps, la classe moyenne grandissait, stimulant la consommation. Aujourd’hui, toutes les marques du luxe ont pignon sur rue à Sampa tandis que les créateurs locaux imaginent la mode et le design de demain, largement inspirés par l’écologie. D’autres événements d’envergure internationale animent le calendrier à l’instar du Grand Prix de F1 ou de la Biennale. Née en 1951, ce qui en fait la deuxième plus ancienne après celle de Venise, elle présentera son 32e opus du 10 septembre au 12 décembre 2016. Son thème ? « Incerteza viva », vivre avec l’incertitude. Un thème d’actualité alors que le Brésil s’enfonce dans la crise. Après quatre années de faible croissance, l’économie du géant émergent est entrée en récession en 2015. Em-
bourbé dans des scandales de corruption et confronté à un modèle de développement qui s’essouffle, le pays traverse un passage à vide : inflation et chômage, l’atterrissage est brutal pour les Brésiliens. Par ricochet, c’est une mauvaise nouvelle pour l’économie française car le Brésil est notre principal marché à l’export en Amérique Latine et plus d’une centaine d’investissements majeurs y ont été initiés ces dernières années. São Paulo, qui a connu au cours des années 2000 l’une des plus fortes croissances de la planète, saura-telle rebondir ? LES INCONTOURNABLES ■ L’avenue Paulista C’est la Cinquième Avenue brésilienne, bordée de gratte-ciel abritant les sièges des banques et des multinationales, animée de jour comme de nuit. Balade à trois temps : au numéro 37, la Casa das Rosas de style éclectique fait figure de résistante à la modernité ; sur une place, le Musée de l’Art de São Paulo (MASP), d’architecture brutaliste, abrite la plus importante collection d’art occidental de l’hémisphère sud ; plus haut, le Conjunto Nacional, construit dans les années 1950 dans le style moderniste, est un bâtiment emblématique de la ville, l’un des premiers à avoir incarné la nouvelle puissance économique de l’avenue.
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QUOI DE NEUF ?
Un phare culturel On travaille dur à São Paulo mais on se cultive aussi. Sampa, comme l’appellent ses habitants, abrite un réseau dense de théâtres, de salles de concert, de centres culturels et plusieurs musées d’un grand intérêt. On y mange également remarquablement bien. Dans une ville où près de la moitié de la population serait d’origine italienne, la pizza est élevée au rang des beaux-arts ; on déguste ici les meilleurs sushis de l’hémisphère sud, des mezze libanais à se pâmer, une « néo » cuisine brésilienne inventive et métissée… Cosmopolites, sociables et hyperactifs, les Paulistanos sont toujours prêts, après une longue journée de labeur, à faire la queue pour obtenir une table dans les établissements les plus en vue du moment avant de terminer la soirée dans l’un des nombreux bars qui envahissent les trottoirs : cette incroyable énergie mêlée de « dolce vita » fait de São Paulo une destination attachante.
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Rua Oscar Freire Si Paulista évoque la Cinquième Avenue, Oscar Freire est l’équivalent tropical de notre rue Saint-Honoré avec ses boutiques de luxe, ses conceptstores, quelques uns des meilleurs hôtels de la ville et, bien sûr, une ribambelle de bars et de restaurants à la mode. C’est l’endroit pour voir et être vu. Explorer aussi les rues alentour.
Banespa, dont il a abrité le siège. Un observatoire a été aménagé au sommet du building, dévoilant une vue panoramique sur l’immensité de São Paulo.
Hotel Unique – SP Tel un vaisseau de pierre suspendu, cet hôtel conçu par Ruy Ohtake, un architecte brésilien d’origine japonaise, n’a pas usurpé son nom ! Le décor intérieur de cette adresse siglée Design Hotels est tout aussi avantgardiste, associant éléments naturels, mobilier contemporain immaculé et détails high-tech. Les 95 chambres et suites sont luxueuses et dotées de salles de bains ultra design. Sur le toit terrasse, une piscine en mosaïque vermillon et un bar baptisé Skye, où se presse le tout São Paulo : la vue est époustouflante. www.hotelunique.com.br ■
NOTRE SÉLECTION D’HÔTELS ■
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Le parc d’Ibirapuera Inauguré en 1954, pour célébrer le 400e anniversaire de la ville, ce parc gigantesque est né de la collaboration du paysagiste Roberto Burle Marx et de l’architecte Oscar Niemeyer, dont les créations monumentales en béton émergent de la verdure. Parmi elles, la Oca, dont la silhouette s’inspire des huttes amazoniennes, le Musée d’Art Contemporain, qui accueille la Biennale, et un extraordinaire Auditorium de forme trapézoïdale, dessiné dès l’origine du projet mais qui ne fut construit qu’en 2005. Les fans du génial architecte iront aussi admirer l’édifice Copan, sur l’avenue Ipiranga, et le Mémorial de l’Amérique Latine, dans le quartier de Barra Funda. ■
tier de Jardims, à deux pas de la rue Oscar Freire. Appartenant au groupe Fasano, une famille d’origine italienne connue pour ses hôtels chics et design, il a opté pour une décoration années trente aux influences tropicales. 50 chambres et 10 suites, piscine au 21ème étage, excellente table, magnifique bar et confort hightech, il a été distingué comme étant le meilleur boutique-hôtel d’Amérique du Sud aux derniers World Travel Awards. www.fasano.com.br
Altino Arantes Ce fut le premier vrai gratte-ciel de la ville, construit au début des années 1940 dans un style Art déco inspiré par l’Empire State Building ; il doit son nom à l’un des dirigeants la banque ■
Sur la rue Oscar Freire, ce boutiquehôtel au décor lumineux allie luxe, technologies et service millimétré. 38 appartements et 19 suites offrant un cadre de séjour sobre et élégant, restaurant gastronomique italien, superbe spa, héliport pour éviter les embouteillages et pièces de design brésilien, c’est l’adresse préférée des « trend setters ». www.emiliano.com.br Hôtel Fasano Affilié aux Leading Hotels of the World, cet établissement sophistiqué est installé dans l’élégant quar■
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Tivoli São Paulo Mofarrej Légèrement en retrait de l’Avenida Paulista, cet établissement 5* de 220 chambres et suites fait partie des Leading Hotels of the World. Il conjugue atmosphère moderne et technologies dernier cri, offre un confort sans
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faille et accueille un Spa Elements by Banyan Tree. Au 23ème et dernier étage, l’Executive floor associé à un restaurant panoramique piloté par le chef étoilé Sergi Arola est un haut lieu de la vie locale. Une curiosité : la piscine orange, follement eighties ! www.tivolihotels.com
Vento Haragano Le « churrasco » est le barbecue des gauchos. Il se déguste dans des « hurrascarias », où l’on se régale de viandes de toutes sortes servies à volonté. Deux adresses à São Paulo, Jardims et Morumbi. www.ventoharagano.com.br ■
Santo Grão Grand producteur de café, le Brésil a une passion pour ce breuvage. Celui qui est servi ici est issu de plantations responsables. Situé sur Oscar Freire, ce « coffee shop » doté d’une vaste terrasse propose aussi une restauration légère. www.santograo.com.br ©DR
Mercado Municipal Une institution gourmande, l’équivalent de la Boqueria de Barcelone sans la foule des touristes et à l’échelle brésilienne, c’est-à-dire immense. Un espace de restauration à l’étage invite à manger sur le pouce. Les spécialités : sandwich à la mortadelle et pasteis. ■
NOS BONNES ADRESSES D.O.M La table du chef superstar Alex Atala figure parmi les dix meilleures du monde selon le magazine Restaurant : cuisine brésilienne revisitée élaborée à base de produits locaux cultivés dans le respect de l’environnement. www.domrestaurante.com.br ■
Kosushi L’un des meilleurs chefs nippons d’une ville qui compte la population japonaise la plus importante hors du Japon officie ici. Ambiance sobre, jolie clientèle et une étoile au Michelin. www.kokushi.com.br
Havaianas Le temple de la tong ! Rue Oscar Freire, le plus grand concept store du pays présente des centaines de modèles dans un décor pop et une ambiance électro. ■
Choix Le Colette brésilien, installé au cœur du quartier bohème de Pinheiros dans un vaste espace baigné de lumière : mode, beauté, design, musique, les talents émergents sont bien représentés. n ■
POUR LE SHOPPING Vila Madalena C’est le quartier « bobo » et ses rues bordées de petites maisons sont une galerie de street art à ciel ouvert. Parmi les nombreuses enseignes « trendy », dénicher Projeto Terra, qui présente des objets d’artisanat brésilien conçus et vendus selon les principes du commerce équitable. ■
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CARNET PRATIQUE Où se renseigner ? Office du tourisme du Brésil / Embratur www.visitbrasil.com
Y aller : vols directs avec Air France et Tam ; via Lisbonne avec TAP, Madrid avec Iberia, Zurich avec Swiss. Alitalia propose aussi des vols directs à partir de Paris. Formalités : passeport valable 6 mois à partir de la date d’entrée dans le pays.
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Monnaie : le real ; 1 RL = 0,22 €. Langues : portugais du Brésil. Décalage horaire : 3 h en hiver,
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- 5 h en été. Climat : subtropical avec des saisons inversées par rapport aux nôtres, hémisphère sud oblige.
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* Courant 2015
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