RÉSISTER EN PAYS D’ARLES ACTES SUD / ASSOCIATION DU MUSÉE DE LA RÉSISTANCE ET DE LA DÉPORTATION D’ARLES ET DU PAYS D’ARLES
9 782330 032173
www.actes-sud.fr ISBN : 978-2-330-03217-3 Prix : 32 € TTC France Dépôt légal : juin 2014
RÉSISTER EN PAYS D’ARLES 1944-2014, 70e anniversaire de la Libération
RÉSISTER EN PAYS D’ARLES 1944-2014, 70e anniversaire de la Libération ACTES SUD / ASSOCIATION DU MUSÉE DE LA RÉSISTANCE ET DE LA DÉPORTATION D’ARLES ET DU PAYS D’ARLES
Tandis que la France se soumet à la victoire nazie, le maréchal Pétain met en application sa “Révolution nationale”. Le pays d’Arles doit en être un laboratoire. Charles Maurras, le leader incontesté de la très royaliste Action française, salue l’arrivée du Maréchal comme “une divine surprise” et les traditions célébrées par le Félibrige sont reconnues porteuses des “vraies valeurs” qui doivent régénérer la France. Aussi est-ce avec zèle que Jean des Vallières, le sous-préfet d’Arles, met en application les lois de Vichy. Les trois quarts des maires sont remplacés par des délégations acquises au nouveau régime et, comme ailleurs en zone “libre”, les administrations sont épurées et les syndicats interdits, la classe ouvrière est étroitement surveillée, les lois d’exclusion contre les juifs, les communistes, les francs-maçons et les Tsiganes sont appliquées à la lettre... Or rien, ou presque, ne va se passer comme prévu. À la faveur du mouvement syndical ouvrier clandestin, la Résistance s’organise et multiplie les actions de propagande, de renseignement puis de lutte armée. Une autre forme de Résistance se développe activement : celle des Arlésiens qui portent secours aux réfugiés juifs et celle de la communauté protestante qui, dès septembre 1942, s’oppose vigoureusement aux mesures antisémites. En dépit de bombardements répétés et de cruelles répressions, la Résistance du pays d’Arles tient bon et parvient non seulement à libérer elle-même son territoire, en août 1944, mais à y rétablir aussitôt le fonctionnement républicain.
RÉSISTER EN PAYS D’ARLES 1944-2014
70 anniversaire de la Libération e
© Actes Sud / Association du musée de la Résistance et de la Déportation d’Arles et du pays d’Arles, 2014 ISBN : 978-2-330-03217-3 Dépôt légal : juin 2014
mep résistance14-04BAT.indd 2-3
ACTES SUD / ASSOCIATION DU MUSÉE DE LA RÉSISTANCE ET DE LA DÉPORTATION D’ARLES ET DU PAYS D’ARLES
06/05/2014 14:04
RÉSISTER EN PAYS D’ARLES 1944-2014
70 anniversaire de la Libération e
© Actes Sud / Association du musée de la Résistance et de la Déportation d’Arles et du pays d’Arles, 2014 ISBN : 978-2-330-03217-3 Dépôt légal : juin 2014
mep résistance14-04BAT.indd 2-3
ACTES SUD / ASSOCIATION DU MUSÉE DE LA RÉSISTANCE ET DE LA DÉPORTATION D’ARLES ET DU PAYS D’ARLES
06/05/2014 14:04
10
Avant-propos
L’urgence et la nécessité Georges Carlevan
D
eux raisons majeures nous ont incités à vouloir que ce livre existe. La première tient à l’absence, jusqu’alors, d’une publication de synthèse sur la Résistance en pays d’Arles. En apprécier les formes d’action et leur évolution nécessite de savoir dans quel contexte elle est apparue, puis s’est développée, jusqu’à la victoire dont nous célébrons le 70e anniversaire. Aussi est-ce toute la période de la Seconde Guerre mondiale, telle qu’elle s’est déroulée dans notre région, qu’il fallait retracer, non dans l’exhaustivité des faits qui la composent, mais en en repérant les plus marquants. Nous ne saurions trop remercier les historiens qui ont accepté de se livrer à ce travail de synthèse. Rappelant l’essentiel de ce qu’il faut savoir de ces quatre années de souffrance, de lutte et finalement de succès, Jean-Marie Guillon, Robert Mencherini, Nicolas Koukas, Éric Castellani et Marion Jeux dégagent ici les spécificités de l’histoire de cette période en pays d’Arles. Nous y voyons comment l’action syndicale, dynamisée par la participation des immigrés antifascistes, nourrit très tôt la Résistance, tant au sein des grandes entreprises locales, comme les ateliers de la SNCF, que dans la population ouvrière agricole. Nous y apprécions le zèle de ceux que le gouvernement de Vichy place aux postes du pouvoir pour mettre en application la politique autoritaire
mep résistance14-04BAT.indd 10-11
et collaborationniste du maréchal Pétain. Jusqu’à l’arrestation et l’internement de ceux qui gênent ce dernier – syndicalistes, communistes, gaullistes et Gitans, pour lesquels le camp “modèle” de Saliers est aménagé près d’Arles –, la répression est impitoyable et calamiteuse. Nous apprenons que c’est à Pomeyrol, commune de Saint-Étienne-du-Grès, que les protestants s’élèvent dès septembre 1941 contre l’exclusion des juifs. Nous constatons, à travers la diversité des mouvements et des réseaux en présence, que toutes les tendances et les formes de la Résistance sont présentes en pays d’Arles. Nous observons aussi comment, avec l’arrivée de l’occupant nazi, en novembre 1942, la Résistance prend les armes et s’organise de mieux en mieux, en dépit des pertes, des arrestations et des déportations. Car le tribut que le pays d’Arles doit payer pour reconquérir la liberté en août 1944 est très élevé, tant en vies humaines, perdues dans la lutte ou dans les camps, qu’en dommages matériels, lors des bombardements d’Arles et de Tarascon notamment. Rien de cela, bien au contraire, n’aura découragé les convictions des hommes et des femmes de la Résistance qui combattent jusqu’au bout, parvenant par euxmêmes à libérer la ville d’Arles de l’occupant nazi. Et puis, grâce à l’intervention des Alliés, il y a la victoire et l’enthousiasme dans lequel la reconstruction de la société s’organise sur la base du programme du Conseil national de la Résistance et de l’action d’un
06/05/2014 14:04
10
Avant-propos
L’urgence et la nécessité Georges Carlevan
D
eux raisons majeures nous ont incités à vouloir que ce livre existe. La première tient à l’absence, jusqu’alors, d’une publication de synthèse sur la Résistance en pays d’Arles. En apprécier les formes d’action et leur évolution nécessite de savoir dans quel contexte elle est apparue, puis s’est développée, jusqu’à la victoire dont nous célébrons le 70e anniversaire. Aussi est-ce toute la période de la Seconde Guerre mondiale, telle qu’elle s’est déroulée dans notre région, qu’il fallait retracer, non dans l’exhaustivité des faits qui la composent, mais en en repérant les plus marquants. Nous ne saurions trop remercier les historiens qui ont accepté de se livrer à ce travail de synthèse. Rappelant l’essentiel de ce qu’il faut savoir de ces quatre années de souffrance, de lutte et finalement de succès, Jean-Marie Guillon, Robert Mencherini, Nicolas Koukas, Éric Castellani et Marion Jeux dégagent ici les spécificités de l’histoire de cette période en pays d’Arles. Nous y voyons comment l’action syndicale, dynamisée par la participation des immigrés antifascistes, nourrit très tôt la Résistance, tant au sein des grandes entreprises locales, comme les ateliers de la SNCF, que dans la population ouvrière agricole. Nous y apprécions le zèle de ceux que le gouvernement de Vichy place aux postes du pouvoir pour mettre en application la politique autoritaire
mep résistance14-04BAT.indd 10-11
et collaborationniste du maréchal Pétain. Jusqu’à l’arrestation et l’internement de ceux qui gênent ce dernier – syndicalistes, communistes, gaullistes et Gitans, pour lesquels le camp “modèle” de Saliers est aménagé près d’Arles –, la répression est impitoyable et calamiteuse. Nous apprenons que c’est à Pomeyrol, commune de Saint-Étienne-du-Grès, que les protestants s’élèvent dès septembre 1941 contre l’exclusion des juifs. Nous constatons, à travers la diversité des mouvements et des réseaux en présence, que toutes les tendances et les formes de la Résistance sont présentes en pays d’Arles. Nous observons aussi comment, avec l’arrivée de l’occupant nazi, en novembre 1942, la Résistance prend les armes et s’organise de mieux en mieux, en dépit des pertes, des arrestations et des déportations. Car le tribut que le pays d’Arles doit payer pour reconquérir la liberté en août 1944 est très élevé, tant en vies humaines, perdues dans la lutte ou dans les camps, qu’en dommages matériels, lors des bombardements d’Arles et de Tarascon notamment. Rien de cela, bien au contraire, n’aura découragé les convictions des hommes et des femmes de la Résistance qui combattent jusqu’au bout, parvenant par euxmêmes à libérer la ville d’Arles de l’occupant nazi. Et puis, grâce à l’intervention des Alliés, il y a la victoire et l’enthousiasme dans lequel la reconstruction de la société s’organise sur la base du programme du Conseil national de la Résistance et de l’action d’un
06/05/2014 14:04
DES JUIFS DU PAYS D’ARLES PENDANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE
59
Jean-Claude Duclos
Seuls quelques spécialistes savent qu’une importante communauté juive participe au Moyen Âge de la population arlésienne. Rien ne subsiste de leur existence, ni dans le quartier de Saint-Martin-duMéjean, où l’actuelle rue du Docteur-Fanton s’appelait rue de la Grande-Juiverie, ni à Trinquetaille, où elle y avait sa synagogue et son école talmudique. À Arles comme à Tarascon, les persécutions antisémites deviennent si terribles après l’annexion de la Provence en 1488 qu’elles entraînent la disparition définitive de cette communauté. Les quelques familles juives qui viennent s’installer à Arles par la suite ne sont jamais assez nombreuses pour atteindre un tel degré d’organisation. Certes, dans les années 1960-1970, des rapatriés sépharades envisagent la création d’une synagogue dans le quartier du cirque romain, mais leur initiative n’aboutit pas. Aussi se pose la question de la vie des juifs pendant l’Occupation et, puisqu’aucune étude n’en parle, de leur nombre. Faute d’une recherche qui reste à faire, à l’exception des informations rassemblées plus haut par Robert Mencherini, nous baserons les observations qui suivent sur des témoignages et quelques pièces d’archives1. Les chemins de l’immigration prennent souvent fin là où un emploi se présente. C’est le cas, dans les années 1930, tandis que les juifs d’Europe centrale et du Nord fuient les pogroms. Certains trouvent du travail dans les mas de Camargue ou
mep résistance14-04BAT.indd 58-59
les industries locales, telles les papeteries Étienne ou l’exploitation salinière de Salin-de-Giraud. Dans ces secteurs, les besoins de main-d’œuvre sont alors très forts, d’autant que la mécanisation n’a pas encore véritablement progressé, notamment dans l’agriculture. Ils le sont encore plus en Camargue où des conditions de vie plus difficiles qu’ailleurs ne facilitent pas la sédentarisation des ouvriers. Ainsi, il suffit de se présenter au régisseur d’un des grands mas du delta, d’être physiquement apte et de ne pas craindre l’effort pour être embauché aussitôt. De grands domaines viticoles proches de la ville, tels le mas de la Trésorière, le Grand mas de Vert ou les caves Bulher, ont ainsi recruté des ouvriers d’origines très diverses. C’est le cas de Raphaël Schmidt, arrivé de Pologne à la fin des années 1920 avec un contrat d’ouvrier agricole, dont le fils, Maurice, dit qu’il travaille alors “comme une bête, levé dès 4 heures du matin2”. Raphaël Schmidt aide ainsi plusieurs immigrés juifs à trouver du travail, allant jusqu’à héberger plusieurs d’entre eux dans l’appartement qu’il loue rue Laincel, près du pont de Trinquetaille. Comme autrefois, nombre d’ouvriers agricoles logent à Arles, gagnant les mas au petit matin en chemin de fer, en charrette ou à pied. Les juifs qui vont à la synagogue se rendent à Nîmes et, plus rarement, à Marseille. Tous se connaissent, se fréquentent, s’entraident et aiment à parler yiddish lorsqu’ils se
Fausse carte d’identité de Léon Champel. Dès 1941, il fait de la propagande pour le mouvement Libération, puis, à l’arrestation de son chef, Joseph Imbert, il intègre les Mouvements unis de la Résistance. Il devient rapidement faussaire en cartes d’identité et en fabrique plus d’une cinquantaine. Arles, 1943. Coll. CRDA, fonds Léon Champel.
06/05/2014 14:05
DES JUIFS DU PAYS D’ARLES PENDANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE
59
Jean-Claude Duclos
Seuls quelques spécialistes savent qu’une importante communauté juive participe au Moyen Âge de la population arlésienne. Rien ne subsiste de leur existence, ni dans le quartier de Saint-Martin-duMéjean, où l’actuelle rue du Docteur-Fanton s’appelait rue de la Grande-Juiverie, ni à Trinquetaille, où elle y avait sa synagogue et son école talmudique. À Arles comme à Tarascon, les persécutions antisémites deviennent si terribles après l’annexion de la Provence en 1488 qu’elles entraînent la disparition définitive de cette communauté. Les quelques familles juives qui viennent s’installer à Arles par la suite ne sont jamais assez nombreuses pour atteindre un tel degré d’organisation. Certes, dans les années 1960-1970, des rapatriés sépharades envisagent la création d’une synagogue dans le quartier du cirque romain, mais leur initiative n’aboutit pas. Aussi se pose la question de la vie des juifs pendant l’Occupation et, puisqu’aucune étude n’en parle, de leur nombre. Faute d’une recherche qui reste à faire, à l’exception des informations rassemblées plus haut par Robert Mencherini, nous baserons les observations qui suivent sur des témoignages et quelques pièces d’archives1. Les chemins de l’immigration prennent souvent fin là où un emploi se présente. C’est le cas, dans les années 1930, tandis que les juifs d’Europe centrale et du Nord fuient les pogroms. Certains trouvent du travail dans les mas de Camargue ou
mep résistance14-04BAT.indd 58-59
les industries locales, telles les papeteries Étienne ou l’exploitation salinière de Salin-de-Giraud. Dans ces secteurs, les besoins de main-d’œuvre sont alors très forts, d’autant que la mécanisation n’a pas encore véritablement progressé, notamment dans l’agriculture. Ils le sont encore plus en Camargue où des conditions de vie plus difficiles qu’ailleurs ne facilitent pas la sédentarisation des ouvriers. Ainsi, il suffit de se présenter au régisseur d’un des grands mas du delta, d’être physiquement apte et de ne pas craindre l’effort pour être embauché aussitôt. De grands domaines viticoles proches de la ville, tels le mas de la Trésorière, le Grand mas de Vert ou les caves Bulher, ont ainsi recruté des ouvriers d’origines très diverses. C’est le cas de Raphaël Schmidt, arrivé de Pologne à la fin des années 1920 avec un contrat d’ouvrier agricole, dont le fils, Maurice, dit qu’il travaille alors “comme une bête, levé dès 4 heures du matin2”. Raphaël Schmidt aide ainsi plusieurs immigrés juifs à trouver du travail, allant jusqu’à héberger plusieurs d’entre eux dans l’appartement qu’il loue rue Laincel, près du pont de Trinquetaille. Comme autrefois, nombre d’ouvriers agricoles logent à Arles, gagnant les mas au petit matin en chemin de fer, en charrette ou à pied. Les juifs qui vont à la synagogue se rendent à Nîmes et, plus rarement, à Marseille. Tous se connaissent, se fréquentent, s’entraident et aiment à parler yiddish lorsqu’ils se
Fausse carte d’identité de Léon Champel. Dès 1941, il fait de la propagande pour le mouvement Libération, puis, à l’arrestation de son chef, Joseph Imbert, il intègre les Mouvements unis de la Résistance. Il devient rapidement faussaire en cartes d’identité et en fabrique plus d’une cinquantaine. Arles, 1943. Coll. CRDA, fonds Léon Champel.
06/05/2014 14:05
70
LE PAYS D’ARLES SOUS LE RÉGIME DE VICHY
71
RÉSISTER EN PAYS D’ARLES mep résistance14-04BAT.indd 70-71
06/05/2014 14:05
70
LE PAYS D’ARLES SOUS LE RÉGIME DE VICHY
71
RÉSISTER EN PAYS D’ARLES mep résistance14-04BAT.indd 70-71
06/05/2014 14:05
RÉSISTER EN PAYS D’ARLES
92
93
Ouvriers au travail dans les ateliers de la SNCF. Arles, 1943. Photographie Brocarel. Coll. Jacques Vertier.
mep résistance14-04BAT.indd 92-93
06/05/2014 14:05
RÉSISTER EN PAYS D’ARLES
92
93
Ouvriers au travail dans les ateliers de la SNCF. Arles, 1943. Photographie Brocarel. Coll. Jacques Vertier.
mep résistance14-04BAT.indd 92-93
06/05/2014 14:05
114
115
Carte envoyée du camp de Mauthausen par Agustin Garcia Nuviala en mars 1943 à sa famille : “Mes chers parents et frères. Je vais bien et j’espère qu’il en est de même pour vous. Je vous embrasse.” Les consignes de correspondance des prisonniers sont très strictes : 1. Le prisonnier est autorisé à écrire une fois toutes les six semaines (pas plus de vingt-cinq mots, seulement à caractère personnel et familial). Dans la carte réponse, il est permis d’ajouter (coupon réponse international) un timbre devise. 2. Dans les envoi de colis aux prisonniers, il est interdit de joindre des photographies.
mep résistance14-04BAT.indd 114-115
Carte envoyée du camp de Mauthausen par Agustin Garcia Nuviala le 17 décembre 1943 à ses parents : “Mes très chers parents. Je continue à aller bien, espérant la même chose pour vous. Je souhaite recevoir avec impatience de vos nouvelles. Bons souvenirs à tous, tandis que votre fils qui ne vous oublie jamais vous fait ses adieux.”
06/05/2014 14:06
114
115
Carte envoyée du camp de Mauthausen par Agustin Garcia Nuviala en mars 1943 à sa famille : “Mes chers parents et frères. Je vais bien et j’espère qu’il en est de même pour vous. Je vous embrasse.” Les consignes de correspondance des prisonniers sont très strictes : 1. Le prisonnier est autorisé à écrire une fois toutes les six semaines (pas plus de vingt-cinq mots, seulement à caractère personnel et familial). Dans la carte réponse, il est permis d’ajouter (coupon réponse international) un timbre devise. 2. Dans les envoi de colis aux prisonniers, il est interdit de joindre des photographies.
mep résistance14-04BAT.indd 114-115
Carte envoyée du camp de Mauthausen par Agustin Garcia Nuviala le 17 décembre 1943 à ses parents : “Mes très chers parents. Je continue à aller bien, espérant la même chose pour vous. Je souhaite recevoir avec impatience de vos nouvelles. Bons souvenirs à tous, tandis que votre fils qui ne vous oublie jamais vous fait ses adieux.”
06/05/2014 14:06
LES BOMBARDEMENTS
LE PAYS D’ARLES SOUS LE RÉGIME DE VICHY
Georges Carlevan et Marion Jeux
Vue aérienne des bombardements alliés. Arles, août 1944. Photographies de l’armée américaine. Coll. ville d’Arles.
De par leur position stratégique sur le Rhône, Arles et Tarascon subissent à l’approche de l’été 1944 les bombardements de l’aviation alliée, dans la perspective d’un débarquement sur les côtes provençales. Cette opération est évoquée pour la première fois à la conférence de Téhéran en août 1943. À l’origine appelée Anvil (“enclume” en anglais), le nom de cette opération militaire est changé en Dragoon par Winston Churchill, qui s’oppose à ce débarquement et déclare y avoir été “contraint”, dragooned. Le Premier ministre anglais préférerait ouvrir un nouveau front en Italie, afin d’arriver à Berlin avant les Soviétiques. En novembre de la même année, après maintes concertations, le débarquement de Provence devient pourtant une opération majeure, l’une des branches de la tenaille qui doit écraser les forces allemandes, l’objectif étant de libérer les ports de Toulon et de Marseille et de remonter la vallée du Rhône pour effectuer la jonction avec les troupes débarquées en Normandie (opération Overlord). Durant l’été 1944, le pays d’Arles subit les attaques aériennes des Alliés qui préparent le terrain en vue de la Libération. Ces bombardements visent essentiellement les installations militaires allemandes et les voies de communication (ponts, gares et voies ferrées) pour couper d’éventuels renforts ou toute possibilité de retraite. Or, les villes d’Arles et de Tarascon sont situées sur le Rhône et
mep résistance14-04BAT.indd 120-121
constituent des nœuds ferroviaires importants ; elles occupent à ce titre une position stratégique.
LA DÉFENSE PASSIVE Dès le début de l’année 1944, les alertes se multiplient. La défense passive, mise en place au début de la guerre en prévision d’éventuels bombardements allemands, est surtout effective lors des bombardements alliés. Arles est quadrillée en dix secteurs, avec un poste de commandement à l’hôtel de ville. Chaque secteur compte des îlots avec un chef, des agents de liaison et des équipes de déblaiement. L’ensemble mobilise environ cent quatre-vingts personnes, qui se répartissent en trois services. La Croix-Rouge, d’abord installée au collège Frédéric Mistral puis au musée lapidaire dans la chapelle Saint-Anne, équipe les ambulances, aide au transport et à la distribution de nourriture et de soins dans les abris. Le service sanitaire, dirigé par un médecin-chef, dispose de cinq postes de secours et de trois ambulances. Enfin, des équipes de déblaiement sont coordonnées par un entrepreneur de travaux publics. Dès que l’alerte est donnée, les sapeurs-pompiers se tiennent prêts à intervenir. Il existe trois types d’abri : les abris collectifs à grande capacité (1 000 personnes pour
06/05/2014 14:06
LES BOMBARDEMENTS
LE PAYS D’ARLES SOUS LE RÉGIME DE VICHY
Georges Carlevan et Marion Jeux
Vue aérienne des bombardements alliés. Arles, août 1944. Photographies de l’armée américaine. Coll. ville d’Arles.
De par leur position stratégique sur le Rhône, Arles et Tarascon subissent à l’approche de l’été 1944 les bombardements de l’aviation alliée, dans la perspective d’un débarquement sur les côtes provençales. Cette opération est évoquée pour la première fois à la conférence de Téhéran en août 1943. À l’origine appelée Anvil (“enclume” en anglais), le nom de cette opération militaire est changé en Dragoon par Winston Churchill, qui s’oppose à ce débarquement et déclare y avoir été “contraint”, dragooned. Le Premier ministre anglais préférerait ouvrir un nouveau front en Italie, afin d’arriver à Berlin avant les Soviétiques. En novembre de la même année, après maintes concertations, le débarquement de Provence devient pourtant une opération majeure, l’une des branches de la tenaille qui doit écraser les forces allemandes, l’objectif étant de libérer les ports de Toulon et de Marseille et de remonter la vallée du Rhône pour effectuer la jonction avec les troupes débarquées en Normandie (opération Overlord). Durant l’été 1944, le pays d’Arles subit les attaques aériennes des Alliés qui préparent le terrain en vue de la Libération. Ces bombardements visent essentiellement les installations militaires allemandes et les voies de communication (ponts, gares et voies ferrées) pour couper d’éventuels renforts ou toute possibilité de retraite. Or, les villes d’Arles et de Tarascon sont situées sur le Rhône et
mep résistance14-04BAT.indd 120-121
constituent des nœuds ferroviaires importants ; elles occupent à ce titre une position stratégique.
LA DÉFENSE PASSIVE Dès le début de l’année 1944, les alertes se multiplient. La défense passive, mise en place au début de la guerre en prévision d’éventuels bombardements allemands, est surtout effective lors des bombardements alliés. Arles est quadrillée en dix secteurs, avec un poste de commandement à l’hôtel de ville. Chaque secteur compte des îlots avec un chef, des agents de liaison et des équipes de déblaiement. L’ensemble mobilise environ cent quatre-vingts personnes, qui se répartissent en trois services. La Croix-Rouge, d’abord installée au collège Frédéric Mistral puis au musée lapidaire dans la chapelle Saint-Anne, équipe les ambulances, aide au transport et à la distribution de nourriture et de soins dans les abris. Le service sanitaire, dirigé par un médecin-chef, dispose de cinq postes de secours et de trois ambulances. Enfin, des équipes de déblaiement sont coordonnées par un entrepreneur de travaux publics. Dès que l’alerte est donnée, les sapeurs-pompiers se tiennent prêts à intervenir. Il existe trois types d’abri : les abris collectifs à grande capacité (1 000 personnes pour
06/05/2014 14:06
164
ABRÉVIATIONS OU SIGLES
165
Marie-José Bouche
AD : Archives départementales ADAC : Association des anciens des Chantiers de jeunesse AM : Archives municipales ANACR : Association nationale des anciens combattants de la résistance AN : Archives nationales ANOM : Archives nationales d’outre-mer APC : Assemblée provisoire consultative AS : Armée secrète BCRA : Bureau central de renseignement et d’action CAS : Comité d’action socialiste CDL : Comité départemental de libération CFL : Corps francs de la libération CGQJ : Commissariat général aux questions juives CGT : Confédération générale du travail CIMADE : Comité intermouvement auprès des évacués CLL : Comité local de libération CNR : Conseil national de la résistance CRDA : Centre de la Résistance et de la Déportation d’Arles et du Pays d’Arles CTE : Compagnie des travailleurs étrangers DCA : Défense contre les avions DFL : Division française libre FFI : Forces françaises de l’intérieur FFL : Forces françaises libres FN : Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France FNDIRP : Fédération nationale des déportés, internés, résistants et patriotes
mep résistance14-04BAT.indd 164-165
FTPF : Francs-tireurs et partisans français GMR : Groupes mobiles de réserve GPRF : Gouvernement provisoire de la République française GTE : Groupement des travailleurs étrangers LFC : Légion française des combattants LVF : Légion des volontaires français contre le bolchevisme MLN : Mouvement de libération nationale MOI : Main-d’œuvre indigène (ou main-d’œuvre indochinoise) MOI : Main-d’œuvre immigrée (mouvement de résistance) MP : Milices patriotiques MUR : Mouvements unis de la résistance NAP : Noyautage des administrations publiques OPA : Office de placement allemand ORA : Organisation de résistance de l’armée OS : Organisation spéciale (du PCF) OSS : Office of Strategic Service PPF : Parti populaire français PSF : Parti social français, puis Progrès social français ROP : Recrutement organisation propagande SEC : Section d’enquête et de contrôle SFI : Section française de l’internationale ouvrière SOE : Special Operation Executive SOL : Service d’ordre légionnaire SR : Service de renseignements STO : Service du travail obligatoire UJRE : Union des juifs pour la Résistance et l’Entraide UPI : Union populaire italienne
06/05/2014 14:07
164
ABRÉVIATIONS OU SIGLES
165
Marie-José Bouche
AD : Archives départementales ADAC : Association des anciens des Chantiers de jeunesse AM : Archives municipales ANACR : Association nationale des anciens combattants de la résistance AN : Archives nationales ANOM : Archives nationales d’outre-mer APC : Assemblée provisoire consultative AS : Armée secrète BCRA : Bureau central de renseignement et d’action CAS : Comité d’action socialiste CDL : Comité départemental de libération CFL : Corps francs de la libération CGQJ : Commissariat général aux questions juives CGT : Confédération générale du travail CIMADE : Comité intermouvement auprès des évacués CLL : Comité local de libération CNR : Conseil national de la résistance CRDA : Centre de la Résistance et de la Déportation d’Arles et du Pays d’Arles CTE : Compagnie des travailleurs étrangers DCA : Défense contre les avions DFL : Division française libre FFI : Forces françaises de l’intérieur FFL : Forces françaises libres FN : Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France FNDIRP : Fédération nationale des déportés, internés, résistants et patriotes
mep résistance14-04BAT.indd 164-165
FTPF : Francs-tireurs et partisans français GMR : Groupes mobiles de réserve GPRF : Gouvernement provisoire de la République française GTE : Groupement des travailleurs étrangers LFC : Légion française des combattants LVF : Légion des volontaires français contre le bolchevisme MLN : Mouvement de libération nationale MOI : Main-d’œuvre indigène (ou main-d’œuvre indochinoise) MOI : Main-d’œuvre immigrée (mouvement de résistance) MP : Milices patriotiques MUR : Mouvements unis de la résistance NAP : Noyautage des administrations publiques OPA : Office de placement allemand ORA : Organisation de résistance de l’armée OS : Organisation spéciale (du PCF) OSS : Office of Strategic Service PPF : Parti populaire français PSF : Parti social français, puis Progrès social français ROP : Recrutement organisation propagande SEC : Section d’enquête et de contrôle SFI : Section française de l’internationale ouvrière SOE : Special Operation Executive SOL : Service d’ordre légionnaire SR : Service de renseignements STO : Service du travail obligatoire UJRE : Union des juifs pour la Résistance et l’Entraide UPI : Union populaire italienne
06/05/2014 14:07
RÉSISTER EN PAYS D’ARLES ACTES SUD / ASSOCIATION DU MUSÉE DE LA RÉSISTANCE ET DE LA DÉPORTATION D’ARLES ET DU PAYS D’ARLES
9 782330 032173
www.actes-sud.fr ISBN : 978-2-330-03217-3 Prix : 32 € TTC France Dépôt légal : juin 2014
RÉSISTER EN PAYS D’ARLES 1944-2014, 70e anniversaire de la Libération
RÉSISTER EN PAYS D’ARLES 1944-2014, 70e anniversaire de la Libération ACTES SUD / ASSOCIATION DU MUSÉE DE LA RÉSISTANCE ET DE LA DÉPORTATION D’ARLES ET DU PAYS D’ARLES
Tandis que la France se soumet à la victoire nazie, le maréchal Pétain met en application sa “Révolution nationale”. Le pays d’Arles doit en être un laboratoire. Charles Maurras, le leader incontesté de la très royaliste Action française, salue l’arrivée du Maréchal comme “une divine surprise” et les traditions célébrées par le Félibrige sont reconnues porteuses des “vraies valeurs” qui doivent régénérer la France. Aussi est-ce avec zèle que Jean des Vallières, le sous-préfet d’Arles, met en application les lois de Vichy. Les trois quarts des maires sont remplacés par des délégations acquises au nouveau régime et, comme ailleurs en zone “libre”, les administrations sont épurées et les syndicats interdits, la classe ouvrière est étroitement surveillée, les lois d’exclusion contre les juifs, les communistes, les francs-maçons et les Tsiganes sont appliquées à la lettre... Or rien, ou presque, ne va se passer comme prévu. À la faveur du mouvement syndical ouvrier clandestin, la Résistance s’organise et multiplie les actions de propagande, de renseignement puis de lutte armée. Une autre forme de Résistance se développe activement : celle des Arlésiens qui portent secours aux réfugiés juifs et celle de la communauté protestante qui, dès septembre 1942, s’oppose vigoureusement aux mesures antisémites. En dépit de bombardements répétés et de cruelles répressions, la Résistance du pays d’Arles tient bon et parvient non seulement à libérer elle-même son territoire, en août 1944, mais à y rétablir aussitôt le fonctionnement républicain.