Pour Enzo et Mathis.
Directeur de création : Kamy Pakdel Assistante éditoriale : Alma Adilon-Lonardoni Maquette : Christelle Grossin © Actes Sud, 2020 – ISBN 978-2-330-13314-6 Loi 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. Reproduit et achevé d’imprimer en mars 2020 par l’imprimerie Grafiche AZ pour le compte des éditions ACTES SUD, Le Méjan, Place Nina-Berberova, 13200 Arles Dépôt légal 1re édition : avril 2020 – Imprimé en Italie
Sébastien Mourrain
ACTES SUD junior
7 heures du matin, il est l’heure pour Louis de se lever. Hector, son majordome, prépare son petit-déjeuner : des céréales dans un nuage de lait, et un grand jus de papaye frais.
8 heures, Louis fait sa toilette de chat, puis il part à l’école.
À son retour à 17 heures, Mme Alegro lui donne une leçon de piano.
Ă€ 18 heures, M. Lee lui enseigne le mandarin.
Ă€ 19 heures, il rejoint M. Conor pour son cours de tennis.
À 20 heures, après la douche, il est l’heure de dîner. M. Picasse, le chef étoilé, mitonne le plat préféré de Louis : des coquillettes à la truffe. Une fois sorti de table, Louis peut retrouver ses parents. Hector allume l’ordinateur en mode visioconférence. Ils sont en Papouasie, pour le travail. Il fait chaud là-bas. C’est très loin. Louis leur raconte sa journée. Ils sont fiers de leur fils et lui destinent une grande carrière. 21 heures : la journée est finie. Louis peut enfin se coucher. Il s’endort en pensant à ses parents : quelle heure est-il en Papouasie ?
Le lendemain, il est l’heure de se lever... Mais aujourd’hui, Louis est fatigué.
Il traîne devant son bol de céréales,
il traîne pour s’habiller, pour brosser ses dents et faire son sac.
“Nous allons être en retard, Monsieur”, dit Hector. Sans dire un mot, avec la mine des jours pluvieux, Louis se traîne jusqu’à la limousine.
Hector remarque le regard triste de Louis dans le rétroviseur. Arrivé devant l’école, voilà qu’il fait demi-tour.
La grosse cylindrée débaroule dans la ville… Virage à droite, virage à gauche, épingle à cheveux, grande ligne droite, et finalement, elle vient se garer devant l’entrée d’un grand parc.
“Aujourd’hui, Monsieur Louis, c’est l’école buissonnière”, dit Hector en ouvrant la portière. Louis sort de la voiture et se dirige d’un pas lent vers une imposante porte en fer forgé.
Ils marchent un peu et arrivent au pied d’une grande serre. Ils pénètrent tous les deux dans l’immense abri de verre et d’acier. Le sol est chaud et l’air humide, comme dans une jungle équatoriale. Louis sent le parfum de la terre et des fleurs exotiques.
Hector est un habitué des lieux. Il lui explique d’où viennent les plantes, les arbres, les fleurs… Il lui enseigne aussi comment tenir en équilibre sur un arbre, comment jouer de la musique avec une feuille, ou comment reconnaître les plantes vénéneuses. Il lui apprend à construire une sarbacane avec des bambous et lui montre aussi comment se cacher. Il est le roi du camouflage. Louis n’en croit pas ses yeux. Hector est un vrai aventurier.
Entraînés dans leur aventure, ils grimpent aux arbres noueux du Guatemala,
attrapent les lianes d’Amazonie,
ĂŠvitent les plantes carnivores
et les cactus de TehuacĂĄn.
À l’abri des regards, Hector cueille par terre trois petites graines et les tend à Louis : “Tenez, Monsieur Louis : c’est pour vous.”
Louis et Hector retournent à la limousine, leurs pieds pleins de terre et leurs chemises salies. Hector s’approche de Louis, sort un mouchoir et lui nettoie rapidement le visage.
Sitôt rentrés, ils se mettent au travail. Hector récupère un pot et y place un peu de terre.
Louis dépose délicatement les graines au fond du pot. Il arrose un petit peu. Puis ils attendent. Vingt minutes, rien ne se passe. Une heure, toujours rien... Deux heures... Fatigués de leur journée, Hector et Louis s’endorment. La nuit passe et, au petit matin...
… Louis est réveillé doucement par les caresses d’une feuille. La plante a poussé toute la nuit. Elle est si grande qu’on dirait une jungle !
Avec tout ce que lui a appris Hector, Louis sait ce qu’il lui reste à faire. Il grimpe aux arbres pour aller jusqu’à la salle de bains,
ĂŠvite les plantes carnivores pour se laver les dents,
et fait son sac en ĂŠquilibre sur une branche.
C’est l’heure d’aller à l’école. Avant de quitter la maison, Louis se retourne une dernière fois. Vous me croirez si vous voulez, mais la plante qui ondule doucement derrière les fenêtres, Louis en est sûr, c’est une fleur de Papouasie.