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Quand le monde s’arrête de tourner

En ces temps plus que troublés, il était naturel de se tourner vers le meilleur connaisseur de la chose automobile en Suisse. Ces quelques réflexions de Claude Sage, fondateur de Honda Suisse et président d’honneur du Salon de Genève, ont été recueillies le 2 mars et le 18 mars derniers. Par Pierre Thaulaz

AUTO: Ce Salon n’avait jamais été annulé, sauf en période de guerre?

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Claude Sage : Exactement.

C’est un événement incroyable?

Incroyable non, plutôt une sage mesure de précaution prise à la suite des décisions des autorités fédérales. Mais il est évident en même temps que c’est un gros problème économique pour Genève, parce que ce Salon représente des retombées directes et indirectes importantes. Et puis pour les exposants aussi. Imaginez, le Salon était pratiquement construit, il a donc fallu tout arrêter et tout démonter. D’autre part, c’était un Salon qui devait amener un nouveau concept. Le directeur, Olivier Rihs, avait cherché à innover dans bien des domaines.

Les changements annoncés, la piste d’essai pour les véhicules alternatifs, c’était un bon virage?

Oui, d’autant plus que la halle 7 n’était plus trop fréquentée par les accessoiristes. A la différence avec les Salons de Paris ou Francfort, l’idée était de proposer un lieu d’essai. Je me souviens des Salons de Genève à succès d’antan, quand on disposait d’une piste d’essai pour les clients, à Cologny. Evidemment, les temps ont changé, la ville a changé, le trafic a changé, la fréquentation a changé, mais cette piste d’essai était un plus.

Les Salons traditionnels étaient déjà menacés. Ce virus les fragilise encore plus?

Paris et Francfort ont quand même du plomb dans l’aile. Ils ne tiennent que par les constructeurs nationaux, respectivement français et allemands. La Suisse n’ayant pas de constructeurs, le danger est plus grand. Par contre, le Salon de Genève a cette réputation de Salon international de début de saison, et ça reste un acquis.

Votre vision d’avenir?

Pour sauver le Salon, hormis les conséquences financières de l’annulation pour Palexpo et pour les exposants, c’est sur les constructeurs qu’il faut porter l’attention et leur donner principalement la possibilité de se présenter à la presse. Le public n’est intéressant que pour les importateurs et les concessionnaires et, pour eux, une piste d’essai est un plus car elle met l’utilisateur au contact du produit dans des circonstances proches du réel. Pour les constructeurs, ce sont les milliers de représentants des médias qui sont importants. Dès lors, il faut réfléchir au concept du Salon. Est-ce nécessaire de maintenir une durée de 11 jours publics et des stands à la taille et à la décoration extrêmement coûteuses, ou ne serait-il pas mieux d’envisager un Salon «professionnel» de deux jours de presse et un ou deux jours concessionnaires ? Si tel devait être le cas, la piste d’essai n’aurait plus de sens car les journalistes ont d’autres occasions et d’autres méthodes pour tester une voiture. Alors que faire ? Poursuivre la tradition et s’exposer au retrait des constructeurs ou innover et les attirer davantage ? Je crois plus à la seconde alternative qu’à la première.

POUR SAUVER LE SALON, C’EST

SUR LES CONSTRUCTEURS QU’IL

FAUT PORTER L’ATTENTION ET LEUR DONNER PRINCIPALEMENT LA POSSIBILITÉ DE SE PRÉSENTER À LA PRESSE.

C’est une époque un peu déstabilisante. Comment la jugez-vous, avec votre expérience de la vie?

Oui, c’est très spécial. C’est d’autant plus spécial qu’au fond on ne sait pas grand-chose.

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