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Ferrari SF90 : le Cavallino puissance 1000

Le Cavallino puissance 1000 !

Du côté de Maranello, la vie est de toute évidence loin d’être un long fleuve tranquille, preuve en est cette perpétuelle quête de perfection, de beauté et de puissance, dont les limites semblent si lointaines

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qu’elles paraissent imperceptibles. Par Gérard Vallat | Photos Antoine Truchet

En créant la SF90, en pleine chasse aux sorcières thermiques, Ferrari a réussi le tour de force avec cette version «Assetto Fiorano» de proposer à ses clients une voiture disposant d’une fière cavalerie de 1000 chevaux, dont la moindre des qualités est de remplir le cahier des charges de l’écologie. Comment ? Eh bien tout simplement par le biais de cette nouvelle magie nommée hybridation. Par la grâce de cet artifice, notre Ferrari a reçu une greffe de trois moteurs électriques, développant ensemble 220 chevaux.

Un fier attelage parfaitement silencieux, utilisable en zone urbaine, et au-delà, étant donné que cette technologie permet d’atteindre la vitesse de 130 km/h. Sur ce mode électrique, cette magnifique Ferrari SF90 se glisse tout en souplesse dans le trafic, sans aucun bruit, en ne consommant que quelques kilowatts. Presque discrète… mais on ne s’y trompe pas, cette fille de Maranello est actuellement la version la plus performante produite par la marque. Et quand on parle de discrétion, on pourrait presque évoquer celle de ses lignes. Bien sûr, il s’agit d’une Ferrari, et passer inaperçu à son volant reste mission impossible. Pourtant, rien d’extérieur ne laisse soupçonner quelle monstruosité mécanique se cache sous le capot de cette très belle voiture. Visuellement, aucun élément aérodynamique ostentatoire ne trahit les performances de cette Ferrari aux lignes galbées, d’une pureté plutôt rassurante. En fait, cette sainte-nitouche à la sagesse incarnée se révèle être une autre espèce d’hybride, celle mêlant un Dr. Jekyll à Mr. Hyde, version roulante.

PRESQUE ACCESSIBLE

On ne va pas se mentir, sous cet intertitre quelque peu aguicheur se dissimule une vérité relative à l’accessibilité toujours conditionnée par le volume du compte en banque de l’acquéreur. Pourtant, il a tout de même du sens, car la Ferrari SF90 n’étant pas une Hypercar de la lignée F40, F50, Enzo et plus récemment LaFerrari, elle reste financièrement « abordable ». À rajouter également que, à ce jour, elle est bien la Ferrari la plus performante et la plus rapide. Venons-en au prix, puisqu’il paraît que c’est un élément important dont nous devons parler ! Il se situe tout de même aux environs du demi-million de nos francs, auquel on ajoutera la liste d’options qui conviendra à chaque acquéreur. Sachant que LaFerrari se vendait en 2013 près de 1,5 mio, cela reste presque une affaire. L’explication de cette différence de prix se trouve dans le fait que nous parlons bien d’une voiture de production « courante », alors que les Hypercars telles que définies ne sont produites qu’en éditions limitées. Ce qui sera le cas de la prochaine Ferrari 812 Compétizione, moins performante, mais équipée d’un moteur V12 aspiré, contrairement à la SF90 qui se « contente » d’un V8 turbocompressé. Et pour conclure sur ce sujet Hypercar, il se murmure dans les milieux informés que la prochaine Ferrari de cette classe descendra en droite ligne de sa grande sœur alignée prochainement en compétition, dans la nouvelle catégorie baptisée Hypercar. Ben oui, cela semble pourtant limpide. Affaire à suivre.

UN NOM QUI TRAHIT DES AMBITIONS

Les connaisseurs savent exactement à quoi se réfère le nom SF90 de cette Ferrari. Pour les autres – mais existent-ils ? –, on précisera qu’il s’agi t du patronyme de la Formule 1 engagée en championnat du

«LA FERRARI SF90 N’ÉTANT PAS UNE HYPERCAR DE LA LIGNÉE F40, F50, ENZO ET PLUS RÉCEMMENT LAFERRARI, ELLE RESTE FINANCIÈREMENT «ABORDABLE».

monde 2019, pilotée par Charles Leclerc et Sébastian Vettel. Avec cette appellation, voilà une première bonne raison, virtuelle mais historique, de balayer cette impression « ordinaire » du visuel de notre SF90 Assetto Fiorano. La seconde raison, bien réelle celle-là, se trouve tout au fond du compartiment moteur, où se loge en position centrale arrière le V8 bi-turbo 4 litres, développant 780 chevaux. L’indication «tout au fond» n’est absolument pas anodine, puisqu’elle désigne la position très basse du propulseur, contribuant à améliorer le centre de gravité. Entre le moteur et la boîte de vitesses, à double embrayage et huit rapports, est placé un des trois moteurs électriques. Les deux autres étant logés sur l’essieu avant de la voiture. Une architecture qui fait de la Ferrari SF90 Assetto Fiorano une parfaite quatre roues motrices. Au volant, faire démarrer une telle voiture en mode tout électrique reste une expérience presque déroutante. Avec son mode eDrive, la SF90 Suite page suivante

est capable de prendre la route pour parcourir jusqu’à 25 kilomètres, tout en souplesse, avec la puissance disponible de 220 chevaux, dans le silence de ses trois moteurs électriques. Grand argument à relever concernant la « vie électrique » de cette Ferrari : la procédure de recharge au travers du moteur thermique permet de récupérer toute l’autonomie de la batterie après seulement 40 minutes de roulage. De quoi ne pas être suspendu à l’obligation trop fréquente de repasser par la case borne de recharge.

Une fois testé ce premier mode, vient ensuite le moment le plus attendu, le meilleur aussi, celui de l’éveil du V8 associé à ses alliés électriques, pour ressentir sous le pied, dans le bas du dos et surtout dans les oreilles le déchaînement des 1000 chevaux Ferrari. Indescriptible, il n’y a pas assez de mots ! Plusieurs raisons à cela : cet essai, trop bref, s’est déroulé sur route, ce qui limite énormément le plaisir, donc sa description. D’ailleurs, au vu des limitations de vitesses, on aurait pu se contenter de rester en version tout électrique, puisqu’elle permet déjà de dépasser la vitesse maximale autorisée de 120 km/h. Quelle tristesse ! Néanmoins, sans frôler la barrière des risques d’emprisonnement générés par Via Sicura, il est reste toujours la possibilité de

taquiner l’accélérateur, afin de ressentir la puissance incroyable de cette folle cavalerie. L’ergonomie du poste de pilotage est parfaite, ce qui contribue au ressenti de facilité de conduite procuré par cette Ferrari. En déchaînant les 1000 chevaux, les quatre roues motrices libèrent la cavalerie, sans laisser le moindre canasson à l’écurie. Cela grâce au grip phénoménal généré par les quatre roues motrices et la gestion électronique de chaque moteur électrique, qui régule la puissance nécessaire en fonction de chaque virage, et de la manière dont il est négocié. En version claire, cela signifie que la Ferrari SF90 est capable de corriger un sous-virage, ou une maladresse du conducteur.

Finalement, pour apprécier complètement les capacités technologiques hors normes d’une telle voiture, il faudrait pouvoir l’utiliser sans contraintes, ce qui n’est possible que sur un circuit. Mais cela nécessiterait alors que le conducteur soit lui aussi capable d’exploiter cette merveille. Ceci restant une autre histoire. Pour conclure en rendant les clefs de ce bijou à son propriétaire, nous le remercions de sa confiance, en souhaitant que vous, lecteurs, ayez trouvé quelque plaisir à découvrir les images et quelques histoires relatives à cette Ferrari SF90 Assetto Fiorano.

CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES

Moteur thermique V8 4.0 litres bi-turbo Puissance 780 Ch à 7500 tr/min. Couple maxi 800 Nm à 6000 tr/min. Moteurs électriques Deux à l’avant – un à l’arrière Puissance 220 Ch Batterie 7,9 kWh Autonomie électrique 25 km Transmission Traction intégrale Boîte de vitesses Automatique - double embrayage à 8 rapports Longueur | Largeur 4,71 m | 1,97 m Hauteur | Poids 1,19 m | 1570 kg 0-100 km/h 2,5 secondes (0-200 km/h 6,7 sec) Vitesse maxi 340 km/h

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