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Comparer des pommes avec des pommes

«Il faut comparer des pommes avec des pommes»

Dans nos régions, quand on veut savoir combien quelqu’un mesure, l’on utilise le mètre et les centimètres. Quand on veut savoir combien quelqu’un pèse, l’on prend comme référence les kilos et les grammes. Pour l’énergie, ce sont les kilowattheures qui nous permettent de mesurer, de comparer le prix de l’énergie.

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Jérôme s’est pesé ce matin et sa balance électronique lui a dit : «Une personne à la fois». Il a enlevé la batterie et il est allé acheter une balance mécanique. «De toute façon, se dit-il, ils n’ont rien compris. Je ne suis pas trop lourd, je suis juste trop petit par rapport à mon poids ; j’ai donc décidé de grandir !» Un peu de sérieux : quelle est la seule référence ou valeur à utiliser quand quelqu’un veut savoir combien il paye l’énergie qu’il utilise pour se chauffer, s’éclairer ou cuisiner (électricité, gaz, mazout, bois, propane, etc.) ? L’unité de référe nce est le kWh.

QU’EST-CE QU’UN KILOWATTHEURE ?

Il mesure la quantité d’énergie utilisée par un appareil ou moteur pendant une période donnée : la production de 1000 watts (1 kilowatt) durant 3600 secondes (une heure). Un kilowattheure, c’est 25 ampoules à 40 watts qui illuminent une pièce durant une heure ou bien quand Jérôme est dans un fitness sur son vélo pour faire du «spinning» et qu’il règle une «résistance» de 200 watts. Il arrive probablement à pédaler durant 20 minutes. Puis, il est épuisé.

KWH : À NE PAS CONFONDRE AVEC LE KILOWATT (KW)

Le kW définit la puissance d’un appareil ou d’un moteur. Quand un moteur développe une puissance de 100 kW, cela correspond à 136 Ch. Quand les Services industriels envoient à Jérôme la facture de sa consommation en électricité ou en gaz, ils calculent le nombre de kWh multiplié par le prix du kWh. Jérôme habite la Riviera vaudoise et il consomme environ 3000 kWh d’électricité pour sa maison. Il paye 24 centimes par kWh pour son électricité. Cela fait donc 720 francs d’électricité par an. Pour son chauffage au gaz, il paye 11 centimes par kWh. Il utilise environ 12 000 kWh par an pour se chauffer. Cela correspond à 1320 francs de frais de chauffage par an.

LA NATURE A BIEN FAIT LES CHOSES : 1 LITRE DE MAZOUT CONTIENT 10,5 KWH D’ÉNERGIE

Pour faciliter le calcul suivant, il est bon d’arrondir à 10 kWh/litre. La conversion est très facile : si Jérôme paye 85 francs pour 100 litres de mazout, cela équivaut à 8,5 centimes/kWh. Quand le mazout coûte 120 francs pour 100 litres, les gens disent : c’est affreusement cher, le mazout. En même temps, ils payent, de longue date,

COMPARAISON DU PRIX DE L’ÉNERGIE EN SUISSE

LES PRIX DE L’ESSENCE À LA POMPE (SP 95) (moyenne mensuelle, TVA comprise)

plus de 20 centimes le kWh en électricité. Donc si le mazout devait coûter le même prix que l’électricité, il devrait être facturé à plus de 200 francs pour 100 litres. Cela n’a jamais été le cas, à ce jour (voir tableau comparaison du prix de l’énergie 19902022). Jérôme convertit les 12 000 kWh de méthane (vendu en Suisse sous l’appellation «gaz naturel») pour se chauffer en «équivalent mazout». Il a donc brûlé environ 1200 litres de mazout.

COMBIEN VA COÛTER L’ÉNERGIE DANS LE FUTUR ?

Nul peut répondre à cette question. Tout ce que l’on peut faire est de regarder dans le rétroviseur. La durée de vie moyenne d’un chauffage en Suisse est de 20 ans. C’est donc une décision «à long terme», et il est important de prendre la bonne. Elle dépend de beaucoup de facteurs qui seront développés dans un autre article plus en détail.

Admettons qu’une maison individuelle nécessite, pour produire la chaleur et l’eau chaude sanitaire, 3000 litres «d’équivalent mazout» par an, donc 30 000 kWh d’énergie. Ces 30 000 kWh ont un prix. Ce prix est à multiplier par l’énergie avec laquelle cette chaleur et cette eau chaude ont été produits. Prenons 3 villas jumelles où le propriétaire 1 a choisi, il y a 20 ans, d’installer un chauffage électrique, le propriétaire 2 s’est raccordé au réseau du gaz et le propriétaire 3 a fait installer une citerne avec un chauffage au mazout.

Sur le tableau de la page de gauche, l’on peut voir que le propriétaire de la villa chauffée à l’électricité a dû payer entre 13 et 18 centimes par kWh par an (15 centimes en moyenne) sur les derniers 20 ans, donc 4500 francs par an (0,15 x 30 000 kWh). Le propriétaire 2 qui utilise le gaz, a payé entre 6 et 10 centimes par kWh sur ces derniers 20 ans (8 centimes en moyenne). Donc 2100 francs par an (0,08 x 30 000 kWh). Par rapport au propriétaire 1 qui a un chauffage électrique, il a économisé 2100 francs par an (42 000 francs sur 20 ans). Le propriétaire 3, qui a choisi le mazout pour se chauffer et pour produire son eau chaude sanitaire, a payé entre 4 et 8 centimes par kWh (6 centimes en moyenne) sur ces derniers 20 ans, donc 1800 francs par an (0,06 x 30 000 kWh). Par rapport au propriétaire 1, qui a un chauffage électrique, il a économisé 2700 francs par an (54 000 francs sur 20 ans). Par rapport au propriétaire 2, qui est chauffé au gaz, il a économisé 600 francs par an (12 000 francs sur 20 ans). Il est évident que cette comparaison ne tient pas compte de tous les frais annexes (pour le gaz et le mazout, il s’agit des frais de ramonage, entretien du brûleur, etc.). Pour le gaz, en plus : la location du compteur, les taxes de puissance. Pour le mazout, en plus : révision de la citerne tous les 10 ans, etc.

COMMENT LE PRIX DU CARBURANT SE COMPOSE-T-IL ?

Régulièrement, les prix de l’essence à la pompe font parler d’eux. Comment sont-ils calculés ? Quels facteurs les influencentils ? L’exemple d’une station-service suisse, choisie au hasard, en explicite les principaux éléments. Quelque 75 % des carburants utilisés chez nous sont importés sous forme de produits finis ; environ 25 % sont produits par la raffinerie de Cressier.

Une grande partie des importations emprunte l’axe rhénan et arrive à Bâle. Ces produits finis proviennent de raffineries situées le long du Rhin et dans la zone Amsterdam, Rotterdam, Anvers (ARA). La zone ARA compte parmi les centres internationaux les plus importants pour le négoce de pétrole et de produits finis. Elle joue également un rôle déterminant dans la fixation des prix sur le marché suisse et donc des prix à la pompe.

COMPOSITION DU PRIX DE L’ESSENCE

Le prix de l’essence se compose de trois blocs principaux : les coûts d’approvisionnement sur le marché international du pétrole, y compris le fret jusqu’à la frontière suisse, les taxes étatiques et de droit public, ainsi que les coûts de distribution.

• Les taxes étatiques constituent environ 50 % du prix. Les taxes fixes que constituent l’impôt sur les huiles minérales, la surtaxe sur les huiles minérales et les redevances d’importation enchérissent l’essence d’environ 85 centimes par litre.

À noter que chaque augmentation profite également à l’État avec l’effet de levier que représente la TVA.

• Les coûts d’approvisionnement et de fret variables influencent aussi en grande partie le prix des carburants. Le niveau du prix d’achat des carburants varie constamment, déterminé en premier lieu par le prix du pétrole brut sur les marchés internationaux. C’est pourquoi on ressent les effets d’évènements internationaux à la station-service. Les carburants et les produits pétroliers se négocient en général en dollars américains, ce qui fait que des fluctuations se font directement sentir sur les prix à la pompe. Environ la moitié des carburants sont importés par le Rhin. Un niveau d’eau trop bas entraîne une augmentation des prix du fret, les barges étant contraintes de charger de plus faibles cargaisons.

• Les coûts de distribution comprennent l’ensemble des dépenses qui incombent aux entreprises pétrolières lors de la distribution des carburants en Suisse, par exemple les coûts de stockage, de transport, de logistique, de marketing, l’amortissement des stations-service, etc. La concurrence s’applique parfaitement entre les entreprises – il suffit pour s’en convaincre d’observer les différences parfois importantes entre les prix locaux en station-service.

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