Janvier 2018
Destinations
Adventist World fait peau neuve nigeria
Couverture Elizabeth Ubani-Ebere fréquente l’église adventiste d’Isolo, dans l’État de Lagos, au Nigeria. Sage-femme maintenant à la retraite, elle enseigne dans sa collectivité les choix à faire pour un mode de vie sain. Gideon, son mari, est directeur des communications à la Fédération de Lagos atlantique. Que préfère-t-elle en tant qu’adventiste ? « J’aime étudier la Parole de Dieu avec les gens. » – La rédaction PHOTO DE COUVERTURE : David B. Sherwin
Le nouveau design de Adventist World implique de nombreux changements, dont la couverture de cette revue internationale mensuelle. Sur chaque couverture, vous découvrirez un membre de notre famille mondiale – un reflet, en quelque sorte, des nombreuses régions et des différents endroits où des adventistes habitent, aiment et servent leurs collectivités. Faites donc connaissance, d’un mois à l’autre, avec votre famille !
Sous les projecteurs 10 La terre est au Seigneur 14 Éduquer ! Éduquer ! Éduquer ! La Parole 24 À la découverte de l’Esprit de prophétie 26 Méditation Mon Église 16 Perspective mondiale 20 Ce que nous croyons Une foi vivante 18 La foi en action 22 Place aux jeunes 23 Santé et bien-être 28 « Je vais vous raconter… » 30 Foi en herbe – le coin des enfants
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n grand et bon peuple mérite une revue qui lui ressemble, n’est-ce pas ? Vous tenez entre vos mains l’édition réinventée, que dis-je, la refonte complète de la revue Adventist World. Pendant les 12 dernières années, ce journal mondial unique de l’Église adventiste a insufflé l’espérance et le courage à des millions de croyants dans plus de 160 pays, unissant leurs histoires et leur passion en vue du retour imminent de Jésus. Au nombre des publications religieuses les plus largement distribuées dans le monde, Adventist World continue de poursuivre l’objectif de James White – le fondateur des publications adventistes il y a 168 ans. Son premier journal, intitulé Present Truth, fut conçu, écrivait-il, pour rassembler le « troupeau dispersé ». Ellen White, messagère du Seigneur pour ce mouvement, prédit « que de ce petit commencement des flots de lumière inonderaient le monde ». En 1849, le « troupeau dispersé » comptait moins de 300 membres. Aujourd’hui, près de 20 millions d’adventistes travaillent, rendent un culte à Dieu, et témoignent dans des cultures et des régions largement différentes les unes des autres. Cependant, ils sont unis par leur croyance dans le salut par la foi en Jésus, la perpétuité du sabbat biblique, le retour littéral de Jésus, le ministère du Christ dans le sanctuaire céleste, et la vérité de l’immortalité conditionnelle. Dans les pages de cette revue remarquable, leurs histoires sont racontées ; leurs luttes et leurs triomphes sont révélés ; leur courage dans les difficultés et même dans la persécution est souligné pour que tous puissent en prendre connaissance. Ce sont des hommes et des femmes dont l’amour pour Jésus dynamise leurs efforts pour partager leur foi, pour améliorer leurs collectivités, éduquer les enfants, et nourrir les affamés. C’est un rare privilège de raconter leurs histoires – dans cette revue imprimée, sur le site Web de Adventist World (www. adventistworld.org) doté de nombreuses fonctionnalités, par de courtes vidéos disponibles à la carte (ARTVnow.com), dans des éditions audio et des podcasts, et sur les multiples plateformes des médias sociaux. Ces « flots de lumière », représentés par le triple cercle du nouveau logo de Adventist World, nous rappellent que la bonne nouvelle de Jésus se déplace maintenant à la vitesse de la lumière. Plongez donc dans le message et le mouvement que vous aimez ! Toute l’équipe de Adventist World – auteurs, rédacteurs, concepteurs, vidéographes, traducteurs, podcasters, spécialistes de la distribution – prie pour que vous aimiez ce que vous lisez, voyez, entendez, et pour que, le cœur touché, vous serviez Jésus avec une joie et une espérance plus profondes encore.
Infos
Une réfugiée Rohingya qui a fui la violence au Myanmar demeure actuellement dans un camp de réfugiés au Bangladesh. ADRA Bangladesh approvisionne les réfugiés. Photo : Britt Celine Oldebraten
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En bref
« La Réforme doit contribuer à rendre le christianisme pratique. Prêchez l’Évangile aux pauvres. Guérissez ceux qui ont le cœur brisé. » – Ted N. C. Wilson, président de la Conférence générale des adventistes du septième jour, s’adressant aux dirigeants de l’Église russe et aux dirigeants du gouvernement, lors d’un forum à Moscou commémorant le 500e anniversaire de la Réforme.
Au Venezuela, des adventistes participent à différentes activités d’évangélisation Approximativement 35 000 adventistes au Venezuela ont pris une semaine de congé pour participer bénévolement à différentes activités d’évangélisation à travers le pays. Ils ont pris part à toutes sortes d’activités liées au service : cliniques dentaires, examens médicaux, collectes de sang, coupes de cheveux, visites à l’hôpital, distribution de repas chauds, reforestation, concerts musicaux, activités sportives, distribution de médicaments, séances de maquillage pour les enfants, nettoyages des parcs, sessions de prière. Les organisateurs estiment qu’un demi-million de personnes ont été servies.
1 300 Représentants évangéliques philippins réunis aux Philippines en 2017 pour célébrer et recevoir une formation
« Pour ce groupe d’étudiants, c’est comme un rêve qui s’est réalisé. » – Oliver López, directeur des communications de la Fédération de l’est d’El Salvador, en référence à un groupe de 15 étudiants qui ont parcouru 450 kilomètres pour se joindre à des centaines d’autres dans la
« Votre grande résilience m’étonne. C’est là un rappel que nous sommes plus forts lorsque nous travaillons ensemble. » Un nouveau livre sur l’œuvre d’Ellen White en Australie Un nouveau livre intitulé Stories From Sunnyside : Ellen White in Australia 1891-1900, révèle de nouvelles informations sur le ministère pratique d’Ellen White, et sur l’impact positif de sa foi sur la collectivité où elle habitait. On y trouve des histoires variées rassemblées par ceux qui sont familiers avec son séjour en Australie. C’est dans ce pays qu’elle a écrit, entre autres choses, une partie de Jésus-Christ, un livre ayant pour thème la vie du Christ. 4
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capitale, dans le cadre d’une marche annuelle visant à sensibiliser la population à un message contre la violence.
La Mongolie organise son tout premier camporee des Explorateurs Plus de 120 Explorateurs mongols ont participé au tout premier camporee des Explorateurs dans le champ missionnaire de la Mongolie. Ce camporee s’est tenu au nouveau centre de
– Augustus Jaspert, gouverneur des îles Vierges britanniques, alors qu’il s’adresse aux adventistes de Tortola pour manifester sa solidarité avec les résidents qui ont souffert des suites de l’ouragan Irma.
formation de la jeunesse à Bayanchandmani, à Tuv, en Mongolie. Une équipe d’Explos de la Fédération GeorgiaCumberland, aux États-Unis, a participé à ce camporee et a enseigné plusieurs spé-
157 000 000 Population dans le champ Turquie-Iran servie par seulement quatre églises locales.
cialisations pour obtenir un badge. À ce camporee dont le thème était « Les héros de la croix : vivre comme Doss », on a présenté le film Hacksaw Ridge. Huit Explos ont décidé de se faire baptiser.
En bref
« J’ai peur et je pense à mes parents. » – Delma, une étudiante de 9e année à l’île d’Ambae, au Vanuatu, dans le Pacifique sud, et d’autres étudiants ont été évacués vers la section est de l’île à cause de l’activité volcanique. L’Académie adventiste d’Aore a accueilli les étudiants évacués.
30 143 Évangélistes et pasteurs adventistes employés dans le monde entier
La Jamaïque décerne une distinction honorifique nationale à un dirigeant adventiste Glen Samuels, président de l’Église adventiste dans l’ouest de la Jamaïque, s’est vu décerner l’Ordre de la distinction, classe officier, par le gouvernement de la Jamaïque, en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle à la religion. Glen Samuels est également juge de paix, membre de l’Organisme de surveillance civile de la police, et membre du conseil d’administration de la paix St. James.
« Ils ont faim, ils sont faibles et malades. C’est une catastrophe humanitaire. » – Landerson Santana, directeur d’ADRA Bangladesh, dans un commentaire sur les 603 000 réfugiés Rohingyas qui ont fui la violence mortelle au Myanmar pour trouver refuge au Bangladesh. ADRA Bangladesh fournit des kits d’abris d’urgence et des paniers de nourriture.
Un dirigeant adventiste prend la parole au Parlement européen Au nombre des nombreux dirigeants religieux invités à prendre la parole, Rafaat Kamal, président de la Division transeuropéenne, a présenté ses réflexions sur la Réforme au siège du Parlement européen à Bruxelles. Il s’est focalisé sur la liberté religieuse et sur le thème de la grâce dans le contexte de la Réforme. Il a expliqué qu’une expérience authentique de la grâce « incite inévitablement des gens, des collectivités, et des pays à voir et à appliquer la justice et la miséricorde bibliques dans ce monde. » Photo : Service des nouvelles de la Division transeuropéenne AdventistWorld.org Janvier 2018
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Actualités
Le service adventiste à la communauté poursuit ses interventions de secours Service adventiste à la communauté, Division nord-américaine
Pendant des mois, Marshall Gonzales, directeur d’intervention en cas de catastrophe du Service adventiste à la communauté (ACS DR) pour la Fédération du Texas, a géré l’entrepôt multiorganisme de l’ACS DR à San Antonio, au Texas, selon l’entente avec l’État. Jusqu’à la fermeture de l’installation prévue le 17 novembre 2017, de nombreux groupes de la région de Houston affectée par l’ouragan Harvey ont reçu des produits de l’entrepôt. W. Derrick Lea, directeur d’intervention en cas de catastrophe d’ACS pour la Division nord-américaine
aux îles Vierges américaines. Au chapitre de la gestion de l’entrepôt, une entente a été approuvée le 31 octobre ; ACS a réussi à entrer dans l’installation de Jacksonville le même jour. Selon W. Derrick Lea, la Fédération du centre-sud, laquelle est dotée d’une équipe expérimentée, a dirigé des groupes tant de la Fédération de la Floride que de celle du sud-est. W. Derrick Lea : « Tandis que l’équipe locale recevait une formation de la Fédération du centre-sud, nous [avons] aussi [amené] d’autres équipes dans le secteur pour qu’elles reçoivent une formation et acquièrent
Photo : ACS de la Fédération du Texas
(NAD) : « Bien que notre effort au Texas se termine, nos services ont commencé à un entrepôt à Jacksonville, en Floride. Au cours des derniers mois, l’Agence fédérale de gestion des urgences (FEMA) a travaillé avec nous en vue de l’ouverture d’un entrepôt pour les gens affectés à Porto Rico et 6
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une expérience valable. Nous avons prévu des groupes à l’exemple de l’effort accompli à Houston. » Il a ajouté que l’effort se poursuivra pendant au moins six mois. La division s’est aussi impliquée dans une activité d’ACS DR dans le nord de la Californie. Au début de
Seaux de secours prêts à être distribués, suite à la destruction que l’ouragan Harvey a laissée sur son passage.
novembre, Charlene Sargent, coordinatrice de l’Union des fédérations du Pacifique : « Plusieurs églises de la Fédération du nord de la Californie ont servi de refuges et ont distribué du matériel de secours. » « Des milliers d’individus se sont inscrits à titre de bénévoles d’un bout à l’autre de l’État, a-t-elle ajouté. La plupart des besoins restent, toutefois, d’ordre financier. […] Des milliers de maisons ont été détruites. Par ailleurs, l’enlèvement des matières dangereuses et des débris va prendre un certain temps. » On s’attend à ce que la construction ne commence pour de bon qu’au début de l’année. « Des vies ont été fauchées, et des structures détruites, a dit Charlene Sargent, après avoir fait le tour du secteur Sonoma. ACS DR révise et met à exécution son plan de gestion de bénévolat et de dons. On oriente actuellement les efforts vers le rétablissement. » En plus de l’œuvre qui s’effectue sur le terrain, ACS DR de la NAD examine aussi des options de rétablissement à long terme. W. Derrick Lea : « Nous nous sommes entretenus avec des dirigeants de ce secteur – mennonites, presbytériens, et méthodistes, pour discuter de quelle façon nous pourrions travailler en partenariat avec eux. Nombre de nos universités, de nos écoles, et de nos églises nous ont contactés, nous demandant comment elles pourraient contribuer autrement que par l’entreposage. […] Notre travail consiste à déterminer cela. Nous nous efforçons aussi de développer des moyens nous permettant d’assister les personnes affectées. »
Actualités
Un État brésilien proclame la « Journée adventiste » Lucas Rocha, service des nouvelles de la Division sud-américaine, et la rédaction de Adventist World
Le 16 octobre 2017, Paulo Geraldo Alckmin, gouverneur de l’État brésilien de São Paulo, a signé un projet de loi adopté par l’organe législatif, lequel proclame officiellement le 22 octobre « Journée adventiste ». Par cette nouvelle loi, l’État reconnaît l’œuvre continue de l’Église adventiste à travers le territoire. Celle-ci, en effet, a apporté une contribution significative à la société par le biais de projets dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la liberté religieuse, et du développement social. Le 22 octobre 1844 est une date fort significative pour les adventistes, étant le jour de la grande déception – un épisode marquant de l’histoire adventiste. Après avoir étudié la prophétie biblique pendant des années, des chrétiens ayant à leur tête William Miller – un fermier devenu prédicateur – avaient conclu que Jésus reviendrait sur la terre le 22 octobre 1844. Jésus n’étant pas revenu ce jour-là, beaucoup d’entre eux abandonnèrent le groupe. Mais quelques-uns – une poignée – continuèrent d’étudier la Bible. Ils découvrirent alors que si la date de la prophétie était juste, leur interprétation de l’événement, elle, ne l’était pas. De ce groupe émergea l’Église adventiste quelques années plus tard. LES ADVENTISTES À SÃO PAULO
Avec ses 45 millions d’habitants, São Paulo constitue l’État le plus populeux du Brésil. Plus de 262 000 membres baptisés adventistes, soit environ un adventiste sur 172 habitants, demeurent et travaillent dans cet État. L’Union des fédérations du centre du Brésil, dont le territoire se divise en huit sous-régions appelées fédérations, supervise l’œuvre de l’Église à travers l’État. Dans tout l’État, les adventistes sont connus comme étant des chrétiens actifs qui vont vers les gens là où ils sont, qui fournissent de l’assistance humanitaire, du soutien en matière de santé et d’éducation, et des paroles d’encouragement et d’espérance. Plusieurs projets dirigés par les adventistes ont capté l’attention des médias, dont un partenariat entre
l’Église adventiste et les dirigeants de la ville de São Paulo pendant le programme d’urgence d’hiver. Ce programme fournit des vêtements d’hiver aux sans-abri de la ville, laquelle compte une population de 12 millions d’habitants. Selon des estimations officielles, approximativement 25 000 sans-abri habitent à São Paulo, alors que les refuges locaux n’arrivent à en loger que 11 000. Au cours des 40 jours du programme, l’Église adventiste a fourni des soins médicaux de base à ceux qui s’arrêtaient au centre de distribution officiel de vêtements d’hiver. Dans l’État de São Paulo seulement, l’Agence de développement et de secours adventiste (ADRA) au Brésil est impliquée dans 24 projets. Cette agence humanitaire de l’Église adventiste offre également des ser-
L’État de São Paulo reconnaît la contribution de l’Église adventiste à la société
Photo : Draga Work
vices d’urgence lors de catastrophes naturelles sur le territoire, comme, par exemple, les pluies torrentielles de 2016 qui ont affecté plusieurs villes de cet État. Les adventistes apportent aussi leur contribution à la société brésilienne par le biais de la liberté religieuse. Un adventiste coordonne le Comité de la liberté religieuse de l’influente Association des avocats de São Paulo. Récemment, des adventistes ont créé un centre d’assistance pour soutenir les pèlerins qui ont franchi des dizaines de kilomètres à pied sur une route principale, à l’occasion d’une fête religieuse. Le projet de loi a été signé le 16 octobre dernier. La « Journée adventiste » est désormais inscrite au calendrier des événements officiels de l’État le plus populeux du Brésil. AdventistWorld.org Janvier 2018
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Coup d’œil sur… la Division nord-américaine (NAD)
« Moi, je suis engagé jusqu’au bout ! Je crois que notre Église est l’Église que Dieu a spécialement choisie pour accomplir la mission du reste. » – Dan Jackson, président de la NAD, lors de la réunion de fin d’année de 2017
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En un coup d’œil : Ici, Daniel Jackson, président, et G. Alex Bryant, secrétaire de la Division nord-américaine (au centre), coupent le ruban lors de l’inauguration du nouveau siège de la NAD. Sont également présents des anciens administrateurs de la NAD et des représentants tant de la ville que de l’État. (^-)
Des avocats adventistes admis au barreau de la Cour suprême Huit avocats adventistes (Harold Cleveland Jr., Allison Dichoso, Theodore Flo, Meredith Jobe, Maria McPhaull, Josue Pierre, Leesa Thomas, Jesus Uriarte) ont été admis au Barreau de la Cour suprême américaine le 1er novembre 2017. Le Bureau de l’avocat-conseil de la Conférence générale a sponsorisé l’événement. Ces avocats sont maintenant autorisés à plaider des causes devant la Cour suprême des États-Unis.
Inauguration du nouveau siège de la NAD Le 26 octobre 2017, la Division nord-américaine a officiellement inauguré son nouveau siège à Columbia, au Maryland (États-Unis). Lors de cette cérémonie d’ouverture figuraient, entre autres invités spéciaux, Charles Bradford, premier président de la NAD, et Don Schneider, ancien président de la NAD. Environ 600 personnes ont assisté à l’événement, lequel a aussi servi de première réunion dans le cadre des réunions de fin d’année de 2017.
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Nombre de nouveaux groupes établis au sein de la NAD en 2016
« En tant que chrétien, je prie Dieu de m’aider à être, aux yeux de ceux que je rencontrerai, l’individu le moins en colère, le moins craintif, et le moins amer. » – Terry Shaw, président et directeur général du Système de santé adventiste, dans un commentaire publié sur AdventistReview.org.
Dîme totale rapportée au sein de la NAD en 2016 (la plus élevée à ce jour)
Photo : Pieter Damsteegt/NAD 8
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Point de vue
Sandra Blackmer, Adventist World
« Storm essaie de sauver ce bébé chevreuil ! » Photo : Erik Cid
La compassion : notre premier instinct ? Juillet 2017. Storm, le golden retriever de Mark Freeley, se précipite dans l’eau le long de la côte de Long Island, dans l’État de New York, aux ÉtatsUnis. Tout d’abord, Mark ne sait que penser. L’instant d’après, il remarque un faon luttant pour rester à flot. « Storm essaie de sauver ce bébé chevreuil ! » peut-on entendre Mark dire sur la vidéo de l’événement1. Le chien attrape le faon dans sa gueule et le ramène sur la plage. Après l’avoir relâché, il pousse légèrement le petit et donne un léger coup de patte sur sa jambe, comme pour s’assurer qu’il est sain et sauf. Des secouristes arrivent sur les lieux et transportent le faon dans une réserve naturelle locale. Selon eux, il se rétablira complètement. Et Storm est proclamé héros du jour ! Qu’est-ce qui a donc poussé Storm à secourir le faon ? Son propriétaire croit, en dépit des sceptiques, qu’il entre dans la nature d’un chien de secourir. « Son acte de sauvetage prouve que la situation du faon l’inquiétait », dit Mark2.
Un article intitulé « Compassion : Our First Instinct », paru en juin 2013 dans Psychology Today3, suggère qu’« un ensemble croissant de preuves » tirées d’études impliquant tant des petits enfants que des animaux, indique qu’« à la base, les animaux et les êtres humains possèdent […] un “instinct compatissant” ». Apparemment, les scientifiques disent que même dans ce monde caractérisé par l’égocentrisme, la première impulsion des « adultes et des enfants, c’est de venir en aide aux autres ». Et nous en récoltons aussi des bienfaits personnels : en effet, il semble que la compassion non seulement hausse notre niveau de bonheur, mais améliore aussi la santé. Des sociologues ont démontré que « la compassion est contagieuse » et que « les actes de générosité et de bonté engendrent davantage de générosité dans une réaction en chaîne de bonté » – un concept qui n’est pas nouveau pour la plupart d’entre nous. Dans ce monde où règnent le péché et l’égoïsme, des actes terribles, la cruauté et le crime sont rapportés quotidiennement et dépassent tout ce qu’on peut comprendre… D’où vient donc cet « instinct » compatissant qui nous pousse à aider notre prochain ? Pour l’expliquer, de nombreux scientifiques y vont des théories évolution-
nistes de Darwin, mais les chrétiens adventistes, eux, se tournent vers Quelqu’un d’autre. Dans le sillage des catastrophes naturelles et d’autres tragédies, ils sont nombreux ceux qu’on loue en raison de leur bonté désintéressée et de leur héroïsme. Maints individus, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Église, sont aux premières lignes pour aider les plus vulnérables. Mais pourquoi le font-ils ? Peut-être parce qu’en chacun de nous peut résider – même dans une petite mesure – un reflet de la bonté de celui qui nous a créés à son image et dont le caractère est « amour ». En d’autres termes, tandis que nous regardons à Jésus et le contemplons dans sa Parole, nous pouvons insuffler l’espérance et manifester de la compassion – même sur cette planète enténébrée. Nous n’habiterons dans un monde parfait qui reflète pleinement le caractère de Dieu que lorsque Jésus reviendra et nous prendra avec lui. D’ici là, prenons courage, car il est toujours parmi nous, incitant tous ceux qui sont ouverts à son Esprit à aider ceux qui sont dans le besoin. www.washingtonpost.com/news/animalia/wp/2017/07/18/thisvideo-of-a-dog-saving-a-drowning-baby-deer-is-the-sweetest-thingyoull-see-all-day/?utm_term=.85e543ba0310. 2 www.nytimes.com/2017/07/18/nyregion/dog-rescues-a-drowningdeer-and-becomes-a-social-media-hero.html. 3 www.psychologytoday.com/blog/feeling-it/201306/compassion-our-first-instinct. 1
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Au premier plan
La terre est au Seigneur Prendre soin de la crĂŠation de Dieu en AmĂŠrique centrale
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NOEMÍ DURÁN
Un garçon du village aide une tortue marine qui vient d’éclore.
’environnementalisme, c’est un luxe pour les riches, a dit un jour quelqu’un. Avouons que cette déclaration musclée contient une certaine somme de vérité ! Se soucier de l’environnement, s’inquiéter des espèces menacées, penser de façon globale à la planète et au bien-être des générations futures – de nos jours, tout ça peut venir presque naturellement pour bien des gens. Mais pour des millions en butte à des conditions de pauvreté extrême, ces bonnes dispositions ne constituent certainement pas une priorité. Par exemple, si on lutte tous les jours pour se procurer suffisamment de nourriture pour sa famille, si on ne dispose chez soi ni d’électricité, ni d’installations sanitaires, si l’emploi que l’on a – à condition d’en avoir un – est instable et mal rémunéré, si on n’a accès à aucun soin médical quand les enfants sont malades, alors il est improbable que l’on se penche un tant soit peu sur les questions environnementales. De plus, si on habite dans une région dangereuse où le crime foisonne et où la vie humaine semble n’avoir aucune valeur, on se sent, à coup sûr, beaucoup moins concerné par l’avenir de la planète que par son avenir personnel. LES RÉALITÉS DU HONDURAS
Malheureusement, ainsi va la vie dans de nombreux pays d’Amérique centrale. J’en ai été personnellement témoin alors que je faisais de la recherche dans la partie rurale du sud du Honduras. Je suis biologiste marine spécialisée en conservation des tortues marines. Ma thèse de doctorat portait sur le comportement reproductif d’une population de tortues olivâtres (aussi appelées tortues bâtardes) nichant sur la plage de Punta Ratón – un petit village de pêche situé sur la côte Pacifique du Honduras. Avant mon premier voyage de recherche, mon professeur à l’Université de Loma Linda, en Californie, aux États-Unis, lequel avait travaillé au Honduras pendant plusieurs années alors qu’il était en charge de ProTECTOR1 – une organisation non gouvernementale (ONG) environnementale – m’a prévenue : persuader les collectivités locales de l’importance de la conservation des tortues marines n’est pas une mince affaire. Comme les habitants ramassent les œufs de ces tortues pour la consommation et le commerce depuis des siècles, ils sont plutôt réfractaires à l’idée d’abandonner une telle mine d’or. Je me dis alors qu’il n’y a qu’à trouver de meilleurs moyens de communication : ces gens-là doivent se rendre compte 1) que la population des tortues marines décline parce qu’ils ramassent tous les œufs, et 2) qu’aux taux actuels de surexploitation, les tortues disparaîtront d’ici Photos : courtoisie de l’auteur (sauf mention contraire)
Des pêcheurs de Punta Ratón pêchant dans le golfe de Fonseca.
quelques années – et leurs précieux œufs aussi. Pour moi, c’est aussi clair que de l’eau de roche ! Une fois arrivée à mon site de recherche, je découvre environ 200 maisons construites avec de la boue, des branches, et des feuilles de plastique. Ces maisons d’une seule pièce logent de grandes familles. Victimes de malnutrition, les enfants ont l’air beaucoup plus jeune que leur âge. À Punta Ratón, la source principale de revenu est la pêche artisanale ; malheureusement, les prises sont souvent trop maigres pour couvrir ne serait-ce que les besoins essentiels des habitants. La plupart d’entre eux doivent se contenter de manger des fèves et du riz une seule fois par jour. Quand la chance tourne, ils y ajoutent du poisson ou du poulet. Rien d’étonnant alors à ce qu’ils se jettent sur tout ce qui se mange : fruits sauvages, iguanes (reptile ayant l’aspect d’un lézard de grande taille), mollusques enfouis, œufs de tortues marines. UN CHANGEMENT DE PERSPECTIVE
Il ne me faut que quelques semaines à Punta Ratón pour m’apercevoir que l’existence au jour AdventistWorld.org Janvier 2018
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le jour de la plupart de ses habitants n’est pas un signe de paresse ou d’irresponsabilité, mais uniquement une stratégie de survie. Le Honduras est non seulement pauvre, mais aussi dangereux. En 2010, ce pays s’est classé au premier rang mondial des homicides2. Si le trafic de drogue et les gangs constituent un grave problème dans les grandes villes, ils affectent aussi les collectivités rurales dans maintes régions. À Punta Ratón, je rencontre plusieurs familles ayant perdu un de leurs membres lors de combats de rue impliquant des fusils ou des couteaux. Les histoires de mort ne sont que trop courantes ici – certaines imputables à la violence, d’autres, à des soins médicaux médiocres. Presque toutes les familles en ont été touchées – certaines à plusieurs reprises. Certains bébés ou mères ne sont plus en raison de complications lors de l’accouchement ; des jeunes ont perdu la bataille contre des cancers qui n’ont pas été détectés à temps ; d’autres ont été emportés par des infections mortelles ou des conditions cardiaques et respiratoires qui auraient pu être traitées si seulement ils avaient eu une voiture, si seulement l’hôpital n’avait pas été à plus d’une heure de route et que celle-ci n’avait pas été aussi boueuse. Et soudain, je comprends. Je comprends pourquoi les pêcheurs veulent être payés à la journée, pourquoi après une bonne prise, ils dépensent tous leurs profits le même soir. La vie est tellement incertaine qu’ils sont devenus habitués à ne pas planifier pour le lendemain. Dans de telles circonstances, comment pourrais-je leur parler de protection de l’environnement ? Comment pourrais-je les convaincre de l’importance de renoncer à ramasser les œufs, de les laisser éclore pour que les bébés tortues puissent gagner la mer (où ils joueront leur rôle écologique essentiel dans l’écosystème marin) et 12
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revenir, 15 à 20 ans plus tard, pondre à leur tour ? De nombreuses organisations travaillant à des projets de conservation à l’échelle mondiale se heurtent à ce même type de défis. Les pays en voie de développement font face à toutes sortes de problèmes environnementaux, mais les gens n’ont ni la conscience environnementale, ni les ressources nécessaires pour y remédier. Cependant, ces pays ont une bonne raison de s’impliquer : étant donné que les facteurs environnementaux sont intimement liés à la santé humaine3, l’engagement dans des comportements environnementaux responsables non seulement serait avantageux à long terme pour la planète, mais pourrait aussi améliorer presque d’emblée la qualité de vie des collectivités qui les mettraient en pratique. L’ENVIRONNEMENT ET LA SANTÉ HUMAINE
À l’échelle mondiale, on pourrait prévenir la plupart des 5 milliards de cas annuels de maladies diarrhéiques responsables de 1,5 million de
décès4 si les gens avaient accès à de l’eau potable et à des installations sanitaires appropriées. En remplaçant le bois et le charbon pour la cuisine par des méthodes plus vertes, on préviendrait de nombreuses infections respiratoires. Le reboisement créerait des sols et réduirait l’érosion, améliorant ainsi la productivité agricole et diminuant l’impact de certaines catastrophes naturelles. Dans le cas spécifique de Punta Ratón, une étude de Carizma Chapman5, doctorante à l’Université de Loma Linda, a révélé que 52 pour cent des familles ont rapporté au moins un membre malade à l’époque de l’étude – la diarrhée, les infections respiratoires, l’anémie, la malaria, et la dengue étant au nombre des maladies les plus fréquentes. La malaria et la dengue sont des maladies infectieuses graves transmises par des moustiques. Comme les moustiques foisonnent à Punta Ratón, la pratique habituelle pour les éloigner consiste à brûler des déchets plastiques dans les maisons et les cours. Et les gens respirent une fumée toxique. Ces types de cercles vicieux dans lesquels les mesures pour affronter un pro-
La collectivité de Punta Ratón construit un couvoir où certains des nids des tortues marines sont déplacés et protégés jusqu’à ce que les œufs éclosent.
blème environnemental en causent directement un autre sont monnaie courante au sein des collectivités pauvres locales, et s’étendent à tous les aspects de la vie. Après des décennies de surpêche, les poissons se font rares pour les pêcheurs de Punta Ratón. Comme ces derniers dépendent de la pêche pour nourrir leurs familles, la rareté des prises les pousse à intensifier leurs efforts et à utiliser des techniques de pêche plus agressives, lequelles tuent des poissons plus petits, attrapent des tortues et d’autres prises accessoires, aggravant ainsi le problème. UNE CONSERVATION FONDÉE SUR LA COLLECTIVITÉ
Au cours des dernières décennies, de nombreuses voix ont déclaré que le seul moyen efficace de briser la boucle de rétroaction entre la pauvreté et l’exploitation environnementale consiste à créer des programmes
qui abordent simultanément la pauvreté et les questions environnementales6. Selon des experts, une implication directe des collectivités locales dans les projets de conservation est primordiale pour leur réussite à long terme. La conservation fondée sur la collectivité7 est une approche moderne des problèmes environnementaux qui combine tout ce qui est mentionné ci-dessus. Elle vise tant la conservation de la nature que les avantages économiques humains, tout en considérant les caractéristiques spécifiques des collectivités (besoins, culture, utilisation traditionnelle des ressources naturelles, opinions, idées), et tout en encourageant les habitants à jouer un rôle actif dans la planification, le développement, et l’exécution des projets. Les projets de conservation fondés sur la collectivité se présentent sous de nombreux styles. Certains consistent en la production et la commercialisation de produits locaux obtenus par des pratiques durables ; d’autres se basent sur l’écotourisme. Cependant, un aspect clé du succès, c’est une collectivité ayant le sentiment que le projet lui appartient. La plupart des projets de conservation se produisent en collaboration avec une ONG ou une agence gouvernementale ; cependant, ils peuvent être perçus comme une collaboration ou comme une imposition externe. Dans ce dernier cas, le projet ne marchera sans doute pas. À l’inverse, si les habitants de l’endroit sentent la nécessité d’un changement et ont leur mot à dire dans la façon dont il doit s’opérer, s’ils ont l’occasion de travailler eux-mêmes à un tel changement, alors le projet sera beaucoup plus susceptible de réussir. En Amérique centrale, certains exemples de projets de conservation de la tortue marine suivent le modèle de conservation fondé sur la collectivité. L’un d’entre eux est en place depuis 1987 dans le Ostional
Wildlife Refuge, au Costa Rica8 – une importante plage de nidification pour les tortues olivâtres où pendant plusieurs jours d’affilée, des dizaines à des centaines de milliers de tortues femelles se rassemblent et pondent des millions d’œufs. Parce que la plupart des œufs pondus au début seront écrasés par les tortues nicheuses suivantes, les habitants de la collectivité locale à Ostional ont décidé de ne récolter que les œufs déposés au tout début de chaque épisode de nidification. Alors qu’ils organisent la récolte et la commercialisation de ces œufs – ce qui génère un revenu pour la collectivité – ils protègent les tortues, nettoient et patrouillent la plage, et servent de guides aux touristes. Dans des sites tels que Punta Ratón, il est impossible de reproduire exactement ce modèle en raison du très petit nombre de pondeuses. Par contre, le principe à la base demeure valable : les collectivités locales s’impliqueront dans les projets de conservation si 1) elles peuvent participer au processus de prise de décision, et si 2) elles bénéficient des retombées économiques. En fait, l’étude de Carizma Chapman a révélé que les habitants de Punta Ratón sont disposés à travailler pour la conservation des tortues marines par le biais d’initiatives d’écotourisme (hébergement et repas aux touristes, service de guides dans les tours des plages de nidification, etc.). Ce qui leur manque, c’est l’infrastructure, la logistique, et une formation spécifique pour la réalisation d’un tel projet. L’Université de Loma Linda et ProTECTOR ont fourni de l’aide à Punta Ratón dans le style fondé sur la collectivité. Ils se sont focalisés non seulement sur la conservation de la nature, mais aussi sur la santé humaine et le développement de la collectivité. Ces dernières années, plusieurs équipes d’étudiants en médecine, AdventistWorld.org Janvier 2018
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en dentisterie, et en soins infirmiers ont, avec leurs professeurs, visité périodiquement Punta Ratón pour prodiguer à ses habitants des soins médicaux, pour donner des ateliers sur la conservation des tortues marines, et offrir de l’éducation environnementale. Ils ont également formé les femmes par le biais de différents cours : cuisine saine, comptabilité, exploitation d’une petite entreprise. Bien que de nombreux défis subsistent, tels que la responsabilisation réelle de la collectivité à l’égard des projets et l’obtention du soutien et de la participation du gouvernement local, des progrès significatifs ont été réalisés. La collectivité est maintenant plus ouverte à ce que la recherche scientifique s’effectue sur le terrain ; la conscience environnementale s’est accrue ; et les habitants manifestent de l’intérêt en participant à des projets de conservation, particulièrement en écotourisme.
Dieu a non seulement fait de nous les économes de sa création, mais nous a aussi ordonné de prendre soin des nécessiteux.
UNE APPROCHE GLOBALE
Lorsque je suis arrivée à Punta Ratón pour la première fois, je pensais que je devais convaincre les gens de l’importance de la protection environnementale. Après six années de travail à cet endroit, ma perspective a changé. Je crois toujours qu’un mode de vie respectueux et durable est bon tant pour la planète que pour ceux qui le pratiquent. Cependant, j’en suis venue à comprendre que je ne dois pas imposer cette vision aux autres – surtout à ceux qui souffrent. Comme je l’ai découvert dans bien d’autres secteurs de ma vie, la meilleure approche consiste à suivre l’exemple de Jésus. Le Seigneur nourrissait et guérissait d’abord les gens. Ce n’est qu’après qu’il abordait d’autres questions. Dieu a non seulement fait de nous les économes de sa création (Gn 1.28 ; 2.15), mais nous a aussi ordonné de prendre soin des nécessiteux (Dt 15.11 ; Es 58.10 ; Mt 25.34-40 ; Jc 1.27 ; 1 Jn 3.17). Une approche globale visant tant la réduction de la pauvreté que la conservation de la nature semble non seulement être le moyen le plus efficace d’atteindre les objectifs environnementaux en Amérique centrale, mais aussi la façon la plus chrétienne d’y arriver. Protective Turtle Ecology Center for Training, Outreach, and Research, ProTECTOR, Inc., www.turtleprotector.org. Embassade des États-Unis, Tegucigalpa, Honduras, 2012, Temporary Duty Personnel Security Brief Honduras 2012. Extrait de http://hortcrsp.ucdavis.edu/2014/tdy_security_briefing.pdf. 3 Hiremagalur N. B. Gopalan, « Environmental Health in Developing Countries: An Overview of the Problems and Capacities », Environmental Health Perspectives 111 n° 9, 2003, A446. 4 Peter Furu et coll., « Poverty, Health, and Environment: Placing Environmental Health on Countries’ Development Agendas », 2008. 5 Carizma Amila Chapman, « Communities in Action: Participatory Assessments as an Initial Stage in Critical Consciousness Raising and Community Capacity Building », 2015. 6 William M. Adams et coll., « Biodiversity Conservation and the Eradication of Poverty », Science 306, n° 5699, 2004, p. 1146-1149 ; Dilys Roe et coll., éds., Biodiversity Conservation and Poverty Alleviation: Exploring the Evidence for a Link, Hoboken, N.J., John Wiley & Sons, 2012. 7 Pour plus d’information sur la conservation basée sur la collectivité, voir Noemi Duran, « Can Conservation Projects Be Economically Viable? », dans S. Dunbar, L. J. Gibson, et H. M. Rasi, éds., Entrusted: Christians and Environmental Care, Montemorelos, Mexique, Adventus, 2013. 8 Lisa M. Campbell, « Use Them or Lose Them? Conservation and the Consumptive Use of Marine Turtle Eggs at Ostional, Costa Rica », Environmental Conservation 25, n° 4, 1998, p. 305-319 ; Lisa M. Campbell, Bethany J. Haalboom, et Jennie Trow, « Sustainability of Community-based Conservation: Sea Turtle Egg Harvesting in Ostional (Costa Rica) Ten Years Later », Environmental Conservation 34, n° 2, 2007, p. 122-131. 1 2
Noemí Durán, titulaire d’un doctorat, est directrice de la succursale de l’Institut de recherche Geoscience de la Division intereuropéenne. 14
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Éduquer ! Éduquer ! Éduquer ! La réponse qui permettra de sauver l’environnement
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endant trop longtemps, nous avons entretenu l’idée que les êtres humains sont en droit de consommer à volonté toutes les ressources disponibles de la terre – aux dépends de l’équilibre de la nature. Ainsi, en tant qu’individu – un sur plus de 7,5 milliards1 – que peut-on faire de significatif pour préserver la vie sous toutes ses formes sur notre planète ?
OPÉRATION SENSIBILISATION Dans un premier temps, il est essentiel de nous sensibiliser aux questions environnementales actuelles – le réchauffement climatique étant un bon point de départ. Selon des preuves scientifiques irréfutables, la terre se réchauffe dû à l’augmentation des gaz à effet de serre, dont le CO2 (dioxyde de carbone) et le méthane2. Dans de nombreux pays, l’année 2017 a été enregistrée comme étant l’une des années les plus chaudes à ce jour. La NASA, elle, rapporte que dans la première partie de 2017, la température moyenne à la surface de la Terre était de 0,94°C au-dessus de la moyenne des années 1950-1980. « Ainsi, les six premiers mois de 2017 sont les plus chauds qu’on ait enregistré après ceux de 2016.3»
QUE PEUT-ON FAIRE ? La première étape importante pour restaurer une sorte d’équilibre consiste 1) à reconnaître que chaque individu a un rôle à jouer dans cette lutte pour vivre et laisser vivre, et 2) à passer aux actes. Il est, par conséquent, tout indiqué d’essayer de réduire les niveaux de gaz à effet de serre, dont le CO2 (dioxyde de carbone) émis lors de nos activités personnelles, parce que si
Activités d’éducation environnementale organisées par ProTECTOR pour les enfants à Punta Ratón, à l’occasion de la Journée des enfants, un congé national.
chacun fait sa part, on récoltera des résultats significatifs. L’autre angle d’approche consisterait à faire passer l’équilibre du carbone de l’atmosphère à celui de la végétation par la reforestation et une réduction de la déforestation. Bien qu’une telle mesure appartienne à l’arène politique et que l’individu moyen ne soit pas impliqué dans la prise de décision, n’oublions pas que les politiciens étaient autrefois des enfants, et que leurs visions du monde ont été modelées à un jeune âge. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, une compagnie minière a abordé ce problème mondial en lançant une formation pour la petite enfance et un programme de sensibilisation au compostage appelé Agrikids pour améliorer la durabilité de l’agriculture et aborder cette question d’ordre mondial. Il est essentiel d’être informé de ces problèmes.
UNE DIFFÉRENCE MESURABLE Notre contribution pour contrer l’effet de serre est significative et mesurable. Nous avons individuellement le pouvoir de le réduire par des stratégies scientifiquement prouvées dans la prise de décision. Une telle contribution commence d’abord à la maison par des choix en matière de consommation qui favorisent les produits respectueux de l’environnement. Si l’apprentissage à mesurer son propre impact et ses effets à long terme sur l’environnement commence dès l’enfance, on sera apte à formuler clairement sa vision du monde pendant la transition au monde adulte – alors que l’on choisit son mode de vie et que l’on prend des décisions collectives.
LA GESTION DES DÉCHETS Les déchets constituent un autre problème environnemental causé par les êtres humains. Grâce à des processus de fabrication très performants, nous avons la capacité incomparable de concentrer les minéraux et les ressources terrestres, et de les transformer ensuite en des articles qui facilitent certains aspects de notre existence. Une fois que ceux-ci ont rempli leur « mission », nous nous en débarrassons. Sur le plan individuel, c’est là un aspect de la pollution n’ayant aucun parallèle naturel, et sur lequel nous pouvons exercer directement une influence.
L’IMPACT DU CHRISTIANISME La culture est imprégnée des visions du monde. Le christianisme permet la convergence de visions du monde disparates afin de construire une appréciation commune de la nature. « Dans les sociétés occidentales, la propriété signale la possession et le contrôle, mais dans d’autres cultures, elle a des significations plus larges4. » Pour les Pintupis d’Australie, par exemple, la propriété signifie une identité partagée. Pour les Indiens Naskapis du Labrador et les Samis du nord de la Norvège, elle signifie l’allégeance (« Nous appartenons au pays »)5. Chaque activité humaine a un impact sur l’environnement dans une mesure plus ou moins grande. La valeur que nous accordons à la nature dépend de notre propre contexte, de notre éducation, et de notre expérience. C’est
pendant l’enfance que les valeurs universelles de l’économat à l’égard de la nature sont le mieux cultivées. Dans une vision biblique du monde, la valeur de l’économat de notre planète est en parfaite harmonie avec les Écritures. Nous avons reçu de Dieu le mandat de prendre soin de la création – ce qui a toujours requis le service et l’économat – et, au 21e siècle, celui de sauver la nature.
CHANGER LES CHOSES : UN IMPÉRATIF Nous devons reconnaître que nous ne sommes pas seulement des consommateurs, mais aussi des producteurs. À ce titre, nous avons l’obligation de retourner les ressources à l’environnement. Ce point fondamental doit nous être inculqué dès l’enfance pour que plus tard, nous prenions des décisions et agissions conformément à cette vision du monde. Chacun de nous a un rôle inestimable à jouer dans la protection du monde naturel. Tout comme notre planète – poussière insignifiante dans le cosmos – fut choisie en tant qu’endroit particulier pour l’humanité, où le Sauveur s’incarna pour sauver chaque être humain, ainsi, tout individu a une responsabilité voulue de Dieu envers l’écosystème dont il fait partie. C’est là ce que devrait être la philosophie sousjacente des chrétiens. Pour lire l’intégralité de cet article, visitez le www.adventistworld.org/educate-educate-educate/. Worldometers, chiffres estimés selon des sources incluant la Division de la population des Nations Unies, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fond monétaire international (FMI), et la Banque mondiale. 2 Cinquième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), 2014. 3 The Guardian, 31 juillet 2017. 4 S. S. Hanna, C. Folke, K. Maler, Rights to Nature, Washington, D.C., Island Press, p. 36. 5 Ibid. 1
Rodger Jones, Ph.D., titulaire d’un doctorat, est doyen émérite de la faculté de sciences et technologies à l’Université adventiste du Pacifique, en Papouasie-NouvelleGuinée.
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L Perspective mondiale
Allons résolument de l’avant ! Dieu nous montre la voie
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a nouvelle année nous donne l’occasion de repartir à zéro. On fait souvent le bilan du passé, puis on songe à l’année devant soi en espérant des jours meilleurs. Cependant, à moins de nous lancer dans ce nouveau départ avec Dieu – l’Auteur des nouveaux commencements – nous avons peu de chance de réussir. Dans sa Parole, il nous a donné une précieuse promesse : « Ne pensez plus aux événements passés, et ne considérez plus ce qui est ancien. Voici, je vais faire une chose nouvelle, sur le point d’arriver : ne la connaîtrez-vous pas ? Je mettrai un chemin dans le désert » (Es 43.18,19). Dieu, le Créateur, est l’Auteur des nouveaux commencements. Il peut ouvrir une porte quand il nous semble n’y en avoir aucune. UN DILEMME
Un moment clé dans l’histoire d’Israël illustre ce point avec force. Dans Exode 14, nous découvrons que les Israélites étaient en butte à un terrible dilemme – en apparence, du moins. Ils pensaient qu’ils étaient débarrassés de l’esclavage pour de bon. Mais tandis qu’ils campaient près de la mer Rouge, le cœur leur manqua lorsqu’ils aperçurent les armures étincelantes et les chariots égyptiens fonçant vers eux à toute vitesse. Et ils dirent à Moïse : « N’est-ce pas là ce que nous te disions en Égypte : Laisse-nous servir les Égyptiens, car nous aimons mieux servir les Égyptiens que de mourir au désert ? » (Ex 14.12) Ils étaient coincés ! D’un côté, il y avait la mer Rouge, de l’autre, les montagnes escarpées, et derrière, leurs oppresseurs. Ils avaient oublié que c’était Dieu qui les avait conduits à cet endroit même, allant devant eux dans une colonne de nuée de jour, et dans une colonne de feu la nuit (voir Ex 13.21). Ex 13.21).
Photo : Ian Froome
NE PAS CRAINDRE LES CONSÉQUENCES
Moïse, cependant, n’avait pas oublié. « Navré de voir son peuple manifester si peu de foi en un Dieu qui leur avait donné tant de preuves de sa puissance, Moïse se demandait comment on pouvait lui imputer le danger de la situation actuelle, alors qu’il n’avait fait que suivre ponctuellement les directions divines. Quant à lui, malgré une perspective qui semblait désespérée, il n’avait aucune crainte sur l’issue de la crise. D’un ton calme et assuré, il répondit au peuple : “N’ayez point de crainte ! Demeurez tranquilles et contemplez la délivrance que l’Éternel va vous accorder en ce jour ; car les Égyptiens que vous avez vu aujourd’hui, vous ne les verrez jamais plus. L’Éternel combattra pour vous ; et vous, vous n’aurez qu’à rester tranquilles1.” [Ex 14.13,14] » Sachant qu’il avait suivi les directives divines, Moïse n’avait pas peur. Il obéit à Dieu et le laissa s’occuper des conséquences. Et Dieu délivra son peuple avec puissance ! Aujourd’hui, il peut en être ainsi pour nous en tant qu’individus et en tant qu’Église. Tandis que nous demeurons fidèles à Dieu et à sa volonté révélée par les Écritures et l’Esprit de prophétie, ne craignons aucune conséquence ; nous serons entre ses mains, et il nous indiquera le moyen de résoudre chaque difficulté. LA PUISSANCE DE DIEU
Ésaïe 43 nous rappelle que Dieu est Créateur, Rédempteur, et Sauveur. Il mentionne spécifiquement la délivrance à la mer Rouge pour indiquer la puissance de délivrance divine aujourd’hui : « Ne crains rien, car je te rachète, je t’appelle par ton nom : tu es à moi ! Si tu traverses les eaux, je serai avec toi ; et les fleuves, ils ne te submergeront point […]
« Ainsi parle l’Éternel, qui fraya dans la mer un chemin, et dans les eaux puissantes un sentier, qui mit en campagne des chars et des chevaux, une armée et de vaillants guerriers, soudain couchés ensemble, pour ne plus se relever, anéantis, éteints comme une mèche : Ne pensez plus aux événements passés, et ne considérez plus ce qui est ancien. Voici, je vais faire une chose nouvelle, sur le point d’arriver : ne la connaîtrez-vous pas ? Je mettrai un chemin dans le désert, et des fleuves dans la solitude. » (v. 1-19) Ne craignons donc pas notre périple, car ce passage biblique est rempli de merveilleuses promesses ! Il nous rappelle le prodige que Dieu a accompli à la mer Rouge et nous encourage à compter sur son œuvre puissante en nous. UNE INVITATION
Au début de cette nouvelle année, je vous invite à suivre les directives divines et à aller de l’avant avec foi et confiance. Prenons à cœur cette citation familière, suivie d’un rappel de ce que Dieu nous appelle à faire : « Nous n’avons rien à craindre de l’avenir, si ce n’est d’oublier les enseignements du Seigneur et la manière dont il nous a conduits dans le passé. « Nous sommes maintenant un peuple fort – à condition de mettre notre confiance dans le Seigneur ; car nous professons les vérités puissantes de la Parole de Dieu. Nous avons toutes les raisons d’être reconnaissants. Si nous marchons dans la lumière émanant des oracles vivants de Dieu, celui-ci nous confiera de grandes responsabilités, selon la grande lumière qu’il nous a accordée. Nous avons de nombreux devoirs à accomplir parce que Dieu a fait de nous les dépositaires de la vérité sacrée. Cette vérité, il nous faut la donner au monde dans toute sa beauté et sa gloire. Nous sommes redevables envers Dieu de l’usage de
Tandis que nous demeurons fidèles à Dieu et à sa volonté révélée par les Écritures et l’Esprit de prophétie, ne craignons aucune conséquence. chaque faveur qu’il nous a accordée pour que nous magnifiions la vérité par la sainteté du caractère, et pour que nous adressions des messages d’avertissement, de consolation, d’espoir, et d’amour à ceux qui vivent dans les ténèbres de l’erreur et du péché2. » Ami lecteur, Jésus revient très bientôt ! Votre vie est-elle en harmonie avec lui ? Sinon, l’heure est venue de vous réclamer de sa promesse : « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité. » (1 Jn 1.9) Êtes-vous découragé ? Alors regardez « au lieu où, pour la dernière fois, [vous avez] vu la lumière »3, vous souvenant que « celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la rendra parfaite pour le jour de Jésus-Christ » (Ph 1.6). Allez donc de l’avant avec foi et courage ! Par le biais de l’Implication totale des membres, déversez l’amour de Dieu sur vos semblables et proclamez au monde que Jésus revient bientôt ! Maranatha ! Ellen G. White, Patriarches et prophètes, p. 256. Idem., Testimonies to Ministers, Mountain View, Calif., Pacific Press Pub. Assn., 1923, p. 31. 3 Idem., Le ministère de la guérison, p. 215. 1 2
Ted N. C. Wilson est le président de l’Église adventiste du septième jour à Silver Spring, au Maryland (États-Unis). Vous pouvez le suivre sur Twitter : @pastortedwilson, et sur Facebook : @PastorTedWilson.
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Vie adventiste
La grande vadrouille A
u cours des six derniers mois, je me suis rendu dans 20 pays environ. Aux différents aéroports, je n’ai eu aucun problème avec les autorités de l’immigration. Aujourd’hui, je me retrouve en sol canadien – plus précisément à Edmonton, en Alberta. Ma mission consiste à visiter une école missionnaire adventiste pour les enfants des Premières Nations afin d’y dénicher des histoires pour Mission adventiste. À l’aéroport, l’agent d’immigration vérifie mon passeport. Soudain, je le sens légèrement mal à l’aise. Il appose un gros tampon rouge sur ma carte d’immigration et me signale que je dois subir une inspection plus poussée. Dans une autre partie de l’aéroport, un second agent fait passer ma valise au scanner, puis me dit : « Avez-vous eu des problèmes avec l’immigration par le passé ? » « Eh bien, à ce que je sache, non », dis-je, me demandant ce qui suscite un tel commentaire. L’agent prend mon passeport et regarde son écran d’ordinateur pendant un long moment. Finalement, il se tourne vers moi. « Le 17 mars 1992, ça vous dit quelque chose ? » Tout à coup, je sais de quoi il parle. C’est le jour où j’ai piqué un avion aux États-Unis et me suis envolé pour le Canada ! LA GRANDE VADROUILLE
J’ai vu le jour au sein d’une famille missionnaire. En dépit d’un cadre
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Les actes entraînent toujours des conséquences – même 25 ans plus tard
aussi favorable, je ne développe pas de relation personnelle avec Jésus. Un jour – je n’ai alors que 15 ans – mes parents divorcent et retournent aux États-Unis. Mon univers bascule ! Je deviens un ado en colère et égocentrique. Après l’école secondaire, je m’inscris immédiatement en pilotage à l’Institut d’enseignement supérieur de Walla Walla (aujourd’hui l’Université de Walla Walla) dans l’État de Washington, aux États-Unis. J’ai toujours voulu être pilote. Bientôt, je pilote en solo un Cessna 152 deux places. Là-haut, dans les nuages, je me sens au sommet du monde ! Mais une fois revenu au sol, ma vie est plus compliquée. Je suis malpoli avec mes parents, et désobéissant. Je forge des amitiés que Dieu ne peut bénir. Et je pense continuellement à ma petite personne. Après une année scolaire, je suis recalé et quitte l’école. Par contre, je peux toujours voler parce qu’il me reste encore des heures de vols payées à l’avance que je peux faire. Le 16 mars 1992, je signe le registre de sortie d’un Cessna 152 à l’aéroport régional de Walla Walla pour effectuer un vol d’entraînement. Alors que je survole les terres agricoles, je rumine ce que je considère comme 19 années d’injustice. Pourquoi ne pas en finir ? Obéissant à cette impulsion soudaine, je pointe le nez de l’avion dans une autre direction. Quatre heures plus tard, l’indicateur de carburant est presque à zéro. Où pourrais-je atterrir ? Je n’en ai aucune idée. Tout en bas, des rivières, des lacs, et des collines boisées
m’offrent un magnifique panorama. Dans ma recherche d’une clairière, j’aperçois – à mon grand soulagement – une petite piste d’atterrissage. J’atterris sans problème et stationne l’avion auprès d’un hangar verrouillé. Où suis-je donc ? Le soleil se couche ; à l’aérodrome, la soirée s’annonce fraîche. Mon blouson ne m’offre qu’une mince protection contre le froid. Et je n’ai que cinq dollars sur moi. Ayant repéré une cabine téléphonique non loin de là, je m’y engouffre et signale « 0 » pour parler sans frais à la téléphoniste. Je lui explique que je suis perdu et demande si elle peut me dire de quel endroit je l’appelle. Incrédule, cette femme à l’accent britannique demande comment on peut ne pas savoir où l’on se trouve… « Bon, continue-t-elle, cette cabine téléphonique se trouve à Trail… en Colombie-Britannique ! » Ma nouvelle vie commence donc au Canada ! L’avion me sert de chambre à coucher. Le lendemain matin, je dépense le peu d’argent que j’ai à un McDonald’s non loin de là. Après ce petit déjeuner, je parcours 13 kilomètres à pied vers la ville de Rossland. Transi et grelottant, je trouve enfin une ligne téléphonique d’urgence. Un policier vient me prendre. En apprenant que j’ai traversé la frontière sans passeport ni autorisation, il me jette immédiatement en prison. Ce soir-là, ma mère vient me cher-
Là-haut, dans les nuages, je me sens au sommet du monde ! cher et me ramène à la maison. Son visage est tout rouge tellement elle a pleuré ; dans ses yeux, je peux lire son angoisse. Elle a passé une nuit blanche, se demandant avec inquiétude si mon avion s’était écrasé. Le journal Union-Bulletin de Walla Walla, lui, y est allé de ces lignes : « Comme le jeune pilote n’était pas de retour, les dirigeants de l’établissement scolaire ont signalé sa disparition au bureau du shérif. Une recherche aérienne impliquant plusieurs agences a commencé dès l’aube. » Les autorités canadiennes me relâchent sans porter d’accusation. Quant à l’Institut d’enseignement supérieur, il décide de ne pas engager de poursuites. UN BOND DANS LE TEMPS
Des tas de choses se passent au cours des 25 années suivantes. Après mes études de premier cycle, je travaille pendant 17 ans à un journal en Russie, dont près de huit ans en tant que rédacteur en chef. En 2006, ma vie prend un nouveau tournant : pour la première fois de
mon existence, je cherche Jésus de tout mon cœur – une quête qui aboutira à mon baptême. Plus tard, je rends visite à mes parents et à tous ceux auxquels j’ai fait du tort. Je leur demande sincèrement pardon. Enfin, je contacte l’Institut d’enseignement supérieur de Walla Walla et le dédommage de tous les frais encourus par ma « grande vadrouille ». Pour moi, une vie nouvelle a commencé ! Aujourd’hui, c’est la première fois que je remets les pieds au Canada depuis cette aventure. À l’aéroport d’Edmonton, l’agent m’interroge. « Un vrai coup de tête, Monsieur l’Agent. C’est stupide ce que j’ai fait. » Il me pose davantage de questions et fouille mon bagage. Pendant que je referme le tout, il s’éloigne et consulte tranquillement son collègue. Je fais monter une prière silencieuse. À son retour, il me regarde pendant un moment et dit : « Je vais vous laisser entrer au Canada. » Et il tamponne mon passeport. Je le remercie. Dois-je m’attendre à de telles vérifications chaque fois que je viendrai au Canada ? « Je ne sais pas, répond l’agent. Je vais écrire une note disant que nous vous laissons entrer aujourd’hui. Mais vous savez, une fois que vous êtes dans l’ordinateur, nous ne vous oublions jamais ! »
Dieu. Ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera aussi. Celui qui sème pour sa chair moissonnera de la chair la corruption ; mais celui qui sème pour l’Esprit moissonnera de l’Esprit la vie éternelle. » (Ga 6.7,8) En 1992, mon égoïsme m’a poussé à semer pour la chair. Et un quart de siècle plus tard, j’en récolte les résultats. Dieu m’a pardonné, mes parents m’ont pardonné, et les autres aussi. Mais le Canada, lui, a conservé un dossier permanent de mon erreur. « Ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera aussi. » Quelle que soit l’ampleur du pardon – et même celui de Dieu – l’implacable réalité demeure : on fait toujours face aux conséquences de ses actes. Le jour où j’ai donné mon cœur à Jésus, une vie nouvelle a commencé pour moi. Mais cette expérience à l’aéroport d’Edmonton m’a fait comprendre que mon ancienne vie me suivra toujours – jusqu’au retour de Jésus. En ce jour glorieux, il fera toutes choses nouvelles, selon sa promesse : « Car je vais créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre ; on ne se rappellera plus les choses passées, elles ne reviendront plus à l’esprit. » (Es 65.17) Quand Dieu pardonne, le ciel ne conserve aucun dossier permanent des erreurs.
FAIRE FACE AUX CONSÉQUENCES
Andrew McChesney, éditeur du Rapport missionnaire de l’Église adventiste, rédige des histoires missionnaires quotidiennes pour AdventistMission.org.
Tout acte entraîne des conséquences. La Bible dit : « Ne vous y trompez pas : on ne se moque pas de
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Ce que nous croyons
La gestion chrétienne de la vie
6 +1
Quand le rythme de Dieu devient notre rythme
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ous vivons dans le monde du plus gros, du meilleur, du plus rapide, et du toujours plus. Nombre d’entre nous sont tombés dans l’illusion d’une croissance continue. Tous les mois, les marchés financiers sont à l’affût des chiffres clés se rapportant à l’emploi et à la croissance du P. I. B. (produit intérieur brut). Les compagnies de technologie telles qu’Apple et Samsung investissent des milliards de dollars pour produire une technologie novatrice qui fera exploser les ventes – et stimulera la croissance. L’événement Apple de septembre, où l’on fait la démonstration des capacités d’un nouveau iPhone, attire tous les ans des milliers de journalistes et des dizaines de milliers de spectateurs en ligne. L’innovation crée la croissance – et la croissance stimule l’innovation. En tant qu’adventistes, il se peut que nous ne suivions pas d’aussi près l’évolution de la technologie. Mais une chose est sûre : nous courons, nous aussi, le danger d’être aspirés par le roulement de tambour envoûtant de la croissance constante. Nous rapportons fréquemment les nouveaux chiffres de l’effectif ou le développement des contributions financières de nos membres. Nous raffolons de voir la bonne nouvelle du salut atteindre des milliers, voire des millions – ce qui est tout à fait légitime. Après tout, la croissance constante ne constitue-t-elle pas le plan de Dieu ? REDÉCOUVRIR LE RYTHME DE DIEU
Lorsque Dieu acheva la création de ce monde, il invita sa création (y compris Adam et Ève) à se reposer. En ce sabbat du
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Photo : Sasin Tipchai
septième jour – couronnement de l’activité créatrice de Dieu – qu’il dut être impressionnant de voir le Créateur lancer les étoiles, la lune et le soleil dans leurs orbites, et d’observer, bouche bée, les animaux se lever et sillonner le jardin ! Mais ce fut le sabbat qui unifia le tout. Le Créateur, pourtant fort occupé, s’arrêta, se reposa, bénit ce jour – et communia avec ses créatures (Gn 2.2,3). Le repos du sabbat en apprit davantage à Adam et à Ève que toute l’activité de la création dans son ensemble. « Même dans le Paradis, écrit Ellen White, l’homme avait besoin, un jour sur sept, de cesser son activité terrestre pour se vouer plus complètement à la contemplation des œuvres créées, écouter la nature parler à ses sens et proclamer qu’il y a un Dieu vivant »1. « Même dans le Paradis »… Voilà une affirmation stupéfiante ! Le rythme 6 + 1 de Dieu n’était pas destiné essentiellement aux habitants de la terre de l’après chute, à ces habitants fatigués, malades du péché, épuisés. Reflétant un créateur parfait, il avait été conçu, à l’origine, pour une création parfaite. Dieu veilla à ce que son rythme imprègne toutes les sphères de la vie de son peuple – y compris la production alimentaire. Suite à leur libération de l’Égypte, les Israélites reçurent des lois qui reflétaient le rythme de vie unique de Dieu. Lévitique 25.2 présente l’importante notion du repos du sabbat pour la terre : « Quand vous serez entrés dans le pays que je vous donne, la terre se reposera : ce sera un sabbat en l’honneur de l’Éternel. » La terre faisant partie de la création de Dieu, elle avait besoin, elle aussi, du repos du sabbat. Dieu leur dit que tous les sept ans, la terre devait se reposer : on ne devait ni semer, ni élaguer, ni fertiliser, ni enlever des pierres, ni désherber (voir aussi Ex 23.10-12). La terre produirait à son propre rythme, et Dieu pourvoirait : « Ce que produira la terre pendant son sabbat vous servira de nourriture, à toi, à ton serviteur et à ta servante, à ton mercenaire et à l’étranger qui demeurent avec toi » (Lv 25.6). Le peuple de Dieu devait s’appuyer complètement sur son créateur et rédempteur pour sa subsistance quotidienne. Ainsi, le rythme 6 + 1 devint un rappel hebdomadaire et annuel de la grâce divine. Les lois gouvernant la dette de l’esclavage étaient une autre façon de saisir le rythme de vie crucial 6 + 1. Tant en Israël que dans l’ancien Proche-Orient, un individu pouvait, pour payer ses dettes, se vendre lui-même ou vendre un membre de la famille à un créancier. Six années du travail de l’esclave remboursaient n’importe quelle dette. La septième année, tout esclave hébreu devait être relâché (Ex 21.2 ; Dt 15.12). Deutéronome va même plus loin et explique la véritable philosophie du 6 + 1 : « Et lorsque tu le renverras libre de chez toi, tu ne le renverras point à vide ; tu lui feras des présents de ton menu bétail, de ton aire, de ton pressoir, de ce que tu auras par la bénédiction de l’Éternel, ton Dieu. » (Dt 15.13,14) L’économat biblique
Dieu veilla à ce que son rythme imprègne toutes les sphères de la vie de son peuple.
relatif au temps, aux individus, à la terre, et même aux animaux a toujours inclus la perspective d’une communauté d’alliance devant Dieu, et une responsabilité pour ceux qui avaient besoin de voir, de façon tangible, la main gracieuse de Dieu dans leur vie. Le concept plus gros, meilleur, plus rapide, et toujours plus n’entre certainement pas dans le plan de Dieu. DÉCOUVRIR LE RYTHME 6 + 1
Lorsque les Israélites campèrent au pied du mont Sinaï et se préparèrent à rencontrer Dieu, on leur dit que le plan divin à leur endroit comportait un but noble et élevé : « Vous serez pour moi un royaume de sacrificateurs et une nation sainte. » (Ex 19.6) La trame même de la société d’Israël devait être gouvernée par sa relation avec le Seigneur (« royaume de sacrificateurs ») et son accès (sacerdotal) constant à sa présence. Chaque sabbat hebdomadaire, chaque septième année, chaque jubilé (suivant 7 × 7 années) devait leur rappeler ce privilège et ce style de vie. Prendre soin de la terre, de leurs serviteurs, de leurs animaux, et même de l’étranger dans leurs portes devait faire partie du rythme 6 + 1 de Dieu. Les habitudes sont des patrons de comportement puissants. Une « bonne habitude » (comme l’exercice régulier ou le culte personnel du matin) nous aidera énormément à mener une vie saine et productive. De même, une « mauvaise habitude » (comme perdre du temps devant la télé ou l’écran de l’ordinateur, ou maltraiter notre corps en mangeant des aliments malsains ou en ne dormant pas suffisamment) résultera souvent en un comportement autodestructeur. Les habitudes sont, indubitablement, de puissantes structures. Le rythme global divin 6 + 1 (y compris le sabbat, mais touchant aussi d’autres aspects de notre vie) offre à Dieu l’occasion de reprogrammer notre cœur malade du péché, pour que nous regardions au-delà de nous-mêmes et de notre nature égoïste. Ce rythme de formation d’habitude va absolument à l’encontre de la litanie plus gros, meilleur, plus rapide, et toujours plus qui prévaut tout autour de nous. 6 + 1… Le septième jour, nous nous arrêtons, nous nous reposons, nous fraternisons – et alors, nous devenons une bénédiction pour le monde qui nous entoure. Ellen G. White, Patriarches et prophètes, p. 25.
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Gerald A. Klingbeil, rédacteur adjoint de Adventist World, essaie d’apprendre chaque jour à vivre le rythme de Dieu 6 + 1 de façons significatives. AdventistWorld.org Janvier 2018
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Place aux jeunes
Je connais Jésus, moi aussi
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i vous demandez à mes voisins de vous raconter l’histoire de notre petite ville de 6 000 habitants, ils vous diront probablement que son origine remonte à il y a 200 ans. Mais ce qui importe le plus, c’est que cette ville où j’habite est une terre de pionniers. Nommée en l’honneur d’un grand dirigeant de l’indépendance argentine, Libertador San Martín n’est située qu’à quelques kilomètres de la première église adventiste officielle en Amérique du Sud. Elle compte aujourd’hui un grand hôpital (que nous appelons sanatorium), une université, et une école secondaire. Ces institutions ont été fondées par des croyants fidèles pour répandre le message adventiste d’espérance et pour préparer des professionnels à servir ailleurs dans le monde. Aussi loin que remontent mes souvenirs, la grande majorité de la population était adventiste – chose rare dans de nombreuses parties du monde. En ce qui me concerne, j’ai grandi dans des localités où mes amis devaient lutter pour réussir leurs cours s’ils voulaient garder le sabbat. Mais ici, tous les magasins sont fermés pendant les heures du sabbat. En fait, les professeurs encouragent les étudiants à observer le sabbat selon l’exemple de Jésus. Qu’il est agréable d’habiter en un lieu où la plupart des gens partagent les mêmes croyances ! Cela peut, toutefois, devenir une épée à deux tranchants. Mon arrière-grand-mère, mes grands-parents et mes parents m’ont raconté certaines de leurs expériences ici. J’ai grandi en tant qu’adventiste de quatrième génération, mais il n’y a que quelques années que j’ai compris combien cela pourrait aussi être dangereux. Vous vous demandez peut-être pourquoi. Qu’y a-t-il de mal à grandir dans un foyer adventiste dans une ville adventiste ? N’est-ce pas une bénédiction ? Eh bien, oui, mais pas nécessairement. Tandis que je suis sur le point de terminer mes études ici et que je prévois quitter ce lieu familier, je constate combien il est important de former des croyants de « première génération ». Qu’est-ce que je veux dire par là ? Les 22
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croyants de première génération ne sont pas nécessairement les premiers dans leur famille à suivre Jésus. Cependant, ils ont besoin d’une rencontre de première main avec lui. Je suis entourée de petits-enfants de pionniers adventistes – de ces missionnaires qui vinrent dans ce pays avec mille et une incertitudes, peu d’argent, et une connaissance insuffisante de la langue. Ils s’établirent ici parce que Dieu les y avait envoyés. Mais leurs enfants ont-ils fait l’expérience du même appel, ou est-ce encore l’appel de leurs grands-parents ? Si vous ne rencontrez pas Dieu personnellement, le sang de Jésus ne signifiera rien pour vous – quelle que soit la quantité de sang adventiste qui coule dans vos veines. Après avoir commencé personnellement à étudier ma Bible et à prier, j’ai senti que Dieu me lançait un défi de taille : il voulait que je me réveille, que je fasse une expérience personnelle avec lui chaque jour, et que j’aide les jeunes adventistes de quatrième génération autour de moi à comprendre qu’on peut vivre sa propre vie en croyant tout réussir alors qu’en fait, on rate tout. Faites-vous face à d’autres difficultés dans votre église aujourd’hui ? Si oui, votre expérience en tant que croyant peut différer de la mienne. Mais l’appel divin, lui, demeure le même et s’adresse à chacun de nous personnellement. Actuellement, je suis monitrice de l’École du sabbat pour les préados. J’aspire à ce que mes élèves soient des croyants de première génération. Je veux qu’ils soient les premiers dans leur classe à dire : « Je relève le défi. Je veux faire partie de la dernière génération. Mes grands-parents étaient des missionnaires, et j’en serai un, moi aussi. Ils connaissaient Jésus. Et je le connais, moi aussi. »
Carolina Ramos étudie en traduction, en enseignement de l’anglais, et en éducation de la musique à l’Université adventiste de la Plata, en Argentine. Passionnée de la mission, elle aime travailler avec les enfants et les ados.
Photo : Carolina Ramos
Santé & bien-être
Notre impact sur l’environnement
Pouvons-nous changer les choses ? L’Église adventiste recommande à ses membres un mode de vie sain pour une longévité accrue. Mon régime et mon mode de vie ont-ils un impact sur l’environnement ? Et puisque Jésus revient, est-il aussi impératif, au fond, de nous préoccuper de l’environnement ?
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ieu a confié le message de la santé à la jeune Église adventiste pour que ceux qui répandent l’Évangile dans le monde puissent servir, et parce que, a dit Ellen White, « notre œuvre [n’est] pas encore terminée »1. À cette époque, Uriah Smith qualifia les ouvriers de l’Église de « groupe malade »2, tandis qu’ils devaient être traités en raison d’un travail acharné et d’un rythme de vie déséquilibré. Vous avez raison : en matière de longévité, les adventistes ont un avantage. Ils vivent de sept à neuf années de plus que la population générale (tel que l’a démontré l’Étude sur la santé des adventistes-1)3. Ceci a été confirmé dans un article du 28 octobre 1996 de la revue Time intitulé « L’avantage des adventistes ». La longévité, une meilleure qualité de vie, et la confiance malgré nos vulnérabilités présentent toutes des avantages du message de la santé. Ce message a été donné principalement pour nous rendre aptes au service, et pour partager le message rempli de grâce de la santé, de l’intégrité, et de l’espérance en Jésus. Vous mentionnez la question de notre mode de vie et de son impact possible sur l’environnement. Après avoir travaillé avec nous sur un projet lié à la santé, le célèbre cinéaste Martin Doblmeier nous a envoyé un courriel confirmant l’œuvre de l’Église adventiste en matière de santé globale, et le défi additionnel pour le Ministère adventiste de la santé (AHM) de mettre l’accent sur la santé, le bien-être, et l’environnement. Nous sommes heureux d’annoncer qu’au cours des 15 dernières années, l’Église adventiste a insisté sur l’importance de l’environnement et de la santé. Selon le programme CELEBRATIONS® – Programme d’éducation pour une santé globale – l’environnement constitue un facteur spécifique influençant la santé. Et inversement, un mode de vie modelé par des choix judicieux peut affecter l’environnement. Historiquement, les adventistes ont pratiqué et défendu le végétarisme
Photo : Ryan McGuire
pour des raisons d’hygiène, et non pour des raisons philosophiques ou théologiques. Nous avons été instruits, et croyons, que le fait de prendre soin de l’être tout entier peut mener à une perception spirituelle, favoriser un esprit clair, et occasionner une plus grande sensibilité des cellules nerveuses complexes du cerveau aux impressions et aux directives du Saint-Esprit. Une analyse approfondie des études qui se penchent sur l’influence de la consommation d’aliments spécifiques et des gaz à effet de serre (GES) a révélé que la production (et la consommation) de bœuf dégage un taux plus élevé de GES que d’autres types de produits animaux (y compris les produits laitiers) et que les produits végétaux. Une recherche plus poussée conclut qu’il sera important de réduire le bétail pour assurer la sécurité alimentaire future, les niveaux de consommation actuels étant insoutenables4. Dans notre chaîne alimentaire, devrionsnous également nous préoccuper de la façon dont les animaux sont traités – ou souvent maltraités et brutalisés ? Oui, nous le devrions, parce que Dieu, lui, s’en préoccupe (Jon 4.11). Et la pollution environnementale ? Au retour de Jésus, Dieu régnera éternellement et « [détruira] ceux qui détruisent la terre » (Ap 11.18). Dieu se préoccupe-t-il de tout ça ? Absolument ! Nous pouvons l’honorer par une intendance fidèle de notre corps et de l’environnement qu’il nous a donné comme habitat. Ellen G. White, Selected Messages, Washington, D.C., Review and Herald Pub. Assn., 1958, 1980, vol. 3, p. 279. 2 Arthur L. White, Ellen G. White: The Progressive Years, Washington, D.C., Review and Herald Pub. Assn., 1986, vol. 2, p. 119. 3 https://publichealth.llu.edu/adventist-health-studies. 4 T. Raphaely et D. Marinova, Impact of Meat Consum76yption on Health and Environmental Sustainability, Information Science Reference. 1
Peter N. Landless est cardiologue spécialisé en cardiologie nucléaire, et directeur du Ministère de la santé de la Conférence générale. Zeno L. CharlesMarcel, M.D., est directeur adjoint du Ministère de la santé de la Conférence générale.
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À la découverte de l’Esprit de prophétie
Ellen White et l’environnement Souligner le lien entre la création et le Créateur
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Ellen White était-elle une environnementaliste ? Se préoccupait-elle de la planète terre, de l’écologie, du recyclage, des polluants, et des effets du matérialisme ? Bien qu’ayant vécu la plus grande partie de sa vie au 19e siècle – avant que le plastique ne soit inventé, que la puissance nucléaire ne soit développée, et que les substances chimiques ne contaminent nos rivières et nos cours d’eaux – elle défendait avec ardeur le soin à apporter à la terre. Sa conscience environnementale lui venait de deux sources : les Écritures, et une inspiration directe de Dieu. Elle insistait sur la nécessité d’attacher un grand prix à la Bible parce qu’elle révèle la volonté de Dieu. Dans ses pages, nous découvrons la raison pour laquelle nous avons été créés et la façon d’atteindre notre objectif1. Ellen White avait une approche globale de sa vie et de sa mission. Pour elle, le soin envers la terre n’était pas distinct du soin envers les êtres humains. La nature, précisa-t-elle, non seulement entretient le sentiment de la gloire de Dieu, mais apporte aussi repos et joie aux êtres humains de tous les siècles2. VIVRE DE FAÇON PRATIQUE
Selon Ellen White, les avantages de la vie à la campagne ne consistent pas seulement dans la possibilité de cultiver sa propre nourriture. Les enfants, disait-elle, qui ont l’occasion de jardiner, de prendre soin des animaux, et de contempler les merveilles de la nature dans de magnifiques environnements, en profitent tant sur le plan éducatif que spirituel3. Elle croyait que l’environnement original de la nature favorise la santé physique4. De quelles façons la messagère du Seigneur pratiquait-elle ce qu’elle prêchait sur l’écologie ? Elle aimait jardiner, faire des randonnées, camper en montagne et pique-niquer avec les siens. Elle promouvait des traitements naturels tels que l’hydrothérapie, le massage, et d’autres interventions de santé globale. Ellen White aimait beaucoup les fleurs. Souvent, elle faisait des parallèles entre le monde botanique et le Créateur de la diversité. Convaincue que Dieu « veut que nous trouvions nos délices dans les belles choses de sa création »5, elle plantait soigneusement des fleurs dans ses plates-bandes. Lors de la saison estivale, tous les sabbats, elle ornait de fleurs fraîches la table de sa salle à manger. La nature, enseignait-elle, est un don de Dieu. Il désire que nous en prenions soin et la préservions en réponse à sa grâce6.
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Les préoccupations environnementales d’Ellen White se traduisaient notamment par son insistance sur un régime végétarien équilibré. Un tel régime non seulement procure une meilleure santé, mais épargne aussi les animaux et les matières premières. Comme il utilise plus efficacement les céréales et autres cultures, il constitue une solution pratique pour nourrir les affamés. L’activisme d’Ellen pour le régime végétarien n’était pas uniquement motivé par la santé de l’humanité7. La souffrance des animaux, en effet, ne la laissait pas indifférente8. Elle dénonça la maltraitance animale dans les abattoirs et les fermes d’élevage industriel en ces termes : « Les animaux voient, entendent, aiment. Ils connaissent la peur, la souffrance »9. LA RESTAURATION DE LA CRÉATION
Pour Ellen White, l’écologie et le mandat évangélique vont de pair : « [Hommes et femmes] devaient coopérer avec Dieu dans le rétablissement de la terre malade, à la louange et à la gloire de son nom10. » En fait, elle avait le sentiment qu’un économat consciencieux de la terre constitue un devoir important11. Bien avant que la cupidité liée au pétrole ne domine la politique mondiale, bien avant la contamination chimique de l’eau, de l’air, et de la terre, Ellen White reconnaissait la nécessité d’une eau potable et d’un air pur12. Comprenant les effets nocifs de la pollution chimique et de la pollution par le bruit13, elle attira souvent l’attention sur les bienfaits d’une maison à la campagne, et même d’une randonnée en milieu rural, source de paix, de quiétude, et de repos – des éléments essentiels pour une bonne santé mentale et cardiaque14. À l’exemple des Écritures, Ellen White exhortait continuellement les chrétiens à rejeter le matérialisme et à simplifier leur vie afin de soutenir financièrement les missions et de prendre soin des pauvres15. Elle encourageait les familles à vivre selon leurs moyens, et à ne pas accumuler des biens inutiles16. Au cours des dernières années, des études ont montré le potentiel de développement moral dans le monde naturel. Eh bien, Ellen White a écrit sur un tel potentiel il y a plus de 100 ans ! Elle croyait que la nature fournit des occasions d’acquérir des valeurs spirituelles et de les approfondir, à condition de reconnaître intentionnellement que Dieu est le Créateur de la nature17. Ainsi, l’écologie n’est pas une fin en soi. Un environnement intact nous rappelle un Dieu qui fait ses délices de ce qui est beau.
Photo : Nathan Anderson
LE CRÉATEUR DE LA CRÉATION
Selon Ellen White, le respect pour la création inclut le respect pour le Créateur. Elle reconnaissait que les droits humains s’enracinent dans la doctrine de la création. Le péché a brisé la relation de l’humanité avec Dieu, avec les autres, et avec la nature. Mais motivés pas la grâce de Dieu, nous cherchons à restaurer à ces trois relations leur intégrité. Dieu approuve un « gouvernement qui protège, restaure, soulage, un gouvernement dépourvu de relents d’oppression. Les pauvres, particulièrement, doivent être traités avec bonté. […] Il faut venir en aide aux opprimés. Aucune âme à l’image de Dieu ne doit être considérée comme le marchepied d’un être humain. C’est en vertu du sang rédempteur du Christ qu’il faut manifester les plus grandes bonté et générosité possibles18. » À cause de leur désobéissance, Adam et Ève perdirent leur environnement édénique parfait. Du coup, un processus de dégradation de l’environnement se mit en branle. Aujourd’hui, nous endommageons notre environnement par le matérialisme, la cupidité, la pollution, et un mépris évident des ressources limitées et de la beauté de la terre. En tant que chrétiens, n’attendons pas seulement la restauration finale de la terre à son état édénique original ! Honorons aussi Dieu en prenant un soin responsable de la planète. Ellen G. White, Conseils aux éducateurs, aux parents et aux étudiants, p. 344, 345. Idem., Le foyer chrétien, p. 146. Idem., Témoignages pour l’Église, vol. 2, p. 453; Le ministère de la guérison, p. 311. 4 Idem., Counsels on Health, Mountain View, Calif., Pacific Press Pub. Assn., 1923, p. 266; Le ministère de la guérison, p. 223, 224. 5 Idem., Messages choisis, vol. 2, p. 408. 6 Idem., Le ministère de la guérison, p. 308. 7 Ibid., p. 251. 8 Ibid., p. 265. 9 Ibid., p. 266. 10 The Seventh-day Adventist Bible Commentary, Ellen G. White Comments, vol. 1, p. 1112. 11 Ibid. 12 White, Messages choisis, vol. 2, p. 517. 13 Idem., Le ministère de la guérison, p. 308, 309. 14 Idem., Le foyer chrétien, p. 129, 130, 132, 133 ; Conseils aux éducateurs, aux parents et aux étudiants, p. 151. 15 Idem., Le ministère de la guérison, p. 242. 16 Idem., Le foyer chrétien, p. 382. 17 Idem., Testimonies for the Church, vol. 3, p. 376, 377 ; Conseils aux éducateurs, aux parents et aux étudiants, p. 46, 47. 18 Idem., Manuscript Releases, Silver Spring, Md., Ellen G. White Estate, 1990, vol. 3, p. 37, 38. 1 2 3
Cindy Tutsch est maintenant retraitée. Elle a servi en tant que directrice adjointe du Ellen G. White Estate, à la Conférence générale, laquelle est domiciliée à Silver Spring, au Maryland (États-Unis).
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Méditation
Le scorpion Que nous enseigne-t-il ?
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e scorpion… Formidable, mais aussi dangereux, avec son exosquelette – véritable armure – ses pinces puissantes saisissant sa proie, et un dard qui, à la vitesse de l’éclair, injecte un poison atrocement douloureux. Dès que sa proie – insecte, larve, souris – est morte, ou du moins, paralysée, il la dévore presque en entier. Pour la plupart des gens, le scorpion est une créature répugnante. Son existence même est problématique et soulève une question gênante : Dieu a-t-il créé les scorpions ? Pour répondre à cette question, je ne me servirai que de la Bible et de la logique, et n’en tirerai qu’un seul argument de grande unification sur la question du péché, de la souffrance, et du déclin accéléré de notre environnement. Permettez-moi de commencer en soulignant que selon la Bible, Dieu est amour. Or, l’amour est l’essence même de son caractère. Quelle sorte de monde, alors, un tel Dieu créa-t-il ? L’AMOUR, PRINCIPE ORGANISATEUR DE LA CRÉATION
Dans Job 38.6,7, nous découvrons que lorsque le monde fut créé, « les étoiles du matin [éclatèrent] en chants d’allégresse ». En toute logique, si la nouvelle création avait été contraire au caractère de Dieu, les anges en auraient été consternés, et n’auraient certainement pas chanté. À l’origine, le monde s’harmonisait parfaitement avec le caractère de Dieu ; l’amour en était le principe organisateur. J’en conclus donc que toutes créatures dans un tel monde n’étaient pas portées vers le gain, mais vers le don. C’était là le fondement même de leur existence. Lors de chaque interaction, tout ce que la terre contenait transmettait une bénédiction. Genèse 1.29,30 nous en donne un bref aperçu : dans ce nouveau monde parfait, tous les êtres vivants, lisons-nous – absolument tous ! – se nourrissaient de végétaux. Les nouvelles créatures de Dieu n’avaient pas été conçues pour ôter la vie.
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Nous trouvons l’autre pôle du végétarisme dans Ésaïe 11. Ce chapitre nous donne des descriptions frappantes de la terre recréée : le loup se couchera avec l’agneau, les ours brouteront de l’herbe, et les lions mangeront de la paille. Ce sera aussi différent que ça. Ce passage contient aussi une promesse : « Il ne se fera ni tort ni dommage sur toute ma montagne sainte » (v. 9). Un monde qui a l’amour pour principe organisateur, un monde dans lequel rien ni personne n’assure son existence en blessant ou en tuant, nous est radicalement inconnu. Un tel monde serait exempt de menaces ; même ses systèmes biologiques de base (tel que le tube digestif d’un ours) différeraient fondamentalement de ce dont nous sommes actuellement témoins. IL ÉTAIT UNE FOIS…
Par conséquent, comment le monde, créé parfait à l’origine, en est-il venu à être l’opposé même du caractère de Dieu ? La Bible répond à cette question en racontant une histoire captivante, et fait révélateur, elle la raconte de façon non linéaire, à l’exemple du livre de l’Apocalypse. L’histoire commence par une description détaillée de Lucifer – un ange magnifique, sage, couvert de pierres précieuses et d’or (Ez 28). Cet ange extraordinaire différait des autres : Dieu l’avait oint en tant que chérubin protecteur (v. 14). Bien que ne comprenant pas exactement en quoi consiste la hiérarchie au ciel, nous savons, en revanche, que Lucifer occupait un poste extrêmement élevé. Si nous disons que Dieu était l’empereur, alors peut-être pouvons-nous dire que Lucifer était son premier ministre. Lucifer demeura parfait jusqu’à ce qu’un jour, l’iniquité se trouve chez lui ; l’orgueil et la vanité remplirent son cœur (voir Ez 28.14-17). À partir d’ici, l’histoire se poursuit dans Ésaïe 14.13,14. Lucifer s’écria : « J’élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu ; […] je serai semblable au Très-Haut. » Son poste de premier ministre ne lui suffisait plus. Ce qu’il voulait, c’était la couronne ! UNE CAMPAGNE BIEN FICELÉE
Que fit donc Lucifer ? Il mit en branle la toute première campagne politique, recrutant des anges et attaquant le caractère de son adversaire. Il commença aussi à exposer son plan pour une administration de l’univers
supérieure ; il offrit un modèle différent ayant l’égoïsme pour principe organisateur. « Et il y eut guerre dans le ciel », lisons-nous (Ap 12.7). Mais ce mot « guerre » (polemos, en grec) ne signifie pas seulement une « guerre » et une « bataille », mais aussi un « débat » et une « dispute ». C’est la racine des mots « polémique » et « politique ». Ainsi, cette guerre était essentiellement une bataille d’idées opposées. Les propos de Lucifer – de Satan, désormais – trouvèrent écho dans le cœur de nombreux anges. Finalement, le tiers des anges du ciel rejoignit le camp du rebelle (v. 4). Mais Satan perdit sa campagne. Dieu le chassa
Mais le problème, c’est que ce plan est en fait un désastre total !
du ciel et le précipita, avec ses suppôts, sur la terre (v. 7-9). C’est ici où tout converge, parce qu’ici-bas, il vainquit Adam et Ève et prit pour butin la seule chose qu’ils possédaient vraiment : la domination que Dieu leur avait donnée. Ainsi, Satan devint le « prince » de ce monde (Jn 12.31). Il avait maintenant le pouvoir et l’occasion de poursuivre sa campagne sur la terre et d’exécuter son plan. Satan ne peut créer – Dieu seul est Créateur – mais il peut certainement pervertir la création et y apporter des changements fondamentaux. Il s’empressa donc de prouver à l’univers que son plan était absolument génial. Mais le problème, c’est que ce plan est en fait un désastre total ! En effet, un monde organisé autour de l’égoïsme aboutit à la mort, à la destruction, et à la souffrance – au déclin de tout ce qu’il contient plutôt qu’à son avancement vers les statuts de Dieu. C’est là un plan effroyable, notamment parce que l’égoïsme s’écroule de lui-même et entraîne des conséquences mortelles pour l’environnement et la société humaine. ESPOIR POUR L’AVENIR
Ce dont nous sommes témoins ici-bas – conflits, famines, maladies, catastrophes naturelles – ne sont que les conséquences de ce plan désastreux. Dieu permettra qu’il se poursuive jusqu’à ce que Satan ne dispose plus d’aucun argument pour prouver que son plan est meilleur et que le caractère de Dieu est corrompu. D’ici là, nous sommes appelés à être des exemples vivants du royaume d’amour de Dieu en transmettant une bénédiction lors de chaque interaction, et en proclamant et justifiant le caractère du Créateur dans un monde égoïste. C’est là, tout au moins, mon argument tiré des Écritures et de la logique. Pour voir la vidéo de Scott Christiansen intitulée Earth is a Battlefield, consultez le site artv.adventistreview.org.
Scott Christiansen est un évangéliste de la Fédération du nord de la Nouvelle-Angleterre, et l’auteur du livre Planet in Distress. Il habite à Milton Township, dans le Maine, aux États-Unis. AdventistWorld.org Janvier 2018
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Le rugissement du lion « Brenda, dépêchetoi ! J’entends un lion ! Il faut y aller ! »
« Je vais vous raconter… » DICK DUERKSEN
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Brenda, ma femme, et moi sommes en séjour chez nos nouveaux amis en Afrique du Sud, près des limites du Parc national Krueger. Il est cinq heures – l’heure de se lever. Nous attrapons nos caméras et nous entassons dans la Land Rover. Qu’est-ce qu’il fait froid ! De quoi figer un feu… Dans le véhicule ouvert, les couvertures supplémentaires sont merveilleusement confortables. « Ce rugissement signifie que les frères sont peut-être de retour », lance notre chauffeur. Il accélère en direction du son lointain. « Il y a trois ans, trois jeunes lions – des frères – sont venus dans ce secteur. Formant une équipe redoutable, ils ont tué ou chassé rapidement les autres mâles, devenant ainsi maîtres du territoire où, depuis, ils vont et viennent à leur guise. Et il leur arrive de venir tous les trois en même temps. J’espère
qu’aujourd’hui, ce sera le cas ! » Nous buvons notre chocolat chaud et nous blottissons dans nos couvertures. Sur le terrain inégal, la Rover cahote. Tandis que notre chauffeur se dirige vers les broussailles et l’arroyo, nous nous cramponnons pour ne pas être éjectés du véhicule. « Stop ! » dit-il alors qu’il appuie à fond sur la pédale de frein. « Écoutez ! » Nous obtempérons. Dans le silence qui nous enveloppe à cette heure matinale, l’air nous semble encore plus froid. Soudain, le rugissement se fait entendre. Une fois. Deux fois. Trois. Quatre. Cinq fois. Un rugissement terrible qui fait trembler la Rover et le sol. « Approchons-nous », dit-il. Selon Brenda, il est temps de rentrer pour le petit-déjeuner. Je revérifie mes caméras et attend, espérant être suffisamment calme pour ne pas perdre la bête de vue. Presque sans bruit, la Rover contourne un acacia pour que nous puissions voir l’énorme lion allongé sur Photo : Dick Duerksen
l’herbe et appelant le lever du soleil. Notre chauffeur immobilise la Rover et éteint le moteur. J’appuie mon téléobjectif contre le dossier d’un siège et le pointe vers le fauve. Il rugit de nouveau. Cette fois, sa voix s’harmonise avec le ronronnement du moteur de ma caméra. Il fait si froid qu’à chaque rugissement, un grand nuage de vapeur blanche sort de la gueule du lion. Brenda essaie très fort de ne pas trembler pour que la caméra ne dévie pas de son objectif. J’expire lentement, espérant réussir parfaitement cette séance de tournage du frère n° 1. Soudain, il nous fixe. Dans le soleil du matin, sa crinière tourne en un rouge étincelant, et sa respiration ressemble à un volcan actif. « Regardez à l’est, lance notre chauffeur. Le frère n° 2 s’amène. » Le second lion semble encore plus imposant que son frère. Enveloppé d’une couleur orange éclatante, il traverse les broussailles, comme si le monde lui appartenait. Le frère n° 1 cesse de rugir et regarde son compagnon. On dirait des chatons se préparant à bondir l’un sur l’autre ! Mais au lieu de bondir, le second lion se penche et étreint son frère. Nous assistons à une réunion de famille dans laquelle se retrouvent les « meilleurs amis et frères ». « Regardez au nord, murmure le chauffeur. Le frère n° 3 arrive à son tour. » Plus majestueux encore, le « roi de la jungle » s’approche en se pavanant et se joint à ses deux compères. « J’en ai passé des années dans la brousse, et croyez-moi, je n’ai jamais vu ça, dit notre ami. Habituellement, les grands mâles s’entretuent et prennent le pouvoir, mais ces trois-là sont encore les meilleurs amis du monde. Non, je n’ai jamais vu ça ! » Je troque mon long téléobjectif contre un plus court. J’utilise des piles et l’espace de rangement tandis
que je continue de filmer cette scène amicale. Dans la lumière glacée du matin, les trois lions se roulent par terre et jouent ensemble comme des chatons géants de couleur fauve. Quelques minutes plus tard, le frère n° 3 grogne, se lève, et s’approche lentement de la Rover. « Ne bougez pas », nous dit calmement notre chauffeur. Inquiets, nous retenons notre souffle. Il se dirige vers ma Brenda, ralentit, la regarde un instant, puis, dans une parfaite indifférence, poursuit sa route vers la rivière à sec. Un moment plus tard, les deux autres frères suivent. Ils passent silencieusement près de nous et font comme si nous n’existions pas. Soulagée, Brenda respire de nouveau. Sa première respiration depuis que le premier lion s’est dirigé vers elle. Entre la peur et le soulagement, elle goûte au grand bonheur de cette aventure. « Ils ne nous ont pas mangés ! » murmure-t-elle. Sa réflexion spontanée brise la tension du moment. Nous respirons tous, rions, et louons Dieu pour cet aperçu du ciel dans la brousse de l’Afrique sauvage. Au loin, un lion rugit. *** « Daniel ! » appela le roi Darius depuis l’entrée de la fosse aux lions. « Es-tu vivant ? Ton Dieu t’a-t-il protégé ? » « Oui, mon roi », répondit Daniel en caressant la crinière noire d’un énorme lion. « Mon Dieu a envoyé son ange et fermé la gueule des lions. » « Ah ! C’est bien ce que j’avais pensé, dit joyeusement le roi. » Le Dieu créateur est comme ça. Il transforme une nuit de terreur en une nuit d’amour fraternel avec le grand Lion.
Dick Duerksen, pasteur et conteur, habite à Portland, en Oregon, aux États-Unis. Il est connu dans le monde entier en tant que « pollinisateur itinérant de la grâce ».
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Foi en herbe
Pages amusantes pour les plus jeunes
La fournaise
L
e roi Nebucadnetsar pouvait à peine en croire ses oreilles ! On venait juste de lui annoncer que trois jeunes hommes avaient refusé d’obéir à l’ordre royal de se prosterner devant l’immense statue d’or. Ne savaient-ils pas qu’un tel crime avait pour conséquence la mort dans une fournaise ardente ? « Amenez-les ici ! » ordonna le roi. Bientôt, les trois jeunes hommes se tinrent devant lui. « Schadrac, Méschac et Abed-Nego, est-il vrai que vous n’avez pas adoré la statue d’or que j’ai élevée ? » Oui, c’était
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ardente
vrai ! Alors, le roi décida de leur donner une dernière chance. « Si vous vous prosternez et adorez la statue, j’oublierai votre désobéissance. Mais si vous refusez, vous serez immédiatement jetés dans la fournaise ardente ! » En entendant leur réponse, le roi sursauta. « Notre Dieu peut nous protéger, lui répondirent-ils. Et même s’il ne le fait pas, nous n’adorerons pas ta statue. » Nebucadnetsar devint tout rouge de colère. « Qu’on les jette dans le feu ! » hurla-t-il. Mais un autre choc l’attendait…
Lorsqu’il regarda dans la fournaise, il vit que les trois jeunes hommes se portaient à merveille. Écarquillant les yeux, il aperçut une quatrième personne dans le feu – Jésus ! Le roi en avait assez vu. « Schadrac, Méschac, Abed-Nego, sortez de là et venez ici ! » s’écria-t-il. Les trois jeunes hommes avaient affronté le feu et mis leur confiance en Dieu – peu importe ce qui pourrait se passer.
Je m’interroge ■■ Lorsque
je prie, suis-je prêt à accepter la réponse de Dieu, quelle qu’elle soit ?
■■ Comment
ma foi peut-elle ressembler davantage à celle de Schadrac, de Méschac, et d’Abed-Nego ?
Tu peux lire cette histoire palpitante en entier dans Daniel 3 !
Illustration : Xuan Le
WILONA KARIMABADI ET RANDY FISHELL
Cœur
Perle biblique « Maintenant, je fais appel à toi, ô Dieu, car tu me répondras. » (Ps 17.6, PDV)
Cinq façons de prier Écris tes prières – et les réponses de Dieu – dans un carnet spécial ou sur un bout de papier.
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Lance un groupe de prière avec un ami ou deux (ou plus). Choisissez un nom amusant pour votre groupe et réunissez-vous une fois par semaine.
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Cherche des prières dans la Bible ; tu peux même les mémoriser. Demande au Saint-Esprit de te les rappeler à des moments particuliers, ou lorsque tu ne sais pas quoi dire quand tu pries.
flottant Voici une illusion d’optique amusante ! Tiens tes mains devant toi, à un peu moins de distance que la longueur de ton bras. Ensuite, fais toucher le bout de tes deux index, puis descends-les pour former un V à l’envers (voir l’illustration). Maintenant, concentre-toi sur quelque chose situé un peu au-delà de tes mains. Tu devrais voir apparaître un cœur parfaitement formé entre les bouts de tes « Prier, c’est doigts ! Éloigne légèrement ouvrir à Dieu son les index l’un de l’autre, et cœur comme on le cœur semblera flotter ! le ferait à son (Ceci fonctionne mieux plus intime ami. » avec un arrière-plan uni). (Vers Jésus, p. 142) Utilise ce « cœur » en guise de rappel d’ouvrir ton cœur à Dieu tandis que tes prières montent vers le ciel ! « Le cœur flottant » apparaît ici
Choisis un mot, tel que MERCI ou GRAND-PÈRE. Prie pour quelque chose commençant par chaque lettre de ce mot.
4
Trouve les paroles d’un chant chrétien que tu aimes et lis-les à Dieu en guise de prière.
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Quelles idées te viennent à l’esprit quand tu cherches de nouvelles façons de prier ? Regarder à distance
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