Bulletin France n° 7 à
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D é t r e s s e • O c t o b r e 2 0 1 5
Les migrants Chers amis, La photo du petit Aylan mort sur la plage aura déclenché une émotion considérable. Sa mort est une tragédie en effet, d’autant qu’il n’est ni le premier ni le seul. En 2014, on comptait en moyenne 10 migrants noyés par jour en Méditerranée. En 2015, l’Union européenne s’attend à 10 000 morts, soit en moyenne 27 noyés par jour. Ces chiffres dantesques doivent nous faire réagir ! Que faire ? La plupart des réfugiés seraient pour le moment syriens. Ils n’ont pas quitté la Syrie directement pour l’Europe mais ont été réfugiés au Liban et en Turquie. On aurait tout intérêt à les fixer dans ces pays limitrophes en les aidant jusqu’au jour où le conflit sera terminé. Pour cela, il faudrait cesser de soutenir la guerre en Syrie et réellement se décider à mettre un terme à l’État islamique. Pour soigner les causes de cette crise, il nous faut donc revoir toute notre politique au Moyen-Orient.
Sommaire
A i d e
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INFO-PAYS : Libye
En plein tourment
3 NOTRE AIDE : Ouganda 4 ANNÉE DE LA VIE CONSACRÉE
Liban : sœur Hanan et sœur Micheline
COLLOQUE
Les migrants viennent également d’Afrique et l’on sait que plus d’un million d’entre eux sont aujourd’hui en Libye, prêts à traverser. Là aussi, il nous faut réparer les effets désastreux de notre opération qui a consisté à détruire cette frontière étanche que nous avions au sud de la Méditerranée. Bref, il nous faut investir dans nos périphéries, à la fois pour réguler les flux migratoires qui sans cela deviendront ingérables pour l’Europe et qui accéléreront la transformation démographique et religieuse de notre continent, mais qui constitueront également un appauvrissement des pays d’origine. En effet, ce ne sont pas les plus pauvres qui migrent mais ceux qui ont les moyens de payer les passeurs. Nous sommes en train de ponctionner les classes moyennes et instruites de ces pays pour combler notre déficit démographique, en particulier celui de l’Allemagne. Est-ce vraiment charitable ? L’AED n’a pas attendu Aylan pour s’inquiéter du sort des réfugiés. Ne serait-ce que pour les chrétiens d’Orient persécutés, notre action dépasse les 15 millions € en quatre ans. Cela demeure notre priorité ainsi que le soutien de l’Église dans plus de 150 pays, mais nous devons également nous mobiliser pour ceux qui, chassés de chez eux, arrivent maintenant en France. C’est pourquoi nous avons lancé un appel AED RÉFUGIÉS pour venir en aide à nos frères chrétiens déracinés. Concrètement, et pour répondre à l’invitation du Pape François, nous aiderons financièrement les paroisses et les communautés religieuses qui nous solliciteront pour l’accueil de ces frères. Les besoins sont importants et urgents. Nous comptons sur vous !
Marc Fromager Directeur national
Vendredi 6 novembre 2015 De 9h à 18h
6, rue Albert de Lapparent, Paris 7e Inscriptions sur www.aed-france.org
Encore quelques places disponibles ! (Voir bon de soutien)
FAIRE CÉLÉBRER UNE MESSE POUR UN PROCHE Le Saint Sacrifice de la messe est la plus belle des prières. C’est aussi une manière de soutenir concrètement les prêtres du monde entier, tout en assurant un proche de votre prière. Vous pouvez ainsi confier un défunt, un malade, un filleul, un prêtre nouvellement ordonné, un enfant, etc. Offrandes de messe : voir bon de soutien
INFO-PAYS LIBYE : en plein tourment
La situation en Libye n’a jamais été aussi grave depuis la chute de Kadhafi.
© AED
Gigantesque pays (trois fois plus grand que la France) essentiellement désertique et très peu peuplé, le territoire a été une colonie romaine avant d’être occupé par les Arabes, les Ottomans puis brièvement par les Italiens. Le pays a toujours été en réalité fractionné en trois ensembles : la Tripolitaine autour de Tripoli, la Cyrénaïque autour de Benghazi et le reste, le désert qui abrite des tribus éparses. Les rivalités entre ces ensembles sont dramatiquement
Le pays est fracturé entre deux gouvernements ennemis qui se combattent.
réapparues lors de l’élimination de Kadhafi, le 20 octobre 2011, dans des circonstances confuses. Depuis la mort de son président, le pays demeure dans une situation de transition institutionnelle qui se traduit en réalité par un délitement total des infrastructures, une insécurité généralisée et un effondrement du niveau de vie. Aujourd’hui, la Libye vit sous l’autorité – très relative – de deux gouvernements ennemis : l’un, reconnu par la communauté internationale,
2 AED
n°7
Les derniers chrétiens Aujourd’hui, les chrétiens ne seraient plus que 40 000, tous étrangers. L’assassinat de chrétiens égyptiens puis éthiopiens en février et avril 2015 et les prises d’otages cet été auront obligé les derniers chrétiens du pays à se cacher. En ville, les paroissiens sont surtout des Philippins, beaucoup d’entre eux appartiennent au personnel paramédical. La majorité sont des femmes qui ont décidé de rester parce que les besoins sanitaires de la population augmentent. L’avenir reste sombre. « Nous ne savons pas quelle sera l’évolution, déplore Mgr Martinelli, vicaire apostolique de Tripoli. Dans tous les cas, ajoutet-il, tant qu’il restera un seul chrétien, je resterai. »
Martyrs chrétiens
© DR
contrôle la majorité des régions de l’est, l’autre, dénommé « Fajr Libya », est composé de milices islamistes et contrôle la majorité des villes de l’ouest. Chaque camp dispose de son propre Parlement. Cette guerre entre les deux gouvernements a déjà fait plus de 3 700 victimes. Sans compter que ce chaos a fait le lit des extrémistes islamistes d’Afrique du Nord, dont ceux de l’État islamique. La déstabilisation de la Libye aura aussi accru la pression migratoire. Autrefois régulés, les flux de migrants se sont dramatiquement accrus, le chaos libyen servant d’entonnoir pour la population africaine cherchant à joindre « l’eldorado » européen.
A deux mois d’intervalle, les 16 février et 20 avril 2015, la branche libyenne de l’État islamique aura mis en scène l’assassinat d’un groupe de chrétiens. 21 Égyptiens égorgés sur une plage pour la première date puis 28 Éthiopiens pour la seconde, dont 12 égorgés et 16 autres abattus à bout portant. Sommés de se convertir à l’islam, ces chrétiens sont restés fidèles au Christ jusqu’au bout et sont d’ores et déjà vénérés comme des martyrs par l’Église en Égypte et en Éthiopie.
Chrétiens d’hier et d’aujourd’hui Après Simon de Cyrène, originaire comme son nom l’indique de la Cyrénaïque, et la diffusion du christianisme dans toute l’Afrique du Nord dès les premiers siècles de notre ère, l’arrivée de l’islam balaiera rapidement ces communautés qui renaîtront au gré des ingérences occidentales, les chrétiens étant alors étrangers. De quelques centaines de milliers avant la révolution, ils ne seraient plus aujourd’hui que 40 000, originaires d’Égypte, d’Éthiopie, d’Afrique subsaharienne, des Philippines et d’Inde.
Repères
Superficie : .................. 1 759 500 km 2 Population : .................... 6 244 000 hab.
© AED
© AED
Depuis la chute de Kadhafi et l’effondrement de l’État en 2011, la Libye est plongée dans une situation chaotique : crise des migrants, renforcement de l’État islamique et fuite des chrétiens.
Les chrétiens viennent d’Égypte, d’Éthiopie, d’Afrique subsaharienne ou des Philippines.
Capitale : ......................…........... Tripoli Appartenance religieuse - Musulmans sunnites : 97 % - Chrétiens : 2,7 % - Autres : 0,3 % Langue officielle : arabe
poli
Un projet réalisé grâce à vos dons
© AED
Ces religieuses ont pu continuer leur mission !
Le bâtiment avant les travaux
Le diocèse de Lira se situe au nord de l’Ouganda, dans la partie du pays ravagée par la guerre civile pendant 20 ans. Le conflit sanglant, qui a pris fin en 2007, a laissé des traces profondes et des blessures. Beaucoup d’Ougandais sont traumatisés et souffrent encore aujourd’hui d’une grande anxiété. Le niveau d’éducation est mauvais car la plupart des gens n’ont pas pu fréquenter l’école pendant la guerre. La population est très pauvre et nombreux sont ceux qui souffrent du sida : une aide importante est nécessaire.
Le chiffre du mois
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Les sœurs de l’Institut missionnaire « Marie, Mère de l’Église » travaillent là où, à part elles, il n’y a ni médecins ni infirmières. Dans le district reculé d’Oyam, elles apportent de l’espoir à ceux dont personne ne s’occupe. Elles y dirigent un hôpital de 178 lits, qui dispose d’un centre contre le sida, indispensable dans cette région. Mais les onze religieuses qui travaillent ont failli devoir renoncer à leur mission, à cause de la vétusté du bâtiment dans lequel elles logent. A leur arrivée en 1953, les sœurs espéraient pouvoir rapidement le rénover, mais elles n’avaient pas assez d’argent et les dommages se sont accentués. De l’eau ruisselait du toit percé, dont des parties entières s’étaient effondrées, des termites avaient rongé les poutres en bois : les sœurs étaient en danger si elles restaient. Comme leur service est vital pour les habitants de la région,
nous les avons aidées à rénover le bâtiment avec 15 000 euros, grâce à votre générosité. Un immense merci !
La citation du mois
« Chers bienfaiteurs, nous vous sommes reconnaissants du soutien fidèle par lequel vous nous avez aidés dans notre service eucharistique*. En peu de temps, votre don a déjà conduit à une énorme augmentation de notre production d’hosties. Nous prions pour vous tous les jours, et sommes heureux de pouvoir inclure vos intentions particulières dans nos prières. Soyez certains que votre aide nous inspirera dans notre service pastoral de la propagation du Royaume de Dieu. » Frère John Bosco Asiimwe * L’AED a fourni une machine à hosties aux Frères de Saint Charles Lwanga, à Namugongo
La photo du mois
c’est l’âge approximatif de l’Église en Ouganda. L’Église catholique d’Ouganda existe en effet depuis la fin du XIXème siècle. Dès ses origines, en 1887, 22 jeunes gens sont morts pour leur foi. Ces martyrs sont fêtés chaque année le 3 juin, jour que le gouvernement a rendu férié. Le sang des martyrs est la semence de l’Église ougandaise, car elle connaît aujourd’hui une extraordinaire vitalité : les vocations sont très nombreuses, et les jeunes attirés par l’Église. Mattia Ongom et sa femme Sara ont suivi l’année dernière une formation pour devenir catéchistes, afin de transmettre la Parole de Dieu
Un projet qui attend votre aide
Aider les prêtres qui enseignent au séminaire de Ggaba
La formation des prêtres est un enjeu important en Ouganda
Les prêtres professeurs dans les séminaires sont très reconnaissants pour les offrandes de messe qui leur sont envoyées. En Ouganda, un professeur de séminaire gagne dix fois
moins qu’un professeur d’université laïque, c’est-à-dire 150 dollars par mois, ce qui ne couvre pas les besoins les plus élémentaires. Les prêtres chargés de la formation des séminaristes ont une grande responsabilité. Leur travail exige un engagement qui va au-delà de la simple transmission de connaissances, car ils soutiennent les séminaristes dans leur formation spirituelle et humaine.
Le nombre des vocations en Ouganda est en augmentation : les séminaires sont pleins à craquer. Au séminaire national Sainte Marie, à Ggaba, dans l’archidiocèse de Kampala, 16 prêtres professeurs ont besoin de soutien. Nous leur avons promis cette année 19 200 euros, ce qui permettra de donner à chacun 1 200 euros. Une aide précieuse pour eux !
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NOTRE AIDE : OUGANDA
SPIRITUALITÉ Année de la vie consacrée Liban : Sœur Hanan et Sœur Micheline
« Une personne est plus précieuse que le monde entier » Le Liban vit une situation inédite. Plus de 1,3 million de Syriens sont venus s’y réfugier, sans parler des Irakiens arrivés il y a quelques années et de ceux qui, durant l’été 2014, n’ont eu d’autre choix que de s’y ajouter. À situation exceptionnelle, femmes exceptionnelles. Sœur Hanan Youssef et sœur Micheline Lattouf, Libanaises d’origine, et religieuses de Notre-Dame de Charité du Bon-Pasteur, ont retroussé leurs manches et vivent aux côtés de milliers de réfugiés chrétiens et musulmans qui forment maintenant leur troupeau. Sœur Hanan est responsable du dispensaire Saint-Antoine que tiennent les religieuses près de Beyrouth. Chaque jour, de 70 à 80 personnes y reçoivent des soins. Compte-tenu du nombre de réfugiés, cela est devenu insuffisant. Le dispensaire s’est alors mis à distribuer des vêtements, de la nourriture ainsi que du lait et des couches pour les enfants. En fait, le dispensaire s’occupe un peu de toutes les souffrances humaines : femmes seules et abandonnées, réfugiés, vieillards isolés, enfants qui ne peuvent aller à l’école faute de place et bien entendu, ceux qui n’ont pas d’argent pour se faire soigner. C’est une vie bien remplie. Dans l’histoire libanaise, il y a les nombreux épisodes de guerre, mais aussi les vagues de réfugiés. Sœur Hanan se rappelle qu’en « 2006, pendant la guerre avec Israël, nous avons soutenu plus de 5 000 réfugiés qui nous arrivaient du sud du Liban. Vous ne pouvez imaginer dans quelle souffrance vivent les familles réfugiées. Par exemple, une femme est venue au dispensaire tenant dans ses bras son enfant, dont l’oreille avait partiellement été mangée
par un animal errant, tout ça à cause des conditions de vie insalubres. » Ces familles s’entassent dans des tentes sans eau courante ni électricité. Avec l’aide de travailleurs sociaux, sœur Hanan et ses consœurs tentent d’alléger les souffrances. « Au dispensaire, nous essayons de leur [les réfugiés] donner les meilleurs services parce que nous pensons que ces gens ont été créés à l’image de Dieu. » Sœur Micheline est devenue une mère pour des centaines d’enfants libanais et réfugiés syriens. Dans le centre qu’elle dirige à Deir Er Ahmar dans la vallée de la Bekaa, elle accueille chaque jour jusqu’à 350 enfants, chrétiens libanais et musulmans syriens. Sur place, les enfants participent à toutes sortes d’activités, disposent d’un lieu calme pour travailler et surtout reçoivent une écoute et une attention indispensables pour se remettre peu à peu des blessures reçues : violence familiale et pauvreté pour les Libanais, traumatisme de la guerre et de l’exil pour les Syriens. En plus du centre, Sœur Micheline s’occupe aussi avec sœur Hanan de 800 familles de réfugiés syriens.
Son cœur déborde d’amour pour « ses brebis ». Le cœur de sa mission ? La miséricorde et un désir farouche de réconciliation entre les populations. Son regard s’illumine lorsqu’elle raconte les conversions autour d’elle. Comme Youssef, son responsable pour l’accueil des réfugiés syriens. « Comme beaucoup de Libanais, même chrétiens, Youssef avait appris depuis son enfance que ses pires ennemis étaient les Syriens. Il les a toujours combattus, parfois violemment, en témoignent les traces laissées sur son corps. Mais après des heures de discussions ensemble et plusieurs mois passés dans notre centre, il a compris que les réfugiés syriens étaient avant tout des êtres humains qui avaient besoin d’aide. Et aujourd’hui, Youssef passe ses journées et même ses week-ends à tout faire pour les accueillir au mieux ! N’estce pas cela construire la paix ? » Sœur Hanan au dispensaire, sœur Micheline dans le camp : ces religieuses sont des instruments d’amour et de paix. Pour elles, « une personne est plus précieuse que le monde entier. » Les aimer, une à la fois, pour les aimer toutes.
Prions pour les martyrs de la foi
« Le sang des martyrs est semence de chrétiens »
Tertullien
NIGERIA Un prêtre clarétain a été assassiné à Nekede le 15 août. Le Père Denis Osuagwu a été tué dans une embuscade routière, après avoir célébré la messe de l’Assomption de la Vierge. Le lendemain matin, son corps a été trouvé dans un champ. Le religieux, qui exerçait son ministère au sein de l’archidiocèse d’Owerri, dans le sud du Nigeria, avait également une charge auprès d’une université, au sein de laquelle il semblait y avoir des conflits (mobile possible de ce meurtre, selon la police).
AED 4 AED
29, rue du Louvre - 78750 Mareil-Marly www.aed-france.org
n°7
UKRAINE Agé de 40 ans, le Père Roman Nikolayev, prieur de l’église Sainte Tatiana à Kiev, prêtre de l’Église orthodoxe ukrainienne affiliée au patriarcat de Moscou, est décédé des suites d’une agression par balles le mercredi 29 juillet. Le même jour, Sœur Alevtina, religieuse orthodoxe du monastère Florovsky, à Kiev, a été retrouvée assassinée dans son appartement, les mains liées et portant des traces de torture. La religieuse était âgée de 62 ans.