L'Église dans le monde n° 179

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179 VITALITÉ • DÉTRESSE • FAITS & TÉMOIGNAGES

Portrait Sœur Yen, la petite voie

L’ÉGLISE DANS LE MONDE • N°179 • Juin 2016 • 6 e

Pologne

JMJ à Cracovie, retour aux sources

Côte d’Ivoire l’église, atout cœur de la post-crise


« Miséricorde : cela change le monde. Un peu de miséricorde fait en sorte que le monde soit moins froid et plus juste. Nous avons besoin de bien comprendre cette miséricorde. » Suivant cette phrase du Pape François, l’AED vous propose cette année de « booster votre Miséricorde » !

Inscrivez-vous sur www.misericorde.aed-france.org ! Le monde a plus que jamais besoin de miséricorde


SOMMAIRE

Édito

actualité lEs  points  chauds ............................................................... 4 LE  MONDE  EN  BREF ................................................................... 6 TRIBUNE    Charles de Foucauld ................................................. 7 DÉCRYPTAGE

La Belgique : nouvelle terre de mission . .................................. 8

Carnet des continents Europe    Pologne Les JMJ à Cracovie : retour aux sources

..............................

10

Proche-Orient    Émirats arabes unis

Une Église discrète mais bien vivante .................................. 14 Oman Le Sultanat paisible . ........................................................................ 16

AFRIQUE    Côte d'Ivoire L'Église catholique : l'atout cœur de la post-crise

. ........

18

Asie    Inde

N'oublions pas les martyrs de l'Orissa ................................. 22 Népal L'Église du toit du monde ............................................................ 24

Océanie    Australie

La crise de la société n'épargne pas l'Église

.....................

26

rendez-vous communautés du monde

30 kiosque    écouter, lire, voir ................................................... 32 portrait    Sœur Yen, la petite voie................................... 34 Projets de l’AED ................................................................... 35 prière .................................................................................................. 36 Petits frères de Jésus

.......................................................................

veillez et priez carnet de prière .................................. pages

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centrales

Napoléon apologiste Chers amis, Est-ce la pauvreté de notre monde politique, pauvreté rendue plus inquiétante encore par l’approche d’échéances capitales, qui incite à se tourner vers un personnage tel que Napoléon ? Ici, c’est plutôt l’apologétique chrétienne de l’Empereur, exprimée dans ses Conversations sur le Christianisme lors de son exil à Sainte-Hélène, que nous retiendrons. Quelques extraits : « Je connais les hommes et je vous dis que Jésus n’était pas un homme. Les esprits superficiels voient une ressemblance entre le Christ et les fondateurs d’empires, les conquérants et les dieux des autres religions. Cette similitude n’existe pas : entre le christianisme et les autres religions, il y a la distance de l’infini. » Ou encore : « Le plus grand miracle du Christ a été de fonder le royaume de la charité : lui seul a été jusqu’à élever le cœur de l’homme à des hauteurs inimaginable, à l’annulation du temps ; lui seul, créant cette immolation, a établi un lien entre le ciel et la terre. Tous ceux qui croient en lui, ressentent cet amour extraordinaire, supérieur, surnaturel ; phénomène inexpliqué et impossible à la raison. » Autre sujet d’émerveillement pour Napoléon : « Après saint Pierre, les trente-deux évêques de Rome qui lui ont succédé furent tous, sans exception, martyrisés. Donc, pendant au moins trois siècles, le Siège romain fut synonyme de mort certaine pour ceux qui y montaient [...]. » Dans la même veine : « Si j’avais dû témoigner ma foi au prix de ma vie, j’aurais trouvé le courage de le faire. » Décidément une autre époque !

Marc Fromager

Directeur national

Ce numéro comporte un encart posé sur la couverture. Pour vous abonner, contactez l’AED, écrivez à la rédaction : 29, rue du Louvre - CS 30057 - 78 750 Mareil-Marly - 01 39 17 30 10 contact@leglisedanslemonde.org - Photo de couverture : © Raphaelle Villemain - Photo de la 4e de couverture : © AED - Directeur de la publication : Pierre Bouhey - Rédacteur en chef : Marc Fromager - Rédactrice en chef adjointe : Amélie de La Hougue - Comité de rédaction : Marc Fromager, Amélie de La Hougue, Philippe Oswald, Emmanuelle Ollivry - Secrétaire de rédaction : Véronique Belle - Fabrication / production : CLD, 33, avenue du Maine, 75015 Paris - Impression : Imprimerie de Champagne, Z.I. les Franchises, 52200 Langres Inscription CPPAP - n° 0510G79871 N° ISSN : 0252-2578 - Dépôt légal : juinl 2014

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Les points chauds

Actualité

Royaume Uni Mgr Peter Brignall, évêque catholique de Wrexham, au nord du pays, a annoncé la fermeture d’un tiers des églises du diocèse à cause du manque de prêtres. Seuls vingt-deux seraient en dessous de l’âge de la retraite pour la pastorale en 2020.

Nicaragua L’évêque de Matagalpa, Mgr Rolando José Alvarez Lagos, a exhorté à mettre un terme aux crimes contre les civils, dans le Nord du pays. « La population vit dans la terreur, il est important de démilitariser la zone et de faire cesser tout type de crime contre les civils. »

RDC À l’Est, les relations entre les communautés Hutus et Nandes dégénèrent en conflit. Les Nandes accusent les Hutus d’être complices des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda), un groupe armé à l’origine d’atroces violences contre la population.

Pérou L’Église cherche à pallier les problèmes complexes auxquels sont confrontées les populations indigènes en mettant en place des programmes de développement adaptés à leur mode de vie ancestral.

Vitalité Inquiétude Détresse Sources : fides, asianews, apic

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Argentine Une forte détérioration des conditions de vie a été enregistrée début 2016. On compte 2,3 millions d’indigents et près de 13 millions de personnes sont en situation de pauvreté.


Retrouvez toute l’actualité de l’Église en Détresse sur www.aed-france.org

Turquie

russie

Les frères mineurs ont ouvert une nouvelle fraternité franciscaine à Smyrne, pour poursuivre le travail de dialogue œcuménique et interreligieux entrepris par la première fraternité basée à Istanbul.

La construction de dizaines d’églises orthodoxes ces dernières années dans la capitale suscite des réactions contrastées. Selon une analyse du centre d’études Sova, à Moscou, la société russe est devenue davantage anticléricale en 2015.

SYRIE Après quelques semaines de trêve, Alep a subi en mai une pluie de roquettes et des tirs d’artillerie sans précédent, causant des centaines de morts et blessés, et mettant à mal le processus de paix.

Chine Près de vingt mille baptêmes ont été administrés à Pâques au sein des différentes communautés catholiques de Chine continentale, en légère augmentation depuis 2015.

PAKISTAN

Ethiopie Aidés par un prêtre fidei donum, des enfants chrétiens, armés de leur cahier de catéchisme et de leur enthousiasme, se rendent dans les villages pour évangéliser les enfants de leur âge.

sans aucune preuve concrète, un couple de chrétiens a été condamné à mort pour des messages blasphématoires qu’il aurait envoyés par téléphone. Ce nouveau cas illustre combien la loi sur le blasphème est gravement manipulée contre les minorités.

Madagascar Les évêques lancent un cri d’alarme face aux violences et à la pauvreté du pays. Ils dénoncent « les mensonges et les vols » qui touchent « jusqu’au sommet de l’État », et soulignent l’incapacité des dirigeants à résoudre les problèmes.

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Le monde en bref

Actualité ACTUALITé

›› Il l’a dit

La fontaine de Trévi éclairée du rouge des martyrs.

Destruction de l’église latine de Mossoul L’église latine du centre de Mossoul, en Irak, connue comme « l’église de la Vierge miraculeuse » a été détruite par une bombe le 24 avril. Le patriarcat de Babylone des Chaldéens attribue cet acte de « vandalisme sacrilège » aux militants de Daech, dénonçant un « péché grave contre Dieu et l’homme » qui « cherche à effacer la mémoire des chrétiens ».

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Mgr Shaw, l’archevêque de Lahore, au Pakistan, après les attentats de Pâques : « En ce moment de profonde douleur et de deuil, dans une situation traumatisante, nous pouvons seulement faire nôtre la prédication de Jésus après sa résurrection et consoler les blessés et les survivants par ses paroles : « la Paix soit avec vous ». Nous n’avons pas besoin et nous ne voulons pas d’une guerre civile. Nous, chrétiens, sommes des hommes de paix. Nous ne laissons pas la douleur troubler notre regard. Il faut qu’il soit toujours celui du Christ et de son Évangile. Quel avenir voulons-nous construire pour le Pakistan ? Un avenir d’harmonie et de réconciliation. Nous avons besoin de prières pour pouvoir poursuivre la mission qui nous a été confiée par le Seigneur Jésus ressuscité : rendre la paix et l’espérance à cette population blessée et désespérée. » ■

›› Gros plan

En l'honneur des martyrs chrétiens Le 29 avril 2016, à 20 heures, la Fontaine de Trevi à Rome s’est teinte de rouge pour rappeler le sang versé par tant de « martyrs chrétiens qui, aujourd’hui, sont encore plus nombreux qu’aux premiers siècles de l’Église ». (Pape François, 4 mars 2014). Par cette initiative sans précédent, l’AED a voulu attirer l’attention sur la tragédie de la persécution des chrétiens, comme elle l’avait déjà fait en octobre 2015, alors qu’elle avait illuminé en rouge la statue du Christ Rédempteur à Rio de Janeiro. Le président de la conférence des évêques d’Italie, le cardinal Angelo Bagnasco, a exprimé son soutien à cette initiative : « Empourprer la fontaine de Trevi est l’occasion d’offrir à tous un signe de la présence, encore aujourd’hui, du martyre, et pour élever vers le Seigneur une prière en faveur des chrétiens persécutés et de tous ceux qui sont opprimés, en souhaitant qu’une sensibilité accrue sur ce thème porte, chez de nombreuses personnes, des fruits d’engagement et d’implication active. » ■

l

France, un futur saint Un miracle attribué au l

bienheureux Salomon Leclerq (1745-1792) a été validé le 10 mai par la congrégation pour la Cause des saints. Ce frère des écoles chrétiennes

400 000

a été massacré avec d’autres religieux lors de la Révolution française pour avoir refusé de prêter serment à la constitution civile du clergé.

C’est le nombre de croix que l’on peut compter sur la Colline des Croix, située en Lituanie. Un lieu saint d’espérance et de résistance depuis le XIVe siècle, témoin de la foi du peuple catholique.

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Tribune

Actualité

Charles de Foucauld, passionné de Dieu, donné aux hommes Charles de Foucauld est mort il y a cent ans et il a suscité de nombreuses congrégations. Parmi elles, les Petites Sœurs de l’Évangile – dont sœur Christine qui revisite la vie et la foi de ce grand témoin du Christ.

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a vie n’a pas été un chemin tout droit : Charles témoigne de Dieu orphelin à six ans, il est passé par des doutes et par dans un grand respect envers tous. la perte de la foi pendant son adolescence. Interpellé Son témoignage passe d’abord par par la vie de prière des musulmans au désert puis par le la vie : « Toute notre existence, tout témoignage discret de sa cousine, profondément chrénotre être doit crier l’Évangile sur les tienne, il se remet en quête de Dieu. La rencontre avec toits. » Puis il s'adapte à chacun : aux le Christ, à l’église parisienne Saint-Augustin, à l’âge de croyants comme aux amis agnosvingt-huit ans, bouleverse sa vie. « Aussitôt que je crus tiques ou athées, chrétiens comme indigènes musulqu’il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire mans ; « avec certains, sans leur dire jamais un mot de autrement que de ne vivre que pour Lui », écrit-il. La Dieu ni de la religion, patientant comme Dieu patiente ; rencontre avec Dieu transforme, l’amour de Dieu appelle avec d’autres, en parlant de Dieu dans la mesure qu’ils une réponse, une réponse qui engage notre vie, toute peuvent porter ». Pour tous il veut être apôtre « par la notre vie. bonté, la tendresse, l’affection fraternelle, l’exemple de la Charles de Foucauld est frappé par le mystère vertu, par l’humilité et la douceur toujours attrayantes et de « Nazareth » : par la vie toute simple si chrétiennes ». Tout notre être du fils de Dieu, pendant trente ans. Charles se veut frère, frère Comme le Christ, il ne cherche pas la doit crier l'Évangile de tous. Ce n’est pas un chemin à sens première place, mais la dernière, dans la unique ; ce sont bien les autres qui doisur les toits pauvreté et le partage du quotidien. vent le reconnaître comme frère. Charles Son chemin le conduit à la Trappe, puis à noue d’authentiques amitiés avec les indigènes, et à un Nazareth, où il mène une vie retirée, dans la prière. Il moment donné, ce sont eux qui lui sauvent la vie. Il fait passe de longues heures devant le Saint-Sacrement en l’expérience de la rencontre : une rencontre qui élargit le méditant la Parole de Dieu. La rencontre personnelle cœur, qui porte au-delà des idées préconçues, et qui fait avec le Seigneur est au centre de son existence. Charles découvrir combien l’autre peut m’apporter et m’enrichir raconte : « Quand on aime, on voudrait parler sans cesse dans sa différence. « L’amour de Dieu, l’amour des hommes, c’est toute à l’être qu’on aime, ou au moins le regarder sans cesse : ma vie. » Cet amour n’était jamais abstrait pour Charles la prière n’est pas autre chose : l’entretien familier avec de Foucauld. Il s’incarnait dans le concret de sa vie. Il notre Bien-Aimé. » est bien disciple de Jésus de Nazareth, Dieu fait homme. Peu à peu le désir d’être prêtre naît en lui. Et son chemin en humanité ne peut que rendre plus fort Après son ordination il repart au Sahara, pour « aller son témoignage de foi. ■ aux brebis perdues, aux âmes les plus abandonnées ». Sœur Christine Kohler, Transformé par la rencontre avec Dieu, il ne peut pas Petite Sœur de l’Évangile taire l’amour du Seigneur pour chaque personne : Jésus Coauteur de Charles de Foucauld, mon frère, Caritas – Jésus est amour. Il veut porter Jésus aux plus Éditions Nouvelle Cité, mai 2016, 15 € délaissés. L’église dans le monde N° 179 ■ 7


Décryptage

Actualité

La Belgique : nouvelle terre de mission ? Alors que Mgr De Kesel a pris la succession de Mgr Léonard à la tête de l’Église catholique de Belgique fin 2015, Yves Willemaers dresse un état des lieux. Ce bloggeur catholique belge n’use pas de périphrases : l’Église ne va pas fort mais il existe des solutions.

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C

’est le catholicisme qui constitua autrefois le ciment de l’unité belge après que le territoire se fut affranchi de la tutelle calviniste du Royaume des Pays-Bas ; le délitement actuel de la Belgique peut d’ailleurs s’expliquer en grande partie par le déclin de son identité catholique. Pourtant, elle porte aujourd’hui encore les traces visibles d’une Église très présente : un important réseau d’écoles catholiques (largement majoritaire), la prestigieuse université de Louvain, d’innombrables institutions hospitalières et caritatives, des syndicats, des mutuelles, des mouvements associatifs et de jeunesse. Mais il ne subsiste plus actuellement qu’une petite minorité

pratiquante entretenue par quelques lieux de ressourcement comme les sanctuaires mariaux de Banneux et de Beauraing.

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Une partie de la population est hostile à l’Église.

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Plus qu’ailleurs, le libéralisme « émancipateur » a fait son œuvre, en particulier dans les domaines éthique, culturel et sociétal. La Belgique est devenue un laboratoire des lois les plus avancées, telle l’euthanasie ouverte à tous, y compris aux mineurs. Et les « piliers » sur lesquels s’appuyait la présence catholique se sont globalement vidés de leur substance chrétienne : l’université « catholique » de Louvain a rejeté tout « alignement » sur Rome, la « Fédération des scouts » (autrefois catholiques) a effacé toute référence à Dieu et à l’Église, les cours de religion sont d’une orthodoxie très approximative… L’avenir du christianisme en Belgique semble bien compromis, tout particulièrement en Flandre où il semblait si profondément enraciné. Faut-il y voir le résultat d’une pastorale dite « de l’enfouissement » invitant à se fondre dans la masse en bannissant le « triomphalisme » d’autrefois ? Quant à l’épiscopat, il évite de heurter frontalement une société et un monde politique assez hostiles, dérivant vers un laïcisme de plus en plus marqué. De leur côté, les affaires


Sous l’impulsion des communautés, des paroisses retrouvent leur dynamisme.

relever les défis auxquels l’Église est confrontée : reprise en main énergique face aux scandales de pédophilie, création et accueil de communautés nouvelles, prises de position fermes sur les sujets éthiques, souci des vocations, etc. Les résultats ont suivi. Son ancien diocèse de Malines-Bruxelles compte aujourd’hui 55 séminaristes, soit… 50 de plus qu’il y a cinq ans ; mais ailleurs les vocations restent peu nombreuses voire inexistantes. Et de fortes tensions perdurent entre les catholiques qui se revendiquent « du renouveau » et ceux qui se proclament « d’ouverture »…

On aurait sans doute tort d’en rester à ce sombre constat, car des signes prometteurs éclosent çà et là qui constituent autant de raisons d’espérer. Ainsi, sous l’impulsion de communautés – telles que l’Emmanuel, la Communauté Saint-Jean, le Verbe de Vie, le Chemin Neuf, les franciscains… mais aussi d’autres qui ont germé sur le sol belge comme Tibériade ou Moeder van Vrede –, des paroisses retrouvent leur vitalité. Elles rassemblent toutes les générations autour de pédophilie, largement médiatisées, ont constitué d’une vie de prière qui ne se limite pas à la messe une épreuve terrible pour l’Église de dominicale : adoration, louange, Belgique. retraites, processions, le tout associé à une prédication nourrissante, à Une Église qui sort Au milieu de cette débâcle, les une liturgie priante et à la présence de son inertie cinq ans d’archiépiscopat de de prêtres décomplexés qui n’hésiMgr Léonard – assez éloigné de la tent pas à porter le col romain ou ligne « consensualiste » de son prédécesseur Mgr Godfried l’habit religieux. Danneels – n’ont laissé personne indifférent. Tout en prenant acte de la transformation de la société belge, il a su Les jeunes ne sont pas en reste ; en témoignent des paroisses universitaires animées par un zèle apostolique nouveau : projets missionnaires d’adoration au cœur de Bruxelles et de Liège, veillées de prière, festivals dédiés, sessions de formations LEAD 1…. Ces jeunes déterFondée par Mgr Léonard en 2013, la fraternité des Saints minés n’hésitent pas à faire bouger les lignes Apôtres constitue un « signe de contradiction ». Installés d’une Église qui, par la force des choses, semble dans une immense église du centre de Bruxelles promise à la sortir de sa torpeur. Ils se concentrent vers ce désacralisation, ses jeunes prêtres dynamiques et missionqui semble devenir la tâche première de l’Église naires y font revivre une communauté nombreuse et active. en Belgique : la mission. ■ Yves Willemaers Mais leur style inspiré par le père Michel-Marie ZanottiBloggeur du site « belgicatho.hautetfort.com » Sorkine ne suscite pas l’unanimité. Sans doute cette récente consacré à la réinformation. Historien de formation fraternité a-t-elle besoin d’être suivie et encadrée dans ses et ancien enseignant au collège débuts mais il reste à espérer que l’on saura sauvegarder 1 tant d’enthousiasme et de ferveur. ■ Leader d’Espérance Ambition pour Demain.

Une fraternité en devenir

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Europe

CARNET DES CONTINENTS

Russie

Mer Baltique

Varsovie

République Tchèque

Le mois de juillet 2016 sera marqué par un moment spectaculaire de la nouvelle évangélisation lors des XXXIe Journées mondiales de la jeunesse avec le Saint-Père François à Cracovie. Un retour aux sources dont témoigne Mgr Krystian Gawron, prêtre diocésain de Częstochowa, l’un des responsables des JMJ de Pologne en 1991.

Pologne

Ukraine Slovaquie

Superficie 312 685 km2 Population : 38 millions d’habitants Religions : catholiques : 95 %, agnostiques : 5 %, Langue : polonais

Les JMJ à Cracovie : retour aux sources L’origine des JMJ

A

vec les prochaines Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) en Pologne, on peut dire que l’on revient aux origines mêmes de l’idée des JMJ ! C’est vrai

que les JMJ ont été introduites dans la vie de l’Église par saint JeanPaul II mais l’idée est apparue bien avant. Quand le cardinal Karol Wojtyła, avant son élection au siège de Saint-Pierre à Rome, était

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archevêque de Cracovie et la Pologne encadrée par le régime communiste, l’existence d’organisations ou d’associations catholiques était simplement proscrite ! Tout rassemblement allant au-delà de neuf personnes

© Raphaëlle Villemain

Allemagne

Biélorussie

Lituanie


Beaucoup de vocations sont nées durant la période communiste.

Jean-Paul II, ancien archevêque de Cracovie et initiateur des JMJ, rend visite aux séminaristes polonais.

était facilement considéré comme « subversif ». Néanmoins, l’épiscopat polonais a réussi à sauvegarder la catéchèse et les célébrations liturgiques. Malgré le danger, les prêtres ont pu organiser « les vacances avec Dieu » pour les jeunes, avec notamment le mouvement du renouveau Oasis : quinze journées de retraite spirituelle en plein air. Chaque journée correspondait à un des quinze mystères du chapelet. Ainsi, partout dans le pays, on pouvait rencontrer des groupes de 40, 60 et parfois 80 jeunes, dont le responsable était un prêtre ou une religieuse, en civil bien sûr, appelés par les jeunes : « oncle » ou « professeur », « tante » ou « directrice ». Tous les groupes avaient le même programme de formation (biblique, ecclésiologique, spirituel, liturgique). Cet approfondissement de la foi a porté beaucoup de fruit, surtout l’attachement personnel et profond à l’Église et un nombre de vocations considérable. Le point culminant des retraites était toujours la 13e journée qui correspondait au « mystère de la Pentecôte » : une vingtaine ou trentaine de ces groupes de jeunes (soit environ mille cinq cents) se donnaient rendez-vous en plein air pour y vivre la joie de la Pentecôte ! L’archevêque

de Cracovie (Karol Wojtyła) y venait fréquemment. La joie de la foi et l’enthousiasme partagé changeaient l’image de l’Église en Pologne. Lorsque des années plus tard, le cardinal Karol Wojtyła est devenu pape, il a décidé d’étendre cette expérience à l’échelle universelle de l’Église : convoquer les jeunes du monde pour qu’ils puissent vivre la foi dans l’Esprit saint. Telles sont les origines réelles des JMJ. Il aimait les jeunes et il leur faisait confiance, il les exhortait : « Vous êtes l’avenir du monde ! Vous êtes l’espoir de l’Église ! Vous êtes mon espoir ! »

La joie de croire ensemble Les JMJ ont marqué un beau chapitre de l’histoire contemporaine de l’Église. Les prochaines – à Cracovie – sont déjà les trente et unièmes. Si les premières, à Rome,

ont réuni quatre cent mille jeunes en 1985, les troisièmes à Buenos Aires en 1987 ont rassemblé déjà neuf cent mille personnes ! Au départ, on avait décidé de maintenir les JMJ chaque année au niveau diocésain, puis tous les deux ans au niveau mondial, mais la lourdeur de l’organisation nous a décidés à passer à tous les trois ans. Trois pays ont organisé les JMJ à deux reprises : l’Italie (Rome, 1985 et 2000), l’Espagne (Saint Jacques de Compostelle, 1989 et Madrid, 2011), et la Pologne (Czestochowa, 1991 et Cracovie, 2016). Les autres pays ayant accueilli les JMJ sont l’Argentine (Buenos Aires, 1987), les USA (Denver, 1993), les Philippines (Manille, 1995), la France (Paris, 1997), le Canada (Toronto, 2002), l’Allemagne (Cologne, 2005), l’Australie (Sydney, 2008) et le Brésil (Rio de Janeiro, 2013).

Bon anniversaire ! Cette année, la Pologne célèbre le 1050e anniversaire de son baptême. C’est le 14 avril 966, lors du baptême du premier roi polonais Mieszko I, que la Pologne naît officiellement. Les festivités officielles de l’État et de l’Église ces dernières semaines rappellent combien la foi chrétienne exprime l’identité propre et profonde de la nation polonaise. Aujourd’hui la Pologne, dans sa majorité absolue (95%), est catholique. Au cours du millénaire passé, elle a mérité ce titre : « Polonia semper fidelis » (La Pologne toujours fidèle).

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Pologne


Europe

CARNET DES CONTINENTS

Ces JMJ permettent aux jeunes du monde entier de découvrir la beauté de l’Église et la joie de croire ensemble. D’un seul coup, les différences de langues, de coutumes, de cultures ne comptent plus ! Ce qui compte c’est de découvrir, audessus de tout, le Dieu-Amour qui reste la source de toute vie réussie ! Les jeunes se rendent compte que Jésus est leur ami fidèle toujours vivant ! Pour ceux qui ne croyaient pas avant les JMJ, l’amour de Dieu

Classement des JMJ selon le nombre de participants Les JMJ ayant rassemblé le plus de jeunes ont été : Philippines (5 millions), Brésil (3,5 millions), Italie (2,2 millions), Espagne (2 millions), Pologne (1,6 million), France (1,3 million), Allemagne (1,2 million). Le Saint-Père Jean-Paul II a participé aux JMJ à huit reprises ; le pape Benoît XVI à trois reprises et le

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Cet été, la Pologne accueillera les JMJ pour la deuxième fois.

leur paraît tangible, concret, sous la main ! J’ai pu le constater moimême lors des JMJ à Czestochowa. Quelle surprise de tenir entre les mains le message écrit par le Comité central du komsomol (la Jeunesse communiste soviétique) de Moscou, demandant d’associer aux JMJ leur délégation officielle composée de cent représentants de (l’ancienne) Union soviétique ! Bien sûr, nous les avons accueillis. Et quelle émotion lorsque, après la clôture des JMJ à Czestochowa, trente-six Soviétiques ont demandé le baptême ! Les JMJ rendent présente, à chaque fois, la réalité de la Pentecôte ! Les jeunes découvrent davantage le christianisme, ils expérimentent la communion des croyants, vécue ensemble et en nombre (!), au milieu de ce monde sans cesse en frénésie, en recherche de popularité, et dont le vrai bonheur, hélas, lui échappe trop souvent !

Saint-Père François y participera pour la

Pologne, la fidèle

deuxième fois à Cracovie cette année.

Les prochaines JMJ, à Cracovie,

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vont se dérouler du 26 au 31 juillet 2016. Elles seront précédées par une semaine de catéchèse dans les quarante-cinq diocèses de Pologne. Celle-ci compte actuellement trentehuit millions d’habitants, dont 95% sont catholiques. Sans compter les vingt-deux millions de Polonais qui vivent à l’étranger. La Pologne est un des rares pays où il n’y a jamais eu de guerre de religion. À l’époque de la Réforme, elle a accueilli les rescapés des guerres de religion qui ravageaient alors l’Europe. Il y avait alors 4500 paroisses catholiques et 3500 communautés protestantes, sans qu’il y ait le moindre conflit confessionnel ! Depuis lors, la Pologne a reçu le titre de « Patria Haereticorum » (Patrie des hérétiques). La Pologne a su aussi accueillir les Juifs persécutés de tous les coins de l’Europe ! Là, ils bénéficiaient des mêmes droits que les chrétiens, à tel point qu’ils ont appelé la Pologne « Paradisum Iudeorum » – le Paradis pour les Juifs. Aujourd’hui, le pays reste fidèle à son héritage de tolérance et l’Église jouit toujours d’une autorité morale unique à l’échelle nationale, car elle a toujours su rester fidèle et proche de son peuple, notamment dans les moments difficiles : lors de la partition du pays (17951918) entre la Russie (orthodoxe), la Prusse (luthérienne) et l’Autriche (catholique), pendant la Seconde Guerre mondiale ou encore pendant la période communiste (1945-1981). Véritable vivier pour les vocations, à peine sortie du rideau de fer, l’Église de Pologne a envoyé des missionnaires toujours plus nombreux dans le monde. Et ce malgré


Pologne

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C’est à Cracovie que vécut sœur Faustine, la « messagère de la Miséricorde ».

l’hécatombe sacerdotale de l’époque du nazisme (mille cent soixantedix-sept prêtres ont trouvé la mort dans les camps de concentration). Aujourd’hui en Europe, un prêtre sur trois est Polonais. Rien qu’en France, on compte environ deux cent cinquante prêtres polonais au service (à 100%) des communautés catholiques françaises. En Pologne, pas moins de 10 340 paroisses sont desservies par 31 000 prêtres et 20 000 religieuses. Il y a environ trois mille séminaristes. L’Église compte 34 saints, dont saint Jean-Paul II, sans lequel ne seraient tombés ni le rideau de fer ni le mur de Berlin, et 225 bienheureux. Pourtant, l’Église

polonaise doit aussi faire face à l’athéisme et au sécularisme militant universel d’aujourd’hui. Comment ? Par une vie communautaire dense, le développement de la catéchèse et de la culture biblique, de la nouvelle évangélisation et des mouvements de renouveau charismatique, et par l’apostolat des laïcs à tous les niveaux.

Heureux les miséricordieux Les JMJ de 1991 à Czestochowa ont permis que l’Europe respire de ses deux poumons. Cette fois, à Cracovie, l’Église en Pologne va faire tout son possible pour que les jeunes

du monde entier « se sentent chez eux » et puissent vivre des moments inoubliables. Le Saint-Père François propose aux jeunes son programme des béatitudes. « Heureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5,7). Le charisme de Cracovie les aidera à plonger dans les profondeurs du mystère de la miséricorde. C’est à Cracovie qu’a vécu sainte sœur Faustine Kowalska, « messagère de la Miséricorde ». La châsse avec son corps se trouve dans la chapelle de sa congrégation à Cracovie-Łagiewniki. Son Journal d’âme appartient désormais aux perles de la spiritualité chrétienne. À un jet de pierre du sanctuaire de la Miséricorde se trouve aussi le sanctuaire de SaintJean-Paul II à qui l’on doit l’institution de la fête de la Miséricorde, le premier dimanche après Pâques. Et la magistrale encyclique Dives in Misericordia dans laquelle il invite chacun à la contemplation de Dieu le Père, riche en miséricorde. Aux multiples fléaux, qui flagellent les hommes d’aujourd’hui et qui mettent à l’épreuve leurs espoirs – surtout des jeunes – la meilleure réponse réside dans la découverte et la contemplation du visage de Dieu, Père de tous et riche en miséricorde. C’est le chemin le plus prometteur vers la justice et vers la paix. Je ne doute pas que les JMJ incarnent ce qu’est l’Église : Lumen Gentium (Lumière des nations) et Gaudium et Spes (Joie et espoir). Oui, le monde d’aujourd’hui a plus que jamais besoin de la miséricorde divine ! ■ Mgr Krystian Gawron (Actuellement responsable du séminaire polonais de Paris)

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émirats arabes unis

Chacun des sept émirats a sa propre église.

Golf Persique

Iran Oman

Qatar

Arabie Saoudite

Abou Dabi

Golf d'Oman

Oman

Superficie : 82 880 km² Population : 9,1 millions Religions : musulmans : 75 %, catholiques : 10 %, chrétiens noncatholiques : 1 %, autres, dont hindous et bouddhistes : 14 % Langue officielle : arabe

L’Église catholique, aux Émirats arabes unis, dépend du vicariat apostolique d’Arabie méridionale, dont l’évêque est Mgr Paul Hinder. Dans ce pays islamique, ouvert au dialogue avec les autres religions, les catholiques, tant qu'ils sont étrangers, peuvent vivre leur foi en paix.

A

ux Émirats arabes unis, à condition d’éviter une pratique ostentatoire, la liberté de culte est facile à vivre. En pensant à la vie à Dubaï ou à Abou Dabi, on s’imagine mal voir circuler en plein pays musulman des bus de ramassage scolaire arborant de manière colorée les noms de « Saint Joseph’s Private School » ou de « Rosary School ». En effet, des écoles chrétiennes ont été bâties dès 1967 après la construction, en 1962, de la première église, la cathédrale SaintJoseph d’Abou Dabi. Des terrains

14 ■ L’église dans le monde N° 179

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Une église discrète mais bien vivante

Mgr Paul Hinder, vicaire épiscopal d’Arabie du Sud.

ont été donnés par le gouvernement à l’Église pour les huit paroisses du pays. On trouve une église dans chacun des sept émirats du pays. À Abou Dabi, deux nouvelles églises ont été inaugurées en 2014 et 2015 : l’église Sainte-Thérèse, à côté de la cathédrale Saint-Joseph (les bâtiments demeurent insuffisants pour le nombre de catholiques), et l’église Saint-Paul dans le quartier industriel de Mustafa. La capitale des Émirats, Abou Dabi, est aussi le siège du vicariat apostolique d’Arabie du Sud, dont l’évêque actuel, Mgr Paul Hinder, est suisse et capucin.

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Moyen-orient

CARNET DES CONTINENTS


Sur plus de neuf millions d’habitants, le pays compte 90% d’étrangers (en grande partie asiatiques) et 10% de catholiques, soit environ neuf cent mille, sans compter environ cent mille chrétiens non-catholiques. Le gouvernement a l’habitude de considérer tous les chrétiens comme une même famille, sans faire de distinction. C’est pourquoi la cathédrale Saint-Joseph d’Abou Dabi côtoie des églises anglicanes, protestantes, orthodoxes et d’autres églises orientales.

Une vitalité extraordinaire Sur les huit paroisses aux Émirats, quatre sont parmi les plus importantes au monde, en termes de paroissiens. À commencer par l’église Sainte-Marie de Dubaï, qui compte environ 400 000 catholiques, dont près de 80 000 viennent à la messe dominicale du vendredi (souvent le seul jour férié de la semaine, le dimanche étant travaillé). À Saint-Joseph d’Abou Dabi, en semaine, au moins deux messes par jour sont célébrées, avec plus de mille personnes à chacune. On peut aussi y rencontrer, parmi les paroissiens asiatiques, des Américains, des Européens ou des Libanais… Quelque trois cents jeunes issus de la petite communauté française y sont catéchisés et représentent… 1% de la paroisse. Autant dire qu’aux yeux d’un Européen, c’est ici un monde très différent du nôtre. Les célébrations sont souvent animées par des chorales philippines, avec des chants d’origine anglo-saxonne. Les chrétiens d’origine asiatique y sont

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émirats arabes unis

Les autochtones, musulmans, ne représentent que 10% de la population.

très disciplinés : chacun est à sa place et l’on trouve énormément de volontaires pour tout organiser. La communion n’y dure donc pas plus de dix minutes, même quand il y a quinze mille personnes ! Pour Mgr Paul Hinder, leur ferveur est étonnante : « L’expression de leur foi est impressionnante et me touche profondément. Beaucoup des chrétiens, tous provenant de l’extérieur, trouvent dans la communauté des fidèles un “chez eux”. Beaucoup s’engagent davantage ici que dans leur pays d’origine. Cela donne aux paroisses une vitalité extraordinaire, malgré le manque de structures solides. Le sens de la solidarité entre eux est souvent très développé. » Beaucoup des catholiques d’origine asiatique sont venus aux Émirats pour trouver du travail, soit parce qu’ils n’en trouvaient pas dans leur pays d’origine, soit parce que les salaires y sont plus élevés. Certains sont ingénieurs ou

architectes, formés par exemple en Inde. Mais le plus grand nombre occupe plutôt les postes aux plus bas salaires. Certaines situations sont inimaginables, aux yeux d’un Européen. Un chauffeur de taxi à Abou Dabi peut parfois travailler plus de quinze heures par jour, sept jours sur sept, pour 200 euros par mois. Un salaire qui comprend le logement – en dortoir par seize, sur lits superposés – et l’assurance médicale, entre autres, tout cela pour faire vivre la famille restée au pays, que l’on ne retrouve que tous les deux ans, grâce au billet d’avion offert par l’employeur. La vie paroissiale, pour ces gens-là, est un soutien, une famille. C’est pourquoi beaucoup n’hésitent pas à faire des heures de transport, dans l’inconfort et la très grosse chaleur (pouvant dépasser les 50° par 90% d’humidité). Très fidèlement, ils sont là. ■ Olivier Labesse

Les chrétiens repeuplent l’Arabie Le christianisme était largement répandu parmi les tribus d’Arabie, durant les quatre premiers siècles de l’ère chrétienne. Un poète pré-islamique, Labid ben Rabi’a, décrivait au VIe siècle comment, durant un voyage au Yémen, il fut accueilli par le chant du coq et le bruit de claquettes en bois, utilisées pour appeler les fidèles à la prière. Il y avait encore des monastères en Arabie, à cette époque. Tout a disparu jusqu’au XIXe siècle, en 1888, quand fut établi le vicariat apostolique d’Arabie. Il fut divisé en 2011 entre le Nord (le Koweït, l’Arabie Saoudite, Bahreïn et le Qatar) et le Sud (le Yémen, Oman et les Émirats arabes unis).

L’église dans le monde N° 179 ■ 15


Moyen-orient

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Oman

Le Sultanat paisible Paisible oasis au sein d’un Moyen-Orient en crise, le Sultanat d’Oman est un monde à part. Les chrétiens, tous étrangers, peuvent y pratiquer librement. Golf Persique

Iran

Qatar Émirats arabes unis

Golf d'Oman

Mascate Arabie Saoudite

Yemen

Superficie : 312.460 km2

Religions : islam : 86,4 %, (majoritairement de rite ibadite, minorités sunnite et chiite), hindous : 5,5 %, catholiques : 4,1 % Langue officielle : arabe Langues courantes : arabe, anglais, swahili, dialectes sud arabiques dans le Dhofar

Oman est un ancien État remontant aux premiers siècles de notre ère.

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Population : estimée à 4 millions (dont environ 1,8 million d'expatriés)

N

iché à l’extrémité de la péninsule arabique, le Sultanat semble tourné vers le large. Puissance maritime de tout temps, Oman avait des marins de la côte africaine jusqu’en Chine. Cette quasi-extraterritorialité alla même jusqu’à transférer la capitale du Sultanat d’Oman et de Zanzibar sur l’île de Zanzibar en 1840. Centre du commerce des épices et des esclaves – entre 1830 et 1873, et uniquement pour évoquer cette période, environ sept cent mille esclaves furent vendus sur le marché de Zanzibar – la capitale connut un essor économique très important. Le sous-continent indien, de par sa proximité, est également très présent jusqu’à aujourd’hui avec 75%

16 ■ L’église dans le monde N° 179

des deux millions d’étrangers présents dans le pays, occupant toute la gamme des métiers, de balayeur à chef d’entreprise. Avec 2,3 millions d’Omanais, le Sultanat est le seul pays de la péninsule arabique avec l’Arabie Saoudite (20 millions de nationaux, 10 millions d’étrangers) à avoir une population locale plus importante que le nombre d’expatriés. À la différence de la plupart des États du Golfe, où on peut trouver jusqu’à plus de 90% d’étrangers, le Sultanat a une population active importante et poursuit même une politique assidue d’omanisation avec l’objectif pour chaque Omanais d’avoir un travail. Pour le moment, 85% des Omanais travaillent dans


On évalue à 80 000 le nombre de catholiques (Saints-Pierre -et-Paul).

la fonction publique et 15% dans le privé. L’enjeu est d’occuper la jeunesse qui arrive sur le marché du travail. La difficulté réside dans le fait que les jeunes exigent d’être mieux payés, mais qu’ils ne sont pas forcément les plus travailleurs ni les plus compétents… Couplée au ralentissement économique lié à la baisse du prix du baril, cette politique a un impact sur l’immigration qui diminue. Certains étrangers n’ont pas été payés depuis quelques mois, d’autres sont repartis et ne peuvent plus revenir. Cette baisse est d’ores et déjà observable au niveau des paroisses avec une légère diminution du nombre de chrétiens. Oman est un très vieil État remontant aux premiers siècles de notre ère. La monarchie est absolue, mais la culture locale prône également la

Ibadites Infime minorité parmi les musulmans, les deux millions d’Ibadites à travers le monde sont essentiellement concentrés dans le sultanat d’Oman, Zanzibar (qui appartenait autrefois à Oman), l’île de Djerba en Tunisie et dans quelques oasis au sud de l’Algérie. Étrangers à la lutte d’influence entre sunnites et chiites, ils se distinguent de l’islam radical par une plus grande ouverture au pluralisme ethnique et religieux, ce qui se ressent dans les territoires qu’ils occupent.

Le terrain des églises est offert par les autorités (paroisse du Saint-Esprit).

recherche d’un consensus. Le sultan, Qabus ibn Saïd, est malade et sans héritier. Un conseil de famille aura trois jours, le moment venu, pour valider le choix du sultan défunt ou nommer quelqu’un pour la succession, ce qui devrait assurer une passation paisible. Traditionnellement ouverts, les Omanais ont majoritairement adopté l’islam ibadite et tentent aujourd’hui de favoriser le dialogue intermusulman. Même si des chiffres très précis sont difficiles à établir, on estime que 55% de la population est ibadite, 40% sunnite et 5% chiite. L’extrémisme religieux est particulièrement surveillé. Les prêches sont publiés par le ministère de l’Intérieur. La formation des imams est commune et les mosquées, sauf exception historique, sont les mêmes pour tous. On y rencontre pourtant de plus en plus de femmes voilées de noir. La contagion de l’islam wahhabite s’opère, même si elle reste surveillée de près par le gouvernement. Il existe quelques familles omanaises hindoues d’origine indienne, mais l’immense majorité des hindous dans le pays sont étrangers. On y trouve des temples hindous, dont un qui peut contenir six mille personnes. Pour les églises, le terrain est donné par les autorités, c’est

ensuite la communauté chrétienne qui construit l’édifice et le plus souvent le sultan qui offre l’orgue et sa maintenance. Les chrétiens peuvent librement pratiquer. Léandra, une Indienne catholique qui travaille comme réceptionniste dans un hôtel, porte fièrement une petite croix et cela ne dérange personne, ce qui ne serait pas imaginable en Arabie Saoudite par exemple. On évalue à 200 000 le nombre de chrétiens dans le pays, dont 80 000 catholiques qui se répartissent sur quatre paroisses, dont deux à Mascate (Saints-Pierre-et-Paul à Ruwi et Saint-Esprit à Ghala), une à Sohar (Nord) et une enfin à Salalah, au Sud du pays près de la frontière yéménite. À la paroisse du Saint-Esprit, le samedi matin (qui correspond à notre dimanche), il y a mille quatre cents enfants au catéchisme. Les messes s’enchaînent pour répondre à la foule compacte : elles sont célébrées en huit langues différentes (anglais, arabe, cinghalais, espagnol, konkani, malayalam, tagalog et tamoul) et trois rites distincts (latin, syro-malabar et syro-malankar). On retrouve un peu le même problème dans toute la péninsule arabique : il n’y a pas assez d’églises et vraiment trop de fidèles ! ■ Marc Fromager

L’église dans le monde N° 179 ■ 17

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Oman


AFRIQUE

CARNET DES CONTINENTS

Côte d'Ivoire

Église catholique : l’atout cœur de la post-crise Burkina

Guinée Ghana Liberia

Yamoussoukro Golf de Guinée

Superficie : 322 500 km2 Population : 19,8 millions d'habitants Religions : musulmans : 37,5 %, catholiques : 21,1 %, protestants : 23 %, religions traditionnelles : 10,2 %, athées : 8,2 % Langues : français

"

J’ai dû me cacher et cacher ma famille. Ils voulaient m’abattre sans sommation. J’étais victime d’une véritable chasse à l’homme », raconte Léonard Boudra à l’AED. Pendant la crise de 2010-2011, les partisans de l’ancien président Laurent Gbagbo le soupçonnent d’accointances avec les pro-Ouattara, actuellement au pouvoir. Léonard occupe un poste à haute responsabilité mais tient à rester discret (son nom a été changé). Il est chrétien,

Le 13 mars 2016, à GrandBassam, la première attaque djihadiste en Côte d’Ivoire bouscule le jeu politique dans une société déjà rongée par les dissensions. Et si l’Église catholique s’affirmait comme l’atout cœur du pays en matière de réconciliation ? né dans une famille musulmane du Nord du pays et marié à une femme du Sud. « Au nom de ma foi chrétienne, j’ai pardonné », témoigne l’homme de quarante ans. « Dieu a déjà versé son sang pour moi. Inutile de faire couler celui de mes agresseurs. » À lui seul, cet habitant d’Abidjan illustre les nombreux défis auxquels la Côte d’Ivoire doit faire face, mais il incarne aussi une Espérance. Rappel des faits. Quand Laurent Gbagbo doit

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Mali

Léonard, le pardon sinon rien « En 2010-11, au travail, j’étais un des seuls gars venant du Nord. On m’a soupçonné de causer du tort à Gbagbo et on a tenté de me tuer. J’ai même su, après coup, qui devait tirer sur moi. Ils ont fouillé ma maison. J’ai dû cacher ma femme quelque part et mes enfants ailleurs. On disait à ma famille que j’étais mort. Aujourd’hui, je côtoie toujours le collègue qui devait m’abattre. Au nom de ma foi chrétienne, je ne me vengerai pas. J’ai pardonné. »

18 ■ L’église dans le monde N° 179


Côte d'Ivoire

quitter les fonctions suprêmes pour la prison, en 2011, le pays s’embrase. Comme lui, Alassane Ouattara revendique la victoire des urnes et cette bataille pour le pouvoir conduit trois mille Ivoiriens à la mort, résultat macabre de luttes intestines. Depuis, la méfiance

« Il y a trop d’impunis » Aujourd’hui, officiellement, la crise est finie mais des voix dénoncent l’indifférence des autorités pour promouvoir la paix, ainsi qu’une justice à deux vitesses : des sanctions pour les pro-Gbagbo mais

sans paraître émouvoir les institutions. « Le gouvernement ne s’occupe pas de réconciliation et pense que les améliorations économiques peuvent, à elles seules, tout changer », détaille l’analyste politique Rodrigue Koné, dans Le Figaro du 26 octobre 2015. « C’est une erreur. » En l’occurrence, la Côte d’Ivoire a beau caracoler de nouveau à la première place mondiale sur le marché du cacao, les tensions perdurent. Le Comité Ivoirien pour le Pardon et la Réconciliation – le CIPR – demande à l’État de se mobiliser davantage pour la concorde. Il l’exhorte « à ne pas voir la politique qu’en termes de pouvoir, mais à gouverner en gérant les rapports entre les populations. […] Il faut tendre l’oreille et être attentif aux cris de l’autre ». Le cardinal Kutwa, archevêque d’Abidjan, étend ce défi à l’ensemble des Ivoiriens : « Il est triste de voir combien l’expérience du pardon est rare dans notre culture. »

« Le pays peut s’effriter » L’Église catholique et son clergé sont en pleine croissance. Ici, les sœurs Notre-Dame de la Paix.

demeure entre les deux factions. Et pour ne rien arranger, le conflit politique se teinte de griefs ethnico-religieux : Ouattara, musulman, semble davantage fédérer le Nord, plutôt de même confession que lui, par opposition au chrétien Laurent Gbagbo, qui rallie le soutien d’un Sud à majorité chrétienne et ne considère pas les habitants du Nord comme des Ivoiriens à part entière.

rien, ou presque, contre les auteurs d’exactions de l’autre camp. Un prêtre français, missionnaire en Côte d’Ivoire depuis près de vingt ans, le confirme à l’AED : « Il y a trop d’impunis ; des délits se font sans que le gouvernement réagisse. » Il évoque les « microbes », ces hordes de préadolescents sans repères ni scrupules, qui disent avoir soutenu Ouattara en 2011 et terrorisent la population

Pourtant, il y a urgence. Sous couvert d’anonymat, un prêtre ivoirien du Sud explique à l’AED que « la réconciliation est impérative. Autrement, on laisse un terreau fertile au radicalisme et le pays va s’effriter ». Les tensions pourraient en effet dégénérer. D’une part, les crispations entre pro et anti-Ouattara conservent un front récurrent à l'ouest du pays. La dernière échauffourée mortelle a tué six militaires, le 2 décembre 2015. D’autre part, une radicalisation religieuse croissante jette de l’huile sur le feu et rebat potentiellement les cartes. Un rapport de

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AFRIQUE

CARNET DES CONTINENTS

Rien n’est perdu

l'Institut d'études de sécurité (ISS), commandé par le gouvernement ivoirien en juin 2015, établit que « des organisations transnationales islamiques s'implantent actuellement en Côte d'Ivoire, considérée comme une terre d'accueil favorable au libre exercice de leurs activités ». Outre l'attentat de Grand-Bassam, le 13 mars 2016, revendiqué par Al Quaïda, « on voit une invasion de mosquées dans certains quartiers, une progression du prosélytisme et du nombre de femmes voilées », raconte le missionnaire français cité précédemment. Or, en avril 2016, Le Monde cite le sociologue Francis Akindès à propos des « microbes » : « Ils sont prêts à s'engager aux côtés des djihadistes si ces derniers leur en font la proposition. » Le rapport pointe aussi l’adhésion massive de

« Les terroristes de Grand-Bassam n’étaient pas Ivoiriens. La radicalisation des Ivoiriens n’a pas atteint ce stade », martèle Léonard Boudra. Convaincu que la tendance peut s’inverser si le pays s’en donne les moyens, il rappelle qu’« au moment où il a choisi ses fonctionnaires, Félix Houphouët-Boigny affectait volontairement des natifs du Nord dans le Sud ; du Sud au Nord ; du Centre dans l’Ouest… ». Le tout premier président de Côte d’Ivoire jusqu’en 1993 a créé un véritable brassage sur lequel il est encore possible de s’appuyer pour recréer l’entente nationale. En tant que chrétien, Léonard compte aussi sur la grâce du pardon. Dans son exhortation apostolique post-synodale de 2011, Benoît XVI appelait Chaque lundi de Pâques, une éthnie différente réunit toute la paroisse.

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Le rôle de l’Église catholique peut être déterminant.

la diaspora libanaise au mouvement radical chiite Hezbollah. Et il tacle les chrétiens sur les positions jusqu’au-boutistes de certains pentecôtistes. Bref, le tableau ne semble guère encourageant pour qui s’en tient à ces seuls constats. 20 ■ L’église dans le monde N° 179

déjà l’Afrique à « une authentique réconciliation qui engendre une paix durable dans la société ». « Le rôle de l’Église catholique – qui est appréciée et écoutée – peut être déterminant », affirmait derechef le pape François aux évêques ivoiriens, lors de leur visite ad limina en septembre 2014. « Je ne peux que vous inviter à prendre toute la part qui est la vôtre dans l’œuvre de réconciliation nationale. » Un rôle déjà bien ancré.

« Pardonner : la condition nécessaire au bonheur » Dès 2007-2010, alors que le pays sortait déjà d’une crise politicoethnique, « les catholiques eurent la palme des initiatives de paix », reconnaît Marie Miran-Guyon dans son ouvrage Guerres mystiques


Une façon originale de fêter l’Épiphanie « Le 6 janvier, au Sud, on s’habille par exemple comme les Malinkés du Nord, en grands boubous chatoyants », raconte un prêtre ivoirien à l’AED. Lors de l’Épiphanie, en Côte d’Ivoire, l’Église catholique célèbre l’unité nationale un peu partout. Après les tensions mortifères post 2011, l’idée consiste à faire découvrir les traditions des quatre principaux groupes ethniques qui peuplent

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le pays, pour retisser les liens fragilisés.

Les catholiques ont la palme des initiatives de paix.

communautés créent des liens. En cette année de la miséricorde, le mouvement de fond s’épanouit. Pendant l’avent et le carême, l’Église multiplie les célébrations autour de la confession, du pardon. Le cardinal Kutwa rappelle que « se défaire de la rancœur est la condition nécessaire pour vivre heureux ». Les 21 et 22 mai 2016, les évêques ivoiriens ont organisé un pèlerinage national à la Basilique Notre-Dame de la Paix de Yamoussoukro. Dans cette même ville, ils planifient un colloque panafricain sur le thème « Culture et éducation à la paix ». Un travail rendu possible grâce à l'ancrage historique de l’Église. À la tête de nombreuses écoles, elle a formé quantité de dirigeants, de toutes confessions, ce qui génère un indiscutable respect pour l’institution et ses membres. Dans le quartier musulman de Koumassi, à Abidjan, la population vénère le travail des sœurs de Mère Teresa dévouées aux enfants atteints du sida. Et c’est à Mgr Ahouanan, archevêque de Bouaké, que revient ponctuellement la tâche de gérer la nouvelle commission nationale de réconciliation des victimes, une entité étatique. Pour jouer ce rôle de conciliateur, l’Église peut s’appuyer sur un « clergé généreux et motivé dont le nombre croît sans cesse »,

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en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, à Port-Bouët par exemple, on fête « Paquinou » chaque lundi de Pâques depuis cinq ans : cette journée, prise en charge par une ethnie différente d’une année à l’autre, réunit toute la paroisse autour d’une messe, un repas de spécialités, des danses… pour que les différentes

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Côte d'Ivoire

Le nombre de baptêmes augmente.

s’enthousiasme le pape François en 2014. Le père Pinot, en charge des séminaristes africains de la Communauté de l’Emmanuel, décrit « les nombreux catéchumènes, le zèle des fidèles pour la prière – parmi lesquels certains y consacrent plusieurs heures par jour, voire par nuit ». L’abbé anonyme, exerçant dans le Sud, note la recrudescence des baptêmes dans sa paroisse de six mille fidèles ainsi que des conversions de musulmans au catholicisme. Il recense entre 600 et 700 baptêmes par an pour son clocher et attribue le regain de ferveur à l’après 2011. « Il y en a qui ont frôlé la mort et se demandent pourquoi ils ont été sauvés. Ils prennent conscience que Dieu existe et qu’en lui réside l’antidote à la guerre. » S’il a admiré la joie du pardon lors d’un mariage qu’il a célébré en 2013, où le marié était pro-Gbagbo et son témoin proOuattara, il pointe toutefois qu’il « reste beaucoup à faire en matière de réconciliation ». Le missionnaire français corrobore ces dires et relève « de premiers signes d’indifférence et d’athéisme ». Réveil. Les catholiques n’ont pas de joker. Le cardinal Kutwa leur rappelle en octobre dernier que « le temps est venu pour l’Église de retrouver la joyeuse annonce du pardon ». ■ Emmanuelle Ollivry

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Asie

CARNET DES CONTINENTS

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Inde

N'oublions pas les martyrs de l'Orissa C’est dans un climat d’inquiétude que l’Église d’Inde célébrera le 30 août prochain la « journée des martyrs », en hommage aux chrétiens tués à Orissa en 2008.

L

ors de son retour au pouvoir en juin 2014, le Parti du peuple indien (BJP) de Narendra Modi semblait avoir compris les leçons de l’échec qui l’avait chassé du pouvoir en 2004 et renoncé au radicalisme de ses maîtres à penser prônant une Inde complètement hindouisée – alors que le pays compte plus de deux cent cinquante millions de non-hindous. Mais, deux ans plus tard, l’inquiétude grandit pour les minorités religieuses et la liberté religieuse est menacée. Les violences ont été nombreuses en 2015 et dans les premiers mois de 2016, particulièrement contre les chrétiens, tandis que la propagande intolérante des chantres de la purification religieuse est relayée par les médias proches du BJP qui martèlent l’équation “hindou = indien” et dénient toute légitimité aux autres composantes religieuses et culturelles qui ont

aussi façonné le pays. C’est dans ce contexte inquiétant que l’Église catholique, dont le nombre de fidèles dépasse désormais les quinze millions (la moitié des chrétiens de l’Inde), selon le dernier recensement national, célébrera dans le deuil l’anniversaire des martyrs de l’Orissa, le 30 août 2016, puis dans la joie la canonisation à Rome de Mère Teresa, une semaine plus tard.

Violences antichrétiennes Interrogé par Églises d’Asie en janvier 2016, John Dayal, ancien président de l’All India Catholic Union et qui a lui-même reçu des menaces de mort pour sa défense de chrétiens victimes d’exactions, signale qu’on a recensé en 2015 trois à quatre événements antichrétiens par jour. Selon d’autres sources, le nombre d’incidents antichrétiens aurait

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été en 2015 le plus élevé depuis plus d’une décennie. Les chrétiens dalits (« intouchables ») et ceux des groupes aborigènes sont particulièrement visés. Nombre de ces incidents ont d’ailleurs été le fait de la police elle-même, souvent dirigée Chine

Pakistan Népal

Bhoutan

New Delhi Bangladesh Birmanie

Sri Lanka

Superficie : 3 287 263 km²

Population : 1 267 millions Religions : hindouisme : 79,5 %, islam : 14,4 %, christianisme : 2,3 %, autres religions : 2,3 %

Langues officielles : anglais et hindi.


Inde

par des fondamentalistes hindous – ce qui rend difficile tout recours. En 2016, des actes de discrimination ou de violence continuent de frapper les chrétiens. On en recense en particulier dans le Chhattighar et l’Uttar Pradesh, tandis que le Madhya Pradesh menace l’autonomie des écoles non-hindoues. Dans le même temps, plusieurs des sept États de l’Union indienne qui ont promulgué des législations interdisant ou restreignant les conver-

« Journée des martyrs ». Les chrétiens du monde entier sont invités à s’associer à cette journée et à ne pas oublier leurs frères de l’Inde qui continuent à vivre des temps difficiles – la peur continue de régner dans la région, chez les survivants. Dans le même temps, les évêques indiens ont demandé l’ouverture d’un procès en béatification de ces martyrs catholiques (sans oublier le témoignage donné par les autres chrétiens), suite au dossier présenté par Mgr John Barwa, archevêque de Cuttack-Bhubaneswar où se trouve le district de Kandhamal. Le cardinal Oswald Gracias, archevêque de Bombay, s’est associé personnellement à cette démarche et a promis de s’en faire l’avocat à Rome. Un mémorial devrait d’ailleurs être rapidement érigé à K’Nuagama, dans le district même où eurent lieu les massacres. ■

non-hindous, ainsi celui de Bihar, qui compte plus de cent millions d’habitants.

Journée des martyrs Le 30 août 2016, toute l’Église de l’Inde se recueillera dans le souvenir des tragiques événements d’août 2008, quand 101 chrétiens, dont 90 catholiques, sont morts martyrs, ont été tués, victimes de fondamentalistes hindous dans le district de Kandhamal. Nombre de Village catholique dans l’Uttar Pradesh.

L’Inde, une pépinière de vocations

Ordination sacerdotale dans le Kerala.

sions les appliquent avec rigueur, ainsi le Madhya Pradesh qui a fait arrêter en janvier 2016 des chrétiens évangéliques dans le district de Dehar, alors même que le Conseil mondial hindou, proche du BJP, se vante ouvertement d’avoir converti à l’hindouisme 500 000 chrétiens et 250 000 musulmans (chiffres d’ailleurs discutables, selon le porte-parole des évêques catholiques). Il faut cependant noter que d’autres États visent au contraire à une plus grande justice envers les

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Antoine Rizzo

meurtres furent particulièrement atroces, comme celui de Parikhit Nayak, lynché puis découpé en morceaux sous les yeux impuissants de son épouse et de ses enfants pour avoir refusé de renier sa foi catholique. Ces violences avaient fait aussi plus de cinq mille blessés, et quelque cinquante mille chrétiens durent vivre des mois cachés dans les forêts. Suite à une décision de ses évêques, l’Église de l’Orissa célébrera désormais tous les 30 août une

L’Inde est depuis des décennies une pépinière de vocations sacerdotales et religieuses, dont bénéficie l’Église locale mais aussi nombre de congrégations originaires d’autres continents. C’est ainsi que le 6 avril 2016 sept religieuses de la Congrégation des filles de Nazareth ont prononcé à Marina da Pisa (Italie) leurs vœux solennels devant Mgr Giovanni Paolo Benotto, avant de rentrer pour la plupart en Inde, où la congrégation compte déjà une demi-douzaine d’implantations, au service des orphelins et des plus pauvres.

L’église dans le monde N° 179 ■ 23


Asie

CARNET DES CONTINENTS

Népal

L'église du toit du monde de

L

e pays vient de fêter son nouvel an : le 13 avril, les Népalais sont entrés dans l’année 2073. Cette apparente avance calendaire ne se manifeste pas sur le terrain, le Népal demeurant essentiellement rural et pauvre. Et ce constat n’a pas été amélioré par le tremblement de terre du 25 avril 2015, il y a tout juste un an qui a fait plus de neuf mille victimes. Ce jour-là était ordonné le premier prêtre jésuite népalais, le père Tek Bahadur, un brahmane converti. Ce déchaînement des forces de la nature aurait pu être interprété

Le tremblement de terre de 2015 aura fait plus de 9 000 morts.

24 ■ L’église dans le monde N° 179

Chine Bhoutan

Katmandou Inde

comme étant de mauvais augure et pourtant, l’ordination a été reçue comme une bénédiction. Il faut dire que tous les habitants, essentiellement hindous, étaient réunis pour la célébration et cela les a sauvés. Tout le village a été rayé de la carte et l’ensemble des maisons se sont écroulées. Sans le père Tek, il y aurait eu beaucoup de victimes ! Ce tremblement de terre a aussi permis à beaucoup de Népalais de découvrir le christianisme à travers l’action sociale de l’Église. Les chrétiens sont en effet rapidement venus au secours des victimes avec une certaine efficacité même si le gouvernement veillait à contrer toute tentative de prosélytisme. Quelques organisations chrétiennes étrangères ont en effet profité de la situation pour distribuer des bibles, ce qui a ensuite fortement limité le champ d’action de l’Église, notamment de la Caritas locale qui n’a pu se déployer comme elle l’aurait voulu.

Bangladesh

Superficie : 147 181 km² Population : 28,2 millions Religions : hindouisme : 81 %, bouddhisme : 10 %, islam : 4,6 %, religions traditionnelles : 4,4 % Langue officielle : népali Langue (s) courante (s) : népali, hindi, anglais, dialectes

8000 fidèles © AED

Comme aplati entre les deux géants asiatiques que sont l’Inde et la Chine, le Népal souffre d’un certain isolement, à l’image de sa petite communauté catholique.

Avec huit mille fidèles, l’Église catholique y est extrêmement minoritaire. Ce 0,03% de la population est pour


Avec quelques connaissances en médecine, le roi les autorisa à rester et il y eut quelques convertis. Chassés au milieu du XIXe siècle, il n’y eut plus rien pendant quatrevingt-dix ans jusqu’à ce que les jésuites soient inviL’économie souffre tés en 1951 pour de l’embargo ouvrir des écoles. de l’Inde voisine. Le collège SaintFrancois-Xavier reçoit aujourd’hui deux mille élèves du primaire au secondaire. Chaque année, il y a quatre mille cinq cents demandes d’admission pour… cent soixante-dix places. Le christianisme se répand lentement mais sûrement au Népal. L’évêque souhaiterait qu’il y ait deux autres vicariats pour couvrir le pays. Les distances sont importantes, les routes difficiles, certaines paroisses parfois inaccessibles (deux à trois jours de marche pendant la mousson). Le travail ne manque pas ! ■ © AED

la plupart d’origine indienne, beaucoup de la région de Darjeeling, au sud-est du Népal. Il y a un évêque, Mgr Paul Simick, pour l’ensemble du pays, divisé en 7 paroisses et 25 relais paroissiaux. Pour les desservir, 86 prêtres dont seulement 7 Népalais. Le presbyterium ne compte que 19 prêtres diocésains et donc une majorité de missionnaires étrangers. Les 19 congrégations religieuses féminines rassemblent au total 125 sœurs au Népal dont 8 Népalaises. La plupart des religieuses sont présentes au niveau de l’action sociale de l’Église, à commencer par les écoles catholiques qui sont très réputées et de fait très recherchées. D’autres, comme sœur Manjusha, une sœur de la Charité (congrégation avec six maisons au Népal et une vingtaine de sœurs), travaillent pour contrer le trafic humain. À travers une coopération transfrontalière avec d’autres ONG et le corps enseignant, la religieuse œuvre à prévenir le rapt et la vente de personnes, qu’il s’agisse d’hommes, de femmes ou d’enfants. Les protestants sont beaucoup

plus nombreux et affirment être trois millions, soit 11% de la population, même s’il est difficile de vérifier cette estimation. Leur nombre doit néanmoins être suffisamment important pour contraindre le gouvernement à afficher une position dure envers le christianisme, d’autant plus que l’Inde veille au grain. Noël a été férié pendant quelques années mais ce n’est plus le cas ! En général, il y a une forme de respect pour le christianisme au sein de

Les écoles catholiques restent très prisées.

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Le christianisme se répand lentement mais sûrement au Népal.

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Népal

la population, même si les méthodes prosélytes de certains groupes protestants peuvent agacer. Certains hindous fondamentalistes, en général poussés par l’Inde, réagissent épisodiquement contre la « menace » chrétienne dans le pays. La veille de la promulgation de la nouvelle Constitution, le 20 septembre 2015, trois temples protestants furent visés par des bombes.

Une économie en berne Déjà fragilisée par les troubles politiques (rébellion maoïste et son lot de grèves et d’attentats, fin de la monarchie), l’économie népalaise souffre également de l’embargo imposé par son voisin indien, qui souhaite peser sur l’avenir politique

L’Église a 65 ans

du pays, le tout sur fond de tremblement

Au XVIII siècle, des capucins italiens se mirent en route pour le Tibet, en passant par Calcutta et Katmandou où ils s’installèrent provisoirement dans l’attente de vivres et d’argent. e

Marc Fromager

de terre, avec un patrimoine historique en berne. Il n’en fallait pas plus pour entraîner une importante chute de la fréquentation touristique, ce qui n’a fait qu’aggraver la situation économique.

L’église dans le monde N° 179 ■ 25


océanie

CARNET DES CONTINENTS

Australie

La crise de la société n’épargne pas l’Église

C

L’île, État et continent, concentre les maux des sociétés occidentales auxquels l’Église peine à remédier du fait de son affaiblissement spirituel et moral.

Baisse de croissance et augmentation de la dette, l’Australie traverse une crise de confiance.

26 ■ L’église dans le monde N° 179

© DR

© DR

rise économique, immigration, terrorisme, pédophilie… l’Australie affronte une crise de confiance comparable à celles qui ébranlent nombre de pays démocratiques. Le pays a changé cinq fois de premier ministre en cinq ans (l’actuel, le conservateur Malcolm Turnbull, avait renversé en septembre 2015 Tony Abbott dans un « putsch » au sein du Parti libéral). Économiquement, la dette publique de l’Australie atteint 35,1% du PIB, soit 11,6% de plus Malcom Turnbull est qu’il y a dix ans. Tributaire le cinquième premier de la demande chinoise, ministre en cinq ans. sa croissance est actuellement plus basse que celle de la Grèce. Le pays a profité au cours de l a d e r n i è re d é c e n n i e d ’ u n « boom » minier (fer et charbon) créateur d’une formidable prospérité, alors que d’autres pays se débattaient déjà dans la crise, mais cette période semble révolue du fait du ralentissement de la demande chinoise et asiatique… à moins que les besoins de l’Inde prennent le relais. La commande à la France, fin février, de douze sous-marins pour 34 milliards d’euros – un programme de défense qui serait le plus


Australie

Indonésie

Océan Indien

Papouasie Nouvelle-Guinée

Mer de Corail

Canberra Océan Pacifique

Population : 23 millions

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Superficie : 7 692 300 km²

Religions : catholiques : 25,3 %, anglicans : 17,1 %, autres chrétiens : 17,6 %, bouddhistes : 2,5%, musulmans : 2,2%, autres religions : 13% sans religion : 22,3 % Langue : anglais

important de l’histoire du pays – montre que la défense, l’innovation industrielle et l’emploi sont les priorités du Parti libéral.

Ouverture aux « transgenres », fermeture aux migrants Sur le plan des mœurs, l’Australie n’a pas légalisé le mariage aux couples de même sexe, mais est très réceptive au « gay-friendly ». Le gouvernement a fait ajouter une case « transgenre » sur tous ses documents officiels et la Cour suprême a décidé qu’une personne pouvait être légalement reconnue de genre « neutre », et ainsi être enregistrée comme étant de sexe « non défini ». Des centres de fertilité spécialement dédiés aux personnes LGBTI

L’Australie se montre particulièrement rétive à l’accueil des migrants.

viennent d’ouvrir leurs portes dans quatre États du pays qui proposent la conservation des gamètes pour les personnes transsexuelles, la procréation médicalement assistée pour les couples de femmes, la gestation pour autrui pour les hommes… Face au phénomène des migrants, la société australienne se montre particulièrement rétive. Le pays s’est distingué du choix fait par les États européens – du moins jusqu’aux accords récents de ceux-ci avec la Turquie – en « sous-traitant » les flux de réfugiés clandestins avec les îles-États voisins. C’était l’une des promesses du gouvernement libéral élu en 2013 : empêcher les bateaux de clandestins d’accoster

en Australie. Promesse tenue : ces bateaux sont repoussés par des militaires hors des eaux australiennes et leurs passagers sont hébergés dans des centres sur l’île de Manus, en Papouasie-Nouvelle Guinée, sur l’île de Nauru, dans le Pacifique et sur l’île Christmas, dans l’océan Indien. Face aux critiques, venant notamment d’associations humanitaires et des Églises chrétiennes, le gouvernement soutient que sa politique dissuade les passeurs et sauve des vies.

Les Églises unies pour l’accueil des migrants Sur cette question des migrants, les Églises anglicane et catholique n’hésitent pas à agir à l’opposé de

L’Église catholique en Australie Sur vingt-trois millions d’Australiens, environ 25% se déclaraient catholiques au recensement de 2001 (le prochain aura lieu cette année). Seulement 12% de ces 25% sont des pratiquants (occasionnels ou réguliers). Ceux qui cochent la case « no religion » augmentent constamment. L’Église catholique compte 35 diocèses dont 28 circonscriptions ecclésiastiques de rite latin, et 5 éparchies d’un rite oriental (maronite, melchite et ukrainien). Et deux ordinariats personnels : un pour les militaires, et un pour les anciens anglicans qui ont rejoint l’Église catholique. Au total, ces diocèses comptent environ 1900 prêtres séculiers, 1000 prêtres religieux et 150 diacres pour 1300 paroisses.

L’église dans le monde N° 179 ■ 27


Asie

En nombre croissant, plus de 22% des Australiens se déclarent « sans religion ».

Quand l’interdit pesait sur l’Église catholique Si elle est devenue la première communauté religieuse du continent australien, l’Église catholique n’y a pas été la bienvenue aux débuts de la colonisation britannique. Lorsque celle-ci commence avec la fondation d’un camp pénitentiaire à Sydney, en 1788, la seule religion autorisée est l’Église d’Angleterre (religion anglicane). Pour toutes les cérémonies telles que baptêmes, mariages et enterrements, les catholiques doivent se passer de prêtres ou faire appel aux pasteurs anglicans. Il faudra attendre 1803 pour que le gouverneur autorise un prêtre – un irlandais déporté – à célébrer officiellement la première messe.

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la société australienne. Les écoles catholiques de Sydney ont mis au point un programme de scolarité gratuite pour les enfants des réfugiés. En février dernier, des responsables anglicans ont proposé d’héberger deux cent soixante demandeurs d’asile, admis provisoirement en Australie pour des raisons médicales, mais détenus dans un centre de rétention et qui risquaient d’être renvoyés sur l’île de Nauru. L’Église catholique a exprimé le 4 février

son soutien à l’initiative des églises anglicanes par un communiqué du délégué des évêques d’Australie pour les réfugiés, Mgr Vincent Long Van Nguyen, lui-même ancien « boat people », réfugié du Vietnam avec sa famille en 1980. Dans ce communiqué, l’archevêque de Melbourne (le plus important diocèse d’Australie) affirme que « l’Église est prête à collaborer avec les autres communautés pour fournir assistance aux demandeurs d’asile ». « L’accueil de l’étranger est inhérent à la nature même de l’Église et témoigne de sa fidélité à l’Évangile », explique le père Maurizio Pettenà, directeur national du Bureau pour les migrants et les réfugiés de la Conférence épiscopale d’Australie. Le ministre de l’Immigration Peter Dutton a répliqué que les Églises avaient le droit d’avoir leur opinion mais qu’elles n’étaient pas au-dessus des lois. L’agence des droits de l’Homme de l’Onu a pour sa part prévenu Canberra que l’Australie risquait de violer ses obligations internationales en cas de renvoi de ces demandeurs d’asile sur l’île de Nauru.

Les aborigènes ont l’attention de l’Église Un problème spécifique à l’Australie concerne les relations avec les aborigènes – plus de cinq cent mille personnes soit environ 2,5% de la population. Comme toute la société occidentale australienne, l’Église a jadis collaboré à la politique de l’État qui consistait à enlever les enfants aborigènes à leurs parents pour les confier à des institutions, souvent catholiques, et leur donner

28 ■ L’église dans le monde N° 179

© Graham Crumb

CARNET DES CONTINENTS

Les aborigènes (2,5% de la population) sont désormais reconnus et protégés.

une culture occidentale afin qu’ils s’intègrent dans la société. Mais cette époque est révolue depuis le début des années soixante. L’Église a reconnu ses erreurs et s’est attachée à respecter les cultures aborigènes jusqu’à développer leur inculturation liturgique. En effet, explique Glenn Mowbray, responsable administratif de la Conférence des évêques d’Australie, il faut savoir que les aborigènes ne forment pas un groupe homogène et que le dialogue doit se faire avec les différents groupes et leurs cultures. C’est parce qu’ils voyaient leurs différences respectées que nombre d’aborigènes sont devenus catholiques.

Pédophilie : l’Église catholique sur la sellette L’Église catholique est devenue la première communauté religieuse du pays. Elle a fait plus qu’aucune autre institution dans le pays : sept cent cinquante mille élèves et étudiants sont scolarisés par l’Église, dans mille sept cents écoles. Les hôpitaux catholiques sont en général tenus par des congrégations religieuses. Toute l’Australie est couverte par le service social catholique, au service de tous. Hélas, elle est aussi en première ligne s’agissant des affaires de pédophilie. Les scandales révélés


ces dernières années dans des institutions diverses (et pas seulement catholiques) sont en cours d’instruction par une commission royale d’enquête (sorte de commission parlementaire) qui publiera ses conclusions en 2017. « C’est le très douloureux revers de la médaille », souligne Glenn Mowbray. L’Église a établi de son côté un Conseil pour la vérité, la justice et la guérison.

Retrouver l’élan des JMJ de Sydney

Chapelle dédiée à Mary MacKillop, la première sainte australienne.

ce recrutement pose souvent des problèmes d’argent et d’inculturation lorsque les prêtres viennent eux-mêmes d’un pays en voie de développement, d’Afrique notamment. L’Australie, pays de mission, attend que des jeunes « se laissent embraser par l’amour de Dieu », selon le vœu que leur avait adressé Benoît XVI, et que des vocations fleurissent en son sein. Une intention à confier à l’intercession de la première sainte australienne, Mary MacKillop (1842-1909), fondatrice des sœurs de Saint-Joseph du Sacré-Cœur, canonisée en 2010 par Benoît XVI. ■ Philippe Oswald

© sssdsdsd

Ces scandales accélèrent la désaffection pour l’Église et la multiplication des « sorties », notamment chez les jeunes. Qu’est devenu l’élan des JMJ de Sydney, en 2008 ? Le relativisme qu’avait dénoncé Benoît XVI devant les jeunes comme étant la source de la crise écologique, humaine, sociale et environnementale de nos sociétés « en donnant une valeur quasi indistincte à toute chose », imprègne toujours les mentalités et inspire les lois. La « beach culture » (culture de la plage) australienne, le « sea,

sun and sex » (mer, soleil et sexe) avec son apparence de vie dorée est un mirage qui n’engendre pas seulement des cancers de la peau : le taux de suicide des jeunes placerait l’Australie à la troisième place mondiale… Un bureau spécial de la Conférence des évêques est consacré à la pastorale des jeunes. Il travaille à créer un Festival national de la jeunesse qui devrait regrouper des plus jeunes que ceux qui participent aux JMJ ainsi qu’un « Youth Leaders Convention », pour les jeunes en situation de responsabilité. Il faudrait plus largement un renouveau de la vie paroissiale, un « parish renewal », comme avant le jubilé de l’an 2000 (opération « Parish 2000 »). En déficit de vocations et d’effectifs, l’Église d’Australie fait venir des prêtres d’un peu partout dans le monde et les évêques australiens voyagent pour en recruter. Un bureau de la conférence épiscopale travaille au plan national afin de leur faciliter l’obtention de visa et titre de séjour. Comme en Europe,

© DR

Australie

L’église dans le monde N° 179 ■ 29


communauté du monde

petits frères

de jésus Historique

La fraternité est née en Algérie, en 1933 : le père René Voillaume et cinq autres frères établissent une présence contemplative monastique en terre d’islam, dans le Sahara. En 1947, les Petits frères quittent leur clôture pour vivre la contemplation du visage de Dieu aux quatre coins du monde et au milieu des gens.

Charisme

Des petites fraternités insérées dans les quartiers populaires partagent la vie de « ceux qui sont sans nom et sans influence ». Ce partage passe par le travail, habituellement un emploi simple ou qui rend proche des gens. Au quotidien, il s’agit de découvrir ensemble tout un trésor d’humanité, avec ses grandeurs et ses misères, source de prière et de louange : « Dieu était là et je ne le savais pas » (Gn28, 16).

Formation

Après un postulat d’environ un an, c’est le noviciat, suivi des vœux temporaires, puis deux à trois ans en fraternité, dans les quartiers, pour expérimenter les défis de cette vie religieuse insérée. La formation biblique et théologique précède l’engagement définitif. 30 ■ L’église dans le monde N° 179

Charles de Foucauld tué en 1916 : un père spirituel.

Une figure spirituelle : Charles de Foucauld 1858 - 1916 Charles n’a pas fondé les Petits frères de Jésus, mais il leur a légué : • Son amour pour Jésus : « J’ai perdu mon cœur pour ce Jésus de Nazareth, crucifié il y a 1900 ans, et je passe ma vie à chercher à l’imiter autant que le peut ma faiblesse. » Ce Jésus à la vie simple, au milieu de ses contemporains, à Nazareth où « il grandissait en sagesse, en taille et en grâce » (Lc 2, 52). • Son regard sur la personne : « Surtout voir en tout humain un frère. » • Sa confiance dans la part de vérité présente en chacun : « Les vérités qui peuvent subsister au milieu des erreurs sont un bien, et restent capables de produire des grands et des vrais biens, ce qui arrive par exemple pour l’islam. »


Verset biblique

« Ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » Mt 25, 40

Frères du Japon, Vietnam, Corée, Cuba, Cameroun, France et Italie.

Quelques chiffres

Rencontres entre frères et sœurs de la spiritualité de Charles de Foucauld.

Originaires d’une trentaine de pays, les frères sont cent quatre-vingts sur quatre continents : Amérique, Afrique, Europe et Asie. ■

Contacts et informations

La famille spirituelle de Charles de Foucauld Travail de © Petits frères de Jésus

frères en Corée

C’est une famille nombreuse : associations de fidèles, communautés religieuses, fraternité séculière, fraternité sacerdotale, instituts séculiers, etc. Depuis quelques années en France, les jeunes frères et sœurs des communautés religieuses de la famille se retrouvent régulièrement pour des temps de partage. Depuis deux ans les Petits frères de Jésus et les Petits frères de l’Évangile forment une fédération reconnue par Rome.

Petits Frères de Jésus 3/11 Rue Romain Rolland 59000 LILLE Tel : 03 62 52 79 27 fratlillesud@yahoo.fr http://petitsfreresdejesus.com

Informations sur les activités pour le centenaire de la mort de Charles de Foucauld, dont une semaine à Taizé, pour les 18-40 ans, du 21 au 28 août 2016 : http://centenaire.charlesdefoucauld.org/ Informations sur les groupes de la famille spirituelle de Charles de Foucauld : http://www.charlesdefoucauld.org L’église dans le monde N° 179 ■ 31


Kiosque

Rendez-vous

COUP DE CŒUR Quelle laïcité voulons-nous pour demain ? Actes du colloque de l’AED du 6 novembre 2015 AED, 122 p, 2016, 13 € (en vente à l’AED, frais de port compris)

Face aux failles de la laïcité actuelle en France (attentats, montée de l’extrémisme, revendications communautaristes), et à une laïcité en mal de définition, l’AED, forte de son expertise dans 150 pays et de son rapport bisannuel sur la liberté religieuse dans le monde, a organisé un colloque au cours duquel dix spécialistes de renom ont décrypté pendant une journée les enjeux mondiaux de la laïcité. Découvrez dans ces actes inédits la pertinence de leurs analyses et la synthèse de propositions concrètes émanant également du public. « Il y a urgence à réfléchir sur le sujet, d’autant que la tentation existe pour la République de nier ou de totalement privatiser le fait religieux pour échapper à cette crispation », affirme Marc Fromager, directeur de l’AED. ■

Spécial centenaire de la mort de Charles de Foucauld (1858-1916) Charles de Foucauld

Charles de Foucauld, sa vie, sa voie

Jijé Éditions du Triomphe, bande dessinée, 48 p., 2005, 14,90 €

Jean-François Six Artège Poche, 656 p., avril 2016, 9,50 €

Le trait est soigné, réaliste et non dé-

Un pavé. Densité, volonté histo-

nué d’humour, car l’officier Charles

rique et apport spirituel en font

n’en manquait pas, notamment vis-

un livre très complet. Mais ce qui

à-vis de la hiérarchie militaire. Il se fait doux pour

frappe le plus, c’est le souci ap-

croquer les scènes de méditation qui remplissent le

puyé de la vérité, au-delà de l’ha-

quotidien de l’ermite, conquérant pacifique du Sahara.

giographie du jeune homme riche converti subito

Puis devient grave lors de son exécution à Tamanrasset.

et devenu ermite. « Moi qui avais tant douté, je ne

On referme la couverture glacée sur ces derniers mots

crus pas en un jour », écrit Charles de Foucauld.

bouleversants que Charles de Foucauld confie à son

« Il faut que je me cramponne à la vie de foi » s’encou-

journal : « Pense que tu dois mourir martyr, dépouillé

rage-t-il encore, car de la nuit intérieure qu’il a connue,

de tout, étendu à terre, couvert de sang et de blessures

il apprend : « vouloir aimer c’est aimer ». A transposer

et désire que ce soit aujourd’hui, considère que c’est à

dans nos vies quotidiennes ! ■

cette mort que doit aboutir ta vie. » ■

CD bienheureux Charles de Foucauld www.diffusia.fr, collection « un prénom, un saint », 2014, 1h11

Il n’est pas né « bienheureux », Charles. Humeur morose, santé fragile, hédonisme à tout crin, le CD mentionne aussi bien ses combats – anecdotes à l’appui, que la formidable transformation de son cœur offert au Christ. Une vie simple et donnée, au milieu des Touaregs. Le récit, articulé autour d’une dizaine de voix, ravira toutes les générations dès l’âge de huit ans. ■

32 ■ L’église dans le monde N° 179


Kiosque

Rendez-vous

La couronne de pierres

Élisabeth de la Trinité, une clarté de cristal

Serge Dalens

Patrick-Marie Févotte

Éditions du Triomphe, 288 p., 2015 (réédition), 16,90 €

Salvator, 128 p., avril 2016, 14,90 €

Il y a du Bernanos dans ce dialogue « Bénissez ceux qui vous persécutent,

entre une carmélite et un interlocuteur

bénissez, ne maudissez pas. » Ces pa-

imaginaire, écrit comme un roman. De

roles de saint Paul surgissent dans le

la profondeur, de la grâce et des larmes

cœur du jeune Tarcisius, en même

mais surtout, un amour dévorant qui innerve tout le

temps qu’une grêle de pierres lui fait ployer la tête.

récit à la 1ère personne – la religieuse appelle sans cesse

Dans le médaillon doré pendu à son cou, le Corps

Dieu « Mon Amour ». En cette année de canonisation

du Christ, destiné à des chrétiens clandestins de Rome.

pour Elisabeth de la Trinité, plongeons dans sa vie au

L’adolescent se laisse tuer plutôt que de céder ce tré-

Carmel de Dijon d’où elle livre le secret du bonheur :

sor à ceux qui ne convoitent que le bijou. Il a existé,

« se désoccuper de soi-même ». Son quotidien n’a pour-

Tarcisius. Serge Dalens n’imagine ici que sa vie avant

tant rien de douillet, entre désert spirituel et profondes

le drame, aux temps des premiers chrétiens. Une vie

douleurs physiques, mais elle « meurt en vraie mar-

de courage et de foi dont la lecture haletante dépasse

tyre », ces mots sur les lèvres : « Tout ce qui n’a pas été

la seule cible des adolescents. ■

fait pour Dieu est vide. » ■

Par Internet : www.aed-france.org

(rubrique « nous aider»)

Je reçois gratuitement le carnet de prière

« Veillez et priez » avec chaque numéro de « l’Église dans le Monde » Je m’abonne pour un an (5 numéros) : 30 € (étranger 40 €)

Je choisis l’abonnement de soutien (5 numéros) : 40 € et je permets à des personnes aux ressources limitées de s’abonner.

Par courrier, en envoyant ce coupon accompagné de votre chèque (ordre : AED) sous enveloppe affranchie à Aide à l’Église en Détresse (AED), 29, rue du Louvre, CS 30057, 78750 Mareil-Marly

M Mme Nom : Prénom : Adresse :

Père

Sœur

Code postal : Ville : E-mail : L’église dans le monde N° 179 ■ 33


Rendez-vous

Une heure avec…

Sœur Yen,

la petite voie © AED

mais dix autres sœurs de sa communauté ont été arrêtées. Ses premiers vœux, elle les a prononcés clandestinement dans une salle improvisée en chapelle, à 2 heures du matin : « Je n’oublierai jamais ces moments-là. Ils renforcent notre volonté. » Vingt ans plus tard, la situation s’est améliorée. Pourtant, sœur Yen vit toujours sa vocation dans le seJ’ai été baptisée par une femme car à l’époque, tous cret. Aux yeux de la Chine, elle n’est pas religieuse. les prêtres de ma région était en prison. » C’est par « Certes, nous ne risquons plus la prison mais si le gouces mots que sœur Yen* raconte sa vie de foi. C’était vernement connaissait nos activités, nous aurions une dans les années 70, au nord de la Chine, pendant la résurveillance accrue, une interdiction de sortie de terrivolution culturelle. Durant toute son enfance, elle ne toire, beaucoup de complications… » Tant et si bien qu’il verra ni prêtre, ni religieuse. Toute bible, croix ou autre faut continuer de vivre sa foi clandestinement… tout en sont interdits. Sa vision du couvent, elle la reçoit par évangélisant ! Un défi que sœur Yen vit dans la confiance. sainte Thérèse. Grâce au seul livre « religieux » qu’elle « Nous logeons chez des habitants, et changeons toujours pourra avoir entre les mains, les manuscrits de de lieux. Dans les villages, nous catéchisons les enfants, sainte Thérèse. « C’est elle qui m’a donné envie de renanimons des retraites… » Les conditions sont précaires, trer chez les religieuses », se souvient, encore émue, car il est impossible pour les religieux de travailler offisœur Yen. ciellement. « Nous ne mangeons que des léSa foi chevillée au corps, elle la tient aussi gumes et du pain, mais nous sommes heu« Dans les villages, de sa grand-mère qui, alors que toute expresreuses, le Seigneur est là », affirme nous catéchisons les enfants, animons sion de foi était proscrite, attendait la nuit la quarantenaire, les yeux pétillants. des retraites... » pour enseigner tout bas à ses enfants le Sœur Yen a une conviction, l’épreuve affirme Notre Père, le Je vous salue Marie et le Je crois la foi et le Seigneur agit dans toutes les sien Dieu. Forte de ces trois prières retenues dans son cœur, tuations. « C’est lui qui guide chacun, qui guide l’histoire la mère de sœur Yen va à son tour transmettre la foi à de Chine. Je le vis tous les jours. » ses enfants, priant « tous les jours » pour qu’ils se « consaSon souhait ? que chacun prie pour les vocations. Car crent à Dieu ». « lorsque les parents prient de tout leur cœur pour que Elle sera exaucée lorsque sa fille décide avec courage leur enfant ait la vocation, ça marche ! j’en suis la d’entrer au couvent. Car du courage, il en fallait à cette preuve ! » témoigne, souriante, la disciple de la peépoque. « J’avais toujours peur d’être arrêtée », se soutite Thérèse. Donc « plutôt que de craindre la crise des vient sœur Yen. « A trois reprises, j’ai dû me cacher lors vocations, prions déjà avec ferveur pour que nos enfants de fouille de la police qui cherchait explicitement des consacrent leur vie à Dieu ». ■ Amélie de La Hougue prêtres et des religieuses pour les mettre en prison. *Pour des raisons de sécurité, l’identité de la religieuse Psychologiquement, c’était dur. Au moindre bruit, on a été changée. tremblait. » Finalement sœur Yen n’ira jamais en prison,

«

34 ■ L’église dans le monde N° 179


Projet de l'AED

Agir

Chaque année, l’AED collecte près de 123 millions d’euros pour soutenir l’Église dans le monde © AED

Ukraine : agrandissement d’une maison pour les religieuses

• Grâce à des milliers de donateurs, l’AED redonne force et vitalité à l’Église dans plus de 150 pays : • Des milliers d’églises et chapelles ont été construites ou reconstruites. • l’AED soutient 1 séminariste

© AED

sur 10 dans le monde.

La congrégation des Servantes du Seigneur et de la Vierge de Matará a été fondée en 1989 en Argentine. Elle compte maintenant plus de mille sœurs qui sont au service des autres dans plus de trente pays sur les cinq continents, et les vocations sont de plus en plus nombreuses. Les sœurs reçoivent une formation dans vingt-six maisons. Elles se consacrent au travail pastoral en faisant la catéchèse et l’instruction religieuse, elles organisent des retraites et aident les jeunes à trouver leur vocation. Par ailleurs, elles s’occupent des orphelins, des personnes âgées et des malades.

Les Servantes du Seigneur et de la Vierge de Matará exercent aussi leur activité en Ukraine. Elles ont une maison provinciale à IvanoFrankivsk depuis quatre ans. Il s’agit d’un bâtiment qui a besoin d’être rénové et adapté aux besoins de la Congrégation. L’AED avait déjà pris en charge les travaux de rénovation à hauteur totale de 18 000 euros, mais les sœurs nous ont à nouveau demandé de l’aide pour agrandir la maison. En effet, le bâtiment est aussi utilisé pour organiser des retraites – tant pour les sœurs venues de toute l’Ukraine, qui se rassemblent là, que pour les laïcs. Par ailleurs, des membres du tiers ordre s’y réunissent aussi. Les religieuses qui ont besoin de soins médicaux ou de repos peuvent aussi y loger. Il faut donc des pièces en plus, ainsi que des douches et des toilettes. Nous avons promis 10 000 euros. Merci pour votre générosité. ■

• 45 millions de « Bibles pour enfant » ont été diffusées. • Des milliers de prêtres survivent grâce aux offrandes de messe transmises par l’AED. • Des centaines de programmes de radio et télévision ont été financés pour soutenir les chrétiens isolés. • Des milliers de véhicules ont été achetés pour propager l’évangile : voitures, motos, bicyclettes, bateaux à moteur… tous les moyens sont bons pour les messagers de la Bonne Nouvelle  !

Envoyez vos dons à :

AED - 29, rue du Louvre CS 30057 - 78 750 Mareil-Marly ou sur notre site internet

www.aed-france.org Merci pour votre aide !

L’église dans le monde N° 179 ■ 35


Prière pour implorer la miséricorde sur le monde

ô Dieu

de grande miséricorde, Bonté

Ta sainte volonté durant toute

infinie, voilà qu’aujourd’hui

notre vie, ainsi qu’à l’heure

l’humanité tout entière appelle

de notre mort. Que la toute-

de l’abîme de sa misère

puissance de Ta miséricorde

Ta miséricorde, Ta pitié,

nous abrite des attaques

ô Dieu ; et elle appelle avec

des ennemis de notre salut,

la puissante voix de la misère.

afin que nous attendions avec

Dieu bienveillant ne rejette pas

confiance, comme Tes enfants,

les prières des exilés de

Ta venue dernière, dont le jour

cette terre. Ô Seigneur, Bonté

est connu de toi seul. Et nous

inconcevable, qui connais

nous attendons à recevoir

à fond notre misère et qui

tout ce qui nous est promis

sais que nous ne pourrions

par Jésus, malgré toute notre

de nos propres forces nous

misère, car Jésus est notre

élever jusqu’à Toi – c’est

espérance, par Son Cœur

pourquoi, nous T’en supplions,

miséricordieux, nous passons

devance-nous de Ta grâce et

comme par les portes ouvertes

augmente sans cesse en nous

du ciel.

Ta miséricorde, afin que nous accomplissions fidèlement

Sainte Faustine (1570)


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