Paroles 264

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Alliance Française de Hong Kong | Juillet / Août 2022 | No. 264

Versailles et la Chine 凡爾賽與中國

Musique électronique et French Touch French Touch 與電子音樂

Lam Chun-wing : un Hongkongais au ballet de l’Opéra de Paris 林雋永 —— 在巴黎舞台領風騷的香港人


JUILLET / AOÛT 2022 No. 264

© Thomas Garnier

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Retour sur...

FRENCH MAY 2022 法國五月藝術節

Des fruits pour le roi de France et des fleurs pour l’empereur de Chine 法王的異果與 清帝的奇花 Par Estelle Niklès van Osselt 6

FRENCH MAY 2022 法國五月藝術節

La Chine et Versailles (1670–1789) : Diplomatie, fascination et influences 中國與 凡爾賽宮1670–178 9 —— 外交、魅力與影 響 Par Marie-Laure de Rochebrune 9

Make Music HK! 2022「覓音樂!」音樂節

Make Music, une histoire de la musique au temps présent !

29 AVRIL

「覓音樂﹗」——動人的樂韻,未完的故事

Rencontre avec Lucie Rico, auteure du Chant du poulet sous vide

Par Jean-Sébastien Attié 13

ACTUALITÉ 時事實況

Starstruck : une exposition consacrée au Festival de Cannes 星光熠熠康城 影展相展 15

ACTUALITÉ 時事實況

Electronic music sounds better with you : Rencontre avec Jean-François Amadei

電子音樂.齊來發現﹕訪問J e a n - F r a n ç o i s A m a d e i

Par Hugo Petit 18

PORTRAIT 人物誌

Lam Chun-wing, le coryphée venu de Hong Kong

24 MAI Atelier dégustation de vins avec Sotheby's Wine

林雋永——在巴黎舞台領 風 騷的香港人 Par Hugo Petit 21

DOSSIER 專題檔案

Les Hakkas à Hong Kong, une histoire de familles et de migrations 落地生根 原是客——客家人在香港 Par Karine Yoakim Pasquier, en partenariat avec Le Petit Journal Hong Kong 25

POÉSIE 詩詞

La langue de Molière

Par Matthieu Motte 27

LE COIN DES LECTEURS 讀者區

L'avis des profs

25 MAI Rendez-vous en ligne avec Marc Collin, réalisateur de Why Versailles et Le Choc du futur, et Xavier Jamaux

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LANGUE FRANÇAISE 法語

Un grand siècle francophone à Hong Kong 香港法語圈的黃 金時 代 Par David Cordina 31

LANGUE FRANÇAISE 法語

Des nouvelles de la formation des professeurs ! 教師培訓最新消息! Par David Cordina 32

Faire du vieux avec du neuf : la science de la reconstitution des instruments anciens

19 JUIN

鑑 古演奏、仿 古樂器及古樂器復修關係密切帶您鑑 古觀今,認識音樂世界!

Make Music, Hong Kong! 2022

PUBLIÉ PAR l'Alliance Française de Hong Kong

ART DE VIVRE 生活的藝術

Par Karen Yeung

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Jean-Sébastien Attié RÉDACTEUR EN CHEF Hugo Petit

ADMINISTRATION ET RÉDACTION

MAQUETTE

123 Hennessy Road, Wanchai, HK Tél : 25 27 78 25 e-mail : paroles@afhongkong.org website : afhongkong.org

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法國五月藝術 節

Couple de tourterelles entouré de fleurs de pavot (opium) Peinture de Canton, vers 1850 Collection privée

Des fruits pour le roi de France et des fleurs pour l’empereur de Chine 法王的異果與清帝的奇花 Texte 文: Estelle Niklès van Osselt 李秋星

Aujourd’hui, l’abondance de fleurs, de fruits et de légumes déployée sur les étals de nos marchés nous paraît bien ordinaire. Pris dans notre quotidien, nous avons oublié que bon nombre de ces produits n’ont pas toujours été disponibles : la plupart d’entre eux nous sont parvenus de contrées reculées, découverts et ramenés au prix d’incroyables aventures. Dans le monde européen tout d’abord, la quête des épices a motivé de multiples explorations. Dès l’Antiquité on cherchait

activement à se fournir en poivre, gingembre, cannelle, clous de girofle ou noix de muscade. Les propriétés de ces essences offraient des solutions jusqu’alors inédites pour la conservation de la nourriture, la préparation de plats, de parfums, de cosmétiques, ou des emplois thérapeutiques. Leur valeur était telle que ces denrées pouvaient directement servir de monnaie d’échange. On a longtemps ignoré la véritable provenance de ces marchandises qui nous arrivaient après un long voyage au cours duquel elles avaient constamment changé de mains. Ces circonstances ont contribué à l’élaboration d’histoires mythiques, souvent plus fantastiques les unes que les autres, sur leur lieu d’origine. Selon le très sérieux historien et géographe grec Hérodote (Ve siècle avant notre ère) notamment, la cannelle poussait sur des arbres de régions marécageuses infestées de chauves-souris et sur lesquels nichaient

des oiseaux de proie. Ces particularités expliquaient sans doute la grande difficulté de s’en procurer. De fait, la cannelle provient simplement d’Asie — on la trouve au Sri Lanka, au Vietnam et en Chine. Avec la demande croissante en épices et autres produits exotiques, les puissances

Trafic maritime dans le sud de la Chine Verre de lanterne magique, années 1880 Collection privée


occidentales songent à mettre sur pied leur propre réseau commercial. Et c’est parce qu’il cherchait un accès plus direct aux « Indes » pour le compte du roi d’Espagne que Christophe Colomb (1451-1506) découvre accidentellement l’Amérique en 1492. Six ans plus tard seulement, le Portugais Vasco de Gama (1469-1524) est le premier navigateur à rallier l’Europe à l’Asie en contournant l’Afrique par le cap de Bonne-Espérance. Ces événements marquent le début d’un nouveau chapitre de l’histoire mondiale, mais également de la botanique. Au XVIIe siècle, et pour faire suite à l’ouverture de ces nouvelles voies maritimes, les nations européennes créent les fameuses Compagnies des Indes orientales. Ces corporations s’engagent dans une compétition acharnée qui consiste à générer d’importants bénéfices pour alimenter l’économie et la puissance des États. Si, au départ, le commerce se concentre sur les épices et la porcelaine, il se développe rapidement pour proposer une gamme plus vaste de marchandises. Sur les bateaux s’embarquent aussi de premiers naturalistes à la recherche de plantes inconnues. L’Asie et la Chine en particulier allaient s’offrir comme leurs terrains de chasse favoris.

Jonque chinoise Peinture de Canton, vers 1830 Collection privée

Une fois collectées, ces nouvelles espèces végétales devaient survivre à l’épreuve de la traversée, de l’acclimatation, de la pousse puis de la reproduction en terre souvent inadaptée. À leur arrivée, les plantes possédaient une valeur intrinsèque telle qu’elles étaient réservées à l’élite de la société. Elles se retrouvaient dans les plus grandes cours européennes, le plus souvent dans les jardins ou les cuisines des palais. De cette formidable épopée émergent certaines histoires emblématiques dignes des plus grandes sagas hollywoodiennes, dont celle de Pierre Poivre (1719-1786), le bien nommé. Après des études en théologie, le jeune homme de nationalité française est envoyé dans le sud de la Chine pour exercer en tant que prêtre. En poste à Canton, il doit œuvrer à la

qu’il aura ramenées de ses expéditions.

Panier aux chrysanthèmes Chine, corail scuplté, période républicaine (1912-1949) Collection privée

conversion des Chinois au christianisme, mais s’intéresse plus au va-et-vient des bateaux commerçants dans le port. Il rêve de partir herboriser à son tour pour faire fortune. Lors de son retour en France quelques années plus tard, son bateau est attaqué par les Anglais et son bras est emporté par un boulet de canon. Ce terrible accident va sceller son destin puisqu’étant désormais privé de sa main droite, il ne peut plus bénir les fidèles et doit définitivement quitter l’église. Pierre Poivre repart aussitôt pour le compte de la Compagnie des Indes française en direction des fameuses « îles aux épices » — les Moluques en Indonésie — où il parvient à se procurer assez miraculeusement de très convoités muscadiers et girofliers. Les arbustes sont ramenés sur l’Île de France (aujourd’hui Île Maurice) où ils sont replantés et confiés aux bons soins de Jean-Baptiste Fusée-Aublet (1723-1778). Ce dernier, en charge d’un jardin botanique nouveau (le jardin des Pamplemousses créé en 1736) et jaloux de l’ascension fulgurante de son confrère, arrosera les plants avec de l’eau bouillante pour s’assurer qu’ils périssent. Il prétextera ensuite la mauvaise adaptation des arbustes aux conditions locales. Le succès de Pierre Poivre ne pâtira heureusement pas de ce dramatique épisode. Ses exploits et son dur labeur seront reconnus grâce aux autres plantes

Mandarin à la mandarine, chinoiserie du XVIIIe siècle France, figure de porcelaine peinte aux émaux et à l’or Collection privée

Les îles Bourbon (La Réunion) et Maurice ont souvent servi de terrain d’expérimentation, préparant l’arrivée en France, et à Versailles plus précisément, de nombreuses espèces exotiques. Le RoiSoleil (Louis XIV, r. 1643-1715) se devait en effet, afin d’exhiber son pouvoir universel, de posséder des trésors du monde entier. En conséquence, le souverain et ses successeurs n’auront de cesse de faire venir des arbres, des fleurs, des fruits, des légumes et des plantes aromatiques encore inconnus afin de garnir les jardins, les appartements et les tables de la résidence royale pour le plus grand plaisir des courtisans. L’aménagement d’une orangerie, dans l’extension du grand jardin de Versailles, participera de ces efforts démesurés pour accueillir

Portrait devant une toile peinte avec une architecture chinoise et européenne, illustrant la rencontre Est-Ouest Photographie de studio, années 1880 Collection privée

les essences les plus rares. Les agrumes à qui ce bâtiment doit son nom venaient de Chine, justement. Le Roi-Soleil et le fils du Ciel avaient bien des choses en commun. Émerveillé par les gravures du palais du roi de France qui lui avaient été envoyées, l ’empereu r  Qia n long  (r. 1735 –1796) ambitionne à son tour de construire à Pékin une résidence occidentale qui constituerait le miroir de son propre pouvoir. Il décide de confier cet ambitieux projet aux jésuites présents à la Cité interdite. Ainsi, le Xiyanglou (ou « pavillon Étranger ») voit-il progressivement le jour sur les terres du Palais d’été Yuanmingyuan, sous la direction de Giuseppe Castiglione (1688-1766). Pour l’aménagement des jardins — agrémentés d’un labyrinthe, de sculptures, de fontaines et de jeux d’eau comme à Versailles — il désigne Pierre d’Incarville (1706–1757). Ce dernier avait su le séduire de la manière la plus intelligente qui soit en lui présentant les étonnantes propriétés de la sensitive (ou Mimosa pudica). Cette fleur qui rétracte rapidement ses feuilles lorsqu’on la touche venait d’être découverte en Amérique du Sud et ramenée en France, à Versailles justement. Pierre d’Incarville, qui cherchait à attirer l’attention de l’empereur


de Chine pour pouvoir herboriser plus librement, avait pris contact avec son vieil ami Bernard de Jussieu (1699-1777), professeur de botanique du Jardin du Roi à Paris qui la lui avait fournie. Les deux hommes ont échangé une abondante correspondance, de nombreuses graines et informations, se ménageant un canal d’échange direct assez inattendu entre les deux cours. Le stratagème de d’Incarville avait fonctionné à merveille et l’empereur impressionné par la nouveauté lui avait offert l’accès à ses serres privées et la charge des jardins de sa future résidence. Aujourd’hui peu de traces subsistent des espèces plantées au Palais d’été qui a été mis à sac puis détruit par les forces occidentales lors des guerres de l’opium en 1860. Il aurait été vraiment passionnant de pouvoir en dresser un inventaire botanique. Il y aurait encore beaucoup à dire sur la chasse aux plantes, ses acteurs et ses conséquences. La quête du thé et la course à l’opium ont définitivement changé la face du monde, par exemple. Qui se souvient aujourd’hui que les cacahuètes, les tomates, les pommes de terre, le maïs et les tournesols ont été introduits par les Espagnols et les Portugais d’Amérique ? Et les pivoines, les chrysanthèmes, les orchidées, les bambous ou les mandarines de Chine en Europe ? Les merveilles du monde entier racontent bien volontiers leur histoire à qui veut l’écouter. Sinologue et historienne d’art, Estelle Niklès van Osselt est actuellement conservatrice au Hong Kong Palace Museum.

今日,我們走進菜市場,看到 攤檔上擺滿各式各樣的鮮花、 水果、蔬菜,會視作理所當然。 由於早習慣現代化的生活,我 們早已忘記許多農產品並非必 然垂手可得。相反,它們大部分 都來自遠邦,而且要經歷千山 萬水才能來到我們跟前。 以歐洲為例,為了取得香料歷史上多次向外 探險。歐洲人自古以來就對胡椒、薑、肉桂、丁 香、肉豆蔻等香料趨之若鶩。他們借助這些辛 香料的特性,開創出種種新穎的食物保存、烹 調,製作香水、化妝品,甚至治療的方法。因 此,當時的香料極具價值,甚至可以直接當作 交易的貨幣。 然而,一直以來,我們卻都忽略了這些長途跋 涉、不斷易手的商品的真正 來源地,因此關 於香料的來源,就有了種種神秘故事流傳的

空間,而且一個比一個引人 入 勝。希羅多德 (Hérodote)是公元前五世紀的希臘歷史學家兼 地理學家,素以嚴謹聞名。根據他的說法,肉 桂是來自滿佈蝙蝠的沼澤地區的樹木;肉桂樹 更是猛禽的棲身之所。這些特性無疑解釋了為 何肉桂是極之難得的貴貨。然而事實上,肉桂 其實是來自亞洲的斯里蘭卡、越南和中國。 後 來,西 方 對 香 料及 其 他 異 地貨品的 需 求 不斷增加,各個大國於是開始考慮建立自己 的商業 網絡。正是由於 哥 倫布(Christophe Colombo,1451-1506年)接受西班牙國王的委 託,要開拓通往「印度」的更直接路徑,所以在 1492年意外發現美洲。而在短短六年之後,葡 萄牙的達伽馬(Vasco de Gama,1469-1524年) 成為第一位由歐洲繞過非洲好望角通往亞洲 的航海家。這些事件不但標誌著世界史新篇章 的開始,亦為植物學翻開了新的一頁。 到十七世紀,為了確保對這些新航路的控制, 歐洲多國更各自建立了著名的東印度公司。它 們的競爭相當激烈,原因之一是要為本國爭取 重要的利益,從而提升財力與勢力。最初,主要 的貿易內容只是香料和瓷器;後來迅速發展, 商品類型數之不盡。此外,東印度公司的船隊 還載著第一批為尋找未知植物而上路的自然 主義學家,而亞洲(尤其是中國)正是他們最 喜愛的尋寶地。 當他們發現新的品種之後,這些植物就必須攀 山涉水、適應氣候,繼而發芽、在通常都不合 適的土壤裏繁殖,可謂經歷重重考驗。單單是 能到達終點,就足以證明這些植物本身具備成 為公司之寶的價值;它們大部分會在歐洲落地 生根,並常見於宮廷的花園或廚房之中。 這段曲折 離 奇的 過 程 更衍生出不少扣人心 弘的荷李活史詩式故事,其中最有名的主人 翁是波維爾(Pierre  Poivre,1719–1786年)。 當 時 這位年 輕的 法國人在 讀 完 神學之後被 派往華 南當神甫。波 維爾到達廣州後,本來 任務是在中國宣教,然而他卻對在港口頻繁 來回的商船更感興趣,甚至夢想要靠收集植 物來發一筆橫財。幾年 後,在他返回法國途 中,所坐的船被英國人 襲擊,手 臂更被砲彈 打中。這次恐怖的遭遇徹底封閉了他原來的 事業去路,因為他的右手 須接受截 肢,從此 再也無法為受眾祝福,與 教會的工作無緣。 波維爾隨即代表法國東印度公司前往著名的 「香料群島」——印尼的摩鹿加群島(Maluku Islands),又極為奇跡地找到無數人渴求的肉 豆蔻。波 維爾將肉豆蔻的灌木帶回法蘭西島 (即現在的毛里裘 斯),交由Jean-Baptiste Fu sée-Aublet(1723 –1778年)悉 心 栽 種 及 照 料。當 F u s é e - A u b l e t 開 始 著 手 管 理 新 建 的 龐 波 慕 斯 植 物 園( P a m p l e m o u s s e s Botanical Garden,又名西沃薩古爾爵士植物園 (Sir  Seewoosagur  Botanic  Garden),1736年 興建)後,因為妒忌波維爾如直升機般的火速

晉升,竟然想出毒計,用熱水澆死植物,再以 肉豆蔻無法適應當地環境為藉口。幸而,波維 爾的仕途並未因為這種小說橋段式的陰謀而 被破壞,因為他還有從另外的探險中帶回其他 植物,其辛勞及莫大功績早就得到認同。 當時,異國的品種在運往法國(更準確而言 是凡爾賽宮)前,經常會先送到波旁島(即現 時的留尼旺)和毛里裘斯作試驗,因為「太陽 王」路易十四(1643–1715年間在位)為了炫耀 他的權勢,喜歡從世界各地搜羅奇珍異寶。因 此,路易十四及他的繼承者不斷用各種當時未 知的花草樹木、鮮果蔬菜來裝潢宮廷的花園、 公寓、桌面,以令滿朝文武嘖嘖稱奇。而凡爾 賽花園的延伸部分「橘園」亦涉及這項浩瀚工 程。天下奇珍,大有盡收法王囊中之勢。橘園 的命名靈感其實是源自中國的柑橘果實。太陽 王與東方的天子有不少共同之處。 乾隆 帝(1735 –1796年間在位)收 到路易十 四寄 來 的 宮 廷 圖 版 畫 後 讚 嘆 不絕,一心 打 算 在 北 京 建 造 一 座 西 式 宮 苑 來 彰 顯自己 的榮 耀。他 決 定 將 建 宮的 雄圖大 計委 託 給 紫 禁 城 的 耶 穌 會 士。在 郎世 寧(Giu s e pp e Castiglione,1688-1766)的監督下,「西洋樓」 慢慢在「夏宮」圓明園內奠基成形。乾隆又指 派湯執中(Pierre  d'Incarville,1706–1757年) 在西洋樓內加上凡爾賽宮風格的迷宮、雕塑、 噴泉、水裝飾等花園佈置。湯執中深諳乾隆帝 的個性,向他呈上含羞草(Mimosa  pudica), 巧妙地靠它敏感的特性博得乾隆帝歡心。含 羞草在感受到觸碰或搖晃時,會迅速將葉柄 縮起。當時含羞草在南美洲被發現,而且才 被運到凡爾賽宮不久。湯執中為求獲得更大自 主權,以便採集更多植物,特別研究如何吸引 乾隆的興趣,於是他聯絡老朋友——接受宮 廷贊助、於巴黎王室花園擔任植物學教授的 Bernard de Jussieu(1699–1777年)。二人頻繁 通信,又交換了許多種子和資訊,意外地促成了 一條兩地直接交流的渠道。湯執中的計策非常 有效,皇帝對這種前所未見的植物讚嘆不已, 於是批准他出入自己的私人溫室,更要求他打 理後來建成的西洋宮寓所。在1860年的鴉片戰 爭期間,圓明園被西方列強的軍隊搶掠然後燒 燬,如今幾乎找不到栽種過的植物的痕跡,否 則,若能查到植物的清單,相信必定別有一番 奇趣。 關於植物獵奇、獵奇名人、獵奇的影響,可以著 墨的題材仍然有許多,例如,茶葉的需求以及 鴉片競賽深刻改變了世界的面貌。如今又有誰 記得,花生、番茄、馬鈴薯和向日葵等植物是 由美洲的西班牙人和葡萄牙人發揚至全世界? 牡丹、菊花、蘭花、竹和柑橘是由中國傳到歐 洲?世界各地的奇趣異聞數之不盡,只等待有 心人前來發掘。 李秋星(Estelle Niklès van Osselt),漢學家及藝術史 學家,現時擔任香港故宮文化博物館研究員。


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法國五月藝術節

La Chine et Versailles (1670–1789) : Diplomatie, fascination et influences 中國與凡爾賽宮 1670–1789——外交、魅力與影響 Texte 文: Marie-Laure de Rochebrune Photos 照片: © Château de Versailles, Dist. RMN © Christophe Fouin

En 2014, se tint au château de Versailles une exposition intitulée « La Chine à Versailles / Art et diplomatie au XVIIIe siècle » dont j’eus la chance d’être le commissaire. L’exposition, comme le catalogue qui l’accompagnait, comportait principalement trois grandes sections, dédiées pour la première à la naissance, à la fin du XVIIe siècle, d’une relation très particulière qui se noua entre l’empereur Kangxi (1661-1722) et Louis XIV (16381715), par l’intermédiaire de cinq pères jésuites français, envoyés en Fig.1 : Jean Garnier, Portrait de Louis XIV, huile sur toile, 1670-1672, musée national des châteaux Chine par ce dernier. La deuxième de Versailles et de Trianon. partie évoquait la fascination ressentie par la cour de France, comme par les grands amateurs parisiens, pour les productions artistiques de la Chine, importées en Europe par les diverses compagnies des Indes orientales : porcelaines, étoffes, papiers peints, éventails, pierres dures, laques, bronzes, orfèvrerie… Enfin, la troisième section était consacrée à l’influence de ces productions artistiques chinoises sur l’art français du temps dans des domaines aussi variés que la peinture, les arts graphiques, les arts décoratifs, l’architecture ou l’art des jardins. En 2019, après plusieurs échanges fructueux entre le château de Versailles et le musée du Palais, à Pékin, il fut décidé qu’une version enrichie de cette exposition serait présentée l’année suivante à la Cité interdite. Malheureusement, la pandémie qui se répandit au début de l’année 2020 ne nous permit pas de réaliser cette année-là ce beau projet, acté par le président Xi Jinping et par le président Macron à Pékin, en novembre 2019. Dès que la situation sanitaire le permettra, l’exposition aura lieu à la Cité

interdite, dans le très poétique pavillon de la Brillance littéraire, particulièrement approprié à ce sujet puisqu’il fut élevé sous le règne de l’empereur Qianlong (1711-1799), dont il sera abondamment question dans l’exposition. L’exposition de Pékin reprendra très largement les trois sections de l’exposition de Versailles, étoffées à la fois par des œuvres figurant dans les collections de la Cité interdite, notamment des instruments scientifiques fabriqués par les pères jésuites, et par des œuvres d’art chinoises ou dans le

goût chinois, acquises depuis 2014 par le château de Versailles. Le rapprochement diplomatique entre la Chine et la France sous le règne de Louis XIV est peu connu des Français. Il se produisit à une époque où l’intérêt pour le pays de Cathay commençait à se développer en France. Parallèlement, la perception de la Chine par les élites françaises était en train de changer de nature, enrichie par des informations de première main sur l’empire du Milieu, véhiculées par les récits et les descriptions


des voyageurs européens qui s’étaient aventurés en Chine : pères jésuites successeurs du célèbre père Ricci, mort à Pékin en 1610, ou commerçants travaillant pour les différentes compagnies des Indes orientales. Un évènement particulier contribua à ce rapprochement. Ce fut la visite le 15 septembre 1684 d’un jésuite flamand, le père Couplet, qui avait vécu de longues années à Pékin et venait rencontrer Louis XIV (fig. 1), chargé de plusieurs missions. L’une d’entre elles était le recrutement de jeunes jésuites français pour diriger le bureau impérial d’Astronomie, tenu depuis Matteo Ricci par des jésuites européens. Il souhaitait également renforcer le nombre des missionnaires chargés de l’évangélisation de la Chine. Il sollicita enfin du Roi une aide financière pour les missions jésuites de Chine. Le père Couplet était accompagné d’un jeune Chinois, Shen Fuzong, récemment converti au christianisme, qui piqua la curiosité de la cour. Convaincu par les arguments du père Couplet, Louis XIV accéda à ses demandes et finança l’expédition en Chine, de six jésuites français, sous le nom de mathématiciens du Roi. Cinq d’entre eux parvinrent à Pékin en 1688 et réussirent à gagner la confiance de l’empereur grâce à leurs solides connaissances mathématiques et astronomiques. Ils purent ainsi mener à la cour impériale des expériences scientifiques de haut niveau. En 1692, satisfait de leurs travaux, Kangxi accorda en échange un édit de tolérance à l’égard du christianisme qui fut désormais considéré comme une religion officielle, au même titre que le bouddhisme et le taoïsme. Au XVIIIe siècle, la mission jésuite française demeura très active, malgré la querelle des rites et la dissolution de la Compagnie de Jésus. Si elle était toujours soutenue par les

Fig. 2 : Verseuse, argent rehaussé d’or, Chine, vers 1680, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.

Fig. 3 : Plat circulaire du service de Louis XV, porcelaine, Chine, vers 1730-1740, Versailles.

souverains français, elle reçut également l’aide de l’un des plus grands sinophiles de ce temps, le ministre Henri Léonard Bertin, qui entretint jusqu’à la fin de sa vie une correspondance très régulière avec les jésuites demeurés en Chine, à la cour de l’empereur Qianlong. Dès la seconde moitié du XVIIe siècle, à la cour de France, se développa une véritable fascination pour les produits de la Chine. Celle-ci était apparue ponctuellement dès la première moitié du siècle. Ainsi, le cardinal de Richelieu, le principal ministre du roi Louis XIII, possédait-il plus de quatre cents porcelaines de Chine dans ses collections. Un événement, qui fit sensation à la cour, contribua pour beaucoup à cette fascination. Ce fut la visite à Versailles, en septembre 1686 de trois ambassadeurs du roi du Siam, Phra Naraï, accompagnés d’une suite nombreuse. Les ambassadeurs étaient porteurs de présents en grand nombre pour le Roi et la famille royale, présents d’origine thaïlandaise, chinoise, indienne, japonaise… Les nombreuses pièces chinoises qui figuraient dans les cadeaux du Siam (laques, porcelaines, pierres dures, orfèvrerie…) contribuèrent de manière décisive à attiser l’engouement de la cour pour l’art chinois. Parmi ces cadeaux, figurait une précieuse verseuse en argent, que le château de Versailles a pu acquérir en 2018 (fig. 2) et qui sera bien entendu exposée à Pékin. Tout au long du XVIIIe siècle, la cour de France comme la famille royale ne cessèrent d’acquérir des œuvres d’art chinoises, désormais importées en France par l’intermédiaire de la Compagnie des Indes orientales française, basée à Lorient. Le roi Louis XV (1710-1774) commanda dès la fin des années 1730 un grand service de table armorié dont le château de Versailles a pu acquérir récemment quelques pièces (fig. 3). Il acquit également de très nombreux vases en porcelaine de Chine à couverte monochrome qui furent

dotées à Paris de somptueuses montures en bronze doré, destinées à les magnifier. Ce goût fut partagé à la fin du siècle par Louis XVI et Marie-Antoinette. La famille royale était également très friande de laques chinois et japonais. Cette fascination pour les produits artistiques de la Chine eut de nombreuses conséquences sur l’art français. Les œuvres chinoises devinrent une source d’inspiration fabuleuse pour les artistes français dans de multiples domaines. Ce goût que nous nommons en France le goût chinois constitua désormais une facette importante d’un goût plus général pour l’exotisme qui culmina au XVIIIe siècle. Des peintres comme Antoine Watteau et François Boucher furent parmi les premiers à chercher leur inspiration dans une Chine rêvée. En 1761, au cœur des appartements intérieurs de la reine à Versailles, un Cabinet des Chinois, composé de toiles peintes par des peintres français, fut aménagé à l’emplacement du cabinet constitué de toiles peintes par la reine Marie Leszczynska elle-même (fig. 4). L’architecture, l’art des jardins, les arts graphiques furent largement touchés par ce mouvement ainsi que les arts décoratifs, notamment la tapisserie, le bronze doré, l’orfèvrerie mais aussi la céramique. Louis XV et Louis XVI furent ainsi particulièrement friands de pièces de porcelaine de la manufacture royale de Sèvres à décor chinois. Marie-Laure de Rochebrune est Conservateur général au château de Versailles Ces deux premiers articles sont issus de la série de conférences « Visual Arts Education Programme Talk Series » consacrée à Versailles qui s’est tenue en mai à l’Alliance Française de Hong Kong dans le cadre du French May 2022.

Paroles remercie chaleureusement Sophia Au-Yeung, Visual Arts Manager, French May Arts Festival.

2014 年,凡爾賽宮舉辦了一場 名為「中國在 凡爾賽,十八世 紀的藝術與外交」的展覽,我 有幸擔任其策展人。展覽與大 會目錄一樣,主要分成三大部 份。第一部份介紹十七世紀末 的時候,康熙皇帝(1661–1722 年)與路易十四(1638–1715年) 開展的微妙交流。二人的通訊 是 以 五位 來自法國的耶穌 會


工作。另外,柏應理將 信奉基督教不久的年 青中國人沈福宗帶到歐洲,引發了法國宮廷 的好奇心。柏應理說服路易十四資助六位法 國耶穌會士以王家數學家的名義前往中國; 其中五人於 1688 年抵達北京,憑藉紮實的數 學和天文學知識,贏得皇帝的信任,並獲准 在宮廷進行高級科 學實驗。1692年,康熙對 他們的工作成果感到滿意,作為賞賜,下達「 容教令」,自此基督教享有與佛教、道教同等 的宗教地位。到十八世紀,儘管發生過「禮儀 之爭」以及耶穌 會被解散事件,法但國耶穌 會的宣教工作仍然相當活躍。耶穌會在中國 得以維持長久影響力,除了一直獲得法國朝 廷支持之外,另一個原因是有貴人相助—— 外交大臣 Henri   Léonard   Bertin。這位頂級 中國迷在乾隆年間,至死一直與在華耶穌會 士定期作書信來往。 由十 七 世 紀 下半 葉 起,法 國宮 廷開始更 加 追捧中國產品,甚至達到真正狂熱的地步。 而早在十七世紀上半葉,中國風就已開始吹 起。例如,路易十三的首席大臣黎希主教收藏 Fig. 4 : La foire de Nankin, 1761, huile sur toile, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. 中國產瓷器超過四百件。中國熱潮後來迅速 9 月,暹羅 冒起,一大原因是法國朝廷一件轟動的事。當時是1686年 傳教士作橋梁,由傳教士寫信寄往法國。第二 國王那萊王派出三位大使訪問凡爾賽宮,而且隨團人員眾多。他們帶 部份是法國宮廷以至廣大巴黎藝術迷對中國 上大批搜羅自泰國、中國、印度、日本等地的禮物,獻給法王及王室。 藝術品(由東印度公司進口至歐洲)的狂熱,包 其中的中國禮物,例如漆器、瓷器、硬石、金器等,大大勾起他們對 中國藝術的興趣。以上的禮物之中,有一個珍貴銀茶壺,是凡爾賽宮 括瓷器、布料、牆紙、扇、硬石、漆器、銅器、金 於 2018 年購得(圖 2),將會在北京展出。

器……第三部份是這些中國藝術品對當時法國 藝術的影響,例如繪畫、平面藝術、裝飾藝術、 建築、園林藝術等方面。

2019 年,凡爾賽宮與北京故宮博物館經過幾次順利的交流之後,決 定以 2014 年的展覽為基礎,於次年在紫禁城舉行更盛大的展出。無 奈,2020 年初爆發新型冠狀肺炎,以致這項由主席習近平與法國總統 馬克龍於 2019年 11 月在北京拍板的豪華項目,最終無法如期舉行。直 至近期,疫情逐漸緩和,展覽終可在富有詩意的故宮文華殿舉行。選 址此處的原因是文華殿是乾隆皇帝在位期間(1711 至1 799 年)落成, 而乾隆正是本次展覽的核心之一。北京的展覽主要會涵蓋凡爾賽宮展 覽的三個部分;展品包括紫禁城的收藏品(特別是耶穌會士所製作的 科學儀器),以及凡爾賽宮由 2014 年起搜購的中國藝術品或中國風作 品。 事實上,現今了解路易十四時期中法外交關系的法國人並不多。至於 當時中法開始交好的背景,起源是法國人對這個遠東大國的興趣日漸 濃厚。此時,不少遠涉中國的歐洲人將豐富的第一手遊歷記述帶回家 鄉,其中的耶穌會士(他們的先驅,正是最廣為人熟悉、於 1610 年在 北京逝世的利瑪竇神父)以及東印度公司貿易商帶來的資訊,令法國 精英對中國的印象慢慢改變。 而促成兩地交好的契機,是一次特別事件。1684 年9月15日,生活在北 京多年的比利時耶穌會教士柏應理(Couplet)拜訪路易十四(圖1), 獲指派幾項任務。其中一項是招募年輕的法國耶穌會士司掌欽天監。 由利瑪竇開始,這個職位就一直由歐洲耶穌會士擔任。柏應理又希望 增加中國傳教士的人數。於是,他請求法王資助耶穌會在中國的傳教

整個十八世紀期間,法國宮廷及王室經由作中介的法國東印度公司 (當時位於洛里昂),不斷搜購進口至法國的中國藝術品。1730 年代 末,路易十五(1710–1774年)訂購了一整套帶有康熙王朝紋飾的餐具; 凡爾賽宮近期收集到其中數件(圖 3)。路易十五又購入許多中國製 單色釉瓷花瓶,並在到手後為其裝配豪華的鍍金青銅框,令花瓶顯得 更壯觀。到了十八世紀末,路易十六與瑪麗安東妮亦對中國瓷器愛不 擇。除此之外,中國和日本的漆器亦是法國王室的心頭好。 當時的中國藝術品熱潮,對法國藝術品亦產生深遠影響。中國製品成 為法國多個領域的藝術家的靈感來源。這種風格在法國稱為「中國 風」 (或「中國風情」),在普遍盛行異國風情的十八世紀,是其中重要 分支,例如,畫家 Antoine  Watteau 和 François  Boucher 是其中兩位最 早期透過想象的中國尋求靈感的藝術家。1761 年時,凡爾賽宮的王后 寓所內原來展示着由法國畫家繪畫的中國畫的陳列室被更換成只展 示瑪麗萊什琴斯卡(Marie  Leszczynska)王后自己所繪畫的中國畫的 陳列室(圖4)。中國風潮為建築、園林藝術、圖形藝術帶來廣泛影響, 其中以裝飾藝術受影響最深,特別是掛毯、鍍金青銅、金工藝品、陶 瓷。因此,路易十五和路易十六特別喜愛色佛爾王家製造廠的中國風 瓷器。 Marie-Laure  de  Rochebrune 是凡爾賽宮博物館的首席策展人 首兩篇文章源自法國五月 2022 在香港法國文化協會舉辦的凡爾賽宮專題會議系 列「視覺藝術教育課程講座系列」。《東西譚》摯誠感謝歐陽慧嫻(法國五月藝術 節視覺藝術經理)的協助﹗


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make music hk! 2022 「覓音樂!」音樂節

Make Music, une histoire de la musique au temps présent ! 「覓音樂﹗」——動人的樂韻,未完的故事 Texte 文: Jean-Sébastien Attié Photos 照片: © Alliance Française de Hong Kong

Les origines La Fête de la musique est devenue un événement mondialement célébré depuis la création de cette journée spécialement dédiée à la musique par Jack Lang en 1982. Des millions de personnes chantent, dansent, sortent et font la fête le 21 juin. Le gouvernement de François Mitterrand fraîchement élu et son Ministre de la Culture mirent en place très rapidement plusieurs mesures visant à favoriser le développement de la musique et de la culture populaires, ainsi que des décisions qui ont fait date et marqué le milieu de la culture au sens large, comme le Prix unique du livre. 40 ans plus tard, ces dispositifs sont toujours en place, ce qui prouve leur justesse à l’époque, car personne n’oserait en France les remettre en cause. Ils ont même été adaptés dans plusieurs pays. Pour ce qui est de la Fête de la musique, elle a connu une gloire immédiate et dans le monde entier, essaimant au gré du réseau français des Alliances françaises et des Instituts français à

l’étranger ainsi que dans plusieurs zones francophones. Ainsi le 21 juin, un peu partout dans le monde, on célèbre la musique. Mais comment ? Pour qui ? Il s’agit de manifestations gratuites, ouvertes au plus grand nombre. Les musiciens, suivant les lieux, jouent gratuitement ou pour un cachet symbolique. En France, on descend dans la rue avec son instrument, on joue avec son groupe un peu partout, c’est joyeux, festif, spontané, même s’il y a aussi des manifestations organisées et institutionnelles, des grands concerts qui nécessitent une logistique particulière. Mais ce modèle qui consiste à jouer dans la rue et n’importe quel jour n’est pas transposable partout, jouer dehors peut être apparenté à du vagabondage dans certaines cultures, ou être sujet à des autorisations administratives, ou simplement des habitudes sociales qui font qu’il est difficile d’organiser ces événements en semaine.


Ainsi, la Fête de la musique a dû et su s’adapter à des contextes variés : formats, dates proches et autour du 21 juin pour tomber sur un week-end, concerts plus encadrés, lieux, etc. Parallèlement, le mouvement Make Music Alliance, s’inspirant directement de la Fête de la musique mais souhaitant l’encadrer et lui donner un soutien, une bannière, a été créé en 2007 aux États-Unis. Il a permis de développer la Fête de la musique aux 4 coins de ce pays et dans le monde, sous une bannière adaptée. Et à Hong Kong ? Forte d’une expérience dans d’autres villes, l’AF Hong Kong a proposé en 2018 une version adaptée de Make Music pour Hong Kong. Format concentré sur un lieu, intensité de programmation, dates sur un week-end. Il fallait mobiliser des partenaires afin de disposer de lieux ad hoc, de budgets pour payer la technique et les musiciens, et mobiliser les différents acteurs du milieu musical. La nouveauté a été de réussir à embarquer avec nous dans l’aventure des pays de l’UE et la Délégation de l’UE à Hong Kong, et dans son sillage plusieurs pays membres ou associés de l’UE : l’Italie, l’Allemagne, la Hongrie, l’Autriche et la Suisse. Chaque pays invitait un groupe à Hong Kong pour un concert dans le cadre de Make Music. En s’appuyant sur une équipe extrêmement motivée, la première édition de Make Music HK! naissait en 2018 et avait l’honneur d’être une des premières programmations à Tai Kwun : plus de 35 concerts, 30 groupes, 3 scènes, 10 000 spectateurs sur le weekend purent découvrir des musiciens, profiter de concerts gratuits et passer des moments exceptionnels

The Young Bucks

2021 fut d’un goût nouveau puisque Make Music put s’installer à FreeSpace dans West Kowloon, avec 3 scènes. Plus de 30 groupes encore une fois, 30 concerts et une affluence record seulement limitée par les mesures sanitaires. La qualité exceptionnelle des concerts, des artistes et de l’espace ont donné un avant-goût de ce que sera la manifestation une fois la crise sanitaire derrière nous. En 2022, Make Music est de retour à FreeSpace et West Kowloon Cultural District, avec un nombre important de pays d’Europe et un mix de groupes en Live et de groupes en Streaming. Une première, un parrain pour cette edition, Marc Collin, leader et fondateur du groupe Nouvelle Vague ! Les ambitions Make Music a une vocation : que la ville où il est organisé s’empare du projet, et que celui-ci essaime. L’idée et le principe en sont une multiplication des initiatives dans la ville, par de nombreux organisateurs, bien sûr sous la coordination de l’Alliance Française de Hong Kong. Cette 5e édition n’est qu’un début et nous espérons un jour pouvoir célébrer les 50 ans de Make Music comme nous célébrons les 50 ans du HK French Film Festival cette année !

Heidi Li

En 2019, les 4 salles du Fringe Club accueillaient Make Music HK! pour un week-end complet inoubliable de musique. Plus de 6 000 personnes passèrent écouter les artistes. La crise sanitaire ne stoppa guère l’élan car les formats s’adaptèrent afin de proposer en 2020 une manifestation entièrement en streaming grâce à un partenariat avec Wow and Flutter, et la participation de groupes très connus de Hong Kong : Kolor, MC Yan’s Yellow Peril, David Boring entre autres. Au final, l’audience reste importante avec plus de 12 000 spectateurs en ligne.

Wong Ka Jeng


Xavier Mahé, Stefano Fossati, Jean-Sébastien Attié, Thomas Gnocchi, Krisztina Dora Koletar, Karl Ernst, Katia Stampfli Ferraz, David Costello, Mathieu David

盛事的開始

樂﹗」,特色是表演地點集中於一處、節目密集、週末舉行。

1982年,Jack  Lang首創在夏至當日舉辦音樂歡宴——「法國夏至音樂 節」 (Fête de la musique),不知不覺已發展成今日國際聞名的盛事,在 每年的6月21日吸引到數百萬人前來載歌載舞,或者熱烈慶賀。

為安排專用場地、承擔技術及表演者的費用、邀請音樂界的各方人員 協助,大會需要招攬多位合作夥伴。香港版「覓音樂﹗」的新穎之處 在於[得到多個歐盟國家及歐盟駐香港代表團支持,以及參考了意大 利、德國、匈牙利、奧地利、瑞士這幾個歐盟成員國或關聯國家的籌 辦經驗]。這五個國家各邀請了一隊樂隊來香港為「覓音樂﹗」的一場 音樂會演出。

當時新當選法國總統的米特朗(François  Mitterrand),上任不久即與 文化部制定幾項促進流行音樂及文化發展的措施,以及對廣大文化圈 有深遠意義及里程碑作用的政策,例如單一書價法令(Prix  Unique)。 四十年後的今日,這些政策措施仍然存在,而法國亦無人再敢提出質 疑,足以證明當時的高瞻遠矚。而在法國以外,以上政策甚至得到幾 個國家採納借用。 說回「法國夏至音樂節」,盛會初次舉辦就旋即在全球各地大受歡迎, 而且更借助各地的法國文法協會及 Instituts  français 網絡以及幾個法 語區風行全世界。於是,6月21日就成為各地同慶的樂興之時。 活動如何成事?誰來參與慶祝? 「夏至音樂節」的活動均為免費入場,而且歡迎任何人士觀賞。表演 者則會視乎場所作免費表演或只收取象徵式入場費。而在法國,音樂 人會帶著樂器遊走於街頭,與樂隊巡遊表演,最重要的是愉快、有節 日氣氛、隨興而為,即使是有組織、大機構的活動,或需要特別物流安 排的大型音樂會亦不例外。 然而,這種街頭即興及無分日子的表演模式實在難以輸出至全球所有 地方。在某些文化裏,戶外演奏音樂會被視為遊蕩,或者須得到政府 許可;又或者某地的社會慣例不方便音樂表演於平日舉行。 因此,「夏至音樂節」不得不因應各地的條件而稍作變動,包括更改 活動的形式、容許調動至 6 月 21 日左右的日子或週末舉辦、選用更符 合政府標準的音樂會和場地等。 此外,美國為規管並協助舉辦夏至音樂節,於 2007 年以夏至音樂節為 靈感發起「覓音樂同盟」(Make  Music  Alliance)運動還設計相關的 旗幟,自此,美國四個地方以及全球各地均可採用運動的旗幟然後籌 辦當地版的夏至音樂節。 香港又如何? 香港法協參考了其他城市的經驗,於 2018 年提議舉辦香港版的「覓音

多得籌辦團隊的積極及努力,第一屆「香港覓音樂﹗」得以在 2018 年誕 生,並有幸成為大館成立初期的節目之一。活動當日是週末,有超過 35 場音樂會、30 隊樂隊、3 個舞台,並有超過一萬名觀眾前來這項免費活 動,欣賞音樂人的精采演出,沉醉在動人的樂韻時空。 到 2019 年,「香港覓音樂﹗」音樂節又在藝穗會的四個表演區呈獻了一 次難忘的週末音樂活動,吸引超過六千名觀眾欣賞。 到 2020 年,雖然疫症爆發,但亦無阻這一年盛會的舉行。大會得到 Wow 及 Flutter 協助,改以串流形式直播活動,又邀請到香港本地的知 名團體參與,包括 Kolor、MC 仁與黃禍、David  Boring 參演;最後仍 然得到熱烈的迴響,有超過 12,000 名網上觀眾欣賞。 2021 年的「香港覓音樂﹗」遷至西九自由空間,有三個表演舞台,以嶄 新的面貌登場。參演的樂隊再次超過 30 隊;30 場音樂會以及破紀錄 的觀眾人數,而且是在防疫措施之下。見證了如此高質素的音樂會、 表演嘉賓以及表演場地之後,令人不禁聯想,假如能將 疫症一掃而 空,將會是更為壯觀的盛況。 到 2022 年,「覓音樂﹗」音樂節再度在西九自由空間登場,並邀請到多 個歐洲國家鼎力相助,分別安排現場及串流直播的表演。大會今次更 首次邀請到重量級的表演嘉賓——樂隊 Nouvelle  Vague 的隊長兼創 辦人 Marc  Collin! 鴻圖宏願 「覓音樂﹗」有一個願望,就是籌辦的城市有一日能全權接管項目,並 且將理念發揚傳開。要在香港達成這項理想,需要有許多籌辦機構肩 負多個項目,而且更要有法協從中穿針引線。 今年的第五屆仍然只是開始,但願多年之後「覓音樂﹗」能像今年的香 港法國電影節一樣,迎來 50 週年的慶典!



Starstruck : une exposition consacrée au Festival de Cannes 星光熠熠康城影展相展

La distribution internationale du film The French Dispatch aux côtés du réalisateur Wes Anderson et du compositeur français Alexandre Desplat, le 12 juillet 2021. © JOHN MACDOUGALL / AFP

L’Alliance Française de Hong Kong (AFHK) est fière de collaborer avec l’Agence FrancePresse (AFP) pour présenter une très belle sélection de photographies du Festival de Cannes exposées dans ses trois centres ainsi que sous la forme d’une exposition virtuelle. À la suite du partenariat noué entre l’AFHK et l’AFP à l’occasion du 48e Festival du film français de Hong Kong en 2019, les deux organisations se sont à nouveau réunies autour de ce projet exceptionnel. L’exposition comporte des photos d’acteurs et réalisateurs français emblématiques ainsi que de stars internationales tels que Catherine Deneuve, icône de la Nouvelle Vague, Julia Ducournau, lauréate de la Palme d’Or 2021, les comédiennes et comédiens français Agathe Rousselle, Gilles Lellouche et Charlotte Gainsbourg, le franco-américain Timothée Chalamet, les acteurs américains Brad Pitt et Leonardo DiCaprio, ou encore la chanteuse et actrice Jane Birkin. Du 28 avril au 31 juillet, cette sélection de plus de 30 photos des éditions 2019 et 2021 du célèbre festival sera visible dans les trois centres de l’Alliance Française à Wanchai, Jordan et Shatin. Pour celles et ceux qui n’auraient pas la possibilité de s’y rendre,

l’exposition est également accessible sous la forme d’une visite virtuelle sur artplacer. L’exposition se compose de trois thèmes principaux : « Candid Moments », présenté à Wanchai, « Red Carpet » exposé à Jordan et enfin la sélection « Editor’s Choice » à Shatin. À retrouver du 28 avril au 31 juillet 2022, durant nos horaires d’ouverture habituels ou dans un format virtuel sur : https://assets.artplacer.com/ virtual-exhibitions/?i=3292

Sophie Marceau, François Ozon et Géraldine Pailhas, le 7 juillet 2021. © VALERY HACHE / AFP


Les acteurs du film Les Olympiades autour du réalisateur Jacques Audiard le 14 juillet 2021. © JOHN MACDOUGALL / AFP

香港法國文化協會(Alliance Française de Hong Kong)非常榮幸再次與法新社(Agence  FrancePresse)攜手合作,於網上平台及三間法國文化 協會中心展出一系列康城影展的精彩照片。 自 2019 年第 48 屆香港法國電影節的成功合作, 香港法國文化協會及法新社再次合作,呈獻是 次康城影展照片展。 L’actrice Leïla Bekhti le 6 juillet 2021. © VALERY HACHE / AFP

是 次 照 片 展 展 出了 2 01 9 及 2 0 2 1 年 康 城 影 展 的 精 彩 照 片,包 括 多 位 國 際 及 法 國 影 星 ——如 法 國 新 浪 潮 電 影 女 星 嘉 芙 蓮 丹 露 ( C a t h e r i n e   D e n e u v e)、2 0 21 年 康 城 影 展 最 高 榮 譽 金 棕 櫚 獎 得 主 Ju l i a   D u c o u r n a u、法 國 影 星 J e a n   D uj a r d i n、G i l l e s L el louche、Cha rlot te  Ga i nsbou rg、Agat he  Rou ssel le 荷里活 影 星 Timothée  Chalamet、荷里活巨星畢彼特(Brad Pitt)、里安納度狄卡比 奧(Leonardo  DiCaprio)以及英國影歌雙棲巨星珍寶金( Jane  Birkin)。 4 月 28 日至 7 月 31 日期間,一系列超過 30 張康城照片將於灣仔、佐敦 及沙田三間法國文化協會中心展出。部份精選照片更會於網上平台公 開展出。由法新社攝影師捕捉的精彩瞬間照片將於灣仔法協中心展 出;而佐敦法協中心則會展出以紅地毯為題的照片;沙田法協中心將 展出法新社編輯心水之選。 照片展日期:2022年4月28日開始

Marion Cotillard, Simon Helberg et Leos Carax, le 6 juillet 2021. © CHRISTOPHE SIMON / AFP

網上平台:https://assets.artplacer.com/virtual-exhibitions/?i=3292


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actualité

時事實況

Electronic music sounds better with you : Rencontre avec Jean-François Amadei 電子音樂.齊來發現﹕ 訪問 Jean-François Amadei Texte 文: Hugo Petit

© Lorenzo Pierrucci

Cette année, à travers son volet cinéma, le French May a fait la part belle à la musique électronique avec Le Choc du futur et Why Versailles, deux films de Marc Collin, ainsi que Interstella 5555, qui allie animation japonaise et morceaux de Daft Punk, le duo français ayant annoncé sa séparation l’an dernier. Mais au fait, de quoi parle-ton exactement ? « Electro » ? « Techno » ? « House » ? Comment définir ces genres musicaux et quelle est leur histoire ? Y a-t-il une spécificité française avec la French Touch ? Paroles est allé poser la question à un spécialiste : natif de Marseille, Jean-François Amadei est depuis 2018 à la tête d’un label ainsi que du Minh Club (宀), situé à Sheung Wan et récemment ré-ouvert au public.


Paroles : Comment avez-vous découvert la musique électronique ? J.-F. Amadei : C’est à Taiwan, en 2009, que j’ai commencé à m’y intéresser en profondeur et à en faire moi-même. Cela dit, je ne partais pas de zéro puisque dans les années 90, la musique électronique était assez accessible pour le grand public en France, alors même qu’il n’y avait pas encore Internet ! Je me souviens par exemple du moment où Laurent Garnier a été récompensé aux Victoires de la musique en 1998. Les concerts passaient à la télévision, et beaucoup de disques étaient disponibles dans les grandes surfaces. J’ai quitté la France à 18-19 ans pour étudier à Taiwan et à Hong Kong. Un jour, j’ai découvert les soirées Smoke Machine à Taipei : c’était une vraie rave. La musique était complètement folle, les gens très accueillants et on se sentait en sécurité (c’est ce que nous essayons de reproduire à Minh). Je me suis fait beaucoup d’amis ce soir-là, et je me suis rendu compte que c’était ma passion. J’ai commencé à apprendre, à acheter du matériel et à évoluer dans ce monde-là. Ma formation musicale s’est donc faite en Asie, avec beaucoup d’allers-retours en Allemagne. La France me semble être un isolat en termes de musique électronique, malgré l’existence de groupes très connus à l’étranger comme Justice. Il existe une synergie européenne dont la France est plutôt à part. Comment définir la musique électronique ? D’où vient-elle ? Elle se caractérise bien sûr par les instruments utilisés, mais aussi par sa raison d’être : être jouée dans un club ou une rave, être dansée. C’est quelque chose dont on fait l’expérience avec d’autres personnes. À Minh Club, je dirais que ce que l’on vend c’est justement de la « togetherness ». Jeff Mills et les gens de Détroit diront qu’il y a également une dimension politique, à laquelle j'adhère même si en tant qu’Européen je n’en maîtrise pas tous les tenants et aboutissants. Mais je maintiens que la musique électronique est avant tout une musique afro-américaine. Au début des années 80, Roland, la marque japonaise d’instruments de musique, commercialise un synthétiseur, la 303, et deux boîtes à rythmes, la 808 et la 909. C’est un flop complet : on les trouve trop volumineux, le son est étrange… Aux États-Unis, ils finissent en vente pour des sommes ridicules chez les prêteurs sur gage. Les jeunes sans le sou qui veulent faire de la musique vont alors se les procurer. C’est là la base de la musique électronique : la 808, la 909 et la 303, ainsi qu’un sampleur MPC de la marque Akai (venus du hip-hop, les sampleurs sont ensuite apparus dans la musique électronique). En termes de moyens, c’est donc une musique très minimaliste, assez répétitive, techniquement simple. La difficulté est d’être inventif avec aussi peu de choses. Les meilleurs morceaux techno des années 90 ont été faits avec trois bouts de ficelle dans des caves à Détroit. À présent, ces machines sont digitalisées sous forme de logiciels. Bien sûr, on peut faire de la musique électronique d’une infinité de manières, comme St Germain qui a fait un album très jazzy par exemple. En triturant la 808, on peut créer aussi bien des sons très doux que très rugueux. Qu’est-ce que la French Touch ? Comment expliquer l’apparition de ce courant ? La French Touch, c’est simple : tu prends un sample de disco, tu mets un filtre « high pass » par-dessus, ainsi qu’un beat de house derrière. Ça, c’est la French Touch. Bien sûr, je simplifie un peu. Prenons un exemple : Music Sounds Better with You de Stardust (1998), dont faisaient partie les deux membres de Daft

Punk. Ils ont samplé Fate de Chaka Khan et ont fait leur musique par-dessus. Même One more time de Daft Punk, c’est clairement de la disco qui a été reprise. Pendant plusieurs années, toute l’Europe écoutait cette musique parce qu’elle était festive, bien faite, entraînante, et effectivement, les hits de cette époque-là étaient tous français. Cela s’explique peut-être par le fait que la musique disco était très présente en France dans les années 70 avec Sheila ou Claude François (un peu comme en Allemagne avec Boney M). C’est probablement avec ce style de musique qu’ont grandi les membres de la French Touch. D’ailleurs le père d’un des membres de Daft Punk était un producteur très connu (Daniel Vangarde, le père de Thomas Bangalter). La French Touch est un bon souvenir, mais malgré les retours à la mode cycliques dans la musique, je la vois très mal revenir. C’est mon point de vue très personnel, bien sûr ! En dehors de Daft Punk, Stardust ou Étienne de Crécy qui étaient généralement produits en studio avec des moyens exceptionnels, tout le reste a un peu mal vieilli quand même. Actuellement, les artistes français en French Touch font de la house assez accessible. Ce n’est pas une critique, je les aime beaucoup ! Vous avez évoqué l'électro, la techno et la house. De quoi s’agit-il ? En France, on a tendance à parler d’« électro » pour désigner la musique électronique. C’est un problème. Sans vouloir pinailler ou être élitiste, l'électro est un style très particulier, originaire de Détroit. Il est très simple à reconnaître : il y a un snare très fort sur le contre-temps. À Détroit, le DJ d’une radio locale jouait toutes sortes de musiques qui étaient absentes des ondes commerciales, notamment Kraftwerk qui utilisait déjà des synthétiseurs et des boîtes à rythmes. Kraftwerk a donc été une source d’inspiration notamment pour la techno, sans que ses membres soient au courant ! La house et la techno sont deux styles très proches, comme des cousins : la house a gardé un côté disco, le rythme est plus lent, c’est plus dansant. La techno est plus épurée, plus rapide, plus introspective. C’est parfois difficile de les séparer. Il y a tellement de styles en musique électronique, comme la drum and bass ou la trance par exemple. Je pense que tout est relié en fait, alors même qu’il y a beaucoup de tribalisme et des publics isolés les uns des autres. La musique électronique, aussi violente qu’elle puisse être, provient malgré tout du funk et de la disco. Parlez-nous de la création du Minh Club à Hong Kong. En 2014, je suis allé à Berlin pour la première fois. J’ai alors réalisé que j’avais encore beaucoup de chemin à parcourir. Durant les quatre années suivantes, je me suis donc professionnalisé, aussi bien d’un point de vue musical que gestionnaire. J’ai participé à l’ouverture d’un club à Hanoi en 2017. Pour moi, le Minh vient en partie d’une frustration, à savoir que pour avoir les nuits les plus parfaites, il fallait prendre l’avion pour Berlin. Alors, on s’est dit qu’on pouvait peut-être faire quelque chose à Hong Kong pour y remédier ! Hong Kong possède bien sûr une scène locale, mais elle est très petite comparée à Chengdu ou Shanghai. L’idée est donc plutôt de faire venir des artistes étrangers. Si pendant une soirée, nous obtenons ce qu’auparavant j’allais chercher à Berlin, alors je me dis que ma mission est remplie. C’est une question de musique bien sûr, mais aussi d’ambiance et d’alchimie entre les gens : pendant 10 minutes, ou toute la soirée, le mec d’en face que tu ne connais pas est ton meilleur ami. C’est cet aspect qui est à la base du Minh : que l’on s’y sente à l’aise, en sécurité. Le Covid a été une période difficile, mais j’espère que nous pourrons faire venir des artistes américains et européens prochainement !


今年,法國五月為了重點推介電子音樂,特別在 電影環節選播 Marc  Collin 的兩套作品《未來之 聲》 (Le Choc du futur)和《Why Versailles》, 以及揉合日本動畫以及Daft Punk(去年剛宣 佈 拆夥的法國二人 組)作品的《星際 5555》 (Interstella 5555)。但是話說回來,電子音樂到 底是何物?「Electro」?「Techno」?「House」? 這些音樂類型如何界定?從何而來?「French Touch」真的有法國特色嗎?《東西譚》有機會 請教到一位專家 —— Jean-François Amadei。 他生於馬賽,2018年起成為某唱片公司以及夜店 Minh(宀)Club(位於上環,最近已向公眾重開) 的負責人。 《東西譚》﹕當初你是如何接觸到電子音樂? J.-F.  Amadei:當時是在2009年的台灣,我深深迷上電子音樂,甚至親 自動手製作。話雖如此,我亦不算是完全從零開始,因為在九十年代, 即使互聯網尚未普及,法國普羅大眾已有不少門路接觸電子音樂!例 如,我還記得Laurent Garnier在1998 年獲頒法國音樂獎「Victoires de la musique」的一刻。 電視播放著他們的音樂會;許多唱片甚至在超市有售。我是在18或19 歲離開法國,去台灣和香港讀書。有一日,我在台北遇上有機派對,體 驗到真正的rave:令人徹底痴迷的音樂、熱情洋溢的群眾、有安全感 的環境(正是我們Minh Club試圖營造的元素)。當晚我認識到許多朋 友,而且意識到電子音樂就是我的志趣所在。於是我開始學習,又添 置器材,慢慢投身這個領域。所以說,我的音樂功底是在亞洲打下的, 再加上多次進出德國的經歷。我心目中覺得法國在電子音樂方面就像 是座孤島,儘管出產過一些國際知名樂隊,例如Justice。當整個歐洲 在同心協力發展電子音樂時,法國可以說是相當抽離。

是極柔和以至極粗糙的聲效都在你掌握之中。 「French Touch」是什麼?這鼓浪潮如何產生? French Touch其實很簡單,先取一個disco樣本,上面加一個「high pass」 過濾器,後面加入house的節拍,這就是French Touch的由來。這個講法 當然稍為簡化了。我再用另一個例子:製作《Music Sounds Better with You》 (1998年)的Stardust,其中兩個成員本來屬於Daft Punk。他們又 在Chaka Khan的《Fate》中採樣,然後在上面加入自己的音樂。即使是 Daft Punk的《One more time》,裏面亦明顯包含disco音樂。幾年之間, 全歐洲都在聽這種音樂,因為它富有節慶氣氛、製作精巧、引人入勝, 而且當時的大熱歌曲都是法語歌。它風行的原因可能在於,disco音樂 在七十年代已經非常興盛,不乏Sheila和Claude François(有點像德國的 Boney M)等當紅歌手。French Touch的成員大概就是聽著這種音樂長 大。另外,Daft Punk 一位成員的父親是非常著名的製作人(編者按﹕即 Daniel Vangarde與其父Thomas Bangalter)。French Touch是段美好的回 憶,可惜的是,雖然音樂界每隔一段時候就會重溫他們的作品,但我覺 得真正的復興不太可能會出現。當然,這只是我個人的觀點!除了Daft Punk,Stardust或Étienne de Crécy的作品通常在錄音室用特別的方法製 作之外,其他人的作品都太過時了。目前,連French Touch的法藉音樂人 都在製作通俗流行的house。我不是在批評他們,我對他們相當欣賞﹗ 你提到electro、techno、house,可否講解一下? 法國人一 般 會用「electro」來稱 呼電子 音樂,但 這樣其實有問題。 我不是 要吹毛 求疵 或 者扮作 專家,但elect ro其 實是非常獨 特的風 格,源自底特律,而且相當容易辨識:在弱拍會有一下強烈的沙鼓。 在 底特 律的某個當地電台,唱片騎師 會 選 播 一 般商業 電台不會問 津的各種音樂,特別是當時已在使用合成器和鼓機的Kraf t werk。 所以說,Kraftwerk是當時激發 創意的源頭,特別是對於techno。這 點連techno界都沒有意識到!House與techno是兩種非常相似的風 格,有如表兄弟。House節奏較慢,更適合跳舞,在disco一直佔一席 位;techno則較精緻,較快,較深邃。有時候,兩者難以分離。電子音 樂裏有很多風格特色,例如鼓、低音、Trance。我認為它們實際上都 是互相關聯,儘管山頭主義盛行,而且各個「門派」的受眾自成一隅。 電子音樂有時可以極之粗暴猛烈,即使它是源自funk和disco。 可以講述你在香港創立Minh Club的過程嗎?

如何界定電子音樂?從何而來? 電子音樂的特點自然是所用的樂器,但其本身亦有特別之處,就是經 常在夜店或rave中播放,而且適合用來跳舞,可以說是你與他人一同 體驗的事物。我們Minh Club的賣點正正就是「共同感」。Jeff Mills 和底特律人會說,電子音樂還有一個政治層面(連我這個歐洲人亦會 認同),雖然我不清楚種種來龍去脈。首先,我認為電子音樂是非裔 美國人的音樂。八十年代初,日本樂器品牌Roland推出合成器「303」 及兩台鼓機「808」和「909」。當時的銷情慘不忍睹。大家覺得機體笨 重,聲音又怪異。最後,它們在美國流落到當舖,以極之荒唐的價錢 待沽,只有那些想製作音樂但又身無分文的年輕人會想入手。電子音 樂的原點就是「808」、「909」、「303」,以及一個採樣器(採樣器本來 是Hip Hop的用具,後來才進入電子音樂)。因此,就創作方法而言, 電子音樂是非常簡約的形式,既重複,技術上又簡單。難度在於用極 少的元素發揮出創意。九十年代最出色的Techno作品,是在底特律 的地窖用三條弦線的末端製作而成。時至今日,這些器材已經被數碼 化,以軟件的形式出現。當然,製作電子音樂的方式無窮無盡,例如 St  Germain就製作過一張非常爵士風格的專輯。只要熟習808,無論

2014年,我第一次去到柏林後,才意識到還有很長的路要走。之後的 四年間,我無論在音樂上還是管理上,都致力令自己更加專業。我在 2017年參加河內一間夜店的開幕禮。對我來說,Minh有一部分是來 自挫敗,換言之,要掌握完美的夜色,就必須飛往柏林。於是,我覺得 或許可以在香港做些事來補救!香港當然有自己的特色,但與成都或 上海相比,就顯得非常小。所以倒不如吸引外地的藝術家前來。如果有 一晚,我得到當初在柏林想得到的東西,我才會告訴自己﹕任務終於 達成。當然這是攸關音樂的問題,但亦是人際間的氣氛及化學作用的 問題——在十分鐘內,或整個晚上,將在你面前不認識的人變成最好 的朋友。這就是Minh的根本理念——令人感到舒適、有安全感。疫症 爆發期間諸事艱難,希望我們能盡快吸引到歐美的藝術家前來!


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portrait

人物誌

Lam Chun-wing, le coryphée venu de Hong Kong 林雋永 —— 在巴黎舞台領風騷的香港人 Texte 文: Hugo Petit

© Julien Benhamou

Vous souvenez-vous de Billy Elliott ? L’histoire de Lam Chun-wing, premier Hongkongais à avoir intégré le prestigieux Ballet de l’Opéra national de Paris, rappelle à plusieurs égards le film de Stephen Daldry, en plus international. Arrivé à Paris à l’âge de 14 ans sans parler un mot de français, le jeune danseur a très aimablement partagé son expérience pour Paroles, tandis que le Hong Kong Arts Festival l’avait invité à participer à un webinaire cette année. Son parcours suscite l’admiration… et l’inspiration. « Le piano et la musique ont été ma première passion », nous explique Lam Chun-wing. À l’âge de 7 ans, sa mère l’inscrit également à un cours de danse classique, dans le souci de trouver une activité plus socialisante pour son fils, assez timide et solitaire, mais plutôt souple. Il s’y oppose tout d’abord (comme une grande partie de son entourage), car il est le seul garçon de la classe. Pourtant, quelque chose le fascine dans le fait de mouvoir

son corps avec la musique. Il assiste à plusieurs ballets classiques au Hong Kong Cultural Center. À 10 ans, c’est décidé : il sera danseur professionnel. Mais cela s’avère plus difficile que prévu, Hong Kong ne disposant pas vraiment de formation à plein temps en danse classique. À 14 ans, il se résout à partir pour l’étranger. Pourquoi la France, dans ce cas ? Lam Chun-wing nous raconte avoir tout simplement recherché sur Google « Ballet School » et avoir ainsi découvert le site de l’école de danse de l’Opéra : « Il était en français et je ne comprenais rien, je ne voyais pas comment candidater. Finalement, Jean M. Wong, ma professeure de danse, pensait qu’il s’agissait de la meilleure école de danse du monde, et, comprenant le désir qui m’animait, m’a dit “autant tenter le meilleur.” En passant par le Consulat de France à Hong Kong, nous avons pu les contacter et ils nous ont proposé une audition sur place à Paris, enfin, à Nanterre ! » Admis en 2011, il prend l’avion tout seul avec deux grandes valises. Il n’a jamais vécu à l’étranger, ou loin de sa famille, et arrive un jour trop tôt… un dimanche : l’internat est fermé. Faute d’avoir pu lire sa lettre d’admission en français, Lam Chun-wing ignorait qu’il fallait attendre le lendemain pour pouvoir y être accueilli. « Le premier jour était un peu rock’n’roll, résume-t-il, je ne comprenais rien de ce qui se passait autour de moi. » Heureusement, le chauffeur de taxi, d’origine vietnamienne, parle le cantonais et accepte de l’héberger pour la nuit.


Il suit des cours de français avant d’intégrer le système scolaire local, en horaires aménagés. À l’issue du cursus de l’école de danse, il tente deux fois le concours d’entrée au ballet de l’Opéra, qu’il réussit en 2015. Lam Chun-wing est aujourd’hui « Coryphée ». Mais de quoi s’agit-il ? « Il y a une hiérarchie assez particulière qui date en partie des origines de l’institution : l’Opéra de Paris a été fondé par Louis XIV, il y a à peu près 350 ans. Aujourd’hui il y a cinq niveaux ou grades : “Quadrille” tout d’abord, puis “Coryphée”, “Sujet”, “Premier Danseur” ou “Première Danseuse” et enfin le titre d’“Étoile”, le Graal ! Chaque année, un concours de promotion est proposé à ceux qui souhaitent monter en grade. » Lam Chun-wing évoque également les doutes qui l’ont assailli durant ce parcours très difficile, physiquement comme moralement : « Cela demande beaucoup de motivation. Aussi, il est important de trouver son “pourquoi”. Sans cela, on risque de ne pas accepter les difficultés et d’abandonner facilement. » À quoi ressemble la journée-type d’un danseur ? Lam Chunwing nous la décrit : « Je me lève le matin… avec des courbatures. J’arrive à l’opéra vers 9h et me prépare pour le cours de danse qui comporte toujours les mêmes exercices, comme les gammes d’un pianiste : c’est notre entraînement quotidien. Vient ensuite le déjeuner, suivi d’une séance de kiné, de massage, ou de salle de gym, en fonction de nos besoins physiques. Le premier service de répétition débute à 13h30. Le second a lieu entre 16h30 et 19h, lorsqu’il n’y a pas de représentation le soir. S’il y en a une, elle débute généralement à 19h30. Avant cela, il y a la préparation du spectacle : l’échauffement, le maquillage, la coiffure, etc. Il n’y a pas de spectacle tous les soirs, mais il y en a beaucoup, quand même ! » En 2020 et 2021, la France a connu plusieurs confinements. Dans ce contexte, rester en forme et s'entraîner n’a pas été une mince affaire. Les danseurs ont suivi des cours en ligne depuis chez eux, l’Opéra leur ayant fourni un linoléum de sol de danse pour la pratique. « À la maison on n’a pas la place pour faire des sauts et éviter de déranger les voisins. Même si l’on a fait des spectacles sans public avec des caméras à la place, ce n’est pas la même chose, parce qu’il n’y a pas cet échange d’énergie ». Lam Chunwing se consacre alors à un projet personnel : la création d’un film sur le Prélude à l’après-midi d’un faune de Claude Debussy avec le pianiste Alexandre Tharaud et la chorégraphe Wun Sze Chan. Comment juge-t-il la vie en France et à Paris après plus de 10 ans ? « Ce qui m’impressionne, c’est la densité d’activités culturelles de cette ville qui n’est pas si grande, comparée à Hong Kong : les spectacles, les concerts, les musées. En tant qu’artiste de scène, c’est très enrichissant et inspirant aussi. En arrivant, le choc culturel a été intense, tout me paraissait différent et incompréhensible. Maintenant, j’ai l’impression d’avoir le même choc culturel en sens inverse quand je viens passer des vacances à Hong Kong. Même s’il fréquente quelques Hongkongais de France comme Sony Chan, Lam Chun-wing ne peut que vanter les mérites de l’immersion parmi ses amis, majoritairement français : « ça m’a permis de m’intégrer et d’apprendre le français rapidement. Si je devais donner un conseil aux Hongkongais qui souhaitent apprendre la langue française, ce serait d’accueillir le choc culturel avec bienveillance, et avec joie ! Sans cela, on ne peut pas apprécier pleinement le pays. » Lam Chun-wing souhaiterait s’essayer à d’autres styles de danse, comme le hip-hop ou les danses de salon, mais nous explique ne pas en avoir le temps, ses deux jours de repos hebdomadaires étant à peine suffisants pour se remettre physiquement d’une routine très intense. Au fil des saisons de l’Opéra, il a cependant découvert la danse contemporaine : « même dans

Les Indomptés © Svetlana Loboff

une compagnie comme celle de l’Opéra de Paris, considérée comme assez classique, on a beaucoup de ballets néo-classiques ou contemporains. Je trouve la danse contemporaine beaucoup plus diversifiée dans la technique, la manière de faire passer un message, de s’exprimer pour les danseurs, dans les choix de musique également, la mise en scène, etc. Au départ, j’avais du mal avec la danse contemporaine, je ne savais pas forcément l’apprécier. Aujourd’hui, je trouve cela souvent plus intéressant que d’aller voir un ballet classique. » Parmi les chorégraphes qui l’ont marqué, il mentionne William Forsythe, le couple Paul Lightfoot et Sol León, pour qui il a dansé Sleight of Hand et Speak for Yourself, ainsi que Claude Brumachon, dont la pièce Les Indomptés consiste en un duo de deux danseurs masculins. Alors que l’interview touche à sa fin, le danseur nous explique suivre en parallèle un cursus à Grenoble École de management depuis cinq ans : « Je suis en dernière année. J’ai créé un cabinet de conseil en gestion de patrimoine pour sportifs et artistes de haut niveau. L’éducation financière des sportifs et artistes est perfectible, alors qu’ils connaissent une certaine précarité liée à leur emploi, et touchent des revenus très jeunes (à l’Opéra, dès l’âge de 16 ans), tout en ayant des carrières courtes. Donc je pense que c’est d’autant plus important pour eux de ne pas être perdu, afin de pouvoir prendre les bonnes décisions financières. » Apprendre la danse classique, aspirer à quitter Hong Kong, parvenir à intégrer une école de danse étrangère sans parler la langue locale, et enfin reprendre des études en parallèle, Lam Chin-wing s’est vu répéter tout au long de son parcours que ce qu’il envisageait de faire était impossible : « Je pense qu’il faut être clair sur ce que l’on veut faire et pourquoi on le fait, conclut-il avec un sourire. Quand on y croit, on a toujours une solution ! » Un grand merci au Hong Kong Arts Festival


不知大家對《跳出我天地》 (Billy Elliot,2000) 還有沒有印象?林雋永,首位加入馳名國際的巴 黎歌劇院芭蕾舞團的香港人,他的經歷從很多 方面都令人聯想起這套 Stephen  Daldry 執導的 電影,而故事的格局甚至還更加國際化。林雋永 親切友善地向《東西譚》講述自己的經歷—— 初到巴黎時,年僅十四歲,而且不會半句法語。 這位年青舞蹈家今年還獲香港藝術節邀請出席 網絡研討會,他的奮鬥過程不單令人欽佩,而且 激發人心。 林雋永向我們憶述:「我本來醉心於鋼琴和音樂。」當他七歲時,林母 覺得兒子性格害羞孤獨,所以想為他找一個有更多社交的活動,而他 的體格又柔韌,於是為他報名芭蕾舞班。起初他並不願意(他身邊的 人亦大部分反對),因為他是班上唯一的男學員。然而,當他的身體隨 著音樂翩翩舞動時,自己竟在不知不覺間著迷,後來更在香港文化中 心參演了幾場古典芭蕾舞。到了十歲,他決定要成為專業舞蹈員。 然而,他後 來發覺路途比預期中困難,因為香港並無正式的全日制 古典舞課程所以,他在十四歲決定遠赴外地。既然如此,為何選了法 國?林雋永告訴我們,他只是Google「芭蕾舞學校」,見到巴黎歌劇院 芭蕾舞學校的網站,他又說:「網站是法文,我完全看不懂,不知如何 申請。我的舞蹈老師王仁曼認為這是全世界最好的舞蹈學校,而且她 明白我的追求,她鼓勵我『盡力爭取』。我們經法國駐港領事館聯絡 到學校,學校在巴黎為我們安排一場現場面試,之後更在楠泰爾作最 後面試!」他在2011年獲取錄,拖著兩個大行李箱隻身登上飛機。他 從來沒有在外國生活過,甚至沒有遠離家人;最後早了一日抵達,但因 為剛好是星期日,宿舍關閉。之所以擺了烏龍,是由於看不懂法文的錄 取信,上面原來寫著下一日才安排迎新。他形容﹕ 「初到的第一日就遭 遇波折,我對身邊的一切都毫無頭緒。」幸好,接載他的的士司機原 籍越南,會講廣東話,更願意接待他留宿一晚。 在修讀正規課程之前,他按照學校為他特別安排的時間表上法語課。 完成舞蹈學校的課程之後,他報考了歌劇院芭蕾舞團兩次,最後在2015 年通過。到了今日,林雋永已經成為「群舞領舞員」 (Coryphée)。他為 我們講解這個位置的由來和意義﹕ 「這個非常特別的等級制度可以追 溯到舞團最初成立的時候。巴黎歌劇院是由路易十四創立,至今已有大 約350年,如今仍然保留五個等級或職級:群舞員「Quadrille」,之後是 群舞領舞員「Coryphée」,主題舞蹈員「Sujet」,首席舞蹈員「Premier Danseur/Première Danseuse」,最後就是芭蕾舞的頂峰——明星舞蹈員 「Étoile」﹗舞團每年都會為有志晉升的舞蹈員安排一場選拔比賽。」林 雋永又憶述這段非常艱難的過程帶給他身體與精神的考驗:「你必須 要有明確的動機,而且要找到堅持下去的『理由』,否則就很可能承受 不住困難,容易放棄。」 舞蹈員平常的一日怎樣過?林雋永描述道﹕ 「我每朝醒來都會……渾 身酸痛。我大約早上九點到達歌劇院,為舞蹈課做準備。舞蹈課裏必 然有同一套常規練習,就像鋼琴的音階練習,是我們每日必備的訓 練。之後是午餐,午餐後視乎我們的身體狀況需要,接受物理治療、 按摩或健身。第一次排練會在下午1:30開始。如果當晚沒有表演就會 有第二次排練,在4:30至7:00。有表演的話,通常會在晚上7:30開始。 表演前的準備是熱身、化妝、髮型等等。表演不是每晚都有,但其實 還算不少!」

2020年及 2021年,法國曾經 有幾 次防疫閉關。那時 候, 要 保 持 身材 和 鍛 煉 並不 容 易。舞蹈員要在家裏 參加網 上課程;歌 劇院為我們提供 了跳舞用的地氈作練習。林 雋永補充﹕ 「家裏沒有跳躍的 空間,還要避免打擾鄰居。即 使我們用鏡頭拍攝沒有觀眾 在場的表演,也完全不是同 一回事,因為這種 形式 並沒 有能量的互動。」所以,他乾 脆專心進行一項個人項目: 由鋼琴家Alexandre Tharaud 及編舞家Wun Sze Chan共同 創作、以德布西《魔人午後前 奏曲》為題材的電影。

Pendant une répétition © Svetlana Loboff

經過十多年,林雋永如何回味在法國和巴黎的日子?「令我印象深刻的 是,與香港相比,這個城市的文化活動密度並不是那麼大,不論是表 演、音樂會或博物館,而巴黎亦相當能豐富及啟發我們這些舞台藝術 人員。當我最初抵步時感受到強烈的文化衝擊,身邊的一切對我來說 都迥然不同、無法理解。而到了現在,當我回香港度假,又遭遇到反文 化衝擊。即使林雋永經常與陳茗倫(Sony Chan)等幾個來自法國的香 港人見面,他仍然認為自己在交往圈子裏主要與法國人交往會較有好 處:「這樣有助我更快融入法國文化和熟習法語。對於想學法語的香 港人,我的一點建議就是以友善和喜悅的心情來迎接文化衝擊,否則 難以全面欣賞這個國家。」 林雋永透露有想過嘗試其他舞蹈風格,例如Hip Hop或社交舞,但沒 有時間,因為每週只有兩日休息實在難以讓他的身體在這種異常激烈 的日常工作模式下充分恢復。然而,在加入歌劇院的數年間,他還是 有機會接觸到當代舞。林敘述:「即使是巴黎歌劇院這種形象相當古 典的舞團,當中還是有不少新古典音樂或當代芭蕾舞的元素。我發覺 當代舞在技巧、表達訊息的方式、以舞蹈表達自己的方式、音樂選擇、 舞台佈置等方面更加多元化。我最初還很抗拒當代舞,不太懂得如何 欣賞。到現在,我經常覺得當代舞比古典芭蕾舞更有趣。」至於對他有 影響的編舞家,他認為有William Forsythe、Paul Lightfoot與Sol León 夫婦(林曾為他們的《Sleight of Hand》及《Speak for Yourself》演出) ,還有Claude Brumachon(其代表作《Les Indomptés》是只有兩名男 舞者的舞劇)。 在 採 訪 結 束 之 際,林 雋 永告 訴 我 們 他 正 在 格 勒 諾 布 爾 管 理 學 院 (Grenoble École de Management)修讀為期五年的課程:「現在已是 最後一年。我為高級運動員及藝術人員成立了一間財富管理諮詢公 司。運動員和藝術人員的財務教育還有改善的餘地,而且他們的工作 性質帶有某些不穩定因素。他們的收入集中在非常年輕之時(以歌劇 院為例,由十六歲開始),然而事業生涯卻很短暫。因此,我認為財務 管理對他們非常重要,可確保他們不迷失自己,從而作出正確的財務 決定。」 學習古典舞、渴望離開香港、不會當地語言卻考入外國舞蹈學校、最 後在發展舞蹈事業同時重拾書本學習。林雋永在整個事業生涯中不 斷聽到聲音說,他想做的事情不可能成功。他微笑總結道﹕ 「我認為 最重要是自己清楚想做什麼,還有想做的原因,只要有信心,終會有出 路﹗」 衷心感謝香港藝術節


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專題檔案

落地生根原是客--客家人在香港 Texte et photos 文與照片: Karine Yoakim Pasquier, en partenariat avec Le Petit Journal Hong Kong

Lorsque l’on part à la conquête des Nouveaux Territoires, que l’on s’aventure au-delà des zones urbaines, on découvre une population autochtone encore très présente, vivant dans les 500 villages de la région. Elle est notamment constituée de quatre communautés spécifiques : les Puntis, les Tankas, les Hoklos et les Hakkas. Parmi celles-ci, les Hakkas sont les plus nombreux. Ils ont façonné l’histoire, les valeurs et le paysage culturel de Hong Kong.

Lai Chi Wo

Originaires du nord de la Chine, c’est par vague de migrations successives que les Hakkas sont arrivés à Hong Kong. Dès le XVIIe siècle, ceux-ci teintèrent donc la ville de leur culture, de leurs traditions et de leur riche histoire. Retour sur un peuple aux mille et une facettes.

Un peuple migrant Comme le mot Hakka (客家) l’indique (celui-ci signifiant littéralement « peuple invité » en chinois), ce groupement s’est constitué par des vagues de migrations successives. Originaires des plaines du nord de la Chine, c’est peu après la chute de l’empire Han, entre le milieu du IIIe et du IVe siècle, que les premiers exodes hakkas eurent lieu. Ils se poursuivront lors de la chute de chaque grande dynastie : fin des Tang, au Xe siècle, des Song du Nord, au XIIe siècle, des Song du Sud, au XIIIe siècle et encore des Ming, au XVIIe siècle. Dans un premier temps, les Hakkas se sont établis dans les provinces du sud de la Chine comme le Guangdong, le Fujian, le Jiangxi et le Sichuan. Ce n’est qu’au XVIIe siècle que les premiers Hakkas se déplacèrent vers Hong Kong. Au tout début de la dynastie Qing, un ordre antiinsurrectionnel – appelé la Grande Évacuation (遷界令) exigea l’abandon des régions côtières du sud de la Chine afin de combattre le mouvement loyaliste anti-Qing basé à Taiwan, laissant le secteur sud de Hong Kong vidé de ses habitants. Une fois l’interdiction levée, entre 1669 et 1688, un programme de repeuplement fut mis sur pied, permettant ainsi à un nombre important d’immigrants hakkas de s’y installer. Les Hakkas ne furent pas les seuls à élire domicile à Hong Kong. Les Puntis (本地人), qui étaient les premiers habitants de Hong Kong, rentrèrent chez eux et revendiquèrent en priorité une grande partie des plaines fertiles de la région, laissant les Hakkas se contenter des zones littorales moins accessibles et des recoins montagneux tels que les actuels Lai Chi Wo, Tai Po, Sheung Shui, Sai Kung et Yuen Long. Liu Tak Ian est un Hakka originaire de Guangdong. Ses parents ont émigré à Hong Kong dans les années 50. « Il y a énormément de Hakkas dans les Nouveaux Territoires, dans la région de Sai Kung. Les personnes portant le nom de famille Liu ou Tsang sont d’ailleurs majoritairement des Hakkas. »


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專題檔案

Le temple de Lai Chi Wo

Une cohésion communautaire forte Contraints de se contenter de terres moins fertiles, les Hakkas compensèrent leur désavantage initial par un sens du travail remarquable, une résilience et une ingéniosité inégalées. En effet, pour contrebalancer leur instabilité géographique, la culture hakka a construit une cohésion communautaire forte, permettant ainsi aux villageois de réussir par l’entraide. Alors que la région était fréquemment soumise aux attaques de bandits et de pirates, ils s’abritèrent en créant des hameaux à l’architecture singulière. Si dans la province du Fujian, un exemple remarquable reste le tulou 土樓, ces bâtiments collectifs en forme de cercles, refermés sur eux-mêmes et ne disposant que d’une seule entrée, à Hong Kong ils prennent la forme de villages murés, avec également un accès unique, protégé par des canons, tours de garde et patrouille. Outre la proximité physique induite par leurs villages murés, l’organisation de la société hakka elle-même était vouée au rapprochement. Les Hakkas se rassemblaient dans des salles et temples ancestraux pour les réunions de clans et les célébrations festives, ces lieux faisant aussi office d’écoles pour les enfants ou de lieux de marché. Le clan correspondait à un groupement de personnes vivant ensemble et partageant des ancêtres communs. Les hommes du clan l’étaient à vie. Les femmes, lors d’un mariage avec un homme issu d’un autre clan, changeaient d’appartenance. Par nécessité économique, les clans hakkas se sont réunis pour former des alliances. L’exemple le plus frappant reste l’Alliance des Dix (十約聯盟), un regroupement fondé au XIXe siècle comprenant 10

districts hakkas dans la région de Sha Tau Kok. Offrant une meilleure protection commune contre les pirates, il permit avant tout de créer un réseau financier fort, en bâtissant le marché de Tung Wo, qui servit de plateforme commerciale unique pour la vente de légumes et de poissons. Comptant une centaine de boutiques à son apogée, ce lieu fut extrêmement prospère entre 1820 et 1930. Dans les années 50, l’industrialisation de Hong Kong débute : développement du secteur manufacturier, implantation d’usines et croissance urbaine, provoquant une disparition des modes de vie plus ancestraux, y compris chez les Hakkas. Les jeunes quittent la campagne, délaissant les villages. L’afflux d’un grand nombre de réfugiés chinois entre 1960 et 1980 entraîne également une pénurie de ressources naturelles et augmente la concurrence sur le marché agricole local, rendant le secteur plus compétitif et difficile. Michelle est hakka. Elle vit à Hong Kong après avoir passé son enfance au Royaume-Uni. Ses parents — tous deux Hakkas de Hong Kong — se sont rencontrés en Angleterre, mais portent en eux cette identité forte : « Dans la famille de mon père, toutes les traditions hakkas sont encore très respectées. Mes grands-parents étaient fermiers à Hong Kong et résidaient près de Tai Mei Tuk. Au fil du temps, le village a été de moins en moins habité, mais je me souviens des réunions dans les halls, le système de vote par exemple, ou ce sentiment d’appartenance propre à notre identité hakka. Toutefois, en étant une femme, certaines traditions ne nous étaient pas accessibles et je regardais ces rites d’un œil extérieur. J’ai quatre sœurs et pour moi c’est plutôt étrange de me dire

que dans ma famille, ces traditions vont s’éteindre, car nous ne sommes pas des hommes. » Une culture qu’il faut préserver « La culture hakka est composée de divers éléments tels que sa langue, m’explique Liu Tak Ian. À la maison, les Hakkas parlaient le hakkanais, un dialecte. Mais cela a tendance à se perdre. » Le dialecte hakka fait en effet partie intégrante de l'identité de ce peuple. Dans les Nouveaux Territoires, jusque dans les années 50, le hakka était d’ailleurs majoritaire. Cependant, l’utilisation du cantonais comme langue d’enseignement dans les écoles locales ainsi que l’évolution démographique de Hong Kong ont provoqué sa quasi-extinction, en l’espace de seulement deux générations. D’après une étude menée par Lau Chun Fat dans la revue International Journal of the Sociology of Language, le dialecte hakka serait même « considéré comme inutile, puisque minoritaire. […] ». Si de moins en moins de locuteurs maîtrisent cette langue, l’étude argue que la plupart des gens à Hong Kong ne voient pas le hakka comme faisant partie de leur culture traditionnelle, le « considérant simplement comme un obstacle à l’acquisition de l’identité hongkongaise, liée à la langue et à la culture cantonaises. » Liu Tak Ian le regrette : « La culture hakka a tendance à se perdre avec les années — et à se dissoudre dans la culture hongkongaise en général. Les jeunes ne savent par exemple plus cuisiner hakka, ne maîtrisent plus notre dialecte… préférant l’usage du cantonais. » Malgré cela, les rites hakkas tentent de subsister à travers le temps. C’est le cas


d’Ice qui, si elle ne sait pas parler hakka, a reçu un riche héritage de la part de sa grand-mère maternelle : « Pour le Nouvel An chinois, nous nous retrouvions tous, avec les autres villageois pour préparer des gâteaux de riz traditionnels. C’était une coutume très vivante. Mais ce qui me touche le plus, c’est la “chanson des pleurs”, un chant traditionnel mêlant larmes et musique. On peut les chanter lors des mariages par exemple, pour exprimer la joie et la tristesse de devoir quitter ses parents… » Liu Tak Ian confirme : « Notre culture est riche et variée. Il y a tout d’abord la cuisine, qui est particulière. Chez nous, nous mangions notamment du tofu farci et du porc à la moutarde marinée. Selon les festivités, il y a d’autres coutumes. Pour le Nouvel An chinois, nous organisons des danses du lion. On prépare des gâteaux de riz ou de radis ou encore des gao zi, ces petits raviolis farcis. » La culture hakka est en effet riche et porte en elle toute l’histoire migratoire de son peuple. Danse du Lion, du Qilin ou de la licorne, célébrations du Festival Ching-Ming, du Nouvel An chinois ou mariages, chaque événement est fêté d’une manière distinctive avec des activités spécifiques. Pour Michelle, son identité hakka reste quelque chose de fort : « Si nous avons perdu nos traditions liées au culte des Dieux ou aux diverses fêtes, ce qui me relie à la culture hakka, c’est la cuisine ! Lors des grands événements, mes grands-parents préparaient des plats typiques. Mais, au-delà de la nourriture et des festivals, être hakka, c’est faire partie d’un unique groupe, d’une tribu. Le fait de parler hakka nous relie les uns aux autres. Même si nous avons des histoires mixtes et des chemins de vie différents, on a cette origine identique. » Si la langue et le sentiment de cohésion dû aux modes de vie villageois disparaissent peu à peu, certains éléments subsistent et se réinventent. La solidarité du clan se fixe davantage sur les familles. De même, bien que de nombreux Hakkas vivent désormais en ville, ils retournent dans leurs villages d’origine pour assister aux fêtes traditionnelles. Pour Michelle, la culture hakka est vouée à se modifier et évoluer : « Mais la question principale est : comment pouvons-nous la préserver ? La plupart des enfants, de nos jours, ne parlent plus le hakka. Ils se concentrent sur le cantonais et l’anglais. Avec la mondialisation, nous devons essayer de la garder vivante ! » Où découvrir la culture hakka à Hong Kong ? •  Le village de Lai Chi Wo, un village hakka muré, très bien conservé, où quelques villageois coulent encore des jours paisibles, loin de la ville.

•  Le musée Sam Tung Uk Museum à Tsuen Wan, construit au cœur d’une ancienne maison fortifiée hakka vieille de 200 ans, vous permettra d’en apprendre plus sur la culture et le mode de vie hakka, tout en découvrant une habitation traditionnelle préservée. •  Le Heritage Trail sur l’île de Kat O vous permettra de découvrir un village qui autrefois abritait l’une des premières colonies hakka de la région.

客家人源自北方中原,數百年間有多次南遷至香 港的浪潮。早在十七世紀起,客家人就開始以自 己的文化習俗以至深厚的歷史底蘊刻畫這座城 市,留下無數印記。 在新界,只要跨出市區,就會發現原住民的群體仍然星羅棋布,舊式 村落甚至多達五百個。這些原住民可分為四個族群,即本地、蜑家(水 上人)、鶴佬(福建人)、客家,其中以客家最多。他們對香港的歷史、 思想價值、文化景觀有深遠影響。 客旅異鄉 顧名思義,「客家」有「身為過客,並非主家」的含義。客家群族是多 年以來一浪接一浪的中國大陸移民所形成。這些原來的中原人氏,在 大漢帝國滅亡不久,即大約公元三世紀中至四世紀,開始第一度向南 遷徒,而之後每逢大朝代滅亡,即十世紀唐代、十二世紀北宋、十三世 紀南宋、十七廿紀明代,大規模遷移都會發生。 最初,客家人只流落到閩粵贛川等南部地區,後來直到十七世紀才首 次踏足香港。 滿清最初期,清政 府為打壓明朝遺臣在台灣的反清活動,頒佈所謂 「遷界令」,要求中國南方沿海居民遷入內陸,香港南部地區的居民 因此被清空。當禁令在 1669 至 1688 間解除後,滿清隨即推出一項移 民計劃,允許大批客家人南下香港定居。但在當時,客家人並非第一 批抵達香港的族群。在香港落地生根的「本地人」早已率先佔據香港 大部分肥沃的平地,剩下偏遠不便的沿海地區及山區(例如現時的荔 枝窩、大埔、上水、西貢、元朗)。客家人別無選擇,唯有退而求其次。 廖德仁是原籍廣東的客家人,父母在五十年代來港。他講述:「新界 住有大量客家人,特別是在西貢一帶。廖、曾是客家的大姓。」 團結內聚的族群 客家人雖然不得不在較貧瘠的土地定居, 但憑藉 難能可貴的實幹精神,加上克苦耐 勞、才智超卓,已足以彌補原來的弱勢。而 事實上,正因為客家人的居住位址不安穩, 客家文化發展出強大的社區凝聚力。村民之 間守望相助,彼此扶持,同步成功。 由於香港區域經常 遭受土匪海盜滋 擾,客 家人於是建設出結構獨特的村落。正如福 建有聞名的「土樓」,客家人亦有標誌的建 築。客家群體的建築特點在於「圍」——自 我封閉,並刻意只安排一個入口。香港客家 人所聚居的「圍村」除了同樣採取單獨進出

Licorne hakka © Sam Tung Uk Museum


Artisanat hakka © Sam Tung Uk Museum

口設計之外,更會在村口設立大砲、城樓、巡邏來作保護。 除了圍村所構成的實際防護之外,客家人的社會組 織亦刻意強調內 聚。他們會在祖傳的祠堂和廟宇舉行氏族會議和節日慶祝活動;平常 則是兒童的學堂或交易的市集。所謂氏族即是共同生活、有共同祖先 的群體。客家男性的氏族歸屬終生不變;而女性則會在與另一氏族的 男性結婚後歸屬夫家。 出於經濟的考量,客家的不同氏族會結成聯盟,最經典的例子是十九 世紀期間,由沙頭角十個客家區域組成的「十約聯盟」。聯村結盟不但 更有利於防範海盜侵擾,更重要的是各村有機會共同建立起穩固的 營商網絡——東和墟,供各村村民集中銷售蔬菜及魚類。東和墟的高 峰期是在1820年至1930年間,此時的商舖達一百間,非常繁榮。 到二十世紀五十年代,香港開始工業化;隨著製造業起飛、各區工廠 林立、城鎮急速發展,許多舊時代的生活模式逐漸消失,包括客家文 化。年輕人開始遠離鄉郊,捨棄舊式村落。 到1960年至1980年,大量中國難民湧入,亦導致天然資源出現短缺,又 增加本地農業市場的競爭,本地農民經營越來越困難。 沈婉冰是客家人氏。她的童年是在英國度過,後來回港生活。她的父 母都是客家人,雖然在英國邂逅,但對自己的客家人身分均有強烈認 同。沈婉冰憶述:「我父親的家族至今仍然遵循所有客家習俗。祖父 母在大尾篤附近居住及務農為生。雖然村落的居民越來越少,但我仍 然記得祠堂聚會、投票等等情境,還有身為客家人的歸屬感。然而,有 些客家習俗不容女性參與,所以我只能從旁觀看。我還有四個姐妹, 而由於我們不是男丁,這些傳統習俗最終都會在我的家族消失。這種 事由我說出來,多少感覺有點奇怪。」 客家文化 值得流傳 廖德仁講解:「客家文化包含多項元素,例如語言。客家話是一種方 言,客家人在家裏都講客家話,可是客家話有消亡的趨勢。」 客 家 話是客 家 人 身份 認 同裏 的 重 要部 分。到五十 年 代 為止,客 家 話一直 是新界的主流語言。然而,由於政府規定以粵語作為本地學 校 的 教學 語 言,加 上香 港 人口成 分 的變 化,導 致 客 家 話在 短 短 兩 代之後就 瀕臨滅 亡。根 據劉鎮發在《Internationa l   Journa l   of   the Sociology  of  Language》所公布的研究,客家方語甚至「因為小眾而被 視為無用……。」該研究又指出,如果越來越少香港人掌握這種語言, 他們大多數人就不會視客家文化是他們傳統文化的一部分,反而「會 視客家文化為獲得香港人身分認同的障礙。因為他們覺得香港人身 分的體現是在廣府語言及文化。」 廖德仁遺憾指出:「客家文化正面臨逐漸消亡,並有在香港文化中絕

跡的危險。例如,年青人不懂煮客家菜,不再講客家話,只願講廣東 話。」 雖然如此,客家人的儀式仍然 得以流傳後世。以林玉冰 為例,她 雖 然不諳客語,但仍然從 外婆身上感受到深厚的客家文化。她講述: 「每逢農曆新年,我們會自動自覺地與其他村民一起做傳統炒米餅。 這個習俗至今仍然盛行。但最觸動我的,是揉合眼淚與音樂的傳統山 歌[《哭嫁歌》]。我們會在出嫁時候唱,表達與父母離別的快樂和悲 傷……」 劉德仁也認同:「客家的文化既深厚又豐富。首先是烹飪,客家菜可謂 別豎一幟。我們的家常菜有煎釀豆腐、梅菜扣肉。 節慶的習俗也有許多,例如農曆新年有舞獅、炒米餅、蘿蔔糕、炸角 仔。」 客家人深厚而豐富的文化裏處處流露這個族群的遷移歷史,例如舞 獅、舞麒麟;清明、農曆新年、婚嫁的慶祝活動,每種節慶都有各自所 屬的活動。 沈婉冰覺得客家人的身份對她仍然有重要意義:「即使我們拜神、節 慶的習俗傳統不復存在,我還可以在客家菜中找到聯繫!每逢重要節 慶活動,我的祖父母都會炮製客家人特有的菜式。但是,除了菜式和 節慶之外,身為客家人,更重要的意義是作為這個大群體、大氏族的 一分子。只要用客家話交談,就能令我們彼此聯繫。即使我們各有各 的經歷和人生路向,我們都來自同一個根源。」 客家鄉村的生活模式沒落,令客家人的語言和凝聚力慢慢消失,但客 家人的一些元素仍然會流傳下去,並繼續隨時間演變。氏族的團結 會轉化成凝聚各個家庭的力量。同樣,雖然許多客家人現在都住在市 區,但他們仍會回到原來的村落參加傳統節慶。 沈婉冰認為,客家文化的改變和發展之勢難以阻擋,她指出:「最大的 問題,是我們應當如何保存客家文化?我們的子女現在大部分都不再 講客家話,只講粵語和英語。在全球化之下,我們必須保持客家話的 生命力!」 客家文化 香港何處尋? • 在 荔枝窩村,客家的圍牆仍然保留得相當完整,而且仍有不少村民 過著遠離城市的寧靜日子。 • 荃 灣三楝屋博物館,原址是有二百年歷史的三楝屋客家圍村中心, 完善保存了傳統家園的環境。參觀遊客可以了解更多客家文化的 資訊,感受客家人的生活方式。 • 吉 澳島是香港客家人最先佔據的地點之一。島上現設有吉澳文化 徑,向遊客介紹這座難得的客家村。


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poésie

詩詞

La langue de Molière Texte : Matthieu Motte

La langue de Molière ; nul besoin de la délier, c’est la vôtre ! Celle qui forge l’identité d’un lycéen ou d’un apprenti comédien, français ou francophone ; qu’il récite, qu’il compose ou qu’il clame. Les mots de Molière coulent entre la langue et le palais ; suivant les pulsations du cœur (Rodrigue, en as-tu ?), oscillant entre le familier de la rue et le phrasé soutenu sans tomber dans le précieux ridicule.

Pierre Mignard, Portrait de Jean-Baptiste Poquelin dit Molière (v. 1658)

Le dramaturge est de ces génies atemporels dont il suffit de lire une scène pour comprendre que leur voix résonne encore dans la pièce... En pléiade ou en folio, dans un fauteuil ou sur les tréteaux (surtout), les pièces de Jean-Baptiste Poquelin plaisent et instruisent encore à l’orée du quadricentenaire de sa naissance. Aucune réplique ne sent la naphtaline, aucune saillie le chèvrefeuille, au pire la quatrième de couv’ nécessite juste qu’on l’époussette. Écoutez Scapin, regardez Sganarelle, souffrez Tartuffe, ils sont bien vivants, réels et tellement contemporains… Tellement. Hélas il suffit d’allumer la radio ou la télé pour s’en convaincre... Cette année, on préférera − si loisible en est − se calfeutrer dans le moelleux d’un strapontin, entendre résonner les trois coups du brigadier et attendre le lever de rideau pour goûter la langue de Molière. Et se presser de rire de 2022 de peur d’être obligé d’en pleurer. Le mot juste Molière est toujours audible, il suffit de l’écouter. À vrai dire, il le fut dès le début, tous rangs confondus ; des loges seigneuriales aux poulaillers caquetant de cabales. Parce que c’est fin, enlevé, fort à propos, et que ça claque sans clinquer. Ajoutez à cela le bon sens et la drôlerie, et vous obtiendrez le quart de la moitié du commencement de ce qui explique sa postérité. Ses bons mots sont des mots justes qui dans l’économie de la verve brocarde sans mépriser, dénonce sans houspiller. Le spectateur s’y trompe

d’ailleurs rarement : les barbons qui s’encolèrent ou les jeunes premiers qui haussent le ton sont à coup sûr les faquins de la farce à l’instar d’un Arnolphe ou d’un Alceste, cachet de l’antonomase faisant foi. Un an après sa mort, son ami et admirateur Nicolas Boileau édictait dans son « Art Poétique » ce que Poquelin s’appliquait à trousser dextrement dans ses scènes ; ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire fusent aisément ! Pour preuve le panégyrique en alexandrins dédié au dramaturge béni des muses : « Rare et fameux esprit, dont la fertile veine / Ignore en écrivant le travail et la peine / Pour qui tient Apollon tous ses trésors ouverts / Et qui sais à quel coin se marquent les bons vers / Dans les combats d'esprit savant maître d'escrime / Enseigne-moi, Molière, où tu trouves la rime. » L’œuvre de Molière a traversé les époques et les courants ; et s’il était déjà une référence du sixième Art aux Lumières, le grand mentor parmi les Romantiques, il est devenu incontournable aujourd’hui. En témoigne, 2022 oblige, la myriade d’évènements qui lui sont consacrés dans l’Hexagone et au-delà des frontières. Dans l’Antiquité on mesurait le talent des rhapsodes, « chose ailée », à la connaissance des vers d’Homère et à la propension de les clamer avec force et justesse lors des Panathénées. Homère malgré lui ; des salles de classes à la Comédie-Française, Molière est devenu au fil des siècles le gentilhomme de la rime assujettie au sens.


Honoré Daumier, Crispin et Scapin (v. 1863-1865)

Plaire et instruire, plaire pour instruire ! « L'amour, pour l'ordinaire, est peu fait à ces lois / Et l'on voit les amants vanter toujours leur choix / Jamais leur passion n'y voit rien de blâmable / Et dans l'objet aimé tout leur devient aimable / Ils comptent les défauts pour des perfections / Et savent y donner de favorables noms. » Ces vers délicats sont dits par Éliante dans Le Misanthrope et parmi les plus beaux de la langue. Nous sommes en 1666 et cette tirade en guise de madrigal éblouit et éclaire à la fois, comme tout ce qui est lumineux. Le style, la « manière », comme chez La Fontaine, se distille à l’aune de la « matière ». « Rien de trop » ; comme préconisaient les Anciens, chambre d'écho des Classiques (qui furent désignés ainsi au XIXe siècle par Stendhal qui voyait en Molière « le grand peintre de l'homme tel qu'il est. »). La faconde des furibonds ou des maîtres à penser opère une catharsis dans l’auditoire : tout ce qui est pudibond, tout ce qui est scolastique est à bannir. Quand, enfin, il s’immisce à l’acte III dans la pièce qui porte pourtant son nom, Tartuffe affiche l’ampleur de son hypocrisie dans une litote qui ne peut même plus atténuer les éclats de rire contre l’Eglise : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir / Par de pareils objets, les âmes sont blessées / Et cela fait venir de coupables pensées. » L’ampoulé fracasse l’Idée, le pédant grince, l’emphase enrobe le mensonge et sert la vanité. Au Alexandre-Évariste Fragonard, Don Juan et la statue du Commandeur (v. 1830-1835)

contraire, l’idéal de l’honnête homme ou de la femme honnête, c’est ce qui est bien dit ! Il existe une scène des Femmes savantes pour qui je donnerais tout Molière et qui − c’est subjectif − condense son génie. Chaque année je m’en délecte, la lisant avec des élèves qui − révérence parler − n’en comprennent pas encore la portée, l’à-propos. Loin l’emphase, loin les grandiloquentes, la langue se meut et vit par l’acclamation de spectateurs qui jubilent en marmottant : voilà Molière, voilà celui qui s’est adjugé l’audace de porter au pinacle mes défauts, notre sublime, proférant des stichomythies qui ne sont ni gênées aux entournures, ni alambiquées à l’envi. Fi des boursoufflures, entre Martine qui fait les gros yeux : « Qu’est-ce donc que j’ai fait ? » ; et les Précieuses qui s’indignent : « Elle a, d’une insolence à nulle autre pareille / Après trente leçons, insulté mon oreille / Par l’impropriété d’un mot sauvage et bas / Qu’en termes décisifs condamne Vaugelas. » Molière est là qui s’interpose, invisible mais avec force, prompt et taquin grâce à la connivence des spectateurs : « Quand on se fait entendre, on parle toujours bien / Et tous vos beaux dictons ne servent pas de rien. » conclut Martine avec justesse. La langue de Molière est claire, ciselée à l’hémistiche comme l’est une allée élaguée de Le Nôtre à Versailles. Pédants et snobs de l’Académie, précieux des cénacles à la circonvolution collet monté, tous en sont rabroués à bon compte par le dramaturge qui rit sous cape avec nous. Parce qu’il aimait avec audace à dézinguer les tartuffes de la ligue dévote comme les puissants libertins (sous les traits de Don Juan il faut deviner le prince de Conti, son premier protecteur, dont les abominations succédaient aux privautés), parce que Molière mettait bas les masques − on aimerait que ce soit de nos jours à la mode − parce qu’il aimait jouer les Scapin, les Mascarille, fripons ès fourberies hérités de la commedia dell'arte qu’il incarnait sur scène avec délectation (« Vivat Mascarillus, fourbum imperator ! ») pour moquer ceux qui se caparaçonnent derrière les latinismes opaques ou les jargons de médicastres. Parce qu’il avait le panache de tout dire avec élégance, gloire à Molière ! Sauvés par le Kong / Sauvés pour le Bac / www.sauvesparlekong.com


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le coin des lecteurs

讀者區

L’avis  des  profs Pour ce numéro, Paroles a demandé aux enseignants de l’Alliance Française de prendre la plume pour nous parler de leurs propres lectures issues de la bibliothèque de Jordan. Roman, BD, album jeunesse... il y a en a pour tous les goûts.

Jalila Azizi David McKee, Elmer joue à cache-cache : Un livre à rabats, L’École des Loisirs, 1998 Elmer, c'est ce gentil éléphant multicolore qui partage ses aventures dans plus de dix ouvrages. Abordant avec simplicité le thème de la différence, David McKee, auteur britannique installé en France jusqu'à ses derniers jours, nous propose dans cette série à succès des histoires aussi drôles qu'intéressantes. Son éléphant atypique, tout le monde le connaît ! Cet incontournable de la littérature jeunesse française accompagne aussi nos petits apprenants dans la découverte de notre langue. Le chouchou du moment ? C'est Elmer joue à cache-cache bien sûr. Dans ce livre à toucher, notre ami bariolé cherche son ami l'oiseau. Soulevant roches, brindilles et autres, il navigue dans la savane et rencontre le tigre, le crocodile, le singe et plein d'autres amis. Mais où peut bien se cacher l'oiseau ? Il pourrait être bien plus proche que l'on ne croit... 7 autres titres de la série Elmer sont disponibles à la médiathèque (de 3 à 6 ans).

Melissa Duclos Leïla Slimani, Chanson douce, Gallimard, 2016 À quel point peut-on faire confiance à un(e) inconnu(e) ; telle est la question à laquelle Leïla Slimani nous confronte dans son deuxième roman intitulé Chanson douce. Commençant avec cette première phrase poignante « Le bébé est mort », l’auteure nous invite à remonter dans le temps afin de retracer les événements qui ont abouti à ce drame. On y découvre Paul et Myriam, un couple de bobos parisiens, qui sont parents de deux jeunes enfants. Étouffée par sa vie de mère au foyer, Myriam souhaite reprendre son activité professionnelle et, bien que réticente à l’idée, elle finit par convaincre son compagnon d’embaucher une nourrice. Aux premiers abords, Louise semble être parfaite et très vite, ils ne peuvent plus imaginer leur vie sans elle. C’est ainsi que cette femme, très isolée, va s’immiscer dans leur vie au point de vouloir faire partie de leur famille. De moins en moins à l'aise avec elle, ils veulent s’en débarrasser mais ne savent pas comment s’y prendre sans la brusquer. Vous prenant aux tripes, Leïla Slimani lève le voile sur le sentiment de culpabilité des parents et questionne le rapport employeur-employé. La traduction chinoise de ce roman est également disponible à la médiathèque de Jordan.


Florian Lepetit Bastien Vivès, Balak et Michaël Sanlaville, Lastman (12 tomes), Casterman, 2013 à 2019 De nombreux auteurs et illustrateurs français, purs produits de la génération « Club Dorothée » et imprégnés d’influences japonaises, font bouger les lignes et cherchent depuis les années 2000 à proposer des œuvres mêlant les genres. De Freaks’ Squeele, visuellement proche du cinéma et des comics américains, à DOFUS, manga tiré du jeu vidéo éponyme, en passant par Dreamland, aventure fantastico-onirique dont l’action et l’humour n’ont rien à envier à ses grands-frères étrangers, l’offre française n’est pas en reste. Avec Lastman, Bastien Vivès (Polina, Le Goût du Chlore), Balak (Les Kassos) et Michaël Sanlaville signent une série qui rend hommage au shônen japonais (genre initiatique souvent centré sur le combat : Dragon Ball, Naruto, Demon Slayer…) sans pour autant le caricaturer. On y suit le jeune Adrian et son mentor (malgré lui) Richard, engagés dans un tournoi d’art martiaux aux enjeux plus mystérieux qu’il n’y paraît. Dans cet univers où la magie règne et où chacun semble dissimuler son passé et ses intentions, Adrian va se retrouver entraîné dans une quête qui le dépasse et qui l’emmènera par-delà les frontières de sa « réalité ». Drôle, bien rythmé et visuellement dynamique, Lastman ravira les (jeunes) adultes en quête d’une BD flirtant avec le manga.

Séverine Richet Luc-Michel Fouassier, Les Pantoufles, Gallimard, 2022 Dans son dernier roman, Luc-Michel Fouassier narre quelques jours loufoques d’un homme qui, par pure inattention, claque la porte de chez lui en oubliant ses clés et sort pour se rendre au bureau en costume-cravate ses charentaises aux pieds. « Je n'étais pas devenu l'homme invisible, mais l'homme silencieux. Je ne foulais plus le même sol que mes congénères, j'avançais en marge. À côté de mes pompes, en quelque sorte. » Tout d’abord gêné par cette situation saugrenue, le héros ou plutôt l’anti-héros de cette histoire découvre le pouvoir de ses pantoufles. Il va peu à peu prendre plaisir à observer les regards hostiles et les réactions de ses collègues de travail, de sa fille, de ses amis, de la police ou encore du réceptionniste de l’hôtel où il décide de séjourner. Armé de ses pantoufles, très à l’aise dans la douceur feutrée de la laine, il fait face avec une force tranquille au « brainstorming » de son entreprise, à un match de tennis ou à une partie fine. Ce Bartleby se lance alors dans un combat contre le conformisme et s’impose majestueusement en marchant à rebours du troupeau.


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langue franÇaise

法語

香港法語圈的黃金時代 Texte 文: David Cordina

L’Alliance Française de Hong Kong, en partenariat avec le Consulat général de France, a organisé un cycle original pour célébrer la fête de la francophonie 2022. Original, car le contexte sanitaire a malheureusement conduit à l’annulation de tous les événements en face à face prévus. Tout le programme a migré en webinaires et création collective de ressources pédagogiques, artistiques et culturelles. Le XVIIe siècle français, le Grand siècle, son souverain Louis XIV, ainsi que Molière, dont nous célébrons les 400 ans de la naissance, sont au cœur du programme. Les projections habituelles de films québécois et français ont été reportées aux mois d’avril et mai. Metteur en scène, conférenciers universitaires, acteur, enseignants de l’Alliance et équipes culturelles ont participé à l’élaboration et à la production de projets collectifs pour apporter, entre autres, un complément pédagogique aux deux retransmissions en ligne de pièces de Molière (théâtre de l’Odéon-Europe) diffusées durant l’édition numérique 2022 du Hong Kong Arts Festival. Quatre webinaires, ayant accueilli plus de 500 personnes, ont traité de la réception locale de son théâtre, de l’esthétique baroque et du premier libertinage intellectuel du XVIIe siècle. Enfin, le programme s’est conclu par une présentation ludique des perruques et du costume masculin de pouvoir aux XVIIe et XVIIIe siècles, discussion animée durant un live Instagram en compagnie de Stéphanie Slackhouse, dragqueen de la ville. Dans une volonté de vulgariser et de mieux expliquer cet auteur, son époque et ses valeurs à notre jeune public hongkongais, des capsules vidéos sur format court et stories sur les réseaux sociaux ont été produites et diffusées en trois langues sur les mêmes thèmes, ainsi qu’une riche sitographie pour exploiter des ressources en ligne et approfondir la connaissance du XVIIe siècle : tutoriel pour devenir un roi-Soleil, Maquillage-mouche, le triste destin de Monsieur Vatel, ou encore interprétations d’extraits courts de Molière joués par l’association Hong Kong

Theatre. Le choix des extraits de pièces constitue une série de portraits moraux de personnages forts et reconnaissables. De nombreuses ressources audiovisuelles seront également disponibles sur le site dédié grâce à nos partenaires TV5MONDE Asie-Pacifique ou encore par l’Institut français de Paris. Des concours oratoires pour étudiants d’université et élèves du secondaire ont été proposés par les partenaires habituels : l’AFLE, association des professeurs de français, et les départements de français des universités du sud de la Chine et de Hong Kong. Le concours Grand siècle pour les élèves du primaire ou du


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langue franÇaise

法語

secondaire a reçu de très belles productions : récitations de Fables de La Fontaine et saynètes jouées extraites de L'Avare de Molière. Les meilleurs ont été récompensés lors d’une cérémonie organisée au consulat. Toutes ces riches et multiples ressources audiovisuelles, informations, retransmissions et présentations sont en libre accès sur le site dédié : www.francophoniehk.com. 今年2022年度法語圈同樂節,香港法國文化協會與法國駐港總領事 館合辦了一輪別開生面的慶祝活動。所有原先籌備的現場活動因為 防疫的緣故而取消,所以今年度的同樂節不得不以「前所未有」的形 式與大家見面,包括網上研討會,以及教學、藝術、文化資源的共同 創作活動。 在法國十六世紀的黃金時代,路易十四的權勢如日方中;一代文豪 莫里哀,亦在此時期誕生。今年適逢莫里哀誕生四百週年,有關慶 典自然成為同樂節的重頭戲。每年慣有的魁北克及法國電影放映活 動,則延遲至四月及五月舉行。 導演、多名大學講師、演員、法協教師以及文化團隊共同籌劃及製作 了多個項目,包括就2022年香港藝術節(數碼版)網上播放巴黎奧 德昂劇院(théâtre de l’Odéon-Europe)的兩套莫里哀作品,提供賞 析指導。大會安排的四場網絡研討會,共有超過五百人參加;主題 包括有戲劇本地普及探討、巴洛克美學以及十七世紀知識界第一次 放蕩主義。節目的最後環節,是十七、十八世紀權貴男士假髮及服裝 的風趣講解,以及香港變裝王后 Stéphanie  Slackhouse 以 Instagram 直播配以熱烈的討論。 為了向香港年青人推廣及傳述莫里哀本人、他的時代、他的價值,大 會準備了三種語言的短片膠囊及社交媒體文章,另外還有網站列表 等網上資源:太陽王加冕指南、美人痣、華泰爾的悲慘命運,還有 Hong Kong Theatre Association製作的莫里哀作品簡短賞析,有助 加深大家對十七世紀的認識。為深刻鮮明地刻劃人物的精神面貌, 以上作品摘要是特別製作、精挑細選。 我 們 的 合 作 夥 伴 T V 5 M O N D E 亞 太 台以 及 巴 黎 法 國 文 化 中 心 (Institut français)亦準備了豐富的視聽網上資料供大家使用。 另外還有大學及中學法語演講比賽,是由我們的長年夥伴法文教師 協會(AFLE)以及華南和香港各大高校法語部合作籌備。為中小學 生而設的「黃金時代」比賽亦反應理想,參賽者朗誦或簡短演出拉 封丹寓言及莫里哀作品《吝嗇鬼》的選段,當中有不少精采演出,優 秀的參賽者獲領事館頒發獎項。 上述多項視聽資源、資料、節目重溫以及講解,在以下特備網站免費 提供:www.francophoniehk.com。


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法語

Des nouvelles de la formation des professeurs ! 教師培訓最新消息! Texte 文: David Cordina En Corée du Sud L’Alliance Française de Hong Kong, l'Alliance française de Paris-Île de France et les services éducatifs de l’Ambassade de France en Corée du Sud construisent un partenariat pour la formation des professeurs, et notamment pour un plan de formation visant les pratiques numériques et les cours en ligne. Les enseignants coréens des Alliances française de Corée du Sud auront la possibilité d'observer des cours en ligne proposés par les professeurs de Hong Kong. En parallèle à la formation délivrée par Tony Tricot de l’Académie de l’Alliance française de Paris-Île de France (AFPIF), notre Alliance propose un terrain virtuel de stage : études de cas pratiques et observations concrètes de classes dans plusieurs cours en ligne proposés par nos collègues. 南韓 香港法國文化協會,巴黎法協總會與法國駐南韓大使館教育部將聯合舉辦教師培訓,重點為數碼技術的應用和網上課程的安 排指引。 南韓法協的韓籍導師將有機會在網上觀摩由香港教師主持的網上課程。巴黎法國文化協會學院(l'Académie  de  l'Alliance française de Paris-Île de France,AFPIF)將由Tony Tricot提供培訓,而同一時間,香港法協則提供虛擬實習的場地:就香港法協 教師主持的幾個網上課程作實際個案研究,並觀察課堂情況。

À Paris, en Espagne, et en Chine L’Alliance Française de Hong Kong a porté durant l’année 2021 et 2022 le projet des expérimentations du dispositif comodal pour l’ensemble du réseau Alliances françaises de Chine. Comodal : cela veut dire que l’enseignant enseigne en temps synchrone, à un public distanciel et présentiel. Le jeudi 16 juin, David Cordina, leur présentera l'avancée du projet et la rédaction d’un guide, vademecum, version 2 avec des retours critiques et mesurés sur ce dispositif essentiel en cas de crise. Les trimestres d’hiver et de printemps 2022 l’ont bien prouvé. La première version a été rédigée par l’AFPIF et les Alliances françaises d’Espagne avec le soutien de l’ambassade de France en Espagne ; la version 2, en accord avec Paris, est rédigée par l’équipe de notre Alliance : Jean-Baptiste Larramendy, Ludovic Grebaut, Neal Guilbert, Loeiz Pabiot, Dominique Do avec l’aide également de Alice Le Gall et Malika Reutlinger. Il sera en ligne en juillet 2022. 巴黎、西班牙、中國 香港法協於2021年及 2022年在全中國的法協網絡 推出試驗 混合授課模 式,混合模式(Comodal)即是教師同步教 授 遙 距及面授課程。6月16日 (星期四),Dav id  Cordina將會 報告混合模式的進 度及介紹指引手冊 《Vademecum》第二版,以及重溫突發情況下的應變要點和步驟。手冊所 針對的,正是類似2022年頭兩季的情況。 手冊的第一版是由AFPIF與西班牙法協在法國駐西班牙大使館協助下編 著。第二版則是由巴黎法協與我們香港法協聯合編著,編者﹕Jean-Baptiste Larramendy、Ludovic Grebaut、Neal Guilbert、Loeiz Pabiot、Dominique Do(Alice Le Gall協助及Malika Reutlinger)。新手冊將於2022年7月網上 發布。

À Hong Kong Fin juin, c’est le rendez-vous annuel d’un temps de formation pour les collègues de l’AF mais aussi pour ceux de toutes les écoles ou universités de la ville. Avec la participation du Consulat général de France et l’association AFLE, quatre ateliers seront organisés autour des pratiques ludiques : le thème de l’année est « le jeu sous toutes ses formes ». Deux formateurs interviendront en face à face et à distance. Une conférence ainsi qu’une réception seront organisées le mercredi 22 juin. Tout le programme, la présentation des ateliers et des intervenants sont sur le site : https://www.francophoniehk.com/pour-lesprofs 香港 到六月尾,香港 法協 將為法協以及 全港院校的 法 語 教 師 舉 行 年 度 培 訓。在 法 國 駐 港 總 領 事 館和法國教師協會(AFLE)的參 與下,將圍繞 如 何 寓 遊 戲 於 學 習的 議 題 舉 辦 四 個 工作 坊: 今 年 的主 題 是「各 種 形式 的 遊 戲」。兩名負責 培 訓 的 導 師 將 以面 對 面 或 遙 距 的 型 式 參 與。 此外,還於 6 月 22 日星期三舉 行 會議 及酒會。 有關 節目、工作 坊 的介紹 和 講 者詳情 請 瀏 覽: https://www.francophoniehk.com/pour-les-profs


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生活的藝術

Faire du vieux avec du neuf : la science de la reconstitution des instruments anciens 鑑古演奏、仿古樂器及古樂器復修關係密切 帶您鑑古觀今,認識音樂世界! Texte et photos 文及照片: Karen Yeung 楊嘉倫

Avant l’invention du phonographe, la musique ne pouvait être écoutée qu’à la cour, à l’église, aux concerts de salon ou à l’occasion des rassemblements lors de festivals. Bach jouait de l’orgue dans les églises, Lully écrivait ses ballets pour Louis XIV à Versailles, Mozart jouait ses concertos avec un orchestre et Chopin, le « poète du piano », exhibait ses talents de pianiste dans les salons. Si écouter et jouer de nos jours leurs chefs-d’œuvre est un privilège, que dire de celui des publics de l’époque, qui ont eu l’honneur insigne de les entendre jouer par leur compositeurs en personne ! L’histoire de la musique nous apprend que dès le début du XIXe siècle, on s’employait à recréer les œuvres du passé. Ainsi, en 1829, Félix Mendelssohn reproduisait La Passion selon saint Matthieu de Bach, alors vieille d’un siècle. Au XXe siècle, des musicologues se lancèrent dans un véritable travail archéologique visant à redonner une nouvelle vie aux instruments anciens conservés dans les musées, ou à en faire fabriquer des imitations parfaites par des luthiers et facteurs dont ce travail allait devenir la spécialité. L’étude des partitions et des documents musicaux d’autrefois permet également aux musiciens modernes de mieux comprendre les styles d’interprétation des compositeurs du passé. Cette discipline s’appelle « l’interprétation historiquement informée ». Les deux histoires suivantes sont tirées de mes rencontres avec deux grands spécialistes de ce domaine : le facteur de clavecin canadien Yves Beaupré et le restaurateur de piano-forte français Olivier Fadini. Le clavecin est l’ancêtre du piano. Inventé au XVIe siècle, largement utilisé en Europe du XVIIe au début du XVIIIe siècle, il a ensuite été progressivement remplacé par le « piano-forte » au milieu du XVIIIe siècle. De nos jours, les clavecins sont des pièces de musée et ne sont que rarement utilisés et étudiés par des professionnels. Lorsqu’un clavecin est requis pour les besoins d’un concert, c’est souvent un produit d’imitation qui est utilisé à la place. À l'heure actuelle, de nombreux facteurs de clavecin européens et japonais

sont capables d’imiter des instruments de différentes périodes et de différents styles (principalement français, italien, flamand et allemand). Un clavecin de haute qualité est fabriqué à la main, généralement par un facteur qui gère l’ensemble du processus ; la fabrication dure environ un an. Les facteurs embauchent parfois des assistants, mais très peu de jeunes travaillent dans ce domaine.

Yves Beaupré et Karen Yeung


En 2018, je me suis donc rendue au Canada pour visiter l’atelier d’Yves Beaupré, près du centre-ville de Montréal. Quand je suis arrivée, il y avait un clavecin et un piano-forte en cours de fabrication. Au mur étaient accrochés des myriades d’outils et de photos d’instruments, et des morceaux de bois de toutes tailles jonchaient le sol. Grand spécialiste des instruments anciens, Beaupré était par ailleurs virtuose au clavecin. Dans les années 1970, les clavecins étaient à la fois rares et chers en Amérique du Nord ; à l’âge de 17 ans, il souhaitait ardemment faire l’acquisition d’un clavecin, et n’ayant pas les ressources financières nécessaires, il décida tout naturellement... de s’en fabriquer un lui-même ! Dans les années 70 et 80, Beaupré visita l’un après l’autre tous les grands musées européens de ce domaine pour étudier les différents modèles de clavecins anciens. Il mesura personnellement le volume des instruments, étudia la structure et les motifs de peinture de leur caisse, de leur sommier et de leur table d’harmonie, et échangea longuement avec des facteurs locaux. De retour dans son pays avec un tel bagage de connaissances, Beaupré éleva son art à un niveau supérieur.

sur lequel Chopin jouait à l’époque ? La restauration des pianos anciens n’est pas une mince affaire. Tous les connaisseurs ayant eu l’occasion d’entendre jouer les premiers Pleyel savent que leur timbre, leur volume et leur toucher sont complètement différents de ceux des pianos modernes ; tous les pianistes ne les maîtrisent pas, loin s’en faut. La manipulation de ces Pleyel demande également la plus grande précaution, car il s’agit d’antiquités. En général, les clients de Fadini sont des musiciens professionnels ou des collectionneurs. J’ai eu la chance de l’entendre jouer ce jour-là. Chaque instrument de son atelier a sa propre histoire fascinante. Par exemple, Fadini a remis à neuf un pianino droit Pleyel (n° 10112), que Frédéric Chopin avait choisi pour son amie et mécène, la comtesse d’Obrescoff (1795-1862) ; le célèbre compositeur franco-polonais avait bien sûr joué lui-même sur l’instrument. On conçoit aisément la valeur historique d’une telle merveille. Restaurer un piano-forte est une tâche très difficile, et il arrive que l'on se sente désemparé ! Le restaurateur opère comme un archéologue : il doit rechercher les techniques et les matériaux utilisés à l’époque afin de restaurer le plus minutieusement possible les pièces d’origine, en général très usées, et s’efforcer de rester fidèle à la structure d’origine de l’instrument. Bien sûr, ce travail prend du temps et bon nombre des matériaux de l’époque sont aujourd’hui introuvables. Les pianistes viennent souvent chez Fadini pour s’essayer au Pleyel de Chopin, qui respire encore l’âme du grand compositeur, tandis que le restaurateur français écoute attentivement le son et réfléchit à d’autres améliorations possibles. Facteurs comme restaurateurs, leur travail n’est pas seulement un métier mais avant tout une mission : celle de la promotion de « l’interprétation historiquement informée » dans le milieu des musiciens et auprès du grand public d’aujourd’hui. Et cette mission, ils s’y attèlent avec le génie et la modestie des grands maîtres.

Table d'harmonie peinte par Pascale Dupré (artiste montréalaise)

Depuis quelques années, son fils Benoît travaille désormais avec lui dans l’entreprise familiale, chose extrêmement rare dans ce secteur. Quoi de plus réjouissant qu’une relation père-fils aussi harmonieuse, et quelle heureuse perspective pour Beaupré de voir la relève assurée par son propre fils ! La même année, j’avais initialement prévu d’aller en Europe pour suivre un cours de musique, mais en raison d’un changement de planning imprévu, j’ai finalement décidé d’aller à Paris. Par hasard, j’ai contacté avant mon départ Oliver Fadini, un restaurateur français de piano-forte, et par curiosité, je lui ai personnellement rendu visite à son atelier. L’atelier de Fadini est situé à Méréville, dans l’Essonne, à environ deux heures de train de Paris. Ce lieu m’a ouvert les yeux : il était rempli d’instruments anciens de différentes époques, dont un clavecin italien du XVIIe siècle, un piano-forte du début du XVIIIe (d’un modèle utilisé à l’époque de Mozart), ou encore un Pleyel français du XIXe. On raconte que lorsque Chopin est arrivé à Paris, il a été immédiatement séduit par le son des Pleyel. Le Concours international de piano Frédéric-Chopin s’est tenu en octobre 2021, à Varsovie, et a été diffusé en direct afin d’en faire profiter les mélomanes du monde entier sur Internet. Sur la scène se trouvaient des pianos à queue des marques les plus prestigieuses, qui semblaient rivaliser dans un concours de beauté. Vous êtes-vous déjà demandé quel était le son du piano

Un concert de musique baroque française par Concerto da Camera

Karen Yeung est fondatrice et directrice artistique de l’association Concerto da Camera. Pour plus de vidéos et de documentaires, visitez la chaîne YouTube du Concerto da Camera ou le site www.concertodacamera.org


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art de vivre

生活的藝術

留聲機未被發明前,人們只可親身在宮廷、教 堂、沙龍音樂會或一些節日集會中現場欣賞音 樂。當年巴赫在教堂內彈奏管風琴、盧利在法 國凡爾賽宮為路易十四創作而寫芭蕾舞劇、莫 扎特與管弦樂團合奏協奏曲,還有「鋼琴詩人」 蕭邦在沙龍音樂會上一展琴藝,這些經典時刻 都是由原創者親自演奏其著名的作品,絕對是 原汁原味的演繹。他們留下來的名作更成為後 世的典範,在不同年代均被重覆演奏! 根據歷史記載,原來在十九世紀初已經興起重演往時的名曲。孟德爾 遜(Felix Mendelssohn)在1829 年就用他當時的聲樂及樂團編制去演 奏十八世紀巴赫的《馬太受難曲》,而到了二十世紀就有音樂學者聯 同演奏家及樂器工匠進行多項的考古項目,設法把保存在博物館或 經有心人「尋寶」發現的古董樂器復活或仿製,務求令它們能在現代 再派用場。而研究古代樂譜和文獻,亦令現代音樂家能更了解過往作 曲家的演繹風格。這門學問被稱為「鑑古演奏」(Historical  Informed Performance)。以下兩則經歴來自我拜訪兩位這方面的專家——加拿 大古鍵琴造琴師  Yves   Beaupré  及法國古鋼琴復修師  Olivier Fadini。 古鍵琴是鋼琴的前身,早於十六世紀已誕生,它在十七至十八世紀初 的歐洲廣被應用,但到了十八世紀中期就逐漸被古鋼琴(fortepiano) 所取代。流傳至今,它們通常被陳列在博物館中,只在特別情況下被專 家演奏和研究。 若有需要,在今天的音樂會中通常會用仿製古鍵琴。現在歐洲及日本 也有多位古鍵琴造琴師去仿製不同年份和不同地域風格(主要為法 式、意大利式、佛蘭德式和德式)的古鍵琴。一部優質的古鍵琴是用人 手製造的,需要至少一年時間才可製成,通常由造琴師一手包辦整個 製作過程。造琴師有時也會聘請助手,但參與這行業的年青人實在不 多。 2018年,我去了加拿大,到訪古鍵琴造琴師 Yves  Beaupré 位於蒙特利 爾市中心附近的工作室。當我抵達時,那兒擺放了一部製作中的古鍵 琴和一部古鋼琴。牆壁上掛滿了很多工具和古琴圖片,工作室周圍擺 放了很多大小不同的木塊,還有一卷卷製琴結構圖。 Beaupré   曾經主修音樂,會彈奏一手出色的古鍵琴。上世紀七十年代 的北美洲還是很缺古鍵琴造琴師,當年十七歲的  Beaupré  渴望擁有一 部古鍵琴卻沒有經濟能力,於是便發揮其創意精神,親手製作自己的 第一部古鍵琴。 Beaupré   在七、八十年代曾經遠赴歐洲的博物館以考察古董古鍵琴。 他親自量度琴的體積,考究琴身琴板的繪畫圖案,還有琴架的設計 等,亦跟隨當地的造琴師學藝。當  Beaupré  回國後更將所得的知識發 揮得淋漓盡致,令他的造琴技藝更上一層樓。 造琴多年,Beaupré  的兒子   Benoît  如今也加入了造琴的行列當中,與 父親一起工作,而且得心應手,非常難得。有了接班人,建立更融洽的 父子關係,我很替他們高興!我猜 Beaupré 亦會覺得很安慰!,

Olivier Fadini jouant sur un pianino droit Pleyel (1836, n° 5967)

師的工作室實在令我大開眼界,那兒擺放了多部不同年份的古董琴, 有十七世紀的意大利古鍵琴、十八世紀初的古鋼琴(莫札特時代用 的),還有十九世紀法國普雷耶(Pleyel)鋼琴。波蘭作曲家蕭邦初次 到步巴黎時就已經是被普雷耶的音色深深吸引住。 剛在幾個月前(2021年十月)的華沙舉辦過蕭邦國際鋼琴大賽,比賽 現場設有直播,所以全世界的觀眾都可以在網上一飽耳福。台上也出 現不同牌子的頂級三角琴,也一起在台上「比拼着」。你有沒有想過在 蕭邦的時代,他所彈的琴音又會是怎樣的呢? 古董琴復修是一門非常講究的學問。親耳聽過早期普雷耶鋼琴的朋 友,會知道無論是琴音、聲量和彈奏觸感,都與現代鋼琴截然不同, 不是每位鋼琴家都能控制得準。處理這些普雷耶鋼琴需要十分謹慎, 因為它們始終都是古董。通常Fadini 是替音樂家及收藏家去復修這些 古董鋼琴。 有幸聽到   Fadini   的分享,每一部古樂器都 有它自己的故事。例如 Fadini  曾翻新過一部普雷耶直身小鋼琴 (Pianino No. 10112) 它是 蕭邦為朋友及贊助人   Obreskoff  伯爵夫人(1795–1862)挑選的,而蕭 邦當然也有親自彈奏過這部鋼琴。可想言之,這部鋼琴富有非凡的歷 史價值。 古鋼琴復修這任務非常艱巨,在工作的過程中甚至會感到孤單。像考 古學家一樣,要去考究並找尋舊有的造琴技術及物料,這樣才可以進 一步修復耗損了的原製零件,並且盡量不改動琴內的原本結構。當 然,這種工序需時,而且舊有原材料很多也近乎絕跡。 經常會有鋼琴家親臨   Fadini   的工作室,嘗試彈奏富有蕭邦靈魂的普 雷耶鋼琴,而  Fadini  亦可以站在一旁細聽琴音,測試一下樂器修復成 果。 無論是仿製古樂器造琴師 復修師,他們的職業不只是一份工作,更 包含了一份使命,令他們默默耕耘,大力推動了「鑑古演奏」運動,亦 給現代的音樂家及觀眾帶來更豐富的知識和啟發。我謹向他們致敬!

在同一年,我原有計劃的去歐洲參加一個音樂課程,但因行程臨時有 變,最後我決定到巴黎走一趟。在機緣巧合下,我在出發前聯絡上法 國的古鋼琴修復師 Oliver Fadini,並在好奇心驅使下 親身拜訪,參觀 過他的工作室。

請上雅樂合奏團的 YouTube 頻道,欣賞更多音樂影片及紀錄片,或瀏覽網頁www. concertodacamera.org

Fadini   的工作室在郊區   Méréville,從巴黎乘火車約需兩小時。復修

楊嘉倫是雅樂合奏團創辦人及藝術總監


AGENDA 記事錄 Recovery, Resilience, Resurgence: Thirty years of Hong Kong photographs Cette exposition exceptionnelle est consacrée à trente années qui ont vu le territoire connaître des transformations majeures : l’immédiat après-guerre (1946-1947), les années 1950 et enfin l’essor des années 1960 et 1970. Trois photographes sont exposés, chacun ayant eu un parcours et des objectifs photographiques distincts : Hedda Morrison, Lee Fook Chee et Brian Brake. Edward Stokes en est le curateur. Prolongation jusqu’au 30 septembre Asia Society Hong Kong Center https://asiasociety.org/hong-kong/exhibitions/recovery-resilience-resurgence-fusushengxinizhongqiucunzho ngzhenqigu?link_id=WoQusasSaYj

European Union Film Festival 2022 Le festival du film de l’Union européenne présente 18 films européens jamais encore montrés en salles à Hong Kong, soigneusement choisis par les consulats généraux des pays participants. Comme toujours, une grande variété de genres est au programme : de la comédie au drame en passant par le thriller. À l’affiche cette année : À l’abordage (All Hands on Deck) de Guillaume Brac pour la France et Inexorable de Fabrice du Welz (avec notamment Benoît Poelvoorde et Mélanie Doutey) pour la Belgique. Du 15 au 31 juillet Broadway Cinematheque, MOViE MOViE Cityplaza, PALACE ifc, PREMIERE ELEMENTS, MY CINEMA YOHO MALL https://www.cinema.com.hk/en/movie/special/21

Hong Kong Book Fair Cette année, le salon du livre aura pour thème « Reading the World: Stories of Hong Kong » et mettra à l’honneur les écrivains Ting Sun-pao Joseph, Lui Tai-lok, Sinn Yuk-yee Elizabeth, Ye Lingfeng et Cheng Po-hung. Comme tous les ans, retrouvez l’Alliance Française au Pavillon du Consulat général de France ! Du 20 au 26 juillet Hong Kong Convention and Exhibition Centre https://hkbookfair.hktdc.com/en/index.html

Cinquième Nuit de la lecture Pour son édition 2022, la Nuit de la lecture réunira passionnés et novices autour du thème de l’« écrivain voyageur ». Autour de figures de référence comme Joseph Kessel, cet événement sera l’occasion pour tous les amoureux de lecture et de voyage de (re)découvrir le monde par la plume et par la bouche d’autrui. Le 25 juillet, de 19h à 21h Librairie Parenthèses (Duke Wellington House, 14-24 Wellington St, Central) https://hongkong.consulfrance.org/Cinquieme-Nuit-de-la-lecture-L-ecrivain-voyageur-entre-amour-deslettres-et

Hong Kong International Film Festival Pour sa 46 e édition, le festival sera à nouveau en format hybride, avec séances en salles et visionnages en ligne. Les séminaires et conférences suivant les projections seront également visibles sur Internet. Cette année le HKIFF met à l’honneur la réalisatrice Sandra Ng. Comptant parmi les grandes figures de l’Âge d’Or du cinéma hongkongais, elle est apparue dans plus de 140 films en tant qu’actrice. Dix de ses films feront l’objet d’une rétrospective. Du 15 au 31 août Lieux des projections non encore annoncés https://www.hkiff.org.hk



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