Du pavillon Hong Kong Design on Stage à Paris à l'occasion du salon
Maison&Objet en septembre 2024 au projet à venir en décembre : Maison&Objet
Design Factory Hong Kong… Retour sur une année d’échanges.
Un détail du pavillon français à Paris
Hong Kong a l’ambition de devenir un carrefour régional dans le domaine du design. A l’instar de la place prise par la ville dans l’art contemporain, avec Art Basel comme figure de proue, le design est un domaine où l’agilité, la position et la maturité de Hong Kong sont des atouts indéniables.
Autour de la December Business of Design Week (BoDW), établie depuis plusieurs années, le gouvernement de Hong Kong et plus particulièrement son agence de développement des industries culturelles et créatives (CCIDA) souhaitent donner une dimension de plus en plus importante à cette industrie créative. La BoDW a invité la France comme pays partenaire pour 2024 ce qui donne lieu à de nombreuses manifestations à Hong Kong mais aussi en France, avec un programme croisé unique.
En juin dernier, un premier séminaire a réuni de nombreux acteurs en vue des événements de décembre. Puis ce fut le tour de l’exposition tenue à Paris lors du salon Maison&Objet 2024 : Hong Kong Design on Stage est un programme organisé conjointement par l'Alliance Française de Hong Kong et Maison&Objet sous le parrainage de CCIDA, relevant du Bureau de la culture, des sports et du tourisme qui offre des services et un soutien unique aux industries culturelles et créatives afin de favoriser un environnement propice à leur développement.
Cette année, dix designers professionnels de Hong Kong ont été exposés dans un pavillon dédié lors du salon qui s’est tenu du 5 au 9 septembre 2024 à Paris leur offrant une visibilité mondiale : Maison&Objet est l'événement de design le plus important de l'année et il permet aux professionnels de se connecter efficacement avec des marques internationales, des fabricants, des distributeurs, la presse et les importateurs.
L’exposition sera ensuite présentée à Hong Kong en décembre 2024, sous le même format. L'objectif ultime est de générer un échange dynamique pour promouvoir une amélioration du mode de vie urbain à Hong Kong et dans le monde, en incluant la production durable et l'innovation en matière de matériaux. Célébrant cette année, son trentième anniversaire, Maison&Objet entendait souligner l'importance des solutions de design durable. En mettant en avant son approche avant-gardiste sur ce sujet, le pavillon de Hong Kong met en lumière huit designers et/ou studios visionnaires qui ont été sélectionnés dans le cadre d'un concours axé sur le design durable. Les lauréats ont été sélectionnés par un prestigieux groupe d'experts internationaux,
sur la base de leur capacité à produire un projet de design durable et un manifeste personnel incluant les principes de circularité et de durabilité, ainsi que des pratiques responsables, le tout dans le cadre d'une approche tournée vers l'avenir.
Les huit lauréats sélectionnés sont : Studio Yellowdot, StudioRyte, Hintegro Limited, Green & Associates (HK) Limited, @StreetsignHK et Monica Tsang Designs Limited pour le design de produits, et MLKK Design Studio Limited et BEAU Architects pour le design d'intérieur.
Le pavillon Hong Kong Design on Stage a bénéficié d’une scénographie originale créée par le cabinet d'architecture hongkongais LAAB, dirigé par l’architecte Otto Ng. Le designer international britannique Michael Young, basé à Hong Kong, a été également invité à présenter une sélection de ses réalisations en matière de design durable, engageant ainsi un dialogue captivant avec les projets des huit studios émergents sélectionnés. Le pavillon prend la forme d'un anneau célébrant la circularité, l'unité et l'harmonie, deux idées capitales pour la culture chinoise. Il invite les visiteurs à entrer et sortir par cinq portails, représentant la côte portuaire de Hong Kong, symbole de l'ouverture internationale de la ville. En combinant cinq espaces d'exposition circulaires, le pavillon met en avant cinq thèmes majeurs du design durable du point de vue de Hong Kong, à savoir les matériaux organiques, les matériaux recyclés, les matériaux recyclables, la durabilité culturelle de Hong Kong et celle de l’Asie. En se promenant à travers ces cinq zones, les visiteurs ont pu apprécier les projets des designers de la ville.
En parallèle, lors de la journée d'ouverture du salon, le 5 septembre, Otto Ng, cofondateur et directeur de la conception de LAAB Architects, et Joyce Wang, directrice de Joyce Wang Studio, étaient présents pour partager un exposé de 45 minutes sur le thème de la Conception durable : une perspective Made in Asia . Le 6 septembre, les huit designers hongkongais ont participé à une table ronde de 45 minutes intitulée Hong-Kong City Guide and its Emerging Design Scene. Après l'exposition à Paris, l'exposition et ses 10 créateurs seront présentés à Hong Kong en décembre.
Avec le soutien des agences Tribe 22 et Le Cercle, Maison&Objet organisera à Hong Kong du 5 au 7 décembre 2024, la toute première édition de la Maison&Objet Design Factory, également soutenue par la CCIDA, au centre des congrès de la ville. Cet événement sera constitué d’une exposition organisée sur 1000 m², mettant en avant le design d’objets et d'intérieur, avec environ 80 marques et designers représentant le meilleur des pratiques durables appliquées à l'usage quotidien, ainsi que plus de quinze artisans de niveau international, incarnant l'excellence dans diverses techniques. Ce sera la première fois que Maison&Objet ouvrira une exposition exclusive à Hong Kong.
Hong Kong Design on Stage 展館,到於 12 月 舉行的 Maison&Objet Design Factory Hong Kong……
在 9月5日展覽開幕當天,LAAB Architects 的聯合創辦人兼設計總監 吳鎮麟,以及Joyce Wang Studio的總監 Joyce Wang在現場進行了45 分 鐘的演講,其主題為《可持續設計:亞洲製造的視角》(Conception durable : une perspective Made in Asia)。而在 9月6日,八位香港設計 師一同參加題為《香港城市指南和新興設計場景》(Hong-Kong City Guide and its Emerging Design Scene)的45 分鐘圓桌會議。在巴黎展 覽結束後,大會及10 位創作者將於12月在香港再度舉行展覽。
Pour la 53e édition du festival du film français à Hong Kong, l’Alliance Française de Hong Kong présente un nouveau panorama du septième art français. La sélection propose une trentaine de films inédits, sortis cet été ou prévus pour l’automne ou l’hiver 2024/25.
Cette année, la sélection s’intéresse au thème de la filiation - et notamment à la figure du père, dévouée, absente, oppressante - venant ainsi interroger la structure de la cellule familiale et en renouveler les codes. Une partie des films donne aussi la place à un cinéma féminin : réalisations, fictions, biopics et documentaires mettent en scène des femmes faillibles, décomplexées et courageuses. Enfin, la sélection de cette année se distingue également par ses films d’époque comme Le Comte de Monte Cristo, réalisé par Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte, avec Pierre Niney, Anamaria Vartolomei et Anaïs Demoustier et deux biopics somptueux comme Saint-Ex ou Being Maria
A ceux-ci, s’ajoutent une rétrospective qui rend hommage à François Truffaut pour les 40 ans de sa disparition, mais également à l’icône, Alain Delon qui nous a quittés il y a peu. Une projection spéciale des Bronzés font du ski sera aussi au programme pour honorer Michel Blanc. A noter que cette année, dans le cadre de la semaine Business of Design Week où la France est le pays invité, une demi-douzaine de films et documentaires qui explorent l’héritage du design français seront présentés.
Lettres aux pères
La figure du père est renouvelée dans Le Roman de Jim , comédie dramatique réalisée par les frères Larrieu. Karim Leklou incarne le père de cœur et Laetitia Dosch la mère attachante et égarée du petit Jim, dont se déploie l’enfance dans un récit vibrant et coloré. Dans l’énorme succès au box-office du cinéma français de cette année, le film Un p’tit truc en plus d’Artus, le père est une figure imparfaite qui initie son fils au braquage et entretient une relation conflictuelle. Ils sont frappés par une expérience humaine bouleversante alors qu’ils se réfugient dans une colonie
de vacances pour adultes en situation de handicap. Antoine Chevrollier, qui a réalisé plusieurs épisodes du Bureau des légendes et du Baron noir, aborde cette année dans son film La Pampa les relations familiales conflictuelles, l’homosexualité et l’insularité des modes de pensées. De même, percutant et intemporel, Les quatre cents coups de François Truffaut expose le rapport conflictuel au père selon le point de vue du fils. A l’inverse, les interprétations bouleversantes de Vincent Lindon dans Le Choix (réalisé par Gilles Bourdos) et Jouer avec le feu (réalisé par Delphine et Muriel Coulin), laissent entrevoir le point de vue d’un père plus vulnérable.
Parole aux femmes
Parmi la sélection des films sortis cette année, une dizaine sont l'œuvre d’une réalisatrice ou mettent en scène un personnage principal féminin. Dans le biopic Maria (de Jessica Palud), Anamaria Vartolomei incarne la jeune Maria Schneider traumatisée par les conditions de tournage du Dernier tango à Paris aux côtés de Marlon Brando. Les Femmes au balcon , comédie horrifique signée Noémie Merlant, s’inscrit dans l’ère post #MeToo en abordant de front la banalisation du viol. Le cinéma devient outil d’émancipation en présentant des héroïnes aussi attachantes que faillibles : Laetitia Dosch en avocate cassecou dans son film Le Procès du chien . Ou encore le tempérament rebelle et explosif de la jeune Kéria dans le dernier film d’animation de Claude Barras Sauvages
L’infatigable film d'époque
Trois films sélectionnés rendent hommage à l’Histoire : Le Déluge de Gianluca Jodice immerge son audience dans l’intimité de la Tour du Temple où furent emprisonnés Louis XVI et MarieAntoinette en attendant leur exécution. L’Alliance Française de Hong Kong propose aussi trois projections du très attendu Comte de Monte Cristo, adaptation du roman éponyme d’Alexandre Dumas. Enfin, La Plus précieuses des marchandises, film d’animation de Michel Hazanavicius, constitue une parenthèse poétique en pleine seconde guerre mondiale et sera diffusé en partenariat avec le HK Jewish Film Festival.
Si la sélection de cette année se consacre à certains passés de la grande Histoire, elle porte également un regard vers l’avenir. Giulio Callegari, dans Robot T-0, questionne les avancées techniques qui pourraient dans un avenir proche transformer Paris.
Les rendez-vous du public
Le festival souhaite également mettre en avant les grands films populaires sortis en salles en France cette année. Aussi, entre le film d’ouverture L’Amour ouf de Gilles Lellouche, Le Comte de
Monte Cristo, Un P’tit truc en plus (réalisé par Artus), Les Bronzés font du ski , Camping, et la venue d’artistes très populaires comme Franck Dubosc (Un Ours dans le Jura) ou Camille Razat (pour le film Prodigieuses et connue également dans son rôle dans la série Emliy in Paris). Ce sont des œuvres cinématographiques qui auront été vues par plusieurs dizaines de millions de personnes. Ces rendez-vous permettront au public de rencontrer des figures du cinéma plébiscitées et de partager un moment avec elles lors de nombreuses sessions de questions, réponses, rencontres et classes de maître qui seront proposées durant le festival.
La rétrospective en hommage aux icônes du cinéma français En l’honneur des quarante ans de la mort du réalisateur François Truffaut, et pour enrichir la projection du documentaire de David Teboul, François Truffaut, le scénario de ma vie, sorti en mai 2024, le festival organise une rétrospective avec une dizaine de ses films emblématiques notamment Les quatre cents coups, Jules et Jim ou Tirez sur le pianiste. (voir ci-après, l’article sur l’héritage de son cinéma). Un hommage spécial sera rendu à Alain Delon, décédé en août dernier, avec les projections du Samouraï de Jean-Pierre Melville et de La Piscine de Jacques Deray. Enfin, Michel Blanc sera également mis à l’honneur avec une projection spéciale des Bronzés font du ski
Art, design, savoir-faire au cinéma
En parallèle à la rétrospective du festival du film français à Hong Kong, six films et documentaires rendent hommage à l’art et au design, notamment avec le biopic historique Eiffel , dans lequel figurent Romain Duris et Emma Mackey (Sex Education, Barbie), un documentaire sur Charlotte Perriand, pionnière de l’art de vivre , qui s’intéresse à la trajectoire de l’emblématique architecte, longtemps restée dans l’ombre de Corbusier, Système K, un documentaire sur la vibrante scène artistique de Kinshasa, le film L’écume des jours, qui célèbre des formes de design onirique, et enfin, un documentaire sur les derniers mois d’une boutique parisienne, un concept-store qui, durant vingt ans, a su mettre en avant d'innombrables artistes et designers, Colette mon amour.
不懈的時代電影 今年電影節有三部向歷史致敬的電影,包括由 Gianluca Jodice 導演 的《如大江東去》(Le Déluge),將觀眾帶到囚禁著路易十六和瑪麗. 安東妮 (Marie-Antoinette) 的聖殿塔(Tour du Temple),近距離體驗 他們等待處決的時刻。香港法國文化協會亦舉辦三場放映會,播放萬 眾矚目,改編自大仲馬同名小說的電影《基度山恩仇記新傳》。最後, 由 Michel Hazanavicius 執導的動畫電影《最珍貴的貨物》( La plus précieuses des marchandises)則描述在二戰期間發生的一則動人故 事,是與香港猶太電影節合作放映的作品。
法國電影節同樣希望為觀眾呈獻本年度在法國院線上映的受歡迎大 片,包括本屆的開幕電影,由Gilles Lellouche 導演的《不能割捨的愛》 (L'Amour ouf),以及《基度山恩仇記新傳》、Artus 執導的《小小的 絕招》、《豔陽假期》以及《露營》(Camping),另外非常受歡迎的影 星 Franck Dubosc,曾演出《關隻熊乜事》(Un Ours dans le Jura))和 Camille Razat,為其電影《天之嬌女》(Prodigieuses)而來,她亦曾演出 《艾蜜莉在巴黎》(Emliy in Paris))亦將閃爍亮相。這些作品在全球 已吸引了數千萬人觀看。觀眾可透過電影節期間的不同活動,與電影 界的知名人物見面,並參與各項答問會、見面會及大師班等。 向法國影壇經典人物致敬的回顧展 為紀念名導杜魯福逝世 40 週年,並為由 David Teboul 執導,在 2024 年 5月上映的紀錄片《杜魯福:我的人生劇本》(François Truffaut, le scénario de ma vie) 錦上添花,電影節大會特別舉辦杜魯福回顧展,放 映十多部杜魯福經典電影,包括《四百擊》、《祖與占》(Jules et Jim) 和《射殺鋼琴師》(Tirez sur le pianiste) 等(關於杜魯福的電影世界, 詳見另文)。大會亦特別向在 2024 年 8月去世的阿倫狄龍致敬,放映由 梅維爾(Jean-Pierre Melville)執導的《獨行殺手》(Le Samouraï), 以及由積葵狄雷(Jacques Deray)執導的《滿池春色》(La Piscine)。
Rétrospective Truffaut
Texte 文: Jean-Sébastien Attié
Sensible, provocateur, emblématique, François Truffaut est un cinéaste et écrivain/ journaliste érigé chef de fil de la Nouvelle Vague. Chacune de ses œuvres a marqué le septième art en faisant du film une narration aussi subjective qu’objective, un miroir de la réalité tout en transformant celle-ci en un matériau artistique. La narration de ses films est aussi rationnelle que fragmentée et désordonnée. Truffaut réussit à sublimer la réalité dans des films à l’apparence très simple mais qui cache un impressionnant travail de détails et riche en inspirations littéraires et artistiques internationales.
La chambre verte où François Truffaut est acteur et réalisateur, 1978.
Truffaut a occupé une place prépondérante dans l’écriture, l’adaptation, la réalisation, la production et la critique du cinéma français du XXe siècle. Son œuvre comprend vingt-et-un longmétrages, un sketch, trois courts métrages, dix livres, dix découpages de films, treize préfaces et des centaines d’articles, en particulier pour la célèbre revue des Cahiers du cinéma et Arts. Ainsi la rétrospective de la 53e édition du HKFFF rendelle hommage à l’indéniable héritage artistique laissé par ce réalisateur de renom. Ses films apparaissent dans nombre de listes des films les plus marquants du cinéma mondial et font partie du patrimoine cinématographique. L'œuvre de Truffaut est consubstantielle à sa vie, en témoigne Les Quatre cents coups, sorti en 1959, qui fait directement écho à son enfance turbulente et difficile. François Truffaut est l’enfant non désiré d’une femme célibataire, mis en nourrice, puis confié à sa grand-mère jusqu’à la mort de celle-ci. Il grandit ensuite à Paris, pendant la guerre, chez sa mère et son beau-père, Roland Truffaut. A l’image du personnage du film, Antoine Doinel, il sèche l’école, vole et lit Balzac. Selon Truffaut, l’amour des livres l’a sauvé de « devenir un voyou de Pigalle ». Le film traduit l’enfermement dans un système social injuste et un foyer étouffant avec les plans fixes en intérieur, par opposition aux plans mobiles et éloignés à l’extérieur. Les combines de son enfance pour aller au cinéma sans payer et l’opposition à ses parents lui inspirent aussi L’Argent de poche , une comédie dramatique plus légère et colorée qui relate les aventures d’une quinzaine d’enfants et fait le récit d’une petite enfance, du premier biberon au premier amour. Son adolescence est tout aussi tumultueuse : il arrête ses études après la classe de quatrième et devient magasinier tout en fréquentant les clubs de cinéma avec son ami Robert Lachenay. Après l’échec de son propre club, le Cinémane, qui lui vaut dettes et disputes avec son beau-père, il est interné à Villejuif dans un centre pour mineurs délinquants puis en foyer privé situé à Versailles. Il voit souvent Robert Lachenay, une amitié que la mère de Truffaut soupçonne d'être une relation homosexuelle, mêmes soupçons qui seront évoqués dans Jules et Jim . L’adaptation du roman éponyme d’Henri-Pierre Roché montre l’attachement de Truffaut à la littérature, en témoigne certains passages du roman lus par une voix off, pour plus d’authenticité et de poésie. Car Truffaut a nourri toute sa vie une fascination pour la littérature et les écrivains. A peine âgé de 18 ans, il correspond avec Jean Genêt duquel il se reconnaît par l’expérience de l’enfance. Plus tard avec nombre de romanciers et tout particulièrement Jean Cocteau dont il produisit d’ailleurs le dernier film, Le Testament d’Orphée , grâce aux premiers revenus qu’il tira des Quatre cents coups
François Truffaut doit sa sortie du foyer et son entrée dans le cinéma à son bienfaiteur, André Bazin. Il commence à multiplier les conquêtes amoureuses - Liliane, Louise de Vilmorin, Jeanne Moreau, Claude Jeanne, Catherine Deneuve, Francoise Dorléac, Fanny Ardant…- et son expérience mêlée à l’influence d’Hitchcock est à l’origine de la récurrence d’un personnage archétype, celui de la femme fatale, envoutante et mystérieuse dans son œuvre.
Avant de réaliser lui-même, François Truffaut a été l’assistant de Roberto Rossellini pendant deux ans. Cette expérience a façonné son propre style, l’a éloigné du cinéma américain et lui a inspiré la logique et la simplicité. Ainsi Truffaut innove-t-il en se retournant violemment contre le cinéma qu’il aimait, jugeant les personnages trop caricaturaux, les scénarios théâtraux, et le manque d’authenticité. Il défend le cinéma d’auteur, moins commercial, plus artistique, qui respecte la continuité du cours de la vie, par le biais d’une narration subjective mais aussi un regard objectif, des plans séquence et une profondeur du champ. Un an après le triomphe à Cannes des Quatre cents coups, Tirez
sur le pianiste (1960) est un échec commercial, pressenti et presque voulu par Truffaut. Ce pastiche des films de gangsters américains adopte une allure de reportage, ouvertement inspiré de Jean-Luc Godard (A Bout de souffle). Dans un Paris morose des années 50, le film expose les tribulations d’un pianiste mélancolique et nonchalant.
A l’issue d’une jeunesse qui fut la clé de ses inspirations, François Truffaut se marie en 1957 à Madeleine Morgenstern, rencontrée un an plus tôt à la Mostra de Venise, et devient le père de deux filles. Séducteur compulsif, il divorce en 1964 et multiplie les conquêtes parmi ses vedettes féminines, une tendance qui lui inspire La Peau douce et L’Homme qui aimait les femmes. La vie commune et la trahison lui suggèrent aussi la trilogie qui poursuit les aventures d’Antoine Doinel après Les quatre cents coups : Baisers volés, Domicile conjugal et L’Amour en fuite. Sa dernière compagne, Fanny Ardant, tient le rôle principal des deux derniers films de Truffaut et accouche de sa fille Joséphine après la mort prématurée du cinéaste à 52 ans…
La rétrospective de cette 53e édition salue donc l’homme qui a su révolutionner le cinéma français avec poésie et authenticité et marque la passion que l’équipe du Festival voue au réalisateur, incarnation d’une certaine idée du cinéma et de l’art. François Truffaut a su tracer une multitude de trajectoire : l’enfance, l’adolescence, la quête de sens et de la beauté ou encore la passion amoureuse, explorant derrière l’objectif le mystère de la mort et de la vie.
Le documentaire réalisé par Daniel Teboul, programmé au HKFFF 2024
Un automne électronique
電子音樂之秋
Texte 文: David Cordina et Elsa Polycarpe
La cérémonie de clôture des Jeux paralympiques de Paris a célébré près de 50 ans de musique électronique française, rendant hommage à un héritage intergénérationnel de beats, de pulsations et de tempos qui ont rythmé les nuits, les fêtes, les festivals et les scènes musicales. De Jean-Michel Jarre aux titres de Daft Punk (absents car le duo a terminé sa carrière), 24 DJs et artistes de musique électronique se sont succédé pour illustrer ce que les commentateurs qualifient de French Touch. Si pour les puristes - dont fait partie le duo Justice qui se produit à Hong Kong, cet automne - la French Touch désigne un style musical bien précis, à savoir des samples de disco en boucle, agrémentés d'un filtre et d'un beat de house, ce terme devenu générique et commercial désigne aujourd’hui « les groupes français qui s'exportent à l'étranger ». Bien que la musique électronique française se soit principalement propagée sous
Dead Punk - crédit : IA, par Mage Space, Paroles
cette étiquette, les variations dans le style de chaque set mériteraient un examen des caractéristiques de chacun de ces musiciens, afin de les apprécier pour leurs spécificités plutôt que pour leurs supposées similarités.
L’exposition médiatique des Jeux olympiques parisiens témoigne du fort capital symbolique de la culture musicale électronique en France et ailleurs, et les nombreux événements de cet automne à Hong Kong viennent le prouver. Mais qu’en est-il de son capital économique ? Car même en vogue et plus largement accessible, la musique électronique reste une catégorie musicale pointue, à la fois élitiste et éclectique. De plus en plus d'événements hybrides, mêlant un aspect commercial à des influences underground , émergent pour attirer un public plus large. De nombreux acteurs des nuits hongkongaises s’aventurent dans l’organisation d’événements avec des succès variables. Parmi eux, bon nombre de musiciens et d’organisateurs français qui font voyager le son et cultivent l’esprit de la nuit. Aperçu des événements de l’automne. Des festivals intimistes comme Midori aux grandes machines comme Hypefest et Clockenflap, en passant par le festival à échelle humaine Shi Fu Miz, sans oublier les soirées des clubs réguliers tels que 宀 Club (ndlr. Minh club), OMA, Acadana et bien d'autres, les amateurs de musique électronique peuvent se réjouir dans les mois à venir. L'offre de concerts, de festivals et d'événements est variée. Chaque festival cherche sa formule pour attirer le public. Midori, qui annonce la couleur en se prénommant « the intimate Hong Kong electronic music festival » mise sur une programmation locale dans un lieu secret annoncé la veille du festival, Clockenflap programme des grands noms internationaux sur plusieurs générations cherchant à plaire aux connaisseurs ainsi qu’aux familles : aux parents qui assistent au concert du groupe de leur jeunesse tandis que leurs enfants adolescents s’amusent sur la scène électronique.
Le financement des festivals de musique électronique (et de musique actuelle) repose souvent sur une combinaison de sponsors, de subventions, de billetterie et de catering. Dans un marché compétitif comme celui de Hong Kong, attirer des sponsors est un véritable défi. Des événements majeurs comme Hypefest et Clockenflap, qui accueillent des artistes français de renom tels que Justice et Air, disposent des ressources nécessaires pour investir dans des têtes d'affiche. Cependant, même pour ces festivals réputés, le risque financier de rentabilité demeure présent.
Hong Kong attire parfois des projets ambitieux, mais également questionnables sur leur calibrage. Par exemple, le jeune DJ français Fakear, auteur du succès « La Lune Rousse » en 2017, est programmé en octobre par une agence franco-vietnamienne. Cela montre comment les tournées peuvent bénéficier d'une approche régionale tout en soulevant des questions sur le choix des lieux et des clientèles. Différentes scènes, positionnements et tarifs hétérogènes.
Pour les festivals de taille moyenne, la rentabilité est un défi constant. Par exemple, le festival Shi Fu Miz, organisé en collaboration avec l’agence hongkongaise Fufu Creative, intègre des DJs locaux, français et asiatiques, et démontre qu'il est possible de créer des expériences enrichissantes à une échelle raisonnable. Cependant, ces festivals doivent jongler entre la qualité des artistes, la gestion des coûts et une offre de prix abordables, tout en maintenant une expérience de qualité pour le public. Cela nécessite un effort considérable de la part des organisateurs et des bénévoles. Jean-François Amadei, alias Sunsiaré, artiste et partenaire manager du 宀 Club, témoigne
de l'ampleur du travail nécessaire à l'organisation de ce type d'événements.
Les festivals de taille moyenne offrent une atmosphère plus intime et peuvent attirer des publics locaux et nouveaux, de Hong Kong ou d’Asie. En mettant l'accent sur la diversité musicale et l'engagement communautaire, ces événements créent des expériences intéressantes sans nécessiter des budgets exorbitants. Par exemple, le festival Midori, qui se déroule en octobre, valorise la scène locale dans des lieux secrets de l’archipel. Plus qu'un simple événement de musique électronique, Midori cherche à célébrer la nature et l'environnement de Hong Kong, ainsi que la diversité des personnes qui rendent la ville si dynamique. Cet aspect se traduit par la mise en avant de marques locales de nourriture et de boissons, ainsi que par des ateliers sur des sujets variés, le tout dans un lieu préservé et culturellement significatif. C’est une approche communautaire locale, mal comprise par les acteurs du secteur et par le gouvernement, pour qui festival de petite taille rime avec déficit.
Après six ans d’existence, le 宀 Club, acteur solide (belgo-francohongkongais) de la nuit électronique de la ville, sait diversifier ses approches : tournée régionale, choix commercial quand il le faut, diversité des publics (notamment avec les soirées gay Host), mais aussi sélection d’artistes rares et exigeants. Par exemple, le label parisien Antinote, fondé par le DJ Zaltan, a célébré son anniversaire, renforçant la présence rare et pointue de la musique électronique française dans la région. L’expertise française dans l'organisation de clubs, de labels, de soirées et de tournées, acquise au fil des années à Hong Kong, renforce cette dynamique (voir l’article de Paroles 264 sur Jean-François Amadei). Le soutien des services culturels des consulats français, belge, allemand et néerlandais permet, entre autres, de soutenir des projets pointus, tels que la venue de l’artiste Franck Vigroux, qui propose en décembre des performances visuelles et sonores expérimentales. Cela montre qu'il existe des opportunités pour développer des expériences artistiques de qualité où Hong Kong n’est pas uniquement considérée comme un portefeuille. Ces événements enrichissent la scène musicale locale et témoignent d’une réelle dynamique franco-hongkongaise dans le domaine de la musique électronique.
La scène de la musique électronique à Hong Kong regorge de potentiel, mais elle doit naviguer dans un paysage économique complexe où il faut parfois saisir l’opportunité de rencontrer un généreux mécène clubbeur qui aime investir dans la nuit électronique. Les festivals de taille moyenne, en particulier, pourraient bénéficier d'un développement stratégique pour répondre à la demande croissante tout en assurant leur viabilité économique. Le succès futur dépend de la capacité à équilibrer qualité artistique et gestion financière, tout en s'appuyant sur des collaborations et des soutiens publics, locaux et internationaux.
Franck Vigroux, crédit : michael_kelleners
巴黎殘疾人奧林匹克運動會閉幕典禮頌揚法國電子音樂近 50 年的歷史,向 這種風靡不同世代的音樂致敬。無論是在晚會、派對、音樂節和音樂舞台, 電子音樂的強勁節拍都為我們帶來無限美好時光。從讓-米歇爾.雅爾(JeanMichel Jarre)到 Daft Punk(因已解散而無法出席)的曲目,由 24 位 DJ 和電 子音樂家輪流演出樂評人所謂的 French Touch 法式風格。對於要求嚴謹的人 而言,包括今秋在香港演出的 Justice 樂團,French Touch 所指的是一種特定 的音樂風格,即以不斷循環的 Disco 節錄樂曲,配上過濾效果和浩室音樂的節 拍。這個術語如今已經成為一個通用的商業名詞,指的是「在國外取得成功的 法國樂隊」。雖然法國電子音樂一般已被貼上這個標籤,但每位音樂人的個人 風格都值得深入研究,以欣賞其特色,而非先入為主地將其歸類。
Zaltan @ 宀 Club, 13 septembre Festival Midori, 11 au 13 octobre
Fakear, 18 octobre
Vladimir Ivcovic @ 宀 Club, 2 novembre
Festival Shi Fu Miz, 8 au 10 novembre
Justice au festival Hypefest, 9 au 10 novembre
Host Anniversaries avec Josh Café 23 novembre
Air au Festival Clockenflap, 29 novembre au 1er décembre
Franck Vigroux @ 宀 Club, décembre
D’ondes et d’ombres
音波琴與暗影
Texte 文: David Cordina
Pour sa troisième tournée internationale, l’ensemble Musicus Soloists Hong Kong (MSHK) puise dans un vaste répertoire allant de la période baroque à la création contemporaine. En novembre 2024 à la Salle Gaveau de Paris et à Hong Kong à la fin du même mois, il nous propose la création d'une première œuvre commandée et écrite exclusivement pour cet ensemble de jeunes musiciens en présence d’un violoncelliste et d’une interprète d’ondes Martenot. A la découverte d’Umbra.
Pierre Soulages - 1919-2022
La pièce a été composée spécialement pour les talents du MSHK, premier orchestre de chambre à cordes en Asie, profitant de la virtuosité du violoncelliste Trey Lee (résident entre Berlin et Hong Kong) et de l’apport de l'ondiste française Nadia Ratsimandresy. Cette pièce originale verra sa première asiatique à Hong Kong lors du Musicus Fest annuel le 23 novembre.
À propos d'Umbra
C’est la compositrice coréenne, Seung-Won Oh, installée aux Pays-Bas et dont la musique transcende les frontières traditionnelles qui a composé ce double concerto où, accompagné par le violoncelle, le premier instrument de musique électronique, les ondes Martenot, sera mis à l’honneur. Les ondes Martenot ont été inventées en 1928 par le radiotélégraphiste et violoncelliste français Maurice Martenot. Avec ses sonorités distinctes et palpables, cet instrument se marie parfaitement avec le violoncelle et l'ensemble d'une manière « inouïe », annoncent les programmateurs.
La première asiatique d'Umbra ne fait pas seulement la fusion de divers éléments musicaux, mais témoigne aussi du pouvoir transformateur d’une collaboration interculturelle, invitant le public à un voyage où tradition et innovation s'entremêlent. Cette nouvelle œuvre allie l'énergie dynamique des cordes à la profondeur émotive du violoncelle solo et au paysage sonore surnaturel créées par les ondes Martenot. Se jouant sans chef d'orchestre, la pièce explore le mélange d'esthétiques, repoussant les conceptions stylistiques existantes associées à ces instruments, Seung-Won Oh explique l'inspiration créative derrière cette nouvelle œuvre : « Ensemble, les musiciens tissent un paysage sonore qui brouille les frontières entre tradition et innovation, entre le tangible et l'intangible, où le violoncelle et les ondes Martenot dansent, conversent et se fondent, accompagnés des cordes comme corps résonant. Cela crée une aura orchestrale à la fois captivante et évocatrice. »
A propos des ondes Martenot
Cet instrument de musique électronique a marqué l'histoire de la musique contemporaine. Les ondes Martenot produisent des sons en utilisant des oscillateurs électroniques. Le jeu repose sur un clavier et un ruban de contrôle, permettant aux musiciens de moduler la hauteur du son de manière fluide, ce qui l’a rendu particulièrement reconnu pour sa capacité à imiter la voix humaine Les ondes Martenot ont été intégrées dans de nombreuses compositions classiques et contemporaines, séduisant des compositeurs comme Olivier Messiaen et Edgard Varèse. Leur timbre unique et expressif fait des ondes un choix privilégié pour une expérimentation sonore. En dépit de leur complexité, les ondes Martenot continuent d'inspirer de nouveaux artistes, qui explorent leurs possibilités dans des genres variés, du classique à la musique électronique. Elles restent un symbole de l'innovation musicale du XXe siècle. De nombreux musiciens contemporains se sont tournés vers cet instrument pour enrichir leurs créations, comme, par exemple, Jonny Greenwood, guitariste de Radiohead, qui intègre l’instrument dans ses compositions pour ajouter une dimension sonore unique et atmosphérique. D'autres musiciens, tels que la compositrice et interprète Kaija Saariaho, exploitent les ondes Martenot pour leur expressivité et leur capacité à créer des textures sonores innovantes. Dans le domaine de la musique électronique, des artistes comme Hildur Guðnadóttir et le groupe français Air utilisent également cet instrument pour sa richesse harmonique. Ces artistes contemporains réinterprètent les ondes Martenot, les intégrant dans des contextes variés
prouvant ainsi que cet instrument emblématique continue d'évoluer et d'inspirer de nouvelles générations de créateurs. Le concert de novembre propose également le concerto pour quatre violons en si mineur de Vivaldi mettant en valeur le jeu virtuose des quatre solistes du MSHK, également illustré par l’interprétation du concerto n°5 de Jean-Philippe Rameau et de sélections des compositeurs modernes comme Darius Milhaud et Béla Bartók.
A propos des solistes, Trey Lee et Nadia Ratsimandresy Musicien renommé et récompensé, Trey Lee travaille avec des chefs d'orchestre, des compositeurs et des orchestres estimés dans le monde entier tels que Vladimir Ashkenazy, Leonard Slatkin, Mikko Franck, Yuri Bashmet ; l'Orchestre philharmonique de la BBC, la Camerata Salzbourg et l'Orchestre philharmonique des Pays-Bas, parmi tant d’autres. Il se produit souvent dans les plus grandes salles et festivals du monde entier, notamment au Carnegie Hall, au Teatro dal Verme de Milan, au Centre national des arts de la scène de Pékin, au Lincoln Center et au Concertgebouw d'Amsterdam. Depuis 2012, Trey Lee est ambassadeur de l'UNICEF à Hong Kong. Son dernier album, Seasons Interrupted, en collaboration avec le English Chamber Orchestra, est paru chez Signum Records en mai 2024. Née à Paris, Nadia Ratsimandresy découvre à l’âge de 9 ans la musique et l’onde Martenot. Issue d’un parcours clairement orienté musicienne-interprète, elle sait l’affûter suivant ses désirs et sa pensée électronique en y ajoutant la dimension scénique du spectacle vivant.
Compositrice et improvisatrice, elle incarne cette figure de l’artiste complète que l’on trouvait jusqu’au XIXe qui ni ne scinde, ni n’oppose les actes d’écriture et de jeu. Son travail se revendique d'une prise de parole singulière qui veut s'inscrire dans une diversité des musiques de création, dans un renouvellement des expressions et des langages.Nadia Ratsimandresy a tracé une nouvelle voie pour l’onde Martenot en développant de nouveaux paysages sonores avec de l'électronique live En tant que soliste, Nadia Ratsimandresy s'est produite avec le Radio-Sinfonieorchester Stuttgart, l'Orchestre symphonique national du Danemark, l'Orchestre national de France et le London Sinfonietta.
16 et 23 novembre, Paris - Salle Gaveau, Hong Kong - Concert Hall, Hong Kong City Hall www.musicussociety.org
Les professeurs de l’Alliance Française la connaissent comme étudiante assidue, l’équipe culturelle comme instrumentiste talentueuse et porteuse de projets musicaux tout aussi ambitieux que exigeants : Karen Yeung est aujourd’hui une figure clé de la scène musicale baroque de la ville. Cofondatrice et directrice artistique de l’Ensemble Concerto da Camera, créé en 2004 à Hong Kong, elle joue un rôle central dans le développement et la direction artistique de ce groupe de passionnés de musique ancienne, avec notamment une prédilection pour la musique française. Rencontre et découverte du dernier volet d’une année 2024 créative et riche en projets.
Depuis ses années de lycée, Karen Yeung nourrit une passion profonde pour le basson et pour l’esthétique baroque, une période qui l’a toujours fascinée. Cette passion l’a conduite à étudier dans plusieurs institutions prestigieuses, voyageant entre l’Angleterre, Hong Kong et Amsterdam. Formée à la Wells Cathedral School en Angleterre, Karen a ensuite obtenu son diplôme à l'Académie des Arts de la Scène de Hong Kong. Elle a poursuivi ses études au Conservatorium van Amsterdam, où elle s’est spécialisée dans le basson moderne, le basson baroque et la musique ancienne sous la direction d’experts européens et de musiciens renommés de bassons historiques. Francophile et francophone, Karen Yeung revient tout juste de cinq semaines en France, où elle a combiné vacances, projets, résidences artistiques et retrouvailles avec des amies françaises et hongkongaises vivant en France qui participent à ses projets : elle garde cette soif inextinguible d'apprendre et de rencontrer de nouvelles personnes. Par exemple, au Havre, elle a suivi la semaine de formation musicale offerte par les Musiciens de Saint-Julien lors de leur neuvième Académie de musique et danse anciennes. Cette immersion lui a permis d’approfondir sa connaissance de la musique baroque tout en pratiquant la langue française. Elle a terminé son séjour à Paris, et plus précisément à Versailles. À la fin de l’été, après les Jeux Olympiques, le palais s’est ouvert pour son équipe et lui a donné l’occasion rêvée d’obtenir un décor parfait pour le documentaire qu’elle prépare avec ses collaboratrices.
La passion de Karen Yeung pour la musique baroque est indissociable de son insatiable curiosité pour l’Histoire. L’approche historique qui s’applique à l’interprétation baroque alimente son énergie créative, l'incitant à organiser des récitals, des festivals, et à explorer des formes artistiques plus ouvertes telles que l’opéra, la danse baroque, et même, de façon plus anecdotique, à l’escrime, à des fins de communication. L’escrime
en ces temps sportifs réunit HongKong et la France, et dans les disciplines de la danse classique, du ballet, ou de l’art de manier le fleuret, ou l’épée, des termes français ont codifié ces disciplines. La « Belle danse », la danse baroque, comme on pouvait la nommer à l’époque, illustre encore plus cette similarité : « En garde, feinte, en avant, en arrière, en tournant, allez… »
2024, célébration du vingtième anniversaire
Sous la direction de Karen, l’ensemble Concerto da Camera s'efforce de faire découvrir la musique baroque à Hong Kong en proposant des programmes uniques. Depuis vingt ans, Karen crée des opportunités pour les musiciens locaux en invitant des experts en musicologie, en interprétation musicale ou des artistes renommés pour des collaborations. Durant les années COVID et ces mois où la créativité s’est faite par de nombreuses vidéos et programmes éducatifs, Karen a pu contacter et rencontrer le chorégraphe et danseur baroque, Pierre-François Dollé. Cette rencontre leur a donné l’idée d’intégrer la danse dans son projet artistique de l’année 2024 qui vient célébrer vingt d'existence de l’ensemble.
Karen a conçu un projet ambitieux : réunir l'énergie de 11 artistes, musiciens, chanteuse et danseur pour un concert, récital et pièce de danse baroque intitulés La Splendeur de la Musique Baroque Française. Dans cette performance unique, Concerto da Camera a offert au public hongkongais un aperçu de ce que le roi Louis XIV considérait comme l'incarnation de l'art aristocratique : la danse. Le danseur, par son énergie et sa vitalité, a insufflé une dynamique nouvelle à ce concert. Selon elle, musicalement, tous les artistes ont progressé par cette expérience, la danse donnant notamment une énergie scénique indéniable. Ce projet, soutenu par le Hong Kong Arts and Development Council, le French May et l’Alliance Française de Hong Kong a culminé en un grand concert organisé en juin au City Hall de la ville.
Karen Yeung
Un nouveau documentaire
Concerto da Camera avait déjà entamé une collaboration avec la vidéaste et réalisatrice Karen Kwok, résidant à Paris, qui partage avec Karen Yeung une passion commune pour l’Histoire et la musique. Lors du 2e Festival de Musique Ancienne à Hong Kong, le public avait eu l’opportunité de découvrir son documentaire Le son de Chopin , qui explore les techniques artisanales permettant de retrouver le timbre unique du piano du compositeur polonais. Née et ayant étudié à Hong Kong, Karen Kwok est aujourd’hui active dans la production cinématographique et télévisuelle en France. Dans Le son de Chopin , elle interviewe des spécialistes en musique, des restaurateurs de pianos, des forté-pianistes, ainsi que des musicologues. Une partie de ces interviews a eu lieu à la Maison de George Sand, durant le Festival Nohant Chopin 2021. Pour leur prochain documentaire, Synergie à la française , Introduction à la musique et à la danse baroques françaises , dans un objectif éducatif, Karen Kwok et Karen Yeung unissent à nouveau leurs talents pour offrir un aperçu inédit de la richesse de la musique et de la danse baroques. Les interviews du directeur artistique du Centre de Musique Baroque de Versailles, Benoît Dratwicki, de la cheffe d'orchestre de l’Ensemble Il Caravaggio, Camille Delaforge, du danseur et expert, Pierre-François Dollé, ainsi que du danseur Lam Chun Wing, Sujet du Ballet de l'Opéra de Paris, se mêlent à des captations de performances et de concerts. Ces témoignages guideront le public dans une compréhension approfondie et une appréciation enrichie de
la danse et de la musique baroque françaises. La possibilité de filmer au Palais de Versailles, qui fut au XVIIe siècle le foyer du baroque français, ajoute une dimension exceptionnelle au projet.
A Versailles, danse en costumes
Camille Delaforge et Pierre-François Dollé en tournage
在她們的下一部紀錄片《Synergie à la française, Introduction à la musique et à la danse baroques françaises》(法式協奏——法國巴 羅克音樂與舞蹈介紹)中,郭靜君和楊嘉倫再次攜手合作,以教育 為目的,透過別開生面的方式呈現巴羅克音樂和舞蹈的豐富內涵。
影片將訪問凡爾賽巴羅克音樂中心(Centre de Musique Baroque de Versailles)的藝術總監 Benoît Dratwicki、Ensemble Il Caravaggio 樂 團的指揮 Camille Delaforge、舞者及舞蹈專家 Pierre-François Dollé, 以及巴黎歌劇院芭蕾舞團的獨舞員林雋永,並收錄不同演出和音樂會 的片段。這些訪問將引領觀眾深入了解並欣賞法國巴羅克舞蹈和音樂 的魅力。影片得以在17 世紀法國巴羅克藝術的中心——凡爾賽宮取景 拍攝,令該項目生色不少。
L’équipe technique en tournage dans la Chapelle royale, Versailles.
Le français féconde l’anglais, et ils se fondent, se mélangent
法文孕育英文,而兩種語言又互相影響和相融
Texte 文 : Propos recueillis par Yvan Amar pour le numéro 454 de la revue Le français dans le monde
« La langue anglaise n’existe pas », C’est du français mal prononcé… Une affirmation avec une pointe de provocation et d’humour bien dans le style de Bernard Cerquiglini. Mais aussi une vérité plus profonde, celle de l’érudit. Quelle est la part de l’humour et de la provocation et quelle est la part d’érudition, le moment est venu de démêler les fils. Entretien avec Bernard Cerquiglini.
Vous venez de faire paraître un essai intitulé de manière provocante et malicieuse La langue anglaise n’existe pasC’est du français mal prononcé. Vous revenez sur l’histoire de l’anglais et vous éclairez la fusion du saxon et du français médiéval. Comment peut-on dater cette période ?
Tout cela s’est passé entre le milieu du XIe siècle et la fin du XIVe Mais les linguistes ne s’intéressent en général qu’à la première partie de cette période. Or la seconde, négligée, est tout à fait passionnante.
En 1066, Guillaume de Normandie défait le roi Harold à Hastings et conquiert l’Angleterre. On a donc d’abord une situation coloniale classique, verticale ; une aristocratie normande se partage les fonctions du pouvoir, et le bilinguisme imposé a des effets évidents sur la langue en usage. Le français est la langue religieuse, juridique, militaire, et celle du gouvernement féodal. On comprend ainsi que l’anglais est un musée de l’ancienne langue française. Cette première époque se termine vers 1260, lorsque cesse la transmission maternelle du français. Le siècle et demi qui va suivre propose une situation très originale: le français est langue seconde, appris à l’école, mais reste celle du commerce, de la foi, du gouvernement et de l’administration. Le grand écrivain Chaucer est directeur des douanes, et il les dirige en français ! Bon nombre de mots français vont devoir passer en anglais. Paradoxe: le français rayonne alors qu’il n’est plus langue maternelle.
À cette même époque on invente la grammaire française. Les premiers manuels, les premiers traités d’orthographe apparaissent, de même que le mot françeis pour désigner la langue. Jusque-là, on parlait de lingua romana rustica, par exemple au Concile de Tours, puis de
romanz. Philippe de Thaon, dans son Comput, parle, en Angleterre, de la « langue des Francs » ! Elle est donc d’abord désignée par un Anglo-Normand ! Tout ceci n’a rien d’étonnant : la réflexion philologique s’est toujours développée aux marges d’une zone linguistique centrale, là où une certaine insécurité favorise un regard théorique sur la langue. Les premiers grands linguistes modernes francophones vivaient en Belgique, ensuite en Suisse.
La différence entre l’anglonormand et le saxon recoupe-t-elle celle qu’on observe entre le galloromain et le gaulois ?
Oui plus ou moins. Le saxon reste une langue rurale, on en a un bon exemple avec la dénomination des animaux : le saxon parle d’ox ou de pig. Le français d’Angleterre de veal ou de pork : les bêtes qu’on élève sont nommées en saxon ; celles qui sont dans l’assiette du seigneur le sont en anglo-normand ! On en a un écho dans la première scène du roman historique de Walter Scott, Ivanhoë ! La grande différence entre ces deux histoires, c’est que le celte a disparu !
Comment expliquez-vous qu’un créole ne soit pas né de cette situation coloniale ?
C’est que les langues ont des fonctions différentes : le français féconde l’anglais, et ils se fondent, se mélangent - exactement ce qu’exprime le latin mergere
Peut-être aussi parce qu’on a deux langues en présence, et non une langue dominante face à une multiplicité d’idiomes, interdisant une intercompréhension facile des populations dominées… ?
C’est vrai aussi, mais il ne faut pas exagérer l’unicité du saxon : il y a beaucoup de variations selon les régions où il est parlé.
Folio Essais, 2024
Vous citez de nombreux mots d’origine française passé dans le vocabulaire anglais. Et parmi eux, certains m’ont surpris : war par exemple.
En effet, rien n’est plus germanique que ce terme. Il est d’origine francique mais a transité par le normand d’où il passe en anglais. De même le porridge ! Je l’ignorais mais ce mot, le plus british de tous, vient pourtant de chez nous : il se rattache semble-t-il à notre potage, auquel vient probablement se rajouter un peu de poireau! Tout cela attesté par l’Oxford Etymological Dictionary qui est la Bible de tout linguiste anglicisant. Et le pédigrée alors ! Aurait-on dit qu’il venait de France ? C’est pourtant le cas : les arbres généalogiques étaient parfois représentés sous des formes étonnantes, parfois de volaille. Et les origines se retrouvaient dans les pattes de la grue ! Voilà comment le pied de grue, avant d’être associé à une attente agacée, évoque une généalogie ancienne, attestée et prestigieuse.
Vous consacrez également un chapitre à la phonétique historique, c’est-à-dire à l’évolution de la prononciation, la transformation des voyelles, des consonnes, des groupes de lettres: une discipline un peu incertaine, qui compare l’écrit à un oral supposé. En quoi ces évolutions permettent-elles de comprendre la formation de l’anglais moderne ? Malgré ce flou relatif, la phonétique historique est aujourd’hui une discipline appliquée et solide. Et elle permet de comprendre comment se fabrique de l’anglais. À partir de la phonétique du normand, on observe des changements très réguliers qui nous éclairent sur la morphologie anglaise. La consonne initiale par exemple tombe souvent, ce qui nous donne vanguard à la place d’avant-garde, ou spy à la place d’espion. La place de l’accent tonique fait aussi comprendre comment une voyelle non accentuée, située entre deux consonnes peut disparaître: le -ou- de couronne s’éclipse, les deux consonnes se joignent et on obtient crown. Et lorsque l’anglais accepte un mot français, il y ajoute un fort accent tonique.
Vous évoquez aussi un phénomène bien connu : le ping pong de part et d’autre de la Manche. De nombreux mots vont et viennent entre les deux langues, dans un mouvement pendulaire. Et parfois vous moquez la prononciation des anglicismes dans les bouches françaises.
C’est le cas du voucher par exemple, que j’aurais tendance à prononcer de façon totalement francophone, comme on dit boucher. Le latin, à partir du nom vox crée le verbe vocare qui signifie attester. D’où le voucher, en anglo-normand puis en anglais et en américain modernes, qui désigne un bon : il certifie que vous avez payé pour votre chambre d’hôtel ou votre passage sur un bateau. Prononcer le mot à l’anglaise est tout à fait saugrenu, mais presque tout le monde le fait, comme ce peut être le cas pour le bacon, le lard fumé. En revanche le challenge résiste. Le mot est très fréquent en ancien français dans le vocabulaire des tournois : il s’agit d’un défi. Et on l’utilise encore en français, pour nommer une célèbre compétition de tennis. Ces mouvements pendulaires nous font comprendre certains phénomènes de faux-amis - ces mots presque semblables dans une langue et dans l’autre, mais dont les sens diffèrent. Prenez le bachelier par exemple: en ancien français, c’est un jeune homme qui n’est pas encore chevalier, sans aucune référence à un statut marital. Mais le Godefroy, premier monumental dictionnaire d’ancien français qui parait à la fin du XIXe siècle, mentionne deux occurrences du mot bachelier qui évoquent le célibat. Et dans les deux cas, il s’agit de textes écrits en Angleterre. On voit ainsi comment l’anglais adapte et modernise le normannofrançais.
On a donc avec ce XIVe siècle l’une des plus belles périodes de l’histoire du français, qui permet parfois de retrouver de
lointaines origines, et tout un voyage linguistique. Le mail en est un bon exemple. Il nous fait remonter à la malle qui transporte le courrier, finit par le désigner et se concentre enfin sur l’idée du message qui prévaut aujourd’hui dans le monde informatique.
Et que pense le linguiste que vous êtes des nombreux anglicismes qui fleurissent en français? Craignez-vous l’invasion ?
CIls sont nombreux, mais parler d’invasion est excessif. D’abord souvenons-nous que de nombreux anglicismes disparaissent sans laisser de traces. Le français moderne est un cimetière de ces mots morts dans l’indifférence générale. Le dancing et la surprise-party appartiennent au passé, comme l’adjectif fashionable qu’on trouvait chez Balzac et Baudelaire.
En revanche on remarque que le suffixe - ing est intégré au français d’aujourd’hui. Et même productif : il permet de forger des mots inconnus de l’anglais - le fooding n’existe qu’en France !
Je suis donc optimiste pour l’avenir de notre langue, et j’ai envie de dire à nos concitoyens: « Soyez fiers de votre français ! Il est parfaitement équipé ! ». Le danger réside dans le désir d’anglicisme, dans les séductions de la mode, plus que dans l’anglicisation ellemême. Il faut avoir confiance, tout en restant vigilants : prononcer voucher à l’anglaise, c’est une allégeance atlantiste !
Bernard Cerquiglini est Professeur de linguistique à l'université Paris VII - Diderot. Il est depuis mai 2020 vice-président de la Fondation Alliance française. Il présente également l'émission linguistique quotidienne de format court Merci professeur ! sur TV5MONDE.
« La langue anglaise n' existe pas », C' est du français mal prononcé...
(英國語言不存在, 那只是發錯音的法文),伯納德.塞爾奎利尼 ( Bernard Cerquiglini )如此具挑釁性和幽 默的斷言,非常有他的個人風格。然而若深入 探索,這句話確實有其學術上的道理。到底當 中有多少是幽默和挑釁,又有多少是真正的知 識?現在就讓我們透過這次訪問,釐清一切。
伯納德.塞爾奎利尼,您剛出版的論文題為《La langue anglaise n' existe pas - C' est du français mal prononcé》,標題具有挑釁和 惡作劇意味。您回顧英文的歷史,並探討撒克遜語(saxon)和中世紀 法語的融合。可以介紹一下這個時代嗎? 一切發生於11世紀中至 14 世紀末之間,但語言學家感興趣的通常只是 這時期的前半部分,被忽略的下半部分其實非常有趣。
法文文法就在這時誕生。首批拼寫指南和論文相繼出現,而人們亦開 始以「françeis」這個字來代表法文。在此以前,人們將這種語言稱為 「lingua romana rustica」,例如在圖爾會議(Concile de Tours)中便是 這樣,之後就稱之為「romanz」。而在英國,Philippe de aon便在其著 作《Comput 》中將其稱為「langue des Francs」(法蘭克人的語言)!因 此,「法文」這種說法是出自一位盎格魯諾曼人(Anglo-Normand)筆 下!這一點都不令人驚訝,語言學的反思總是在語言中心區域的邊緣地 帶醞釀起來,不穩定的情況促進了對語言的理論思考。最早期的傑出 法文現代語言學家便是在比利時出現,之後就是瑞士。
Saluer à la française, saluer à l’anglais, caricature du XIXe siècle
Urbex : l’attrait des ruines
城市探險——遺跡的魅力
Texte 文 : David Cordina et Nicolas Dambre
L’ouverture au public de l’ex-réservoir de Sham Shui Po à Hong Kong témoigne d’un goût indéniable pour les lieux abandonnés qui gardent leur mystère. C’est un élément fondamental de l’urbex dont les adeptes photographient, lors leur exploration urbaine, la revanche du temps et de la nature sur l’homme. Un phénomène devenu mondial grâce aux réseaux sociaux.
Ici, l’ancienne bibliothèque d’un manoir, encore garnie de ses ouvrages, recouverte de gravats tombés du plafond. Là, une piscine abandonnée qui ressemble désormais à une serre tropicale tant la végétation y a poussé. Ou encore un cimetière de voitures dans lesquelles se sont enracinés d’énormes arbres. Les images ramenées par les adeptes de l’exploration urbaine fascinent. C’est « une visite approfondie, et sans autorisation le plus souvent, d’un lieu marginal, délaissé et abandonné » d’après Nicolas Offenstadt, auteur de Urbex , le phénomène de l’exploration urbaine décrypté (Albin Michel). Ce terme d’urbex (contraction de l’anglais urban exploration) est attribué au Canadien Jeff Chapman, alias, Ninjalicious, qui l’emploie dès 1996 dans son journal Infiltration, « le fanzine sur des visites de lieux où vous n’êtes pas censés aller ». Dans les années 2000, le terme se popularise en même temps que cette pratique. Mais dès les années 1960, Hilla et Bernd Becher photographiaient déjà les sites industriels abandonnés dans l’Allemagne de l’Est. Mais pourquoi tenter de s’introduire clandestinement dans des ruines ? Le français, Romain Veillon est un adepte de l’urbex : « J’adore voir la végétation reprendre le dessus et recouvrir les constructions humaines. C’est une sorte de memento mori (“souviens-toi que tu es mortel” en latin). Mes photos figurent notre passé, mais elles pourraient tout autant représenter notre futur si nous continuons à maltraiter la planète. Le monde sans nous. » Les images de ses deux tomes de Green Urbex (Albin Michel) sont mystérieuses, nostalgiques, voire apocalyptiques.
Trois règles implicites
Les objectifs de ces explorateurs d’un nouveau genre peuvent être différents. De jeunes citadins des pays riches en quête d’aventure aiment à s’introduire dans des lieux dangereux, fermés ou surveillés. Il ne s’agit pas toujours de sites abandonnés, mais parfois en activité, comme des chantiers. Guillaume Yverneau, historien à l’Université de Caen, pratique lui l’urbex dans le cadre de ses recherches. Il revient dans des bâtiments abandonnés depuis la Seconde Guerre mondiale – son domaine de recherche –et y trouve parfois des archives. « Les motivations sont multiples, explique-t-il. Un intérêt pour le patrimoine et l’histoire, la recherche esthétique d’une végétation “reprenant ses droits” sur
des ruines, le goût du frisson voire du paranormal, ou encore un objectif politique : se réapproprier sa liberté de déplacement. » Certains y voient un moyen de se soustraire à l’enfermement de la société capitaliste, à la consommation passive de distraction et aux systèmes de surveillance.
Guillaume Yverneau détaille : « Il y a trois règles implicites de l’urbex : ne pas donner la localisation car trop de visiteurs provoquerait des dégradations, ne pas entrer par effraction, et laisser le lieu tel quel. D’autres ne s’en revendiquent pas, par exemple parce qu’ils pratiquent le graffiti. » Côté pratique, Romain Veillon conseille de ne pas s’introduire seul dans ces lieux pour prévenir en cas d’accident. Muni d’un trépied et de son appareil photo, il est aguerri aux difficultés et aux dangers : ronces, plancher branlant, débris de verre… Mais avant cela, il décortique patiemment la presse locale ou Google Maps pour repérer des lieux fermés, abandonnés ou à vendre.
Les explorateurs comme leurs clichés sont les témoins d’un patrimoine et d’une mémoire qui disparaissent. De nombreux lieux ont finalement été rasés. Peu ont été réhabilités. Pour Guillaume Yverneau, « ce phénomène a pris une dimension mondiale avec le développement des réseaux sociaux dans les années 2010. La désindustrialisation de nos sociétés a provoqué l’abandon de nombreuses usines, ce qui a provoqué l’intérêt de beaucoup de personnes ». Un phénomène devenu à la mode avec bien des dérives : certains vendent les adresses de ces sites souvent secrets ou monnayent des visites ; d’autres les vandalisent ou les pillent (squatteurs, antiquaires…). Mais l’urbex a toujours existé. N’est-ce pas Chateaubriand qui écrivait que « tous les hommes ont un secret attrait pour les ruines » ?
Et à Hong Kong, la ville abandonnée
Au-delà des gratte-ciels scintillants et des centres commerciaux ostentatoires, les bâtiments oubliés révèlent un autre visage de Hong Kong. Fondé en 2013, les explorateurs du collectif anonyme HK Urbex composent une équipe d’une dizaine d’explorateurs urbains anonymes. La plupart sont des journalistes, vidéastes et photographes qui choisissent de garder leur identité secrète dans l'espoir de garder l'accent sur les sites et leurs photographies, plutôt que sur eux-mêmes.
Au cours des dernières années, l'équipe intrépide a exploré tout, des anciennes usines de médecine chinoise aux services psychiatriques délabrés, des manoirs de l'époque coloniale, d'anciennes casernes militaires britanniques, des prisons, des hôpitaux désaffectés, des immeubles d'appartements en ruine, des stations de métro, des usines de peinture et des cinémas.La liste couvre plus de 200 adresses, dont beaucoup ont depuis été démolies. En cours de route, l'équipe documente l'histoire de chaque site avec des photos, des vidéos, des images par drone et même de la réalité virtuelle.
La plupart des habitants ne verront jamais ces endroits. Hong Kong adopte une approche notoirement passive de la préservation, privilégiant plutôt les développements les plus
rapides et les plus rentables financièrement. La démolition systématique des sites patrimoniaux – comme le célèbre Queen’s Pier en 2007, la boutique de prêt Tung Tak à Wan Chai en 2015 ou la démolition prévue du marché de Graham Street âgé de 160 ans – a entraîné des manifestations publiques et du ressentiment. Le gouvernement a créé le Bureau du Commissaire au Patrimoine en 2008, qui est censé examiner les projets de développement et mettre en œuvre de nouvelles politiques. L'année suivante, le Conseil consultatif des antiquités a annoncé son évaluation en cours de plusieurs milliers de bâtiments de Hong Kong, attribuant un statut de Grade 1, 2 ou 3 à ceux ayant un mérite historique. Malgré les efforts continus pour identifier et protéger ces bâtiments, de nombreux habitants restent sceptiques quant à l'efficacité des agences. Les critiques soulignent les démolitions continues par des propriétaires privés, ainsi que des projets de revitalisation mal orientés.
Pour le collectif, HK Urbex est une manière de rendre leurs derniers hommages et d’être témoins de ces lieux, et d’espérer préserver un peu de leur mémoire ou valeurs patrimoniales –même s'ils n'étaient pas valorisés par ceux qui les possédaient. Les habitants et les voyageurs sont souvent surpris d'apprendre ce côté négligé de Hong Kong. Et même sans lampes frontales ni casques, il existe des dizaines de destinations colorées et vieillissantes sur le territoire – tant que vous savez où regarder.
Bien que cela soit très éloigné des gratte-ciels et des centres commerciaux brillants du district central, ces bâtiments d'antan offrent sans doute une manière plus authentique de découvrir Hong Kong.
L'ancien réservoir de Sham Shui Po, crédit DiscoverHK
Odyssée Plastique
Texte 文: Jean-Baptiste Larramendy
En mars 2024, les services éducatifs du consulat de France à Hong Kong, ont approché l'équipe pédagogique de l’Alliance Française de Hong Kong pour les besoins d’un projet régional sur le thème du développement durable (le projet inclut le réseau culturel français de Malaisie, de Taiwan, d’Indonésie, du Cambodge, de Chine et de Hong Kong). L’objectif est de créer des ressources pédagogiques pour des publics d’enfants et d’adolescents de niveaux débutants, A1 et A2 afin de les sensibiliser à la pollution plastique des océans.
Le défi soulève plusieurs problématiques : comment créer des activités motivantes qui donnent envie d’en apprendre davantage sur la pollution plastique des océans et des solutions aux problèmes qu’elle soulève ? Quel(s) document(s) créer ou sélectionner alors que l’on s’adresse à un public varié, voire éclectique, en termes d’âge et de niveau ? Comment s’assurer de la la compréhension de contenus complexes par des apprenants débutants ou faux débutants assez jeunes : l’environnement est un thème le plus souvent traité en fin de niveau A2, et très souvent à partir du B1 ?
Les ressources créées doivent se suffire à elles-mêmes, et ne pas nécessiter chez les enseignants une exploration préalable du thème et du lexique associé. Elles doivent également être « engageantes » car elles représentent une première exposition des apprenants à un sujet de société environnemental, si important pour un territoire maritime qu’est Hong Kong.
Comment créer des ressources qui donnent envie à un public de jeunes locuteurs de niveau A1, de s’impliquer et d’en apprendre davantage sur le sujet ? Comment lancer une journée à visée scientifique avec des activités de français langue étrangère (FLE) et les rendre acteurs de leur propre apprentissage ?
Le choix d'une approche de type « résolution de problème » a été privilégié en se basant sur un apprentissage fondé sur l’investigation. On présente un problème aux apprenants et ils doivent réfléchir aux moyens à leur disposition, ainsi qu’à la manière de résoudre ce problème.
Dans les matières scientifiques, en physique, en chimie, ou en biologie, il est aujourd’hui assez commun d’aborder l’acquisition de nouveaux savoirs avec ce type d’approche. En classe de langues,
l’application de type « résolution de problème » peut paraître moins évidente. C’est faire fi du pouvoir ludique qui se cache derrière la tentation de résoudre une énigme. Les exemples d'application dans le monde du FLE existent : prenez la méthode Ligne Directe (chez Didier FLE), conçue par Valérie Lemeunier et son équipe. A plusieurs reprises, elle propose des activités qui dépassent le cadre de la simple acquisition de contenus ciblés : les apprenants doivent réinvestir leurs connaissances de la langue française pour résoudre des énigmes de difficultés aléatoires.
Enseignants, éducateurs, parents curieux, si vous êtes prêts à chercher l’inspiration dans des coins moins évidents, les exemples d’énigmes à résoudre abondent dans la littérature jeunesse. Le magazine Toboggan consacre toujours cinq ou six pages consacrées à une énigme que le détective Super Ouaf doit élucider à l’aide de son partenaire la Puce. Faites le test avec des enfants de 6 à 9 ans et vous verrez qu’ils deviennent rapidement acteurs de la résolution du problème. Ils deviennent ainsi acteurs de leur propre apprentissage. La puissance du procédé est indéniable, à tel point qu’elle plonge à coup sûr l’enseignant dans un élan réflexif sur ses propres pratiques en classe de FLE, notamment avec les enfants. Néanmoins, il faut transférer ce type de comportement dans le cadre de la classe de FLE. Comment concevoir la fiche apprenant de l’activité pédagogique pour obtenir le même engagement ? Et si on partait sur une enquête nous aussi ? On pourrait par exemple enquêter sur la pollution d’une plage et essayer de trouver le coupable parmi un nombre prédéfini de
Les professeurs et éléves de Malaisie, Taipei, et de Dalian invités au sommet de la Francophonie, Paris, 2024
suspects ? C’est ainsi qu’est née l’idée à l’origine du document final validé et partagé au niveau transrégional.
L’enseignant présente ensuite les suspects, avant de fournir le premier indice. Le but étant d’accueillir les apprenants dans un climat de confiance et de lancer l’action. L’enseignant choisit, ensuite, une difficulté progressive dans l’élaboration et les contenus des activités : on part du connu pour aller vers l’inconnu. Après plusieurs activités, les élèves sont d’ores et déjà en mesure d’éliminer un suspect. Lors de cette première élimination, l’activité intègre le premier document authentique à visée de sensibilisation. Il y a également une progression de l’exposition à un lexique spécifique vers une exposition à des actes de paroles plus développés.
Tout au long de l’activité, les apprenants sont amenés à mettre à profit les quatre compétences principales que sont la compréhension écrite et orale et la production écrite et orale. On conclut avec une activité de réemploi interactive proposée par Les Fées du FLE (« Je trie mes déchets ») et une liste de rôles à se répartir à l’école pour responsabiliser les enfants dans leur environnement direct.
Si vous êtes enseignant, n’hésitez pas à contacter l’équipe pédagogique de l’Alliance Française si vous souhaitez tester ces ressources dans vos salles de classe, elles ont eu un grand succès auprès des apprenants débutants du Lycée français international. Elles permettent d’aborder de façon ludique un sujet qui nous concerne tous - et cette activité pédagogique se double parfaitement d’un nettoyage de plage ! Cette expérience révèle que, d’un point de vue de la conception des ressources pédagogiques, la curiosité et l’observation de notre monde contemporain est toujours sources d’inspirations inattendues.
7 Wonders, Les Aventuriers du Rail, Carcassonne… Autant de noms qui doivent vous être familiers si vous aimez jouer aux jeux de société ! Cette industrie du jeu connaît en France une croissance impressionnante, avec une augmentation des ventes de plus de 20 % ces dernières années. Ce marché attire un large éventail de consommateurs, des familles aux passionnés, grâce à des jeux accessibles comme Catan et des titres plus complexes tels que Terraforming Mars. Des éditeurs majeurs comme Asmodee ou des créateurs émergents, enrichissent l'offre chaque jour avec près de 1200 sorties par an.
Et la France ne se contente pas d’accompagner le mouvement, elle fait aussi la course en tête : le pays compte aujourd’hui des auteurs de jeux parmi les plus renommés chez les passionnés ludiques (Bruno Cathala, Antoine Bauza, Ludovic Maublanc…), des maisons d’éditions qui rayonnent dans le monde entier (Gigamic, Matagot, Iello, Cocktail Games…), des illustrateurs qui font acheter des jeux uniquement sur leur nom, tel Vincent Dutrait (ça ne s’invente pas !) ou encore des médias spécifiques avec d’innombrables influenceurs et chaînes Youtube (Un monde de jeux, Ludovox,…).
Des événements comme le Festival international des jeux à Cannes, le Festival international ludique de Parthenay ou le
festival Paris Est Ludique favorisent les échanges entre joueurs et créateurs, tandis que les clubs de jeux et cafés ludiques pullulent désormais partout en France et font grandir la communauté.
La pandémie de COVID-19 a également stimulé l'intérêt pour ces jeux, que ce soit en famille à la maison ou même sur des plateformes en ligne (connaissez-vous Board Game Arena ? Tiens donc, encore des Français à la manette…) La France est ainsi devenue en une petite vingtaine d’années un des grands pays du jeu de société dans le monde et ces derniers font désormais partie intégrante du mode de vie de ses habitants.
Pour ce qui est de Hong Kong, les habitudes ludiques sont faites d’un curieux mélange de culture locale et d'influences modernes.
Parmi les jeux traditionnels, le mahjong se distingue comme l'un des plus populaires, souvent joué lors de rassemblements familiaux et d'événements festifs. Ce jeu emblématique incarne des éléments de stratégie, de chance et de compétence et reste profondément ancré dans la vie sociale hongkongaise. Avec l'essor des jeux de société modernes, la scène ludique à Hong Kong a vu l'adoption de titres internationaux devenus populaires dans les cafés de jeux et lors d'événements, qui célèbrent à la fois les jeux traditionnels et modernes, rassemblant passionnés et créateurs. Notons le Hong Kong Board Game fort de 2000 membres ou le Africa Center Hong Kong qui organise tous les mardis de 8h à 10h des soirées jeux.
Coté FLE, (enseignement et apprentissage du français langue étrangère), apprendre le français à des élèves non francophones est parfois un réel défi. Les enseignants restent en quête de
nouveaux outils susceptibles de rendre la classe plus vivante, d’impliquer davantage et d’amener à utiliser la langue de manière aussi naturelle et spontanée que possible. Quoi de mieux que le jeu, dans ce contexte, pour inciter à la prise de parole, l’entraide, la coopération et susciter une prise de parole inattendue ? Jeux de mots, jeux d’expression, jeux d’images, jeux de défis, jeux de stratégie : l’offre foisonnante et la diversité s’adaptent parfaitement aux besoins des classes de FLE – et à tous les profils de joueurs.
L’Alliance Française de Hong Kong a décidé d’allier les univers ludiques d’Asie et d’Europe pour offrir à tous les amateurs de jeux, francophones ou non, à ses étudiants et à ses professeurs une après-midi jeux de société en octobre dernier à la médiathèque de Jordan.
Cathala、Antoine Bauza、Ludovic Maublanc ……)、在全球屢創佳 績的出版商(Gigamic、Matagot、Iello、Cocktail Games ……),甚至 一些單憑其名字就足以吸引玩家購買遊戲的插畫師,例如 Vincent Dutrait(毋庸置疑!)。此外,還有許多專門的媒體、無數的意見領袖 和 Youtube 頻道(Un monde de jeux、Ludovox……)。
康城的 Festival international des jeux、帕爾特奈( Parthenay )的
Festival international ludique de Parthenay 和巴黎的Paris Est Ludique 等不同活動,促進了玩家和創作者的交流,同時桌遊俱樂部和桌遊咖 啡館也在法國各地蓬勃發展,讓桌遊社群日益壯大。在新冠疫情期間, 人們對桌遊更感興趣,分別在家中和網上平台遊玩,比如 Board Game
都會圍在一起打幾圈。麻將集策略、運氣與技巧於一身,已然深深植 根於香港人的社交生活之中。隨著現代桌遊的興起,香港人也開始流 行在桌遊咖啡館和各項活動中玩不同國家的桌遊,這些活動以各大傳 統和現代遊戲為焦點,聚集了許多桌遊愛好者和創作者。其中包括擁 有2,000 名成員的 Hong Kong Board Game,以及逢星期二晚上8 點到10 點舉辦桌遊晚會的香港非洲中心(Africa Center Hong Kong)。
在對外法語(FLE,français langue étrangère)教學方面,教導非以法 語為母語的學生學習法文有時真的是一項挑戰。教師們不斷尋找新的 方法來讓課堂更加生動有趣、學生更投入參與,並自然而然地使用法 文。在此情況下,遊戲無疑是促進說話、互相合作和引起突然對話的絕 佳方式。文字遊戲、表達遊戲、圖像遊戲、挑戰遊戲、策略遊戲等…… 豐富多樣的桌遊完美地滿足了法文課的需要,而且適合各類玩家。
L’Alliance Française de Hong-Kong, dans le cadre de la Fête du cinéma d’animation en octobre dernier et pour le festival du film français a organisé deux ateliers intitulés « Cinéma et FLE » pour les enseignants de français de Hong Kong. Jean-Baptiste Larramendy, grand amoureux du cinéma et responsable du centre de Jordan a animé ces ateliers et leur a proposé une pédagogie innovante basée sur l’utilisation de séquences cinématographiques en classe. Le cinéma constitue un outil pédagogique d'une grande richesse. En plus de fournir des ressources linguistiques et culturelles aux enseignants pour leurs cours, il engage également le spectateur-apprenant dans le plaisir d'une narration, d'une poésie ou d'un rêve. Le mot « plaisir » est important ici – de nombreuses études universitaires démontrent l’aspect motivant du médium cinématographique dans la salle de classe. Les apprenants d’une langue étrangère sont plus concentrés, plus impliqués, plus « engagés » dans la réalisation de la tâche d’apprentissage quand le document de travail déclenche en eux des réactions positives, comme c’est le cas avec les films. Plaisir de découvrir le monde d’un auteur, plaisir de suivre le récit de personnages inconnus. Plaisir d’apprendre tout en se divertissant. Travailler avec le cinéma a bien entendu d’autres avantages. Le document cinématographique stimule les sens de l’apprenant de diverses manières ; la richesse des sons et des images sont autant d’indices qui viennent compléter, accentuer, contredire, accompagner les dialogues, et qui vont permettre à l’apprenant d’accéder à une compréhension globale du document audiovisuel bien plus facilement que s’il s’agissait d’un document textuel ou sonore. De plus, il ne faut pas oublier la dimension émotive des extraits que l’on pourrait utiliser – pluralité des émotions, à la fois à l’écran et produits d’une réception, chez l’apprenant-spectateur. L’outil cinématographique permet aussi d’être mis en présence d’une langue vivante, au sens le plus précis du terme. Une langue que l’on voit vivre, authentique, dans toutes les variations situationnelles imaginables. Cette ressource audiovisuelle joue un rôle important dans la classe de langue en proposant des situations de communication et en reflétant des traits sociaux. Les apprenants peuvent ensuite se réapproprier ces situations, les singer ou les répliquer, développer une compréhension interculturelle des usages langagiers dans des contextes spécifiques et bien définis.
De manière générale, le cinéma favorise une approche dynamique et communicative de l'acquisition linguistique. Plus contextualisé aussi, le cinéma apparaît comme une large fenêtre ouverte sur différents contextes (sociaux, politiques, culturels, historiques, scientifiques, etc.) dans lesquels une langue s’inscrit, fonctionne, évolue.
On ne saurait recommander plus chaudement aux enseignants de programmer une séance du HKFFF avec leurs classes ou d’encourager leurs apprenants à se rendre dans les salles obscures de la ville. Avec 49 films à l’affiche, il est garanti de trouver une œuvre à visionner qui fera grandir l’envie d’apprendre le français, et qui motivera les apprenants à consommer par euxmêmes des produits culturels dans la langue cible. Ou comment joindre l’utile à l’agréable !
Paris, avec son mélange éclectique de cultures et de cuisines, est une destination de choix pour les amateurs de gastronomie. Depuis deux ans, trois établissements hongkongais se sont ouverts dans la capitale française, chacun apportant une vision personnelle de la cuisine de Hong Kong : deux restaurants concepts, les cafés-pâtisseries Bolobolo et Bing Sutt dans le 2e et 3e arrondissements de la capitale et le restaurant gastronomique Maison Mongkok qui poursuit son aventure déjà commencée il y a quelques années avec un premier restaurant, Resto Mongkok, plus au sud, dans le 15e arrondissement.
Les stéréotypes hongkongais qui résonnent particulièrement bien avec le public parisien, sont ceux qui évoquent un mélange d'exotisme, d'effervescence urbaine, et de raffinement asiatique. Pour éviter de tomber dans les clichés tout en restant attrayant, il peut être utile de les enrichir avec des détails plus authentiques et contemporains. C’est ce que font ces restaurants : ils mettent en avant des innovations culinaires hongkongaises à Paris et prennent leur place sur la scène gastronomique locale.
Les français peuvent être souvent intrigués par la façon dont Hong Kong mêle les influences chinoises traditionnelles et occidentales. Ce cliché de la ville où l'on trouve des restaurants
servant des dim sum à côté de cafés à l'occidentale, ou des enseignes en caractères chinois au-dessus de vitrines modernes, a un fort pouvoir d'attraction. Il parle d'une rencontre des cultures, d'une hybridation qui intrigue et séduit. Utilisés avec finesse, ces clichés peuvent enrichir la narration autour des restaurants hongkongais à Paris en les ancrant dans un imaginaire collectif déjà très présent. Ils capturent des aspects fondamentaux de la culture hongkongaise qui résonnent avec son public touristique extérieur.
Maison Mongkok : l'expérience gastronomique
Mongkok Resto prend du galon et devient Maison Mongkok. Après la création en 2018, l’équipe franco-chinoise créée en 2022 se distingue dans ce nouvel établissement par son approche raffinée de la cuisine hongkongaise.
Dans une atmosphère soignée, avec une décoration inspirée de l'esthétique hongkongaise moderne, les clients sont accueillis dans un cadre où chaque détail, des luminaires aux couverts, a été soigneusement pensé pour offrir une rare expérience. Le menu de Maison Mongkok est un éloge aux saveurs de Hong Kong (et également d’autres régions de Chine), revisitées avec une touche française. Parmi les plats signatures, on retrouve le canard laqué à la pékinoise, magnifiquement présenté et parfaitement exécuté, ainsi que les dim sum parfumés. Riches de leurs expériences précédentes, les deux chefs chinois installés en France depuis plusieurs années expriment tout leur savoir-faire pour créer des plats à la fois familiers et surprenants, mettant en valeur des ingrédients de haute qualité. Une grande table chinoise, selon les critiques parisiens.
www.maisonmongkok.fr - restaurant gastronomique
Bolobolo : plus qu’une pâtisserie fusion
Bolobolo est un cafétéria-restaurant qui fait parler de lui grâce à son concept de fusion entre des plats chinois du sud de la Chine, des douceurs hongkongaises, le tout repris par un savoirfaire pâtissier français pour une clientèle européenne. Ce genre d’établissement, les cafétérias pour être plus simple, ou les concept food, attirent des communautés de jeunes amateurs foodies qui au-delà du café cherchent des expériences culinaires originales. C’est le cas ici.
Maison Mongkok crédit : Delphine Constantini
Les murs sont ornés de photographies vintage de Hong Kong, fort appréciées en France. Les grandes baies vitrées laissent entrer une lumière naturelle qui baigne le lieu d'une atmosphère apaisante. Côté déco, on retrouve l’ambiance des cha chaan teng – les salons de thé traditionnels de Hong Kong, le vert foncé du tram impérial, et un clin d’œil aux enseignes lumineuses, emblématiques de la région. Le tout soigneusement conçu avec une touche moderne, sans oublier une playlist 100% Canto-pop en musique de fond. Le chef de Bolobolo a su marier avec finesse les techniques pâtissières françaises et les ingrédients traditionnels de Hong Kong. Le bolo bao, un petit pain à l’ananas, est ici revisité en version pâtissière, tandis que les classiques mille-feuilles se parent de touches exotiques comme le matcha ou le sésame noir. Chaque pâtisserie raconte une histoire, celle d’un mariage réussi entre deux cultures gastronomiques.
instagram : @bolobolo.paris
Bing Sutt : la passion des cafétérias
Bing Sutt, nouvel ajout récent de la scène culinaire parisienne, se concentre sur le concept de fooding, offrant des plats rapides mais savoureux, inspirés des spécialités de rue de Hong Kong. Les bing sutt sont un style de cafétéria originaire de Hong Kong qui sont devenus des lieux incontournables dans la ville. Dans les années 1940s, les habitants se sont inspirés de la coutume anglaise de « tea time », et ont créé des restaurants aux prix abordables qui servaient des plats et surtout des pâtisseries mêlant cuisine cantonaise et occidentale. Par exemple, les egg tarts étaient inspirés par les pasteis de nata du Portugal et les custard tarts du Royaume-Uni. Les plats chez Bing Sutt sont simples mettant en avant des ingrédients frais et des saveurs intenses. Certains de plats emblématiques des bing sutt, comme les pineapple buns, egg tarts (tarte aux œufs), et lai cha (thé au lait) sont enregistrés en tant que patrimoine culturel immatériel de Hong Kong.
Ce nouveau restaurant attire une clientèle variée, des travailleurs pressés aux gourmets à la recherche d'une expérience culinaire authentique mais accessible.
Au-delà de la nourriture, Sing Butt se distingue par son atmosphère conviviale. Les tables sont souvent partagées encourageant les échanges entre les clients. C’est un lieu où l’on vient non seulement pour manger, mais aussi pour se connecter avec d’autres passionnés de cuisine.
www.bingsuttparis.com
Dans la salle du restaurant, Bolobolo, rue Saint-Augustin, à Paris.
Rendez-vous habituel pour le premier weekend de décembre avec l’un des plus grands festivals de musiques actuelles bénéficiant d’une riche programmation et du cadre magnifique du Harbourfront.
Décembre 2024 : HK Business of Design Week
Avec cette année, la France comme pays à l’honneur, une programmation riche, dont le In the City Program avec des projections cinéma sur le design.
Janvier 2025 : Education and careers Expo
Un RDV incontournable pour les étudiants hongkongais qui souhaitent étudier à l’étranger et, notamment en France. Retrouvez les équipes de Campus France et de l’Alliance française.
Hiver 2025 : La nuit des idées
RDV annuel proposé par le consulat général de France à Hong Kong et Macao et ses partenaires pour une série de discussions, conférences, tablesrondes sur des sujets de société contemporains : environnement, causes sociales. Le programme sera annoncé prochainement.
Mars 2025 : Le mois de la Francophonie
Festival pluridisplinaire et co-organisé par les institutions culturelles et consulats francophones de la ville. Programme à venir sur francophoniehk.com.