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VIVRE MIEUX Prenons soin de nos artères !
from AM 435-436
by afmag
VIVRE MIEUX
Prenons soin de nos artères !
Savoir si nos artères sont en bonne santé est important ; en mauvais état, elles sont responsables de nombreuses maladies, dont certaines peuvent être mortelles. BONNE NOUVELLE néanmoins : elles sont évitables dans 8 cas sur 10 grâce à une prévention active. par Annick Beaucousin
Une artère s’obstrue, et la vie peut rapidement basculer. Infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral (AVC)… Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité dans le monde. Contrairement à une idée répandue, elles ne sont pas réservées aux hommes, et touchent de plus en plus les femmes – conséquence de l’évolution de leur mode de vie, qui se rapproche de celui de la gent masculine (tabagisme, mauvaise alimentation, stress…). De surcroît, elles ont malheureusement la particularité d’avoir des artères plus fines et fragiles. Même si le risque d’être atteint de ces affections augmente en vieillissant, tous les âges sont concernés aujourd’hui. L’infarctus (également appelé « crise cardiaque ») survient en effet chez des personnes de plus en plus jeunes : dès la quarantaine, et parfois avant. Comment se produit-il ? Il survient lorsqu’un caillot de sang se forme dans une artère coronaire, la bouchant brutalement et empêchant une bonne oxygénation du cœur.
Pour l’AVC, le nombre de victimes jeunes croît aussi, avec des augmentations importantes dès 35 ans. Cet accident résulte du même mécanisme dans la grande majorité des cas : un caillot bloqué dans une artère empêche le sang d’irriguer le cerveau. Le défaut d’apport d’oxygène et de glucose aux cellules cérébrales peut ainsi aboutir à leur destruction, entraînant des séquelles neurologiques.
Il existe enfin une autre maladie des artères peu connue (pourtant fréquente) : l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs. De même, elle se déclare chez des personnes plus jeunes qu’auparavant, à cause notamment du tabagisme. Faute de traitement à temps, les artères des jambes se bouchant – car encrassées d’amas graisseux –, les conséquences peuvent être graves (ulcère, gangrène, voire amputation).
Réduire les facteurs de risque
En premier lieu, on pense à l’accumulation de cholestérol dans le sang. Le « mauvais » (appelé LDL) est responsable de réactions inflammatoires, pouvant causer la formation de caillots sanguins ou l’épaississement de la paroi des artères (athérosclérose). Mais on lui accorde souvent un peu trop d’importance : son taux ne prédit pas à lui seul le risque d’infarctus, il doit être interprété au cas par cas par un médecin, en fonction des données de chacun. En revanche, l’hypertension artérielle est un facteur de risque majeur – et même le premier pour l’AVC. La pression trop forte du sang dans les artères provoque leur vieillissement accéléré et augmente le travail du cœur, qui s’épuise. La tension doit ainsi rester sous 14/9. Être atteint de diabète est également un point noir pour les vaisseaux et accroît la mortalité. Attention, d’autre part, au surpoids qui gagne toujours du terrain. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le nombre de personnes obèses a presque triplé dans le monde depuis 1975 ! L’excès de graisse au niveau abdominal est particulièrement dangereux, puisqu’il entraîne la libération de substances inflammatoires dans le sang, lesquelles favorisent l’encrassement des vaisseaux, une tension trop élevée, un diabète…
Pour réduire ces facteurs de risque liés au mode de vie, et ainsi préserver ses artères, il est nécessaire d’adopter de meilleures habitudes. À commencer par l’alimentation, qui joue un rôle capital : il faut manger plus sainement, c’est-à-dire davantage de fruits et légumes (dans l’idéal, au moins 5 portions par jour), des fruits secs (amandes,
noix, noisettes…), du poisson deux à trois fois par semaine, et il faut privilégier les graisses végétales (huile d’olive, de colza). Les œufs ne sont pas néfastes, mais il est en revanche utile de réduire les graisses saturées (charcuterie, viande rouge, viennoiseries…), le sel (notamment celui caché dans les conserves, les plats cuisinés, le fromage…), et les sucres, pâtisseries, et autres boissons sucrées.
Éviter la sédentarité est également une priorité absolue. Pratiquer une activité physique assez soutenue – comme la marche rapide, tout simplement, qui est excellente – 5 fois par semaine pendant au moins 30 minutes permet de réduire de 35 % la mortalité cardiovasculaire prématurée. Et il faut prendre d’autres bons réflexes : monter par les escaliers plutôt que par l’ascenseur, se lever au moins 10 minutes toutes les 2 heures en cas de travail assis…
Le tabagisme est un autre fléau à combattre : il favorise la formation de caillots dans les artères et augmente le risque d’infarctus, même jeune. Chez les femmes, son association avec une contraception hormonale (pilule, patch, anneau vaginal) est très délétère à cet égard, et favorise également le risque d’AVC. L’arrêt du tabac est bénéfique à tout âge, car au bout de cinq ans, le risque d’accident cardiaque redevient le même que pour un non-fumeur. Enfin, il ne faut pas négliger l’impact du stress chronique, celui-ci accélérant le rythme cardiaque et faisant monter la tension artérielle. Le yoga, la méditation, la détente grâce à des loisirs sont donc conseillés.
Mais même avec une meilleure hygiène de vie, les contrôles chez le médecin sont essentiels. C’est lui qui pourra par exemple détecter des apnées du sommeil : survenant en général chez des personnes qui ronflent, ces brèves pauses respiratoires favorisent l’hypertension et exposent à un danger cardiovasculaire accru.
Reconnaître les symptômes et réagir vite
Savoir repérer s’il s’agit d’un problème d’artères, d’autant plus s’il y a des facteurs de risque, peut vous sauver la vie ou celle d’un proche. Une prise en charge rapide est déterminante pour limiter les séquelles.
Pour l’infarctus, c’est classiquement une douleur brutale en étau dans la poitrine, irradiant dans le bras gauche et la mâchoire. Chez les femmes, des symptômes souvent méconnus peuvent s’y associer : fatigue inhabituelle, douleur aiguë dans le haut du dos, entre les omoplates ou dans le cou, sensation récurrente de brûlures d’estomac, de nausées ou de vomissements, essoufflement progressif à l’effort, ou bien encore étourdissement soudain et sueurs froides.
Pour l’AVC, six signes doivent attirer l’attention : une paralysie, une faiblesse ou un engourdissement d’un côté du corps ; des difficultés à parler ; une déformation de la bouche ; une perte de la vision d’un œil ou d’une partie du champ visuel ; des troubles de l’équilibre, de la coordination ou de la marche ; ainsi qu’une céphalée atroce inhabituelle. En cas d’apparition brutale, même fugace, d’un seul de ces symptômes, il faut appeler les urgences.
Pour l’artériopathie des membres inférieurs, ne pas hésiter à consulter si l’on a mal en marchant, que ce soit dans le mollet, parfois dans la hanche, les muscles fessiers, ou au niveau de la voûte plantaire : la gêne ou la douleur apparaît au bout d’une certaine distance de marche, oblige à s’arrêter, puis disparaît après quelques minutes de repos. En tout cas, par chance, lorsqu’un problème d’artères est pris à temps, les progrès médicaux permettent de plus en plus de vivre normalement. ■
Attention aux crises de goutte !
LA GOUTTE est un rhumatisme inflammatoire provoquant des douleurs et un gonflement des articulations (souvent du gros orteil). De nouvelles données ont été publiées dans le Journal of the American Medical Association : ses poussées sont prédictives d’infarctus et d’AVC ! Le risque de survenue de ces accidents augmente temporairement dans les quatre mois qui suivent une crise. La corrélation entre les deux événements reste mal comprise, mais cela doit inciter les personnes concernées à être vigilantes.