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ÀLADETTE DU CLIENT

«JESUISPRÊTàdonnermon corpsetmavie pour qu’un plan existe !»,déclarait Faouzi Bensaïdi [voirson interviewen pp.76-81] en présentant sonnouveau film au Festival de Cannes en maidernier.Lecomédienetréalisateur marocain le prouve unefoisdeplusenlivrant unesorte de western loufoque en cinémascope,esthétiquementtrès maîtrisé. Il nous entraîneaux confinsduroyaume chérifienaux côtés de deux amis, employés parune agence de recouvrement, quinequittentjamaisleurcostumecravate et n’échangent aucunmot !Leduo taiseuxquitteCasapourles régionsdu Sudprofond,afinderécolterles remboursements d’échéances de clientspauvres et surendettés,dansdes villages àf lanc de montagne ou construits au milieudes sables du désert, d’unegrandebeautégraphique.Toutest soigné dans le cadre, sans gros plan ni coupure, carles plansséquences s’enchaînent, sans filet. Mais çan’empêche paslavie d’y faireirruption,aucontraire: on yobser ve avecdélectation toutel’absurdité de certainessituations. Lesdeuxcomparses vont ainsirécupérer au mieuxuntapis ou unechèvre, et poursuivreleurcollectechaotique àbordd’une guimbarde, atterrissant le soir dans unechambre d’hôtelmiteuse qu’ils partagentpourfairedes économies. Au bout d’uneheure, le film basculesoudain dans uneautre dimension,àla faveurd’une rencontre inattendue dans unestation-ser vice désaffectée. Le road movieburlesque se fait alorsplus abstrait et poétique, délaissant quelquepeu lesdeuxhommes de façonunpeu artificielle, mais pour mieuxréser verde nouvellessurprises,etsanssedépartir d’un regard critique surunmonde capitalistique en roue libre. Commecette séquence magnifique montrant unepetiteépicerie de quartier promiseàladémolition au milieud’unvaste programme immobilier.Àl’intérieur du vieuxcommercecoloréetpeu àpeu dépecé,l’épicierest joué parleréalisateur lui-même ! Unehistoiredansl’histoire,comme bien d’autres pistes dans ce film quel’onpeutréinventeràsaguise. ■ J.-M.C

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