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Faouzi Bensaïdi «Jefaisuncinéma d’humanité »

Déserts, sonnouveau long-métrage,est une odysséeàtravers le Grand Sudmarocain, entre western, comédie, critique socialeetsouffespirituel. Avec brio,leréalisateur et acteur revisite lesgenres et livreune œuvreréussie, horsdes sentiers battus.

propos recueillis par As tr id Kr ivi an

IlfilmeleMaroc, sonpays, commepersonne. Pour le cinéaste et comédien,les lieuxsont aussides personnageschargés d’unepuissancedramatique. Après Volubili s (2017),mélodrame social situéà Meknès,sav illed’enfance, Faouzi Bensaïdiprésente Déserts,oùilposesacaméradansleGrand Sudmarocain. Le pitch? ÀCasablanca, Mehdiet Hamidtravaillentpourune agence de recouvrement de crédits. Ilssont chargésdeserendredans desvillages reculés de cetterégionaride pour soutirer de l’argent àdes familles surendet tées.Lef ilm suit les péripéties et lesmésaventuresdeces antihéros,leurs rencontres avec despersonnages parfoisrocambolesques, leurs bouleversementsintimes et profonds,aufil de leur traversée du pays, dans l’immensitédeces paysages désertiques, entreergsetregs. Avec maestria, le réalisateurs’approprie et rev isitedes genres cinématographiques–western,comédie burlesqueousociale, romance… –etsigne uneœuv re singulière,déjouantles codes na rrat ifs, ex plorantles out ilsest hétiques. Dé sert s mêle des incursions oniriques, du soufflespirituel,durire, de l’absurde, de la mélancolie,dulyrisme…Cewestern mystique livreune critique cinglantedusystème libéraletcapitaliste quifragilise lesplusdémunis.Néà Meknès le 14 mars 1967,formé àl’Institutd’art dramatique et d’animation culturelle de Rabat, puis au Conser vatoirenationalsupérieur d’artdramatiquedeParis, Faouzi Bensaïdi amis en scèneplusieurs piècesdethéâtre.Son court-métrage La Falaise (sortieen1999)aremporté23prix dans desfestivals internationau x. Aprèsavoir coécritlescénariode Loin (2001), d’AndréTéchiné, il aréalisé sonpremier long-métrage, Millemois (2003),lerécit d’uneenfance dans l’Atlasdurantles années de plomb. Avec WWW:What aWonderf ul World (2006),ilarev isitélefilm noir américain àCasablanca, dans un st yledécalé. Sondrame, Mortàvendre (2013),ancré à Tétouan, aété récompensé àlaBerlinale et au Festival de Tanger. En tant qu’acteur, il ajouénotamment devant la caméra de NabilAyouch, Jacques Audiard, Meryem Benm’ Barekouencore DaoudAoulad-Syad. Sondernier film, Déserts, aété présenté à la Quinzaine descinéastes au Festival de Cannes cetteannée. Rencontre justeavant quel’artiste ne quitte Parispourseretirer dans ce désert cher àson cœur

AM : Comment estnéledésir de réaliser Déserts ?

Faou zi Bensaïdi : J’avaisenv ie de fi lmer le GrandSud marocain désertique depuis longtemps.Cette région estd’une beauté incroyable,millénaire, elle esttrèsinspirante. Il fallait attendre qu’une histoire naisse et rencontre ce désirde mettre en scène cetespace. Cesdécorsmerappelaientbeaucoup les grands wester ns amér icains. D’ailleurs,lagéographiemarocaineévoquecelle desÉtats-Unis, en plus petit. La traversée du pays offreune extraordinairerichessedepaysages, de flore, de fauneetdelumière –laMéditerranée, l’océan, lesgrandes rivières, lesforêts, le désert…J ’avais ce désirdedialoguer avec le western, mais,comme toujours dans moncinéma,pas d’une manièreclassique.J ’airev isitéquelquesséquences emblématiques appartenantà ce genre, commeces deux personnages réunis autour d’un feu, menant unediscussionintimiste. Le titre étaitdès le départ uneévidence. Car, nonseulement le film s’enfoncedeplusenplusdansceterritoire, mais il traverse des désertsdediversesnatures :intimes,économiques,mystiques… Qu ’est-cequi vous inspiredansces paysages d’immensité,immémoriaux ?Est-cepourinscrirevos personnages dansunlieuetuntemps quiles dépassent ?

Le rapportà la nature m’atoujoursintéressé. Je l’ai exploré dèsmon premiercourt-métrage La Falaise,j’aicontinuéavec monpremier long Millemoi s,avant de faireuncinéma beaucoup plus urbain.Avec Déserts, je rev iens àcethème,l’homme face àlanature, au mondequi l’entoure, et ce quecelarévèle. En étantdansdes espacesgrandioses, mespersonnages sortent de cesexpériences totalementchangés.Cen’est pasraconté explicitementdanslerécit,maisàtravers leur corpsetpar ces décors,cedésert. Meshérossereconnectentaveclemonde de manière très forte, plusv raie.Ils prennent conscience du futile de leur vie, de leur travail, et lesabandonnent

Vosdeux personnages principaux, Mehdi et Hamid, travaillent pourune agencederecouvrement de crédits. Ilssontchargés de soutirerdel ’argent àdes familles surendettéesdansdes villages très reculés.Qu’est- ce que leur métier raconteduMaroc d’aujourd’hui?

Ce n’estpas particulier au pays.Les agents de recouv rement,qui existent partout,nousplacent au cœur dessociétés actuelles. Ilspermettentdeparlerdemanière très détournéeet burlesquedelaconsommation, l’économie mondiale,lafinance, de cettefaçon de fairedel’argentsur le dosdes plus démunis. Notremonde fonctionne àladette d’unemanière démentielle. Ceux quiont desf insdemoisdif ficilespaientleplus, et les banques sont lesdébiteurs quigagnent beaucoup d’argent.Être en situationdesurendettementest le lot quotidiendebeaucoup de personnes, aujourd’huiplusque jamais avecl’inf lation.Certainsont pris descrédits parfoisdérisoiresetseretrouventàla finavecune pression énorme,car ilsnepar viennent pasà les rembourser.L’ubérisation du mondeest en marche.L’agence dans le film fonctionne ainsi :lapatronnepropose auxemployés de devenir desautoentrepreneurs.Adieu la sécuritéetles cotisationssociales!

Lorsqu’elle annoncecette ubérisation de l’entreprise,célébrant «lenouveau monde », les employés applaudissent… Effectivement.Les gens peuventapplaudir desdécisionsqui sont pourtant contre eux. C’estcomme si la conscience politique s’af faiblissait. La montée desdroites et desext rêmes droites en Europe m’interpelle.Biensûr quecen’est passeulement liéàcela, mais lesréseaux sociaux, et avanteux,latéléréalité n’ont-ilspas part icipéà unecer taineinconsciencecollective parrapport àcequi nous entoure? Àcediscours simplisteque d’aucuns applaudissent?

Déserts puisedansdifférentsgenres: la comédie, le western, la romance,lesocial… Qu’est-cequi amotivécechoix ?

Je l’ai fait sans conscience théoriqueforte,c’est naturel. Je ne connaispas le respectdugenre,jenesaispas ce quec’est. La vied’unhomme ne se limite pasàungenre.Quand il tombe amoureux,ilv it uneromance ;quand il perdunêtrecher, il estdansune tragédie ;quand il s’aventure dans deshistoires compliquées, il estprisdansunpolar ;quand il tombeamoureux d’unefemme fatale,ilest dans un film noir…Tousmes films ont mélangé divers st yles

Est- ce parceque,enfant, votrepère incarnait la version tragique de l’existenceetvotre mère, la comique?

On peut dire ça.Ils étaientdifférents dans leur manièrede voir la vie. Du côté paternel,tout avaitunsens, tout étaitsérieux. L’existenceavait quelquechose de grave, dans le bonsensdu terme: lesmotsetles gestes comptent,lav ie estcomme une suitedesymboles, de positionsetd’attitudes,avecune morale également, issuedesaculture de gauche,deces générations quiont connulaguerreetles grands mouvements politiques et sociauxdu XXe siècle.Etducôté de ma mère,c’était très léger Elletournaittoutendérision. J’ai dessouvenirsdefousrires.De monenfance,jegarde en effetces deux pôles, quiont sûrement participéàmav isionducinéma.Chaquechose peut être vue et vécuedemanièredifférente, sans quel’une annule l’autre.

Déserts montre -t-ilaussi des fractures sociales selon les territoires ?Lagrande précarité quisévit dans cesvillages reculés àl ’intérieur du pays?

Oui,hélas,cette économiemondialeenrichitles riches et appauv ritles pauv res. Partoutsur la planète, on assisteàcet abîme de plus en plus béantentre ceux àqui ce système économiqueprofite,qui amassent beaucoup d’argent,etceuxqui en ontdemoins en moins. Il ya uneraisontrèssimpleà cela :pour quecertainss’enrichissent, il faut qued’autress’appauvrissent ! Déserts se situeàlafoisaucœurdeCasablancaetses buildings etdansdes villages reculés,trèspauvres.Maiscette profonde disparitéexisteégalement àParis –entre lesbeaux quartierset ceux où sévitune grande précarité, parexemple. Le plus dur, c’estdes’habituer àcette situation.

Dansune scèneburlesque et mélancolique,vous incarnezunépicier quivoitson petitcommerce s’éteindre àpetit feu.Ilvenddes journauxque pluspersonne ne lit, et évoque avec nostalgie les élèves d’uneécole –désormaisdétruite –qui luiachetaient des sandwichs… Chez nous,l’épicier aune placeessentielle.Ilest liéàlavie du quartier,àses habitants, même dans lesgrandes villes,mais il estsûrementamené àdisparaître,hélas.Cen’est paspourrien que, justeavant,ily aune séquencedansungrand supermarché, avecdes superhéros issusdelaculture Marvel quidévorenttout. Cetteépicerie vitses derniers jours.C’est aussilepetit commerce de cinéma quejefais:uncinéma de proximité,d’humanité.

Cettescène racontelafragilité et la mélancolie d’un mondequi disparaîtauprofitd’unautre,qui appartient àl’agencedecrédits, au supermarché, àMar vel, àcette concentration desrichesses

Vous déclarez que la dimension politique de votrefilm réside avanttoutdansunengagement esthétique.C’est -à -dire?

Je suis parfoisagacé quelecinéma arabe, aujourd’hui, soit réduità sessujets, auxtabousqu’il soulève. On s’yintéresseet on l’applauditquand il estengagéencesens. Je n’aimepas que ce soit misenétendard. Et je m’inquièteque nous,cinéastes de cetterégion, soyonscantonnés de cettemanière.Jenesuis pascontre lessujets, c’estimportant,maisune œuvrenese résume pasà soncontenu! Moiaussi,jefaisdes filmsengagés, du côté de l’humain –onprendlacaméraparce quel’onest touché pardes choses et quel’onaenv ie de lesexprimer.Mais on choisitunmédium, le cinéma,etonest d’abordmetteur en scène! Nousproposons surlemonde et surcet artunregard de réalisateuret, donc,l’engagementesthétiqueetformeldu projet esttout aussiimportant.Jeréalise un film en dehors dessentiersbattus, quin’est passimpleaupremierabord,car il interrogesur le récit,lamanièrederaconterles histoires, le langagecinématographique,lafaçon dont repositionner lesplans,s’interdire le champ, le contrechamp, etc. Ce sont desprisesdeposition esthétiquesimpor tantes.Etsouvent, j’ai l’impression quel’onn’y prête pasattention.Comme si l’on nous attendaitsur lest hématiques,maispas surnotre travaildecinéaste.Toutartiste interrogeson artd’abord,non ?

Quandjelis un roman, j’aimel’histoirequ’il me raconte, ses personnages, mais je suis égalementsensibleautravail de la langue de l’écrivain,à sonrapport àl’écriture. C’estlamarque de sa singularité.

Pourquoiappréciez-vousautantleplanfixe que le mouvement de caméra ?

Ce sont desdynamiquesdifférentes,etjelefaispar pur plaisir. J’aimeautantêtredansune fixité,àl’intér ieur de laquel le je travai lle, quej’a ffec tion ne lesmouvementsde caméra,lesquelsamènent unepoésieforte et belle, unemusicalité au septième art. Depuis toujours,jesuis aussiému par le mouvementd’unplanque parlejeu d’un acteur.L’émotion esthétique d’un mouvementdecamérapeutmefairepleurer

Déserts portel ’audace d’une quasi -absence de gros planssur vospersonnages principaux…

Mercidel’évoquer.Celafaitpar tiedemon engagement esthétique.À uneépoque où touteune génération regarde desfilms surles téléphones portables, lesordinateurs,v ia des plates-formesdestreaming, le gros plan estdevenuunlangage dominant, et donc du dominantpar conséquent.J ’avais envied’utiliserlegros plan d’unemanière très particulière, et pour despersonnages qui, selon lescodes du récit classique, sont secondaires. Et doncpas forcémentpourles héros. Ce n’estpas cettedémarchequi estattendueaujourd’ hui. La consom mation desi magessur lespet itsécranspousse inconsciemment às’éloigner desplans larges.Or, moi, quand je fais un long-métrage, je pense àlasal le obsc ure, pasà l’écrannumérique

Il ya une séquencetrès onirique, presque mystique, lorsque l’évadéetsafemme prennent la route dans le désert, s’enfonçantdansl ’horizon noyé et aveuglé parlesoleil.Comment l’avez-vousimaginée ?

Est- ce là unefaçon de casser lescodes narratifs ?

Oui,car si l’on s’en tientauscénario, la scèneserésumeen unephrase: la voiturequittelev illage. Selon unedémarche conventionnelle, on pose la caméra et on filmelevéhiculepartir. J’en ai fait uneséquenceentière quiraconteautre chose: d’un simple plan de coupe, on inventeunétat, uneémotionet unerupture formelle.Personnen’attendàcequ’il dure autant, et c’estunpoint de basculedansl’histoire, un moment où tout chavire, àl’image également. Cettefumée,cette poussière,ces voix…Lefilm s’engage dans deschemins brumeux, mystérieux, où la poésie prendtoutencharge. Le surréalisme se superpose auréalisme, àl ’image de la viequi elle -mêmen’est pas cohérente, pour reprendrevos mots

Dé sert s prenddes libertés,comme la vieetles gens en prennent.Par exemple, pourquoi un long-métragedoit-il durer 1h 40 selon lesstandards ?Iln’y aaucuneraisonà cela. Je suis conscientdel’industrie, de l’économie,maisilfaudraitquand mêmelaisser un peuplusdeliberté.Etleseptièmeart permet beaucoup.C ’est là, la beauté de cetoutil.Àlag rammaire, je préfère la «dé-grammaire» cinématographique.Ilfautla questionner, sinononreproduit lesschémas quel’onvoitfonctionner, et ce n’estpas très intéressant. La mise en scèneest souveraine, c’estpar elle quel’oninterroge ce langage. «Seules,les histoires n’existent pas»,déclare l’un de voshéros.Vouspartagez cetteidée?

Oui.Cette phrase raconteunmomentdufilm, mais également le métier de cinéaste.J ’aileplaisir de broder deshistoires,différentsniveaux de jeu.Les premièressontfragiles, ellesexistentquand on lespar tage.Quand l’un raconte, et quel’autre écoute. C’esttrèsbeaucerapport de l’humanité au récit,auconte,à ce médium,à l’ar tengénéral. Comment s’ef fectue votretravail avec lesacteurs?

Cela se fait àdeuxniveaux.Lorsdupremier, commece sont souventdes comédiensaveclesquelsjetravaille depuis un moment,jepeuxtrèsbienécrireenpensant àeux.Çaaide. Le second, c’estquand on mène ensemble un travailautour du film,faitd’improvisations, pasforcément de répétitions de scènesécrites du scénario. J’aimeles à-côtésetconstruire aveclamarge

Le cinéma est- il un moyend ’exprimer votrefoi en l’humain ,malgrétout?

Effectivement.Lecinéma fait partie de mescroyances,j’ai envers luiune foicomme peut connaîtreunhomme religieux. Cettefoi dans l’humanité,cet amourdel’autre malgré tout, peuventparaîtrenaïfs,maisc ’est très présentenmoi.L es êtressont aussimagnifiquespar leur faiblesse. Une dimension spirituelle irriguejustement cer tains momentsdufilm,avecces grandsespaces désertiques, ce soleil filmé de face,éblouissant, cette musiquemystique et méditative de Dhafer Youssef

C’esttrèsjuste.C ’était conscient. Filmer le soleil de face n’estpas un hasard.Etdanslasecondepar tie, la présence de la nature,laplace différentedel’animal établissentune reconnexion avecunmonde d’avantlaparole. La séquenceavecles exilés en transitenplein désert démontrel ’absurdité de notremonde.C ’est impor tant d’insu fflerdurireàpar tirdedrames?

La beauté du burlesqueest sonélégancedansledésespoir, cetteidéequ’il vaudrait mieuxenrire. On voit ainsimieux les choses,onest même prêtsàles accueillir.Leburlesque permet d’affronterdes événements plus difficiles,pluscompliqués. Pourquoi vous intéressez -vousà ce quel ’onnomme les antihéros ,des personnages un peumarginalisés , qui n’appar tiennent pasàlaclassedes dominants?

C’estmon af fection pour lesperdus. Je su is toujou rs très touché parles gens àqui la vien’a passouri.Celam’intéressebeaucoupplus. Lest rainsqui ar rivent àl’heure ne racontentpas d’ histoi res. Cel les- ci commencent quandi ls sont en reta rd.L es person nesqui traversent desmoments de viecompliqués,aveclesquelselles doiventnégocier, sont beaucoup plus attachantes. En quoileMaroc est- il votreterre d’imagination ?

Je fais du cinéma parceque ce pays aimprimé ma rétine. Pendantlongtemps,j ’éta is persuadé qu’onava it plus de chance de devenir réalisateursil’ong ra ndissait da ns une villedotée de cinémathèque,desallesobscures, de musées… Nous,nousdev ionsnousbattreunpeu plus,aller chercher desproductionsc ulturelles quinenousétaient pasaccessibles.Maisaveclerecul,jeconstateque toutelabeautéde ce pays,deses habitants, toutes seshistoires,toutlemélange incroyable entredes choses millénaires,une tradition forte, ancien ne,etune ouvert uremoder ne,ont formémon œi l. Peut-êtrequ’ilsforgent plus profondément le regard quela cult ure, laquelle estrat trapable.Jereste donc très liéàce pays quim’inspire Comment dialoguez-vous avec l’histoire du cinéma marocain,relativement jeune –lepremierlong -métragedatantde1958?

Et est- ce unelibertéouunpoids?

Nousavons connudes réalisateurs intéressants,maisil n’yapas eu de courantartistiquet rèsfor tetécrasantqui s’estimposéàlajeune génération.EnFrance, un cinéaste qui arrive aprèslaNouvelleVague doit se positionnerpar rapport àelle, proposer d’autres choses.Nous, nous av ionslaliber té d’un en fa nt sauvage, pour ai nsidire, c’étaitpassion na nt. Cetteabsence de «pères »nousalaisséune ouverturepour dialog ueri ntensément avec d’autres ma ît resi magi na ires, très différents.

Quel estlepouvoir du cinéma ?

Il ne peut pasc hangerlemonde,maisilpeutc hanger la vied’unhomme.C ’est déjà énorme,trèsfor t. Il véhicule desengagementspolitiques et esthétiques. Mais voir un film porter un discours progressiste alorsque sa formenel’est pas m’interroge…Ilfautque l’ensemble soit engagé.Uncinéma quidonne la libertéauspectateur, parexemple,sedistingue fortementdecelui quilemanipule. ■

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