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ALGER LA BLANCHE

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MAUDITE PALME…

MAUDITE PALME…

« POURQUOI ON L’APPELLE Omar la fraise ?

– Parce qu’il opère comme les dentistes, dzzzi dzzziii… » On imagine la torture, mais ce n’est qu’une des différentes explications du surnom porté par ce truand parisien venu se réfugier dans son pays d’origine. Pour échapper à une lourde condamnation en France, il s’installe dans une luxueuse villa sur les hauteurs d’Alger avec Roger, son ami d’enfance, en cavale avec lui. Seul un écran géant meuble la maison, dont la piscine en travaux demeure désespérément vide. Roger va tenter de sortir Omar de la déprime et de l’ennui, et ils vont rapidement nager dans la cocaïne et les billets… bientôt rejoints par une ouvrière au caractère bien trempé, incarnée par l’excellente Meriem Amiar. Le duo masculin, c’est Benoît Magimel en bandit parigot à la Audiard et Reda Kateb au look de Travolta dans Pulp Fiction… On est d’ailleurs dans un film de genre parfois ultra-violent, où l’hémoglobine et la poudre blanche se répandent sans limites et sans morale. C’est aussi une plongée dans l’Algérie d’aujourd’hui comme on la voit peu dans le cinéma grand public, assortie de visites nocturnes dans des lieux insoupçonnés où l’on se toise du regard sur fond de Julio Iglesias. Une immersion réussie jusqu’au cœur d’une cité pauvre qui domine le quartier populaire de Bab El Oued et rappelle l’ambiance napolitaine de Gomorra. Il faut dire que le metteur en scène, francoalgérien, a longuement travaillé ce premier film (après le clip du titre « Disco Maghreb » de DJ Snake, tourné dans le même quartier, et le court-métrage Un jour de mariage, remarqué à Cannes en 2018, déjà sur le spleen d’un voyou à Alger) : sept ans d’écriture, deux ans d’ateliers théâtre avec de jeunes Algérois désœuvrés, qui ont un rôle central dans le scénario. Le cinéaste joue sur les contraires, entre le grouillement de la capitale et les échappées dans le désert, entre les caractères hauts en couleur des personnages et leurs émotions en montagnes russes, mélange d’exubérance et de pudeur. Une tragicomédie très méditerranéenne, portée par un duo d’acteurs virtuoses. ■ Jean-Marie

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