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MAUDITE PALME…

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Mille Desirs

Mille Desirs

Le sujet fait de plus en plus jaser dans le milieu. Un peu à juste titre. On dénonce une opération « bashing » du cinéma africain en Occident, plus particulièrement en France, et encore plus précisément à Cannes, où a lieu chaque année le prestigieux festival de cinéma international. Car en mai dernier, tous les espoirs étaient permis, avec deux longs-métrages issus du continent en compétition pour le Graal : Les Filles d’Olfa, de la Tunisienne Kaouther Ben Hania, et Banel et Adama, de la Franco-Sénégalaise Ramata-Toulaye Sy. Premier film tunisien en compétition depuis 1970, et premier sénégalais depuis 2019. En gros, moins d’une quinzaine de films africains, du nord au sud, ont été en lice pour la Palme depuis le début du festival en 1946… Et un seul l’a gagnée, en 1975 : Chronique des années de braise, de l’Algérien Mohammed Lakhdar-Hamina ! Depuis, que des espoirs déçus, dont ceux d’Abderrahmane Sissako en 2014, Mati Diop en 2019, Nabil Ayouch et Mahamat-Saleh Haroun en 2021. Bref, que se passe-t-il ? Les films du continent n’intéressent-ils personne ? Sont-ils vraiment à la hauteur des critères et des attentes internationales ? Le débat est ouvert. Et soyons francs, pour un cinéma qui n’est distribué nulle part et tourne de festival africain en festival africain, comment s’étonner d’une telle situation ? Mais au-delà d’un « bashing » des images issues du continent, fort peu motivé à mon sens, on doit plutôt s’interroger sur la question financière et commerciale.

Le nerf de la guerre, on le sait, c’est l’argent. Or, les budgets alloués à ces longs-métrages sont faibles, et s’affaiblissent d’année en année. Les circuits de distribution, y compris en Afrique, ont exclu les images locales suite à la fermeture des salles les unes après les autres. Résultat : le nombre de productions baisse aussi, faute de moyens. Phénomène corollaire, les États africains ne soutiennent pas, ou moins – voire plus du tout – leurs images. Autres priorités, coups d’État, pauvreté, etc. Et les producteurs privés ne se bousculent pas au portillon non plus. Pourquoi financer des films qui ne sont pas reconnus, vus, distribués ? Et le serpent se mord la queue.

Après, on peut voir le positif : deux films africains sélectionnés en 2023, même sans prix, au final, c’est un bon signe. Signe qu’il faut s’accrocher, continuer à présenter des films toujours meilleurs et, un jour, l’un d’entre eux s’imposera. Et un « jury des jurys » cannois montrera, comme en 1975, qu’a priori, on n’a rien contre l’Afrique, ses sujets, son univers, sa manière de filmer. Mais là encore, ce sera à elle de convaincre. Et au continent entier, privé comme public, de soutenir son 7e art avec carrément plus de vigueur. ■

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