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AFRICAN QUEEN

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MAUDITE PALME…

MAUDITE PALME…

SÉRIE Netflix a fâché l’Égypte en produisant un docu-fiction mettant en scène une CLÉOPÂTRE NOIRE…

L’IDÉE ÉTAIT ASSUMÉE dès le départ par l’historienne afro-américaine Shelley Haley, se rappelant les paroles de sa mère : « Quoi qu’on te dise à l’école, Cléopâtre était noire. » Un documentaire de la BBC en 2009 avait d’ailleurs repris cette thèse sur la base de nouvelles découvertes. Dans le docu-fiction produit par Jada Pinkett Smith pour Netflix, la dernière pharaonne, issue de la dynastie d’origine grecque des Ptolémées, est incarnée avec autorité par la comédienne métisse britannique Adele James, « un choix politique » a expliqué depuis la réalisatrice Tina Gharavi. Interventions d’historiens et reconstitutions alternent efficacement pour raconter son épopée, entre péplum et diplomatie d’alcôve…

Mais les autorités du Caire n’ont pas apprécié que l’on utilise ainsi « leur » reine et ont fait la promotion du documentaire Cleopatra, de Curtis Ryan Woodside, sorti le même jour sur YouTube. Le cinéaste égyptien Mahmoud Rashad y souligne que « se référer ainsi à une culture ou une civilisation noire a surtout à voir avec l’histoire américaine, pas avec l’histoire de l’Afrique ». Ce qui n’enlève rien à l’intérêt de cette série en 4 épisodes, qui rappelle que la fille de Cléopâtre a épousé le roi de Maurétanie (ancien royaume du Maghreb) et est devenue, à son tour, une authentique reine africaine. ■ J.-M.C. LA REINE CLÉOPÂTRE (États-Unis), de Jada Pinkett Smith. Avec Adele James, Craig Russell. Sur Netfl ix.

Documentaire

La Rencontre Du Faussaire

QUAND ON TAPE sur Facebook le nom d’Armel Hostiou, on tombe sur deux profils pour le même homme, un réalisateur français installé à Paris, breton d’origine. Sauf que l’un des deux comptes est un faux, avec de vraies photos du cinéaste, mais conçu par un petit malin promettant des séances de casting à Kinshasa pour un projet de film, dans le but d’attirer de jeunes et jolies comédiennes… Un bon début de scénario qui décide le vrai Armel Hostiou à partir à la recherche du faussaire. Autant « chercher une fourmi dans la forêt », lui dit-on à son arrivée dans la résidence d’artistes du quartier de Matonge qui l’accueille. Une quête impossible commence dans la mégapole, progressant au fil des rencontres sur la piste de ce double, tournant au polar

COURTS-MÉTRAGES

et se poursuivant parfois en caméra cachée… Quel but, quel trafic possible derrière tout ça ? Qui manipule qui ? Le cinéaste nous embarque avec lui dans un suspens très réussi, à la rencontre des victimes de la supercherie et à la poursuite des responsables… On notera les superbes plans de soleil couchant sur Kinshasa pris de l’intérieur d’une voiture, tant il faut rouler longtemps dans cette immense agglomération pour traquer l’usurpateur… Et l’attitude très éthique du réalisateur, qui s’est fait un point d’honneur à « ne jamais être dans une position surplombante ou de juger » : « Mon optique était toujours de comprendre. » Un voyage plein de surprises… ■ J.-M.C. LE VRAI DU FAUX (France),d’Armel Hostiou. En salles.

LES NOUVEAUX GRIOTS À l’heure

où les traditions orales se perdent sur le continent, Netflix et l’Unesco se sont alliés pour réinventer les contes africains sous forme de courts-métrages. Un concours a vu affluer 2 000 candidatures pour six projets retenus et financés avec d’importants moyens (100 000 dollars chacun). Parité respectée entre ces cinéastes émergents, même si les femmes sont au cœur des scénarios. Des récits qui empruntent à tous les genres, du western à la SF, pour mieux y introduire des personnages de légendes transmises de génération en génération. Une divinité zouloue des rivières, le Djinn du désaccord (titre du très beau film du Mauritanien Mohamed Echkouna, seul francophone), un oiseau de pluie, ou même un ogre au cœur de violences conjugales, puisent dans un imaginaire commun à tout un continent, mis à la portée de 190 pays via la plate-forme de streaming. ■ J.-M.C.

CONTES POPULAIRES AFRICAINS RÉINVENTÉS (Unesco), de Loukman Ali, Korede Azeez, Voline Ogutu, Mohamed Echkouna, Walt Mzengi Corey et Gcobisa Yako. Sur Netflix. DR

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