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C’EST COMMENT ? Jeunes, oui mais

PAR EMMANUELLE PONTIÉ

JEUNES, OUI MAIS…

Un premier constat semble faire l’unanimité : le nouveau coronavirus se répand moins vite en Afrique qu’ailleurs. Dans un contexte où les plus grands virologues tâtonnent encore devant ce fléau tout nouveau, pas mal d’hypothèses sont déjà avancées : le virus n’aimerait pas la chaleur, l’épidémie aurait commencé plus tard sur le continent et les frontières auraient été fermées plus vite, les échanges entre l’Afrique et le reste de la planète seraient moins denses, ou encore les Africains seraient surentraînés aux infections en tout genre… Il y a sûrement un peu de vrai dans tout ça. On peut ajouter des raisons liées aux réalités sociales, comme le fait de ne pas consulter, de ne pas se faire tester et d’échapper aux statistiques officielles, peut-être un peu sous-évaluées. Mais la raison la plus probable, qui tient la route sur le plan scientifique, et presque mathématique, c’est notre courbe des âges : 62 % de la population a moins de 25 ans, avec un âge médian qui tourne autour de 19,5 ans. Excellente nouvelle… Le Covid-19 préfère s’attaquer mortellement aux « anciens », et la vitalité de la jeunesse africaine se présente comme un rempart salutaire. Sûrement, mais il faudrait quand même faire super attention. Parce que les moins de 30 ans sont clairement les moins prudents. Leur protection se résume souvent à un concours de frime avec des masques customisés, qu’ils arborent dans les lieux publics, les bars parfois restés ouverts, ou chez leurs potes, bien collés les uns aux autres, autour d’un plat africain commun ou d’un casier de bières. Bref, les gestes barrière ne sont pas bien rentrés dans les mœurs, et ils continuent souvent de penser que c’est un virus qui vient d’ailleurs, qui ne les concerne pas, etc. Par ailleurs, selon pas mal de médecins locaux, l’état de santé général laisse souvent à désirer, et même les jeunes pourraient finalement être fragilisés face au Covid-19. Et pâtir, comme tous, d’une prise en charge qui deviendra de plus en plus compliquée au fur et à mesure que les cas augmenteront. Car même lentement, ils augmentent quand même régulièrement. Enfin, chez nous, les gens âgés ne sont pas « parqués » dans des maisons de retraite comme ailleurs, où la contamination entre eux va bon train. Et tant mieux. Ils vivent dans les familles, mais justement, au contact… des enfants, des ados, de cette jeunesse peut-être « protégée », mais qui peut aussi contaminer les aînés. Pour toutes ces raisons, et surtout l’incertitude sur l’avenir, ce serait bien que les jeunes se responsabilisent un peu plus. Pour les autres, et pour eux. Afin que l’Afrique évite de sombrer dans la crise sanitaire mondiale du Covid. La gifle économique majeure qui en découle la touche déjà de plein fouet. C’est suffisant, non ? ■

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