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ON EN PARLE
C’est maintenant, et c’est de l’art, de la culture, de la mode et du design ON EN PARLE
MUSIQUE SANTROFI PASSION HIGHLIFE !
Révélé sur scène, le groupe ghanéen sort son premier album, un CONDENSÉ D’ÉNERGIE nourri de highlife, d’afrobeat et de traditions caribéennes.
Irrésistible.
DANS LA MYTHOLOGIE des peuples Akan, le santrofi est un magnifique oiseau au plumage coloré. Il est interdit de le mettre en cage car le malheur pourrait s’abattre sur la maison. En revanche, le voir voler dans le ciel est un signe de chance… Il était donc plutôt de bon augure pour ce groupe de se baptiser de ce nom. Ils ont enflammé des festivals anglais, portugais, danois ou finlandais, avant de parfaire ce premier album, qui s’ouvre sur l’enthousiasmant et percussif « Kokrokoo ».
Les huit Ghanéens se sont rencontrés à Accra il y a plusieurs années, en tant que musiciens de studio pour Nana Ampedu, Ebo Taylor, Gyedu-Blay Ambolley, Sarkodie ou encore 2Face Idibia, Richard Bona… Tous les inspirent aujourd’hui dans leurs compositions. « Nous avons décidé de former un collectif et d’écrire nos propres chansons afin de poursuivre l’héritage de la musique highlife », explique le bassiste et producteur Emmanuel Ofori. Tout est groovy, pulsatile, funky et flamboyant, et rappelle où se trouvent les racines de l’afrobeat : dans le highlife. Même si une ballade comme « Mobo » s’avère plus downtempo…
« Aussi rafraîchissant que soit le son highlife, il n’est pas assez connu. La plupart des jeunes ne s’y intéressent pas, car ils le pensent destiné aux générations antérieures. Sur Alewa, on trouve cependant des rythmes inexploités, de superbes mélodies indigènes et des paroles positives dont le monde a besoin aujourd’hui. Nous voulons être les ambassadeurs de ce genre et le rendre aussi populaire que le reggae, le hip-hop ou le funk ! » précise Ofori.
Quant au nom de l’album, il s’agit d’une métaphore se référant à un bonbon ghanéen aux rayures noires et blanches. Un joli symbole de tolérance interraciale… Quand on demande à Ofori s’il a un message à faire passer, il répond simplement : « L’amour, le positivisme, l’unité, la reconnaissance, le karma. » Tout ce dont l’on a besoin en ce moment. ■ Sophie Rosemont SANTROFI, Alewa, OutHere/L’Autre distribution.
En ces moments si durs d’épidémie et de distanciation sociale, une belle sélection quand même, pour penser à autre chose, lire, écouter, regarder, s’évader.
DES GARÇONS ENCORE VERTS En pleine Normandie, un JEUNE GUINÉEN construit une case… et une belle amitié avec un petit autochtone. DOCU
ALHASSANE, 17 ans, est hébergé par des familles d’accueil dans le nord-ouest de la France, après deux ans d’un éprouvant voyage depuis son pays, la Guinée Conakry. En voix off, il raconte en malinké les geôles libyennes, la traversée de la Méditerranée, les embûches administratives et judiciaires… Mais à l’écran, on ne voit que des champs de lin et de verts pâturages. Un décor bucolique dans lequel Alhassane noue une belle amitié avec Louka, 13 ans. Ils se mettent alors à construire une cabane qui ressemble à une case de la savane africaine.
La réalisatrice Ariane Doublet a évité tout ce que l’on a déjà vu dans les films qui évoquent l’expérience des migrants venus d’Afrique subsaharienne. Pas de camps, pas de policiers, pas de juges. Mais un dialogue permanent et tout simple entre ces deux jeunes garçons de cultures bien différentes, qui apprennent à se connaître. Au milieu des vaches, des lapins et des renards, dans ce paysage rural en bord de mer, on croise quelques habitants dont le regard sur ce grand ado noir est particulièrement bienveillant. Alhassane a fui son pays, sa condition, et va pouvoir s’émanciper. Il veut devenir mécanicien. Et français. « Je veux une vie tranquille », dit-il. C’est aussi une belle ambition. ■ Jean-Marie Chazeau
GREEN BOYS (France), documentaire d’Ariane Doublet.
Disponible sur les plates-formes de VOD.
SOUNDS À écouter maintenant !
Ici, les origines sont diverses : Sénégal pour Axel, La Réunion pour Yann, Madagascar pour Arnaud, Italie pour Vincent. Ce qui s’entend dans une musique pop mais boostée par des influences rock, afrobeat ou hip-hop. Composé d’instrumentistes et arrangeurs capables de produire leurs propres chansons, ce quatuor basé en banlieue parisienne n’a pas fini de nous faire danser. d d
Amarula Café Club
Vol.II, Zuma Records ❶
Pour son quatrième album, Stephen Lee Bruner, alias Thundercat, réussit de nouveau à nous embarquer dans un trip afrofuturiste. Entre funk, jazz, electronica et hip-hop, It Is What It Is est produit aux côtés de son meilleur ami, Flying Lotus, et invite pléthore de cadors de la scène US actuelle : Childish Gambino, Kamasi Washington, Steve Lacy… Un disque à la fois intime et interstellaire.
Thundercat
It Is What It Is, Brainfeeder Records ❷
Ce duo londonien formé par K.O.G. (Kweku of Ghana) et Tom Excell (du groupe Nubiyan Twist) a recruté le batteur Finn Booth et le claviériste Dwayne Kilvington pour enregistrer cette mixture d’obédience ghanéenne. Sur un terreau électropop se mêlent synthés, kora, sanza, percussions et guitares soukous. En langue akan, « onipa » signifie « humain ». Ce qui va parfaitement avec la chaleureuse empathie de la musique du groupe. ■ S.R.
Onipa
We No Be Machine, Strut Records ❸
CINÉ
Le nouvel opus de la saga 007 est finalement prévu pour novembre.
SORTIR PEUT ATTENDRE Le COVID-19 aura provoqué la fermeture des salles obscures et le report de plusieurs festivals majeurs. Résultat, de nombreux films voient leur programmation décalée à 2021, voire plus loin encore !
LE TITRE DU NOUVEAU JAMES BOND était prémonitoire ! Le nouvel opus de la saga 007, Mourir peut attendre, devait sortir en avril partout dans le monde, mais ce sera finalement le 11 novembre. Il faudra donc patienter avant de voir comment le célèbre agent secret va reprendre du service, après s’être retiré en Jamaïque et avoir été remplacé à Londres par une femme noire et plus jeune (incarnée par la comédienne britannique Lashana Lynch)… Parmi les autres blockbusters déprogrammés, Maverick, la suite de Top Gun, prévue en juin, arrivera finalement en décembre – trente-quatre ans après le premier épisode, nous ne sommes plus à quelques mois près.
Chez Disney, Mulan version live action, prévu fin mars, arrivera sur les écrans avec quatre mois de retard, en juillet. Et pour les héros Marvel, Black Widow sera visible en octobre au lieu d’avril, tandis qu’Eternals a vu sa sortie décalée de novembre 2020 à février 2021. Les reports vont parfois encore plus loin : le nouvel Indiana Jones, calé sur juillet 2021, est désormais très précisément annoncé pour le 27 juillet 2022 !
Côté français, la Gaumont a reporté à la fin de l’été le vrai-faux documentaire Tout simplement noir, de Jean-Pascal Zadi (auteur de Black Snake, la légende du serpent noir) et John Wax, une comédie prenant à rebrousse-poil aussi bien les racistes que les communautaristes…
On guettera également la sortie du nouveau film de Haifaa al-Mansour, la première réalisatrice saoudienne (Wadjda, 2012) : après un film américain (Mary Shelley, 2017), elle a tourné dans son pays The Perfect Candidate, mettant en scène une femme s’engageant en politique. Prévu en avril, le film devrait être dans les salles européennes en août.
Par ailleurs, beaucoup de tournages ont dû être interrompus ou n’ont même pas pu commencer à cause des mesures de confinement à travers la planète… C’est le cas pour celui d’Abderrahmane Sissako : le cinéaste mauritanien, dont la dernière réalisation, Timbuktu, remonte à six ans, devait filmer en avril les premières scènes de La Colline parfumée en Afrique et… en Chine ! ■ J.-M.C.
LITTÉRATURE LA FORCE DES MOTS Une sélection d’ouvrages intemporels, à DÉCOUVRIR ou à redécouvrir. Le temps du confinement. par Catherine Faye ROMANS BANDES DESSINÉES PHOTOS LECTURES GRATUITES LE COMTE DE MONTE-CRISTO Alexandre Dumas, Le Livre de Poche, 2 tomes, 780 p. et 800 p., 7,40 €. Une vengeance implacable, du château d’If aux salons parisiens, en passant par la Méditerranée des contrebandiers. 1984 George Orwell, Gallimard, 384 p., 21 €. Liberté est servitude. Ignorance est puissance. Telles sont les devises du régime de Big Brother. À relire de toute urgence. ORLANDO Virginia Woolf, Le Livre de Poche, 352 p., 7,70 €. Les aventures insolentes d’un héros protéiforme qui traverse trois siècles, en se réveillant tour à tour homme ou femme. LES CHUTES
Joyce Carol Oates,
Points, 576 p., 8,50 €. Veuve après sa nuit de noces, Ariah est victime d’une impitoyable malédiction ancrée dans l’Amérique des années 1960. 50 IDÉES REÇUES SUR L’ÉTAT DU MONDE
Pascal Boniface,
Armand Colin, 144 p., 9,90 €. Les jugements à l’emporte-pièce ne résistent pas à l’examen scrupuleux du géopolitologue. 21 LEÇONS POUR LE XXI E SIÈCLE
Yuval Noah Harari,
Albin Michel, 384 p., 23 €. L’auteur de Sapiens propose des réflexions sur les grands défis et les sujets fondamentaux de notre ère. AFRICA STATE OF MIND Ekow Eshun, Thames & Hudson, 272 p., 45 €. Avec plus de 50 artistes, la jeune génération capture en images ce qui fait l’essence de son continent. DE SANG-FROID
Truman Capote,
Folio, 512 p., 9,70 €. Inspiré de faits réels, un récit troublant sur le processus qui mena deux marginaux à tuer quatre personnes dans le Kansas. DISPONIBLES EN LIGNE ESSAIS CORTO MALTESE, LES ÉTHIOPIQUES Hugo Pratt, Casterman, 96 p., 18 €. HABIBI Craig Thompson, Casterman, 672 p., 29 €. LES PASSAGERS DU VENT François Bourgeon, Delcourt, 240 p., 39,50 €. LE PREMIER HOMME Jacques Ferrandez, Gallimard, 184 p., 24,50 €. PRÉFÉRENCE SYSTÈME Ugo Bienvenu, Denoël, 168 p., 23 €.
Des nouvelles du monde entier, sur zulma.fr. Un texte inspirant, tous les trois jours, des éditions 1 001 Nuits, sur fayard.fr.
Lubiana nous fait voyager Elle vient de Bruxelles, joue de la kora malienne et a enregistré en Californie… NÉO SOUL
C’EST AUPRÈS DE TOUMANI DIABATÉ, l’un des plus grands joueurs de kora malien, que la chanteuse a appris ce merveilleux instrument, peu pratiqué par les femmes car il se transmet de père en fils. Voilà déjà une preuve du caractère bien trempé de Lubiana, née d’une mère belge et d’un père camerounais, en contraste avec le velours qui lui sert de voix. On l’entend tout au long de ses chansons, enregistrées à Los Angeles avec Om’Mas Keith, producteur habitué d’Erykah Badu, Kanye West ou Frank Ocean. Entre pop contemporaine et soul acoustique, son premier EP, Self Love, est à la fois contemplatif et solaire : dotée d’une voix d’or, Lubiana s’y met à nu, revisite ses racines et son éducation, tout en voyant large au présent. À suivre de près. ■ S.R. LUBIANA, Self Love, 6&7.
SELF MADE (États-Unis), série de Nicole
Asher. Avec Octavia Spencer, Blair Underwood. Disponible sur Netfl ix.
SÉRIE Le charisme d’Octavia Spencer sert l’histoire de cette success-story méconnue. DE L’OR EN BARRETTES L’incroyable et authentique parcours d’une FILLE D’ESCLAVES devenue millionnaire dans l’Amérique du début du xx e siècle.
MADAME C.J. WALKER a été la première femme autodidacte multimillionnaire aux États-Unis… et elle était afro-américaine : un exploit en 1910 ! Cette mini-série en quatre épisodes raconte comment cette fille d’esclaves, blanchisseuse, a créé un produit pour les cheveux des femmes noires qui a rencontré un succès fulgurant. Elle l’a d’abord vendu sur les marchés, avant de construire et de diriger une usine pour fabriquer toute une gamme ! Créant ainsi un véritable empire avec son armée de vendeuses et ses succursales. La reconstitution soignée et le charisme d’Octavia Spencer (oscarisée en 2012 pour son rôle dans La Couleur des sentiments) servent l’histoire de cette success-story méconnue. Mais l’on n’en dira pas autant du choix de la musique, anachronique, et des effets de mise en scène dignes d’une telenovela. ■ J.-M.C.
ONLINE
Le Centre cinématographique marocain diffuse sur son site un programme de 25 longs-métrages.
Le ciné à la maison EFFET COVID-19 : ironiquement, la fermeture des salles de cinéma entraîne une nouvelle visibilité pour les réalisateurs africains grâce à Internet… Le site lacinetek.com a eu la bonne idée de demander à des cinéastes de lister leurs films favoris : le Tchadien Mahamat-Saleh Haroun, par exemple, propose de visionner une rareté de sa compatriote, Zara Mahamat Yacoub, Dilemme au féminin, entre un Chaplin et un Tarantino. Les festivals prennent également le virage, faute de pouvoir organiser des projections : la plate-forme tunisienne artify.tn a accueilli le deuxième Gabes Cinéma Fen, dédié au cinéma arabe indépendant. Solution choisie aussi par Vues d’Afrique, au Québec, sur tv5unis.ca. Quant au Centre cinématographique marocain, il propose sur son site, ccm.ma, jusqu’à la fin du Ramadan, un programme de 25 films, des Chevaux de Dieu de Nabil Ayouch à Mort à vendre de Faouzi Bensaidi. ■ J.-M.C.
L
d s T Z p a
Nnamdï Aussi hybride qu’inventif HIP-HOP
L’Américain nous livre une musique entre ACOUSTIQUE ET ORGANIQUE. Formidable.
« BRAT » SIGNIFIE, EN ANGLAIS, « ENFANT GÂTÉ », et en effet Nnamdi Ogbonnaya n’a pas été privé en matière de talents musicaux. Dans ce deuxième album, ce multi-instrumentiste américain d’origine nigériane mêle avec une impressionnante dextérité hip-hop, gospel, folk, mélopées ouestafricaines, funk, électropop… Un titre comme « Gimme Gimme », dont le gimmick est irrésistible, s’impose comme l’un des tubes du printemps : groovy, malin, expérimental mais accessible.
Basé à Chicago, Nnamdï a fondé son propre label, Sooper
Records, et s’active avec enthousiasme sur la scène locale. Ce qui ne l’empêche guère de se plonger dans une autoanalyse qui se retrouve dans Brat, où il explore ses ressentis d’artiste et d’adulte face au rythme saccadé d’un monde qui tourne souvent beaucoup trop vite. Ainsi, on est saisi par l’émotion de « Flowers To
My Demons », servi de guitare sèche et d’autotune, ou par l’intensité de « Everyone I Loved ». ■ S.R.
NNAMDÏ, Brat, Sooper
Records/Secretly Canadian
Distribution.
L’AUTO-ÉDITION permet aujourd’hui aux auteurs de se libérer des contraintes éditoriales. Les « repérer » est néanmoins plus compliqué. Mais à la faveur d’un contexte exceptionnel, tel que nous le vivons, il est possible de trouver en ligne des textes inédits de qualité, des auteurs méconnus. En voici deux exemples. ÊTRE AU MONDE, ÊTRE DANS LE MONDE
ENTRE ACCEPTATION ET RÉSILIENCE C’EST UN ÉCRIVAIN ÉTONNANT qui nous offre ce court texte, annonciateur de bien d’autres productions. Partis de rien est le premier tome d’une série intitulée « Mon petit livre », et c’est aussi le premier roman de Kabirou Owolabi, qui nous raconte son histoire avec pudeur. Le récit se déroule dans un « pays d’Afrique de l’Ouest » dont on devine qu’il s’agit du Nigeria : on y suit un enfant meurtri par la séparation de ses parents, constamment partagé entre ces deux êtres. D’un côté, puis de l’autre, le petit garçon peine à trouver sa place. La suite n’est qu’une histoire d’acceptation et de résilience. Profond et sobre, le texte de Kabirou Owolabi est d’autant plus marquant qu’il est empreint de poésie. Cet auteur français d’origine africaine était, dit-il, surnommé « Akowé » lorsqu’il était enfant, c’est-à-dire « écrivain » en nigérian. Ses premiers jouets : un papier et un stylo. ■ Anne-Cécile Huprelle PREMIER ROMAN
LES NOUVELLES CONSCIENCES NÉ D’UN PÈRE BÉNINOIS et d’une mère ivoirienne, Olivier Akokpon considère la littérature comme le miroir de nos sociétés. Son thriller est donc un moyen pour lui de dénoncer une humanité en perte de repères, la faute à des dirigeants autocentrés et autoritaires. L’écrivain y parle d’un peuple qui, progressivement, s’enfonce dans la corruption, l’insécurité, la prostitution, la cruauté. Jusqu’à ce que de « nouvelles consciences », aussi « têtues » que leurs dirigeants, renversent la tendance. Les personnages d’Atac et de Taka symbolisent des modèles de vertu auquel l’auteur aspire. ■ A.-C.H. THRILLER
KABIROU OWOLABI,
Partis de rien, 56 p., format Kindle Amazon 1,49 €.
OLIVIER AKOKPON,
La Cité des têtus, 60 p., éditions E-Dev, format Kindle Amazon 6,79 €.
DÉCRYPTAGE L’ADN D’UNE RÉVOLUTION LA CRISE SANITAIRE que nous traversons nous ferait presque oublier qu’il y a un peu plus d’un an, le 22 février 2019, des millions d’Algériens occupaient la rue, demandant la chute du régime politique en place. Le Hirak, mouvement pacifique, fut une révolution d’un genre nouveau. Et c’est ce que nous explique ce livre collectif, réunissant des plumes de journalistes, spécialistes, politologues… À la frontière entre sociologie et ethnologie, l’ouvrage tente de décrypter les raisons profondes du soulèvement. Les auteurs en restituent les multiples facettes : la créativité et l’humour des manifestants, la place essentielle des jeunes et des femmes ou encore la revendication centrale de sublimer la libération nationale de 1962. ■ A.-C.H.
OMAR BENDERRA, FRANÇOIS GÈZE, RAFIK LEBDJAOUI, SALIMA
MELLAH, Hirak en Algérie : L’Invention d’un soulèvement, 304 p., La Fabrique, format numérique sur le site de l’éditeur 9,99 € (ou 16 €).
Défilé automne-hiver 2020-2021, au Palais de Tokyo, à Paris, le 24 février dernier.
MODE L’ESTHÉTIQUE NIGÉRIENNE DE LA COULEUR
KENNETH IZE a su séduire la crème de la haute couture avec ses créations.
CE JEUNE STYLISTE d’origine nigérienne a été élevé à Vienne. Âgé de 29 ans à peine, Kenneth Ize a habillé moult top-modèles de renom (Naomi Campbell, Imaan Hammam ou encore Adwoa Aboah) lors de son premier défilé parisien au Palais de Tokyo, fin février, pour sa dernière collection. Déjà connu pour sa marque du même nom lancée en 2016, le finaliste du prix LVMH 2019 a présenté des pièces minimalistes, décontractées et aux couleurs captivantes. Sur ses vestes, on peut facilement compter jusqu’à sept couleurs en tout ! De la mini-jupe fendue au blazer, en passant par le trench ceinturé porté par Naomi Campbell (ci-dessus, au centre), ses silhouettes mêlent crêpe de soie brodée d’Autriche et aso oke, un tissu nigérian tissé à la main par le peuple yoruba, caractérisé par de larges rayures. ■ Luisa Nannipieri
Le styliste avec, à sa droite, l’entrepreneur Jack Jefferson et la mannequin Naomi Campbell.
PORTRAIT Kadidja Duparc, l’architecte des ambitions ivoiriennes PDG de l’agence SKY Architectes, la jeune femme met de l’humain dans le béton. Ses réalisations sont à son image : authentiques, créatives, avec une forte dose de rigueur.
PDG DE L’AGENCE SKY Architectes, Kadidja Duparc possède de forts traits de caractère : « Je me définis comme franche, perfectionniste, multitâche et curieuse de la vie ! Je fais partie de ces personnes que tout intéresse. Bien que diplômée en architecture, je reste passionnée par le management, le marketing et la communication. » De fait, la jeune femme est titulaire d’un certificat en gestion publique et management potentiel Afrique, de Sciences Po (Paris), en plus d’un diplôme en architecture. Un double parcours qui l’a amenée à suivre une double carrière : « Rentrée en Côte d’Ivoire en 2002, j’ai créé et géré à la fois une agence d’architecture et une société de communication évènementielle. Contrainte d’interrompre ma double aventure à la suite des événements sociopolitiques de 2010 dans le pays, je me suis recentrée sur mon métier de cœur, riche de mon expérience en marketing et en communication. » Elle dirige aujourd’hui l’agence SKY Architectes, composée d’une vingtaine de collaborateurs : « Notre architecture est holistique, poétique et humaniste, mais fondamentalement pragmatique, réaliste, fonctionnelle, lâche-t-elle avant de nuancer. J’ai des réticences quant à la notion de touche ou de style, car elle ramène souvent à l’idée qu’on l’impose et que l’on se renouvelle peu dans notre créativité. Je conçois des bâtiments pour des individus uniques, qui ont leurs propres histoires et leurs besoins… »
Une approche qui séduit manifestement. Son entreprise vient de décrocher un appel d’offres pour un projet en cours à Yopougon, à Abidjan : « C’est le premier marché de demi-gros et de détail durable en Afrique de l’Ouest. Il intégrera les principes d’architecture bioclimatique. Cette commune manque d’espaces de loisirs formels, et cette zone qui fonctionnera au-delà des heures d’ouverture du reste du marché sera le poumon et le pôle de vie et d’animation. » C’est à travers « une architecture du siècle 2.0, consciente et responsable » qu’elle apporte sa pierre à la construction de la Côte d’Ivoire émergente. « Nous avons la responsabilité de créer le changement, la responsabilité d’incarner ce changement dans nos agences au travers de nos collaborateurs, de nos productions, la responsabilité de former à ce changement et celle de le transmettre. Car oui, nous sommes aux portes de l’émergence. Et la notion de porte est importante, car il est possible de rester à la porte et de ne jamais réussir à l’ouvrir… » ■ Dounia Ben Mohamed
UNE DOUBLE CULTURE La Belgo-Congolaise Fifi Kikangala Omoyi travaille avec des artisans des deux pays pour livrer des créations qui subliment la tradition de la RDC. DESIGN
ELLE SE RÊVAIT architecte, elle s’est découvert designeuse. Depuis deux ans, Fifi Kikangala Omoyi imagine des objets de décoration par le biais de sa marque Omoy Interior Design. Les banquettes de sa collection Kuba, graphiques et géométriques, sont réalisées en Belgique avec du tapis Kuba, un textile porté par les chefs de la tribu Royal Kuba et tissé à partir de raphia (palmiers) exclusivement dans la région du Kasaï, en République démocratique du Congo. Les broderies « sont un langage à part », assure celle qui envisage de monter une coopérative de tisseuses afin de mieux contrôler la production et les coloris. Avec le lampadaire de sa collection Mbila, c’est encore le palmier qui est le protagoniste, des branches formant les pieds de la lampe. La créatrice se laisse inspirer par ce qui l’entoure, mais vise loin. En attendant de pouvoir bientôt vendre ses créations dans des boutiques à Paris et Londres, elle a un showroom à Kinshasa et espère bien, un jour, faire connaître son nom à New York ou Miami. ■ L.N. omoy-interiordesign.com
TRÉSORS D’AFRIQUE ET D’AILLEURS À DOMICILE Nombre D’INSTITUTIONS culturelles proposent du contenu au public, malgré leur fermeture imposée par la crise sanitaire. ÉVASION
L’ART DES FORGERONS
LE MUSÉE DU QUAI BRANLY a fermé ses portes avant la fin de l’exposition « Frapper le fer : L’Art des forgerons africains », pour laquelle 230 œuvres étaient exposées. Toutefois, des vidéos mises en ligne sur la chaîne YouTube du musée parisien nous permettent de nous familiariser avec le sujet. On y voit que le travail du fer est un art traditionnel et un métier très sophistiqué, les techniques se transmettant depuis 2 500 ans. L’âge du fer a révolutionné l’Afrique et a accompagné l’évolution des cultures nigériane, malienne ou congolaise. Dans les champs, les foyers, sur les terrains de guerre ou dans la sphère religieuse, hier et aujourd’hui, ce matériau est un élément fondamental. ■ A.-C.H. youtube.com/playlist?list=PLq_ kZgugXgOErNWV-p4Z69GG96CqJ4YWT
L’exposition « Frapper le fer » démontre que l’âge du fer a révolutionné l’Afrique.
LE QUAI BRANLY S’EXPOSE
EN PLUS DE CETTE EXPOSITION événement, il est tout à fait possible de découvrir ou de redécouvrir l’ensemble des collections du musée du quai Branly. Les images de plus de 1 000 œuvres, d’objets d’art et de vie quotidienne sont en effet disponibles en ligne, gratuitement. Leur description et leur usage également. Cela nous permet de passer des statuettes du Pays dogon aux masques d’Afrique de l’Ouest, d’objets camerounais à des sculptures de gardien de reliquaire Kota et Fang, ou encore de la section d’Afrique centrale et australe aux bijoux chrétiens d’Éthiopie. ■ A.-C.H. quaibranly.fr/fr/collections/toutesles-collections/le-plateau-descollections/lafrique
DES CONCERTS CHEZ SOI
PRENDRE LE TEMPS de découvrir des performances musicales légendaires. C’est le cadeau du mythique Montreux Jazz Festival. Annulé comme tous les événements culturels programmés cet été, il propose plus de 50 concerts en streaming, disponibles gratuitement pendant trente jours. L’image et le son sont exceptionnels. De quoi (re)vivre les meilleurs moments des plus grands de la scène internationale : Marvin Gaye, Nina Simone, Ray Charles, Carlos Santana, Patti Smith… Et des jam-sessions à couper le souffle. ■ C.F. montreuxjazzfestival.com/fr/50- concerts-en-streaming/
VOYAGE AU CENTRE DE CHEFS-D’ŒUVRE EN UN MOT: GÉNIAL. Grâce à la réalité virtuelle et à un casque VR, plongez dans un tableau, l’univers d’un peintre, sa psyché, une époque. L’expérience est à la fois fascinante, enrichissante, et permet de mieux comprendre les arcanes de la création. Comme dans un rêve. Immersion dans les mondes fantasmagoriques de Salvador Dalí avec Dreams of Dali ( youtube.com/ watch?v=F1eLeIocAcU), promenade autour des énigmatiques Ménines de Diego Vélasquez, voyage dans la troublante Île des morts d’Arnold Böcklin ou encore déambulations dans les dédales des Rêves du Douanier Rousseau, grâce à la série Arte Trips ( arte.tv/sites/webproductions/ arte-trips). Tout un art ! ■ C.F.
Les guides de WildEarth proposent des excursions en direct deux fois par jour.
UN SAFARI DANS LE SALON SE BALADER DANS DES RÉSERVES à la limite du célèbre parc national Kruger, dans le nord-est de l’Afrique du Sud, pour observer la vie sauvage de la brousse en compagnie d’un guide qui répond à toutes vos questions. Tout ceci est possible sans bouger de chez soi. Avec une connexion Internet, les LiveSafari de WildEarth, entreprise spécialisée dans les safaris à distance, sont à portée de clic. Née en 2007 d’une idée simple mais efficace – montrer au plus grand nombre le comportement des Big Five en l’absence des humains –, l’expérience attire de plus en plus de spectateurs depuis le début du confinement. Les guides de WildEarth ont établi leur demeure dans le parc et proposent des excursions en direct deux fois par jour, gratuitement. Graham Wallington, PDG de la société, qui fournit ses images aux plus importantes chaînes naturalistes du monde, conseille surtout de s’installer tranquillement dans son canapé et de se laisser conquérir par la force des images. « Il n’y a pas de scénario, chaque jour, c’est une surprise. Une immersion dans la nature qui va vous rendre addicts. » ■ L.N. wildearth.tv/safarilive
À LA DÉCOUVERTE DES SITES DE L’UNESCO
LORSQUE L’ON RECHERCHE des traces et témoignages de l’histoire africaine, il faut se tourner vers les trésors méconnus de l’Unesco. L’organisation offre des descriptions et représentations de sites remarquables du patrimoine mondial, comme les Palais royaux d’Abomey, au Bénin. Partez sur la carte interactive à la découverte de ses lieux chargés d’histoire. ■ A.-C.H. whc.unesco.org/fr/list/
PROMENADES VIRTUELLES
COMME DANS LA VRAIE VIE, nous voilà propulsés dans des salles où il nous suffit de nous approcher d’une œuvre pour la découvrir. André Magnin, l’un des plus grands promoteurs de l’art contemporain africain sur le marché international, propose sur le site de sa galerie Magnin-A deux visites virtuelles en 3D. La première exposition, « Figures de pouvoir », regroupe le travail d’artistes tels qu’Omar Victor Diop, Chéri Samba, Malick Sidibé ou JP Mika. Dans la seconde, « Way Down South », Nathalie Boutté revisite des portraits d’AfricainsAméricains du fonds de photographies de Rufus W. Holsinger. ■ C.F. magnin-a.com
À PORTÉE DE MAIN TRÈS ENGAGÉE auprès des artistes contemporains présentés dans ses deux espaces, à Dakar et à Abidjan, la galerie Cécile Fakhoury propose trois expos en ligne : « Toi seulement », déambulation visuelle de Vincent Michéa, de Paris à Dakar en passant par Abidjan ; « Kôguôè » (« la nuit », en baoulé), un voyage dans les mondes intérieurs du jeune artiste ivoirien Bamouin Sinzé ; et « Paraboles d’un règne sauvage », premier solo show du Sénégalais Serigne Ibrahima Dieye, dont le travail évoque la jungle contemporaine et les aberrations de nos sociétés. Comme en écho à l’actualité. ■ C.F. cecilefakhoury.com.
UNITED STATES OF AFRICA AUX ÉTATS-UNIS, le musée national d’Art africain, à Washington, conserve de très beaux exemples d’objets rituels, comme les masques yaka, associés aux cérémonies de circoncision et de puberté. Les maîtres de l’initiation portaient ce type de masque pour convoquer les esprits et ancêtres masculins, et ainsi promouvoir une nouvelle génération d’hommes. ■ A.-C.H. africa.si.edu
LES BONNES IDÉES DE L’IMA
UNE PARTIE de la programmation de l’Institut du monde arabe (IMA) a été lancée en ligne. Dans le cadre de l’opération #LImaALaMaison, une proposition culturelle est ainsi faite chaque jour aux internautes sur les comptes Facebook, Instagram et Twitter de l’institut : musique, danse, spectacles inédits, web-documentaires, ateliers, cinéma… L’IMA nous a par exemple fait revivre l’exposition « Superpositions », de 2011. La diversité géographique et humaine y était célébrée, à travers les images de la photographe Anna Katharina Scheidegger. ■ A.-C.H. imarabe.org/fr