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AMOURS SANS FIN

Une anthologie, douce et amère, ardente et désespérée, de la POÉSIE AMOUREUSE des Arabes, du vie au xve siècle.

AMOUR À MORT, amour passion, amour divin, amour tout court. Ce sentiment brûlant est l’un des thèmes récurrents de la littérature arabo-musulmane, porté par la puissance de la langue arabe. Qu’il occupe l’espace entier du poème ou n’en constitue qu’un fragment, son chant s’offre sur tous les modes possibles. Joie, souffrance, fugacité, éternité… Bien avant l’avènement de l’islam, puis au long de la période classique, les poètes et prosateurs rivalisent de créativité et d’expressivité pour l’évoquer, sous toutes ses déclinaisons : versets platoniques, textes érotiques, histoires d’amour légendaires ou populaires, notamment dans les Mille et Une Nuits, poèmes mystiques ou philosophiques. Mais l’amour n’est pas seulement une expérience universelle ou personnelle. Il est également culturel, comme l’écrit Roland Barthes dans Fragments d’un discours amoureux Et chaque culture en a construit sa propre vision. Ainsi, dans le monde arabe, il nous éclaire, au-delà de la poésie qui lui est dédiée, sur la vision tout entière qu’une civilisation s’en fait. Plus de 100 noms y disent le sentiment amoureux, de l’attirance jusqu’à la folie. Dans ce recueil, 23 poètes, choisis par André Miquel et Hamdane Hadjadji, spécialistes de la langue et de la littérature arabes, viennent célébrer l’amour dans la poétique du VIe au XVe siècle. À une exception près, cette anthologie donne la voix aux hommes, reflétant une réalité de l’histoire : le métier d’écrivain est alors, quasi exclusivement, masculin. Or, que dire de ces vers d’Al-Khansâ, grande poétesse aux temps du premier islam, pleurant son frère bien-aimé, mort des suites de blessures reçues au combat ? « Ce cœur, tu l’as brisé, j’en jure, il n’en peut plus ! / Le deuil emplit mon âme et ma tête fléchit. / Le dur bois de ma lance aujourd’hui s’est rompu, / Cassé comme le cœur si solide du buis. » Très certainement qu’ils préfigurent le paysage poétique des femmes du monde arabe, de l’âge d’or de l’islam à nos jours. ■ C.F.

HAMDANE HADJADJI ET ANDRÉ MIQUEL, Les Arabes et l’amour : Anthologie poétique, Actes Sud, 186 pages, 18 €.

Pr Cher Pour Sa Mosqu E

UN ADOLESCENT D’ORIGINE MALIENNE, embarqué dans des petits trafics, est envoyé par sa mère dans une madrassa, au pays, pour retrouver le droit chemin. À son retour, dix ans plus tard, il est choisi pour devenir le nouvel imam de son quartier, prônant un islam tolérant et ouvert. Mais il reste fasciné par l’argent et le business… « Imam, c’est pas un métier », lui rappelle sa mère, inquiète du virage qu’il prend, alors qu’il se lance dans l’organisation de pèlerinages à La Mecque. Une initiative qui va accroître sa popularité… avant de tourner à l’arnaque. Très bien joué, dans une authentique ambiance de famille malienne, avec un scénario limpide, parfois un peu… angélique, ce film coproduit par Ladj Ly (Les Misérables) s’appuie sur une solide morale qui rappelle que « les actes ne valent que par les intentions ». ■ J.-M.C.

DRAME LE JEUNE IMAM (France),de Kim Chapiron. Avec Abdulah Sissoko, Moussa Cissé, Hady Berthe. En salles.

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