Revue internationale des affaires et partenariats Nord-Sud
Ces Steve Jobs africains
Pluie de milliards sur l’Égypte
Investissement en Afrique Grande offensive nord-américaine Canada / 4,49$ Zone CFA / 1500F France / 3,50 ¤ États-Unis / $3.95 Autre Pays / $4 US
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juin • août 2015
Un Dubaï à l’africaine
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Sommaire
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AFRIQUE EXPANSION • 49
L’éditorial de Gerba Malam.
Dossier 6-7 8-9
Un nouveau regard sur l’Afrique. Sommet USA-Africa pour se remettre en selle, le Canada suit.
10-11
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Concurrence féroce sur le continent.
Dossier spécial 14-15 16-17 18-19
Le grand retour du Pharaon égyptien. Pluie de milliards sur l’Égypte. «Nouveau» Caire et second canal de Suez.
Marchés africains
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22-23 24-25 28-29 30-31 32-33 34-35
« Engraisser » le sol africain. Un Dubaï à L’africaine. Les bons comptes de l’Afrique. «L’urgence» camerounaise. « LAPSSET » pour transformer l’Afrique de l’Est. Combat de coqs pour 50 milliards $.
Marchés nord-américains 38-39 40-41
Canada - Temps durs pour les travailleurs étrangers. Bourses - Quand l’Occident invite l’Afrique à danser.
Mondialisation 42-43 44-45 46
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Ces génies venus d’Afrique. Le Moyen-Orient à la conquête du ciel africain. Rendez-vous d’affaires.
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Éditorial
AFRIQUE EXPANSION • 49
Gerba Malam
Zone de libre échange en Afrique :
le premier grand pas. Lorsque les pays membres du Marché commun des États d’Afrique australe et de l’Est (Comesa), de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) se réunissent en 2008 à Kampala, en Ouganda, et annoncent le projet de créer une très vaste zone de libre échange, la nouvelle fait sensation.
Une zone de libre échange intensifierait le commerce intraafricain et augmenterait la part de l’Afrique dans le commerce mondial.
C’est en effet un immense projet qui séduit, car il consti-
Banque mondiale citée par Le Figaro, « le commerce
tuerait, s’il se réalisait, un exemple d’intégration éco-
entre les pays d’Afrique australe représente à peine 10%
nomique sans précédent en Afrique. En même temps,
du total des échanges de la région, contre 60% en Eu-
beaucoup se montrent sceptiques devant les nombreux obstacles bien identifiés par le journal Le Figaro : « Les
rope et 40% en Amérique du Nord. Les exportations de la SADC sont passées de 20% à plus de 30% du PIB de
barrières douanières, l’insuffisance des infrastructures,
la région pendant la décennie 2010, mais le commerce
la faiblesse des chaînes d’approvisionnement... La plu-
régional n’a représenté que 3% de cette augmentation ».
part des économies de la zone sont en outre largement tributaires de l’exportation de ressources naturelles. » Malgré les obstacles, les vingt-six pays composant
Une zone de libre échange intensifierait donc le commerce intra-africain et augmenterait la part (le poids) de l’Afrique dans le commerce mondial qui n’est que de 2%.
ces trois blocs économiques se retrouvent trois ans plus
D’autres avantages résultant de la création de la zone
tard pour faire avancer le projet en adoptant les prin-
de libre échange sont bien résumés par un article publié
cipes, le processus et la feuille de route des négociations d’un tel accord. Quatre ans plus tard, ce qui n’était en-
par ICTSD : « La ZLE continentale pourrait (...) promouvoir une meilleure répartition des richesses, une amélio-
core qu’un rêve est en train de devenir réalité puisque
ration de la concurrence et une réduction des écarts de
ce marché commun de libre échange a été lancé en juin.
prix entre les pays africains qui vont sans doute accroître
Tous les problèmes sont loin d’être réglés, mais il y a une réelle volonté d’aller de l’avant. C’est un marché de 600 millions d’habitants et le PIB cumulé des 26 pays
la sécurité alimentaire et contribuer à la réalisation du bien être social.» Enfin, cette zone de libre échange qui est appelée à de-
membres s’élève à 1000 milliards de dollars. Et ce n’est
venir à terme un marché commun, permettrait à l’Afrique
qu’un premier pas, car comme le rapporte l’agence Eco-
de former « une grande puissance économique », selon
fin, résumant une déclaration du ministre sud-africain du
l’expression du président sud-africain, Jacob Zuma. En
commerce et de l’industrie, Rob Davies, « de nouvelles négociations seront lancées pour la création d’une zone
attendant, l’Afrique, économiquement parlant, ne pèse pas lourd, morcelée qu’elle est en multiples regroupe-
de libre échange africaine regroupant l’ensemble des
ments. Son PIB ne représente que 4,45% du PIB mondial,
54 pays africains du continent, soit un marché de 1,3 milliard de personnes avec un PIB combiné de plus de 2000 milliards de dollars ». En fait, l’échéancier pour la
alors qu’elle compte 16% de la population planétaire. Par comparaison, l’Union européenne où vit 8% de la population mondiale, produit 31% des richesses globales.
mise en œuvre de cette zone de libre échange à l’échelle
Le chemin est donc encore long pour l’Afrique avant de
continentale est connu. Ainsi, cette zone est censée
devenir compétitive. Il lui faudrait, selon l’Agence d’in-
être opérationnelle en 2017. Elle sera suivie d’une Union
formation d’Afrique Centrale, améliorer ses moyens de
douanière en 2019, d’une monnaie commune en 2021 et d’un marché commun en 2023. À l’évidence, ce calen-
production et sa capacité de transformer ses produits, diversifier sa base d’exportations et améliorer les coûts
drier est très serré et a peu de chances d’être respecté.
de transport qui sont 63 fois plus élevés qu’en Europe.
Mais il a le mérite de montrer que les pays africains sont conscients du fait que cette intégration économique se
La bonne nouvelle aujourd’hui, c’est que l’Afrique est parfaitement consciente de ces enjeux. La machine est
fera par étapes. Pourquoi une zone de libre échange (ZLE) est-elle si
en marche avec l’exemple inspirant donné par les trois blocs économiques d’Afrique orientale et australe. L’ob-
importante pour l’Afrique ? Disons d’abord qu’une zone
jectif d’un marché commun africain est clair, même si les
de libre échange se caractérise essentiellement par la
moyens pour y arriver demeurent plus difficiles. Mais
suppression des barrières commerciales. L’Afrique a grand besoin que ces barrières soient démantelées, car
la foi est là, la volonté politique aussi. Il y aura encore beaucoup d’obstacles et de retards, ce n’est cependant
elles ont jusqu’ici nui au commerce intra-africain. Consé-
qu’une question de temps. Le marché unique africain
quence : les échanges entre pays africains restent faibles et marginaux. Pour ne donner qu’un exemple, selon la
verra le jour, inévitablement.
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Dossier
Léopold Nséké
Amérique du Nord
Un nouveau regard sur l’Afrique.
AFRIQUE EXPANSION EXPANSION ••49 AFRIQUE 49
Certains parlent de « réveil », d’autres de «rattrapage ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que les géants nord-américains que sont les États-Unis et le Canada semblent avoir enfin pris la mesure de leur retard en Afrique. Un continent désormais synonyme de croissance solide et durable, un îlot d’exception dans une économie mondiale qui se remet encore difficilement de la crise de 2008-2009. Sous l’impulsion d’un historique sommet USA-Africa, les Américains se sont engagés dans une offensive commerciale qui touche de nombreux domaines, l’énergie et l’électrification du continent en tête. Le Canada s’est lui aussi lancé à la conquête de l’Afrique après avoir longtemps privilégié les relations commerciales avec l’Asie. Mais est-ce trop peu trop tard ? Portrait de ce nouveau regard que porte maintenant l’Amérique du Nord sur l’Afrique, un continent où les prétendants sont nombreux et la concurrence de plus en plus rude.
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