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TRANSPORTEURS AFRICAINS

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NOVEMBRE - JANVIER 2015

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BOOM HÔTELIER EN AFRIQUE

DE FRANCOPHONIE À «FRANCONOMIE» ?


VOTRE PARTENAIRE LOGISTIQUE POUR L’AFRIQUE

Anna DeNobile Tél.: 514-338-4650 a.denobile@sdv.ca


SOMMAIRE

L’AFRIQUE

5

L’ÉDITORIAL DE GERBA MALAM

6 8 10

DOSSIER L’AFRIQUE, NOUVEAU CHAMP DE BATAILLE AÉRIEN NOUVEAU MARCHÉ AU FORT POTENTIEL QUEL AVENIR POUR LES COMPAGNIES AFRICAINES ?

14 16 18

DOSSIER SPÉCIAL BOOM HÔTELIER EN AFRIQUE L’OFFENSIVE DES GRANDS GROUPES INTERNATIONAUX DIFFICILE COMBAT POUR LES ENSEIGNES LOCALES

22 23 30 32

MARCHÉS AFRICAINS LES JOURNÉES ÉCONOMIQUES DU CAMEROUN AU CANADA INVESTISSEMENTS : L’APPEL CAMEROUNAIS L’OR BLEU DU CAMEROUN ENTREVUE AVEC LE MINISTRE DE L’EAU ET L’ÉNERGIE

34

ENTREPRISES STRATÉGIQUES : FAUT-IL RENATIONALISER ?

38 40

MARCHÉS NORD-AMÉRICAINS FOLIE MONDIALE DES CAFÉS DE CHATS VIVRE EN AFRIQUE ET ÉTUDIER EN AMÉRIQUE

42 43 44

MONDIALISATION DE FRANCOPHONIE À « FRANCONOMIE » ? LE FRANÇAIS EN AFFAIRES, C’EST PAYANT ! UN ESPACE ÉCONOMIQUE À CONCRÉTISER

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RENDEZ-VOUS D’AFFAIRES

ENTRE PROMESSES ET DEFIS

6

Décrit comme le prochain marché frontière de l’industrie aérienne, le continent africain en est un de paradoxes. Portrait d’une Afrique aux 1000 promesses, mais I]` LuÅ[ \W]\ I][[Q VWUJZM]`

BOOM HÔTELI E R EN

AFRIQUE

14

Alors que le continent reçoit chaque IVVuM ]V VWUJZM OZIVLQ[[IV\ LM \W]ristes, l’industrie est engagée dans une nécessaire mise à niveau. Gros plan sur une industrie qui anticipe déjà l’âge d’or du continent en la matière et les milliards de dollars qui vont avec.

DE FRANCOPHONIE À

« FRANCONOMIE » ?

42

² T¼I]JM LM [WV e sommet, l’Organisation internationale de la Francophonie cherche à se redéfinir. Un alignement nouveau que JMI]KW]X [W]PIQ\MV\ Zu[WT]UMV\ orienté vers le développement et la prospérité économiques.

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AÉRONAUTIQUE

UNE AFRIQUE QUI SÉDUIT LENTEMENT

MAIS SÛREMENT.. Marc-AndrÊ Boisvert

Derrière le boom en Asie et au Moyen-Orient, la montĂŠe de l’aĂŠronautique en Afrique reste plus discrète. N’empĂŞche, c’est plus de 1000 appareils neufs qui seront achetĂŠs sur le continent africain dans les vingt prochaines annĂŠes. RĂŠcit d’un marchĂŠ croissant, mais limitĂŠ par les infrastructures inadĂŠquates.

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janvier 2014. Sur le tarmac de l’AĂŠroport FĂŠlix HouXPW]M\ *WQOVa LÂź)JQLRIV atterrit l’A380, le gros por\M]Z LÂź)QZJ][ WXuZu XIZ )QZ France. Si l’avion sur deux niveaux est devenu familier dans plusieurs aĂŠroports de la planète, c’Êtait la première fois qu’un aĂŠronef de ce type se posait en )NZQY]M []J [IPIZQMVVM PWZ[ )NZQY]M du Sud. Ă€ partir de l’automne 2014, Air France apprĂŞtera rĂŠgulièrement l’A380 pour l’un de ses dix vols quotidiens sur la capitale ĂŠconomique ivoirienne. L’Afrique connaĂŽt une hausse rapide des vols. En 2013, le continent a connu ]VM KZWQ[[IVKM L] \ZINQK LM XIZ kilomètre/passager, selon l’Association internationale du transport aĂŠrien (IATA). ;Q KM\\M KZWQ[[IVKM M[\ TWQV LM[ L] Moyen Orient, l’Afrique n’en demeure pas UWQV[ TM LM]`QvUM KWV\QVMV\ W„ TI XZWOZM[sion est la plus soutenue, devant l’Asie avec M\ ]VM UWaMVVM UWVLQITM LM Pour 2014, la croissance ne devrait ĂŞtre

Y]M LM [MTWV TM[ XZu^Q[QWV[ UIQ[ le continent reste une des rĂŠgions les plus dynamiques de la planète. 4Âź)NZQY]M []J [IPIZQMVVM ZM[\M XM] LM[[MZ^QM XIZ LM[ ZW]\M[ XZI\QKIJTM[ W] LM[ \ZIV[XWZ\[ X]JTQK[ NQIJTM[ ZMTQIV\ TM[ diffĂŠrents centres ĂŠconomiques. Un voyage MV\ZM )JQLRIV M\ 7]IOILW]OW] XZMVL heures en train, une vingtaine d’heures en voiture, mais seulement 1h45 en avion. Il existe donc peu d’alternatives Ă l’avion entre les capitales. ÂŤ La clientèle est très largement des gens d’affaires mĂŞme s’il y a une croissance de tous les types de clientèles Âť, explique Raphael Kuuchi, vice-prĂŠsident Afrique pour l’IATA. Mais, alors que les plateformes pĂŠtrolières en mer et les sites miVQMZ[ [M U]T\QXTQMV\ TM JM[WQV MV \ZIV[XWZ\ aĂŠrien entraĂŽne une hausse du trafic pour les petits porteurs et les jets privĂŠs.


passer de 680 à

1210.

_ 64% de nouveaux appareils _ Des investissements de plus de 100 milliards US$ LES AVIATEURS ALLÉCHÉS Si les compagnies aériennes tentent toujours de trouver une formule écoVWUQY]M ^QIJTM ^WQZ IZ\QKTM MV X les aviateurs, eux, ont de plus en plus dans leur ligne de mire l’Afrique. Sur les quelques 15 500 avions commerKQI]` Y]Q [QTTWVVMV\ T¼)NZQY]M TM VWUJZM LM^ZIQ\ LW]JTMZ L¼QKQ IV[ Ainsi, la f lotte des compagnies aériennes africaines devrait passer de o I^MK LM VW]^MI]` appareils et des investissements de plus de 100 milliards US$, selon une étude LM UIZKPu LM *WMQVO )QZJ][ MV ^QMV\ à des conclusions similaires. Malgré quelques commandes chez les gros porteurs, notamment de la part des gouvernements nationaux, c’est surtout les petits et moyens formats qui [M ^MVLMV\ 4I KIVILQMVVM *WUJIZdier estime que, alors qu’on compte entre 400 et 600 jets sur le continent, KM VWUJZM LW]JTMZI XW]Z TI UwUM période. Et même s’il est difficilement Y]IV\QNQIJTM TM VWUJZM LM RM\[ XZQ^u[ I lui aussi explosé. « Pour percer, les compagnies aériennes doivent tenir compte des spécificités techniques imposées par la géogra-

phie. Beaucoup dépend de la sélection LM[ IuZWVMN[ *WUJIZLQMZ M\ -UJZIMZ ont misé juste en proposant des avions ZuXWVLIV\ I]` JM[WQV[ ¯ M`XTQY]M 5IZS <QMZVMa 8,/ LM +ZIJ\ZMM +IXQ\IT une firme de conseil en aéronautique spécialisée sur le marché africain. Les compagnies aériennes acquiescent. « Ce type d’avion est le plus approprié pour l’Afrique centrale et de l’Ouest vu que certaines destinations n’ont qu’une demande quotidienne de 70 à 80 sièges en moyenne », explique le PDG de la compagnie ouest-africaine Asky, Yissehak Zewoldi. Sa compagnie possède trois Boeing B737-700 et cinq *WUJIZLQMZ 9 *WUJIZLQMZ [¼M[\ LuRo XW[Q\QWVVuM sur le marché. La plus récente des compagnies ouest-africaines, Air Côte d’Ivoire, vient de placer une commande ferme de deux Q400 NextGen, estimés à 69 millions US$, mettant une option sur deux autres appareils. Lors de son passage au Salon IuZWVI]\QY]M LM ,]JI| 5QSM )ZKIUWVM XZu[QLMV\ LM *WUJIZLQMZ Avions Commerciaux, a été clair sur le potentiel africain, expliquant que son Q400 NextGen compte désormais 14 clients et exploitants et plus de 50 avions en service ou en commande. « Nous sommes très encouragés par notre performance en matière de ventes sur le continent, étant donné que nous avons OIOVu ]VM XIZ\ LM UIZKPu LM I] cours des deux dernières années sur le [MOUMV\ LM[ I^QWV[ \]ZJWXZWX]T[u[ L¼]VM capacité de 20 à 99 places. » *WUJIZLQMZ I LuRo ]VM [\ZI\uOQM d’implantation en Afrique avec un J]ZMI] ZuOQWVIT M\ ]V LuX \ LM XQvKM[ o 2WPIVVM[J]ZO MV )NZQY]M L] ;]L LM UwUM Y]¼]V u\IJTQ[[MUMV\ LM [MZ^QKM agréé en Afrique du Sud et en Éthiopie. Une usine de composants de CRJ devrait W]^ZQZ o +I[IJTIVKI L¼QKQ TI NQV Mais l’avionneur canadien n’est pas le seul à vouloir profiter de la manne. ;WV KWUXu\Q\M]Z -UJZIMZ TM \ITWVVM Mauritanian Airlines est récemment devenu le 22e acheteur de jets commerKQI]` XZWL]Q\[ XIZ TM NIJZQKIV\ JZu[QTQMV Et la compétition vient aussi de l’Est. )] [ITWV LM .IZVJWZW]OP XIZUQ TI U]Ttiplication des annonces des différents aviateurs, le ministère des Transport de TI :uX]JTQY]M L] +WVOW I IVVWVKu TI commande de trois COMAC ARJ21 M\ LM]` A ; L] NIJZQKIV\ KPQVWQ[ Xian Aircraft Company.

INFRASTRUCTURES INSUFFISANTES Malgré des prévisions positives pour le secteur aéronautique, la réalité du terrain risque de freiner l’enthousiasme LM[ KWV[\Z]K\M]Z[ KIZ [Q TM JM[WQV LM \ZIV[XWZ\ IuZQMV M`XTW[M TM[ WJ[\IKTM[ sont multiples. 4M XZQ` L] KIZJ]ZIV\ M[\ LM supérieur à la moyenne mondiale, selon l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). Au-delà des \I`M[ M\ LM[ KW \[ LM KIZJ]ZIV\ TM[ MVtraves légales sont immenses. En 1999, la convention de Yamoussoukro prévoyait plusieurs mesures pour assouplir les régulations nationales en trois ans. Mais 15 ans plus tard, peu a été fait. ,M XT][ TM[ QVNZI[\Z]K\]ZM[ [WV\ JQMV [W]^MV\ QVILuY]I\M[ 4M IW \ LMZVQMZ un incendie s’est déclaré à l’aéroport LM 6IQZWJQ I] 3MVaI TM XZMUQMZ IuZWXWZ\ L¼)NZQY]M LM T¼-[\ L¼W 3MVaI Airways relie plus de 60 destinations internationales. Il n’y eut qu’une seule RW]ZVuM LM XMZ\]ZJI\QWV[ UIQ[ TI compagnie nationale a perdu environ 4,5 millions US$. Les chantiers d’extension ou de construction d’aéroports se multiplient toutefois sur le continent : Dakar, Accra, *IUISW 4IOW[ 3QOITQ 4WUu 4M JM[WQV est grand alors que l’Afrique compte en^QZWV IuZWXWZ\[ LWV\ OuVvZMV\ un trafic de moins d’un million de passager. Plusieurs n’ont pas été rénovés depuis leur construction dans les années 1960. ,IV[ LM VWUJZM]` KI[ TM[ OW]vernements ont opté pour des projets IUJQ\QM]` Y]Q []ZM[\QUMV\ TI KZWQ[[IVKM du trafic aérien, entraînant plusieurs difficultés à financer des infrastructures XIZ LM[ OW]^MZVMUMV\[ I]` J]LOM\[ ZM[treints. Le nouvel aéroport de Dakar, qui devait être inauguré en 2011, n’est toujours pas terminé et sa piste d’atterrissage I L w\ZM ZMNIQ\M 4M VW]^MT IuZWXWZ\ LM *IUISW [\Z]K\]ZM LM Ju\WV RW]`\IV\ l’ancien terminal, reste incomplet alors que le gouvernement cherche les financements pour le terminer. Et le casse-tête restera pour financer l’entretien et le fonctionnement des infrastructures pour recevoir autant les vols commerciaux que privés. Pour ce faire, TM[ XIZ\MVIZQI\[ X]JTQK[ XZQ^u[ [M U]T\Qplient sur le continent. Plusieurs firmes se montrent intéressées : les françaises EGIS et ADP, la sud-africaine Acsa et la canadienne SNC-Lavalin. Mais la formule reste inusitée et les investisseurs frileux. Pour le moment…

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AVIATION

La flotte des compagnies aériennes africaines devrait


ENTREPRISES STRATÉGIQUES

Léopold Nséké

FAUT-IL RENATIONALISER ? Dans le contexte de libéralisation des économies africaines dans les années 90, il était convenu de tous les observateurs que la privatisation des entreprises publiques ou parapubliques serait une panacée. Un virage qui permettrait aux différents secteurs économiques de bénéficier de l’expertise et de la rigueur nécessaires à la performance des entreprises. Depuis, de nombreux doutes se sont fait jour et plusieurs échecs ont poussé à un phénomène inverse.

P

armi les sociétés d’État liquidées, se sont retrouvés des f leurons de l’énergie et des transports X]JTQK[ :uK]XuZuM[ I] JW]\ LM montages souvent douteux – on s’en est rendu compte plus tard – elles V¼WV\ XI[ M] XW]Z WJRMK\QN L¼IUuTQWZMZ le service, mais plutôt de compléter le carnet des nouveaux actionnaires. Par exemple, on connaît très peu de société LM \ZIV[XWZ\[ X]JTQK[ W] LM KWUXIOVQM[ L¼uTMK\ZQKQ\u IaIV\ JuVuNQKQu I]` ][IOMZ[ ,] 5IOPZMJ o T¼)NZQY]M KMV\ZITM MV passant par l’Afrique de l’Ouest, on a I[[Q[\u o LM VWUJZM][M[ TM^uM[ LM JW]cliers devant les délestages intempestifs et modifications de tracés des réseaux de transport ferroviaire. ,IV[ ]V UWVLM W TI LaVIUQY]M de crise pousse à une certaine forme de protectionnisme, on n’est donc plus loin d’un retour des nationalisations. La prise de contrôle, par l’État, de secteurs [\ZI\uOQY]M[ M\ W] L¼QV\uZw\ X]JTQK I cours dans plusieurs pays, tout en faisant fi des multiples traités internationaux puisque, de toute façon, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) vit une grande incertitude quant à son avenir malgré les derniers compromis arrachés de justesse à Bali. Dans plusieurs cas, la reprise de commerces et d’industries par le sec\M]Z X]JTQK V¼M[\ MV NIQ\ Y]¼]VM \MV\I\Q^M de redressement de secteurs durement frappés par la généralisation de poli\QY]M[ VuWTQJuZITM[ -\ LIV[ TM LWUIQVM

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La prise de contrôle, par l’État, de secteurs stratégiques et/ ou d’intérêt public a cours dans plusieurs pays financier en particulier, les signes d’un renouveau des approches nationalistes concernant la réglementation et la politique monétaire apparaissent. Ainsi, la « démondialisation », qu’une nouvelle génération de politiciens appelle de ses vœux, a peut-être déjà commencée. C’est le cas avec la sidérurgie en Algérie, les télécommunications au Niger, l’électricité au Sénégal, entre autres cas. Le mot nationalisation, ou plutôt l’expression « renationalisation », ne choque donc plus tellement, mais plutôt la manière de s’y prendre. Une écoVWUQM X]JTQY]M NWZ\M M[\ VuKM[[IQZM M\ admise de tous. Face à la dérive cyclique des grands circuits du commerce et de la finance, le dernier refuge est très souvent celui de l’État et de ses réserves « stratégiques ». Même s’il n’est jamais facile pour un État de devoir prendre possession des moyens de production ou des services essentiels, la situation TIUMV\IJTM LM[ \Q[[][ uKWVWUQY]M[ a pousse. Et parmi les raisons les plus courantes, on entend de plus en plus parler d’inefficacité de la gestion privée qui ne tient compte que des dividendes des investisseurs. Après le pillage des hauts fonctionnaires, l’arnaque des investisseurs du privé !

LA MAIN DE L’ÉTAT Aujourd’hui, plusieurs gouvernements ont décidé d’apporter un minimum à la relance de l’activité économique avec des prêts préférentiels. Il ne faut cependant pas s’y tromper. La recapitalisation, même minimale, des MV\ZMXZQ[M[ I^MK TM[ NWVL[ X]JTQK[ M[\ ]VM nationalisation qui ne dit pas son nom. Elle permet de mieux contrôler l’activité économique nationale et, surtout, ouvre un canal de recettes, dans un UWVLM W T¼IKKv[ I]` KZuLQ\[ QV\MZVI\QWVI]` ZMTv^M LM T¼IKZWJI\QM KWUX\IJTM la plus complexe. Voilà pourquoi les seuls acteurs pouvant réellement ralentir la croissance de ce phénomène sont les agences de notation qui, largement impliquées dans la structuration des crédits internationaux, voient toujours d’un mauvais œil l’arrivée des États dans les marchés. Cela suffira-t-il ? La tendance est mondiale et pèse de plus en plus avec les pays émergents dont les poids lourds commerciaux sont des entreprises nationales ou « nationalisées ». On en conclura, comme le fait Howard Davies, ex-directeur de la London School of Economics, qu’on assiste au renouveau d’une doctrine keynésienne moins favoZIJTM o TI UWVLQITQ[I\QWV M\ I] TQJZM échange : « Les idées, la connaissance, la science [...] doivent par nature être internationales. Mais produisons chez nous chaque fois que cela est raisonna-


JTMUMV\ M\ XZI\QY]MUMV\ XW[[QJTM M\ surtout, faisons en sorte que la finance soit nationale. Âť ,M VWUJZM]` uKPMK[ WV\ XIZNWQ[ NWZKu TM[ XW]^WQZ[ X]JTQK[ o ZMLM^MVQZ actionnaires de secteurs jugĂŠs essentiels. L’Ênergie, le pĂŠtrole, la santĂŠ ou encore l’Êducation, des domaines de première ligne qui touchent directement la population au quotidien. Deux ĂŠcoles principales s’affrontent dans ce qui est devenu un QV\MZUQVIJTM LuJI\ QLuWTWOQY]M /TWJITMUMV\ les tenants de la ligne sociale jugent que la spĂŠculation et les affaires n’ont pas leur place dans des secteurs aussi [MV[QJTM[ ITWZ[ Y]M TM[ TQJuraux estiment au contraire que l’État n’a pas vocation Ă conser ver KWUUM X]JTQK[ des services qui WV\ JM[WQV LÂźQVVWvation constante, donc d’investissements. Si nationaliser peut ĂŞtre une parade Ă la tentation de spĂŠculer Ă tout va, cette opĂŠration pourrait ĂŠgalement Ă la longue creuser les NQVIVKM[ X]JTQY]M[ MV \MZUM[ LÂźQV^M[tissements. Et de rappeler que dans le domaine de la dĂŠfense, de l’Ênergie ou des matières premières, la question de la protection des intĂŠrĂŞts nationaux peut ĂŞtre vue comme primordiale. ÂŤ Aux ÉtatsUnis, la lĂŠgislation est adaptĂŠe : en 2006, ,]JIQ 8WZ\[ ?WZTL I IQV[Q LÂ… ZMVWVKMZ o gĂŠrer six ports amĂŠricains en raison de l’opposition du Congrès amĂŠricain, qui avait mis en avant des risques en matière de sĂŠcuritĂŠ nationale. Âť Puisque des protections de ce genre n’existent pas partout, la tendance des gouvernements est donc de nationaliser. Pour l’Êconomiste française Sylvie Matelly, la tendance depuis plus de 40 ans est au dĂŠsengagement de l’État et Ă une ÂŤ chasse aux uKWVWUQM[ W„ TI XZQ^I\Q[I\QWV XZMVL TM

pas . Par contre, ajoute-t-elle,  si vous nationalisez une entreprise qui Êtait privatisÊe, vous risquez de refroidir les ardeurs des investisseurs. Vous devez donc vous assurer que vous avez les reins solides financièrement pour ne pas

avoir à revendre plus tard. Notamment MV KI[ LM XZWJTvUM LŸMV\ZM\QMV W] LM nÊcessitÊ de nouveaux investissements . Les investisseurs s’offusqueraient-ils rÊellement des vagues de nationalisation Ž KQJTuM[ ¯ LM KM[ LMZVQvZM[ IVVuM[ ' Paradoxalement, les gens d’affaires ont JM[WQV LM KILZM[ TuOQ[TI\QN[ NTM`QJTM[ M\ d’un environnement sociopolitique [\IJTM 2][Y]Ÿo XZu[MV\ QT VŸa I Y]M des États forts qui puissent garantir ces avantages, qui, liÊs aux droits des citoyens crÊent une dynamique de croissance Êconomique à travers la confiance. Que des gouvernements interviennent dans les crises pour gaZIV\QZ ]VM KMZ\IQVM [\IJQTQ\u VŸM[\ LWVK

que très normal. Le reste, nous croyons, IXXIZ\QMV\ I]` JI\IQTTM[ XIZTMUMV\IQZM[ LM JIVK M\ LÂźIZZQvZM JIVK W„ TÂźWV [Âźu\ZQXM les uns les autres, Ă dĂŠmonter la vacuitĂŠ des systèmes idĂŠologiques. Il faut se souvenir d’ailleurs que les nationalisations ÂŤ sauvages Âť, comme celles effectuĂŠes lors des rĂŠvolutions K]JIQVM M\ ITOuZQMVVM [WV\ KPW[M[ L] passĂŠ. On voit mal aujourd’hui un État dĂŠcider de prendre entièrement possession d’entreprises locales et ĂŠtrangères. Il n’y a pas non plus, Ă proprement parler, d’interventionnisme ĂŠtatique Ă outrance dans le monde. En dehors de quelques ĂŽlots W„ [ÂźIK\Q^MV\ des fanatiques et des nostalgiques des JMTTM[ IVVuM[ Zuvolutionnaires, les convergences LÂźQV\uZw\[ WJTQOMV\ Ă ouvrir les marchĂŠs et Ă nĂŠgocier. L’AmĂŠrique la\QVM M\ TM[ +IZI|JM[ pointĂŠs du doigt lors des dernières vagues de nationalisations, en font une dĂŠmonstration ĂŠclatante. Ces pĂ´les restent très attractifs pour les investissements ĂŠtrangers. Ainsi, les rapports successifs de la CEPAL (Commission ĂŠconomique pour l’AmĂŠrique TI\QVM M\ TM[ +IZI|JM[ []Z TM[ 1V^M[tissement ĂŠtrangers directs (IED) en )UuZQY]M TI\QVM M\ LIV[ TM[ +IZI|JM[ VM UWV\ZMV\ I]K]VM JIQ[[M LM TÂźI\\ZIKtivitĂŠ du sous continent, au contraire. Les IDÉ dans la rĂŠgion avaient atteint un nouveau record en 2012, malgrĂŠ les effets de la crise ĂŠconomique, s’Êlèvant o UQTTQIZL[ =; [WQ\ LM plus qu’en 2011.

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AFRICAN EXPORT-IMPORT BANK BANQUE AFRICAINE D’IMPORT-EXPORT

LA BANQUE DU FINANCEMENT DU COMMERCE

DE L’AFRIQUE

° ° ϐ commerce en Afrique, Afreximbank offre les programmes suivants: Programme de Ligne de Crédit Programme de Syndication Programme d’achat d’effets de commerce ±ϐ ϐ ϐ Programme de Financement Direct Programme de Financement de Projets Programme de prêts adossés à des actifs Programme d’achat de créances/ Programme d’escompte Programme de Risques Spéciaux Programme pays

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Programme de Financement du Carbone Programme d’Investissements Bancaires Programme de prêts adossés à des Agences de Credit à l’Exportation Construction/ facilité de relais liée au tourisme Facilité de correspondante bancaire et de ϐ ± Programme de facilitation du commerce intra-africain Initiative africaine du cacao

AGENCE D’HARARE Eastgate Building, 3rd Floor, Gold Bridge (North Wing), 2nd Street, Harare, Zimbabwe, P.O. Box CY 1600 Causeway, Harare, Zimbabwe Tel: +263-4-700904

W W W. A F R E X I M B A N K . C O M



RENDEZ-VOUS D’AFFAIRES

FORUM AGRICOLE

MINING

OUEST-AFRICAIN

INDABA

27 au 29 janvier 2015, Ouagadougou, Burkina Faso

9-12 fĂŠvrier 2015, Cape Town, Afrique du Sud

PrĂŠsentĂŠ par l’organisation ECHO, le Forum agricole ouest-africain, qui se tiendra du 27 au 29 janvier dans la capitale J]ZSQVIJv ^Q[M LÂźIJWZL M\ I^IV\ \W]\ TM renforcement du rĂŠseautage au profit de personnes et d’organismes luttant contre la faim et la pauvretĂŠ. Au programme, des sessions plĂŠnières, des confĂŠrences et des ateliers seront offerts aux participants. 4M[ \PvUM[ IJWZLu[ [WV\ U]T\QXTM[ " ÂŽ 4M[ fondements de l’agriculture – ThĂŠories et pratiques sur l’agriculture de conservation Âť, ÂŤ DĂŠfis majeurs de l’agriculture africaine et solutions Âť, ÂŤ Les greffes vĂŠgĂŠtales Âť, ÂŤ Production de la nourriture pour animaux et nutrition animale Âť, ÂŤ Les plantes utilitaires dans l’agriculture au sud du Sahara Âť ou encore ÂŤ Le Moringa et d’autres plantes utiles dans la vie Âť.

La ville de Cape Town en Afrique du Sud accueillera, du 9 au 12 fĂŠvrier 2015, la 21e ĂŠdition de la confĂŠrence africaine ÂŽ 5QVQVO 1VLIJI " 1V^M[\QZ MV )NZQY]M ÂŻ TM XT][ OZIVL ZI[[MUJTMUMV\ I] UWVLM LÂźIKteurs influents de l’exploitation minière et de dĂŠcideurs dans le secteur minier africain. Les organisateurs du plus grand ĂŠvènement sur l’exploitation minière en Afrique prĂŠvoient mettre l’accent sur des sujets pertinents comme le leadership ou la conduite des investissements en Afrique, en plus de de favoriser davantage les occasions de rĂŠseautage entre les diffĂŠrents investisseurs de l’industrie minière africaine. Depuis plus de 20 ans, grâce Ă l’investissement africain dans 5QVQVO 1VLIJI IQV[Q Y]M KMT]Q LM [M[ partenaires en Afrique, des milliards de dollars d’investissements ĂŠtrangers ont ĂŠtĂŠ injectĂŠs dans le secteur minier du continent.

AFRICA CEO FORUM 2015 16-17 Mars 2015, )JQLRIV +€\M LŸ1^WQZM

EU-AFRICA B2B FORUM 2015

La troisième ĂŠdition du Africa CEO Forum, une des plus importantes rencontres internationales de dirigeants de grandes entreprises africaines, se tiendra TM[ M\ UIZ[ o )JQLRIV MV +€\M LÂźQ^WQZM >uZQ\IJTM ZuNuZMVKM MV UI\QvZM de prioritĂŠs stratĂŠgiques du secteur privĂŠ en Afrique et lieu privilĂŠgiĂŠ d’Êchanges, ce forum accueille chaque annĂŠe près de 800 participants, parmi lesquels les plus hauts reprĂŠsentants de la scène ĂŠconomique africaine et internationale. Il a ainsi ĂŠtĂŠ conçu pour favoriser les prises de contact entre les participants et leur permettre de partager expĂŠriences et savoir-faire. Les organisateurs, qui vont uOITMUMV\ KuTuJZMZ TM M IVVQ^MZ[IQZM LM la crĂŠation de la Banque africaine de dĂŠveloppement (BAD) et son retour Ă son siège historique, capitalisent sur le dynamisme de la CommunautĂŠ Économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui affiche la plus forte croissance du continent LMX]Q[ KQVY IV[ MV

6 au 8 mai, Mons, Belgique

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Le EU-Africa B2B Forum 2015 se tiendra à Mons, en Belgique, du 6 au 8 mai prochains. Plateforme d’Êchanges et de rencontres, ce rendez-vous d’affaires ^Q[M o NI^WZQ[MZ LM[ KWV\IK\[ L]ZIJTM[ M\ fructueux entre les acteurs du secteur privÊ africain et europÊen, mais ÊgaleUMV\ o UW][[MZ TM[ KWTTIJWZI\QWV[ MV\ZM participants issus d’un même continent. Dans la capitale europÊenne de la culture, entrepreneurs et gens d’affaires seront invitÊs à faire part des opportunitÊs qu’ils offrent et voient, de leurs attentes M\ LM[ JM[WQV[ Y]ŸQT[ ZMVKWV\ZMV\ LIV[ leur dÊmarche commerciale en Europe ou en Afrique. DiffÊrents chefs d’État africains sont attendus à l’ÊvÊnement, notamment Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Macky Sall du SÊnÊgal et Hery Rajaonarimampianina de Madagascar.

4629, rue Louis B. Mayer, suite 201 Laval, QuĂŠbec CANADA, H7P 6G5 TĂŠlĂŠphone: +1 (450)-902-0527 Fax: +1 (514)-393-9024 E-mail : info@afriqueexpansion.com www.afriqueexpansion.com Directeur de la RĂŠdaction : Gerba Malam Directrice gĂŠnĂŠrale : Amina Gerba RĂŠdacteur en chef : Jean-Nicolas Saucier RĂŠdactrice en chef adjointe : Vitraulle Mboungou RĂŠdaction Josianne MassĂŠ Jean-FrĂŠdĂŠric LĂŠgarĂŠ-Tremblay Geoffrey Dirat lĂŠopold NsĂŠkĂŠ Marc-AndrĂŠ Boivert Correspondants France : Isaac EbwĂŠlĂŠ États-Unis : Binta Camara Cameroun : Marc Omboui Badjang ba Nken Parfait N. Siki Congo : Thierry Sylvane Noungou Gabon : Antoine Lawson Alexis Koumba CĂ´te d’Ivoire : Jean Samuel Kondo AFRIQUE EXPANSION MAGAZINE est ĂŠditĂŠ par GERAM COMMUNICATIONS INC PrĂŠsident, Directeur de la publication Gerba Malam Vice-PrĂŠsidente Amina Gerba Directeur commercial Zackary Milardo Marketing et Ventes Lindsey Johnston Abonnements / Service Ă la clientèle JosĂŠe Campbell Graphisme et illustration Samarkand Impression Beloin Graphique Administrateur Web Khadim Ndiaye Distributeur: Messageries Dynamiques

Photos : Shutterstock, iStockphoto et DR * AFRIQUE EXPANSION MAGAZINE DÊpôt lÊgal : Bibliothèque nationale du QuÊbec, 2014 Bibliothèque nationale du Canada, 2014 ISSN 1488-0504 Postes Canada Convention no. 40033111 AFRIQUE EXPANSION MAGAZINE est indexÊ dans le CANADIAN ADVERTISING RATES AND DATA CARD Tous droits de reproduction rÊservÊs pour tous pays. Reproduction interdite de tous articles sauf accord Êcrit de la Direction.


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