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Face aux mutations dues à la mondialisation, l’Afrique doit développer ses compétences
SOMMAIRE
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Pour de nouvelles options d’investissements et de création d’emplois
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L’ÉDITORIAL DE GERBA MALAM
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RENDEZ-VOUS D’AFFAIRES
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ENQUÊTE : CENTRES COMMERCIAUX EN AFRIQUE, ÇA POUSSE AFRIQUE DU SUD : WALMART VEUT LEVER LE DÉFI AFRICAIN BÉNIN : HYPERMARCHÉ EREVAN, UNE OUVERTURE SUR LE MONDE MAROC : MOROCCO MALL, MAGAsINAGE HAUT DE GAMME
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MARCHÉS AFRICAINS AGRICULTURE : RENAISSANCE POUR LA NOIX DE CAJOU
africaine
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ASSURANCES : LES OPÉRATEURS SONT ENCORE À QUAI BOIS : NOUVEAUX ENJEUX,NOUVEAUX DÉFIS
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DOSSIER RESSOURCES HUMAINES : EMPLOI ET FORMATION EN AFRIQUE FORMATION : LE Credo DE LA PROFESSIONNALISATION LES MEILLEURS BUSINESS SCHOOLS D’AFRIQUE LE CANADA SUR LE MARCHÉ ÉDUCATIF AFRICAIN EMPLOI : QUI EMBAUCHE ? COOPÉRATION : LES HEC DE MONTRÉAL, FORMATION CLÉS
EN MAIN
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DIGNES DE MENTION
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MONDIALISATION DÉLOCALISATION DES SERVICES : L’AFRIQUE A LA COTE
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MARCHÉS NORD-AMÉRICAINS IMMIGRANTS INVESTISSEURS : LE PARCOURS DU COMBATTANT
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DÉVELOPPEMENT LA BAD AU FORUM ÉCONOMIQUE MONDIAL SUR L’AFRIQUE puissances émergentes LA russie : CAP SUR L’afrique
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DOIT-ON INVESTIR DANS LES DICTATURES ? QU’EST-CE QU’UNE DICTATURE ? INVESTIR DANS LES DICTATURES ? QUI INVESTIT DANS LES DICTATURES ? LES DICTATURES CONTRE-ATTAQUENT
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AFFAIRES MOBILE BANKING EN AFRIQUE : LA PROSPÉRITÉ AU BOUT DU FIL
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FLASH INFOS
Complicité ou réalisme ? Toute l’ambiguïté des rapports entre démocraties et dictatures AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37
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LUTTE CONTRE LA CORRUPTION
L’ÉDITORIAL DE GERBA MALAM
LE CHÂTIMENT OU L’ARRANGEMENT À L’AMIABLE?
S
elon le rapport 2010 de la Banque mondiale, la corruption coûte chaque année à l’Afrique au moins 150 milliards de dollars, soit autour de 25% de son PIB. Rien d’étonnant que de nombreux gouvernements aient déclaré la guerre à ce fléau qui gangrène les économies et mine tous les efforts de développement. Finie l’impunité! Anciens présidents, ministres, directeurs généraux sont de plus en plus poursuivis, arrêtés, jugés et condamnés à de lourdes peines, allant parfois de 20 à 50 ans de prison. Si ces condamnations sont, il faut le reconnaître, exemplaires, elles ne règlent pas le fond du problème, à savoir le recouvrement de grosses sommes d’argent détournées. Face à cette situation, ne faudrait-il pas plutôt adopter une autre démarche consistant à négocier avec les inculpés pour qu’ils remboursent les fonds détournés contre leur liberté? C’est la voie choisie par les nouvelles autorités égyptiennes qui ont décidé de libérer l’épouse de l’ex-président égyptien Hosni Moubarak, Suzanne, après qu’elle eut remis à l’État tous ses avoirs dans les banques en Égypte, à savoir 24 millions de livres égyptiennes (4 millions $). Cette décision égyptienne est cependant loin de faire l’unanimité. Le débat reste donc ouvert : la prison ou l’arrangement à l’amiable? Quel est le bon choix? Ces deux positions sont-elles irréconciliables?
dent, la voie du pragmatisme est privilégiée, de nombreux pays préférant un arrangement avec les fraudeurs du fisc. Au Canada, par exemple, le Programme des divulgations volontaires permet aux contribuables de « corriger toute information incomplète ou erronée ou de fournir des renseignements qu’ils n’avaient pas déclarés à l’Agence du revenu du Canada, sans être passibles de pénalités ou de poursuites ». En d’autres termes, le contribuable fautif fait son mea culpa, paie les impôts exigibles, plus les intérêts. En contrepartie, il n’est pas sujet à des pénalités ou poursuites pour les montants divulgués. Aux États-Unis, l’amnistie fiscale offre les mêmes avantages aux contribuables. De plus, on leur permet de faire une « offer in compromise » qui consiste pour le contribuable à régler ses comptes pour un montant inférieur au montant total qu’il doit. En Suisse enfin, comme dans d’autres pays européens (la France, l’Italie, etc.), les fraudeurs du fisc qui se dénoncent spontanément ne paient pas d’amende et ne sont pas poursuivis pénalement. Ils doivent en revanche rembourser les impôts ainsi que les intérêts moratoires pour une période de dix ans maximum.
AUCUNE SOLUTION N’EST SIMPLE. D’UN CÔTÉ, LA MORALE EST SAUVE, MAIS IL Y A UN MANQUE TOTAL DE RÉALISME. DE L’AUTRE, LES GAINS SONT CONSIDÉRABLES, MAIS DES VALEURS SONT SACRIFIÉES. Examinons d’abord les arguments des partisans de la prison. Pour eux, il n’y a rien de plus immoral que de libérer tous les escrocs de ce monde parce qu’ils ont retourné leur butin. Ce serait un encouragement à la fraude. C’est un peu comme si on leur disait : « Volez, si vous ne vous faites pas prendre, c’est tant mieux. Et si jamais, vous êtes pris, vous ne risquez pas grandchose, vous n’aurez qu’à rembourser l’argent volé.» Il faut que ce soit clair : les auteurs de détournements de fonds publics ont une dette envers la société qu’ils doivent payer en purgeant une peine d’emprisonnement. Ce n’est que justice. De plus, leur condamnation a un effet dissuasif dans la mesure où l’on envoie un signal fort à tous qu’il n’y aucune impunité pour un crime commis, fût-il économique. En revanche, les tenants de « l’entente » soutiennent qu’il faut faire preuve de bon sens. Ils font remarquer qu’il ne sert à rien de mettre les gens en prison si on ne recouvre pas les millions de dollars détournés. Le plus important est de retrouver cet argent perdu et de le remettre dans les caisses de l’État. De plus, les coupables sont financièrement punis puisqu’en plus de rembourser les montants volés, ils doivent payer des amendes et des intérêts. Avec ces recettes fiscales inattendues, l’État peut financer plusieurs projets sociaux. Par ailleurs, c’est un fardeau financier que de loger et nourrir les condamnés. L’entente permet donc à l’État de faire des économies. Dans cette bataille qui oppose la morale et le pragmatisme, il n’est pas facile de trancher. On constate cependant qu’en Occi-
Cette approche a donné jusqu’ici des résultats impressionnants. Ainsi, au Canada, 6015 contribuables ont divulgué, en sept mois, en 2009, des revenus cachés à l’impôt d’une valeur de 1,63 milliard $, soit plus du double de ce qui est habituellement déclaré en une année complète. La même année, aux États-Unis, environ 14 700 contribuables ont utilisé le programme de divulgation volontaire de l’Internal Revenue Service (IRS), révélant des comptes offshore dans plus de 100 banques dans 70 pays. Les services fiscaux se sont frotté les mains, estimant que ce sont des milliards de dollars qui revenaient au Trésor américain. En Italie, l’amnistie fiscale a rapporté 5,6 milliards d’euros de recettes à l’État en 2010, alors qu’un total de quelque 104,5 milliards d’euros de fonds déposés à l’étranger a été déclaré. Au vu d’une telle moisson, on serait naturellement tenté de dire que le pragmatisme est plus payant que la morale ou l’éthique. Mais au nom de l’argent, a-t-on le droit de faire une grave entorse à des valeurs aussi importantes que la justice? Après tout, le fait d’avouer sa faute et de rembourser n’efface pas l’infraction. Dans tous les cas, aucune solution n’est simple. En effet, d’un côté, la morale est sauve, mais il y a un manque total de réalisme. De l’autre, les gains sont considérables, mais des valeurs sont sacrifiées. Dans ces conditions, un châtiment symbolique (remise importante de peine, condamnation avec sursis…) contre le remboursement de fonds détournés ne serait-il pas un compromis pouvant réconcilier les uns et les autres?
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C
arrefours multifonctionnels à caractère urbain, les centres commerciaux sont nés de la croissance des villes et de l’étalement des populations. Partis du concept de galeries marchandes du 19e siècle, ils sont devenus la façade moderne de la transformation du style de vie. Et le pouvoir d’achat aidant, les centres commerciaux témoignent depuis les années 60 d’une concentration des besoins de consommation pour la classe moyenne.
ENQUÊTE
Léopold Nséké
Depuis, l’idée a fait du chemin et le continent africain, aux prises avec une urbanisation galopante, se trouve naturellement confronté à cette nouvelle donnée. Sauf que cela pousse à se poser un certain nombre de questions en termes d’impact. Ce choix contribue-t-il au développement économique et à la création d’emplois ? La logique commerciale du ravitaillement de ces centres se fera-t-elle au
détriment de la production locale ? Et les populations ne voient-elles pas leurs habitudes de consommation bousculées ? Des questions dont nous esquisserons des réponses à travers trois projets du nord, de l’ouest et du sud de l’Afrique. Trois implantations complètement différentes qui démontrent la variété des options d’investissements. AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37
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L
e concept « d’employabilité » lancé par les professionnels des ressources humaines est plus que d’actualité en Afrique. Au-delà des multiples richesses naturelles, les travailleurs peinent de plus en plus à se faire une place sur le continent.
La faute à un monde industriel en pleine mutation qui incline à de nouvelles priorités de développement pour la majorité des pays. Le continent africain dans son ensemble n’y échappe pas. Comment s’opère cette transformation sur un territoire perpétuellement en chantier et comment les différents responsables s’y prennent pour créer un véritable pôle de compétences ? À une période où les priorités s’accumulent ou se succèdent, des choix doivent être faits.
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DOSSIER
À un moment où le Monde est de nouveau secoué par des révoltes populaires, la question des rapports entre affaires et politique est violemment revenue en surface. Une interrogation légitime parce que plusieurs des régimes mis en cause bénéficiaient d’accointances avec les milieux d’affaires internationaux et parce que bon nombre de pays occidentaux, pourfendeurs des totalitarismes et tenants de la morale dans la politique, fricotaient pourtant avec ces pouvoirs honnis. Un débat féroce agite donc les cercles de réflexion et de décision. Faut-il investir dans les dictatures ou non ?
Mais qu’est-ce qu’une dictature en fin de compte ? En faisant affaire avec ces pays ne répondant pas aux canons -occidentaux- de la démocratie et des libertés civiles, leur donne-t-on une espèce de caution ? Ceux qui investissent dans ces dictatures, ne font-ils pas preuve de complicité ? Ne pas y investir, ne serait-il pas le symbole d’une certaine naïveté puisque d’autres le font sans véritablement en subir les contrecoups ? Et évidemment, face à ce dilemme, les supposées dictatures s’adonnent avec plaisir à certaines formes de chantage. Comment s’y prennent-elles ? Tour d’horizon. AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37 39
FLASH INFOS
MIGRATION : UNE RESSOURCE VITALE POUR L’ AFRIQUE Les quelque 30 millions d’Africains installés aujourd’hui à l’étranger constituent une ressource vitale pour le continent selon un nouveau rapport publié par la Banque africaine de développement en partenariat avec la Banque mondiale. Ce rapport présente les données tirées d’une nouvelle série d’enquêtes qui laissent penser que migrations et envois de fonds se traduisent par une baisse des niveaux de pauvreté dans les communautés ou pays d’origine. Ces envois effectués par les expatriés, aboutissent à un surcroît d’investissements en matière de santé, d’éducation et de logement. Par ailleurs, ces diasporas sont également sources de capitaux, d’échanges commerciaux ou de savoir, et de transferts de technologies. Mais selon les deux institutions, les responsables africains doivent encore faire plus pour tirer tous les avantages économiques de ce phénomène de migration. « Les pays africains doivent renforcer les liens entre diasporas et pays d’origine, protéger les migrants et accroître la concurrence sur les marchés des envois de fonds. Sinon, le potentiel qu’offrent les migrations pour l’Afrique restera en grande partie inexploité », prévient Dilip Ratha, économiste principal à la Banque mondiale et principal auteur du rapport. Source : La BAD
MONDE ARABE : LES ORGANISMES INTERNATIONAUX FINANCENT L’APRÈS RÉVOLUTION Les 187 États membres du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale viennent de demander aux deux institutions de Washington de venir en aide aux pays arabes qui souffrent aujourd’hui des retombées économiques des révoltes populaires. Elles ont été chargées d’une évaluation économique afin de mettre sur pied un plan d’action commun avec les cinq institutions internationales d’aide au développement pour la région Afrique du Nord, Proche et Moyen-Orient. Selon les projections, les pays arabes importateurs de pétrole devraient afficher en 2011 une croissance autour de 2%, très insuffisante par rapport à leur croissance démographique, dans un contexte de prix de l’énergie et de l’alimentation élevés. Source : Afrique Avenir
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ZIMBABWE : LES MINES ÉTRAN-
GÈRES DEVRONT CÉDER LA MAJORITÉ DES CAPITAUX NATIONAUX Toutes les entreprises étrangères possédant des mines au Zimbabwe devront très prochainement (moins de six mois) céder la majorité de leurs parts, selon les nouvelles réglementations. Les nouvelles règles étendent à toutes les sociétés le champ d’application d’une « loi d’indigénisation » publiée en 2010, qui obligeait déjà les compagnies minières étrangères évaluées à 500 000 dollars, de vendre au moins 51% de leur capital à des Zimbabwéens. Le nouveau seuil est désormais fixé à un dollar. Les compagnies minières concernées doivent avoir bouclé leurs plans « d’indigénisation » avant le 9 mai 2011, et toutes les transactions finalisées avant le 25 septembre, précise le texte de loi publié dans le journal officiel du pays. L’adoption de cette loi initiée par le président Robert Mugabe, a créé des tensions au sein du gouvernement d’unité nationale qui dirige le pays, le Premier ministre Morgan Tsvangirai qui est aussi son principal opposant estimant qu’elle décourage les investissements. Source : AFP
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Isaac Ebwélé Aziza Albou Traoré Jean-Marie Watonsi Marc Omboui Badjang ba Nken Parfait N. Siki Thierry Sylvane Noungou Antoine Lawson Alexis Koumba Jean Samuel Kondo Amadou Touré
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RECONSTRUCTION : LA CÔTE
D’IVOIRE VA RECEVOIR 400 MILLIONS D’EUROS DE PARIS Après 4 mois de crise et l’arrestation du président sortant Laurent Gbagbo (par les forces du chef de l’État reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara, avec le soutien de l’ONU et de l’armée française), la Côte d’Ivoire a reçu un soutien financier de 400 millions d’euros de la France, pour répondre notamment aux besoins urgents des populations et de la ville d’Abidjan. La ministre française des Finances, Christine Lagarde, a rencontré son homologue ivoirien Charles Koffi Diby lors d’une réunion de la zone franc à N’Djamena. Cette aide financière sert entre autres, à relancer l’activité économique ivoirienne et à permettre l’apurement des arriérés vis-à-vis des institutions internationales. La BCEAO avait fermé en janvier ses agences en Côte d’Ivoire à la suite de la réquisition de celles-ci par le gouvernement Gbagbo. Cela signifiait dans les faits une rupture totale entre la banque centrale, basée à Dakar, et le camp du président sortant. Source : AFP
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