Afrique Expansion Magazine 38

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® crédits GERAM COMMUNICATIONS


L’ÉDITORIAL DE GERBA MALAM RENDEZ-VOUS D’AFFAIRES

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ENQUÊTE LA RECONQUÊTE DU CIEL AFRICAIN ROYAL AIR MAROC UNE RÉFÉRENCE MALGRÉ LES TURBULENCES AVIATION D’AFFAIRES LE BUSINESS JET REDÉCOLLE COMPAGNIES RÉGIONALES DES ÉCHECS PROGRAMMÉS

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MARCHÉS AFRICAINS L’INDUSTRIE AUTOMOBILE AFRICAINE UN MARCHÉ EN PLEIN ESSOR AFRIQUE DU NORD LE TOURISME FAIT DE LA RÉSISTANCE POULET AFRICAIN À L’ÉPREUVE DU CONGELÉ IMPORTÉ

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L’ÉVÉNEMENT : FORUM AFRICA 2011 FORUM 2011 L’AFRIQUE DES AFFAIRES EN PREMIÈRE LIGNE CONFÉRENCE LA BANQUE AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT ET LES INVESTISSEURS CANADIENS CONFÉRENCE AFREXIMBANK, UN INSTRUMENT DE PROMOTION DU COMMERCE AFRICAIN TABLE RONDE FINANCEMENT DU COMMERCE INTERNATIONAL PANEL DÉVELOPPEMENT DES INFRASTRUCTURES EN AFRIQUE PANEL L’AFRIQUE, UN PÔLE DE CROISSANCE PANEL DÉVELOPPEMENT DURABLE DU SECTEUR DU BOIS ET DE LA FORESTERIE, UN ENJEU INTERNATIONAL PANEL INVESTIR DANS LE SECTEUR AGROALIMENTAIRE EN AFRIQUE FORUM 2011 TÉMOIGNAGES

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ÉNERGIE HYDROÉLECTRICITÉ UN IMPORTANT LEVIER DE DÉVELOPPEMENT

À RELANCER

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LE SOLAIRE EN AFRIQUE UNE RESSOURCE « NATURELLE »

AU RALENTI

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PÉTROLE L’AFRIQUE ATTISE LES CONVOITISES DES MULTINATIONALES LE GAZ NATUREL EN AFRIQUE UNE SOURCE CROISSANTE EN

APPORT ÉNERGÉTIQUE

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ÉNERGIE ÉOLIENNE L’AFRIQUE EN PASSE DE COMBLER SON RETARD

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MONDIALISATION MARCHÉS FINANCIERS LE SON DE CLOCHE DES BOURSES

AFRICAINES

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BUSINESS LES INDUSTRIES CULTURELLES EN AFRIQUE NOLLYWOOD UNE MACHINE À FRIC ÉCRANS NOIRS FORMER AUJOURD’HUI POUR DONNER À VOIR DEMAIN LE DISQUE AFRICAIN AU ROYAUME DE LA PIRATERIE

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DÉVELOPPEMENT INDE UN PARTENARIAT GAGNANT AVEC L’AFRIQUE FLASH INFOS

SOMMAIRE

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ENQUÊTE

LA RECONQUÊTE DU CIEL AFRICAIN

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Après deux décennies de turbulences, les transporteurs internationaux reviennent dans le ciel d’Afrique et les compagnies aériennes africaines semblent renouer avec une certaine activité.

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Du 5 au 8 septembre 2011 à Montréal, des centaines de gens d’affaires d’Afrique et d’Amérique du Nord ont planché sur les perspectives du développement d’affaires entre les deux continents.

ÉN R G I E 43

En Afrique, la croissance de l’environnement énergétique dépend encore d’une véritable volonté politique des États et des moyens financiers à mobiliser pour le financement des projets. Décryptage. AFRIQUE EXPANSION Magazine 38

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LA SOUVERAINETÉ ILLUSOIRE DES ÉTATS

A

près plus d’un siècle de colonisation et de domination, la majorité des pays africains ont acquis leur indépendance dans les années 60. Et pourtant, si l’on va au-delà des apparences, c’est-à-dire des attributs du pouvoir (hymne, devise, drapeau, etc.), tout indique que politiquement et économiquement, ils n’ont aucun contrôle sur leurs décisions et que les centres du pouvoir se trouvent ailleurs. Politiquement d’abord : on a la fâcheuse impression que les anciens maîtres sont partis sans partir et continuent de se mêler, un peu trop et souvent ouvertement, des affaires de leurs anciennes colonies. Ainsi, le dirigeant élu d’une ancienne colonie doit encore avoir leur bénédiction. De plus, chaque fois qu’il prend une décision, il faut qu’il s’assure que ça va plaire à Paris ou à Londres. Économiquement ensuite : les économies africaines restent extraverties. L’essentiel des exportations est constitué de matières premières et de produits agricoles. Or, les prix de ces produits sont fixés en Occident. Résultat : chaque fois que les pays développés toussent, l’Afrique éternue. Le comble de l’humiliation a été cependant atteint à la fin des années 80, début des années 90, quand la plupart des pays africains ont été frappés de plein fouet par une crise économique provoquée par la chute des prix des produits de base, la dette

L’ÉDITORIAL DE GERBA MALAM

Regardez l’Italie : septième puissance mondiale, 3e économie de la zone euro, sept fois le poids de la Grèce. Oui, mais ce géant croule sous une dette colossale de 1900 milliards d’euros, soit 120% de son PIB. Il s’est engagé à appliquer un plan d’austérité de près de 48 milliards d’euros, qui doit permettre d’atteindre l’équilibre budgétaire en 2014 et relancer la croissance du pays. N’empêche : il se retrouve sous la surveillance du FMI qui va contrôler, aux côtés de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne, la mise en œuvre des promesses du gouvernement. D’autres pays européens (le Portugal, l’Espagne et la France) pourraient tout aussi bien connaître le même sort, c’est-à-dire une atteinte directe à leur souveraineté politique et économique. On peut donc à juste titre se poser la question de savoir, si de nos jours, il existe encore des États indépendants et pour combien de temps encore. Ne faudrait-il pas plutôt admettre la fragilité des gouvernements nationaux face aux coups de boutoir des problèmes mondiaux de plus en plus graves et la montée en puissance des marchés qui sont devenus bien plus puissants que les États?

EST-CE LA FIN DES ÉTATS DEVANT LA TOUTE-PUISSANCE DES MARCHÉS QUI CONTRÔLENT, DÉCIDENT, IMPOSENT ET FONT LA LOI? publique qui dépassait les 100 % du PIB et le rétrécissement de l’aide extérieure. Pour les aider à s’en sortir, les institutions financières internationales (FMI, Banque mondiale) venues à leur secours, leur ont imposé les programmes d’ajustement structurel (PAS). Ces programmes de réformes, extrêmement contraignants et non négociables, leur ordonnaient de réduire grandement les dépenses publiques, de laisser flotter la devise, d’éliminer les subventions, de privatiser les entreprises d’État, etc. Conséquence de ces mesures : les États perdirent leur souveraineté budgétaire. En fait, le ministre des Finances des pays placés ainsi sous tutelle était...le FMI! Pendant longtemps, le monde a cru que la souveraineté bafouée, humiliée, était le lot des pays du Tiers-Monde en général et des pays africains en particulier. L’actualité de ces derniers mois en Europe apporte la preuve qu’il n’en est rien et que les États, à l’heure de la mondialisation, sont devenus de plus en plus faibles et vulnérables. Regardez ce qui se passe en Grèce. Avec une dette de 350 milliards d’euros, soit 160 % du PIB, le pays risquait tout simplement la faillite. Pour bénéficier de l’aide internationale, on lui a fait boire la coupe jusqu’à la lie, en le faisant passer d’un plan d’austérité à un autre : augmentation des taxes, coupes salariales dans la fonction publique, réforme des retraites, etc. Face au mécontentement populaire et à ce qu’il a perçu comme un abandon de souveraineté, le premier ministre Georges Papandréou a décidé de soumettre le nouvel accord de prêt au référendum. Mal lui en a pris. Nerveux et furieux, les marchés ont eu sa peau. Aujourd’hui, son pays s’est incliné devant la volonté des créanciers et fera tout ce qu’on lui demandera pour les rassurer.

En réalité, ce sont eux qui gouvernent aujourd’hui le monde. Ils contrôlent, décident, imposent et font la loi. Mais qui sont-ils? Ce sont les banques devenues puissantes et arrogantes. Ce sont les entreprises multinationales, dont le chiffre d’affaires est très supérieur au budget de plusieurs dizaines d’États. Ce sont enfin les agences de notation qui décident de l’avenir de toute une nation, en suscitant une crise de confiance dans sa solvabilité. La doctrine néolibérale qui sous-tend tous les programmes d’ajustement structurel, exige moins d’ « État ». Les marchés vont-ils tout simplement faire disparaître cette entité? L’économiste français Jacques Attali, dans son essai de prospective mondiale intitulé Une brève histoire de l’avenir, n’hésite pas à répondre par oui. Pour lui, les forces du marché vont prendre le dessus sur tout ce qui pourrait s’opposer à elles, y compris les États qu’elles détruiront peu à peu, y compris la superpuissance, les États-Unis, qui résistera plus longtemps, mais dont la domination prendra fin avant 2035. Devenu la loi unique du monde, le marché formera ce qu’il appelle un hyperempire, insaisissable et planétaire. Cet avenir est-il inéluctable? Ne peut-il pas y avoir un sursaut des États? Lors de la crise financière de 2008, ils avaient promis de réguler les marchés. Pourquoi n’ont-ils pas pris leurs responsabilités? Est-ce un aveu d’impuissance face aux marchés devenus incontrôlables? Si c’est le cas, il y a lieu de s’inquiéter devant ce « monstre » qui a échappé à ses créateurs, devant cette ère nouvelle où le pouvoir n’est plus de type représentatif ou électif, ni localisé géographiquement, mais est exercé directement par ceux qui contrôlent le système financier. AFRIQUE EXPANSION Magazine 38

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AFRIQUEEXPANSION.COM Depuis une dizaine d’années, l’Afrique réussit le pari d’attirer de plus en plus d’investisseurs sur son territoire et on se bouscule pratiquement pour y faire des affaires. Cette dynamique a induit une nouvelle ligne de communication qui montre une Afrique sans complexe l’Afrique. En Amérique du Nord, AFRIQUE EXPANSION MAGAZINE s’est donné pur mission d’en parler, de diffuser cette information. Le Forum Africa, qui est la clé de voûte opérationnelle de nos ambitions, est devenu un rendez-vous incontournable pour l’information sur les investissements et le développement durable sur le continent africain. Du 5 au 8 septembre à l’hôtel Fairmont Reine-Élizabeth de Montréal, on a pu entendre, débattre et échanger sur l’immense potentiel du continent africain.

ÉDITION DIGITALE

AFRIQUE EXPANSION MAGAZINE a mis à votre disposition les meilleurs moments du Forum Africa 2011 sur son site et l’édition digitale du magazine en fait le tour complet avec des textes et des images (photos et vidéos).

AFRIQUEEXPANSION.COM vous offre des informations approfondies et toujours fiables sur l’actualité économique d’un continent en constante évolution : l’AFRIQUE Vous trouverez également sur le site la VERSION DIGITALE d’AFRIQUE EXPANSION MAGAZINE, plus enrichie avec des dossiers électroniques exclusifs sur des informations pratiques concernant le monde des affaires en Afrique.

AFRIQUEEXPANSION.COM vous donne tous les jours une longueur d’avance et des références sur le monde des affaires en AFRIQUE et en AMÉRIQUE DU NORD.


FORUM AFRICALLIA 2012

Du 3 au 11 décembre 2011 Yaoundé, Cameroun

Du 22 au 24 février 2012 Ouagadougou, Burkina Faso

PROMOTE, l’un des plus grands rassemblements économiques en Afrique Centrale, attend cette année encore, plus de 1 000 exposants d’une trentaine de pays et plus de 120 000 visiteurs de tous les continents. Cette 4e édition nommée « Salon International de l’Entreprise, de la PME et du Partenariat de Yaoundé » se tiendra dans la capitale politique camerounaise du 3 au 11 décembre 2011. Ce sommet fait la promotion comme son nom l’indique de l’entreprise et des partenariats d’affaires entre les leaders économiques venus du monde entier.

Ouagadougou, la capitale burkinabè abritera du 22 au 24 février 2012, la 2e édition du Forum Africallia, forum ouest-africain de développement des entreprises. Il s’agit d’un forum international de rencontre d’affaires multisectorielles destiné aux dirigeants de PME, qui recherchent des alliances stratégiques commerciales au niveau international. Il va réunir près de 400 PME /PMI dont 240 de l’Union économique ouest-africain (UEMOA) qui regroupe 8 pays (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Togo, Bénin, Sénégal) et de 160 pays du reste du monde.

Infos : http://www.salonpromote.org/presentation.php Infos :http://home.africallia.com/fr/

FORUM MONDIAL DE L’INVESTISSEMENT 7e FORUM ÉCONOMIQUE INTERNATIONAL « L’AFRIQUE FACE AUX ENJEUX DE INTERNATIONAL DE L’OCDE LA MONDIALISATION » 6 décembre 2011 Paris, France

Du 1er au 2 mars 2012, Paris, France

Ce 9e Forum mondial organisé par l’OCDE et qui a lieu dans la capitale française, va se concentrer cette année, sur les nouvelles tendances dans l’investissement international et les activités des entreprises multinationales. Cet événement aura ainsi pour principaux thèmes : • La nouvelle géographie du commerce international, en particulier la montée des économies émergentes aussi importantes que les nouvelles sources d’investissement international • Le rôle croissant des gouvernements comme sources d’investissement international • L’augmentation rapide de l’investissement international dans l’agriculture, etc.

La Chambre Internationale pour le Conseil et la Promotion des échanges économiques internationaux (CICP) organise du 1er au 2 mars 2012, sa 7e édition du Forum économique international à Paris, la capitale française. Des entreprises venues du Burkina Faso, du Cameroun, de Côte d’Ivoire, du Gabon, Mali, Niger, Sénégal, Maroc, Tunisie, Algérie, France, Italie, Belgique, Espagne, etc., sont attendues lors de ce forum, en plus des spécialistes du marché de la zone Afrique comme les avocats, banquiers, juristes, logisticiens. Des rendezvous intra-entreprises, des opportunités d’affaires, des déjeuners, etc. leurs seront proposés. L’occasion pour ces entreprises de découvrir toutes les opportunités que leur offre le marché africain.

Infos : http://www.oecd.org/document/ 12/0,3746,en_21571361_39598752_42844108_1_1_1_1,00.html

Infos : http://www.cicp.biz/index.php?rubrique=15607

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RENDEZ-VOUS D’AFFAIRES

4e SALON INTERNATIONAL DE L’ENTREPRISE, PROMOTE


La part de l’Afrique dans le trafic aérien mondial tourne autour des 3 à 4% mais c’est un marché qui présente de nombreuses opportunités. Après deux décennies de turbulences, les transporteurs internationaux reviennent dans le ciel d’Afrique et les compagnies aériennes africaines semblent renouer avec une certaine activité. Depuis, on assiste à de nombreuses mutations avec plus ou moins de réussite. Au chapitre des échecs enregistrés dans cette

industrie sur le continent, quelques compagnies ont déposé leur bilan et des regroupements de bannières n’ont pas été à la hauteur des attentes. Plusieurs de ces échecs découlent souvent d’inadéquation entre projet et marché, de liaisons aériennes insuffisantes, d’infrastructures vieillissantes, ou encore d’un déficit de sécurité inacceptable. Il n’en demeure pas moins que des éclaircies se pointent dans le transport civil et dans l’aviation d’affaires. Nous en faisons le tour dans cette enquête.


LA RECONQUÊTE DU CIEL AFRICAIN AFRIQUE EXPANSION Magazine 38

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Les révoltes populaires qui ont fait tomber les régimes de Ben Ali en Tunisie et Hosni Moubarak en Égypte, ont frappé de plein fouet l’un des secteurs les plus dynamiques de ces deux pays, le tourisme. Plusieurs mois après, les nouvelles autorités ont décidé, pour faire revenir les touristes qui ont déserté leurs pays, de lancer une grande offensive marketing, à coup de campagnes de promotion et de paroles prêchées à l’étranger.

D

epuis la fin de ce que certains ont appelé le « Printemps arabe », désignant les révolutions qui ont eu lieu dans les pays arabes comme la Tunisie et l’Égypte, les gouvernements de transition de ces pays ne cessent de multiplier les efforts pour faire revenir les nombreux vacanciers étrangers, notamment européens. Après des années de répression, des milliers de Tunisiens et Égyptiens sont descendus dans la rue en décembre 2010, pour réclamer plus de liberté et de meilleures conditions de vie auprès de leurs dirigeants au pouvoir depuis plus de deux décennies. Des manifestations qui se sont très vite transformées en révolutions pacifiques, conduisant au renversement de Ben Ali et Moubarak. Malheureusement, ces soulèvements populaires ont quelque peu effrayés les touristes qui avaient pris l’habitude de passer leurs vacances dans ces pays ensoleillés aux plages paradisiaques.

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Un coup dur Ainsi, très rapidement la Tunisie et l’Égypte dont le tourisme constitue une source très importante de richesse (près de 7% du PIB tunisien et 11,5% du PIB égyptien), ont vu leur fréquentation touristique chuter de plus de 40%. La Tunisie a été la première à en souffrir avec une baisse d’environ 42 % entre le 1er janvier et le 10 mars 2011 et une dégringolade du chiffre d’affaires de 389,6 millions de dinars (197 millions d’euros) à 230,8 millions (117 millions d’euros) entre 2010 et 2011. Si bien que le ministre tunisien du Commerce et du Tourisme, Mehdi Houas, a déclaré à l’AFP que l’année 2011 serait sûrement « la pire de toute l’histoire de l’industrie touristique du pays ». Même son de cloche chez son homologue égyptien, Mounir Fakhry Abdel Nour, qui, même s’il a évité de prononcer le mot « catastrophe », lors d’une campagne de promotion à Paris, a malgré tout parlé de « crise probablement la plus grave pour le secteur » avec 11 millions de touristes de moins cette année, soit un

Face aux touristes effrayés par les soulèvements populaires en Tunisie et en Égypte, les nouvelles autorités font la tournée des salons professionnels à l’étranger pour promouvoir leur nouveau concept de « tourisme révolutionnaire ». repli d’un peu plus d’un quart par rapport à 2010.

Du « tourisme révolutionnaire » C’est véritablement un coup dur pour ces deux destinations qui habituellement attirent plusieurs millions de touristes (6 millions pour la Tunisie) tous les ans. D’où les efforts déployés par les ministères de tourisme de ces États pour ramener les touristes, en faisant notamment la tournée des salons professionnels à l’étranger


LE TOURISME

Vitraulle Mboungou

pour promouvoir leur nouveau concept de « tourisme révolutionnaire », le retour de la sécurité et de la stabilité dans leurs pays. La Tunisie a ainsi choisi pour sa campagne de promotion en Europe, en particulier la France, de jouer avec humour sur la peur suscitée par la révolution du Jasmin en utilisant des slogans choc de type « On dit qu’en Tunisie les balles fusent »; « On raconte que la Tunisie est un champ de ruines » ou encore « Il paraît qu’en Tunisie la tension est à son comble ». L’objectif de l’Office national de tourisme tunisien (ONTT) avec cette campagne de promotion aux messages quelque peu équivoques qui a coûté 3 millions d’euros (soit 70% de plus qu’en 2010), n’est aucunement de tourner en dérision la révolution ou de la décrédibiliser mais de faire passer un message de confiance aux touristes en leur prouvant que la peur qu’ils éprouvent est infondée. « Nous voulions répondre à la peur irrationnelle des touristes par quelque chose d’irrationnel », a souligné le directeur général de l’ONTT. D’où l’importance de la dédramatiser et de la ridiculiser. Cependant, cette promotion a été suivie par un dispositif publicitaire plus traditionnel comprenant des té-

moignages de touristes en séjour dans le pays, une campagne publicitaire télévisée sur les grandes chaînes européennes et des actions de communication (voyages pour de nombreuses personnalités et des journalistes européens sur place entre autres). L’Égypte, à l’instar de la Tunisie, a décidé également de transformer son récent changement de régime en argument publicitaire qui invite les touristes à venir « voir l’endroit où tout a commencé ». Outre une nouvelle campagne de publicité diffusée à la veille de l’été, le gouvernement égyptien a décidé, pour soutenir ce secteur très lucratif dans le pays, de maintenir les vols charters (jusqu’ici, les tour-opérateurs annulaient les vols lorsqu’ils n’étaient remplis qu’à moitié) et d’assurer les salaires dans l’hôtellerie et la restauration grâce à des fonds de garantie de 10 millions de dinars (5 millions d’euros) mis en place pour l’occasion. Le but étant, selon le ministre égyptien du Tourisme, « de sauver des emplois dans une activité qui fait vivre directement ou indirectement un travailleur sur sept ». Par ailleurs, tout comme son homologue tunisien, il envisage également l’élargissement de la clientèle touristique, majo-

FAIT DE LA RÉSISTANCE

ritairement européenne, aux pays émergents comme l’Inde et la Chine, « des marchés potentiellement immenses ».

Le Maroc moins touché Moins touché par le « printemps arabe », le Maroc où le tourisme représente 10% du PIB, souffre aussi pourtant de ses retombées. « La situation des pays voisins déteint bien sûr sur notre pays et se traduit évidemment par un impact négatif », indiquait récemment dans un communiqué, le ministre marocain du Tourisme et de l’artisanat, Yassir Znagui. En effet, il semblerait que la position des médias européens qui ont souvent sous-entendu que les révoltes populaires en Tunisie et en Égypte, allaient aussi s’exporter au Maroc (surtout avec les manifestations qui ont eu lieu dans certaines villes marocaines), ont eu un impact sur les décisions des touristes européens. « Nous ne sommes pas dans une situation de panique, mais nous sommes dans l’obligation de réagir », a souligné Yassir Znagui qui n’a cessé de multiplier les visites dans les différents pays pourvoyeurs de touristes comme la France, l’Espagne, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie.

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MARCHÉS AFRICAINS

AFRIQUE DU NORD


C’

est encore le prestigieux Hôtel Fairmont Le Reine-Élizabeth qui a servi de cadre au Forum Africa. Cet événement biennal a accueilli au cœur du quartier des affaires de la métropole québécoise, quelque 300 participants qui ont participé à divers panels et activités organisés sous le thème «Investissements et partenariats pour un développement durable en Afrique ». Du 5 au 8 septembre 2011, plusieurs notes se sont rajoutées au traditionnel agenda des participants. Cela aura particulièrement été l’occasion de rece26 AFRIQUE EXPANSION Magazine 38

voir une belle brochette d’invités dont M. Tim Turner, directeur du développement du secteur privé à la Banque africaine de développement (BAD). Principal orateur du déjeuner-conférence du 6 septembre 2011, M. Turner a fait une présentation particulière sur l’opportunité offerte aux gens d’affaires canadiens de faire des affaires en Afrique. Pour le directeur du développement du secteur privé de la BAD, cette dernière est un partenaire fiable dans la conduite des affaires sur le continent africain. Si ce dernier pouvait être considéré comme un territoire à haut risque il y a quelques années, il se trouve aujourd’hui que c’est la région du monde qui offre le meilleur retour

sur investissement. Des termes qu’il n’a pas non plus hésité à reprendre dans sa rencontre avec la presse en plaidant pour un autre regard sur l’Afrique : « Les possibilités de croissance restent immenses. Outre ses ressources pétrolières et minières que l’on sait, l’Afrique abrite, entre autres, 60% des terres arables inexploitées du globe, les meilleurs sites de développement de l’énergie solaire et les plus grandes ressources hydro- électriques inexploitées » C’est cet immense chantier qui a besoin d’apport en financement car, précise M. Turner, « les gouvernements et investisseurs privés africains ne disposent souvent pas encore des fonds et de l’expertise pour mener des chantiers d’une telle


Présenté par:

ampleur. » L’appel du pied aux décideurs canadiens ne pouvait être plus explicite. En appui à cette intervention, JeanLouis Ekra, président de la Banque africaine d’Import-Export (Afreximbank), a également fait une présentation sur le rôle de cet établissement et les défis à relever dans les échanges commerciaux sur le continent. Rappelant que l’Afreximbank était un exemple patent de partenariat public-privé, l’action de cette institution tournait globalement autour du financement de projets commerciaux et de la garantie des crédits engagés. À côté de ces deux communications principales lors de déjeuners-conférences, cinq ateliers auront retenu l’atten-

tion des participants en raison de leur objet : Développement des infrastructures, Financement du commerce international en Afrique, Développement durable des secteurs du bois et de la foresterie en Afrique, Faire des affaires en Afrique et Investir dans le secteur de l’Agro-industrie en Afrique. Près de 150 échanges ont ainsi eu lieu entre gens d’affaires africains et canadiens, et débouché sur de nombreux accords de principe. Enfin, parenthèse ludique au cours de ce Forum, le traditionnel gala n’a pas fait l’économie de la générosité des organisateurs. Les petits plats dans les grands, des prestations musicales et surtout la remise des Prix d’excellence Afrique Expansion auront retenu le

palais et l’attention des convives. Ces prix ont couronné, comme à chaque occasion, les entreprises s’étant illustrées dans leur apport au développement de l’Afrique. Huit ans après, le rendez-vous de l’Afrique des affaires en Amérique du Nord, que représente le Forum Africa, n’en est donc plus aux prétentions. Une édition après l’autre, le défi lancé par Afrique Expansion Magazine et le Conseil canadien pour l’Afrique est relevé de façon admirable. Et plus qu’une occasion de rapprochement entre décideurs nord-américains et africains, c’est l’événement désormais incontournable pour s’informer, rencontrer et conclure des partenariats d’affaires de premier ordre avec les secteurs privé et public. AFRIQUE EXPANSION Magazine 38 27


L’ ÉVÉNEMENT

FORUM AFRICA 2011

TÉMOIGNAGES

« «

Shaffique Allibhai (Kenya)

»

C’est pour nous un devoir en tant qu’africains de parcourir le monde afin de chercher de nouveaux partenariats d’affaires. L’Afrique est la destination affaires de l’avenir et le Forum Africa nous donne de réelles opportunités pour présenter le continent aux entrepreneurs canadiens. Nous en sommes très satisfaits.

Sanou Sarr (Mali)

La communication avec les organisateurs du Forum Africa a été impeccable et a joué pour beaucoup dans notre engagement à venir présenter l’Afrique comme territoire d’affaires aux investisseurs nord-américains. L’accueil et le déroulement du programme sont rigoureux et empreints de chaleur humaine. Ce dernier point nous a beaucoup plu, car en dehors du business, il y a aussi les rapports humains. C’est essentiel chez les Africains que nous sommes.

»

« » « » Onike Nicol-Houra (Communication BAD)

On ne peut pas parler de développement d’affaires en Afrique sans parler de la Banque africaine de développement. Notre troisième participation au Forum Africa fait partie de notre mission d’appuyer ce genre d’événement. On y rencontre beaucoup d’investisseurs et on fait tout pour les inciter à financer ou cofinancer des projets en Afrique à travers le département du secteur privé de notre banque.

Bernard Valcourt (Ministre fédéral chargé de la Francophonie)

La remise des Prix d’Excellence Afrique Expansion souligne combien d’investisseurs font déjà des affaires en Afrique avec des Africains. Les partenariats ainsi créés bénéficient autant au continent africain qu’au Canada. Après ce genre d’événement, il est de notre devoir de disséminer les bonnes nouvelles en provenance d’Afrique et de faire valoir en compagnie de la communauté des affaires, le véritablement potentiel de ce continent. Et il est énorme.

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Retrouvez l’intégralité de ces interview dans la version digitale du magazine


gala

relevé

L’FORUM ÉVÉNEMENT AFRICA

Un

Avec le cri du cœur de Jean-Louis Roy et les jubilations de plusieurs récipiendaires de Prix d’excellence Afrique Expansion, le Grand Salon de l’hôtel Fairmont Le Reine-Élizabeth a abrité une exubérance propre aux événements de l’envergure du Forum Africa. Un protocole conventionnel mêlé à une gastronomie et des prestations artistiques remarquables. Côté discours, on a eu droit aux allocutions très remarquées de M. JeanLouis Roy, Président d’honneur du Forum Africa, de l’honorable Bernard Valcourt, ministre fédéral chargé de la Francophonie, et de M. Gerba Malam, directeur de la publication Afrique Expansion Magazine. Tous, commis à la croissance des échanges entre l’Afrique et l’Amérique du Nord, ont rappelé l’importance de donner les moyens de réussir les missions respectives des gouvernements et des organismes voués à cette fin. À travers l’Honorable Bernard Valcourt, M. Jean-Louis Roy demandera d’ailleurs solennellement au gouvernement du Canada de permettre la venue d’un plus grand nombre de participants africains au Forum. Quand on sait que des gens d’affaires de très haut niveau n’ont pas pu faire le déplacement à Montréal pour des questions de visa, cette interpellation valait la peine d’être faite. En réponse, le ministre fédéral, manifestement impressionné par la dimension de l’événement, a vivement félicité les organisateurs en rappelant tout l’intérêt du cabinet du gouvernement fédéral pour ce genre d’initiative. S’agissant du cas particulier du Forum Africa, une attention supplémentaire pourra y être portée. Remerciant le ministre Valcourt pour ces bons mots, M. Gerba Malam a rappelé une fois de plus la mission de la publication qu’il dirige depuis une quinzaine d’années maintenant. Ce projet, a-t-il précisé, s’inscrit dans la durée et chacune des étapes de sa croissance doit contribuer positivement à l’expansion économique de l’Afrique. Voilà pourquoi aucun effort n’est ménagé pour que le Forum Africa, plus qu’une vitrine, soit un passage obligé des rencontres d’affaires porteuses. D’ailleurs, pour témoigner une fois encore de quelques réussites dans les milieux des affaires, les Prix d’excellence Afrique Expansion ont permis d’honorer des individus et des entreprises s’étant illustrés ces dernières années dans leur domaine respectif. Le Gala Afrique Expansion, ce fut enfin des prestations artistiques de premier plan. L’increvable Lorraine Klaasen et son répertoire sud-africain et la Québécoise Sophie Dussault dont la prestance à la Kora fit une nouvelle fois vibrer les convives.

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ÉN


RGIE Les principales révolutions industrielles ont consacré l’énergie comme moteur du développement. La multiplication des sources permet aujourd’hui de déterminer des mécanismes précis d’orientation économique en adéquation avec les impératifs écologiques. En Afrique, l’environnement énergétique est autant composé de ressources fossiles que de ressources renouvelables dont la croissance dépend encore d’une véritable volonté politique des États et des moyens financiers à mobiliser pour le financement des projets. Du nord au sud du continent, ce secteur est pluriel et c’est cette Afrique à « énergie variable » que nous détaillons dans ce dossier.

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LE GAZ NATUREL EN AFRIQUE

UNE SOURCE Plusieurs analyses le disent et les dernières découvertes le confirment. Le continent africain dégage, on et off shore, d’excellentes perspectives en matière d’exploitation du gaz. Si le pétrole a longtemps constitué la manne de plusieurs budgets nationaux, le gaz commence à y contribuer substantiellement.

CROISSANTE EN APPORT ÉNERGÉTIQUE Badjang Ba Nken

A

vec des réserves représentant près de 10% des réserves mondiales, soit 18 000 milliards de m3, contre moins de 8% il y a 10 ans, l’Afrique est de plus en plus convoitée par les géants du secteur. En termes de perspectives, l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) indiquait en 2010 que la consommation de gaz pourrait doubler de cette date à 2030 et atteindre les 4900 milliards de m3. Deuxième énergie au monde derrière le charbon, il devrait connaître une expansion rapide en Afrique où on espère une hausse de la production de 2 à 4 millions de barils par jour contre 500 000 actuellement.

rang se retrouve le Nigéria, avec 32,8 milliards de m3/an en 2008 dont une partie (21 milliards de m3) est exportée sous forme de Gaz naturel liquéfié (GNL).

Le gaz comme énergie électrique

LLEs réserves à la production Une consultation des derniers chiffres de l’OCDE place le Nigéria au premier rang des plus importantes réserves prouvées sur le continent avec 5246 milliards de m3. Suivent dans l’ordre, l’Algérie (4502 milliards m3), l’Égypte (1655 milliard m3), la Libye (1538 milliards m3), l’Angola (271,7 milliards m3), le Cameroun (135 milliards m3) et le Mozambique (127,4 milliards m3). Pour ce qui est de l’exploitation, les données sont un peu différentes puisque l’Algérie mène le classement avec 86,5 milliards de m3/an dont environ 60 milliards de m3, soit 70% de la production, sont exportés, en majorité vers l’Europe. Au deuxième rang, l’Égypte affiche une production de 62,6 milliards de m3/an. 48 AFRIQUE EXPANSION Magazine 38

Sa production, outre l’alimentation prioritaire du marché national (41 milliards de m3/an), est exportée soit par méthaniers, des unités de liquéfaction ayant été récemment construites, soit par gazoducs vers plusieurs pays de la région. Au troisième

L’une des problématiques de l’exploitation du gaz naturel demeure cependant la transformation de cette ressource en énergie pour les populations locales. Quelques expériences ont été tentées en Afrique de l’Ouest pour remplacer le bois de chauffe des populations rurales. Ailleurs en Afrique centrale, le Cameroun est passé à la vitesse supérieure avec la construction d’une centrale électrique alimentée au gaz. Première dans le pays, on l’annonce comme la plus puissante d’Afrique avec une capacité de 216 mégawatts (MW) qui devraient permettre de résorber en partie le déficit d’énergie électrique que connaît le pays. Les travaux de cette usine devraient être achevés en 2012. Et compte tenu de l’importance du gaz naturel dans un contexte mondial de diversification des sources d’énergie, de grands noms du secteur ont naturellement sauté à pieds joints dans l’aventure. Pour elles, l’Afrique représente une part croissante de leurs activités et de leurs investissements. Les Américains, les Russes, les Indiens ou encore les Français se bousculent au portillon. C’est donc dire l’importance de l’avenir du gaz en Afrique dont les pays auront pour ultime défi d’en bénéficier largement pour initier ou achever les nombreux plans de développement.


LES INDUSTRIES

CULTURELLES EN AFRIQUE


dustrie Nollywoodienne a bénéficié de la mise au chômage technique de nombreux cadres de la télévision publique nigériane, techniciens et réalisateurs, qui se sont tournés vers cette activité pour arrondir les fins de mois. Le résultat ne s’est pas fait attendre et aujourd’hui, plusieurs analystes estiment qu’après le pétrole, Nollywood est l’industrie la plus prospère du pays. En près de vingt ans, ce secteur contrôlé par environ 500 producteurs, génère un chiffre d’affaires frisant les 900 millions $ par an et crée des dizaines de milliers d’emplois. Il y a cependant un revers à cette réussite, et il est de taille. La piraterie, corollaire de la contrefaçon omnipré-

mense succès ! On me reconnaît même à l’aéroport de Bombay ! »

Un produit totalement local Toutefois, si la tendance est désormais mondiale, les racines de Nollywood sont d’abord locales avec les principaux centres que représentent Lagos, Abuja et Benin City. Lieux de tournage et marchés qui frisent les 30 millions d’admirateurs en puissance. Des amateurs de cinéma qui se reconnaissent dans le regard porté sur leur vie, loin des viseurs autrement plus condescendants des Occidentaux. Seulement, comment dans un pays où les salles de cinéma rouvrent pénible-

NOLLYW UNE MACHINE À FRIC

S

elon un rapport de l’Institut de la Statistique de l’Unesco paru en 2009, Nollywood, néologisme fait de « N » pour Nigéria et « ollywood» du très célèbre Hollywood californien, devance désormais ce dernier en termes de nombre de films (plus de 2000) produits chaque année et suit de près Bollywood, l’increvable bulle indienne du cinéma. À la base de ce succès, deux ingrédients principaux : les nouvelles technologies numériques et surtout l’esprit des affaires très commun aux Nigérians. Née au tournant des années 90, l’in-

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Léopold Nséké sente au Nigéria, ne permet pas aux artisans de ce cinéma de vivre décemment de leur art. Des dommages atténués par la notoriété qu’obtiennent les acteurs des séries que l’on retrouve désormais sur tous les marchés parallèles d’Afrique sub-saharienne. Et si revenus subséquents il y a, Nollywood les obtient surtout grâce aux réseaux internationaux qui permettent une diffusion mondiale de ses films tournés pour la plupart en Anglais. Interrogée il y a quelque temps à ce sujet, la méga star de Nollywood, Genevieve Nnaji , déclarait : « Nous faisons des films d’abord pour les gens, pas pour les jurys, et nous avons un im-

Véritable robinet à images, c esprit d’entrepreneuriat pré Au-delà de la créativité artist des millions de dollars et pl producteurs de cinéma.

ment leurs portes, un secteur aussi minoré est-il arrivé à prendre autant d’ampleur ? Il faut d’abord savoir que le produit nollywoodien correspond très généralement à l’imaginaire collectif africain. Les sujets traités n’ont pas la prétention du cinéma classique, d’auteur ou documentaire. Comme leurs pendants sud-américains des « telenovelas », les séries nigérianes puisent dans le quotidien de la nouvelle urbanité qui mêle traditions et modernisme. Avec en fond un chassé-croisé de drames ou de réussites sociales, les trames captivent et illuminent les ternes moments de détentes des familles. Ainsi naissent des productions à la chaîne. Un foisonnement qui s’explique par le


BUSINESS

format utilisé pour les tournages. Loin des grands plateaux traditionnels, on privilégie plutôt ici des décors naturels et des caméras numériques qui permettent de diviser les coûts de production par cent. Un choix qui amène à réaliser des œuvres à très bas prix, 15 000 $ à 30 000 $ en moyenne pour des tournages qui vont d’une à deux semaines.

Un horizon international prometteur Les perspectives d’avenir s’annoncent importantes puisque le cinéma nigérian dans son ensemble a besoin de reconnaissance. Or la production de films de « classe mondiale » devra passer par une mutation profonde en termes de financement. Jusqu’à présent, ce sont les particuliers ou certains organismes religieux et sociaux, qui en assuraient toutes les dépenses. Cette question fondamentale est au cœur des nouveaux mécènes nigérians parce que Nollywood a fonctionné jusqu’ici sans subventions publiques ni subsides internationaux. Tout semble changer pour le mieux car quelques groupes bancaires, dont la Diamond Bank et la Guaranty Trust Bank, étudient désormais avec

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e phénomène cinématographique n’est que l’extension d’un ésent dans la majorité des pôles économiques du Nigéria. ique elle-même, c’est une industrie du spectacle qui génère ace ce pays ouest-africain sur le podium mondial des sérieux les business plans de producteurs et commencent à les financer. Premiers résultats tangibles, quelques films de bonne facture ont paradé dans de très respectables festivals à travers le monde. Et l’histoire de Nollywood s’écrit à très grande vitesse comme en témoignent les excellents documentaires « This Is Nollywood » de Franco Sacchi et « Nollywood babylon » de Samir Mallal et Ben Addelman. Signe des temps, le phénomène tend à déplacer ses pénates et des producteurs ambitieux n’hésitent pas à faire tourner des scènes en Grande-Bretagne, au Canada ou aux États-Unis. Une progression qui bénéficie aussi de l’arrivée et de l’expansion des câbles et des satellites. Pas fous, de nombreux programmateurs ont inscrit dans leurs bouquets une offre alléchante des meilleurs films de Nollywood. C’est le cas du géant Odeon et du diffuseur britannique par satellite, BSkyB. Si cela ne parvient pas à convaincre les plus réticents, il faut leur rappeler que plusieurs studios de renom se penchent sur le phénomène et, notoriété suprême, il existe désormais en Californie la Nollywood Foundation, destinée à lui donner une nouvelle dimension.

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D ÉCRANS NOIRS FORMER AUJOURD’HUI POUR DONN epuis le 6 novembre 2010, l’Institut supérieur de formation aux métiers du cinéma et de l’audiovisuel de l’Afrique centrale (ISCAC) a ouvert ses portes à Yaoundé au Cameroun. Le programme, couronné d’un Brevet de technicien supérieur, dure deux ans. À l’origine, la vocation de l’opération « Écrans Noirs » était exclusivement d’établir une relation durable entre la production cinématographique africaine et les publics de l’Afrique Centrale. Mais pour donner à voir des films africains, il fallait que des Africains les réalisent, et bien évidemment des Africains d’Afrique Centrale

de la CNPS, Alain Mekulu Mvondo Akame, par ailleurs vice-président de l’Association Écrans Noirs. À cela s’ajoute du matériel de pointe que Bassek ba Kobhio estime encore insuffisant, tant les besoins sont criants et les équipements assez chers. Néanmoins, l’esprit qui anime les ambitions de ce cinéaste corrosif a suscité l’adhésion des services publics et de la coopération internationale. Ce qui fait que la première promotion n’aura à défrayer que 50 000 FCFA (130 $) au lieu des 5000 $ requis (1 950 000 FCFA). Une somme dérisoire pour 23 modules de cours dont le tiers sera théorique. Pour ne

Léopold Nséké

Si le continent regorge de talents nourris aux sources occidentales du cinéma, il n’existe pas à proprement dit de structures dédiées au 7e Art. Certes, des rendez-vous comme le Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou, appuyé par le gouvernement du Burkina Faso, ont pu susciter des vocations, mais le continent est encore à la traîne dans ce secteur. Heureusement, certains visionnaires tenaces poursuivent de nobles objectifs. C’est le cas du Camerounais Bassek ba Kobhio qui, à travers son association Écrans Noirs, vient d’ouvrir une toute nouvelle école du cinéma. aussi, alors que le nombre de professionnels dans cette sous région est l’un des plus faibles du continent.

Des débuts difficiles Cependant, les principaux écueils de ce type de projet concernent le matériel et les locaux d’apprentissage. À cet effet, les initiateurs du projet ont bénéficié du généreux concours de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) du Cameroun qui leur a ouvert les portes de quelques salles disponibles. Cette contribution a par ailleurs été possible grâce à l’appui du DG 56 AFRIQUE EXPANSION Magazine 38

rien laisser au hasard et être cohérent dans la démarche de formation, le programme s’inspire de ceux du BTS de l’ISIS au Burkina Faso, du BTS audiovisuel en France et de formations similaires au Canada et en Belgique, tout en respectant les exigences du Ministère de l’Enseignement Supérieur Camerounais (enseignement obligatoire de l’anglais par exemple). L’idée de créer un pôle cinéma sur le continent trottait depuis longtemps dans l’esprit de Bassek ba Kobhio qui révèle avoir pris la décision après le Festival de Cannes 2002. Pour l’auteur du « Grand Blanc de Lambaréné », cela devenait une nécessité.


NER À VOIR DEMAIN

L’ISCAC permet à des créateurs et des passionnés locaux de produire des œuvres qui leur ressemblent et qui sont beaucoup plus proches de leurs préoccupations.

L’histoire d’un cheminement Cette structure permanente succède donc au défunt programme « Classes de cinéma des Écrans Noirs » qui s’est étendu de 2001 à 2004, et qui se voulait une offre de formation intensive, qualifiante aux métiers du cinéma et de l’audiovisuel. L’Association Écrans Noirs, par cette initiative, comptait rééditer le succès des premières éditions qui avaient vu naître de nombreux professionnels aujourd’hui reconnus dans le milieu du cinéma et de la vidéo. Pourtant, ce fut ardu comme l’explique Écrans Noirs sur son site Internet. Durant plusieurs années, l’Ambassade de France et le Pari Mutuel urbain du Cameroun ont soutenu les classes de cinéma. Par la suite, cette entreprise a connu une baisse drastique de ses recettes et a dû sacrifier plusieurs de ses activités de sponsoring et de mécénat. À un moment, l’UNESCO avait décidé d’accompagner l’association, mais une maîtrise approximative des mécanismes de fonctionnement de cette institution a fait perdre un précieux soutien garanti pourtant sur deux ans.

Suite à la réorganisation des Écrans Noirs, le Conseil d’Administration a demandé que ce volet de ses activités soit absolument relancé. Les Administrateurs ayant souligné que la formation constituait l’une des raisons d’être de l’Association, eu égard surtout aux succès enregistrés autrefois, il fallait en faire une priorité. C’est pourquoi cette action de formation certes passionnante, mais coûteuse, a complètement été revisitée avec plus d’ambition. Aujourd’hui, toutes les compétences sont les bienvenues et la nécessaire coopération pour ce type de réalisation a plus que besoin d’être. C’est pourquoi les principaux partenaires de cette nouvelle aventure ne sont pas des moindres. L’Institut est donc appuyé par le Ministère Français des Affaires Étrangères, l’Ambassade de France au Cameroun, l’Organisation Intergouvernementale de la Francophonie, l’UNESCO, la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale du Cameroun et le Ministère de la Culture du Cameroun. AFRIQUE EXPANSION Magazine 38 57

BUSINESS

Mettre sur pied une structure permettant à des créateurs et des passionnés locaux de produire des œuvres qui leur ressemblent et qui sont beaucoup plus proches de leurs préoccupations. Ce que le promoteur traduit par le nécessaire renouvellement des générations et des intelligences pour pallier les conséquences liées à la formation des Africains à l’étranger et qui, pour la plupart, ne reviennent pas au pays. La formation locale permet donc une sélection de ceux qui veulent vraiment évoluer dans le 7e art, qui font montre de talents, et auxquels une éventuelle bourse à l’étranger pour une formation plus pointue serait à la fois profitable pour eux-mêmes et pour la collectivité. Elle a par ailleurs la faculté d’offrir une chance à tout le monde, y compris les enfants de familles défavorisées, là où des bourses directes vont souvent à ceux dont les parents ont de bonnes positions ou relations.


NOLLYW UNE MACHINE À FRIC


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FLASH INFOS

OKAVANGO-ZAMBÈZE UN PARADIS DE L’ÉCOTOURISME EN AFRIQUE

Cinq pays de l’Afrique australe (l’Angola, le Botswana, la Namibie, la Zambie et le Zimbabwe) ont récemment signé un traité créant une vaste zone protégée dans les bassins des fleuves Zambèze et Okavango qui a pour vocation de devenir un paradis de l’écotourisme. Située à cheval sur les territoires de l’Angola, du Botswana, de la Namibie, de la Zambie et du Zimbabwe, la zone protégée Okavango-Zambèze doit permettre de relier entre eux quatorze parcs nationaux et réserves naturelles mais aussi les chutes Victoria et le delta de l’Okavango. Ce projet a pour objectif la conservation de la biodiversité, le développement durable des communautés locales, l’essor de l’écotourisme et le partage des ressources de la région. Source : AFP

NETTE AUGMENTATION DES IDE DANS LES PAYS ÉMERGENTS EN 2010 Les pays émergents après avoir attiré près de 53 % des IDE en 2010, sont devenus « les nouveaux poids lourds » du monde, selon le rapport 2011 de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) sur « les investissements dans le monde ». Les flux d’investissements directs étrangers (IDE) auraient augmenté de 5 %, pour s’établir à 1 244 milliards de dollars, soit 4,4 % des IDE. Même si l’Afrique avec un recul de 9 % des IDE est à la traîne, la situation est cependant contrastée d’une région à une autre. Ainsi, au sud du Sahara, les hydrocarbures et les mines dominent (43 % des IDE), devant les produits manufacturés (29 %) et les services (28 %). Si les investissements ont reculé dans l’ouest et le sud du continent, ils ont doublé en Afrique centrale et en Afrique de l’Est en 2010 (8 milliards de dollars).

Source : Jeune Afrique

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LA CROISSANCE AFRICAINE SOUTENUE PAR L’ÉMERGENCE DE LA CLASSE MOYENNE Un nombre de plus en plus croissant de grands investisseurs étrangers parient sur l’émergence et la montée en puissance de la classe moyenne dans les économies africaines, révèle le rapport 2011 de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). D’où leur intérêt pour des secteurs jusque-là délaissés. Diverses recherches suggèrent que le nombre d’Africains pouvant s’offrir plus que des produits de première nécessité, ne cesse de croître mais pas seulement dans les pays les plus avancés économiquement comme l’Afrique du Sud, le Ghana ou le Nigeria. Une étude de McKinsey estime que cette nouvelle classe sociale devrait dépenser plus de 1,4 milliard $US en 2020 contre près de 860 millions en 2008. Source : Afrique Avenir

LES NOUVEAUX CHAMPIONS DE LA CROISSANCE EN AFRIQUE Le Ghana et de l’Éthiopie qui affichent les taux de croissance les plus importants d’Afrique (plus de 12% pour le premier et plus de 10% pour le second en 2011 selon les dernières prédictions de la BAD et de l’OCDE), viennent de compléter le tableau d’affiche des économies émergentes mondiales aux côtés des dragons et des tigres asiatiques, des jaguars de l’Amérique du sud et des BRICS. Ainsi, le Ghana a doublé la croissance de son PIB en seulement un an, passant grâce notamment au pétrole, de +5,9% en 2010 à +12% en 2011 contre 5,9% pour l’Afrique de l’Ouest en 2011. Entre 1993 et 2006, la taille de son économie a triplé grâce à la stabilité sociale et l’enracinement croissant de la démocratie qui ont permis de créer les conditions adéquates pour attirer les investissements. Par ailleurs, ce pays est le deuxième producteur d’or du continent après l’Afrique du Sud, et le deuxième exportateur mondial de cacao derrière la Côte d’Ivoire. L’Éthiopie qui compte d’importantes infrastructures comme l’aéroport international, véritable hub régional, est quant à elle en plein changement. Premier producteur de café du continent, ce pays a réalisé en 2011 un chiffre d’affaires de 842 millions de $US sur la base des 196 000 tonnes de café exportées sur le marché mondial au cours de l’année fiscale 2010-2011. Source : Afrique Avenir

1255, rue University, bureau 401 Montréal (Québec) Canada H3B 3B6 Tél.: (514) 393-8059, Fax : (514) 393-9024 E-mail : info@afriqueexpansion.com www.afriqueexpansion.com Directeur de la Rédaction : Gerba Malam Rédacteur en chef : Léopold Nséké Directrice générale : Amina Gerba Rédaction Gerba Malam Didier Oti Léopold Nséké Claude Gervais Vitraulle Mboungou Correspondants France : États-Unis : Cameroun : Congo : Gabon : Côte d’Ivoire : Afrique du Sud :

Isaac Ebwélé Aziza Albou Traoré Jean-Marie Watonsi Marc Omboui Badjang ba Nken Parfait N. Siki Thierry Sylvane Noungou Antoine Lawson Alexis Koumba Jean Samuel Kondo Amadou Touré

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