Afrique Expansion Magazine 39

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L’ÉDITORIAL DE GERBA MALAM

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ENQUÊTE LA FILIÈRE FERROVIAIRE EN AFRIQUE UN RÉSEAU PORTEUR À RENOUVELER LE RAIL AU CŒUR DU DÉVELOPPEMENT DE LA RDC TRAIN À GRANDE VITESSE MAROC ET AFRIQUE DU SUD EN

POLE POSITION

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DOSSIER SPÉCIAL LE CANADA AU SALON PROMOTE 2011 DE YAOUNDÉ PROMOTE 2011 UN OUTIL STRATÉGIQUE POUR LE MARKETING

DU CAMEROUN

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JOURNÉE DU CANADA FAIRE DES AFFAIRES AVEC LE CANADA LE CANADA SE VEND AU CAMEROUN BILAN DE LA MISSION

COMMERCIALE

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LE CAMEROUN UN PARTENAIRE DE PREMIER CHOIX DU CANADA TÉMOIGNAGES

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RENDEZ-VOUS D’AFFAIRES

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DOING BUSINESS 2012 COMMENT RÉUSSIR EN AFRIQUE ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES DONNÉES ET ANALYSE LE RETOUR SUR INVESTISSEMENT LA DESTINATION AFRIQUE

PLUS ATTRACTIVE QUE L’ASIE

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FEUILLE DE ROUTE POUR FAIRE DES AFFAIRES EN AFRIQUE COMPÉTENCES INTERCULTURELLES LE SÉSAME QUI OUVRE

LA PORTE DES AFFAIRES EN AFRIQUE

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INVESTISSEMENT EN AFRIQUE CARTOGRAPHIE DES RISQUES

PAR PAYS

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DIGNES DE MENTION

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MARCHÉS NORD-AMÉRICAINS LES BIOTECHNOLOGIES RECHERCHE, DÉVELOPPEMENT

& APPLICATIONS

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MONDIALISATION CRISE QUAND LE SUD VIENT AU SECOURS DU NORD

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DÉVELOPPEMENT LA CHINE UN REDOUTABLE COMPÉTITEUR POUR L’OCCIDENT

EN AFRIQUE

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FLASH INFOS

ENQUÊTE

LA FILIÈRE FERROVIAIRE EN AFRIQUE

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Réhabiliter le chemin de fer en Afrique pour en faire un véritable outil de développement. Mais comment? Et où trouver le financement?

LE CANADA AU SALON PROMOTE

2011 DE YAOUNDÉ

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Vendre l’expertise canadienne au Cameroun. C’est la mission que se sont donnée les entreprises canadiennes qui ont participé au Salon Promote de Yaoundé de décembre 2011.

L’Afrique est devenue la nouvelle frontière d’investissement. Pour profiter pleinement de ce nouveau marché, il faut une bonne préparation stratégique et culturelle. Les conseils de nos experts. AFRIQUE EXPANSION Magazine 39

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SOMMAIRE

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LA FILIÈRE F


L

a Banque mondiale est formelle: en raison de ses multiples avantages, le rail est préférable à la route en Afrique. Or, la très grande majorité des réseaux ferroviaires sur ce continent sont à voie étroite et généralement dotés d’un armement de voie plutôt léger, n’autorisant que des charges à l’essieu peu élevées. De plus, les conditions d’exploitation y sont médiocres. Quelle est donc la meilleure voie à suivre pour l’Afrique afin de se doter d’un réseau global fiable, rentable et porteur de richesses? Que faire pour que le chemin de fer, qui a toujours été un important moyen de transport dans un pays comme la République démocratique du Congo, redevienne un outil de développement essentiel? Notre enquête répond à ces questions et montre qu’au vu de ce qui passe en Afrique du Sud et au Maroc où l’on est à l’heure du train à grande vitesse, tous les espoirs sont permis.

FERROVIAIRE

EN AFRIQUE AFRIQUE EXPANSION Magazine 39

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LE CANADA AU SALON PROMOTE

2011 DE YAOUNDÉ

P

lus grand rassemblement économique en Afrique centrale, le Salon Promote de Yaoundé de décembre 2011 a encore tenu ses promesses : plus de 100 000 visiteurs, 1290 exposants et 30 pays participants. Visibilité, contacts, opportunités d’affaires : tels sont quelques-uns des avantages offerts par ce rendez-vous d’affaires auquel ont pris part 23 entreprises canadiennes. Leur objectif, vendre le Canada, a été largement atteint à travers la Journée Découverte du Canada, les multiples rencontres avec les décideurs politiques camerounais et de potentiels partenaires. Ce dossier dresse le bilan de leur séjour au Cameroun, un pays qui est, il faut le souligner, le premier marché d’exportation du Canada en Afrique centrale.

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« «

TÉMOIGNAGES

Benoît-Pierre Laramée (haut-commissaire du Canada au Cameroun)

»

Le Canada est un investisseur de choix, qui apporte en plus de son capital, sa gestion moderne et durable des opérations, son apport technologique et son respect de l’environnement social par l’intégration des normes de responsabilité sociale.

Laurent Serge Étoundi Ngoa (ministre des PME, de l’Économie Sociale et de l’Artisanat)

Nous avons eu, déjà depuis trois ans, à travailler avec cet institut [Institut de recherche sur les PME de l’Université de Trois-Rivières]. Nous sommes en train d’acquérir les divers modules de la mise à niveau. En 2013, nous les aurons tous acquis. Et nous pensons que cela permettra au pays d’être beaucoup plus autonome.

»

« » « » Amina Gerba (P-D.G. d’Afrique Expansion Inc.)

Votre présence (entreprises canadiennes, ndlr) ici témoigne de l’intérêt de plus en plus croissant que les entreprises canadiennes, tous secteurs confondus, accordent aux marchés africains en général, et au marché camerounais en particulier.

Marie-France Lebreton (Ex-Vice-présidente du Conseil Canadien pour l’Afrique)

Nous avons eu un accueil de la part des autorités du Cameroun vraiment incroyable. […] Nous avons eu le privilège d’être reçus par Monsieur le Premier ministre. Comme, il l’a si bien mentionné lui-même, son bureau […] est la maison du Canada.

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Retrouvez ces interviews dans la version digitale du magazine


PROMOTE 2011

« » «

Pascal Balata (Conseiller en développement des marchés et montage des projets – Consultant)

Nous sommes déterminés à faire en sorte qu’il y ait des résultats concrets de notre côté. […] Pour ce que je vois de la partie d’en face, la même détermination se lit. Et sauf anomalie imprévisible, comme on dit en finance, si ce n’est que pour les acteurs en présence, on devrait avoir des résultats concrets.

Fidèle Toghoua (Associé principal, Tangolf Inc.)

C’est sûr que c’est difficile, les neuf premiers mois ont été très difficiles, on s’est posé des questions. Mais quand on a fait la balance par rapport aux opportunités d’affaires, par rapport aux marges bénéficiaires qu’une entreprise comme la nôtre pouvait avoir en s’implantant dans un pays comme le Cameroun, qui est en pleine croissance, […], on était nettement gagnant .

« «

Alain Canuel (Ingénieur conseil)

» »

[…] Cette fois-ci, c’est la bonne ! […] Moi, il n’y a aucun doute dans ma tête, je me donne […] entre un an et dix-huit mois […], je vais faire un projet qui va être réalisable et bénéfique pour tous. Et peut-être même à plus brève échéance, j’ai des entrepreneurs du Québec qui veulent venir s’établir ici et trouver un partenariat.

Sandrine Zambou (Agent immobilier)

»

J’ai pu, à l’occasion de ma venue pour PROMOTE, obtenir la confirmation ferme de la venue à Montréal d’un de mes clients. À cette occasion, nous effectuerons, à Montréal, l’achat de propriétés d’ici la fin de l’année.

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D

ans le palmarès des 30 économies au monde ayant le plus amélioré leurs réglementations des affaires, 1/3 est localisé en Afrique subsaharienne. C’est l’un des constats majeurs faits par le rapport Doing Business 2012 de la Banque Mondiale. C’est dire que l’environnement des affaires est en nette amélioration en Afrique. Rien de surprenant donc que la destination « Afrique » soit devenue plus attractive que l’Asie pour les investisseurs, selon une enquête de Silk Invest. En fait, plusieurs experts s’accordent pour dire que le continent africain est devenu la nouvelle frontière d’investissement. On s’y bouscule entre Asiatiques, Européens et Nord-américains. Cependant, pour y réussir, il faut une bonne préparation : une feuille de route détaillée et efficace, une bonne connaissance des cultures africaines et des subtilités associées aux affaires en Afrique et une maîtrise de son environnement socio-politique. Ce grand dossier apporte des conseils clairs, pratiques et stratégiques sur la voie à suivre pour connaître le succès dans les affaires en Afrique.


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INVESTISSEMENT EN AFRIQUE CARTOGRAPHIE DES PAYS À RISQUE L’Afrique est perçue aujourd’hui comme un eldorado pour les investissements directs étrangers. En dépit de ce regain d’intérêt pour ce continent en proie quelquefois à des violences, dues notamment aux guerres civiles ou conflits sociaux, nombreux sont ceux qui souhaitent avoir une estimation globale et précise des risques dans les pays ciblés pour investir. Un travail de décryptage qu’a effectué Afrique Expansion Magazine.

CÔTE D’IVOIRE

BURUNDI

• L’élection présidentielle de novembre 2010 avait provoqué un conflit interne très violent dû au refus du président sortant, Laurent Gbagbo, de reconnaître sa défaite et d’abandonner le pouvoir au profit d’Alassane Ouattara, son rival déclaré vainqueur. Cette crise politique n’a pris fin qu’à la suite d’une offensive éclair contre Laurent Gbagbo. • Contexte politique et sécuritaire fragile : question du désarmement des milices des deux bords impliquées dans la crise pas entièrement réglée. • Index de paix 2011 : 128e place sur 153

• Les élections présidentielles de 2010 ont ravivé les tensions politiques internes qui semblaient s’être relâchées depuis la fin du conflit en 2009, entre le gouvernement et le mouvement rebelle hutu des Forces nationales de libération (FNL). • La constitution pourrait être amendée pour que le Président burundais puisse briguer un 3e mandat en 2015, ce qui augmente considérablement la probabilité d’un retour à la lutte armée du FNL. • Index de paix 2011 : 132e place sur 153 RÉPUBLIQUE DU CONGO

• Le président Sassou-Nguesso, réélu pour un mandat de sept ans en 2009 avec le Parti congolais du travail, continue de dominer la vie politique. • L’environnement géopolitique demeure fragile (coup d’État en 2008 suivi • Dans la région du Pool, qui fut l’une des plus touchées par les guerres civiles, de l’élection en 2009 du président Mohamed Ould Abdel Aziz) en raison d’une le programme de désarmement, démobilisation et réinsertion se poursuit. instabilité politique exacerbée par la menace terroriste. • Voisinage avec la RDC où la situation sécuritaire, dans le contexte des élec• Les attaques sporadiques d’Al Quaïda au Maghreb islamique (AQMI) tions présidentielles de novembre 2011, s’est considérablement dégradée. continuent de dégrader le climat des affaires. • Index de paix 2011 : 98e place sur 153 • Index de paix 2011 : 130e place sur 153 RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE NIGER • Une situation sécuritaire précaire depuis le départ de la mission des Nations • Dégradation de la situation sécuritaire : un an après une prise de pouvoir par unies (MINURCAT) fin 2010 : sécurité désormais assurée par les forces centrafriles militaires, l’ancien opposant Mahamadou Issoufou a été élu président en caines, avec l’aide des militaires français et les troupes de la CEMAC. mars 2011, mais il a dû faire face quatre mois après à une tentative de coup • Le pays doit encore faire face dans le sud-est, à la présence d’éléments de l’Ard’État militaire. mée de résistance du Seigneur (mouvement de rébellion), et dans le nord, à un • Le pays et les intérêts étrangers restent aussi confrontés à la menace d’AQMI. conflit armé entre groupes rebelles lié au contrôle d’une importante zone minière. e • Index de paix 2011 : 119 place sur 153 • Index de paix 2011 : 144e place sur 153 36 AFRIQUE EXPANSION Magazine 39

Source : www.coface.fr

MAURITANIE


SOUDAN

SOMALIE

• Amplification des risques de troubles politiques qui fragilise les investissements : aggravation des conflits dans les régions frontalières et inculpation par la Cour pénale internationale du président al-Bachir pour crimes de guerre. • Les deux régions font face sur le terrain, à des contestations de groupes rebelles. • Index de paix 2011 : 151e place sur 153

• Pays qui enregistre le risque terroriste le plus fort devant le Pakistan, l’Irak ou encore l’Afghanistan. • Hausse très significative du nombre d’actes terroristes ces dernières années et Al-Qaïda suscite toujours des inquiétudes grandissantes dans la région. • Index de paix 2011 : dernière place (153e)

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO • Risque de guerre civile important et tensions persistantes dans l’est du pays • Relations conflictuelles avec les pays voisins dont l’Ouganda et l’Angola • Les élections présidentielles et législatives du 28 novembre 2011 se sont déroulées dans un climat social très tendu. • Index de paix 2011 : 148e place sur 153

ZIMBABWE • Très forte dégradation depuis 2011 des relations entre les deux partis majoritaires, le MDC (parti du premier ministre, Morgan Tsvangirai) et le ZANU-PF (parti du président Mugabe, au pouvoir depuis 1980), en dépit de l’accord de formation du gouvernement d’union nationale de 2008. • La tenue des prochaines élections (probablement en 2013) se traduira sûrement par une nouvelle dégradation de la situation politique, le ZANU-PF souvent accusé d’attiser les violences, notamment interethniques, afin de faciliter sa réélection. • Index de paix 2011 : 140e place sur 153

GUINÉE • Instabilité politique chronique, conflits ethniques : la Guinée a été successivement affectée par un coup d’Etat (fin 2008) et les troubles politiques qui ont suivi l’élection présidentielle de 2010. • Environnement des affaires marqué par l’insécurité juridique • Index de paix 2011 : 92e place sur 153 LIBYE • Transition politique incertaine et problèmes sécuritaires après la chute du régime du colonel Kadhafi qui s’est traduite par la mort de celui-ci. • Environnement des affaires très difficile, compte tenu d’une réglementation incertaine dans ce pays en proie à l’insécurité et sans expérience démocratique. • Index de paix 2011 : 143e place sur 153 KENYA • Risque de résurgence de tensions sociales et des violents affrontements interethniques à la veille de l’élection présidentielle de 2012 qui sera marquée par le retrait du président Mwai Kibaki de la vie politique, celui-ci ne pouvant, selon la constitution, briguer un troisième mandat. • Dégradation des relations avec la Somalie. • Index de paix 2011 : 111e place sur 153 RWANDA

NIGÉRIA • Tensions ethniques, religieuses et économique entretenues par la corruption : la division nord/sud inquiétante avec son cortège de violences cristallisées. • Brigandage et menace terroriste dans le delta et dans le nord-est du pays très préoccupants. • Index de paix 2011 : 142e place sur 153 TCHAD • Situation sécuritaire dégradée avec cependant une légère amélioration, malgré l’instabilité persistante dans les pays voisins. • Index de paix 2011 : 141e place sur 153

• Voisinage du Congo instable • L’opposition, affaiblie, se plaint de dérives autoritaires du président Paul Kagame qui s’en défend en invoquant des actions violentes de groupes armés dans les campagnes. • Les blessures issues du génocide en 1994 ne sont pas complètement refermées, ce qui pourrait entraîner de nouvelles tensions. • Index de paix 2011 : 99e place sur 153 ÉRYTHRÉE • Risque élevé de conflits transfrontaliers : les tensions frontalières avec l’Éthiopie et Djibouti se sont renforcées. • Les offensives diplomatiques dans le cadre des Nations Unies se sont multipliées pour dénoncer le rôle déstabilisateur de l’Érythrée dans la région, le gouvernement étant accusé de soutenir des groupes rebelles armés. • Index de paix 2011 : 104e place sur 153 AFRIQUE EXPANSION Magazine 39 37


LESRECHERCHE,BIDÉVELOPPEMENT OTECHNOLOGI E S ET APPLICATIONS

Léopold Nséké

La fusion entre la science du vivant et les techniques de reproduction a permis un développement fulgurant des biotechnologies, véritable industrie de pointe. Véritable cuve de bouillon scientifique, le continent nord-américain occupe aujourd’hui le peloton de tête d’un secteur au cœur des stratégies industrielles. Malgré un ralentissement au cours des deux dernières années, les entreprises de « biotech » continuent de drainer des milliards de dollars en investissements et en revenus.

P

lusieurs experts internationaux affirment que la bioéconomie représente aujourd’hui près du tiers de l’économie mondiale et selon l’OCDE, elle apportera entre autres prévisions, une quinzaine de nouveaux médicaments par année et contribuera à 10% de la production chimique d’ici à 2030. C’est dire l’importance des enjeux vitaux pour l’avenir que représente ce secteur des affaires. L’organisme canadien BioteCanada rappelle bien à propos que les exemples ne manquent pas pour illustrer la manière dont les biotechnologies transforment l’économie mondiale. Que ce soient de nouvelles thérapies biologiques ou de nouveaux vaccins; de nouveaux composites plastiques provenant de sources agricoles ou de l’huile de cuisson sans « gras trans », on est en présence de résultats dus à une recherche effrénée mais raffinée de nouveaux produits. Le portrait biotechnologique de l’Amérique du Nord comprend d’abord les États-Unis, principal marché mondial, avec plus de 1300 sociétés enregistrées à travers la fédération. Ces entreprises détiennent près de 60% des emplois mondiaux dans le secteur et effectuent plus de 70% de la recherche et du développement (R&D). Un montant évalué en 2010 par la Battelle/BIO State Bioscience Initiatives à environ 32 milliards $US. De plus, un récent rapport du cabinet 40 AFRIQUE EXPANSION Magazine 39

Ernst & Young indique que les bénéfices nets réalisés dans le secteur en 2010 aux États-Unis se sont élevés à 4,9 milliards $US, soit une hausse de 33% par rapport à 2009. Quant aux financements des capitaux-risques, ils ont également connu une hausse (20,7 milliards $US, soit 15% de plus qu’en 2009). Pour comparaison, il est à noter que 12,2% des investissements totaux des capitaux-risques sont destinés au secteur des biotechnologies contre 18,2% au secteur de l’informatique et du web 2.0. Dans la foulée des États-Unis se retrouve le Canada, très actif dans les biotechnologies et qui occupe le 2e rang mondial en termes de nombre d’entreprises par habitant. Le pays à la feuille d’érable héberge en effet près de 550 entreprises et la santé demeure son principal domaine d’application, puisqu’il compte pour 68,5% de la valeur totale de son marché. Dans ce volet, les entreprises canadiennes, qui coopèrent avec des filiales des 10 plus grandes multinationales biomédicales et biopharmaceutiques, se distinguent particulièrement par de grandes réussites dans les essais cliniques et la fabrication. Il est également important de signaler que la biotechnologie canadienne se caractérise par une grande ouverture internationale car 70% des entreprises sont engagées dans des partenariats de R&D, dont près de la moitié avec des entreprises étrangères.

Une industrie resserrée sur trois secteurs principaux Les biotechnologies se concentrent dans trois volets pas très éloignés les uns des autres en termes de R&D. Comme on l’a indiqué dans le cas du Canada, les entreprises en santé constituent cependant le plus vaste secteur de cet environnement industriel. Qu’on pense aux traitements de maladies lourdes comme le cancer, le diabète ou le sida, aux vaccins à améliorer ou à développer ou encore aux nouveaux appareils de tests et de diagnostics. On comprendra facilement l’intérêt de grands groupes à y investir de colossales sommes. Par contre, la biotechnologie agricole qui, depuis les années 70, procède à la modification génétique de plantes ou d’animaux pour contrer la malnutrition et réduire l’impact environnemental de l’agriculture, occupe une place non négligeable et enfin, la biotechnologie industrielle boucle le trio en proposant de manière constante de nouvelles techniques et des produits industriels d’usage courant comme les détergents et des solvants biodégradables, ainsi que de nouvelles solutions de décontamination des milieux de vie et de purification de l’eau.


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MARCHÉS NORD-AMÉRICAINS

à la santé humaine ou à l’environnement, notamment à la biodiversité. Les services environnementaux précisent qu’un Règlement sur les renseignements concernant les substances nouvelles (RRSN) dote le Programme des substances nouvelles, de l’autorité réglementaire et d’outils permettant d’effectuer cette évaluation. Aux États-Unis, la formulation d’une politique globale de surveillance et de réglementation a été énoncée en 1986 avec la « Réglementation-cadre coordonnée » (Coordinated Framework) pour les biotechnologies. Malgré les multiples réserves concernant surtout les Organismes génétiquement modifiés (OGM), cette loi établie sous le gouvernement Reagan a pu imposer certaines balises. Trois agences fédérales se partagent la responsabilité de gérer la législation s’appliquant aux produits biotechnologiques. Ce sont la Food and Drug Administration pour les produits alimentaires et pharmaceutiques, le U.S. Department of Agriculture, Animal and Plant Health Inspection Service pour les parasites des plantes et l’Environmental Protection Agency chargée de légiférer l’utilisation des pesticides. Dans le cadre des opérations de coordination, certains produits peuvent indifféremment être contrôlés par l’ensemble des par un seul ou encore deux. Un système de R&D extrêmement cherche en biotechnologie (IRB) au sein organismes, Enfin, ces trois organismes tiennent des du Conseil national de recherches du Caperformant réunions d’information ouvertes au public nada (CNRC). et conduites par des groupes d’experts. Le principal moteur des entreprises en Si cette réputation d’excellence attire Une réglementation de plus biotechnologies est la recherche et dévebien évidemment de nombreuses multien plus serrée loppement (R&D) au sein de laquelle des nationales qui développent des produits de milliers de chercheurs sont attachés à enpremière ligne, tout ce tableau ne doit pas tretenir la réflexion sur de nouvelles ave- Toute cette frénésie se déroule cependant faire oublier que l’industrie des biotechnonues. Ce qui fait qu’aux États-Unis ou au dans un cadre réglementaire scientifique logies suscite encore plusieurs interrogaCanada, un accent très particulier est mis strict et cohérent pour la délivrance de tions et soulève quelques inquiétudes. sur l’innovation avec des exigences parmi brevets et la commercialisation des proParce que les produits de synthèse peules plus relevées en matière de recherche. duits. Au Canada par exemple, la Loi vent altérer les milieux de vie et la santé Parmi les domaines généralement concer- canadienne sur la protection de l’envi- humaine, plusieurs débats ont cours et nés, on citera principalement la génomi- ronnement (LCPE), édictée en 1988 et de nombreuses plaintes ont été déposées que, la protéomique, l’immunothérapie, considérablement modifiée par la suite, contre des multinationales particulièrele génie protéique, les vacment accusées de se cins, la médecine régénéraLe portrait biotechnologique de l’Amérique du Nord com- préoccuper plus de tive (cellules souches) et les produits sans se prend d’abord les États-Unis, principal marché mondial, avec leurs neurosciences. soucier de l’impact Au Canada, les sociétés plus de 1300 sociétés enregistrées, qui détiennent près de réel de leur utilisation de biotechnologie investisou consommation. 60% des emplois mondiaux dans le secteur et effectuent On a ainsi l’exemple sent plus de 1,7 milliard $CAN dans la recherche de Monsanto dans le plus de 70% de la recherche et développement (R&D). et le développement et un domaine agricole dont rapport de Pricewaterhouplusieurs variétés de seCoopers a établi que dans ce secteur, le aborde de façon préventive la réglementa- céréales font l’objet d’interdiction à travers Canada est le pays où, depuis quelques tion des substances nouvelles. Il est exigé le monde. années, le nombre d’emplois en R&D, le une évaluation de toutes les substances Au-delà de ces peurs légitimes, il faunombre de demandes de brevets d’origine qui sont nouvelles au Canada, y compris dra donc surtout aux autorités plus d’accès étrangère et les sommes affectées à la R&D les produits chimiques, les polymères et les aux planches des chercheurs. Cela, afin de à des fins commerciales augmentent le plus organismes vivants, avant leur importation s’assurer de la maîtrise effective à tous les rapidement. Comme fleuron de cette ac- ou leur fabrication dans le pays, afin de niveaux, de la chaîne d’une industrie capativité, le pays dispose d’un Institut de re- déterminer si elles peuvent être nuisibles ble de générer des dégâts irréversibles.


CRISE

QUAND LE SUD VIEN AU SECOURS DU NORD Vitraulle Mboungou

Avec la crise financière européenne qui succède à la crise des « subprimes » aux États-Unis à l’origine de la tempête financière mondiale de 2008, les pays du Nord n’hésitent plus à demander de l’aide aux pays du Sud. Des pays comme ceux de l’Union européenne pris dans l’interminable tourmente de la dette souveraine, se tournent ainsi vers leurs anciennes colonies.

L

ongtemps considérés comme les maillons faibles de la planète, les pays du Sud semblent être aujourd’hui, avec les importantes liquidités dont ils disposent, notamment les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), ceux par qui pourrait venir le salut des pays du Nord, notamment européens fortement endettés. Devenus des acteurs majeurs de l’économie mondiale, ces pays du Sud sont prêts directement ou indirectement à leur venir en aide. Certains proposent d’apporter leur soutien par le biais des institutions internationales comme le Fonds monétaire international (FMI) tandis que d’autres offrent, dans le cas de la zone euro, d’acheter la dette grecque et italienne ou les obligations émises par les pays européens en difficulté auprès du Fonds européen de stabilité financière (FESF).

Un ironique revirement de situation Ce revirement de situation est perçu d’un très bon œil du côté des instances financières internationales qui encouragent 42 AFRIQUE EXPANSION Magazine 39

implicitement ces pays émergents à poursuivre leurs efforts dans ce sens tout en se montrant méfiantes et suspicieuses à leur égard. « S’ils se limitent à acheter des titres jugés sûrs par tous, comme les titres allemands ou britanniques, ils ne prendront pas beaucoup de risques. Mon espoir est que, si des interventions de ce genre ont lieu, qu’elles soient larges et ne se limitent pas aux titres sûrs de certains États». Ainsi s’exprimait la directrice générale du FMI Christine Lagarde dans un entretien accordé au journal italien La Stampa. L’ancienne ministre française de l’Économie et des Finances fait sans aucun doute référence aux conditions posées par le Brésil pour aider son ancien colonisateur, le Portugal. Le Brésil devenu officiellement, en 2010, la 7e puissance mondiale devant l’Italie, a fait savoir qu’il n’achètera la dette portugaise que si ce pays est classé au moins « A » par les agences de notation. Or, le Portugal a récemment vu sa note dégradée d’un cran par Fitch Ratings, passant de « BBB- » à « BB+ ». Mais cela n’a pas empêché la présidente brésilienne Dilma Roussef d’envisager la

possibilité de trouver une solution intermédiaire comme l’achat de titres garantis. Considéré jadis comme un simple pays émergent, l’immense État sud-américain prouve ainsi qu’il joue désormais dans la « cour des Grands ». Le Brésil n’est pas la seule ancienne colonie portugaise qui se porte volontaire pour venir en aide à l’ancienne métropole. L’Angola qui enregistre actuellement un taux de croissance de 12% et qui connaît un essor économique sans précédent après 27 ans de guerre civile, constitue également un soutien de taille pour Lisbonne. Ainsi, ce pays du sud-ouest de l’Afrique, « riche » grâce à ses ressources naturelles, notamment le pétrole, le gaz et les diamants, a déjà ces sept dernières années, multiplié par 70 ses investissements au Portugal. De 1,6 million d’euros en 2002, ceux-ci sont passés à 116 millions en 2009, année record. Par ailleurs, en l’espace de six mois -de janvier à juin 2011-, les Angolais ont investi près de 46 millions d’euros dans ce pays et la banque angolaise BIC a proposé de racheter la Banco portugues de negocios pour 40 millions d’euros. Ces investissements angolais concernent prin-


MONDIALISATION

NT D

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cipalement le secteur de l’immobilier et du commerce de gros et de détail ainsi que les activités financières.

La Chine, un des principaux créanciers des pays occidentaux De même, la Chine, grande puissance émergente qui détient à elle seule près de 40% des réserves mondiales de devises, est devenue au cours de ces dernières années l’un des principaux créanciers des pays occidentaux, à commencer par les ÉtatsUnis, à qui elle rachète une partie de la dette. Du fait de l’accumulation énorme de ses devises, la Chine est devenue le pays qui prête le plus aux Américains. Elle détient ainsi, selon les chiffres officiels du Département du Trésor à Washington, 1 160 milliards de dollars de bons du Trésor américain en plus des 10% de la dette du pays. Viennent s’ajouter à cela près de

Les Angolais ont investi au Portugal près de 46 millions d’euros en six mois janvier-juin 2011

630 milliards d’euros de dette publique de la zone euro où l’Empire du Milieu a acheté pour une valeur de 4 à 5 milliards d’euros de bons du Trésor portugais et la dette grecque pour une centaine de millions d’euros.

« Quel pied de nez à l’Histoire! » Des pays du Sud qui volent au secours des pays du Nord, quel pied de nez à l’Histoire! Ces pays qui bénéficiaient autrefois de l’aide internationale sont devenus en l’espace de quelque temps, des acteurs majeurs de l’économie mondiale. Cet ironique retournement de situation est le reflet de la nouvelle donne économique internationale traduite par le déclin des anciennes grandes puissances. Certains diraient que c’est de bonne guerre, car ces pays, toujours qualifiés avec condescendance de « pays pauvres » ou « émergents » et ayant toujours subi l’arrogance et la suffisance des pays du Nord, tiennent ainsi leur revanche. Devenues puissances majeures de l’économie mondiale, les BRICS, en particulier, ont très peu de doute quant à leur avenir contrairement aux autres, notamment les pays européens endettés jusqu’au cou. AFRIQUE EXPANSION Magazine 39 43


LA CHINE UN REDOUTABLE CO

Puissance nucléaire et démographique, détentrice d’une civilisation plurimillénaire, étendue sur 9,5 millions de km2, devenue deuxième puissance économique mondiale en 2010, partageant ses frontières avec 14 pays, la Chine, qui a dominé le monde il y a plusieurs siècles, s’apprête à retrouver son glorieux et prospère passé. Pour y arriver, elle aura durablement besoin du continent africain et ce, tant sur les plans stratégique, diplomatique qu’économique.

L

e nom de Deng Xiaoping est incontournable pour cerner les transformations qui se sont effectuées dans ce pays asiatique. Il est en effet considéré comme le père de la Chine moderne. C’est sous son impulsion, même si selon certains, le vent de la nouveauté avait déjà commencé à souffler en Chine, que ce pays a entrepris des mutations. Plusieurs phrases qu’on lui attribue permettent de saisir la rupture et le pragmatisme de sa manière de voir le monde. Il aurait dit ceci : « L’économie doit être comme un oiseau en cage : Libre, mais sous contrôle » ou « Peu importe que le chat soit noir ou blanc [dans certaines variantes, on trouve « gris » à la place de « blanc »], pourvu qu’il attrape une souris » ou encore « le capitalisme constitue une étape fondamentale du progrès humain ».

Les chantiers du changement C’est l’année 1978 qui fait généralement office de point de départ pour ces chantiers du changement. Parmi les réformes marquantes, il y a la renonciation progressive à la collectivisation de l’agriculture. L’on a attribué les terres aux agriculteurs – comme une sorte de location – et aboli les quotas. En gros, l’initiative privée était désormais plus importante que par le passé. La Chine s’est aussi ouverte aux capitaux étrangers et donc à l’investissement. Comme BNP Paribas le mentionnait dans une note, Deng avait lancé la politique de la « porte ouverte ». La Chine a ainsi créé plusieurs Zones Économiques Spéciales (ZES). Ce sont les villes de Shenzhen, Zhuhai, Shantou et Xiamen qui furent officiellement baptisées ZES, le 16 mai 1980. Ces villes ont eu une importance capitale, aux dires même du MOFCOM, ministère du commerce chinois. Elles ont en effet 44 AFRIQUE EXPANSION Magazine 39

permis l’expérimentation de la réforme, du capitalisme et de l’ouverture à l’extérieur. L’ambassade de France en Chine permet de bien mesurer la portée de ces succès. Sur son site, elle écrit, par exemple, ceci : « … [Shenzen] est aujourd’hui celle qui connaît le plus grand succès et la seule à être dotée de sa propre bourse[…] Aujourd’hui, [elle] est une métropole de 14 millions de résidents auxquels il faut ajouter plusieurs millions de travailleurs migrants. Avec un PIB de près de 100 milliards de dollars, elle est la seule ville de Chine continentale à avoir un PIB/habitant supérieur à 10 000 dollars.» Deux autres séquences semblent être décisives pour décrypter le succès économique de la Chine. En 1999, elle encourage ses meilleures entreprises, via la GOGLOBAL policy, à conquérir le monde. L’ouverture de la Chine s’illustre aussi plus tard via son adhésion en 2001 à l’Organisation Mondiale du Commerce. Au surplus, l’armée de travailleurs dont dispose la Chine a, également, fortement contribué à son émergence. En effet, elle en a fait un avantage concurrentiel, puisqu’elle offrait de bas salaires et donc un coût de production compétitif. Elle était considérée comme l’atelier du monde. Ces réformes et avantages intrinsèques ont conduit cette puissance à produire plusieurs résultats exceptionnels. L’on estime que son taux de croissance moyen depuis plus de trente ans est compris entre 9 et 10%. Sa capacité à exporter est phénoménale. Depuis 2009, la Chine s’est hissée au premier rang et a délogé la très performante Allemagne au niveau mondial. On évalue sa classe moyenne, aujourd’hui, entre 300 et 400 millions de personnes. Dans son livre La Chine m’inquiète paru en 2009, le sinologue français, Jean Luc Domenach, révélait que la Chine comptait 66 milliardaires et 440 000 millionnaires en euros.

Chine-Afrique : Des relations stratégiques et commerciales

Être fortement présent sur le continent africain est essentiel pour la Chine car elle peut y concurrencer les États-Unis, l’Europe ou l’Inde, mais elle a aussi en tête la question de Taïwan. En effet, la Chine veille à ce que ses amis africains, et c’est désormais pratiquement le cas pour tous, n’entretiennent pas/plus de relations diplomatiques avec Taipei. Plusieurs spécialistes estiment également qu’elle y voit aussi l’opportunité d’avoir des alliés pour empêcher l’entrée comme membre permanent du Japon au sein du santum sanctorum des relations internationales, soit le Conseil de sécurité des Nations Unies. La relation Chine-Afrique fascine le monde, notamment le monde occidental qui voit dans la Chine un redoutable compétiteur. Mais quel est, face aux anciennes puissances coloniales et aux autres Grands émergents, le positionnement qu’adopte la Chine pour s’arroger des parts de marché sur les terres d’Aliko Dangote? Il nous semble que pour marquer sa différence, la Chine s’appuie sur un quatuor. Primo, elle invoque la non-inégrence dans les affaires intérieures des pays tiers. Ensuite, elle met de l’avant son passé non colonial et revendique même son appartenance aux pays du Sud. Tertio, la Chine dit vouloir traiter d’égal à égal avec ses partenaires et n’a donc aucune prétention coloniale. Finalement, elle veut construire une relation sur la durée. En ce sens, elle s’illustre par la construction d’infrastructures. Autrement dit, elle bâtit des éléments qui laisseront une trace dans le temps et témoigneront de son souci de contribuer à l’avancement du pays. C’est peut-être pour souligner cet aspect que Joachim Barbier, journaliste à SO FOOT, parle de « diplomatie du stade national ». Restant sur le volet infrastructurel, il faut signaler que depuis 2005, la Chine contribue plus que la Banque Mondiale à la construction d’infrastructures en Afrique. Dans son étude baptisée Lions on the move, McKinsey le démontre bien. En 2005, c’était, 1,3 milliard contre 1,7; en 2006, 1,5 contre 7,1 et en 2007, 2,5 contre 4,5 toujours en faveur des Chinois. Ce positionnement-là a sans doute aidé le dragon asiatique à asseoir sa présence


Serge Tchaha

en Afrique. Quelques chiffres portant sur le commerce le prouvent. Selon l’African Progress Panel, entre 1999 et 2008, le commerce entre les deux régions est passé de 6,5 à 107 milliards. LE MOFCOM a annoncé en 2011 qu’avec 126,9 milliards en 2010, Pékin était devenu le premier partenaire de l’Afrique.

Sa capacité à exporter est phénoménale. Depuis 2009, la Chine s’est hissée au premier rang et a délogé la très performante Allemagne au niveau mondial Il faut aussi reconnaître que la présence économique de la Chine sur le continent se fait ressentir par les prêts qu’elle accorde. Suite au Forum 2009, le Premier Ministre Wen Jiabao a annoncé que « la Chine fournira 10 milliards de Explorons maintenant le volet inves- dollars de crédits préférentiels aux pays tissements. Selon RFI, l’on compterait africains ainsi qu’un fonds spécial d’un près de 2000 entreprises sur le continent; de plus, ce sont, d’après diverses sources, milliard de dollars aux PME africai750 000 Chinois qui y vivent. La nature des nes », ajoutant que le tarif de douane relations commerciales et économiques est zéro serait appliqué à 95% des produits extrêmement variée. En témoigne, du reste provenant des pays les moins avancés africains. le tableau ci-bas.

TOP 10 DES INVESTISSEMENTS CHINOIS SUR LE CONTINENT EN 2010 PAYS

ENTREPRISE

Nigeria Égypte Sierra Leone Guinée Ghana Cameroun Mozambique Soudan Nigeria Sierra Leone

China State Construction Engineering Rongsheng Holding et Sinochem Shandong Iron and Steel Chinalco Bosai Minerals Sinohydro Wuhan Iron and Steel China National Chemical Engineering ZTE China Railway Materials Commercial Corp

SOMMES INVESTIES (en millions de dollars)

8000 2000 1500 1350 1200 800 800 500 400 232

SECTEUR Énergie (pétrole) Énergie (pétrole) Métaux (fer) Métaux (fer) Métaux (aluminium) Énergie (hydroélectricité) Énergie (carbon) Agriculture Télécoms Métaux (fer)

Les intérêts de l’Afrique Les avantages de la présence chinoise en Afrique sont donc nombreux. Mais il ne faut pas être naïf. De Gaulle disait que les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. C’est sans doute pourquoi, dans une entrevue accordée à Forbes.com, l’économiste zambienne Dambissa Moyo rappelait que la Chine est en Afrique pour la Chine ! Dans la même lancée, il nous semble que le « gagnantgagnant» mis de l’avant par le partenaire asiatique commande que l’Afrique veille à ce que le meilleur de ses intérêts ressorte des négociations. Ce n’est pas à la Chine de le faire. Il y a actuellement, de notre point de vue, une affaire qui illustre la nécessaire vigilance. C’est l’affaire du fer de Bélinga au Gabon. Suite à la grogne de la population et de la société civile, l’État gabonais a revu l’entente avec le partenaire chinois. Pareillement, les dirigeants africains qui permettent la location ou la vente de terres arables africaines, ne devraient-ils pas y penser à deux fois? AFRIQUE EXPANSION Magazine 39 45

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FLASH INFOS

LE GABON SE DOTE OFFICIELLEMENT D’UN FONDS SOUVERAIN

LA PAUVRETÉ EXTRÊME EN RECUL EN AFRIQUE SELON LA BANQUE MONDIALE

Le gouvernement gabonais a annoncé récemment s’être doté d’un fonds souverain baptisé simplement « Fonds souverain de la République gabonaise » (FSRG), en remplacement du Fonds pour les générations futures déjà existant. Placé sous l’autorité du président Ali Bongo Odimba, ce fonds a pour objectif de réunir un capital minimum de 500 milliards de francs CFA (environ 1 milliard de $) et d’acquérir des participations dans des entreprises stratégiques pour l’avenir du pays et de les gérer de manière optimale. Il sera financé, entre autres, par un prélèvement de 10% sur les recettes pétrolières annuelles prévues dans la loi de finances, 50% de toutes les recettes budgétaires additionnelles (correspondant à un dépassement des hypothèses de base de la loi de finances annuelles, les dividendes du portefeuille des participations de l’État, la totalité des produits financiers générés par le fonds et les dons et legs). Source : Jeune Afrique

Selon une récente étude de la Banque mondiale (BM), le pourcentage de la population vivant avec moins de 1,25 dollar par jour et le nombre de pauvres ont diminué de 2005 à 2008 dans toutes les régions du monde en développement. Selon ses estimations, 1,29 milliard de personnes vivaient avec moins de 1,25 dollar par jour en 2008 (22% de la population) contre 1,94 milliard en 1981. En Afrique subsaharienne, pour la première fois, moins de la moitié de la population (47%) vivrait sous le seuil de 1,25 dollar par jour contre 51% en 1981. Cette proportion a diminué de 10% sur le continent depuis 1999. Du fait de la rareté des données plus récentes et l’impossibilité de comparer avec les estimations antérieures, l’année 2008 est la date la plus récente pour laquelle la BM a pu établir une valeur globale. Source : Banque Mondiale

IBM ÉTEND SA PRÉSENCE EN AFRIQUE

IBM a annoncé l’expansion de sa succursale de Port-Louis à l’île Maurice dans le but de renforcer sa capacité à fournir des solutions et des services à base de clients et de partenaires en ENTRÉE EN BOURSE DE LA une augmentation constante sur le continent SOCIÉTÉ DES TÉLÉCOMMU- africain. Cette succursale fait partie d’un vaste programme d’investissement que la NICATIONS DU société réalise à travers l’Afrique par la création de nouvelles installations, La Bourse régionale des valeurs bureaux, formation, personnel et recrumobilières accueillera en avril sa troisième tement, à l’image de la récente ouverture valeur télécom, la Société des télécommu- du bureau de Luanda (Angola). La société nications du Mali (Sotelma), deuxième est présente dans plus de 20 pays africains opérateur du pays après Orange Mali dont l’Afrique du Sud, le Sénégal, le Ghaavec une part de marché d’environ 40%. na, le Nigéria, le Kenya, la Tanzanie, le L’opérateur historique malien, filiale déte- Maroc, l’Égypte, la Tunisie et l’Algérie. Source : Le Figaro nue à 51% par Maroc Telecom, sera coté à la Bourse régionale des valeurs mobilières d’Abidjan (BRVM), principale place SE PRÉPARE À ÉLARGIR financière des pays membres de l’Union SON RÉSEAU DE 15 À 23 PAYS économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). L’État malien a décidé de céder AFRICAINS Citi souhaite élargir dans les prochains 29% du capital de la Sotelma et conserver 20%. Les titres de cette vente qui devrait mois sa présence de 15 pays africains permettre à Sotelma d’engranger plus de actuellement à 23 pays. L’institution finan100 milliards de FCFA, seront mis en ven- cière désire par ailleurs se développer sur le segment de la banque de détail dans plute au prix de 30 000 et 35 000 FCFA. En sieurs pays dont le Maroc et l’Algérie. Préseptembre 2011, Sotelma comptait 3,65 sent depuis 1984 au Nigeria où il dispose millions de clients et un chiffre d’affaires de 12 succursales orientées vers les activide 137 millions d’euros, en hausse de 35% tés de corporate banking, Citi y planifie le par rapport à l’année précédente. développement des offres de services bancaires pour les consommateurs. Source : Agence EcoFin Source : Afrik.com

MALI

CITI

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1255, rue University, bureau 401 Montréal (Québec) Canada H3B 3B6 Tél.: (514) 393-8059, Fax : (514) 393-9024 E-mail : info@afriqueexpansion.com www.afriqueexpansion.com Directeur de la Rédaction : Gerba Malam Directrice générale : Amina Gerba Rédaction Gerba Malam Didier Oti Léopold Nséké Claude Gervais Vitraulle Mboungou Serge Tchaha Correspondants France : États-Unis : Cameroun : Congo : Gabon : Côte d’Ivoire :

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